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Citations de Jean Genet (415)


Jean Genet
Chacun a sa beauté



Chacun a sa beauté
parce qu’il est « seul » à être,
il y a en lui l’irremplaçable.
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Comme tous les enfants, adolescents ou hommes mûrs, j’ai souri volontiers, même j’ai ri aux éclats, mais au fur et à mesure que ma vie entrait dans le résolu, je l’ai dramatisée.
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CLAIRE
Le moindre geste te paraît un geste d'assassin qui veut s'enfuir par l'escalier de service. Tu as peur maintenant.

SOLANGE
Ironise, afin de m'exciter. Ironise, va ! Personne ne m'aime ! Personne ne nous aime !

CLAIRE
Elle, elle nous aime. Elle est bonne. Madame est bonne ! Madame nous adore.

SOLANGE
Elle nous aime comme ses fauteuils. Et encore ! Comme la faïence rose de ses latrines. Comme son bidet. Et nous, nous ne pouvons pas nous aimer. La crasse...

CLAIRE, (c'est presque dans un aboiement).
Ah !...

SOLANGE
...N'aime pas la crasse. Et tu crois que je vais en prendre mon parti, continuer ce jeu et, le soir, rentrer dans mon lit-cage. Pourrons-nous même le continuer, le jeu. Et moi, si je n'ai plus à cracher sur quelqu'un qui m'appelle Claire, mes crachats vont m'étouffer ! Mon jet de salive, c'est mon aigrette de diamants.

CLAIRE, (elle se lève et pleure).
Parle plus doucement, je t'en prie. Parle...parle de la bonté de Madame. Elle, elle dit : diam's !

SOLANGE
Sa bonté ! Ses diam's ! C'est facile d'être bonne, et souriante, et douce. Quand on est belle et riche ! Mais être bonne quand on est une bonne ! On se contente de parader pendant qu'on fait le ménage ou la vaisselle. On brandit un plumeau comme un éventail. On a des gestes élégants avec la serpillière. Ou bien, on va comme toi, la nuit s'offrir le luxe d'un défilé historique dans les appartements de Madame.
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Ah ! Oui, Claire. Claire vous emmerde ! Claire est là, plus claire que jamais. Lumineuse !
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Ces humeurs bouleversantes, le sang, le sperme et les larmes.
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Mon orgueil s'est coloré avec la pourpre de ma honte.

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Jean Genet
J'arrive dans l'amour comme on entre dans l'eau,
les paumes en avant
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Les hommes doués d'une folle imagination doivent avoir en retour cette grande faculté poétique: nier notre univers et ses valeurs, afin d'agir sur lui avec une aisance souveraine.
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Il vint droit à moi et me remercia, puis aussitôt, pour justifier son pilonnage, il m’apprit que depuis l’âge de douze ans il était en prison. Et il précisa : « De douze à dix-huit ans, j’étais en correction... »
Je dis : « Où ? »
— A Mettray.
Je conservai assez de calme pour demander :— Quelle famille ? Jeanne d’Arc ?
Il me répondit oui et nous évoquâmes Mettray. Il accompagnait chacune de ses phrases importantes mais rares d’un geste de la main gauche ouverte, large, à plat, qui semblait se plaquer soudain sur les cinq cordes d’une guitare. Geste de mâle dont le guitariste étouffe les vibrations des cordes, mais c’est un calme geste de possession, et qui fait taire. Je laissai aller ma nature emportée.
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Tout à coup, je crois que c'est la dureté glacée de son regard qui m'a fait croire à sa tendresse, peut-être à cause de cette idée que la glace de ses yeux ne résisterait pas à ma chaleur. Et quand je songe à mon abandon par ce gosse, ma main se serre sur ma plume, mon bras invente un geste poignant. S'il savait le mal que j'ai, il quitterait la mort pour venir, car sa cruauté était bonne.
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Je veux chanter l’assassinat, puisque j’aime les assassins. Sans fard le chanter. Sans prétendre, par exemple, que je veuille obtenir par lui la rédemption, encore que j’en aie grande envie, j’aimerais tuer. Je l’ai dit plus haut, plutôt qu’un vieux, tuer un beau garçon blond, afin qu’unis déjà par le lien verbal qui joint l’assassin à l’assassiné (l’un étant grâce à l’autre), je sois, aux jours et nuits de mélancolie désespérée, visité par un gracieux fantôme dont je serais le château hanté. Mais que me soit épargnée l’horreur d’accoucher d’un mort de soixante ans ou qui serait une femme, jeune ou vieille. J’en ai assez de satisfaire sournoisement mes désirs de meurtre en admirant la pompe impériale des couchers de soleil. Assez mes yeux s’y sont baignés. Passons à mes mains.
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Seules dans la cellule, sur un rythme presque de sein (elles battent comme une bouche), les latrines de faïence blanche accordent leur haleine consolante. Elles sont humaines.
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Jean Genet
Créer, c'est toujours parler de l'enfance.
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Trouver l’accord de ce qui est de mauvais goût, voilà le comble de l’élégance.
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Je nomme violence une audace au repos amoureuse des périls. On la distingue dans un regard, une démarche, un sourire, et c’est en vous qu’elle produit les remous. Elle vous démonte. Cette violence est un calme qui vous agite.
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Jean Genet
Mais le plus surprenant, quand nous lisons ces lettres d’un jeune Noir enterré dans la prison de Soledad, c’est qu’elles reflètent parfaitement le chemin parcouru par l’auteur – lettres d’abord un peu maladroites à sa mère et à son frère, lettres à son avocate qui deviennent un extraordinaire développement, sorte d’essai et de poème confondus, enfin les dernières lettres, d’une délicatesse extrême et dont on ne connaît pas le destinataire. Et, de la première lettre à la dernière, rien n’a été voulu, écrit ni composé afin de construire un livre ; cependant le livre est là, dur, certain, et je le répète, à la fois arme de combat pour une libération et poème d’amour. En cela je ne vois aucun miracle, sauf celui de la vérité même, qui s’expose toute nue
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Ose ma lèvre au bord de ce pétale ourlé
Mal secoué cueillir une goutte qui tombe,
Son lait gonfle mon cou comme col de colombe.
Ô restez une rose au pétale emperlé.
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Je crois savoir que mon amour pour la prison est peut-être le subtil bien-être à me plonger dans une vie au milieu d'hommes que mon imagination et mon désir veulent d'une rare beauté morale. A peine ce bien-être s'atténue-t-il du fait que les prisons perdent leur éclatante dureté à mesure que les macs s'embourgeoisent et que les gens honnêtes fréquentent les prisons. En prison à ces instants où le soleil qui pénétrait par la fenêtre dispersait la cellule, chacun de nous devenait de plus en plus, vivait de sa propre vie, et la vivait d'une façon si aiguë que nous en avions mal, étant isolés, et conscients de notre emprisonnement par les éclats de cette fête qui éblouissait le reste du monde, mais les jours de pluie, au contraire, la cellule n'était plus qu'une masse informe d'avant la naissance, avec une âme unique où la conscience individuelle se perdait. C'était une grande douceur quand les hommes qui la composaient s'aimaient.

Folio p. 152
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LE LIEUTENANT : Je demande si vous êtes arabe ?
PIERRE : Moi ? De Boulogne, mon lieutenant.
LE LIEUTENANT : L'Orient déteint sur vous et y dépose ses tons pastels, n'est-ce pas, ses demi-teintes ? Nous représentons une France nette, précise. (Un temps.) Et propre. Je dis, propre. Vous... (Il désigne Moralès.) ... la barbe ?
MORALES : Plus d'eau, mon lieutenant.
LE LIEUTENANT : Pour vous rincer la bouche ou arroser les géraniums, peut-être, pour vous raser il en restera toujours. Crachez sur le blaireau, mais je vous veux lisses. Poncés.
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Tu es lâche. Obéis-moi. Nous sommes tout au bord, Solange. Nous irons jusqu'à la fin. Tu seras seule pour vivre nos deux existences. Il te faudra beaucoup de force. Personne ne saura au bagne que je t'accompagne en cachette. Et surtout quand tu seras condamné, n'oublie pas que tu me portes en toi. Précieusement. Nous serons belles, libres et joyeuses, Solange, nous n'avons plus une minute à perdre. Répète avec moi...
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