AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Jean-Paul Kauffmann (290)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Remonter la Marne

Ayant déjà voyagé dans le bordelais, en Champagne et dans les Landes avec Jean-Paul Kauffmann, j'ai ressenti beaucoup de plaisir à le suivre dans cette remontée originale, celle de la Marne, rivière paisible au passé bien plus chargé qu'on peut l'imaginer.



Ainsi, Jean-Paul Kauffmann insère dans son récit plusieurs références historiques, telles la fuite de Louis XVI avec les propositions de sympathisants lui proposant, après son arrestation, une nouvelle tentative au fil de la rivière, ou encore les batailles de la Grande Guerre, et, tout naturellement le champagne et ses bulles magiques.



Il dépeint aussi les villes qu'il traverse, avec plus ou moins d'enthousiasme, les abords de l'eau avec la faune et la flore qu'il y découvre. Et puis, il raconte de nombreuses rencontres, très brèves quelquefois mais tout aussi denses que celles qui durent quelques heures. Ce faisant, il explique tout naturellement ce que sont les relations humaines et, finalement, que ce soit au bord de la Marne ou ailleurs, elles restent ressemblantes : méfiance, doute, interrogation qui laissent peu à peu place à l'accueil, la confiance, des débuts d'amitié interrompus par la nécessité de poursuivre le voyage.



Il parvient même à s'offrir une descente en barque d'une partie de la rivière qu'il a déjà remontée pour disposer d'une vision de la Marne depuis son coeur, tout en écoutant attentivement les informations et faits divers de son batelier.



Son livre est un mélange de nature, d'histoire, d'architecture, de gastronomie et d'oenologie que j'ai bien apprécié précisément par cette diversité.
Commenter  J’apprécie          772
La Chambre noire de Longwood

« Il y a une énigme de Sainte-Hélène, Napoléon a tout dit sur sa vie passée mais n’a rien vraiment révélé sur sa souffrance de prisonnier. « Il passait la plus grande partie du jour seul dans sa chambre, occupé à feuilleter quelques livres ou plutôt ne faisait rien (…) Il était aisé de s’apercevoir qu’il n’y avait plus en lui ni préoccupation de l’avenir, ni méditation du passé, ni souciance du présent. » Ce genre de remarque consignée par Las Cases en juillet 1816 se retrouve presque à chaque page chez les autres compagnons de l’exil, Gourgaud, Bertrand et son médecin O’Meara.





Imaginez une île perdue, dans l’océan atlantique, petit point à mi-chemin des côtes africaines et de celles de l’Amérique du Sud. Une ile battue par les vents violents, aride, dont la vision frappe par sa banalité. Curieuse apparition que cette ile volcanique. La petite capitale de Jamestown apparaît étranglée entre deux montagnes comme un couloir étroit. Sa vision suscite une angoisse devant cette île britannique qui fut le tombeau de Napoléon, un immense amas de rochers sur lesquels les vagues viennent se fracasser. L’apparition de l’île étreint par la sensation d’être confronté subitement au poids de l’Histoire.



Quelle belle découverte que ce livre chroniqué par @Bobo1001 ! Babelio est une vraie mine d’or.



Merci monsieur Kauffmann d’avoir su si bien nous transmettre vos émotions, votre compassion pour cet empereur déchu. J’avais quelques appréhensions à vous lire, peut-être la crainte d’un style trop savant, trop érudit qui ne m’eut pas autorisée le plaisir que j’ai eu à vous lire.



Seul, un homme tel que Jean-Paul Kauffmann qui a vécu la réclusion dans sa chair, dans son cœur, qui s’est retrouvé otage en 1985 au Liban avec feu Michel Seurat, pouvait à ce point nous faire ressentir ce que peut représenter cette prison à ciel ouvert que fut Sainte-Hélène.



« Je n’ai jamais pris au sérieux l’aventure des deux Anglaises qui, visitant Versailles en 1901, affirmèrent avoir été transportées en l’an 1789. Et pourtant, j’ai l’impression à cet instant de subir une hallucination. La sensation confuse du passé se cristallise soudain en une vision absolument nette comme si devant moi venait de s’opérer un phénomène inconcevable : la réversibilité du temps. Son ruissellement s’est répandu dans une autre direction ». Quel trouble n’est-ce pas et pourtant …..il est des lieux où les murs nous parlent !



J’ai mis mes pas dans les pas de Jean-Paul Kauffmann. Reçu par le consul de France, Michel Martineau, pour une découverte - enquête sur neuf jours, notre guide a pu tranquillement découvrir Longwood, en saisir toute la portée concrète, mais aussi communier avec l’indicible, l’ineffable que seul l’esprit peut percevoir. "La chambre noire de Longwood" : ce titre interpelle, j'ai pensé à la "camera obscura" celle qui a conduit à l'invention de la photographie ou bien noire, couleur du deuil en Occident, de la mort.



Longwood est devenu territoire français en 1858 à la suite de longs pourparlers entre Napoléon III et les autorités britanniques. De l’empereur Napoléon 1er, notre guide préfère l’homme Bonaparte. Kauffmann s’est énormément documenté, à travers ses réflexions, ses lectures des mémoires des compagnons de captivité de l’empereur et ses entretiens avec Michel Martineau, nous plongeons dans le quotidien de la maison de Longwood. Cette immersion permet d’envisager ce qu’a pu représenter, pour l’égo de l’homme qui a été le plus puissant à un moment donné de l’Histoire, la solitude, la réclusion, les conditions de détention. Il faut aussi compter avec la détestation de son geôlier Sir Hudson Lowe. Ce dernier, sous la pression de Lord Barthurst, est obsédé par le risque d’un complot ou d’une évasion, ce qui le rend insupportable aux yeux de son prisonnier mais que lui-même déteste. Le récit rappelle la dureté de la cohabitation avec ses compagnons, les batailles d’égo, le sentiment pesant et dévalorisant de l’inutilité qui pousse le prisonnier à dicter ses mémoires, à vivre dans le passé sans perspective d’avenir, le néant tout simplement.



« Je suis assis dans la petite chambre de Napoléon, où il s’enfermait pendant des journées, voire des semaines, quand il était cafardeux. Je calcule la dimension de la cellule : pas plus de seize mètres carrés. Il me semble mieux comprendre, à présent, la tristesse et la solitude du prisonnier. Toujours cet aspect étriqué, une manière insipide, à la limite de l’indigence, de sauver les apparences, de tenir son rang. A cette mesquinerie s’ajoute une fadeur tropicale qui donne à l’ensemble un air morne, une sorte de saisissement gris et mou. « Il faudrait pouvoir s’endormir et ne se réveiller que dans un an ou deux » déclare-t-il Gourgaud.



Tout au long de la lecture, on sent à quel point la captivité a marqué l’auteur. Une partie de lui-même est restée otage au Liban. Le traumatisme de la détention guide ses pas jusqu’à Hauteville House de Guernesey, chez Victor Hugo. Il évoque les sensations qu’il ressent entre les murs de ces hauts lieux de réclusion. Ses pas et sa quête le mènent jusqu’à Eylau, aujourd’hui Bagrationovsk. Accompagné d’un professeur d’histoire russe, d’un guide-interprète et d’une reproduction au format de carte postale du tableau du baron Gros, les trois hommes nous font revivre la bataille d’Eylau. C’est un moment de grande solennité, celui qui m’a le plus bouleversée.



Ce récit est pétri de générosité, d’empathie, un véritable concentré d’humanités. Jean-Paul Kauffmann arrive à la conclusion que c’est la mélancolie qui a empoisonné l’empereur.



Je me suis tellement imprégnée de ce récit que je n’ai pu m’empêcher de me rendre aux Invalides, voir le tombeau de Napoléon



Commenter  J’apprécie          6918
La Chambre noire de Longwood

Jean-Paul Kauffmann - La chambre noire de Longwood - 1997 : Journal de bords d'un voyage fait dans les années 90 sur les trace de Napoléon 1er à Sainte-Hélène, ce livre balançait entre le roman historique, l'étude de caractères et une simple correspondance que l'auteur se faisait à lui-même. Tout le monde sait la tragédie qu'a vécu Jean-Paul Kauffmann en tant qu'otage au Liban et fort de cette expérience il était sans doute plus facile pour lui de comprendre ce que cet homme renommé pour son hyper activité avait pu ressentir dans l'ennuyeux décompte du temps que représentait cet exil. S'imprégner des lieux et des personnes qui sur place continuaient de faire vivre son souvenir permit à l’écrivain d'aborder l'intimité de Napoléon, de ses proches et de ses geôliers avec un surplus d'authenticité qu’il n’aurait sans doute pas connu s’il était resté en France. Que dire de cet homme habitué à régner sur des territoires immenses et qui du garder l'illusion d'une étiquette pour ne pas sombrer dans la neurasthénie et le désespoir. Lui qui avait porté si haut l'aigle impérial se retrouvait l'objet d'intrigues initiées par les quelques fidèles l'ayant suivi en captivité. Car en dehors des humiliations subies de la part de ses gardiens anglais, c'était la guerre perpétuelle que se livrèrent les Las Cases, Monthoulon et autre Gourgaud pour obtenir ses faveurs qui rendirent son séjour de plus en plus pénible. Comme le disait si bien l'auteur, l'ex-empereur profita de son inactivité pour dicter sa légende en tentant de justifier la tuerie d'Eylau, la folle campagne de Russie ou l'anéantissement de Waterloo. Jean-Paul Kauffmann agissait, même s'il s'en défendait, en passionné que la rencontre de quelques personnages pittoresques (deux vielles dames anglaises, le père du consul de France) rendait finalement plus curieux que sentencieux. les neufs chapitres, un par journée passée sur place, étaient passionnants. Ils rendaient caduque nombres d'ouvrages qui brillaient plus souvent par la morgue intellectuelle de leurs auteurs que par leur intérêt eux même... réjouissant
Commenter  J’apprécie          632
Voyage à Bordeaux 1989 - Voyage en Champagne ..

Deux voyages extraordinaires avec Jean-Paul Kauffmann à travers les vignobles bordelais et champenois. Ces textes ont été écrits au retour de sa captivité au Liban, il y a donc plus de trente ans. Beaucoup de personnes citées ont aujourd'hui disparu, les châteaux bordelais et maisons de Champagne ont souvent changé de propriétaires, les méthodes de vinification ont évolué. Néanmoins, le vin, cette boisson merveilleuse quand elle est soignée dans son élaboration, est superbement décrite, avec des considérations techniques et économiques accessibles à tous.

D'abord, Bordeaux et l'excellence, avec un tour d'horizon complet riche en informations sur les méthodes pratiquées par les différents châteaux, leur histoire, leur évolution, leur avenir. Beaucoup de poésie dans les lignes de Jean-Paul Kauffmann, entre lesquelles coulent voluptueusement les grands crus du Médoc et les plus modestes, avec des moments d'absolu comme la dégustation de bouteilles de l'année célèbre 1947.



Une ode particulière à Yquem, "plus grand vin du monde", avec ce quitte ou double qui précède les vendanges, cette attente qui expose à la catastrophe ou au triomphe, une narration fascinante des vendanges et de la méticulosité qui les entoure.



Un chapitre spécial pour un rendez-vous spirituel au domaine de la Solitude où les religieuses vont accueillir l'auteur, "silencieuses et souriantes". Elles ont prié pour lui. Il les remercie, les écoute, les interroge, découvre qu'elles goûtent leur vin une ou deux fois l'an, pour les grandes occasions. Elles l'apprécient, sans en connaître d'autre.



Et puis, un chapitre bordeaux-bourgogne, avec toutes les controverses que ces deux mots réunis impliquent. Kauffmann s'en sort très bien et, si l'on sait que son coeur et son palais sont à Bordeaux, il rend grâce à "la pureté suprême", un latour 1929 quand même!



Le deuxième voyage est en Champagne. Là, au moins, pas de risque de comparaison avec le bordeaux. Le voyage de Kauffmann est long, détaillé, instructif au possible, fastidieux quelquefois tant il va dans le détail. On est dans ce monde différent, où règnent les grandes maisons, mais toutes les bulles évoquées par l'auteur s'élèvent aussi au fil des pages avec grâce en éveillant les papilles du lecteur.



Jean- Paul Kauffmann s'est beaucoup intéressé à la terre champenoise et à tout ce qui se passe dessous, dans ces labyrinthes où reposent des millions de bouteilles. Il cite les grandes marques, peut donner aussi quelques conseils, cite des références historiques avec les préférences de Churchill en la matière.



Au cours des deux voyages, l'eau tient une place importante, surtout dans le bordelais où elle a ouvert la voie vers le grand large, mais également en Champagne avec des descriptions des brumes de la Marne plutôt saisissantes.



Un vrai plaisir que ces deux voyages à compléter par des visites sur place, dans les deux régions il y a d'autres merveilles à admirer et une absolument unique à déguster.

Commenter  J’apprécie          602
Venise à Double Tour

"Pourquoi choisir Venise ?

Pour mesurer le chemin parcouru. Venise n'est pas" là-bas " mais" là-haut " selon le mot splendide de Casanova. Il existe sans doute bien des hauteurs de par le monde où l'on peut jouir d'une vue étendue sur le passé, mais je n'en connais pas d'autres où l'histoire nous saisisse à ce point pour nous relier à notre propre vie"

Cette splendide phrase de Jean-Paul Kauffmann emporte mon adhésion totale et ce fut un grand bonheur de naviguer au côté de l'auteur de Venise à Double Tour.

Jean-Paul Kauffmann est un grand amateur, un amoureux éternel de Venise tout comme moi et tant d'autres. A travers une quête étrange qui consiste à faire ouvrir des églises vénitiennes fermées à double tour, Jean-Paul Kauffmann défie le temps qui passe, l'art qui est une raison de vivre, il veut retrouver une peinture qui brillait dans la pénombre d'une église découverte dans sa jeunesse.

Pour cela, il est prêt à tout ou presque, il décide de séjourner plusieurs mois dans l'île de la Giudecca avec sa femme Joëlle pour mener son enquête.

Cette quête est parsemée de pensées de voyageurs comme Sartre, Lacan, Hugo Pratt qui ont partagé le même amour pour Venise que l'auteur.

J'ai moi même fait plusieurs voyages à Venise depuis ma jeunesse, le dernier tout récent la semaine dernière et comme Jean-Paul Kauffmann, je rêve à un prochain voyage car Venise possède un secret, une attache irrésistible qui existera toujours pour celui qui aime cette ville en dépit de toute l'affluence drainée par des touristes sans lendemain.

Je vous conseille donc ce bon roman..

Commenter  J’apprécie          489
Le sel de la Bretagne

Le sel de la Bretagne est une invitation à voyager dans le temps et dans les souvenirs d’auteurs du terroir.

Quand un collectif partage ses souvenirs, ses anecdotes, ses histoires. Tout vit, s’empreint de nostalgie, d’humour, de beauté.

Jusque là, la Bretagne c’était une terre de légendes, Brocéliande, l’ankou, les druides, le Triskel. Mais aussi l’océan, ses tempêtes, ses marées ( quel mystère pour une méditerranéenne). Et ensuite, Pêcheurs d’Islande, Bécassine, la musique.

Mais le temps de cette lecture, j’ai découvert une autre bretagne, grâce à ce collectif, ce pays s’est matérialisé avec ses peintres au printemps, son millefeuille du Faou,… je ne cite pas tout. Et le fou-rire que m’a fait prendre Yann Queffélec avec Météo.

J’en ressors avec l’envie de visiter tout ces lieux, qui m’ont séduite, à travers les récits de ces auteurs

Merci Les Presses de la Cité pour ce dépaysement.

#Le sel de la Bretagne#NetGalleyFrance

Commenter  J’apprécie          474
Remonter la Marne

Pour la grande marcheuse que je suis, c'est un titre accrocheur, et un projet fort intéressant que celui de remonter, à pied, le cours d'une rivière (la plus longue de France en l'occurrence) depuis son point de confluence avec la Seine, jusqu'à sa source. Voilà qui promet des heures de déambulation placide, sans planifier outre mesure étapes et pauses, qui surviendront au gré des intempéries, des curiosités locales et des rencontres, plus ou moins prévues. Un sac à dos et de bonnes chaussures, peu s'en faut pour répondre à l'appel de la liberté. Alors, sans trop de préparation, on se met en route, pressé d'abord de quitter la ville et ses faubourgs disgracieux, où l'on bride à coup de béton et de bitume la moindre velléité expansionniste de la nature. Longer un cours d'eau est souvent un défi impossible, le chemin de halage n'est pas continu, parfois privatisé quand il n'a pas simplement disparu. Alors il faut s'écarter de la Marne, faire quelques détours pour la retrouver plus loin. On marche sur les traces de Jules Blain, pèlerin de la première guerre mondiale, de la Fontaine et Bossuet, de Louis XVI vers Varennes et retour. On visite les monuments historiques, les vignobles champenois, on rencontre des amis habitant les lieux et des inconnus, on réalise que cette France rurale se vide de sa population, et que n'y restent, volontairement, que des « conjurateurs », qui résistent au désenchantement ambiant de l'époque (2012) avec un optimisme un brin décalé.

Après un début prometteur, je me suis cependant lassée de ce périple littéraire. Un peu comme l'auteur, me semble-t-il, qui après 2-3 semaines de marche se languit des beaux jours de l'été finissant, et bâcle la fin du voyage, comme la fin du livre. Au final, je n'ai pas tellement apprécié ce récit, vaguement ennuyeux, dont l'intérêt n'est plus aussi évident quand on ne tombe pas sous le charme de la Marne. J'en reste perplexe : l'auteur a une belle plume classique, peut-être trop belle, dans la mesure où il se sent obligé de nous faire ouvrir le dictionnaire toutes les 3 pages, et de faire montre de sa culture omnisciente au lecteur lambda. Il appuie, trop lourdement à mon goût, sur le contraste citadin/rural, lui l'intellectuel parisien de haut vol rencontrant un échantillon de Français « moyens » (exception faite de quelques amis, qui photographe, qui artiste plasticienne ou journaliste, plus ou moins exilés de la capitale). Quelle découverte, quel étonnement de se voir parfois accueilli avec méfiance par des gens qui flairent le voyeurisme à 2 kilomètres à la ronde !

Parcours initiatique, remontée du temps qui fuit, retrait temporaire de la vie trépidante pour « faire le point », rencontrer de « vraies » gens avec une vie banale, et en profiter pour en tirer un sujet de livre, je ne sais pas quel était l'objectif de cette randonnée. Mais je reste sur l'impression d'un voyageur en mal d'authenticité, d' « exotisme », un peu condescendant et prétentieux. Mais c'est peut-être ce que nous sommes tous quand nous partons en voyage...


Lien : http://www.voyagesaufildespa..
Commenter  J’apprécie          465
Le sel de la Bretagne

Un recueil de divers textes écrits par 36 auteurs ayant tous un lien avec la Bretagne : des souvenirs pour la plupart, des poèmes, des récits d'odeurs, de sons et d'images mais aussi sur des objets et des goûts qui la représentent !



Nul besoin de connaître la Bretagne pour être touché par ces mots qui respirent l'amour, le bien-être, l'apaisement ou l'envie d'y retourner et s'y lover ! La Bretagne me manque et j'ai plongé avec délectation dans ces récits qui pour la plupart m'ont parlé !



Ne vous attendez pas à un fil conducteur narratif, ce sont textes d'émois et de sensations personnels et n'ont pas la prétention de donner dans la littérature, uniquement celle de partager la passion pour un pays, si beau et si riche !



#Leseldelabretagne #NetGalleyFrance
Commenter  J’apprécie          340
Venise à Double Tour

Jean-Paul Kauffmann décrit tout à la fois une ville, Venise, source d’inspiration de la littérature et de l’art, et une quête, sa volonté de visiter les églises fermées de Venise, celles qui durant des siècles ont abrité tant de trésors artistiques et qui faute de fidèles et de moyens financiers pour les entretenir finissent à l’abandon. Son séjour dura quelques mois pendant lesquels, depuis son appartement de base de la Giudecca, il a cherché par de multiples moyens à se faire ouvrir ces lieux consacrés. Grâce à l’entregent d’une guide-conférencière, certaines de ces bâtisses dépendant des hôpitaux ou des instituts de bienfaisance ont pu exceptionnellement lui ouvrir leurs portes. Kauffmann a aussi profité de quelques hasards pour se glisser dans des bâtiments en principe interdits. Mais il a buté surtout sur le Patriarcat de Venise, où le grand Vicaire en charge notamment de l’action culturelle de l’Église, a fait barrage à son désir.



Quels liens entre une jeunesse marquée par la présence catholique dans un bourg breton et cette recherche de restes statuaires ou de chapelles vidées des tableaux qui les ornaient, rapatriés dans le musée diocésain ? Que referment les portes cadenassées des édifices anciennement religieux ? Pourquoi chez un ex-détenu, privé de liberté, cette envie d’aller là où les autres ne vont plus ?



Au passage, l’auteur présente la Sérénissime (un terme qu’il s’est juré de n’employer qu’une unique fois dans le livre - pari tenu) dans tous ses contrastes. Une fière cité aquatique, qui s’est développée avec le commerce maritime (mais aussi par le vol et le pillage), avant qu’elle ne décline et que Napoléon n’apporte le coup de grâce à son indépendance farouche. Napoléon, le fossoyeur déjà de certaines institutions religieuses et églises qui n’étaient en fait plus trop utilisées. La fuite des habitants, de moins en moins nombreux dans une ville où les loyers montent autant que l’acqua alta en hiver, s’en est suivie. Les locations touristiques, type Airbnb, deviennent plus rentables que les loyers perçus pour les habitants à l’année. Les immenses paquebots frôlent au plus prés la place Saint-Marc et remuent la lagune pour déverser quotidiennement des milliers de touristes à l’affût de verres de Murano ou de masques de carnaval made in China. Un tourisme facile à décrier, mais qui reste cependant indispensable au fonctionnement des musées, à l’entretien des églises (payantes hors des offices), ou tout simplement au maintien d’une vie quotidienne dans une ville où tout est plus compliqué. Une ville où le prix des restauration des immeubles peut aller jusqu’à dix fois le prix pratiqué sur le continent.



La démarche de Kauffmann est rendue plus complexe par les particularismes vénitiens. Bureaucratie peu compréhensible, rapports différents avec le patrimoine (pour les Italiens ce legs historique est là, il faut faire avec, pas le mettre sous cloche). Les bâtiments partent en morceaux ? On rafistole, sans cacher forcément la trace de l’intervention. Certaines églises se prêtent à une réutilisation comme incubateur de start-up ? Pourquoi pas. Mais dans les limites de ce que peut accepter le Patriarcat, s’agissant de lieux consacrés, même s’ils ne sont plus utilisés depuis des décennies.



L’ouvrage de Kauffmann tombe à pic en cet été 2020. Pas de vacances en Italie au programme cette année. Pas de cafés serrés au comptoir. Pas de lieux chargés d’histoire romaine ou Renaissance… Le soleil est là, mais le plaisir de se trouver dans un ailleurs qui nous parle dans une autre langue (et à toute vitesse) n’est pas pour aujourd’hui. Par procuration, le lecteur prend plaisir à suivre les déambulations de Jean-Paul Kauffmann, son obstination, sa rencontre avec la sprezzatura italienne (ce mélange de nonchalance et de dédain)… Le tout est porté par une écriture brillante, une culture littéraire rare (qui me dépasse de beaucoup), et une façon plaisante de présenter les œuvres d’art. Dans une autre vie Kauffmann aurait pu faire restaurateur du patrimoine ou guide conférencier, il aurait été passionnant à suivre.
Commenter  J’apprécie          340
La maison du retour

A son retour de captivité, Jean Paul Kauffmann s'est mis en quête d'un lieu.

Pendant trois années, il avait été détenu, enchaîné, plongé dans l'obscurité et confronté à la «stupidité» de ses geôliers. En recouvrant la liberté, l'aveuglante lumière de la liberté, il savait que plus jamais il ne pourrait reprendre le cours normal de sa vie d'avant, ni son métier de journaliste, ni ses virées en Sologne. Il lui fallait renaître autrement et ailleurs.



"Les Landes, la campagne normande ou les îles Fortunées: il fallait bien se poser quelque part. Je n'ai pas choisi la maison dans la forêt. Elle s'est proposée à moi par défaut, à une époque confuse de mon existence. Choix hâtif auquel je suis lié à jamais."



Après avoir sillonné le Bordelais, l'amateur de grands vins a jeté son dévolu sur les Tilleuls, une bâtisse abandonnée au coeur de la forêt des Landes, dont il a appris qu'elle avait été, pendant l'Occupation, un bordel pour SS.

Avec, pour complices diurnes, Castor et Pollux, deux ouvriers chargés de restaurer ce qui manquait de s'écrouler et, le soir venu, pour unique lecture, « les Géorgiques », de Virgile, Jean-Paul Kauffmann va réapprendre. Le métier de vivre...



C'est un livre magnifique, où l'on ne perçoit jamais l'once d'un auto-apitoiement. Il parle de la nature environnante, de la rénovation d'une bâtisse abandonnée en parallèle à sa propre renaissance, de ce que les livres lui ont apporté en captivité et, comme tout humain qui a été longuement privé de tout, il redécouvre l'émerveillement devant un arbre, la pluie, etc.



J'ai choisi deux extraits, assez longs, mais j'aime ce livre!



"L'airial a belle allure, mais à quel prix? La terre des Landes me désespère. Ce matin, j'ai arrosé, constatant comme à chaque fois que le sable mat laissait passer l'eau sans la fixer. Le lessivage creuse un peu plus la surface, formant de petites vallées bien nettoyées aux échancrures blanchies par le rinçage. La terre des Tilleuls est ingrate. On a beau y déverser de l'humus, de la tourbe, du fumier, le sable finit toujours par réapparaître . a tout ce qu'il touche, il transmet sa nature pulvérulente

Ce sable qui resurgit, je le compare volontiers à ma condition, à ce passé qui ne cesse de remonter à la surface. Il métamorphose tout sur son passage, exerçant sur moi un pouvoir absolu. De ce passé qui a pu me montrer ma vulnérabilité, je me suis servi comme d'un tremplin. L'histoire des deux souris qui tombent dans une jatte de lait m'enchante. La première crie " Au secours" et se noie. La deuxième bat tellement des pattes qu'elle se retrouve sur une motte de beurre.

Reprendre une vie normale, il n'en était pas question. Dès mon retour, je me suis empressé d'adopter aux Tilleuls une existence résolument anormale. C'est probablement ce qui m'a sauvé. Une fois libéré, j'ai vite compris qu'il me serait impossible de renouer avec la vie d'antan.

Pour l'occasion, j'avais inventé le syndrome de Luis de Leon, du nom de ce théologien fameux de Salamanque qui fut arrêté au beau milieu de son cours par le tribunal de l'Inquisition . Torturé puis condamné, Leon passa une dizaine d'années en prison. Libéré, il reprit son enseignement à l'université, à l'endroit même où il l'avait abandonné en disant :" Comme je vous le disais hier", voulant signifier par là qu'il évacuait ces années terribles.



Tout invite l'ancien reclus et ses proches à se reporter à la période d'avant, à recommencer comme si de rien n'était. Je répugne à ma prévaloir de mon malheur passé. Je ne l'oublie pas pour autant. Je lui suis absolument fidèle: " Je ne veux pas qu'on m'intègre". Cette phrase d'un héros de Sartre est la mienne. Dans quel monde suis-je? J'ai pu m'échapper de l'autre rive, mais une chose est sûre: je ne serai jamais d'ici. ....

.... Réussir son retour est pour le rescapé presque aussi difficile que de tenir pendant l'épreuve. Dans le trou,il résiste. Il n'a pas le choix. Hors du trou, il a le choix, tous les choix. Il est maître du jeu. Problème de taille: le jeu est trop ouvert, béant pour celui qui vient de s'extraire d'une existence réduite à sa plus simple expression. par où commencer? C'est là que les ennuis commencent. Mais ce ne sont que des ennuis, pas des tragédies."









Commenter  J’apprécie          315
L'arche des Kerguelen - Voyage aux îles de la..

Un grand moment et de superbes instants de voyage ! ... KAUFFMAN



L'archipel des Kerguelen anciennement îles de la désolation découvertes en 1772 par le marin breton qui leurs a légué son nom ...

C'est une histoire de rendez-vous manqués qui commence dès qu'on se rend compte que ce n'est pas le très recherché continent austral ...

Les îles Kerguelen fascinent considérablement ..

Un grand territoire vide et vierge au bout du monde peuplé par des éléphants de mer avec pour capitale une base scientifique française en taules de 100 personnes ...

on ne peut rejoindre ce superbe et redoutable archipel que par un long voyage en mer au départ de la Réunion dans une mer souvent violente.

Des fjords .. des falaises et montagnes acérés ... des plages .. le ressac ... des vents déchainés ... un glacier permanent perché sur un massif montagneux ... des températures assez constantes toute l'année ... un temps très instable ...des tourbières et paysages lunaires ( un peu l’Islande sans les volcans ) ...

Par ailleurs de faibles traces d'histoire très bien documentés et laminées par le temps et le vent !

Toujours un contraste entre les passages de grands voyageurs ainsi que des baleiniers et le vide partout bruyant ... systématiquement constaté ...



Un vide plein de noms et de traces de mémoire ...

Pour toutes ces raisons cet archipel est une véritable expérience intérieure surtout si il y a chez le lecteur : le désir presque le besoin d’y aller et de voir !



Ce carnet de voyage est un délice un vrai voyage ... un de ceux qui nourrissent les yeux et l'esprit ..

PS : un texte très bien documenté à tous points de vue ...

PS: lire ce texte c'est aller au Kerguelen et le terminer c'est y être allé !

Commenter  J’apprécie          300
Remonter la Marne

J'ai lu plusieurs livres sur le même sujet : parcours à pied de la "diagonale du vide" tous intéressants (Par les chemins noirs de Sylvain Tesson, Pensées en chemin d'Axel Kahn).

Celui-ci ne se démarque pas des autres, nous marchons (ou naviguons, ou empruntons un moyen de transport alternatif) à la suite de l'auteur qui, attiré généalogiquement par l'Est de la France, a décidé de remonter la rivière (qui aurait, d'après lui, bien mérité le nom de Fleuve) Marne de Paris jusqu'à sa source, proche de Langres.

Il rencontrera des personnes fières, aimant leur terre et qui ne s'en laissent pas compter. Il les surnomme "les conjurateurs" (de la modernité intrusive ou du mauvais sort qui s'acharne sur cette région désolée pour qui ne sait pas la contempler vraiment ?).
Commenter  J’apprécie          280
Remonter la Marne

"Remonter la Marne" ... à pied. Le programme peut sembler modeste à côté de celui des pélerins de Saint-Jacques de Compostelle ou de celui des randonneurs du GR20 sans même évoquer les défis d'un Jean-Louis Etienne ou d'un Sylvain Tesson. Mais cette modestie a son prix, surtout quand elle est accompagnée du talent d'écriture que possède Jean-Paul Kauffmann. Celui-ci, ayant grandi "aux Marches de la Bretagne" non loin de Rennes, a gardé "un tropisme de l'Est" de la France (d'où est originaire la branche paternelle de sa famille) et une tendresse particulière pour cette région. Il entreprend donc de longer la Marne à pied et à rebours, en partant du confluent de la Marne et de la Seine à Charenton, à la fin du mois d'août, pour rejoindre environ deux mois plus tard les sources de la Marne à Balesmes, sur le plateau de Langres. "Remonter la Marne" est le récit chronologique de ce voyage, morceaux choisis et probablement réécrits de son journal de bord.



Jean-Paul Kaufmann s'y montre curieux de tout. Il s'intéresse tout autant à la géographie, la botanique, l'économie, l'urbanisme de ce cours d'eau et des villes qu'il traverse – notant l'état d'abandon dans lequel se trouvent bien des villages, une fois dépassée l'opulente Champagne –, qu'au rôle qu'il a pu jouer dans l'Histoire de France, du Moyen-Âge jusqu'à nos jours, qu'aux écrivains ou hommes politiques qui ont vécu ou écrit sur ses rives (Bossuet, La Fontaine, Georges Simenon, André Breton ...) sans oublier les autochtones au devant desquels notre marcheur tente d'aller quand il parvient à vaincre la méfiance spontanée que bien souvent il inspire avec son allure de vagabond. Cela nous donne alors quelques beaux récits de rencontre. Le philosophe et épistémologue Bachelard et son essai "L'eau et les rêves" accompagnent aussi le journaliste itinérant dans sa quête de la source. Pourtant ici, point de grandes envolées philosophiques : on y trouvera la voix humble et sincère d'un homme, qui comme Montaigne en son temps, essaie de partager avec ses contemporains ce qu'il voit, comprend, apprécie ou craint de ce monde qui, comme le fleuve, est toujours le même et toujours autre. Avec, à défaut d'un bon repas, un bon cigare pour se remémorer et savourer la journée passée.
Commenter  J’apprécie          253
Outre-terre : Le voyage à Eylau

Après "La chambre noire de Longwood" qui nous avait emmené à Sainte-Hélène à la découverte de la dernière demeure de Napoléon, Jean-Paul Kauffmann nous transporte cette fois en Prusse orientale, sur les lieux d'un autre moment clé de la "geste" napoléonienne, la bataille d'Eylau qui s'est déroulée le 7 et 8 février 1807 et qui fut une hécatombe aussi bien du côté français (5000 morts, 24000 blessés) que du côté russe (7 à 9000 morts, 20000 blessés). Les deux belligérants revendiquèrent la victoire. Napoléon le fit par un laconique "La victoire nous est restée".



Preussisch-Eylau s'appelle aujourd'hui Bagrationovsk et fait partie de l'oblast de Kaliningrad, un territoire grand comme l'Ile de France coincé entre la Lituanie et la Pologne, qui fut concédé à l'Union Soviétique en 1945. Le territoire est toujours russe, bien qu'éloigné du territoire de la mère partie de plusieurs centaines de kilomètres. Sa capitale, Kaliningrad, au bord de la mer Baltique, s'appelait autrefois Königsberg, berceau de la Prusse et lieu de résidence, toute sa vie durant, du philosophe Emmanuel Kant. JP Kauffmann choisit de se rendre dans ce territoire avec sa femme Joëlle et leurs deux enfants à l'occasion de la célébration du bicentenaire de la bataille, en février 2007. Le livre est le récit de ce voyage, à la recherche des traces réelles ou imaginaires laissées par la bataille. Deux œuvres artistiques sont omniprésentes dans ce récit : d'une part le roman de Balzac "Le colonel Chabert" (le retour chez lui à Paris d'un colonel de la Grande Armée, dix ans après avoir été laissé pour mort sur le champ de bataille d'Eylau) et d'autre part le tableau de Gros, visible au Louvre, intitulé "Le cimetière d'Eylau" qui représente Napoléon avec quelques uns de ses généraux le lendemain de la bataille.



Le livre est un savant et savoureux mélange entre péripéties de la bataille, notes biographiques, indications historiques et géographiques et petits évènements et rencontres qui émaillent le voyage familial. C'est tout l'art de l'auteur de nous montrer comment le passé peut irriguer et nourrir le présent, comment patience et opiniâtreté peuvent faire que le temps perdu soit un jour retrouvé. Mais la mésaventure de Chabert nous montre aussi que le passé peut être interdit de cité, condamné par l'oubli et la malveillance à demeurer à jamais refoulé. Une superbe leçon d'histoire, de philosophie et, par dessus tout, de littérature.

Commenter  J’apprécie          242
Remonter la Marne

Le titre de ce roman de Jean-Paul Kauffmann dit tout et ne dit rien : remonter la Marne … Tout un programme, de Charenton-le-Pont où elle se jette dans la Seine, à Balesmes-sur-Marne où elle prend sa source : c’est cette portion du territoire français que l’auteur décide de parcourir, à pied, en prenant son temps.



"La Marne, déni français. Tous est fait pour la déconsidérer. (…) Pour les Français, la Marne est avant tout le nom d’une bataille."



Ni la plus belle des rivières, ni la plus grande, ni la plus longue, la Marne est pourtant un cours d’eau fascinant : sur 525 kilomètres, elle déroule son lit, passant à travers des villes plus ou moins célèbres, comme Saint-Dizier, Châlons-en-Champagne, Meaux, Nogent, Créteil, Saint-Maur-des-Fossés. Elle n’est plus navigable aujourd’hui que depuis Épernay et jusqu’à son confluent avec la Seine.



C’est donc dans ce périple un peu fou que se lance l’auteur, et c’est de ce périple qu’il a fait ce roman, où nous le suivons pas à pas tout au long de son parcours. Nous y découvrons des paysages, des gens, des histoires, dont l’auteur nous abreuve amplement, passionné qu’il est par l’Histoire et la Géographie. A travers son récit, on se replonge en effet dans nos cours de géo de primaire et de collège, retrouvant les termes qui ne nous parlaient pas à l’époque et qui prennent tout leur sens d’un coup. Amont, Aval, bras mort, etc. Mais nous découvrons aussi une France sinistrée : villages aux devantures vides, églises fermées, communes démeublées, paysans ou agriculteurs aigris et parfois méfiants envers la rivière, traces de guinguettes disparues, baignades interdites.



"Remonter la Marne, ce n’est pas revenir en arrière et pleurer le passé, mais au contraire se perdre, chuter pour mieux renaître.



Aller dans le sens inverse du courant est un choix qui d’emblée s’est imposé à moi; je n’ai pas songé un seul instant à partir de la source. Le fleuve qui s’écoule est tellement associé à la direction du temps- à l’instar de la flèche qui indique un sens irréversible-que je me demande si cette idée d’aller à contre-courant ne traduit pas un désir inconscient de revenir en arrière, au début. Une anabase, un retour, une expédition vers l’intérieur, remontée aventureuse vers la patrie perdue que vécurent les Dix Mille au temps de Xénophon.Tout, dans ce voyage, invite à la réversibilité.La rivière descend inexorablement vers sa disparition, j’avance vers son commencement. Hölderlin note que "la rivière n’oublie jamais sa source car, en s’écoulant, elle est la source d’elle-même."



La narration itinérante est parsemée d’évocations de grands écrivains français sur leurs lieux de vie ou d’expression de leur art : Bossuet (Meaux), La Fontaine (Château-Thierry), André Breton (Saint-Dizier), Diderot (Langres).



Au final un roman lumineux malgré la grisaille des paysages marnais, un texte illuminé par la plume de l’auteur qui transcende cette noirceur pour chercher les points forts cachés de cette rivière oubliée. Un texte qu’on ne peut parcourir sans intérêt, et sans émotion. D’autant que cela fait 4 ans que j’habite à quelques centaines de mètres de cette Marne, si magnifique près de chez moi, et que j’apprécie chaque jour. Alors si vous ne la connaissez, n’hésitez plus ! Mais avant, lisez Jean-Paul Kauffmann …
Lien : http://missbouquinaix.com/20..
Commenter  J’apprécie          242
Courlande

J'ai capitulé a plus de la moitié, un rdv raté en ce qui me concerne. Des infos intéressantes balancées de ci de la mai sans lien entre elles. Un récit de voyage trop plat a mon gout . Pourtant a la base je pensais a quelque chose de plus profond dur une région peu connue , dommage
Commenter  J’apprécie          222
Courlande

La couverture du livre de Jean Paul Kauffmann «Courlande» représente dans des tons sepia, l’un de ces châteaux aux volets clos, abandonnés par leur propriétaire lors de l’avancée des allemands ou des russes au cours de la seconde guerre mondiale.

Ce livre s’est rappelé à moi quand j’ai lu le commentaire de «Une enfance en Prusse orientale» de Marion Dönhoff sur le blog de «ivredelivres» dont la photo de couverture est celle d’une fenêtre, d’un de ces mêmes châteaux, ouverte sur une allée qui s’éloigne.

Courlande est le voyage vers la Prusse orientale, en Lettonie, de Jean-Paul Kauffmann et de sa femme Joëlle. Il part avec en tête la recherche d’un amour de jeunesse, Mara. Il l’a rencontrée au Canada, à Montréal où elle travaillait dans une librairie. Ses parents avaient fui la Lettonie, dont la Courlande est l’une des quatre provinces, à l’approche des allemands.

Lui, depuis son retour en France a gardé ce nom de Courlande au fond de lui et croit que Mara, qu’il a perdue, y est retournée et y vit.

Tout est fantomatique dans ce livre, s’effiloche comme dans un brouillard. Au fur et à mesure de son avance dans ces terres inconnues Jean-Paul Kaufmann se rend compte que ce pays lui échappe, qu’il ne lui reste que les lambeaux du passé, qu’il ne se laisse pas découvrir. Son souvenir de Mara, embelli par le temps, n’est plus qu’un mirage.

Tout est à l’abandon, en décomposition. Les manoirs et châteaux lorsqu’ils ne sont pas totalement abandonnés sont devenus des musées, des écoles. Et toutes les rencontres qu’il fait au cours de cette errance ne font que renforcer cette impression. Les témoins du passé retracent la succession de souffrances, au gré des invasions, qu’a supporté ce petit pays, pris entre le monde slave et le monde germanique. Nous croisons les traces de Louis XVIII en exil, de Marguerite Yourcenar et son roman «Le coup de grâce» qui se déroule dans le huis clos d’un de ces châteaux....

J’ai eu à la lecture de ce livre une impression de vide, de désolation mais aussi de mystère dû peut-être à cette situation dans des confins indéfinis. Et puis là où il y a un vide il y a aussi espoir de renouveau, de reconstruction même si cela prend du temps et ....peut-être reste-il à Jean-Paul kauffmann l’illusion d’avoir entrevu Mara...

Commenter  J’apprécie          222
Courlande

Un récit de voyage précieux.

En ces temps troublés, et qui nous poussent à nous pencher sur les marges de la Russie, un livre très précieux qui nous amène au bord de la Baltique pour saisir la réalité d'un pays (la Lettonie) dont l'histoire complexe est ici bien évoquée par tâches successives et non dans un livre d'histoire plus ou moins austères. Les rencontres sont passionnantes et entre Allemagne, Russie, drames historiques plus ou moins anciens on comprend mieux la spécificité de cette frange de l'Europe. On y croisera aussi Marguerite Yourcenar. Ceux qui ne connaissent pas les récits de voyage de Jean-Paul Kauffmann découvriront ici un excellent auteur de récits de voyages, l'auteur y est présent avec une modeste retenue et tout les projecteurs sont braqués vers ceux qu'il rencontre.
Commenter  J’apprécie          212
La Lutte avec l'Ange

Un très beau complément à ma période de lecture et visionnement de l'oeuvre et la vie de Eugène Delacroix. Je dirai comme une récréation sur le parcours de ce peintre. Une forme de recherche d'enquête sur une oeuvre magistrale de ce peintre qui se trouve dans l'église Saint-Sulpice. En plus de son interrogation sur cette oeuvre troublante et hautement symbolique, on y découvre le lieu et son histoire et surtout ses mystères. On le suit facilement dans sa démarche, et ses découvertes et des gens qui encore aujourd'hui sont liés aux lieux et à cette murale "La Lutte avec L'Ange". On suit le parcours de l'artiste, de la commande, du choix du sujet et de sa très longue réalisation parsemé d'arrêt, de reprise de correction et surtout l'entêtement de Eugène Delacroix à finir son combat final avec l'Art. Intéressant de voir la perception d’un auteur contemporain sur sa perception d’une oeuvre et de son artiste d’une autre époque. Mais seul l’artiste pourrait répondre à toutes les questions et même dans son journal il en parle peu, alors le mystère restera suspendu à notre regard.
Commenter  J’apprécie          210
Courlande

J'aime cet auteur. Ses livres, le personnage aussi. Journaliste courageux il est toujours "à distance". Je ne le connais pas mais je me trouve souvent à réagir comme lui dans certaines circonstances. C'est peu dire que j'ai préempté ce bouquin à la médiathèque de ma ville !

La Courlande ? Fastoche ! je connais. Enfin virtuellement. J'avais lu il y a très longtemps un livre sur le Maréchal de Saxe (mais si ! le vainqueur de Fontenoy ! ) écrit par Gilles Lapouge. Maurice de Saxe était certes le vainqueur de Fontenoy (Messieurs les anglois tirez les premiers...) mais surtout Duc de Courlande et......arrière grand-père de Aurore Dupin autrement nommée George Sand.

C'est avec ce genre de digression que Jean Paul Kaufmann nous enchante dans son livre.

L'idée de départ comme souvent chez Kaufmann c'est une commande d'un journal. Là c'est "Henry" un rédac chef d'un magazine de voyages qui lui demande un reportage sur la Lettonie récemment libérée du joug communiste comme ses deux consoeurs baltes, la Lituanie et l'Estonie. Et comme souvent chez Kaufmann le hasard fait toujours bien les choses. Lui c'est pas Maurice de Saxe qui lui a fait souvenir de la Courlande mais un amour d'il y a trente ans quand il était étudiant au Québec. La délicieuse Mara dont les parents avaient émigré au Québec juste après l'entrée des Russes en 1945.

Le voilà donc parti là-bas (je pense que le livre a été écrit dans les années 1995-2000) avec Joëlle, sa femme, que ceux qui ont suivi le kidnapping libanais de Jean Paul connaissent bien. Une femme pugnace.

Arrivés "sur zone" ils louent une Skoda Favorit rouge dont Kaufmann arrive à faire un personnage du livre tant elle semble en accord avec l'ambiance générale du voyage.

Ne vous attendez pas à de profondes analyses géopolitiques, à des aventures croustillantes, à des rencontres hors normes, à des considérations savantes et distinguées . Le voyage de Jean Paul Kaufmann c'est tout sauf ça. Nos deux parisiens musardent. Il y a bien sûr le reportage d'Henry, et aussi l'impératif de la cousine Alsacienne de Jean Paul qui lui a demandé de retrouver la tombe d'un "Malgré nous" de sa famille mort en Courlande dans la Wermacht en 45. La Courlande est un pays improbable , une partie de la Lettonie déjà elle-même un pays improbable : à peine trois millions d'habitants, une langue unique et archaïque. Un pays où résident encore 700 000 russes....et je ne parle pas de l'histoire ; compliquée dès qu'on aborde les années 39-45.

Jean Paul Kaufmann prend ces données en viatique et amasse au fil des rencontres et des visites la matière dont sortira ce livre. Un peu à la Prévert on aura droit à une visite de Mittau, le château qui a hébergé Louis XVIII lors de son exil, à une rencontre avec une famille allemande dont le père est un connaisseur pointu de l'histoire lettone, à une rencontre imprévue avec un rocker russophone cultivé (oui un rocker cultivé ça existe...), et last but not least pour Jean Paul Kaufmann l'amateur oenologue amoureux des vins : une soirée mémorable dans une cave du seul vignoble letton. Entre deux chapitres contemporains l'auteur s'échappe vers l'histoire ancienne : l'incroyable Odyssée de l'expédition courlandaise qui prit possession de Tobago et de la Gambie au début du 18e siècle, l'incroyable Odyssée dans un tout autre genre de la flotte russe de l'amiral Rodjesvensky partie de Liepaja en Courlande donc, pour aller se faire battre après 8 mois de navigation dantesque par les Japonais de l'amiral Togo à Tshushima.

Vous l'aurez compris je suis sous le charme de ce livre. Finalement Jean Paul Kaufmann ne verra jamais son article publié, le journal d' Henry à fait faillite, et jamais non plus il retrouvera la tombe de l'aïeul de sa cousine. Une note émouvante conclue le livre. L'auteur reçoit une lettre de Mara son ancienne amoureuse québecoise d'origine courlandaise . Elle avait lu son précédent livre traduit en anglais (La chambre de Longwood). Lors de son voyage en Courlande il avait cru la voir à plusieurs reprises. Etait-ce elle ? Incertitude.....























Commenter  J’apprécie          202




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Jean-Paul Kauffmann (1256)Voir plus

Quiz Voir plus

Contrefaçon de titres

Roman de Yasmina Khadra

Ce que le jour doit à la nuit
Ce que la nuit doit au jour

15 questions
17 lecteurs ont répondu
Thèmes : roman , films , titres , originauxCréer un quiz sur cet auteur

{* *}