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Citations de Jules Supervielle (519)


Derrière un éventail de fraîche mousseline,
Ton rire ruisselait en source près de moi ;
Je vois encore mes fleurs s’ouvrir sur ta poitrine ;
J’entends le rythme clair et le chant de ta voix !

Cherchant au loin ta forme exquise et mon bonheur,
Sur une barque blanche a fui mon rêve aride,
Et je vois revenir là-bas ma barque vide,
Et ton noir éventail se ferme sur mon cœur…
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Jules Supervielle
Arbres ( extrait)

Princes de l'immobilité,
Les oiseaux vous font confiance,
Vous savez garder le secret
D'un nid jusqu' à la délivrance.
A l'abri de vos cœurs touffus,
Vous façonnez toujours des ailes,
Et les projetez jusqu'aux nues
De votre arc secret mais fidèle.

(" Choix de poèmes ")
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Jules Supervielle
J'ai pris le matin

J'ai pris le matin dans ma promenade
Comme en un filet ;
Mes mains sentent bon le soleil nomade,
Le gazon mouillé.

Je l'ai bien saisi le matin qui cligne :
Le voici vivant,
Comme le poisson, au bout de la ligne,
Vif et s'incurvant.

Je rapporte ici la claire harmonie
Des prés jeune-verts
Dans l'alcôve encore si mal définie
Aux yeux inexperts ;

Et je veux vider, comme une corbeille,
Sur mon lit défait,
Mon cœur bourdonnant du chant des abeilles
Et de la forêt.
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Un poète

Je ne vais pas toujours seul au fond de moi-même
Et j'entraîne avec moi plus d'un être vivant.
Ceux qui seront entrés dans mes froides cavernes
Sont-ils sûrs d'en sortir même pour un moment ?
J'entasse dans ma nuit, comme un vaisseau qui sombre,
Pèle-mêle, les passagers et les marins,
Et j'éteins la lumière aux yeux, dans les cabines,
Je me fais des amis des grandes profondeurs.

1990 - [Poésie/Gallimard n° 41, p. 173]
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Jules Supervielle
De sa rive l'enfance
Nous regarde couler:
" Quelle est cette rivière
Où mes pieds sont mouillés,
Ces barques agrandies,
Ces reflets dévoilés,
Cette confusion
Où je me reconnais,
Quelle est cette façon
D'être et d'avoir été ?"

Et moi qui ne peux pas répondre
Je me fais songe pour passer aux pieds d'une ombre.

(" La fable du monde")
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Lui, un homme d’action autrefois était devenu une étonnante machine à rêve comme ceux qui ont longtemps habité la mer ou les pampas : toujours l’horizon ou le mur de leur chambre a quelque confuse nouvelle à leur annoncer. Pleuvait-Il, un jour qu’il méditait sur les raisons qui avaient poussé le président San Juan à le trahir, le mécontentement du colonel devenait une pluie interminable et tous ses souvenirs s’ecoulaient pluvieusement autour de lui. Nul ne savait mieux que lui mêler son présent aux conditions atmosphériques, à la couleur du ciel, aux bruits de la rue, à ceux de son appartement.
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L'ENFANT NEE DEPUIS PEU

Elle pense:

"Si sévères et si grandes
Ces personnes qui regardent
Et leurs figures dressées
Comme de hautes montagnes.
Suis-je un lac, une rivière,
Suis-je un miroir enchanté?
Pourquoi me regardent-ils?
Je n'ai rien à leur donner.
Qu'ils s'en aillent, qu'ils s'en aillent
Au pays de leurs yeux froids,
Au pays de leurs sourcils
Qui ne savent rien de moi.
J'ai encore fort affaire
Dessous mes closes paupières.
Il me faut prendre congé
De couleurs à oublier,
De millions de lumières
Et de plus d'obscurité
Qui sont de l'autre côté.
Il me faut mettre de l'ordre
Parmi toutes ces étoiles
Que je vais abandonner.
Au fond d'un sommeil sans bornes,
Il me faut me dépêcher."
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Il y eut des miracles : la tortue se dépêcha, l'iguane modéra son allure, l'hippopotame fut gracieux dans ses génuflexions, les perroquets gardèrent le silence.

Le bœuf et l'âne de la crèche
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Jules Supervielle
Pierre, obscure compagnie,
Sois bonne enfin, sois docile,
Ce n’est pas si difficile,
De devenir mon amie.
Quand je pense que tu m’écoutes
C’est toi qui me donnes tout.
Tu es distraite, tu pèses,
Tu me remplis la main d’aise
Et d’une douceur sans bruit.
Le jour, tu es toute chaude,
Toute sereine la nuit,
Autour de toi mon cœur rôde,
Le tien qui s’est arrêté
Me ravit de tous côtés.
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Reste immobile, et sache attendre que ton cœur
Se détache de toi comme une lourde pierre.
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La lune dans l’étang
Se souvient d’elle-même,
Veut se donner pour thème
A son enchantement,
Mais sa candeur précise
Au frais toucher de l’eau,
De délices se brise,
Et flotte la surprise
Des lunaires morceaux
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Le ciel est effrayant de transparence,
Le regard va si loin qu'il ne peut plus vous revenir.
Il faut bien le voir naufrager
Sans pouvoir lui porter secours.

Tout à coup le soleil s'éloigne jusqu'à n'être plus qu'une étoile perdue
Et cille.

LA TABLE, extrait
'Le cœur astrologue' – Gravitations
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EN PAYS ÉTRANGER

Ces visages sont-ils venus de ma mémoire,
Et ces gens ont-ils touché terre ou le ciel ?
Cet homme est-il vivant comme il semble le croire,
Avec sa voix, avec cette fumée aux lèvres ?
Chaises, tables, bois dur, vous que je peux toucher
Dans ce pays neigeux dont je ne sais la langue,
Poêle, et cette chaleur qui chuchote à mes mains,
Quel est cet homme devant vous qui me ressemble
Jusque dans mon passé, sachant ce que je pense,
Touchant si je vous touche et comblant mon silence,
Et qui soudain se lève, ouvre la porte, passe
En laissant tout ce vide où je n'ai plus de place ?

(extrait de "Le Forçat innocent") - p.78
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[…] La terre est une quenouille que filent lune et soleil
Et je suis un paysage échappé de ses fuseaux,
Une vague de la mer naviguant depuis Homère
Recherchant un beau rivage pour que bruissent trois mille ans.

-HOULE-
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Hier encore j’eusse dit : « Mes mains »
Et aussi : « Mes jours et mes nuits ».
Aujourd’hui je ne sais que dire,
Tous les mots sont restés au loin,
Saisis par leur propre délire.
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MATINALE

Mon âme donne sur la cour
Où quelque canaris pépient,
Une bonne dans l'ombre pie
Repasse ses vieilles amours.

Le lait du petit jour qu'on monte
Propose une âme et de l'espoir
Aux anneaux de l'escalier noir
Où tintent ses promesses promptes.

Ce sont les bruits clairs du matin,
Le jour nouveau qui me visitent,
Et ni moins vite, ni plus vite
Les pas serviles du destin.

Ce sont mes jambes de trente ans
Qui filent vers la quarantaine,
Sans que ni l'amour ni la haine
Ne les arrêtent un instant.

Je retrouve à la même place
Mes os d'hier et d'aujourd'hui,
Parmi la chair vive et sa nuit
Mon cœur m'encombre et me grimace.
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LE DESIR
Quand les yeux du désir, plus sévères qu'un juge, vous disent d'approcher,
Que l'âme demeure effrayée
Par le corps aveugle qui la repousse et s'en va tout seul
Hors de ses draps comme un frère somnambule,
Quand le sang coule plus sombre de ses secrètes montagnes,
Que le corps jusqu'aux cheveux n'est qu'une grande main inhumaine
Tâtonnante, même en plein jour....
Mais il est un autre corps,
Voici l'autre somnambule,
Ce sont deux têtes qui bourdonnent maintenant et se rapprochent,
Des torses nus sans mémoire cherchent à se comprendre dans l'ombre,
Et la muette de soie s'exprime par la plus grande douceur
Jusqu'au moment où les êtres
Sont déposés interdits sur des rivages différents.
Alors l'âme se retrouve dans le corps sans savoir comment
Et ils s'éloignent réconciliés, en se demandant des nouvelles.
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C’est beau d’avoir élu
Domicile vivant
Et de loger le temps
Dans un cœur continu,
Et d’avoir vu ses mains
Se poser sur le monde
Comme sur une pomme
Dans un petit jardin,
D’avoir aimé la terre,
La lune et le soleil,
Comme des familiers
Qui n’ont pas leurs pareils,
Et d’avoir confié
Le monde à sa mémoire
Comme un clair cavalier
A sa monture noire,
D’avoir donné visage
À ces mots : femme, enfants,
Et servi de rivage
À d’errants continents,
Et d’avoir atteint l’âme
À petits coups de rame
Pour ne l’effaroucher
D’une brusque approchée.
C’est beau d’avoir connu
L’ombre sous le feuillage
Et d’avoir senti l’âge
Ramper sur le corps nu,
Accompagné la peine
Du sang noir dans nos veines
Et doré son silence
De l’étoile Patience,
Et d’avoir tous ces mots
Qui bougent dans la tête,
De choisir les moins beaux
Pour leur faire un peu fête,
D’avoir senti la vie
Hâtive et mal aimée,
De l’avoir enfermée
Dans cette poésie.
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Puisque nos battements
S'espacent davantage,
Que nos cœurs nous échappent
Dans notre propre corps,
Viens, entrouvre la porte,
Juste assez pour que passe
Ce qu'il faut d'espérance
Pour ne pas succomber.
Ne crains pas de laisser
Entrer aussi la mort,
Elle aime mieux passer
Par les portes fermées.
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Il vous naît un ami, et voilà qu'il vous cherche
Il ne connaîtra pas votre nom ni vos yeux
Mais il faudra qu'il soit touché comme les autres
Et loge dans son coeur d'étranges battements
Qui lui viennent de jours qu'il n'aura pas vécus.
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