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Citations de Jules Supervielle (519)


Cette couleur c'était la couleur de vos yeux
Et cet air délicat c'était votre air aussi
Mais les chemins qui vont d'hier à aujourd'hui
Vous les foulez toujours de vos jeunes chevaux
Qui n'en finissent plus d'un galop toujours proche
De me venir dessus.
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Jules Supervielle
La peur de la folie que j’ai connue pendant la première moitié de ma vie me faisait fuir les impressions étranges qui m’habitaient et si mes monstres ne sont pas terrifiants c’est que je ne pouvais les tolérer qu’apprivoisés.

-Lettre à Etiemble-
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Soyons seuls un moment
Dans un monde d'aveugles.
Milliards de paupières
Autour de nous fermées.
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Jules Supervielle
Ne touchez pas l'épaule
Du cavalier qui passe,
Il se retournerait
Et ce serait la nuit,
Une nuit sans étoiles ,
Sans courbe ni nuages.
- Alors que deviendrait
Tout ce qui fait le ciel,
La lune et son passage
Et le bruit du soleil?
- Il vous faudrait attendre
Qu'un second cavalier
Aussi puissant que l'autre
Consentît à passer.

(" Les amis inconnus")
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La lampe rêvait tout haut qu'elle était l'obscurité
Et répandait alentour des ténèbres nuancées,
Le papier se brunissait sous son regard apaisé,
Les murs veillaient assourdis l'intimité sans limites.
S'il vous arrivait d'ouvrir des livres sur des rayons
Voilà qu'ils apparaissaient avec leur texte changé,
Et l'on voyait çà et là luire des mots chuchotants.
Vous déceliez votre nom en désarroi dans le texte
Et cependant que tombait une petite pluie d'ombres
Métamorphosant les mots sous un acide inconnu,
Un dormeur rêvait tout bas près de sa lampe allumée.

(extrait de "Les amis inconnus") - p.178
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Jules Supervielle
Adieu à l'Estancia(extrait)

Adieu chardons fleuris, azur frais des pampas,
Bois lointains que l'aurore inondait d'espérance,
Et familier jardin où tout sera silence,
Jardins des souvenirs et des blonds mimosas!

Mes chers eucalyptus, il est tard, je vous quitte,
Adieu mes vieux amis au feuillage profond,
Vous le parfum léger et l'âme de ce site,
Je vous laisse mon Rêve épars sur votre front.

("Comme des voiliers")

( L'Estancia est le domaine en Uruguay où le poète est né )
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Jules Supervielle
La poésie vient chez moi d'un rêve toujours latent. Ce rêve, j'aime à le diriger, sauf les jours d'inspiration où j'ai l'impression qu'il se dirige tout seul.

Extrait de " En songeant à un art poétique "
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Le temps d'un peu

Que voulez-vous que je fasse du monde
Puisque si tôt il m'en faudra partir.
Le temps d'un peu saluer à la ronde,
De regarder ce qui reste à finir,
Le temps de voir entrer une ou deux femmes
Et leur jeunesse où nous ne serons pas
Et c'est déjà l'affaire de notre âmes.
Le corps sera mort de son embarras.
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Nous sommes là tous deux comme devant la mer sous l’avance saline des souvenirs.
De ton chapeau aérien à tes talons presque pointus tu es légère et parcourue
comme si les oiseaux striés par la lumière de ta patrie remontaient le courant de tes rêves.
Tu voudrais jeter des ponts de soleil entre des pays que séparent des océans et des climats,
et qui s’ignorent toujours.
Les soirs de Montevideo ne seront pas couronnées de célestes roses pyrénéennes,
Les monts de Janeiro toujours brûlants et jamais consumés ne pâliront point
sous les doigts délicats de la neige française,
et tu ne pourras entendre, si ce n’est en ton cœur, la marée des avoines argentines
ni former un seul amour avec tous ces amours qui échelonnent ton âme,
et dont les mille fumées ne s’uniront jamais dans la torsade d’une seule fumée.
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"Grimaces affreuses de la vie, laissez moi tranquille, pensait-elle. Mais laissez moi donc tranquille ! Que voulez vous que je fasse de vous, quand le reste n'existe plus !"
Quand elle eut laissé loi derrière elle tous les poissons-torches et qu'elle se fut trouvée dans la nuit profonde, elle coupa le fil d'acier qui l'attachait au fond de la mer avec les ciseaux noirs qu'elle avait ramassés, avant de s'enfuir.
"Mourir enfin tout à fait", pensait-elle , en s'élevant dans l'eau.
Dans la nuit marine ses propres phosphorescences devinrent lumineuses, puis s'éteignirent pour toujours. Alors son sourire d'errante noyée revint sur ses lèvres. Et ses poissons favoris n'hésitèrent pas à l'escorter, je veux dire à mourir étouffés, à mesure qu'elle regagnait les eaux moins profondes.
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Dans la forêt sans heures
On abat un grand arbre
Un vide vertical
Tremble en forme de fût
Près du tronc étendu.

Cherchez, cherchez, oiseaux
La place de vos nids
Dans ce haut souvenir
Tant qu'il murmure encore.
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Jules Supervielle
Notre ère

Le monde est devenu fragile
Comme une coupe de cristal,
Les montagnes comme les villes
L'océan même est mis à mal.

Un roc est aussi vulnérable
Qu'une rose sur son rosier
Et le sable tant de fois sable
Doute et redoute sous nos pieds.

Tout peut disparaître si vite
Qu'on le regarde sans le voir
La terre même est insolite
Que ne fait plus tourner l'espoir.

Hommes et femmes de tout âge
Regagnons vite nos nuages
Puisqu'il n'est pas d'asile sûr
Dans le solide et dans le dur.
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« Quand le visage est obligé de sourire pour des besoins professionnels, il faut bien que notre humaine tristesse se réfugie quelque part. » (p. 149)
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J'aurai rêvé ma vie à l'instar des rivières
Vivant en même temps la source et l'océan
Sans pouvoir me fixer même un mince moment
Entre le monde la plaine et les plages dernières.

Suis-je ici, suis-je là ? Mes rives coutumières
Changent de part et d'autres et me laissent errant.
Suis-je l'eau qui s'en va, le nageur descendant
Plein de trouble pour tout ce qu'il laisse derrière ?

Ou serai-je plutôt sans même le savoir
Celui qui dans la nuit n' a plus que la ressource
De chercher l'océan du côté de la source
Puisqu'est derrière lui le meilleur de l'espoir?
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Visage des animaux
Si bien modelés du dedans à cause de tous les mots que vous n'avez pas su dire,
Tant de propositions, tant d'exclamations, de surprise bien contenue,
Et tant de secrets gardés et tant d'aveux sans formule,
Tout cela devenu poil et naseaux bien à leur place,
Et humidité de l'oeil,
Visages toujours sans précédent tant ils occupent l'air hardiment !
Qui dira les mots non sortis des vaches, des limaçons, des serpents,
Et les pronoms relatifs des petits, des grands éléphants.
Mais avez-vous besoin des mots, visages non bourdonnants,
Et n'est-ce pas le silence qui vous donne votre sereine profondeur,
Et ces espaces intérieurs qui font qu'il y a des vaches sacrées et des tigres sacrés.
Oh ! je sais que vous aboyez, vous beuglez et vous mugissez.
Mais vous gardez pour vous vos nuances et la source de votre espérance
Sans laquelle vous ne sauriez faire un seul pas, ni respirer.
Oreilles des chevaux, mes compagnons, oreilles en cornets
Vous que j'allais oublier,
Qui paraissez si bien faites pour recevoir nos confidences
Et les mener en lieu sûr,
Par votre chaud entonnoir qui bouge à droite et à gauche...
Pourquoi ne peut-on dire des vers à l'oreille de son cheval
Sans voir s'ouvrir devant soi les portes de l'hôpital.
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Quand les chevaux du temps s'arrêtent à ma porte
J'hésite un peu toujours à les regarder boire
Puisque c'est de mon sang qu'ils étanchent leur soif.
Ils tournent vers ma face un œil reconnaissant
Pendant que leurs longs traits m'emplissent de faiblesse
Et me laissent si las, si seul et décevant
Qu'une nuit passagère envahit mes paupières
Et qu'il me faut soudain refaire en moi mes forces
Pour qu'un jour où viendrai l'attelage assoiffé
Je puisse encore vivre et les désaltérer.
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Jules Supervielle
Voyageur, voyageur, accepte le retour,
Il n'est plus place en toi pour de nouveaux visages,
Ton rêve modelé par trop de paysages,
Laisse- le reposer en son nouveau contour.

Fuis l'horizon bruyant qui toujours te réclame
Pour écouter enfin ta vivante rumeur
Que garde maintenant de ses arcs de verdeur
Le palmier qui s'incline aux sources de de ton âme.
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Un chevreau tournant sur soi jusqu’à devenir une étoile.

-LES GERMES-
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Ecoute, apprendras-tu à m'écouter de loin,
Il s'agit de pencher le coeur plus que l'oreille,
Tu trouveras en toi des ponts et des chemins
Pour venir jusqu'à moi qui regarde et qui veille.

Qu'importe en sa longueur l'Océan Atlantique,
Les champs, les bois, les monts qui sont entre nous deux ?

L'un après l'autre un jour il faudra qu'ils abdiquent
Lorsque de ce côté tu tourneras les yeux.

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A force de mourir et de n'en dire rien
Vous aviez fait un jour jaillir, sans y songer,
Un grand pommier en fleurs au milieu de l'hiver.
Et des oiseaux gardaient, de leurs becs inconnus,
L'arbre non saisonnier comme en plein mois de mai.
Et des enfants joyeux de soleil et de brume
Faisaient la ronde autour, à vivre résolus.
Ils étaient les témoins de sa vitalité.
Et l'arbre de donner ses fruits sans en souffrir
Comme un arbre ordinaire et sous un ciel de neige
De passer vos espoirs de toute sa hauteur.
Et son humilité se voyait de tout près
Oui, craintive souvent, vous vous en approchiez.
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