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Citations de Jules Supervielle (519)


Je nage sous la vague, abri de mon amour,
Les algues ont l'odeur et le goût de la lune.
Poissons des jours heureux, avez-vous vu son corps
Dont brille le contour qui fait si belle écume?
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Nous dirons les choses au fur et à mesure que nous les verrons et que nous les saurons. Et ce qui doit rester obscur le sera malgré nous.
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OUBLIEUSE MÉMOIRE (EXTRAITS)


Mais avec tant d'oubli comment faire une rose,
Avec tant de départs comment faire un retour,
Mille oiseaux qui s'enfuient n'en font un qui se pose
Et tant d'obscurité simule mal le jour.

Écoutez, rapprochez-moi cette pauvre joue,
Sans crainte libérez l'aile de votre cœur
Et que dans l'ombre enfin notre mémoire joue,
Nous redonnant le monde aux actives couleurs.

Le chêne redevient arbre et les ombres, plaine,
Et voici donc ce lac sous nos yeux agrandis ?
Que jusqu'à l'horizon la terre se souvienne
Et renaisse pour ceux qui s'en croyaient bannis !

Mémoire, sœur obscure et que je vois de face
Autant que le permet une image qui passe...

p.140-141
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Sous la voûte charnelle
Mon cœur qui se croit seul
S’agite prisonnier
Pour sortir de sa cage.
Si je pouvais un jour
Lui dire sans langage
Que je forme le cercle
Tout autour de sa vie !
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[…] Sur des landes triturées tout le jour par le soleil
Passaient des cactus crispés dans leur gêne végétale,
Des chardons comme des christs abandonnés aux épines,
Et des ronces qui cherchaient d’autres ronces pour mourir.
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Je croise des hommes tranquilles
Qui connaissent la mer et vont vers les montagnes ;
Curieux, en passant, ils soupèsent mon âme
Et me la restituent repartant sans mot dire.
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Dans l'oubli de mon corps

Dans l'oubli de mon corps
Et de tout ce qu'il touche
Je me souviens de vous.
Dans l'effort d'un palmier
Près des mers étrangères
Malgré tant de distances
Voici ce que je découvre
Tout ce qui faisait vous,
Et puis je vous oublie
Le plus fort que je peux
Je vous montre comment
Faire en moi pour mourir.
Et je ferme les yeux
Pour vous voir revenir
Du plus loin de moi-même
Où vous avez failli
Solitaire, périr.

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Les chevaux du temps.

Quand les chevaux du Temps s’arrêtent à ma porte
J’hésite un peu toujours à les regarder boire
Puisque c’est de mon sang qu’ils étanchent leur soif.
Ils tournent vers ma face un œil reconnaissant
Pendant que leurs longs traits m’emplissent de faiblesse
Et me laissent si las, si seul et décevant
Qu’une nuit passagère envahit mes paupières
Et qu’il me faut soudain refaire en moi des forces
Pour qu’un jour où viendrait l’attelage assoiffé
Je puisse encore vivre et les désaltérer.
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" Antoine Charnelet, mon petit, dit l'étranger avec beaucoup d'émotion dans la voix, tu as donc perdu ta bonne ? N'aie pas peur, je suis déjà ton ami et tu vas voir que tu me connais. "
Ce grand monsieur a un léger accent.
" Veux-tu monter dan ma voiture ? "
C'est une magnifique limousine si neuve qu'elle semble se trouver encore à la devanture d'un magasin des Champs-Élysées.
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Souvenirs, oui, vous faites parfois un bruit plus pénétrant que la réalité. Vous connaissez mieux le chemin de notre oreille et de notre corps.
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Jules Supervielle
Les souvenirs sont du vent, ils inventent les nuages...
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1939-1945
ARBRES

PINS


Ô pins devant la mer,
Pourquoi donc insister
Par votre fixité
À demander réponse ?
J'ignore les questions
De votre haut mutisme.
L'homme n'entend que lui,
II en meurt comme vous.
Et nous n'eûmes jamais
Quelque tendre silence
Pour mélanger nos sables,
Vos branches et mes songes.
Mais je me laisse aller
À vous parler en vers,
Je suis plus fou que vous,
Ô camarades sourds,
Ô pins devant la mer,
Ô poseurs de questions
Confuses et touffues,
Je me mêle à votre ombre,
Humble zone d'entente,
Où se joignent nos âmes
Où je vais m'enfonçant,
Comme l'onde dans l'onde.

p.433-434
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1939-1945

POÈMES DE LA FRANCE MALHEUREUSE
À Angélica Ocampo

LE DOUBLE
Mon double se présente et me regarde faire,
II se dit : « Le voilà qui se met à rêver,
II se croit seul alors que je puis l'observer
Quand il baisse les yeux pour creuser sa misère.
Au plus noir de la nuit il ne peut rien cacher
De ce qui fait sa nuit avec ma solitude.
Même au fond du sommeil je monte le chercher,
À pas de loup, craignant de lui paraître rude
Et je l'éclaire avec mon électricité
Délicate, qui ne saurait l'effaroucher,
Je m'approche de lui et le mets à l'étude,
Voyant venir à moi ce que son cœur élude. »

p.411
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Un sourire préalable
Pour le mort que nous serons,
Un peu de pain sur la table
Et le tour de la maison.
Une longue promenade
A la rencontre du Sud
Comme un ambulant hommage
Pour l'immobile futur.
Et qu'un bras nous allongions
Sur les mers, vers le Brésil,
Pour cueillir un fruit des îles
Résumant toute la terre,
A ce mort que nous serons
Qui n'aura qu'un peu de terre,
Maintenant que par avance
En nous il peut en jouir
Avec notre intelligence,
Notre crainte de mourir,
Notre douceur de mourir.

-OFFRANDE-
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Et voici la muraille, elle use le désir,
On ne sait où la prendre, elle est sans souvenirs,
Elle regarde ailleurs, et, lisse, sans pensées,
C'est un front sans visage, à l'écart des années.
Prisonniers de nos bras, de nos tristes genoux,
Et, le regard tondu, nous sommes devant nous
Comme l'eau d'un bidon qui coule dans le sable
Et qui dans un instant ne sera plus que sable.
Déjà nous ne pouvons regarder ni songer,
Tant notre âme est d'un poids qui nous est étranger
Nos cœurs toujours visés par une carabine
Ne sauraient plus sans elle habiter nos poitrines.
Il leur faut ce trou noir, précis de plus en plus,
C'est l’œil d'un domestique attentif, aux pieds nus.
Œil plein de prévenance et profond, sans paupière
A l'aise dans le noir et l'excès de lumière.
Si nous dormons il sait nous voir de part en part,
Vendange notre rêve, avant nous veut sa part.
Nous ne saurions lever le regard de la terre
Sans que l'arme de bronze arrive la première,
Notre sang a besoin de son consentement,
Ne peut faire sans elle un petit mouvement,
Elle est un nez qui flaire et nous suit à la piste,
Une bouche aspirant l'espoir dès qu'il existe,
C'est le meilleur de nous, ce qui nous a quittés,
La force des beaux jours et notre liberté.
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C’est vous quand vous êtes partie,
L’air peu à peu qui se referme
Mais toujours prêt à se rouvrir
Dans sa tremblante cicatrice
Et c’est mon âme à contre-jour
Si profondément étourdie
De ce brusque manque d’amour
Qu’elle n’en trouve plus sa forme
Entre la douleur et l’oubli.
Et c’est mon cœur mal protégé
Par un peu de chair et tant d’ombre
Qui se fait au goût de la tombe
Dans ce rien de jour étouffé
Tombant des autres, goutte à goutte,
Miel secret de ce qui n’est plus
Qu’un peu de rêve révolu.
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PROPHÉTIE

Un jour la Terre ne sera
Qu'un aveugle espace qui tourne
Confondant la nuit et le jour.
Sous le ciel immense des Andes
Elle n'aura plus de montagnes,
Même pas un petit ravin.

De toutes les maisons du monde
Ne durera plus qu'un balcon
Et de l'humaine mappemonde
Une tristesse sans plafond.
De feu l'Océan Atlantique
Un petit goût salé dans l'air,
Un poisson volant et magique
Qui ne saura rien de la mer.

D'un coupé de mil neuf cent cinq
(Les quatre roues et nul chemin !)
Trois jeunes filles de l'époque
Restées à l'état de vapeur
Regarderont par la portière
Pensant que Paris n'est pas loin
Et ne sentiront que l'odeur
Du ciel qui vous prend à la gorge.

A la place de la forêt
Un chant d'oiseau s'élèvera
Que nul ne pourra situer,
Ni préférer, ni même entendre,
Sauf Dieu qui, lui, l'écoutera
Disant : "C'est un chardonneret."

Recueil "Gravitations", section "Les Colonnes étonnées", pp. 168-169.
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NOCTURNE EN PLEIN JOUR


Encore frissonnant
Sous la peau des ténèbres
Tous les matins je dois
Recomposer un homme
Avec tout ce mélange
De mes jours précédents
Et le peu qui me reste
De mes jours à venir.
Me voici tout entier,
Je vais vers la fenêtre.
Lumière de ce jour,
Je viens du fond des temps,
Respecte avec douceur
Mes minutes obscures,
Épargne encore un peu
Ce que j’ai de nocturne,
D’étoilé en dedans
Et de prêt à mourir
Sous le soleil montant
Qui ne sait que grandir.
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MA CHAMBRE


Et les objets se mirent à sourire,
L’armoire à glace avait un air très entendu,
Et le fauteuil feignait d’en savoir long
Sur nos quatre saisons et sur la sienne seule
(Elle ignore le gel et les ardeurs solaires).

Le robinet riait dans sa barbe bruyante,
La corbeille à papiers lisait des bouts de lettres
Dès qu’on avait le dos tourné
Et j’étais un objet méditant parmi d’autres
(Oubliant que naguère encor j’étais un homme).
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Passent des animaux précédés d'un cou immense qui sonde l'inconnu, l'écartant à droite et à gauche, avec le plus grand soin. Ils défrichent l'air vierge. Sans en parler aux autres insectes les fourmis montent sur la cime des arbres pour regarder.
Quand des tribus se rencontrent on se souffle au visage comme font les buffles qui se voient pour la première fois. On se regarde de tout près jusqu'à ce que les regards mettent le feu aux yeux. Alors on recule et on se saute à la gorge.
Les animaux se demandent lequel parmi eux sera l'homme un jour. Ils consultent l'horizon et le vent qui vient de l'avenir. Ils pensent que peut-être l'homme rampe déjà dans l'herbe et les regarde tour à tour présumant de leur chair et de son goût. L'homme se demande si vraiment ce sera lui.
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