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Citations de Julio Cortázar (178)


« Je touche tes lèvres, je touche d'un doigt le bord de tes lèvres. Je dessine ta bouche comme si elle naissait de ma main, comme si elle s'entrouvrait pour la première fois et il me suffit de fermer les yeux pour tout défaire et tout recommencer. Je fais naître chaque fois la bouche que je désire, la bouche que ma main choisit et qu'elle dessine sur ton visage, une bouche choisie entre toutes, choisie par moi avec une souveraine liberté pour la dessiner de ma main sur ton visage et qui, par un hasard que je ne cherche pas à comprendre, coïncide exactement à ta bouche qui sourit sous la bouche que ma main te dessine.
Tu me regardes, tu me regardes de tout près, tu me regardes de plus en plus près, nous jouons au cyclope, nos yeux grandissent, se rejoignent, se superposent, et les cyclopes se regardent, respirent confondus, les bouches se rencontrent, luttent tièdes avec leurs lèvres, appuyant à peine la langue sur les dents, jouant dans leur enceinte où va et vient un air pesant dans un silence et un parfum ancien. Alors mes mains s'enfoncent dans tes cheveux, caressent lentement la profondeur de tes cheveux, tandis que nous nous embrassons comme si nous avions la bouche pleine de fleurs ou de poissons, de mouvement vivants, de senteur profonde. Et si nous nous mordons, la douleur est douce et si nous sombrons dans nos haleines mêlées en une brève et terrible noyade, cette mort instantanée est belle. Et il y a une seule salive et une seule saveur de fruit mûr, et je te sens trembler contre moi comme une lune dans l'eau. »
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« La caresse qui m'arracherait un instant à cette vigilance en plein vide. Toujours trop tard, nous avions beau faire souvent l'amour, le bonheur c'était forcément autre chose, quelque chose de plus triste peut-être que cette paix et ce plaisir, un air d'île ou de licorne, une chute interminable dans l'immobilité. »
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Tu sais cette histoire des choses élastiques, c'est très bizarre, c'est un machin que je sens partout. Tout est élastique, mon vieux, et les choses qui paraissent dures, c'est qu'elles sont d'une élasticité ... retardée.
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SI JE DOIS VIVRE
Si je dois vivre sans toi que ce soit dur et sanglant
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LE FUTUR
Et je sais très bien que tu n'y sera pas.
Tu ne seras pas dans la rue, dans le murmure qui jaillit
la nuit
des réverbères, ni dans le geste
de choisir le menu, ni dans le sourire
qui soulage les métros complets,
ni dans les livres prêtés ni dans les mots à demain.
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Si j'en parle c'est parce que, quand je me réveille, je traîne avec moi des lambeaux de rêves demandeurs d'écriture et parce que, depuis toujours, j'ai su que cette écriture - poèmes, nouvelles, romans - est l'unique fixation qui m'est donnée pour ne pas me dissoudre dans cet homme qui boit son café du matin et sort dans la rue pour commencer un nouveau jour.Je n'ai rien contre ma vie diurne mais ce n'est pas par elle que j'écris.
(P. 24)
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Quand il atteignit la tache verte, il entra dans un monde où l'odeur du thym et de la sauge, le feu du soleil et le vent de la mer n'étaient plus qu'une seule et même matière.
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“ I will always be a child in many ways, but one of those children who from the beginning carries within him an adult, so when the little monster becomes an adult he carries in turn a child inside and, nel mezzo del camino, yields to the seldom peaceful coexistence of at least two outlooks onto the world. “
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Depuis que Johnny est passé par le sax-alto on ne peut plus considérer les musiciens précédents comme des génies. Il faut bien en venir à cette espèce de résignation déguisée qui s'appelle le sens historique et dire que ces musiciens ont été remarquables en leur temps. Johnny est passé par là comme une main qui tourne une page, et on n'y peut rien.
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C'est un saxo formidable. Hier soir j'avais l'impression de faire l'amour quand j'en jouais.
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- Cela fait un moment qu'on ne s'est plus vu, ai-je dit à Johnny. Un mois au moins.
- Tout ce que tu sais faire, toi, c'est de mesurer le temps, m'a-t-il répondu avec mauvaise humeur. Le premier, le deux, le trois, le vingt et un : tu mets un chiffre sur tout, toi.
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L’amour bref


Avec quelle douceur lisse
il me lève du lit où je rêvais
à des plantes profondes parfumées,

il promène des doigts sur la peau et me dessine
dans l’espace, en suspens, jusqu’à ce que se pose
le baiser courbe et récurrent

afin que se déclenche à feu doux
la danse cadencée du bûcher
nous enlaçant par rafales, par hélices,
aller et retour d’un ouragan de fumée —

(Pourquoi, ensuite,
ce qui reste de moi
n’est qu’un naufrage dans des cendres
sans un adieu, sans autre chose que le geste
de libérer les mains ?).
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[L'homme à l'affût]

C'est comme ans l’ascenseur : tu es là, tu parles avec des gens, tu ne sens rien d'extraordinaire et pendant ce temps tu passes le premier étage, le dixième, le vingtième et la ville reste là-bas, dans le fond et toi tu es en train de finir la phrase que tu avais commencée au rez-de-chaussée et entre les premiers mots et les derniers, il y a cinquante-deux étages. J'ai compris quand j'ai commencé à jouer, que j'entrais dans l'ascenseur mais c'était l'ascenseur du temps, tu saisis?
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Cette histoire se poursuit au-delà de ces pages, cette histoire n'est qu'un petit bout de l'histoire Argentine. Le reste est entre les mains du peuple.
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(...) l'hostie qui rencontre en chemin une attaque de toux et finit en pluie de biscuit.
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//----Notes : ----//

Nouvelles extraites du recueil « Fin d'un jeu » (L'Imaginaire n°508)

//---- Structure et titres originaux ----//

-- [Les poisons : Los venenos] --
-- [La porte condamnée : La puerta condenada] --
-- [Les ménades : Las Ménades] --
-- [La nuit face au ciel : La noche boca arriba] –

//---- Citation d'ouverture de « La nuit face au ciel » ----//

Et, à certaines époques, ils allaient chasser
l'ennemi : on appelait cela la guerre fleurie.
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Mais le chef d'orchestre connaissait bien son public,
il organisait des concerts pour les habitués de la salle Corona,
c'est-à-dire des gens tranquilles et comme il faut
qui préfèrent les mauvaises choses qu'ils connaissent
aux bonnes qu'ils ne connaissent pas
et qui exigent qu'on respecte avant tout leur digestion et leur bien-être.
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Ce soir-là, à New York, j'ai cru que je l'avais ouverte avec ma musique, mais il a bien fallu m'arrêter, alors le salaud me l'a refermée au nez, tout ça parce que j'ai jamais prié pour lui et que je prierai jamais.
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Je crois qu'on peut très bien vivre sans écrire.
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Plus doucement alors, et utiliser la main engagée dans la manche gauche, si c'est bien la manche et non le col, et, pour se faire aider de la main droite la main gauche pour qu'elle puisse avancer dans la manche ou au contraire reculer et s'enfuir, mais c'est presque impossible de coordonner le mouvement des deux mains, comme si la gauche était un rat pris dans une cage et que, du dehors, un autre rat veuille l'aider à s'échapper, mais au lieu de l'aider, peut-être le mord-il car soudain sa main prisonnière a mal, l'autre main s'est agrippée de toutes ses forces sur ce qui doit-être sa main cachée et elle lui a fait mal, tellement mal qu'il renonce à enlever son pull-over, il préfère faire un dernier effort pour sortir la tête hors du col et le rat gauche hors de sa cage, il tente une sortie en luttant de tout son corps, en se lançant d'arrière en avant, pirouettant au milieu de la chambre ou peut-être pas au milieu, il vient de penser que la fenêtre est restée grande ouverte et qu'il est dangereux de tourner comme ça à l'aveuglette, il préfère s'arrêter, bien que sa main droite s'affaire toujours s'en s'occuper du pull-over, bien que sa main gauche lui fasse de plus en plus mal, comme si on lui avait brûlé ou mordu les doigts, et cependant cette main lui obéit et, refermant peu à peu ses doigts endoloris, elle parvient à saisir à travers la manche le bord du pull-over enroulé aux épaules, elle le tire vers le bas mais sans aucune force, elle a trop mal et il faudrait que sa main droite l'aidât au lieu de grimper ou de descendre inutilement le long de ses jambes, au lieu de lui pincer la cuisse, comme elle est en train de le faire, le griffant et le pinçant à travers ses vêtements sans qu'il puisse l'en empêcher car toute sa volonté est concentrée sur sa main gauche, peut-être est-il tombé à genoux et se sent-il comme suspendu à la main gauche qui tire encore une fois sur son pull-over, et soudain c'est le froid sur les cils et le front, sur les paupières, absurdement il ne veut pas ouvrir les yeux mais il sait qu'il a émergé, cette matière froide, ce délice, c'est l'air libre, il ne veut pas ouvrir les yeux et il attend une seconde, deux secondes, il se laisse vivre en un temps froid et différent, le temps hors du pull-over, il est à genoux et il est beau d'être ainsi, jusqu'à ce que, peu à peu, avec reconnaissance, il entrouve les yeux, et il voit les cinq ongles noirs pointés contre ses yeux, vibrant dans l'air avant de lui sauter au visage, et il a le temps de refermer les yeux, et de se rejeter en arrière, se couvrant le visage de sa main gauche qui est sa main, qui est tout ce qui lui reste pour se défendre, pour lui permettre de tirer vers le haut mêle si elle est restée à l'intérieur de la manche, le col du pull-over, et la bave bleue couvre à nouveau son visage, tandis qu'il se redresse pour fuir ailleurs, pour arriver enfin en un lieu sans mains et sans pull-over, où il y ait seulement un air retentissant qui l'enveloppe et l'accompagne et le caresse et douze étages. ("N'accusez personne)
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