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Critiques de Karine Giebel (7069)
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Toutes blessent la dernière tue

Un roman addictif a souhait. Il se lit d'une traite et pourtant.. ce n'était pas gagné car il m'a méchamment sortie de ma zone de confort.

Et oui en général quand il y a maltraitance sur enfant, je freine des deux pieds. Donc l'ouverture du roman a été difficile, avec dans ma tête l'idée que j'allais souffrir et devoir me faire violence pour arriver au bout.



Alors effectivement ce qui arrive a la petite Tama est ignoble et effrayant, mais l'écriture de Karine Giebel le rend supportable a la lecture. Je m'explique : en fait l'auteure ne fait pas de longues descriptions des sévices subit par cette jeune enfant. Elle en dit ce qu'il faut pour que le lecteur comprenne et l'imagination de celui-ci fait le reste.

Et puis du coup , on veut savoir et on espère que la vie va apporter un peu de chance et de bonheur et cette enfant, mais seul l'avenir lui dira



Donc une écriture addictive et dynamique plus un scénario époustouflant et tellement réaliste, ( car oui l'esclavage existe encore. Malheureusement ), place ce roman dans les meilleurs thrillers du moment.



Je tenais à remercier Babelio et les éditions Pocket pour cette masse critique privilégiée.

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Ce que tu as fait de moi

Envoûtant et glaçant.



Encore une fois, Karine Giebel m’a transportée avec sa plume machiavélique.

Dans ce nouveau roman, elle nous entraîne au cœur d’un coup de foudre passionnel dans le milieu de la police.



Deux points de vue se croisent dans ce récit : d’un côté Laëtitia, de l’autre Richard.

Alors que leur histoire s’est terminée de manière dramatique, ils sont interrogés par l’IGPN.

Mais que s’est-il passé ?

L’auteure fait une focalisation interne sur chacun des deux personnages pendant leur interrogatoire respectif.

Ils se confient, se livrent de façon bouleversante.

C’est ainsi que nous découvrons toute l’histoire depuis le début, en même temps que les enquêteurs.



Ici, la dimension psychologique est omniprésente. Deux versions où il est nécessaire de s’accrocher, car les sentiments et les émotions se bousculent dans tous les sens. Vous êtes prévenus !

Entre amour, harcèlement, passion, anéantissement de l’autre, attachement, manipulation, attraction irrésistible, folie... aujourd’hui encore je me demande si un amour aussi fort conduit forcément à la tragédie.



Nous sommes spectateurs de l’évolution de cette relation...

passionnelle ? malsaine ?

Je cherche encore.

On est face à un déchirement amoureux incontrôlable, une passion destructrice.

Le rapport hiérarchique entre les deux personnages est clairement dérangeant. Il fait naître un sentiment de malaise qui ne cesse de grandir.

Les jeux de pouvoir et de domination s’enchaînent jusqu’à en devenir pervers.

La rage me prenait parfois, pour ne devenir ensuite qu’empathie et compréhension.

La souffrance extrême transforme-t-elle l’amour en haine ?

J’ai frissonné à plusieurs reprises face à tant de manipulations mentales.

Moi aussi, je suis passée de la compassion à la détestation de l’un et de l’autre, pour au final les adorer.

Karine Giebel est très forte, je ne le répéterai jamais assez.



Un énorme et intense coup de cœur !
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Ce que tu as fait de moi



C comme Chasse.



Parce que quand Karine Giebel s'attaque aux sentiments amoureux, ne vous attendez pas à lire une idylle romantique. Oubliez tous vos préjugés sur les romans sentimentaux. Ce que tu as fait de moi est la réponse la plus noire possible à tous les romans harlequins.

Ici la passion est un combat.

Contre l'autre, contre soi.

Deux gladiateurs aux armes redoutables s'affrontent dans l'arène.

Un homme, une femme.

Un chasseur et son gibier.

"L'isoler. Comme les fauves isolent la proie la plus fragile avant de l'encercler."

Prêts à toutes les exactions, prêts à commettre l'irréparable.

Entre les deux adversaires, tous les coups sont permis.



E comme Elle.



Elle comme Laëtitia.

Laëtitia Graminsky est lieutenant de police. A vingt-six ans, elle a intégré son premier poste, encore stagiaire, à la brigade des stupéfiants de L. , en attendant sa titularisation.

Mariée, maman d'une petite Lolla, elle fait donc ses premières armes, d'abord affectée à des tâches subalternes avant de demander à aller sur le terrain.

Et lui, c'est son supérieur le plus gradé, le commandant Richard Ménainville. Compétent, juste, équitable, suscitant l'admiration de tous.

"Intelligent, brillant, charismatique... Il était une sorte de modèle, le flic que je voulais devenir."

Quarante-cinq ans. Marié et fidèle à son épouse bien aimée, père exemplaire de deux enfants.

"Tragiquement épris d'une fille qui pourrait être la mienne."

Leur rencontre va changer leur vie à tout jamais. Leurs personnalités vont voler en éclat.

"J'étais devenu sourd et muet, complétement subjugué par ma nouvelle recrue."

Après avoir mis en danger la vie de ses collègues, Laëtitia suppliera le commandant de bien vouloir pardonner ses bavures.

Consciente du charme qu'elle exerce sur lui.

Inconsciente du danger qui la guette, du chantage insufflé par Olivier Fougerolles, capitaine, meilleur ami et éminence grise de Richard Ménainville.

L'horreur peut alors commencer.



Q comme Cul.



"Une sordide et banale histoire de cul, rien de plus."

Si vous êtes avides de petites scènes cochonnes, s'il vous faut de l'érotisme et de longues descriptions de corps nus entrelacés faisant des galipettes toute la nuit, pas la peine de perdre votre temps.

C'est du Karine Giebel, pas du Barbara Cartland ni du EL James.

Même si les nuances de gris et de noir sont infinies.

Tout est suggéré.

Tout se passe dans la tête.

Sans voyeurisme inutile ou déplacé.

C'est la psychologie qui est fouillée dans ses moindres retranchements par l'auteure varoise, pas la fusion des corps.

Un peu de plaisir, énormément de culpabilité.

On se croirait dans un mauvais porno, m'a suggéré une amie quand j'ai évoqué le premier passage qui m'a retourné le coeur.

Nul besoin de description, nulle envie de m'attarder sur cette scène horrible de harcèlement sexuel à l'apogée de la souillure du corps et de l'âme.

Le harcèlement, Giebel l'avait déjà notamment évoqué dans deux de ses nouvelles : L'intérieur et Ce que les blessures laissent au fond des yeux.

La morale restait sauve, ce qui est beaucoup plus discutable cette fois-ci.

Non, nul besoin de détailler ces atrocités pour nous les faire ressentir.

Le coup de massue n'en n'est que plus violent.

Parfois je me demande si l'auteure éprouve un tant soit peu de tendresse pour ses personnages.

Elle n'en n'a aucune pour son lecteur.

Le sexe fait mal, abîme, démolit. Et c'est encore pire quand notre corps nous trahit et qu'un viol nous procure un plaisir contre nature.



U comme Unique



"Je la trouve tellement belle, tellement unique."

Tomber sincèrement amoureux nous est arrivé à tous au moins une fois dans notre vie.

Mais à mon sens l'alchimie qui va exister entre les deux personnages principaux n'a rien à voir.

La passion va bien au-delà. Elle est davantage d'ordre émotionnel. Elle ne se contrôle pas.

Les effets secondaires sont bien plus dangereux.

Meurtriers.

"Cette chose fabuleuse et meurtrière, cet incendie qui ne peut être maîtrisé, ce raz de marée que rien ne peut arrêter."

La passion dévorante contre laquelle il est quasiment impossible de lutter est plus rare, plus dangereuse.

Chance ou malchance.

Elle n'est que combat, obsession, possessivité.

"Un jeu de pouvoir, une dérive, une déviance."

Les rares élus qui la rencontrent une fois dans leur existence ont plus que jamais l'impression de vivre.

Plus rares encore seront ceux qui ne s'y brûleront pas les ailes.



E comme Engrenage



A partir de quel moment s'est il mis en place ?

Dès le premier regard échangé ? Dès la première bavure de Laëtitia suspendue aux lèvres de son supérieur sans même écouter ses consignes ?

Ou au moment où elle tentera de le convaincre de la garder dans l'équipe tout en ayant conscience de son pouvoir d'attraction ?

Peu importe, le déroulé des évènements qui s'enchaînent est implacable.

Pour des causes professionnelles ou familiales, Karine Giebel fermera toutes les sorties de secours et tous les chapitres s'enchaîneront sans laisser la moindre chance aux deux protagonistes.

C'est implacable et cruel.

Pervers et malsain.

Et rien n'est laissé au hasard pour permettre aux deux manipulateurs, aux deux narcissiques, de s'aimer et de se haïr tour à tour.

Détruisant tout sur leur passage, jusqu'à commettre l'irréparable.



T comme The Affair



Je ne sais pas si vous connaissez cette série américaine magnifiquement inteprétée par Ruth Wilson et Dominic West, entre autres acteurs talentueux.

C'est avec leurs visages que je me suis imaginé Richard et Laëtitia.

Impossible pour moi de ne pas faire le parallèle entre Ce que tu as fait de moi et le drame mâtiné d'érotisme de Showtime. Qui relate l'histoire d'un adultère relevant davantage de la passion incandescente que de l'amour véritable, et des conséquences de cette liaison sur leur famille respective.

Outre les thèmes qui sont en partie similaire, la série a pour originalité de présenter avec chaque épisode la même histoire avec deux points de vue différents. Ainsi, l'ensemble du scénario ne nous est que progressivement révélé et le spectateur peut se compte que deux personnes ayant vécu la même histoire en ont souvent des souvenirs différents, des points de vue diamétralement opposés.

Et c'est exactement ce qui se passe dans le livre.

Chacun dans leur salle d'interrogatoire, Laëtitia et Richard racontent le plus fidèlement possible comment leur histoire a pu aboutir à des évènements aussi tragiques.

Pas de suspense donc : Ce que tu as fait de moi finira mal.

J'étais pourtant convaincu que cette fois Karine Giebel nous réservait pour conclure un mariage et une ribambelle de petits-enfants

Et tour à tour, les deux suspects potentiels racontent. Les points de vue masculins et féminins s'entrelacent pour ne former qu'une seule et même histoire tragique, dressant le portrait des évènements dans leur globalité avec d'infimes variations uniquement.

"Le commandant avait l'impression d'être enfermé dans un confessionnal plutôt que dans une salle d'interrogatoire."



U comme Ultimatum



Quelle genre de relation peut être basée sur les menaces, les mensonges, les ultimatums, le chantage ou la vengeance ?

Jusqu'à quelles extrémités l'amour fusionnel peut-il aller quand il est né des cendres de la peur et de la culpabilité ?

Il n'y a pas qu'une seule bonne façon d'aimer.

Mais il en existe de toute évidence de mauvaises.



A comme Ambiguïté



"-Vous vivez dans un monde en noir et blanc, commandant ?"

S'il a commis un acte impardonnable, le commandant demeure un être humain capable de donner le meilleur de lui même.

Si elle a été humiliée, Laëtitia est loin de se résumer à une petite femme fragile et sans défense.

L'amour et la haine sont des sentiments contraires et pourtant si proches qu'ils se confondent.

On passe ici constamment de l'un à l'autre.

On ne sait parfois même plus que penser du couple au centre du roman.

L'un gagne nos faveurs tandis que les agissements du second le condamne.

Et tout s'inverse au chapitre suivant.

Cette confusion du lecteur est à l'image de l'ambiguïté de ses personnages qui semblent incapables de s'aimer au même moment, qui éprouvent cette passion au-delà de toute raison, prêts à tuer, prêts à se tuer.

Tout est contraste, tout est paradoxal.

"Je le détestais, je le désirais, je l'admirais, je le méprisais."

Et c'est ainsi qu'une nouvelle fois Karine Giebel agrippe son lecteur à la gorge, au coeur et aux tripes.

"Elle riait aux éclats.

Je pleurais à chaudes larmes."



S comme Surprise



Babelio m'a déjà réservé quelques beaux moments par le passé. Des éditeurs qui mettent en avant une critique rédigée par mes soins sur facebook, des auteurs qui m'écrivent après m'avoir lu, et bien d'autres moments ou échanges émouvants ou enrichissants. Mais reconnaître sur le rabat de la quatrième de couverture de Ce que tu as fait de moi une dizaine d'extraits de ce que pensent les lecteurs parmi tous les commentaires élogieux que l'on peut trouver sur Babelio et reconnaître instantanément un extrait de la critique rédigée pour Toutes blessent, la dernière tue rédigée par mes soins, on peut dire que c'est une surprise aussi touchante qu'inattendue.



F comme Feu



Déclarer sa flamme, brûler de désir, fondre devant un sourire.

La chaleur a toujours servi à imager la puissance des sentiments.

Le champ lexical du feu aura rarement été aussi présent pour exprimer la passion ardente qui anime les deux personnages.

La passion qui dévore, la passion qui consume.

"Si nous avons peur des flammes, nous succomberons à un hiver sans fin."

"Je passais d'un sentiment à l'autre, du feu à la glace."

"On ne bâtit rien sur de la lave en fusion."

Vous découvrirez par vous même les multiples métaphores dont use et abuse l'auteure pour insister sur l'analogie entre la passion et l'incendie capable de tout dévaster sur son passage.

"Brûlure sur la peau, crispation au coeur de mes entrailles."

Sans parler du feu de la colère.



A comme Amour



"Il croyait m'aimer alors que je n'étais qu'une obsession."

Nous sommes ou avons tous été amoureux au moins une fois dans notre vie.

Que ce soit d'un amour secret, d'un amour protecteur et bienveillant, d'un amour torride, d'un amour complice.

"- C'est quoi l'amour, d'après vous ?"

Les réponses sont multiples. Un profond attachement reliant deux personnes éprouvant une attirance pas toujours explicable l'une pour l'autre.

Des sentiments puissants, sincères, beaux et purs. L'envie de se construire un avenir ensemble.

A chacun sa définition.

Laëtitia aime son mari Amaury, Richard aime sa femme Véronique. Aucun doute là-dessus.

Mais quand la passion s'en mêle, il n'y a plus de raison, plus de logique.

Juste une vague gigantesque qui vous fait dériver aux confins de la folie.



I comme Intolérable



Karine Giebel ne s'est pas assagie.

Depuis Toutes blessent, la dernière tue, elle a retrouvé toute sa cruauté.

La finesse psychologique avec laquelle elle détaille chacun des deux amants en fait des pantins entre ses mains assassines.

A nouveau elle met tout son talent au service des abysses.

Et c'est pour ça que j'aime tant ses romans.

Qu'ils sont majoritairement inoubliables à l'image des cicatrices d'une scarification.

J'en ressors toujours choqué, bouleversé, mal à l'aise.

Marqué au fer rouge, empli de pensées contradictoires.

Songeant à tous ces crimes passionnels si difficilement compréhensibles.

Comme à chaque fois, les pages se tournent avec une effroyable frénésie, jusqu'à ralentir avec une délectable impression d'horreur lorsqu'on comprend enfin ce qui est en train de se mettre en place.

Que ce soit juste un instant ou de façon plus durable, on n'est plus tout à fait la même personne après ces romans aussi intenses et éprouvants.



T comme Torture



Rien de commun avec ce que Jack Bauer a parfois du faire subir à des terroristes en possession d'informations capitales pour sauver les Etats-Unis.

Encore que la torture psychologique, il l'employait également et elle était souvent plus efficace que de simples ongles arrachés.

La torture fait partie intégrante du roman de Giebel. Chaque personnage disposant d'armes pour retourner la situation à son avantage, dans leur jeu sans fin de manipulation extrême.

Volontairement ou non, ils provoqueront des situations absolument intenables pour leur victime, rendant impossible leur quotidien.

Mais la véritable torture ici réside dans la séparation.

Passer une seule journée loin de celle qu'on aime et qu'on désire confine à l'asphyxie.

"Je l'avais dans la peau, comme une maladie, un virus incurable."



D comme Drogue



Si l'action se déroule majoritairement au sein d'une brigade des stupéfiants, ça n'a rien d'un hasard. Les affaires de trafic ne prennent qu'une place minime au sein du roman, mais il fallait des policiers, avec une arme et une hiérarchie pour que toute l'histoire fasse sens. Pour que les menaces aient davantage de poids encore.

Et quel autre lieu choisir alors que nos deux personnages sont accrocs l'un à l'autre comme ils pourraient l'être à la cocaïne ? L'une essayant de décrocher, le second assumant totalement son addiction ?

A l'image du feu, le champ lexical de la drogue est omniprésent.

Et un drogué en manque est capable de tout pour avoir sa dose.

"J'étais comme un drogué en manque, en crise."

"Je ressemblais à ces toxicos que je croisais sans cesse depuis huit ans."



E comme Ecriture



Inégalable.

Avec ses phrases courtes et assassines, le style de Karine Giebel est reconnaissable entre mille et s'accorde particulièrement bien avec les tragédies millimétrées qu'elle met en place.

Les mots et les métaphores percutent et assomment le lecteur au même titre que l'histoire.

Ecrite par n'importe qui d'autre, elle n'aurait pas la même dimension, ne viendrait pas charcuter notre âme de la même façon.

Aucun mot n'est laissé au hasard.

Talent inné ? Apparemment non, d'après Xavier-Marie Bonnot, également édité chez Belfond : Cette incroyable écriture est le fruit d'un travail long et laborieux.

Mais qui en vaut tellement le détour !

Tout au plus peut-on reprocher certaines répétitions, un peu trop d'allers-retours dans ces sentiments contradictoires et si complexes.

Et même si je conçois que les personnages soient perdus dans leurs désirs et leurs pensées labyrinthiques, le lecteur peut ressentir quelques longueurs très occasionnelles.



M comme Magistral



O comme Obsédant



I comme Inoubliable



* * *



CE QUE TU AS FAIT DE MOI



Regarde, Karine Giebel,

Kariel,

Regarde ce que tu as fait de moi.

Un lecteur passionné.

Un chroniqueur à qui on reprochait déjà parfois les trop longues analyses et qui vient de pulvériser son record à cause de toi et de ton dernier roman.

Un lecteur déjà en manque qui n'a plus que "Les hommes du soir", ta dernière nouvelle parue dans le recueil 13 à table !, à découvrir pour l'instant.

Avant de ressentir le vide, loin de tes écrits si implacables, si terrifiants.

Combien de temps avant ta prochaine offrande ?

Quel degré de patience avant que tu me fasses aussi mal de nouveau ?

Mais tu verras, Karine Giebel,

Kariel,

On va bientôt se revoir.

Je compte chaque jour, chaque heure, chaque minute.

Qui nous séparent de notre prochaine rencontre.

Au salon du polar de L.



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De force

Vengeance, personnalités troubles, tourmentées, pas de doutes, nous sommes bien dans l'univers de K. Giebel.

"Force" suit la recette Giebel, les ingrédients sont réunis, le plat servi est bon, même très bon. Il ne faut cependant pas avoir goûter à "meurtres pour rédemption" ou "purgatoire des innocents" car, même si on ne veut pas faire de comparaison, notre mémoire nous les rappelle toujours et force est de constater que nos attentes ne sont alors pas complétement satisfaites.

Ce dernier livre reste toutefois très bon et agréable à lire et une fois de plus, la fragilité des personnages, leur personnalité tourmentée, quelque peu sibylline nous attirent et c'est avec regret que nous les quittons.
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Glen Affric

Avec les romans de Karine Giebel, dès les premières pages je sais tout de suite qu'elle va me faire sortir de ma zone de confort. Et le roman Glen Affric ne fait pas exception, j'ai été mal a l'aise bien des fois.



L'auteure a l'art de choisir ses personnages avec minutie, de les travailler avec énormément de soin.

Elle fait a chaque page basculer la balance dans le camp du bien ou dans le camp du mal. Elle arrive a garder un équilibre qui ne fait jamais basculer entièrement cette balance d'un côté ou de l'autre.



Une fois encore, au bout de quelques pages, je me suis posée la question de savoir si j'arrêterai ou non ma lecture. Je savais, je sentais que j'allais souffrir en lisant ce roman. Je crois être passée par bien des émotions : la peine, la joie, le dégoût, l'espoir,....



Je pense que Karine Giebel connait la nature humaine dans son intégralité. Elle arrive à montrer ce que l'homme peut de pire mais également ce qu'il peut de mieux.



Un roman prenant, addictif, qui ne peut laisser le lecteur indifférent.

Je savais que je ne sortirai pas indemne de ma lecture. En tout cas Karine Giebel est une auteure qui ne fait aucune concession, ni pour ses personnages, ni pour ses lecteurs.
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Glen Affric

Lorsque je referme Glen Affric, le roman, le thriller superbement mené par Karine Giebel, des frissons parcourent tout mon corps. Tout au long de ma lecture de ce pavé impressionnant, j’ai tremblé, été effrayé, horrifié aussi, savourant tout de même les rares moments de bonheur ou de paix vécus par Jorge et Léonard.

Léonard est un enfant trouvé par Mona, dans un fossé, couvert de boue, en haillons, alors qu’il n’a que 5 ans. Il a ensuite découvert Joseph, le mari de Mona, pendu dans le garage. De plus, Léonard croit que Jorge, le fils de Mona, est à Glen Affric, en Écosse.

Léonard a été catalogué attardé mental. Avec Mona, il habite à l’écart de Granviller, un village où il travaille, chaque samedi, dans l’atelier de Sacha, un ébéniste vraiment sympathique. À 15 ans, Léonard est un colosse, mesure près de 1,90 m et il est d’une force extraordinaire. Il a promis à Mona qu’il appelle Mo, de ne pas utiliser cette force.

De son côté, Jorge Mathieu n’est pas du tout à Glen Affric, même s’il y a vécu un an. Il est en prison, condamné à seize ans d’enfermement pour deux meurtres qu’il n’a pas commis. Sans cesse, il crie son innocence mais le capitaine de gendarmerie, Solers, a réussi à prouver sa culpabilité par des moyens pas du tout corrects et, une fois de plus, l’institution judiciaire a condamné un innocent, salissant pour toujours sa personne comme le prouve la suite de l’histoire.

Débute alors une terrible partie consacrée à la vie carcérale. Karine Giebel décrit avec justesse et précision toutes les souffrances infligées aux condamnés, innocents ou non. C’est d’ailleurs entre eux que les personnes détenues se font le plus de mal sous l’œil indifférent, la plupart du temps, des surveillants.

Dans cet univers carcéral inhumain, Jorge se fait un ami précieux, Cisco, qui lui explique comment éviter les mauvais coups, les traquenards. Hélas, Cisco est transféré en centrale.

De son côté, Léonard (16 ans) se retrouve en classe avec des élèves ayant quatre ans de moins que lui. De plus, il ne comprend rien aux cours de français. C’est seulement en EPS qu’il est le plus fort. Le plus terrible, c’est l’attitude d’un petit groupe qui suit un certain Jules et traite Léonard de triso, le rackette, menace de tuer Arsène, son chat.

Ainsi, le décor est planté. Mais Léonard est poussé à bout, passé à tabac par cette horrible bande composée entre autres du fils du médecin, du fils du pharmacien… À partir de là, Léonard n’est plus un enfant et décide de montrer à ces petits merdeux qu’il en a assez et leur prouve qu’il est le plus fort. Hélas, c’est lui qui se retrouve menotté, en garde à vue, et finalement en prison pour mineurs.

Au même moment, Jorge, son frère, obtient la liberté conditionnelle. Ainsi, Mona perd un fils tout en retrouvant l’autre. C’est donc au tour de Léonard de découvrir les horreurs du monde carcéral, le bruit, les cris, les menaces, la peur omniprésente. Heureusement, Achour et Nanosh, le gitan, le soutiennent, ce qui n’évite pas bagarres et règlements de compte. Léonard ne tient le coup qu’en pensant sans cesse à Mona et en rêvant à Glen Affric qui se trouve dans le nord de l’Écosse, tout près du Loch Ness.

Karine Giebel m’emmène aussi chez un certain Maréchal qui a recueilli sa nièce, Angélique. Hélas, cet oncle est un pervers, un tortionnaire qui fait subir d’horribles sévices à la jeune femme.

Voilà Jorge, dans Granviller, en butte aux sarcasmes, aux ragots, aux menaces avant de retrouver enfin Léonard qui a connu la terrible épreuve du mitard, un lieu immonde où seul Nanosh, dans la cellule voisine, lui permet de tenir le coup.

En trois grandes parties, Karine Giebel me tient en haleine avec son thriller très addictif, un livre que j’ai eu beaucoup de mal à refermer lorsqu’il se faisait tard.

Les renversements de situation, les coups de théâtre ne manquent pas alors que Glen Affric reste une obsession pour le jeune Léonard qui lie une forte amitié avec Vicky, plus jeune que lui mais très mature.

Jusqu’au bout, je redoute le pire, j’espère que Jorge et Léonard (Lennie) vont enfin connaître le bonheur. Avec ça, le rôle de la gendarmerie, l’attitude scandaleuse du capitaine Solers est révoltante alors que le lieutenant Meyers fait montre d’une humanité admirable.

Glen Affric est donc un terrible récit, une plongée dans ce qu’il y a de plus trouble et de pervers chez certains humains qui ne méritent pas d’être ainsi qualifiés.

Ce thriller restera longtemps dans ma mémoire grâce au talent de Karine Giebel déjà appréciée dans Toutes blessent, la dernière tue.


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Meurtres pour rédemption

OUI...mais non...



Départ tonitruant , course éprouvante qui passe du sprint de folie au marathon bien trop « pépère » , fin poussive à l'image d'un cycliste en manque de régime estampillé Lance Armstrong . Rien que du naturel , 70 km / h , le cul vissé sur la selle , dans le Tourmalet , ça étonne personne ?

Pourtant , je restais sur deux énormes baffes , joue droite joue gauche , pas de jalouse . Les morsures de l'ombre et Juste une ombre étaient presque parfaits . Le bouquin se serait appelé Meurtres à l'ombre , ça aurait peut-être joué en sa faveur ?



Marianne , 20 balais et consignée au placard à vie , logique .

La petite passion qui l'a perdue , le meurtre , à plusieurs reprises .

Son avenir , la tôle , longtemps , très longtemps .

Ajoutez-y la cruauté régulière de geôliers en mal d'autorité , saupoudrez d'un bon zeste de règlements de compte entre codétenues voulant asseoir leur suprématie et vous obtenez le triste quotidien de cette dangereuse détenue à fleur de peau qui vient de prendre perpet' .

Marianne , présente dans toutes les mairies , désincarne totalement les valeurs républicaines : liberté / délicat au mitard , égalité / douloureux traitement de faveur particulier , fraternité / cible officielle de la majorité des matons et taulards de ce joyeux bouge . Sinon tout va bien .

Mais c'était sans compter sur un twist improbable et une bouleversifiante histoire d'amour sponsorisée par la ville de Cholet . Et là Karine , c'est la cacatastrophe...



Clairement deux sentiments contradictoires au sortir de ce pavé . Engouement puis lassitude .

Totalement pris par la séquence détention et le déferlement de haine suscité par cette petite qui rendra courageusement coup pour coup . Beaucoup plus réticent quant au second volet dont je tairai l'intrigue capillotractée . Et que dire de cette bluette qui , au départ , prenait tout son sens pour finalement , à force de redite , me ramener aux feux de l'amour que je ne regarde jamais . Que ce soit bien clair entre vous z'et moi ! Ou alors que ça reste entre nous...

Giebel décrit les sévices physiques et psychologiques infligés et subis comme personne . Pour ce qui est de la passion dévorante entre deux êtres , je passe mon tour , j'ai pas accroché plus que ça...

Un tableau apocalyptique des conditions carcérales que j'espère fantasmé dans son ensemble ce dont je doute , hélas . Une héroïne qui force l'admiration malgré l'aspect caractériel qui s'en dégage . Un maton mateur qui la mitonne aux petits oignons .

Un roman que j'aurais souhaité beaucoup plus ramassé histoire de ne pas vomir mon quatre heures à moteur dans ce grand huit à émotions contradictoires . A force de passer d'un intérêt notoire à une insidieuse lassitude , j'en suis venu à désirer une fin brutale et définitive histoire de passer enfin à autre chose . Vues les notes décrochées , je doute que ce petit gravier dans la mare ne soit à même de démotiver les plus téméraires lecteurs avides de sensations fortes à défaut d'être durables...Et c'est tant mieux .



Meurtres pour rédemption : Giebel m'a pas tuer...sur ce coup-là .
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Purgatoire des innocents

Mon premier Karine Giebel. Mon dernier ?

Chuttt !!! Ne lui dites pas.

Je cherchais à sortir de mes polars classiques. (meurtres, sérial-killers,).

La, une banale histoire, le braquage d'un joailler qui tourne mal, des voleurs en fuite, obligés de changer leur plan, ils trouvent un refuge en rase campagne, une prise d'otage, je me régalais d'avance... Hélas, trois fois hélas... Tel est pris qui croyais prendre. Quand ça part en javel, ça part en javel... Et pour le lecteur aussi.

Il y a déjà de très bonnes critiques sur ce livre parmi les "Babéliotes", et Je ne dirais rien de la suite, pour le suspens, parce que critiquer n'est pas résumer, parce que je veux oublier ? Non, quand même pas.

Alors comment parler de ce livre ?

D'abord, au cours de ma lecture, je me suis demandé,quel genre de cerveau pouvait donner naissance à ce genre d'histoire, à tant de violence.



Pour vous parler de ce livre et de son auteure je vais prendre un détour qui vous surprendra peut-être...



Vous souvenez-vous de ces films en noir et blanc, Gabin/Morgan par exemple, ils sortent d'un lit, pyjama pour l'un, nuisette pour l'autre, et pourtant on sait ce qui c'est passé dans ce lit...

Pas besoin de montrer les fesses de Jean, ou les seins de Michèle...

Aujourd'hui il faut tout montrer. Les mouvements, les sueurs, les ahanements.On connait tous l'anatomie de Jean Hugues Anglade, ou de Sharon Stone.

Hier dans psychose, la fameuse scène de la douche, tout est dans les cris, le regard...

Aujourd'hui, il faut voir le couteau s'enfoncer dans la chair, voir cette même chair se déchirer, le sang gicler.

Et bien Karine Giebel à mélangé tout ça (Non, pas Gabin ni Sharon...) dans son œuvre. Il y a ce qu'on voit, dans toute son horreur, et tout ce qu'on devine, tout autant, sinon plus horrible encore.

Longtemps, j'ai cru que mon âme sensible allait abandonner, mais j'ai tenu bon. Ce fut dur, mais au bout du compte, je dois reconnaître, que l'auteure à parfaitement maîtrisé son sujet et atteint son objectif.

Si la violence et les tortures vous dérangent, passez votre chemin.

Au final, je dirais, un très bon roman, à ne pas mettre entre toutes les mains."
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Toutes blessent la dernière tue



Vulnerant Omnes, Ultima Necat

Toutes blessent, la dernière tue.

Il s'agit des heures qui passent, jusqu'à l'ultime.

"Chaque heure fait sa plaie et la dernière achève" peut-on lire dans L'horloge, le poème de Théophile Gautier.



J'ai eu la chance d'avoir ce roman quelques jours avant sa sortie officielle, lors de ma rencontre avec Karine Giébel au salon du polar de Lens.

Un lien avec la couverture aux couleurs sang et or, comme celles du racing club ?

Probablement pas.

Je lui ai demandé si le titre avait un lien avec le temps qui passe inexorablement, mais elle n'a rien voulu me dire.

Il trouvera sa signification en temps utile.

"Mille deux cent dix huit jours que je n'ai pas mis un pied dehors."



"Il paraît que l'esclavage a été aboli depuis longtemps."

Ca, c'est ma dédicace.

Quand je pense à l'esclavage, je pense à Spartacus dans l'antiquité. A des serviteurs au Moyen-âge.

A quelque chose d'ancien, de révolu.

Plus récemment, je pense au peuple noir asservi jusqu'en 1865 dans le sud des Etats-Unis, au terme de la guerre de sécession.

En France, l'esclavage a été aboli durant la révolution, en 1794. Et interdit en 1948 par la déclaration universelle des droits de l'homme.

Evidemment, j'ai conscience qu'il se pratique toujours sous certaines formes ( je pense notamment à la prostitution ) mais jamais avant cette lecture je ne visualisais la servitude actuelle sous la forme qui nous est décrite ici.

Et qui est bien réelle.

Celle d'une domestique au service de ses maîtres, non rémunérée, privée de tous droits.

Un être humain exploité purement et simplement.

"Tu es à moi et seulement à moi. Je t'ai achetée, tu m'appartiens. Comme les meubles, comme mes fringues, comme tout ce qui se trouve ici."



Les romans de Karine Giébel sont réputés tant pour leur noirceur que pour leurs fins tragiques.

Je ne dirais évidemment rien de la conclusion, vous vous doutez qu'on n'est pas dans Cendrillon de toute façon. Il n'y a pas vraiment de mariage heureux avec beaucoup d'enfants à l'horizon.

Le final est juste parfait en tout cas. Et l'épilogue magistral.

Si je ne peux dire si les dernières pages seront ou non dramatiques, je peux au moins évoquer le début. Après tout, pas la peine d'attendre la fin.

Parce que ça commence mal.

Très mal.

Dès le prologue, on plonge dans l'inhumain. Les conditions de vie de cette esclave moderne nous sont décrites : Elle dort à même un vieux matelas dans une buanderie, travaille sans relâche de 5h00 du matin à 22h00, mange les restes des repas.

Elle passe ses journées à s'occuper du nouveau-né de la famille qui l'asservit, à faire le ménage, la lessive, la vaisselle, la couture. Elle ne peut pas sortir, pas même dans le jardin. Mais ça n'est pas ça le plus horrible, ce qui retourne immédiatement le coeur.

"Faire ses besoins dans une caisse, dans un seau, un sac. Comme un chien ou un chat."

Le plus révoltant, c'est son âge.



Toutes blessent, la dernière tue est centré sur cette jeune Marocaine introduite en France illégalement pour faire les corvées d'une riche famille.

"Finalement, c'est cool d'avoir une esclave."

Elle ne possède rien. Même son véritable prénom lui a été ôté.

Désormais elle s'appellera Tama.

Elle sera l'héroïne de ce roman. Attachante, forte, avec une insatiable soif d'apprendre.

Inoubliable.

Et en parallèle se déroulera une seconde histoire, plus lente.

La rencontre d'une jeune femme blessée et amnésique ( "Aucun repère, aucun souvenir auquel me raccrocher, qu'il soit bon ou mauvais." ) avec un homme solitaire et torturé prénommé Gabriel.

"L'ange qui a refusé de suivre Lucifer."

Une rencontre improbable où chacun dévoilera progressivement ses failles et ses secrets.

On tente de deviner ce qui unit ces deux récits, aux liens d'abord flous.



Il s'agit probablement du meilleur Giébel depuis Le purgatoire des innocents, avec lequel le roman présente d'ailleurs quelques similitudes. Vous vous attacherez à des individus pourtant peu recommandables. Certains hommes violents trouveront peut-être même une forme de grâce à vos yeux. Même si ça vous paraîtra contre nature.

Vous tremblerez d'effroi, de colère et de compassion.

Vous penserez peut-être aussi parfois à Meurtres pour rédemption, avec l'histoire de cette prisonnière pourtant bien différente de Marianne, tant dans sa personnalité que dans son incarcération.

Mais avec ce même mélange de force et de désespoir.

En tout cas à mes yeux il s'agit d'un livre aussi ambitieux et percutant que ces deux romans, souvent considérés comme les meilleurs dans la bibliographie de la Varoise.

Et on est totalement plongé dans l'univers de l'auteure, avec plusieurs passages qui rappellent également ses nouvelles les plus récentes.

Un peu d'espoir et de lumière avec le même genre d'amitié intergénérationnelle que celle qui est évoquée dans "L'escalier."

Un désir de vengeance qui n'est pas sans rappeler "J'ai appris le silence". Une expression d'ailleurs maintes fois utilisée dans la narration de Tama.

Et j'ai également songé à "Aleyna". Pour le choc culturel, le devoir d'obéissance, la cruauté. Et pour l'importante signification de chaque prénom d'origine étrangère.



Quelle lecture éprouvante !

740 pages au total, qui se lisent avec une rapidité déconcertante.

Mais pas d'une traite.

Parfois, vous allez devoir poser le roman. Pour respirer un grand coup.

Pour vous éloigner un instant de ce cauchemar. Le temps que vos yeux cessent d'être brouillés par des larmes naissantes.

Certains passages sont extrêmement durs. D'une rare violence, qu'elle soit physique ou morale. Votre colère et votre douleur atteindront leur paroxysme.

Je me suis parfois senti comme un voyeur. Quelqu'un qui n'est pas censé voir ça. Qui est gêné d'y assister. Comme un accident au bord de la route. Le premier réflexe est de vouloir regarder avant de se rendre compte à quel point c'est inapproprié et de détourner les yeux.

Mais Karine Giébel ne nous laisse pas regarder ailleurs et ignorer la souffrance endurée par son héroïne. Nous devons y faire face. Elle nous la fait vivre dans les moindres détails. Avec peut-être un peu de surenchère dans l'horreur.

C'est à mes yeux quasiment le seul défaut de ce grand roman. Vouloir en ajouter encore et encore dans la monstruosité au point de finalement la considérer presque comme normale.

Et d'en réduire légèrement l'impact en la banalisant ainsi.

"Sa peau était un parchemin sur lequel un récit d'horreur s'inscrivait en relief."

Mais attention, il n'y a aucune complaisance.



C'est un roman où l'amour et la haine s'enlacent, où l'on comprend toute la proximité de ces sentiments.

La haine, vous la ressentirez jusque dans vos tripes.

Vous perdrez toute foi en l'être humain, trop souvent méprisable. La lie de l'humanité est ici présente sous ses pires incarnations. Son aspect le plus mauvais.

Comme si la majorité des hommes avait quelque chose de sale, de pourri.

Alors que Tama, celle qui n'est pourtant pas traitée en tant que telle, est en revanche celle qui rayonne le plus.

Un rayon blafard dans ces ténèbres opaques.

Elle ne sera pas la seule. Différents personnages vont quand même redonner un peu d'espoir et permettre de reprendre votre souffle.

Pas très souvent.

Et comme à chaque fois dans les oeuvres de Karine Giébel, ce sont les personnages les plus ambiguës, tiraillés entre l'ombre et la lumière, difficiles à cerner autant qu'à juger, qui tireront le plus leur épingle au jeu de notre intérêt.



En s'intéressant à son tour au sort de certains migrants vulnérables, l'auteure de Juste une ombre nous plonge dans un nouveau cauchemar dont elle seule a le secret. Plus engagée, elle nous fait prendre conscience de l'existence d'un esclavage moderne qu'elle dénonce avec véhémence pour une totale prise de conscience, en nous obligeant à l'affronter.

Pour notre plus grand malaise.

Elle nous fait réfléchir sur la notion même d'être humain, ses droits et ses devoirs moraux, en confrontant Tama à peine considérée comme une bête à des tortionnaires qui ont tout du chien enragé.

A partir de quand perd-on son humanité ?

La violence engendre-t-elle toujours la violence ?

Jusqu'où a-t-on le droit d'aller par amour ?



Intense, percutant, dense, habilement construit, émouvant, éprouvant ... Autant de qualificatifs qui pourraient s'appliquer à Toutes blessent, la dernière tue.

Du très grand Giébel.

Qui, à l'instar des fantômes qui peuplent le livre, vous hantera encore longtemps une fois la dernière page tournée.





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Juste une ombre

Encore un coup de coeur ! Merci madame Giebel de m'avoir fait jubiler une nouvelle fois au sein de votre esprit démoniaque. Je ne vais pas le cacher, j'adore ça !



Alors que certains romans accaparent toute notre attention au bout de plusieurs pages, celui-ci a envahi mon esprit dès la première ligne. J'ai été très vite plongée dans une ambiance oppressante, où rôde une ombre qui semble vouloir du mal à Cloé, notre héroïne.

Elle est la seule à voir une silhouette sombre qui la suit partout.

Seule à ressentir sa présence.

Seule, face à cette ombre, qui peu à peu va ruiner sa vie.

Seule, face à son entourage qui la voit progressivement basculer dans la folie.

On cherche à savoir qui lui veut autant de mal et pourquoi elle est la cible d'un psychopathe. Mais surtout est-ce que cette ombre existe réellement ?



Au départ, je n'avais aucun attachement pour le personnage principal. Cloé est une femme arrogante, qui aime briller, quitte à écraser son voisin. Mais peu à peu on découvre d'autres facettes de sa personnalité. On décèle un lourd passé plein de culpabilités.

Face à cette ombre qui la harcèle, on la voit devenir plus fragile, vulnérable, impuissante et moins crédible aux yeux de tous. Tout au long de la lecture on se demande jusqu'où ira sa déchéance. On se prend alors d'affection pour elle, en priant pour qu'elle s'en sorte.

J'ai adoré le personnage du commandant Gomez. Son histoire personnelle est très touchante. Son caractère bien trempé apporte une touche supplémentaire à l'histoire.

Pour entrecouper certains chapitres, on a parfois un texte où l'ombre s'adresse à Cloé. Ces passages font froid dans le dos.

Giebel sait jouer avec les nerfs de ses lecteurs. Elle nous fait soupçonner tous les personnages à tour de rôle. Est-ce de la manipulation ou de la pure folie mêlée à de la paranoïa ?

Avant les cent dernières pages, j'avais en partie deviné ce qui se tramait derrière tout cela, mais j'étais très loin d'imaginer le dénouement final.



J'ai pris un plaisir immense à lire ce roman. Jusqu'à la dernière page Giebel a su me tenir en haleine.

Une bonne lecture addictive, comme j'en rêve à chaque fois que j'ouvre un bouquin !
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Toutes blessent la dernière tue

Karine Giebel a enquêté avec les bénévoles de l’OICEM (Organisation Internationale Contre l'Esclavage Moderne) sur les diverses formes d’esclavage aujourd’hui dans notre pays avant de rédiger ce roman qui en présente différents exemples : travail forcé, asservissement domestique, exploitation sexuelle, mendicité forcée, mariages forcés.



Autant dire que ce polar est d’une extrême violence et illustre une plaie qui concernerait environ 10 000 esclaves en France, dont de nombreux « mineurs non accompagnés » et 36 millions dans le monde. Karine Giebel dévoile ici le traffic issu du Maroc qui livre des enfants, dès l’âge de 7 ou huit ans, à des barbares sans scrupules. Barbares qui ont parfois été eux mêmes exploités antérieurement …



Tama, une jeune marocaine, est louée par Mejda, aux Charandon, premier acte d’une tragédie qui en comporte beaucoup d’autres … et dont est victime Tayri.



700 pages de souffrances et de luttes qui façonnent Tama, et révèlent Irzi, autre victime de violence parentale avant de laisser Gabriel apparaitre à la dernière heure et rendre justice avec des moyens que certains considéreront peut être comme peu légitimes.



Un ouvrage à ne pas mettre entre toutes les mains vu la cruauté de certaines tortures, mais qui démasque une réalité méconnue de notre société. Un chef d’oeuvre incontestable.
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13 à table ! 2016

Pourquoi je l’ai choisi:



L’année dernière j’avais joué le jeu de l’unité derrière cette bannière du cœur, des Restos du cœur. Il me semblait évident, voire important de promouvoir ce genre d’actions car nous ne pouvons rester insensible à cette association d’entraide aux plus démunis. L’année dernière c’était 3 repas distribués, cette année 4… 5 euros ce n’est pas tant que ça d’investissement quand on sait que certains sont si dépendants de cette aide.



Ce que j’ai ressenti:



Parlons chiffre donc et du 13 en particulier. A l’heure des infos qui tournent en boucle dans le foyer, 13, n’est ce pas un chiffre maudit????…C’est donc les larmes aux yeux, la boule au cœur que j’écris cette chronique mais il me parait indispensable de rester mobiliser et de ne pas se laisser envahir par la peur, de rester soudés dans nos plus belles actions qui nous caractérisent, de faire bloc ensemble.13, quelle petite déception de ne trouver que 12 auteurs, mais bon, cette douzaine a rempli haut la main mes attentes, et ce thème de Frères et Sœurs sonne bien avec une de nos plus belles valeurs françaises: la Fraternité.



C’est un thème si riche que je ne m’étonnes pas qu’il est su inspirer ces auteurs! Un sujet fort, empli d’amour et de répulsion, une infinité d’échanges qui nous met en lumière notre propre place au sein de la fratrie qui nous est propre. Un sacré remue ménage dans nos forts intérieurs!!!!Maintenant, à table!!!!!



Françoise Bourdin ouvre encore le bal de ce recueil de nouvelles, et nous offre une fraternité d’entraide. Chacun des deux frères comblent les manques de chacun, une belle preuve d’amour!



« Dans une fratrie, la solidarité n’était-elle pas de rigueur? »



Michel Bussi m’a totalement surprise, comme à son habitude, avec ses sœurs photographes.



Chattam m’a ravie jusqu’au vomissement avec son histoire de frères et sœurs.



Stephane de Groodt m’a laissée par contre très perplexe avec son histoire de frères Coen.



François d’Epenoux nous offre une photo de famille pathétique et plutôt triste.



« J’étais leur petit frère et tout allait pour le mieux dans la meilleure fratrie du monde. »



Karine Giebel dénonce un fait de société mondial immonde et je me joins à elles, mes sœurs de cœur, qui choisissent la Liberté. Un texte fort et triste mais un mal nécessaire pour sensibiliser les gens à cette horreur perpétrée dans trop de pays encore.



Douglas Kennedy montre que les affaires de famille ne sont jamais propres, et les confidences trop souvent dangereuses!



Alexandra Lapierre nous invite à découvrir une fratrie pas comme les autres sous couvert de secrets inavouables derrière les sourires de circonstances.



Agnès Ledig nous crée une famille Nouvelle, loin de celles traditionnelles…..



Nadine Monfils m’a surprise avec son personnage rêveur et à coté de la plaque!!!!Une histoire dérangeante!



« Et qui te dis que les gens qui réalisent leurs rêves sont plus heureux que ceux qui se les imaginent? La réalité déçoit toujours. L’imagination, jamais. »



J’ai adoré le monde coloré de Romain Puertolas.



On retrouve Bernard Weber en conclusion comme l’année dernière pour une histoire de jumellité hors du commun.



L’année dernière j’avais fait un top 3 (très spécial, lol) si je devais en refaire un cette année avec ce recueil, je mettrai Michel Bussi, Maxime Chattam et Bernard Weber, car ce sont les trois histoires qui m’ont le plus déstabilisée dans ce thème de la fratrie!!!!



En bref, un bon moment de lecture dans l’ensemble!!!!


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Les Morsures de l'ombre

Troisième roman que je découvre de cet auteur, et c’est une fois de plus une réussite. Pour qu’un auteur soit bon, je lui laisse généralement trois chances. Sauf si je ne vais pas au bout du premier roman tant ce que je lis ne me plait pas.



C’est donc ce que j’ai fait en lisant « Juste une ombre » qui était assez lent et dont le personnage principal était assez détestable, mais qui réservait un final excellent et faisait oublier sans soucis les quelques petits défauts.



La deuxième lecture de Giebel fut « Maitres du jeu » un recueil de deux nouvelles. On est donc bien loin des 600 pages de « Juste une ombre ». Là aussi ce fut une réussite. Rapide, incisif et une fin incroyable. Un régal durant les 120 pages.



C’est donc en toute confiance que j’ai attaqué « Les morsures de l’ombre ». Un roman de 300 pages, qui démarre immédiatement. Un huis clos oppressant et diablement bien organisé. Je redoute souvent les huis clos, j’ai peur que les choses tournent vite en rond, mais là, ce ne fut pas le cas.



Les personnages sont tous très intéressant, et on ne sait pas vraiment qui est bon ou qui est mauvais. Je me suis surpris a soupçonner tout le monde, sans voir venir le véritable coupable.



Karine Giebel réussi donc à mes yeux la passe de trois. Trois romans totalement différents, écrits dans un style fluide avec des personnages biens utilisés et chose rare, qui souffrent énormément. Les fins prévisibles avec une pseudo happy-end ? Non, pas avec Miss Giebel !



Karine Giebel rejoint donc mes autres auteurs fétiches du même genre, Franck Thilliez et Maxime Chattam. Elle est par contre plutôt spécialisé sur le Thriller que sur l’enquête, ce qui n’est pas pour me déplaire.



Une auteur à suivre, sans hésiter !
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Toutes blessent la dernière tue

Il est de mon devoir d'essayer, si besoin est, de vous inciter à lire le dernier Giebel. D'abord, pour remercier l'éditeur (Belfond) de m'avoir permis de le lire, par le biais de Netgalley. Pas de doute, le net a des (très) mauvais côtés…mais c'est aussi une mine de miraculeuses surprises qui enrichissent la vie. Netgalley, Belfond (… et Babelio) sont de ces miracles. Merci à eux.

Mais ça n'est pas facile. Pas facile du tout d'écrire une critique de plus, sur un roman tellement récent et pourtant déjà tellement encensé, écrit par un « monstre sacré » du genre, une championne à succès, une « best-selleuse » qui n'a pas du tout besoin de la publicité bon marché d'une petite franco-portugaise défraichie…

Je n'avais pas encore lu Mme Giebel. Mais j'ai lu d'innombrables critiques de ses romans, toutes plus élogieuses les unes que les autres. Même si les résumés me donnaient des frissons, je me disais, qu'un jour, je me lancerais, malgré la frousse. Quand Belfond a proposé « Toutes blessent, la dernière tue », je n'ai pas hésité et très bien m'en a pris car j'ai enfin compris ce que signifie « rester scotchée » !

Alors, maintenant…c'est moi qui m'y colle !

Ce roman m'a plu, pas de doute. Et ce plaisir soulève plusieurs questions pour moi : qu'est-ce qui fait un bon livre ? L'histoire ? L'intrigue ? Les personnages ? L'écriture ? Voyons voir….

L'histoire : pas de résumé ! Je ne suis pas une quatrième de couverture. Mais…. Oui, je confirme : ça attire, les destins affreux des malheureux de notre monde. Pourquoi ? Suis-je méchante de me repaitre à la lecture de la vie d'une infortunée petite esclave moderne ? Ou m'attends-je à souffrir avec elle sur presque 500 pages (numériques) et voir la « Mère Justice » reprendre les rênes dans le dernier chapitre, pour croire que le bien triomphe toujours, d'une façon ou d'une autre ? de toute façon, c'est certain…ça vend. Même si ça n'est pas vrai dans le monde réel…

L'intrigue : au Portugal, on appelle ça le « fado ». Je ne parle pas, dans ce cas, de la musique. C'est la destinée, plutôt. Au sort réservé aux personnages principaux du roman. Chaque évènement nous retient. Chaque épreuve en appelle une autre qui nous mène jusqu'au summum des désirs et des désastres vécus par les protagonistes. C'est digne d'un film, ça prend aux tripes, ça fait « chialer dans les chaumières »….Même si dans la vraie vie…ça se termine encore plus mal…et sans lueur d'espoir.

Les personnages : je les ai adorés ou détestés…mais j'ai tellement aimé le faire. Les méchants sont vraiment affreux et m'ont donné des envies de meurtres. Les gentils (très peu nombreux) m'ont arraché des larmes. Les souffre-douleurs m'ont arraché le coeur. Etant donné le destin que j'aimerai que l'on réserve aux violeurs en général, si vous lisez ce livre, vous comprendrez que j'ai adoré le personnage mystérieux de Gabriel. Même si je l'ai trouvé vraiment « puriste » dans ses louables intentions. Il fait de l'excès de zèle, disons….mais ce fut mon héros.

L'écriture : c'est là, le vrai talent de Mme Giebel. Sa façon d'écrire est simple, efficace. Phrases courtes. Droit au but. Visuelles. Je me suis surprise á retenir ma respiration, littéralement. À pleurer, dans les moments les moins violents physiquement, mais les plus brutalement cruels pour le coeur; à serrer les dents, dans les scènes les plus douloureuses, au sens propre du terme. C'est bien simple : j'ai commencé le bouquin un soir, vers 23h00. C'est seulement vers 2h00 du mat' que j'ai « décroché », pour remettre au lendemain soir les deux tiers restant du texte, parce que mon réveil sonne tous les jours à 7h00 précises…Bonjour les oeillères!

Voilà. Je trouve que Mme Giebel sait y faire. Elle vient de gagner une autre admiratrice, si besoin était. J'ai pourtant une toute petite question, histoire de vous dire ce qui me fait vraiment peur dans tout ça: Mme Giebel a l'air tellement gentil, tellement doux. Avec ses yeux bleus magnifiques et son sourire tout tendre, on la verrait plutôt écrire des contes pour enfants. Cependant elle a choisi le « dur » en écriture. Elle en profite pour dénoncer ce que souvent, on ne veut pas voir. Et je l'ai lue avec délectation….Serais-je un monstre !?



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Toutes blessent la dernière tue

48h. Il m'aura fallu 48h pour lire ce pavé de 730 pages.

Et encore, j'ai du m'interrompre pour m'occuper des choses quotidiennes qu'une lectrice mère de famille doit effectuer sur un week-end !

Karine Giebel nous entraîne ici dans un monde ultra-violent, à la limite du supportable. Et pourtant, impossible de refermer ce livre. Les pages se tournent les unes après les autres. Ce n'est pas le 1er livre que je lis de cet auteur, mais celui-ci est terriblement addictif. Il faut qu'il finisse bien, il faut que cela cesse, il faut que... Et pourtant...

En tant que lectrice, j'ai été scotchée, ébahie, écoeurée, indignée... Il est impossible d'aimer cette histoire.

Je crois que ce roman va me poursuivre longtemps. Je n'ose croire que ce genre d'histoires est possible, et pourtant...

L'Homme est décidément un être retors et pourri. Mes pensées en fermant ce livre sont noires. Cependant, je ne regrette pas cette lecture choc !!
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Respirer le noir

Voici déjà le quatrième tome de cette collection délicieusement noire, développée autour de nos cinq sens et cette fois dédié à celui de l’odorat. Après « Ecouter le noir », « Regarder le noir » et « Toucher le noir », Yvan Fauth du blog littéraire EmOtionS nous invite donc à « Respirer le noir » en compagnie d’auteurs de renom, le temps de douze nouvelles qui devraient pouvoir réconcilier les plus sceptiques avec le genre.



1. R. J. Ellory – le parfum du laurier-rose

Qui de mieux que le maître du noir et grand fidèle de cette collection pour ouvrir ce bal olfactif ? R.J. Ellory invite à suivre les pas d’Anderson, un ancien policier qui sort de prison après une très longue détention pour un crime dont les souvenirs et les odeurs le poursuivent. Une histoire enveloppée d’un parfum de vengeance où l’odeur du sang se mélange régulièrement à celle du laurier-rose. Un récit parfaitement maîtrisé mêlant justice et crime !



2. Sophie Loubière – Respirer la mort

Déjà présente dans « Ecouter le noir », Sophie Loubière raconte les déboires de Willy, qui a développé un odorat hors norme suite à un accident de jeunesse. Un très bon récit qui débute la tête enfoncée dans une bouse de vache et qui développe des capacités olfactives pour le moins surprenantes au fil des pages…



3. Franck Bouysse – Je suis un poisson

Nouveau venu au sein de cette collection, Franck Bouysse se base sur une pathologie certes rare, mais bel et bien réelle pour nous conter le calvaire d’un homme atteint du Fish-Odor Syndrom. Malgré une chute assez prévisible, j’ai particulièrement apprécié la superbe plume de cet auteur qui invite à partager la solitude de cet individu souffrant d’un manque d’amour, incapable de nouer des relations sociales à cause de l’odeur nauséabonde qu’il dégage…



4. Mo Malø – Cristal qui sent

C’est sans grande surprise que Mo Malø décide de nous emmener au Groenland, région qu’il affectionne particulièrement au cœur de ses romans, pour une expédition visant à retrouver le carnet d’expédition d’un climatologue disparu depuis 90 ans. Un décor qui a le mérite de rafraîchir un peu le lecteur en cette période de canicule et un périple enneigé qui va révéler l’existence d’un cristal diffusant une odeur qui rend vite accro. Un bon récit dont la thématique se rapproche peut-être très/trop fort de la nouvelle de Sophie Loubière…



5. Dominique Maisons – Deux heures et trente minutes

Cet auteur que je découvre à l’occasion de cette nouvelle nous emmène dans les coulisses de l’Elysée, où la découverte d’un corps va mettre les sens de la sécurité nationale en alerte. Une enquête certes classique, mais parfaitement maîtrisée et un auteur dont je note le nom.



6. François-Xavier Dillard – Happy World

Ah, la voilà, la nouvelle qui va vous faire tourner les pages un peu plus vite et augmenter votre rythme cardiaque. « Happy World » est un parc d’attraction où une famille de quatre s’apprête à passer une journée de rêve…sauf qu’un étrange commando s’apprête à y perpétrer un attentat terroriste. Le bon père de famille que je suis a retenu son souffle en suivant les efforts de ce papa essayant de sauver sa famille… Une montagne russe d’émotions ! Bravo François-Xavier Dillard (« Prendre un enfant par la main ») !



7. Adeline Dieudonné – Glandy

L’autrice de l’excellent « La Vraie Vie » partage toute la misère d’Alexandre Glandy, un homme amoureux qui noie sa misère dans l’alcool. Si cette nouvelle parvient à restituer les odeurs fétides liées à la condition de cette homme désagréable buvant le peu d’argent que sa femme tente de mettre de côté, je n’ai malheureusement pas accroché à cette histoire. Probablement que l’incapacité de pouvoir m’attacher à un tel personnage n’y est pas étranger…



8. Hervé Commère – le monde d’après

Hervé Commère dresse le portrait d’une petite bourgade sur le déclin depuis que l’unique entreprise du coin a été contrainte de fermer ses portes. Si L’auteur de « Sauf » décrit avec grand brio l’amertume et les difficultés des habitants de ce bled croulant sous le chômage, le lien olfactif de cette nouvelle m’a par contre semblé bien léger. Bien aimé !



9. Vincent Hauuy – Miracle

Vincent Hauuy (lisez le « Le tricycle rouge » !) propose une nouvelle plus futuriste qui invite à plonger dans le cerveau d’un meurtrier comateux afin d’élucider un meurtre. Un récit d’anticipation qui invite le lecteur à découvrir la mémoire des odeurs afin de résoudre une enquête. Pas mal.



10. Jérôme Loubry – Les doux parfums du cimetière

Cette nouvelle de Jérôme Loubry (lisez « Les refuges » !) se déroule dans un cimetière en compagnie d’un gamin venant régulièrement se recueillir sur la tombe de sa mère. Si l’environnement sied donc parfaitement à l’ambiance noire de cette collection, le récit s’avère cependant le plus lumineux de tous. Outre ce petit garçon particulièrement attachant qui associe les autres visiteurs endeuillés à une odeur spécifique, j’ai beaucoup apprécié l’humanité qui accompagne ce petit conte tendre et poétique.



11. Chrystel Duchamp – L’amour à mort

En trois chapitres très courts, l’autrice de « Le sang des Belasko » et « Délivre-nous du mal » invite à suivre les déboires d’un homme victime d’une rupture amoureuse, qui passera du paradis à l’enfer via un passage par le purgatoire, poursuivi par l’odeur d’un bien étrange hôpital. Surprenant !



12. Barbara Abel & Karine Giebel – Petit nouveau

S’il y a un duo que l’on prend grand plaisir à retrouver au sein de cette collection qui m’aura incité à lire des nouvelles, c’est bien celui-ci ! Un récit à quatre mains inspiré d’un fait réel, qui réunit une nouvelle fois deux reines du polar, l’une française, l’autre bruxelloise. La cerise sur le gâteau, la touche finale de noirceur qui vous invite à refermer cet ouvrage la peur au ventre, presque avec l’envie de remettre cet horrible masque et à vous désinfecter les mains toutes les deux minutes, juste au cas où quelque chose de pire que le COVID viendrait menacer notre société… Brillant !



Ancré dans les problématiques de notre société actuelle grâce à plusieurs nouvelles très proches de la réalité, « Respirer le noir » propose des nouvelles certes inégales, ce qui est inhérent au genre, mais dans lesquelles je vous invite néanmoins à plonger le nez, surtout dans celles de François-Xavier Dillard et de Barbara Abel et Karine Giebel. Personnellement, je me prépare à goûter à nouveau du noir avec le cinquième et dernier volet de cette collection.



Et si vous n’avez pas encore eu votre dose de nouvelles, je vous invite vivement à lire « Chambres noires » de Karine Giebel… du très haut de gamme !
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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Chambres noires

Je ne lis pas de nouvelles . C'est un genre tellement difficile qu'en dehors des " maîtres " Poe et Maupassant , que j'adore , peu d'auteurs trouvent grâce à mes yeux . Ne croyez pas que je sois prétentieux en affirmant cela mais , non , vraiment , ce n'est pas " mon truc " , c'est tout . Comme dirait l'autre , " Va comprendre " . Ben justement , c'est si peu important qu'on ne va pas se torturer l'esprit avec ce détail.

Alors , me direz - vous , pourquoi " Chambres noires ? " . Oh , c'est très très bête, je pensais que c'était un roman !!! Oui , je sais , c'est pas terrible de trouver un tel argument ...Oui , mais , on peut arrêter quand on n'aime pas , non ?

Alors là , chères amis et amis , c'est Karine Giebel , tout de même . Et puis , comment vous dire ? J'ai lu la première, puis la seconde , puis , puis ....et sans renier totalement mon avis de lignes précédentes, il me faut bien reconnaître avoir ressenti énormément d'émotions en voyageant dans le temps , dans différents lieux , en côtoyant des personnages dont la " meilleure compagnie " était souvent la misére , la difficulté de survivre , l'injustice , les douleurs , les faux espoirs , la descente aux enfers .

Karine Giebel n'a pas renoncé à décrire un monde plutôt désespérant comme c'est souvent le cas dans ses romans . Chez elle , le soleil ne brille jamais très fort ni très longtemps et " si la misère est moins dure au soleil " , ce n'est pas vraiment à elle qu'il convient de s'adresser .

Laquelle de ces nouvelles ai - je préféré ? Peut - être bien " l'escalier", il y aurait tant à dire et comment passer sous silence la superbe et si violente " Au revoir les enfants " ?

Si je reste sur mes positions , je reconnais qu'en peu de pages , Karine Giebel m'a fait " passer " énormément d'émotions et je l'en remercie vivement .

Il n'empêche que cette émotion passe toujours par les personnages , alors que chez Maupassant , c'est " tout " qui fait sens , aussi bien l'atmosphère, la nature , les êtres vivants etc....Vous allez me dire que l'on n'est pas là pour parler de Maupassant et vous aurez parfaitement raison ...

Karine Giebel écrit un très beau recueil de nouvelles et permis , une fois de plus de " savourer " ...Le reste , si je puis me permettre , c'est de " la littérature " .

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Purgatoire des innocents

Il n'y a rien de plus réjouissant que de commencer l'année avec un coup de coeur littéraire !

C'est un peu malsain de dire que j'ai adoré cette histoire qui contient les pires horreurs, je vous l'accorde... mais quitte à passer pour une grosse sadique, j'assume !



Comme dans Les morsures de l'ombre, Giebel nous plonge dans un huis-clos en abordant le thème de la séquestration. Mais cette fois, avec encore plus de perversité et de barbarie.

Avec ce petit pavé de 600 pages on a de quoi déguster et je n'ai même pas vu défiler les pages tellement j'étais prise dans l'histoire.



Au départ, j'ai ressenti une légère aversion pour notre petite bande de braqueurs de bijouteries. Ces quatre personnages peu accommodants: Raphaël et William les deux frères, puis Christel et Fred.

William étant blessé par balles suite au braquage Place Vendôme, ils leur faut trouver une solution pour le soigner.

Notre petit groupe file en pleine campagne pour échapper aux flics et n'ont d'autre choix, dans l'urgence, que de contacter Sandra une vétérinaire qui les emmène chez elle.

Au début je n'appréciais pas vraiment le comportement des braqueurs vis à vis de Sandra qui leur venait en aide. Mais lorsqu'on comprend que notre joyeuse petite bande a atterri en enfer, tout s'inverse.



L'ambiance devient de plus en plus pesante au fil de l'histoire et le suspense monte crescendo. À chaque chapitre, on voit les jours et les heures qui défilent, ce qui rend la situation de nos personnages de plus en plus pénible.

Je ne veux pas en dire plus sur l'histoire pour ne pas gâcher le plaisir aux futurs lecteurs, mais il faut avoir le coeur bien accroché car certains passages dérangent énormément. C'est plein de détails atroces et l'auteure insiste parfois sur la durée des scènes.



Mis à part la sauvagerie décrite, je me suis vraiment prise d'affection pour les deux frères. J'ai franchement adoré ces personnages, surtout Raphaël pour sa force psychologique. J'ai été très sensible au lien fraternel qui les unis.

On sent l'adrénaline monter à la fin du roman jusqu'à la dernière page.

Pour moi c'est une pure réussite ! C'est un thriller psychologique bien sombre comme je les aime.



C'est glauque, pervers, vicieux et bestial.

Cette auteure est complètement tarée pour imaginer des choses pareilles ! Mais nous le sommes encore plus en dépensant de l'argent pour les lire je crois bien ! Et ce fût un régal pour moi !



À ne surtout pas rater pour les fans du genre.
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Glen Affric

Près d'une semaine déjà que j'ai laissé Léonard, Jorge et Mona (Mo, pour les intimes) derrière moi après avoir vécu 762 pages et des heures où j'étais censée dormir en leur compagnie. Et tous les jours, en me connectant à Babelio, ce compte à rebours qui s'affiche en haut de l'écran : plus que 20,19, 18, 17...jours pour publier ma critique. Et tous les jours, je me dis que je ne suis pas prête, je ne saurai pas, je ne rendrai pas justice à ces trois êtres et à leur créatrice si j'écris trop vite...

Mais le sablier se rappelle à moi, et la réalité s'en mêle : déjà trois autres lectures qui attendent leurs billets, une lecture commune de 660 pages en cours qui comporte également un trio de personnages marquants, il faut que je me reprenne, ou sinon Jorge, Mo et Lennie vont se diluer dans ma mémoire, partir définitivement rejoindre mon Glen Affric à moi, et j'aurai du mal à les rejoindre.

Alors je m'équipe, thé, choco, chat blotti contre moi, mari occupé à bricoler qui ne me dérangera pas intempestivement, une grande inspiration et on plonge !

Et pour commencer je vous présente mes compagnons, ces personnages incroyablement attachants qui m'ont fait passer par de véritables montagnes russes émotionnelles. Le premier que j'ai rencontré c'est Léonard, aimablement surnommé Léo le triso, ou sa variante, Léonard le connard, par ses "amis" du collège, qui le rançonnent et le le tourmentent sans pitié, profitant de sa différence et de ses difficultés à trouver un appui auprès des adultes. Dès les premiers chapitres, j'ai senti monter les larmes, devant certaines ignominies (et pourtant je sais bien que c'est "courant", j'y suis confrontée hélas si souvent), je voulais lui dire de se défendre, de parler à Mo, ou à Sacha l'ébéniste qui l'emploie de temps en temps, des personnes qui le comprendraient et l'aideraient. Mais je sais combien c'est dur de réagir comme il faudrait. Il y a bien Vicky, son amie fidèle, qui tente de se dresser contre ces petits tyrans, mais ne se met-elle pas en danger ?

Ah, si seulement Jorge était là, il saurait quoi faire lui ! Mais il est bien loin Jorge, à Glen Affric... D'ailleurs, même s'ils sont frères, Léonard ne l'a encore jamais vu, le seul lien qui les relie, c'est une carte postale jaunie expédiée il y a plus de seize ans d'Ecosse, et qu'il garde précieusement.

En réalité, Jorge n'est plus si loin, mais la distance géographique n'est pas la seule qui peut empêcher de se voir. Et Jorge est "empêché", depuis seize ans justement, de rencontrer ce petit frère trouvé dans un fossé par Mona alors qu'il n'était qu'un tout petit enfant bien mal en point. Oh, il donnerait cher pour le connaître, mais pas dans ces circonstances-là...

Et quand justement l'occasion se présente enfin pour les deux frères de faire connaissance, la vie qui aime parfois les mauvaises blagues va faire en sorte qu'ils se croisent...mais sans se voir.

Et Mona, dans tout ça ? Mona elle fait face, elle gère, au jour le jour, aussi bien qu'elle peut, entre son "petit" (mais qui est bien plus grand qu'elle) dont elle soupçonne bien que le quotidien n'est pas toujours facile, mais sans en savoir plus, son "grand" qui lui manque pour une raison totalement injuste, son mari qui s'est pendu parce qu'il n'en pouvait plus. Pas simple tous les jours, mais elle du courage à revendre devant les coups tordus de la vie. Et régulièrement, sans se lasser, elle raconte à Léonard ce fameux soir de novembre où elle l'a trouvé par hasard dans le fossé, et où elle l'a recueilli, non sans mal. Un récit qui va devenir un vrai pilier auquel Léonard se raccrochera quand les temps seront durs. Et il va en avoir besoin de plus en plus souvent...Parce que quand on est une émanation du cerveau de Karine Giebel, il ne faut pas s'attendre à une existence de fleuve tranquille !

Tout le monde va morfler dans cette histoire, et pas qu'une fois. Autant être prévenu avant de l'ouvrir, ce livre est dur, très dur. Même pour les "habitués" de l'auteure, dont je fais maintenant partie.

Et ce n'est pas dans la seconde moitié de l'histoire que nous allons trouver l'apaisement ! Parce que, comme la peluche qu'il faut attraper pendant le tour de manège, le bonheur va passer souvent à portée de main, mais s'envoler juste avant qu'on parvienne à le saisir. A un moment j'y ai cru, je me suis dit "ils vont y arriver, c'est pas possible, ça peut pas continuer comme ça", mais Karine décide, et le lecteur encaisse...ou pas. Je sais, et je comprends, que certains ont décroché, n'en pouvant plus de cette noirceur (parce que je ne vous dis pas tout, il y a encore bien d'autres "surprises" tout au long de ces pages), mais moi j'étais littéralement hameçonnée, comme le poisson qui cherche son souffle au bout de la ligne du pêcheur (clin d'oeil à qui comprendra !) Et, maso sans doute, j'en voulais encore et encore. Ben j'en ai eu, et je suis encore en sidération devant cette maîtrise qu'à l'auteure pour nous laisser ainsi, pantelants, devant le sort qu'elle réserve à ses créatures qu'elle a rendues si vraies qu'on a pleuré pour elles.

Je ne trouve aucune réserve à émettre, non ce n'était pas trop long pour moi, j'en aurai même pris quelques centaines de pages en plus, et oui c'est très sombre, mais j'avais signé pour.

Comme d'autres n'ont pas manqué de le remarquer, l'auteure cligne de l'oeil à Steinbeck, avec Lennie qui est là aussi un géant de nature pacifique (mais qu'il ne faut quand même pas pousser dans ses retranchements) et Jorge, protecteur, et patient (jusqu'à un certain point). Cela pourra donner envie à ses lecteurs de (re)découvrir "Des souris et des hommes", même si on est là dans un contexte bien différent.

Je voudrai terminer ce billet, dicté plus par l'émotion que par l'analyse rationnelle, en remerciant Babelio et les éditions Plon de m'avoir permis de découvrir six romans noirs de grande qualité, cela a été un honneur d'être "ambassadrice" de cette série. Un final en apothéose ! Je resigne quand vous voulez !
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Terminus Elicius

En 2016, Karine Giebel a profité de la réédition de son premier polar chez Belfond pour ajouter une cerise au gâteau et offrir « Aurore », une nouvelle qui condense en quarante pages les thèmes de « Terminus Elicius » et s’attaque aux bizutages, aux harcèlements à l’école et sur les réseaux sociaux et dénonce le lâche silence des enseignants et la complicité de certains chefs d’établissement.



Alban est un adolescent victime d’une double peine : obèse et bègue… il est la cible de toute sa classe.



Aurore est une adolescente belle et candide : une proie pour le don Juan de sa classe puis une victime les réseaux sociaux.



Ils en sortent essorés et détruits, mais Karine Giebel nous régale d’un final destructeur, impitoyable et sanglant …



Une nouvelle salutaire, qui transmet et quelques pages un message aussi efficace que les trois cents pages du long « Terminus Elicius » qui ne nous épargne aucune gare de la ligne Marseille Miramas.



Une intrigue qui éclaire nos ados sur les ravages de ces harcèlements dont ils ne mesurent pas toujours la brutalité et qui valorise les personnes « différentes ».



Un réel chef d’oeuvre.
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