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Critiques de Karine Giebel (7069)
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Glen Affric

Léonard n'est pas tout à fait comme les autres. Doté d'un physique impressionnant, il n'a pas eu la vivacité intellectuelle, ou trouvé les mots, pour s'opposer aux quolibets des autres enfants. Il est devenu leur souffre douleur dans la cour du collège et la victime du racket d'une petite bande. Un jour où les racketteurs sont allés trop loin en s'en prenant à son chat, Léonard s'énerve et les corrige avec une batte de base-ball. Cela lui vaut une mise en détention préventive.

Le jour où Léonard est incarcéré, son frère, Jorge, bénéficie d'une libération anticipée, après avoir purgé 16 des 22 ans d'une condamnation à la détention pour un double meurtre qu'il a toujours nié. Un frère que Mona, la mère, a toujours présenté comme vivant en Ecosse, à Glen Affric, où Léonard rêve de le rejoindre



"Glen Affric" est le troisième roman de Karine Giebel que je lis, après "Satan était un ange" et "Toutes blessent la dernière tue". Il y a incontestablement un lien entre ces trois histoires, celles de perdants, de paumés, écrasés par un système, qui luttent pour s'en sortir, qui y parviennent parfois, mais en laissant au bord de la route beaucoup d'illusions et/ou de cadavres.

Les personnages sont ce qu'ils sont, condensés de leurs destinées plus que caricatures, dirigés et broyés par une vie qu'ils ne maîtrisent pas.

L'intrigue est bien conduite, avec des rebondissements auxquels on devrait s'attendre mais qu'on préfère occulter, essayer d'éviter. Certains reprocheront certainement quelques longueurs, qui personnellement ne m'ont pas gêné.

L'écriture est fluide, dynamique, sans jamais tomber dans la facilité. Le livre se lit agréablement, et la lecture peut même parfois devenir addictive.

Mon principal reproche portera sur une trop grande similitude entre les schémas d'intrigue de "Toutes blessent la dernière tue" et "Glen Affric" : le parcours d'individus broyés par le système, dont les étapes sont assez prévisibles tout comme l'issue, sauf si une grosse part de chance décide de s'en mêler. En lisant "Glen Affric", j'ai parfois eu un sentiment de déjà lu...



Ce livre reste cependant un très bon roman noir. Merci à Babelio et aux éditions Plon de m'avoir permis de le découvrir.
Lien : http://michelgiraud.fr/2021/..
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Toutes blessent la dernière tue

"-Mejda a un chien ? a-t-elle demandé.

- Non, ai-je répondu

-Mais... ces couvertures, ça sert à quoi ?

J'ai gardé le silence et je sais qu'elle a lu la réponse dans mes yeux."



Plutôt que de me lancer tête la première dans cette chronique, je suis en train de remuer le marc de mon café en pensant à d'autres choses. Aux esclaves, par exemple. Peut-être que je me trompe, mais j'ai l'impression que même les esclaves de l'antiquité ou les esclaves sur les plantations de coton avaient au moins un semblant d'identité, un semblant de communauté, et peut-être aussi une vision de la liberté de l'autre côté du Jordan/Ohio pour maintenir leur foi.

Car l'esclavage, même si c'est difficile à admettre, était alors une réalité que personne n'a essayé de dissimuler. Une réalité à abolir. C'est fait depuis 1865.

Alors, quoi penser de l'esclavage moderne, de ces horreurs qui "n'existent pas", parce qu'ils se passent à huis-clos ? Où peuvent s'échapper ces esclaves-là, n'ayant aucun Jordan à traverser ? Combien ils sont, et où, ces gens sans identité, ces travailleurs sans salaire, qui servent occasionnellement de défouloir, quand leur "maître" est de la mauvaise humeur ?

Comment ils se sont retrouvés là, et pourquoi ?



Quand une crève vous terrasse, vous avez mal partout, et votre cerveau refuse de lire une ligne de plus sur l'histoire de la linguistique comparée, voici "Giebel-time" !

"Toutes blessent, la dernière tue". Un thriller au thème actuel, mais avant tout, un Thriller avec un grand T. Goutte à goutte, minute par minute... jusqu'au bout. Après quelques premières pages en compagnie de Tama, vous cessez de vous apitoyer sur vous-même et sur votre gorge qui gratte. Et en être humain normalement constitué qui adore les histoires sur le malheur des autres, vous devenez de plus en plus fasciné par tant de cruauté.



Tama la Marocaine. Vendue à huit ans par son père, elle ne va jamais aller à l'école en France, comme elle a cru au début. Pendant huit ans encore, elle sera ballottée d'un "maître" à l'autre, et subir le pire. Elle va rencontrer Mejda, sa Némésis, mais aussi Marguerite, qui va lui montrer que la bonté existe. Et Izri, son ange noir... son amour.

Voyez-vous, je n'aurais jamais pensé d'être à fond dans une histoire d'amour, surtout dans un thriller aussi atroce... Je ne sais pas comment elle a fait, la Giebel, mais elle m'a encore eue ! Ses personnages ont tous une sorte de subtilité; leurs raisons pour agir comme ils agissent. Même Mejda, peut-on vraiment lui en vouloir, après ce qu'elle a vécu ? Connaissez-vous "Killing Strangers", la chanson de Manson ? Eh bien, ce livre me fait penser un peu à ça...



Tama, Izri, Tayri et Gabriel. Les destins qui se croisent, les gens qui cherchent tous une sorte d'absolution.

Et votre estomac se serre quand vous arrivez au happy-end, et il vous reste encore trente pages à lire...

Karine Giebel, reine cruelle de thriller, je te hais !

Mais pour les même raisons que je te hais, je vais continuer à te lire. Alors à bientôt, le temps que je me remette de celui-là.
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Juste une ombre

Envie d’un polar qui tranche avec l’éternelle traque de serial killers par des flics névrosés ? Lisez Juste une ombre de la Française Karine Giebel , un thriller époustouflant, remarquable de maîtrise. L’auteur confirme son talent inné pour happer le lecteur dès la première page !



Cloé Beauchamp est une trentenaire à qui tout réussi. Cadre dans une boite de publicité, elle est pressentie pour en prendre la direction. Belle, ambitieuse, arrogante, elle s’est organisée une vie parfaite jusqu’au jour où, en sortant d’une soirée, elle s’aperçoit qu’elle est suivie par un homme au visage dissimulé sous une capuche. A partir de là, les incidents étranges se multiplient, l’ombre rôde, toute proche. On lui veut du mal, mais qui, et pourquoi ? Et si tout ceci n’était que le produit de son imagination ? La police ne la croit pas, son entourage veut l’envoyer consulter un psychiatre, ses collègues commencent à la regarder d’un drôle d’oeil, son amant la plaque sans explication. La peur devient alors son unique compagne… Mais Cloé est une battante, elle ne se laissera pas faire. Et puis elle peut compter sur Alexandre, un flic fracassé qui tente de survivre à la douleur de voir sa femme mourir à petit feu. On l’a mis à pied, alors il enquête comme on danse au dessus d’un gouffre en attendant de s’y précipiter. Alors, va -t-il résoudre le mystère de l'Ombre ? Chloé va-t-elle retrouver sa vie ?



Mené tambour battant, Juste une ombre est un polar terrifiant d'efficacité où l'on sent la tension monter au fil des pages, le doute s'installer. On ne sait plus au bout d'un moment qui il faut croire, quelle est la part de paranoïa présente chez l'héroïne, quelle est la vérité. Les personnages principaux sont soigneusement travaillés , d’une grande complexité. Un thriller psychologique de haute voltige enrobé dans une fine écriture rapide, nerveuse et incisive. Giebel sait maintenir un suspense jusqu'à la dernière ligne et nous sert en final un retournement horrifiant. Terreur, étonnement et nuit blanche en prime. Amis du noir, ne boudez pas votre plaisir ! Du grand Giebel !



Juste une ombre a remporté le Prix Marseillais du polar 2012 ainsi que le Prix POLAR 2012 du Meilleur Roman Français au Festival de Cognac. Des prix bien mérités !
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Purgatoire des innocents

"On a une chance sur 10 millions de se faire mordre par une chauve souris enragée" (jean-Marie Bigard)



Demande à raph, will et ses potes ce qu'ils en pensent de cette statistique. un braquage qui tourne mal et voilà qu'ils tombent sur cette fameuse chauve souris enragée...



Bon mais admettons, il faut encore que cette chauve souris les mordent, ils sont quatre enfants de coeur : un blessé grave, une nana bizarre, et deux gros durs qui savent très bien comment traiter les chauves souris enragées et ça va pas trop mal se passer au début…



Bon mais admettons que la petite chauve souris soit maligne, très maligne, trop maligne, elle fait semblant, trompe sont petit monde, enragée certes, mais elle des projets, de très vilains projets…



600 pages à huis clos c'est long, la monstruosité n'a plus de limite, on s'enfonce dans les profondeurs du vice, l'auteure repousse les frontières du raisonnable toujours plus, toujours plus loin pour tomber dans le malsain, le glauque, pas de sentiment, on torture à outrance, finalement le malaise s'installe comme une vieille copine, te susurrant à l'oreille que c'est loin d'être fini, tu vas en chier c'est sur.



Le style d'écriture est très bon et efficace, tu tournes les pages, tu veux savoir comment tout cela peut se terminer, en fait tu veux que ça se termine, tu n'as plus le sourire, tu n'as plus faim, non tu veux en finir, la boule au ventre, tu te sens pas bien, le dégueulasse fait recette…



L'histoire est téléphonée, on devine les grandes lignes mais on n'imagine pas, c'est trop tiré par les cheveux, des retournements de situation improbable, personne ne peut endurer ça sans sombrer, sans crever, la naïveté occasionnelle des protagonistes m'a fait sourire que ce soit dans un camp comme dans l'autre, elle justifie les rebondissements mais franchement c'est pas crédible.



je crois que c'est le huis clos de trop, celui ou l'horreur dépasse ma sensibilité de grand garçon, celui ou tu commences vraiment à te poser des questions sur l'utilité d'écrire des saloperies pareilles, ne serait-il pas temps d'arrêter de lire ce style de bouquin, je crois que si…



Je savais plus moins à quoi m'attendre, le quatrième de couverture et les critiques des babelionautes sont assez explicites pour comprendre que ça va saigner beaucoup, mais beaucoup trop pour ma part cette fois ci.



A plus les tarés



Un dingue



Rendons à César ce qui appartient à César :

http://www.dailymotion.com/video/x5bduq_la-chauve-souris-bigard_fun#.Uc9AyBacVsM
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Glen Affric

"C'était en novembre, c'était un jeudi. Il pleuvait un peu mais il ne faisait pas froid…" Tel est le leitmotiv de Léonard, le mantra qui apaise ses souffrances… Léonard, harcelé de la façon la plus abjecte, racketté, violenté, puni, rejeté, qui accueille avec joie Jorge, ce frère qu'il ne connaissait qu'à travers une carte postale expédiée d'Ecosse, de cet endroit magique, de Glen Affric où il ira vivre, heureux, pour l'éternité.



Jorge, qui revient dans sa famille, fatigué, usé, Jorge, le beau jeune homme dont les qualités se dévoilent peu à peu, Jorge prodigieusement intelligent, sensible, aimant…



Mona, mère suppliciée par la souffrance des siens, femme qui n'est qu'amour pour ses fils.



Angélique, personnage mystérieux qui sort de l'ombre soudainement et dont on ne comprend pas le lien avec le reste du récit…



Durant cette lecture, je suis devenue Mona, je suis devenu souffrance, je suis devenue celle dont le coeur s'est serré à mainte reprises , celle qui avait envie de prendre sous son aile ses deux créatures trainées dans la boue, ces deux créatures devenues réelles dans mon esprit, deux créatures qui m'ont donné envie de hurler ma colère, de verser des larmes, de me révolter à leur place … … souvent.



Et puis dans ce roman, on oublie les droits de l'homme, on oublie la présomption d'innocence, on se retrouve en face de la bêtise humaine, que nos héros, de belles personnes savent mettre en évidence, on se demande quel événement va survenir pour mettre Léonard et Jorge en difficulté toujours croissante, on serre le coeur, on a peur !



Ce roman, je l'ai terminé à deux heures du matin, ne pouvant me résoudre à le refermer, et j'y pense encore… Il est avec « Toutes blessent, la dernière tue », l'un des romans les plus forts, les plus déstabilisants que j'ai lus, il fait partie de ces romans que l'on ne peut oublier.



Les livres de Karine Gebel, on les ouvre, on y saute à pieds joints, on se retrouve dans l'action dès les toutes premières pages, et il est inutile de lutter pour se dire qu'on ne veut pas être confronté à tant de méchanceté, car il est trop tard, on n'en sortira qu'au dénouement, on est piégé par l'action qui produit d'elle-même le suspense.



Je retiendrai tout de même, qu'une fois oubliée la violence et l'oppression des personnage, il restera l'amour, cet amour sans faille que se portent les victimes, unies dans leur malheur, amour rempart qui protège et rassure.



Je suis heureuse d'avoir réussi à écrire cette chronique sans divulgâcher, ce qui me semblait difficile avant de commencer.



Je me sens seul à présent, j'erre autour de ma pal, sans but, sans idée de lecture, encore envoûtée par ce récit.



Challenge multi-défis

Challenge Pavés

L'ABC des titres
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Jusqu'à ce que la mort nous unisse

Karine Giebel ne soulignera jamais trop des dangers du téléphone mobile !

- se pencher pour rattraper un portable tombé au sol peut créer un déséquilibre mortel.

- laisser en héritage, à sa conjointe, les messages laissés sur son répondeur par une maitresse peut déclencher une vengeance redoutable.



Ce double constat donne à la romancière une amorce de scénario qui nous emmène vers les sommets alpestres dans une spirale vertigineuse de confessions et de révélations, parfois invraisemblables, mais addictives, car je reconnais qu'il est impossible de laisser cet ouvrage une fois passées les trop longues cent premières pages.



Mais arrivé au terme de cette découverte, j'avoue une certaine déception, car l'intrigue a de réelles lenteurs, le style irrégulier alterne de jolies descriptions touristiques et des dialogues mièvres, et enfin et surtout aucun des acteurs ne suscite la moindre sympathie durable.



Vincent est successivement pitoyable et violent, Servane immature et attachante et les autres individus finissent par révéler leurs lâchetés et leurs magouilles criminelles. Il n'y a pas un pour racheter l'autre et cette atmosphère finit par devenir irrespirable.



Manifestement ce roman n'est pas fait pour moi et ce qui m'inquiète c'est que son décor de magouilles décrit peut être le monde vers lequel certains de nos élus marchent cyniquement.
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Maîtres du jeu

Voilà un petit recueil composé de deux nouvelles que j’avais hâte de découvrir.



La première s’intitule Post mortem.

On y découvre Morgane Agostini, une célèbre et riche actrice de cinéma convoquée chez un notaire. Celui-ci lui annonce qu’elle vient d’hériter de la maison d’un certain Aubin Mesnil, un de ses anciens admirateurs.

Pourquoi hérite-elle d’une maison dans l’Ardèche alors que la propre famille du défunt n’a qu’une maigre compensation ? Est-ce véritablement un cadeau ou un piège ?

Pour une nouvelle, j’ai trouvé cette histoire pleine de rebondissements.

Les deux personnages principaux sont plutôt bien creusés. Cependant, j’aurais voulu en connaître plus sur le personnage de Marc, le mari de Morgane.

On est purement dans le registre tragique, ne sachant jamais jusqu’où l’auteure peut nous entraîner.

L’histoire est bien pensée avec quelques retours en arrière dans la chronologie des faits.

Seul petit bémol à la seconde moitié où le rythme fléchit un peu. Par contre, la fin est surprenante et fourbe, comme d’habitude. 3,5/5



Dans la seconde nouvelle J’aime votre peur, nous avons affaire à un homme échappé d’une UMD (unité pour malades difficiles). Après plusieurs faits graves, il parvient à s’infiltrer au sein d’un groupe accompagnant seize enfants handicapés en route pour le Vercors.

À bord du car, personne ne se doute qu’un dangereux psychopathe est parmi eux.

Cette nouvelle est légèrement plus courte que la première, mais tout aussi prenante.

Le décompte des heures qui défilent donne du rythme au récit. De plus, on a différents points de vue qui ajoutent du relief à la narration.

J’ai aimé le personnage de Yann, le flic et je me suis attachée à Mathis, le petit garçon timide.

La plume de Karine Giebel est toujours aussi captivante à lire.

Dans cette histoire, j’ai apprécié la réflexion que l’auteure porte sur la critique de la loi de rétention de sûreté (qui peut effectivement être contraire aux principes de légalité des délits et des peines) et le principe de non rétroactivité.

C’est toujours intéressant de se questionner sur le sort réservé aux criminels potentiellement dangereux ayant accompli leur peine... 4/5



Deux histoires palpitantes à découvrir !
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Les Morsures de l'ombre

Cette histoire n'est pas sans me rappeler Misery de Stephen King.

Un bon suspense. On a envie de découvrir pourquoi. Et si le pauvre homme va s'en sortir…

Au final, un livre sur la culpabilité, la vengeance, les crimes…

Karine Giebel instaure une ambiance noire et effrayante.

Au fond, personne n'est innocent, chacun a un ou des secrets, en chacun de nous il y a une victime et un coupable...
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Meurtres pour rédemption

S'il y a un roman sur l'univers carcéral qui doit être lu, c'est bien celui-ci !

Giebel ne cesse de m'impressionner par son talent. Après avoir lu l'excellent Purgatoire des innocents, je me retrouve une fois encore fascinée par la plume noire de cette auteure.



Ce roman est un bon pavé que j'ai dégusté du début à la fin avec délice. L'histoire se déroule en deux parties: la première nous plonge dans le milieu de la prison où la violence, la corruption, et les trahisons en font le quotidien. La seconde partie est beaucoup plus mouvementée et l'histoire s'accélère. J'ai trouvé qu'à travers ces deux parties, Giebel met brillamment en valeur la notion du temps qui est différente à l'intérieur de la prison, où tout se passe plus lentement comparé à l'agitation du monde extérieur.

Marianne (le personnage principal) est une jeune femme au charisme déconcertant. C'est une héroïne possédant une grande force de caractère, avec une rébellion qui vire parfois à l'insolence, mais c'est aussi une sentimentale qui a ses faiblesses.

J'ai également adoré les personnages secondaires qui ont chacun une personnalité bien développée et plusieurs d'entre eux sont attachants.

Certains passages du livre sont éprouvants mais nécessaires à la construction de l'histoire. Plus on avance dans la lecture et plus les rebondissements s'enchaînent. On passe par une multitude d'émotions. La fin est surprenante et fait réfléchir.

L'auteure dénonce certaines vérités comme le salaire dérisoire du détenu pour son travail au sein de la prison. Elle met aussi en lumière certaines problématiques comme les conditions de vie du prisonnier sans travail et sans argent. Mais également la question de la réinsertion en société après une longue peine. Elle nous fait réfléchir sur le pouvoir du gouvernement face à ses citoyens. Et surtout, on s'interroge sur la notion de liberté.



Certaines histoires nous marquent au fer rouge et dans mon cas celle-ci est l'une d'elles. Un vrai coup de coeur pour le plaisir que m'a procuré cette lecture mais aussi parce que c'est un roman qui nous laisse méditer par la suite.
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Glen Affric

PAF ! Prends-toi ça, et encore ça. Tends l’autre joue. Voilà. BAM, dans ta face. T’en peux plus, confortablement installée dans ton canapé, sous ton plaid tout doux avec ton café à la vanille ? Ça te secoue trop, ça te remue ? Ben dis-toi que c’est la vie, que parfois elle nous maltraite, que certains en bavent, qu’on ne leur fait pas de cadeau, qu’ils n’ont pas ta chance. Qu’ils n’ont pas une vie normale, comme les autres gens normaux ; comme toi. Mais c’est quoi une vie normale, c’est quoi être normal ? C’est être le moins possible différent des autres. On est tous différents, oui, mais certains plus que d’autres. Ce n’est pas toujours voulu, ce n’est pas toujours de leur faute. Est-ce un bien, ou un mal ? Un bien sans doute, si les autres étaient bienveillants. Mais le sommes-nous ? Tous ? Tout le temps ? Ou la différence nous gêne-t-elle ? Nous fait-elle peur ? Pourquoi veut-on la gommer, ou la stigmatiser ? Pourquoi toujours enfoncer au lieu d’aider, au lieu d’aimer ? Pourquoi ne pas chercher à connaître, à comprendre. A tolérer. A apprendre.





Après un tel roman, on en pleurerait de cette bêtise humaine si répandue, si « normale ». Si tolérée, elle, au quotidien. On prend des claques dans ce livre, mais ce n’est rien à côté de ce que subissent les personnages. Les hommes, comme les femmes. Mais surtout deux hommes, deux frères de galères qui au départ ne se connaissent pas. D’abord Lennie, « le doux colosse aux mains dévastatrices », comme l’écrit Joseph KESSEL en préface du roman « Des souris et des Hommes » de Steinbeck : Stigmatisé par le village pour être coupable de retard mental, maltraité par les autres à qui il ne veut pas faire de mal alors qu’il pourrait… Mais jusqu’à quand pourra-t-il encaisser, et que se passera-t-il alors, pour les autres et pour lui ? Et puis Jorge, stigmatisé pour un crime qu’il n’a pas commis, coupable de rien mais tenu pour responsable de tout. Enfin coupable de rien, ça, c’était avant de sortir de prison. Parce que la prison, ça vous change un homme, et qui sait l’homme qu’il est devenu à présent…? Alors quand un meurtre est commis dans le village à son retour, devinez où tout le monde regarde ?





Pour ne pas sombrer, tous deux rêvent de partir à Glen Affric, leur Paradis. Mais le paradis, est-il accessible aux vivants…?





Dans ce roman magnifique et intense en émotions comme en suspense, Karine Giebel tisse sa trame à l’aide courts chapitres qui dévoilent au compte-goutte les vies de chacun de ses deux personnages principaux, du village, de la prison, mais aussi de quelques inconnus qui nous laissent entrevoir une troisième voie plus mystérieuse… Elle multiplie les fausses pistes et les frayeurs qu’elle tisse bien serrées avec quelques joies et relations salvatrices - très peu, juste assez pour que les personnages aient envie de s’accrocher encore un peu, et que le lecteur espère qu’ils s’accrocheront assez longtemps pour obtenir la fin heureuse qu’ils méritent… Alors le lecteur s’accroche, lui aussi ; il leur doit bien ça à ces personnages, qui en prennent plein la tête pour lui. Et Karine Giebel, qui ne veut pas décourager ce lecteur sensible, sait lui offrir en échange des chapitres courts, pour que la violence s’arrête lorsqu’elle devient insupportable, que notre regard puisse se porter ailleurs lorsqu’on commence à vouloir fermer les yeux ou le livre, que l’on respire quand les coups nous coupent le souffle ; Elle sait aussi doser les bons moments, pour ne pas trop nous faire espérer, parce que la vie, parfois, c’est tout pourri et que l’on peut tomber de haut. Alors elle dose. Durant 760 pages elle nous fait souffrir, respirer, souffrir encore, détourner les yeux, souffrir puis rire enfin, souffrir mais aimer, aimer encore, aimer de nouveau, aimer toujours… Et espérer aussi. Si vous aimez les montagnes russes, ce thriller est fait pour vous : même si vous en percevez les ficèles, vous vous attacherez certainement aux personnages, humains, palpables. Beaux. Vous aussi, vous voudrez qu’ils s’en sortent. Un roman qui montre comment la justice peut créer l’injustice et comment les rêves deviennent cauchemars…
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Ce que tu as fait de moi

Ce que j’ai ressenti:



Ne m’en veux pas, Karine Giebel, parce que Ce que tu as fait de moi, c’est une lectrice déboussolée et plutôt sceptique, à l’heure d’écrire cette chronique. Je peux t’assurer que j’ai pris le temps de lire et d’apprécier la force de ta plume. Elle m’a chamboulée cette lecture, c’est certain. Je n’étais pas prête à lire, sans doute, ce genre-là de « passion ». On m’a fait miroiter, avec la quatrième, un sentiment que j’ai cherché, mais ce n’était pas la Passion que j’ai lu dans ses pages. C’était autre chose. Quelque chose de vraiment perturbant. Ces sentiments-là, sont dérangeants, troublants. De voir un homme et une femme se déchirer d’une telle façon et appeler cela, de l’amour…De la passion?! Je les ai écouté tour à tour, et j’étais prise à leurs jeux des confidences, mais ce n’est pas le mot « passion » qui me venait en tête quand je les regardais peu à peu tomber dans une spirale infernale.



"L’amour est un mystère, un dictateur sans merci qui impose sa loi et lève des armées d’esclaves."



Tout d’abord, je n’ai pas cru à leur « Nous ». Le couple Richard et Laetitia ne m’ont provoqué aucun attachement. C’est un Toi+Moi transformé en un « Nous » malsain. C’est deux êtres qui se désirent d’une drôle de façon. Si Incompréhensible et violente, à mes yeux. Je n’ai pas compris cette force destructrice qui les attire. Ils m’ont laissé une forte impression, mais je n’ai pas cru à cette histoire d’amour. Je l’ai cherché partout la passion, et ce n’est pas ce que j’ai vu. On me l’a déguisée sous de faux costumes et ça m’a mis très mal à l’aise. Je les regardais absolument horrifiée par leur type de relation anxiogène, à chercher comment on peut en arriver à de telles extrêmes…Et si c’est ça, la passion, c’est peut être, moi, qui n’était pas encore prête à saisir toutes les nuances d’une telle émotion.



Ne m’en veux pas Karine Giebel, parce que finalement, je vais devoir dire que je n’ai pas aimé ce livre. Alors certes, tu n’as pas ton pareil pour faire naître des flammes au milieu du noir, tu as cette facilité à nous bousculer, à nous pousser dans nos retranchements, à nous faire voir d’autres façons de vivre, d’autres façons d’aimer. À contresens, à contre-courant, juste pour déstabiliser tes fans qui en redemande, encore et encore. Moi, y compris. C’est vrai qu’on a une histoire-obsession, impossible à lâcher et qui te hante encore longtemps, même après le livre refermé. C’est ta marque, et elle est encore présente avec ce nouvel opus. On a une lecture hautement addictive. Un thème qui nous remue les tripes. Une ambiance électrique. Une écriture sensitive. On touche du doigt, une de ces histoires passionnelles qui détruit tout sur son passage.



"Avoir mal, c’est vivre.Vivre, c’est avoir mal."



On prend un vrai shoot d’adrénaline, que ça nous plaise ou non, faudra faire avec, jusqu’au point final. C’est comme ça avec toi, Karine Giebel. C’est d’une intensité folle, et plus si affinités…Faudra aller voir, de plus près, sur les terrains brûlants de la folie, ce que ça donne la passion au masculin et puis aussi, celle au féminin. Parce qu’à s’aimer plus loin que les limites ça laisse des traces. Des traces sur les corps. Des traces sur les âmes. Et puis après, dans nos esprits…Mais dans le mien, ça brûle trop, et tout le long, j’ai détesté Richard, je n’ai pu oublier son acte immonde. Je crois qu’en tant que femme, ça m’a d’autant plus révoltée.



Ne m’en veux pas, Karine Giebel. pas un seul instant, je n’ai douté de ton talent. Je suis persuadée que d’autres de tes romans vont plus me toucher. Juste avec ce livre, ça ne l’a pas fait avec moi, pourtant, j’ai eu ma dose de fortes émotions. Tout plein d’ébullitions et de colères enfouies, et puis l’attente déçue, de cette fameuse « passion ». J’en ressors désorientée, mais alors je repense à ma précédente lecture de toi avec, Toutes blessent, la dernière tue, et je me dis que ce n’est pas si grave, j’attendrais le prochain…Pour un nouveau tour dans les affres de la nature humaine…





"Si on ment à ceux que l’on aime, on risque de tout perdre."
Lien : https://fairystelphique.word..
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Terminus Elicius

Tous les jours, le même routine. Elle quitte la maison familiale, sa maman pour seule compagnie. Direction la gare d'Istres. Elle monte dans la BB 67400, direction Marseille, la fameuse ligne de la Côte Bleue. Le soir, elle fait le chemin inverse, toujours à bord du 17h36. Cela fait un an maintenant qu'elle travaille dans les bureaux du commissariat de Marseille. Jeune femme solitaire, peu sûre d'elle, parlant à son autre, Jeanne n'a quasiment pas de relations sociales, excepté sa mère. Une routine bien installée jusqu'à ce lundi 12 mai où elle découvre, dans le train qui la ramène chez elle, une lettre glissée à côté de son siège habituel. Une lettre d'amour signée d'un certain Elicius. Des mots doux auxquels elle n'est pas habituée et qui la chamboulent. Le lendemain soir, une autre lettre dans laquelle Elicius lui avoue un crime commis la veille. Aussitôt, la jeune femme fait le lien avec l'affaire dont est en charge le capitaine Esposito. Jeanne ne sait pas quoi faire. Le dénoncer ou conserver ce lien si ambigu qui existe entre eux?



Karine Giebel tisse le portrait d'une femme complexe, effacée et atteinte de TOC. Dès lors qu'un homme mystérieux mais criminel lui avoue son amour mais aussi les meurtres qu'il perpétue, elle est toute retournée. Pour une fois que quelqu'un semble la regarder, elle se sent exister. Bien gentille cette Jeanne, mais on aurait envie de lui mettre quelques claques quand même. Une personne sensée agirait-elle vraiment de la sorte? C'est bien pour ça que l'auteur en fait un personnage ombrageux et renfermé. Quant à l'enquête autour de tous ces meurtres, menée par le capitaine Esposito, le mobile semble un peu tiré par les cheveux. Malgré cela, on se laisse porter par cette intrigue. Voilà un polar gentil qui se lit rapidement...
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D'ombre et de silence

Difficile d'écrire un retour complet et bien argumenté sur un recueil ,de nouvelles lu il y a plusieurs semaines, et que je n'ai plus sous la main, ayant dû le rendre à la médiathèque. Mais comme il s'agit de l'une de mes auteures chouchous (Nicola, je te vois lever les yeux au ciel !), je ne pouvais pas faire totalement l'impasse. Je me contenterai donc d'un ressenti global, sans m'attarder sur chacune des huit histoires plus ou moins longues de ce volume.



Certaines de ces nouvelles étaient déjà parues dans la série "13 à table" dont Karine Giebel est une fidèle collaboratrice, ce qui est tout à son honneur. D'autres sont sorties ailleurs, mais n'ont eu que très peu de visibilité à l'époque, l'auteure n'ayant pas encore la notoriété requise pour que l'on s'intéresse à ses textes noirs, aux sujets tout sauf anodins.



Jugez plutôt : Dans "Aleyna", le premier texte, elle dénonce ces traditions qui perdurent encore, y compris en France, des mariages arrangés, ou plutôt forcés, entre des jeunes filles (parfois très jeunes) et des hommes qui "conviennent" au père de part leur statut social et économique. Et gare à la sentence si la fille n'est pas d'accord, ou "fréquente" un garçon non agréé par le pater familias ! Un texte éprouvant, mais nécessaire, l'un de mes préférés.



Dans "Aurore", il s'agit également d'une jeune fille de 18 ans, qui après une période de dépression croira qu'elle a trouvé l'amour au sein de son lycée. Mais elle le croira seulement... Aurore a un jeune frère, également lycéen, mais aussi affecté d'un surpoids et d'un bégaiement, autant dire que ce n'est pas la joie pour lui tous les jours. Mais il est très proche de sa soeur, et le jour où un drame se produit, la situation va dégénérer. On traite ici de harcèlement, de manipulation, et de désespoir au sein d'une famille qui ne communique pas beaucoup. La fin est hélas plausible...

Mention spéciale au petit clin d'oeil à Jeanne, l'héroïne de Terminus Elicius, qui apparaît dans cette nouvelle.



Le texte suivant, "Ce que les blessures laissent au fond des yeux" parle d'une situation qui existe, malheureusement, tant certaines personnes (des femmes, le plus souvent) sont désespérées et prêtes à tout pour offrir un toit et des conditions de vie à peu près décentes à leurs enfants. C'est l'histoire d'un propriétaire ignoble qui abuse de ses locataires fragiles à coup de chantages et de menaces. Dans leur malheur, Delphine, mère d'un ado qui ne soupçonne rien et a l'égoïsme de son âge, et Kilia, africaine en situation irrégulière, vont faire preuve de courage et de solidarité, s'unissant pour apporter de l'aide à une autre femme encore plus mal lotie qu'elles. De belles valeurs, même si avec Karine Giebel l'histoire ne peut pas bien finir...

Cette nouvelle est la plus longue, ce qui permet de mieux développer la psychologie des personnages, aspect qui compte beaucoup pour moi.



"J'ai appris le silence" traite d'une vengeance, celle d'un homme qui a passé une très longue période en prison, accusé d'un crime qu'il n'avait pas commis, et pour lequel il a fini par être innocenté et indemnisé. Mais l'argent ne remplace pas les années de silence et de non-vie. Ici la question est : la haine efface-t-elle ce qu'on est vraiment au fond de soi ? La fin est vraiment tordue, on ne peut s'empêcher de s'exclamer "Oh, non !" Excellent.



Puis vient "L'été se meurt", un texte trop court à mon goût, où l'idée fixe du personnage principal l'amène à un acte apparemment mûrement réfléchi, mais ça m'a laissée perplexe...



"L'homme en noir", ou comment notre psyché est capable de distordre complètement la réalité, au point de transformer notre vie (ou du moins celle du personnage principal) en quête incessante d'une vengeance liée à un traumatisme de l'enfance. Ici c'est la notion de culpabilité qu'a choisie l'auteure pour nous retourner la tête. Et ça fonctionne, même si ce n'est l'une de mes préférées.



"L'intérieur", encore un texte qui fait référence à une situation trop souvent vécue par les femmes, le harcèlement au travail par un supérieur sans scrupules. Là ça se passe dans un musée, et le titre fait référence à celui d'une peinture aussi appelée "Le viol", de Degas (hé oui, il n'a pas peint que de charmantes danseuses). Virginie a aussi des enfants à élever, comme Delphine dans l'une des histoires précédentes, et comme elle, cède aux pressions et au chantage, à l'emploi cette fois. Comment faire pour sortir de cette situation ? Il n'y a pas de "bonne" solution, mais l'auteure en a trouvé une quand même. Une solution que je n'ai pas trop aimée...



Et enfin, une belle histoire d'amour pour conclure, avec "Le printemps de Juliette". Enfin "belle", c'est relatif, parce que la Juliette en question ne profitera pas de ce printemps qu'elle appréciait tant. Mais au moins aura-t-elle connu quarante belles années avec son cher et tendre époux. C'est court, beau et triste.



Evidemment j'ai fait tout le contraire de ce que j'avais annoncé, mais vous connaissez cet adage qui s'applique très bien dans mon cas : chassez le naturel, il revient au galop !

Bref, de ces huit nouvelles, j'en ai adoré deux, la première et la troisième, parce qu'elles traitent de sujets qui me tiennent à coeur et qu'elles sont suffisamment développées pour qu'on puisse éprouver des sentiments à l'égard des personnages, qu'on les haïsse ou qu'on ait envie de les protéger.



Quatre autres m'ont séduites par leur traitement de thèmes hélas très actuels, des violences qu'on inflige aux femmes ou à ceux qui sont différents, les abus de pouvoir si fréquents encore et qu'on souhaiterait parfois résoudre "à la Giebel" ! La dernière par sa douceur malgré le sujet douloureux, un final un peu apaisant quand même.



Et enfin deux qui m'ont un peu frustrées, l'une par sa brièveté, et l'autre par sa conclusion brutale et frustrante à mes yeux.

Mais je continuerai à suivre assidûment les actualités de l'auteure, une des rares dont j'apprécie presqu'autant les nouvelles que les romans.













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Glen Affric

Je crois bien que "Glen Affric" est le thriller le plus éprouvant que j'ai eu à lire jusqu'à maintenant. Et pourtant, c'est une grosse claque qu'il m'a mis dans la tronche ! Il est d'une telle intensité (en tout !) qu'il m'aura fallu un certain temps pour m'en remettre et réussir à enfin trouver mes mots pour la rédaction de ce billet.



Nous suivons principalement Léonard, adolescent de seize ans, mais qui n'en a que huit dans sa tête, parce qu'atteint d'un retard mental, conséquence des sévices qu'il a subis quand il était petit. Léonard vit seul avec Mo, sa mère adoptive qui l'aime de tout son cœur. Il a également un grand frère, mais qui vit en Écosse depuis de nombreuses années. Au collège, parce qu'il n'arrive pas à suivre et sait à peine lire, son quotidien se résume aux brimades et moqueries. Il est la victime préférée de trois ados, dont il subit jour après jours les menaces, violences et rackets. Mais un jour, alors que le trio va aller beaucoup trop loin en s'en prenant à son chat, Léo va débrancher les "quelques neurones qu'il lui reste dans la tête" et se rendre compte que son mètre quatre-vingt-dix et ses presque cent kilos peuvent lui être utiles...



Parfois, non, souvent, Léo aimerait être ailleurs, loin de tout ça, loin de ce quotidien accablant. Il aimerait être à Glen Affric, là où tout est beau, spectaculaire, là où vit son frère, celui qu'il idéalise...



Parallèlement, nous suivons également Jorge, condamné à vingt-deux ans de prison pour un double meurtre qu'il n'a pas commis. Après seize ans d'enfermement, la liberté conditionnelle lui est enfin accordée. Sa mère lui trouve un emploi dans la boîte dans laquelle elle travaille, emploi qu'il doit absolument garder s'il ne veut pas retourner en prison. Détruit psychologiquement et moralement et toujours coupable aux yeux de la société, la réintégration est bien plus que compliquée...



Et puis, il y a Angélique, devenue muette suite à l'accident de la route qui a tué ses parents, et qui vit depuis chez son oncle, son bourreau comme elle le nomme...



À première vue, rien ne relie Léonard, Jorge et Angélique. Et pourtant...



Pfff... Finalement, je peine encore à trouver mes mots... J'ai eu envie de pleurer dès les premières pages et c'est en pleurant que j'ai tourné la dernière. Et il y en a 768, c'est dire dans quel état je suis... Et ce n'est pas du tout ce que j'attends d'un thriller, alors je n'étais évidemment pas préparée à ça... Dans un thriller, je veux être tenue en haleine, je veux que le suspense et la tension soient à son comble, je veux être manipulée et bernée, je veux que le dénouement me laisse coite, je veux une intrigue bien ficelée, je veux évidemment des personnages creusés à point. Mais je n'attends pas à ce que ce soit aussi intense en émotions, aussi riche dans la description des ressentis (pas autant en tout cas). Et là, bim ! C'est tout à la fois ! Combien de fois ai-je dû m'arrêter parce que c'était trop alors que je ne pensais qu'à continuer ?



Et c'est d'autant plus dur parce que l'une des victimes est un enfant...



Harcèlement, racket, menaces, maltraitance, viols, meurtres et tentatives de meurtre, violences diverses, survie en milieu carcéral... Les sujets noirs et dramatiques ne manquent pas. Et sans que les événements ne soient décrits dans les moindres détails, ce sont les ressentis de chacun des personnages qui le sont pour chacun de ces événements vécus. On les vit à travers eux, avec eux. C'est terriblement éprouvant, bouleversant. On a tantôt les larmes aux yeux, tantôt une boule coincée dans la gorge, tantôt l'estomac noué.



Et puis il y a les petits moments de joie, les petits bonheurs du quotidien. L'amour d'une mère à son fils, l'amour d'un frère à son frère. Des moments de partage et de soutien. Ce Glen Affric auquel on finit par s'accrocher nous aussi. C'en est tout aussi fort, tout aussi émouvant.



Les personnages, vous l'aurez compris, ne laissent pas indifférent, ni indemne d'ailleurs. On se les attache facilement pour les uns, tout comme on hait très rapidement les autres. J'ai éprouvé beaucoup d'empathie pour Léonard, Jorge et Angélique, d'une manière différente pour chacun d'eux. Mon cœur a souvent eu des envies de meurtre, il a beaucoup saigné et pleuré pour Léonard et Angélique, il a souvent pleuré et crié à l'injustice pour Jorge.



L'intrigue, elle aussi, suscite notre intérêt, et notamment quand l'histoire de chacun des trois personnages commence à se recouper. C'est tout tranquillement qu'elle avance, en ne nous révélant pas toutes les infos en même temps. On devine certains éléments assez tôt mais il nous faut attendre la toute fin pour bien d'autres et pour tout bien comprendre. Le dénouement est inattendu en ce qui concerne les meurtres, bouleversant en ce qui concerne les personnages.



La plume de Karine Giebel fait mouche, elle se veut tranchante, déchirante, terrible, autant que compatissante et affable.



Un livre poignant, percutant.

Un véritable uppercut.

Un terrible coup de cœur.



(Mes prochains thrillers risquent de me paraître bien fades après ça...)

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Regarder le noir

Ayant beaucoup aimé le précédent recueil de nouvelles « Ecouter le noir » et constatant que le suivant « Toucher le noir » était déjà sorti, j’ai vite éliminé celui-ci de ma PÀL.



Force est de constater que ce deuxième volet regroupe à nouveau une belle brochette d’auteurs. Outre une nouvelle histoire de R.J. Ellory et un récit à quatre mains signé Barbara Abel et Karine Giebel, j’ai eu le plaisir de retrouver quelques auteurs de polars que j’apprécie beaucoup, tels que Olivier Norek, Amelie Antoine, Johana Gustawsson (« Mör », « Block 46 »), René Manzor (« A Vif », « Apocryphe »), Claire Favan (« Inexorable ») ou Julie Ewa (« Les petites filles »), mais également quelques auteurs que je n’avais encore jamais lu, tels que Fabrice Papillon, Gaëlle Perrin-Guillet ou Frédéric Mars.



Si le résultat est forcément un peu inégal, avec des styles assez différents malgré une thématique commune autour de la vision, j’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir ces 11 textes. Le roman commence très fort avec un excellent récit d’Olivier Norek (« Regarder les voitures s’envoler ») qui fait froid dans le dos, suivi d’une histoire poignante de trafic d’êtres humains en Inde de Julie Ewa (« Nuit d’acide »). La dernière pépite se situe en toute fin de recueil avec « Darkness », des deux reines du thriller Barbara Abel et Karine Giebel, qui enquêtent sur un crime sordide et referment cet ouvrage sur une chute originale.



Outre ces trois petites perles, j’ai également bien aimé les récits de René Manzor (« Demain »), Amélie Antoine (« Transparente »), R.J. Ellory (« Private eye » ), Johanna Gustawson (« Tout contre moi »), Claire Favan (« le Mur ») et Fred Mars (« The Ox »). J’ai par contre moins accroché à « La tache » de Gaëlle Perrin-Guillet et je suis resté totalement hermétique à « Anaïs » de Fabrice Papillon. Alors que « Ecouter le noir » m’avait donné envie de découvrir les romans de Maud Mayeras (« Reflex » , « Les Monstres ») et François-Xavier Dillard (« Prendre un enfant par la main »), « Regarder le noir » ne m’a donc pas vraiment donné envie de découvrir de nouveaux auteurs. C’est sans doute le seul petit point négatif de cet ouvrage qui parvient de nouveau à attirer des grands noms, tout en proposant de la qualité !



Bref, à nouveau un grand bravo à Yvan Fauth du blog littéraire EmOtionS pour cet ouvrage !



J’irai donc très vite « Toucher le noir » !
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Satan était un ange

Chez Karine Giebel le rythme soutenu du récit et l'écriture limpide qui va droit au but sont un formidable attrape-lecteurs.

La ligne de fuite est immédiatement fixée et aimante le lecteur dès les premières pages.



L'auteure réussit une fois de plus à livrer un roman policier qui échappe à bien d'autres poncifs du genre, abolissant toutes les limites plus ou moins artificielles des romans policiers.



La reine du polar est toujours capable de suspendre le temps entre les pages d'un roman avec un parfait dosage entre suspense, pudeur et émotion. On retrouve à chaque fois le réalisme cru et les descriptions qui disent tout en une ligne. La pensée est ultra-organisée et les suites parfaitement séquencées.



Alternant avec talent les points de vue et les temporalités, Karine Giebel dénonce le trafic de déchets toxiques, véritable hécatombe où trempent toutes les grandes puissances.



C'est toujours très noir, mais comme le dit Karine Giebel  elle-même "on ne choisit pas forcément la couleur de l'encre de sa plume" ; cette fois-ci elle s'en sert pour écrire un polar engagé, en mémoire de ceux qui ont payé de leur vie leur courage de crier la vérité.





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De force

Je termine ce roman de Karine Giebel et je me sens encore toute retournée par cette histoire. C’est ma faute, il faut l’avouer, ayant lu auparavant deux romans de l’auteure, je savais à quoi m’attendre concernant la dose d’horreur que je risquais de recevoir en pleine figure… c’est sans doute mon karma de lectrice qui veut cela : j’aime bien les émotions fortes, avoir un peu peur, passer une grande partie de roman à me demander comment les personnages vont s’en sortir… et là je dois dire que j’ai été servie copieusement question frayeur, dégoût, surprises et suspens !



Ou l’on assiste donc à la longue descente aux enfers d’Armand Reynier, professeur et chirurgien réputé, sale bonhomme imbu de sa personne qui croit qu’avec du fric, on peut tout acheter.



L’histoire commence après un prologue que l’on n’est pas en mesure de comprendre, avec l’agression de sa fille chérie, Maud, 20 ans, par un homme qui tente de la violer. La mignonne voit sa dernière heure arrivée. Elle est sauvée par Luc, garde du corps de son état. Ce premier chapitre, je l’ai lu en serrant les dents, le corps raidi car témoin d’une scène horrible. Je me suis même dit que si tout le livre était comme ça, je ne tiendrai pas le coup… et puis le récit s’apaise en ce qui concerne la violence physique, mais pas la violence morale, car l’agression n’est qu’un premier avertissement au professeur Reynier qui sera victime d’un harcèlement d’un bout à l’autre du roman.



Le criminel : on ne sait rien de lui au début, puis on découvre petit à petit, à travers l’histoire du père et de sa fille qu’il a des comptes à régler, qu’il a décidé de prendre son temps pour faire souffrir de toutes les façons possibles.



Et là, le lecteur ne peut plus lâcher le livre, il se réveille en pleine nuit en s’interdisant d’y retourner.

Madame Giebel possède donc toujours autant de talent, sachant manipuler les ingrédients de la peur qui s’immisce progressivement chez les héros comme chez le lecteur. J’ai bien écrit les héros car dans cette histoire, il m’a semblé que chacun était un personnage principal, chacun reçoit sa dose de violence et se montre capable d’actes ou de paroles répréhensibles à l’intention des uns ou des autres, chacun est à certains moment la cible, le centre d’intérêt ou l’objet de profondes réflexions.



Puis vient la suspicion : comment le harceleur connaît-il si bien cette famille ? serait-ce une personne résidant dans la villa du professeur ? qui le renseigne ? autant de questions qui demeurent sans réponse jusqu’à la fin et qui font de ce roman un fameux page-turner.



J’ai eu bien des difficultés à trouver un autre thriller digne de ce nom après cette lecture, peur de m’ennuyer dans un autre qui serait forcément plus fade. Pas deux Giebel à suivre quand même ! d’abord parce que mes nerfs auraient peut-être du mal à le supporter, ou bien parce que je deviendrais complètement addicte et ne parviendrais plus à lire autre chose, et parce que je me réserve le plaisir de lire d’autres romans de cette auteure en les éparpillant dans le temps pour plus de plaisir. C’est très curieux ces sentiments contradictoires : effrayée mais attirée, cela résume bien ma situation émotionnelle face aux écrit de Karine Giebel.



Je ne peux pas écrire « à lire absolument » car ce genre de littérature doit rester le choix de celui qui décide de s’y plonger. Je dirai plutôt lisez le si vous aimez les sensations fortes et ressentir de la peur en lisant.


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Maîtres du jeu

Certains auteurs, opérant comme par magie, parviendront toujours à me surprendre, parmi eux, Karine Giebel et ses romans, avec les tempêtes qu’ils provoquent dans mon esprit et je mets d’ailleurs plusieurs jours à lâcher même lorsque le dénouement est venu et que le livre est refermé. Ce recueil de deux nouvelles, je me suis dit que ça ne pourrait pas m’empêcher de dormir, erreur !



Dans la première nouvelle, l’autrice imagine le crime parfait, sujet qui me laisse toujours pensive car la littérature abonde de crimes parfaits dont l’auteur est trahi pas un détail insignifiant, Columbo lui-même affirme que le crime parfait n’existe pas. Notre romancière est pourtant parvenue à imaginer ce crime parfait qui ne peut faire condamner le meurtrier. Quel génie ! Et comme d’habitude, elle réserve la plus belle surprise pour la fin.



Dans la deuxième nouvelle, le récit est plus difficile à supporter, on voit venir l’horreur, on est témoin directe des événements. On se retrouve donc enfermé dans un bâtiment qui abrite des enfants handicapés venus en classe de découverte avec leur éducatrice, et … Un sérial killer, un vrai !!! il s’agit donc d’une prise d’otages. Bien sûr, on a vraiment envie de savoir comment tout cela va se terminer… Et, là c’est mon avis, les dernières lignes sont volontairement ambigües, il suffit d’un mot pour que la fin varie. C’est peut-être de l’imagination de ma part, si d’autres ont ressenti cette fin de la même façon, je veux bien en discuter sur ma messagerie (pour ne pas spoiler).



Donc frisson garanti, très bon cru Karine Giebel !
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Ce que tu as fait de moi

Une drôle d’histoire ! Le lecteur qui s’y engage doit s’attendre à onduler au gré du vent, porté par l’état d’esprit variable des protagonistes, par le climat d’angoisse qui flotte , par le tourment qui mine les personnages tout au long du roman et qui minera sans aucun doute qui entrera dans cette histoire au risque de se retrouver happé par ce thriller psychologique.





Je dois avouer que j’ai bien eu envie de sauter dans le livre pour fustiger le commandant Menainville, pour ses abus de pouvoir, son machiavélisme made in Giebel, pour sermonner Laetitia qui ne semble pas savoir ce qu’elle veut. J’ai eu envie de hurler à l’injustice et secouer ce jeune lieutenant victime du harcèlement mais qui avait l’air d’en redemander, successivement battante, petite chose sans défense, à court d’arguments et incapable de se justifier auprès de ses proches. C’est bien compliqué l’amour finalement, et dans ce récit, il n’existe pas sans la haine qui l’accompagne.





Question : comment peut-on se retrouver amoureux au point de perdre ses repères, de se retrouver complètement à côté de ses pompes, d’y laisser sa dignité ? Comment peut-on haïr à ce point et être capable de tomber dans les bras de son harceleur tant détesté ? Comment peut-on perdre tous ce que l’on possède pour ensuite donner son âme au diable ? Cette situation est-elle possible ? Oui dans ce roman, et peut-être dans la réalité, mon expérience personnelle ne me permettant pas d’en juger.





Comme les héros de ce roman, cette lecture me laisse bien mitigée, ai-je aimé ? Ai-je détesté ? Oui j’ai aimé parce que j’ai eu envie de savoir comment cette histoire allait prendre fin (Même si je ne me faisait pas d’illusion face à un écrit de Karine Giebel), oui parce que j’ai pu suivre l’intéressante l’évolution psychologique des héros, oui parce que j’ai pu m’amuser à analyser les rapports entre tous les personnages...





...Et non, parce que cette histoire m’a semblé vraiment abracadabrante, parce que certaines scènes se répétaient, décrivant des comportements déjà étudiés antérieurement dans le roman, parce que ce récit nous conte l’histoire d’un énorme gâchis humain.





Ça ne m’empêchera certes pas de continuer à lire des romans de cette auteure que j’apprécie !





On peut donc aimer ce livre… ou pas... Selon son ressenti.



Challenge MULTI-DÉFIS

Challenge pavés
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Les Morsures de l'ombre

Ouch ! Je viens de me prendre un sacré coup !



Quand Benoit Lorand, officier de police plutôt beau gosse, se réveille prisonnier dans le sous-sol glacial et humide d’une maison, il se demande ce qu’il peut bien faire ici. Nous aussi ! Quand aussitôt, sa geôlière se révèle être une femme, une superbe rousse, il se demande qui elle peut bien être. Nous aussi ! Il se demande ce qu’elle peut bien avoir à lui reprocher pour en être arrivée à une telle extrémité. Nous aussi !



Tout au long de ce huis clos diaboliquement oppressant, le lecteur est plongé en immersion dans l’affrontement entre Benoit Lorand et sa tortionnaire, la vénéneuse Lydia, aussi belle que dangereuse. Quel est donc ce lien mystérieux qui les unit ? Pourquoi a-t-elle fait ça ? On cherche des réponses, à l’affut du moindre indice, de la moindre piste, pour comprendre l’enjeu qui se trame sous nos yeux, pauvres lecteurs impuissants.



Quand vous commencez un livre et que vous le reposez moins d'une heure plus tard en ayant lu plus de soixante pages, vous vous dites que vous avez indéniablement un petit bijou de thriller entre les mains. La suite de ma lecture a définitivement confirmé ma première impression.



Karine Giebel brouille les pistes et nous mène en bateau avec talent. Elle souffle habilement le chaud et le froid. Elle se fait le pilote aguerri dans ce grand huit suffocant. Une fois monté à bord, impossible de redescendre avant la fin du voyage, frissons garantis !



Les Morsures de l’ombre de Karine Giebel, en plus des morsures, plus qu’un coup de cœur, un sacré coup de poing !


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