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Citations de Lafcadio Hearn (50)


Dans tout tableau d'une vraie valeur, il faut qu'il y ait un fantôme. Un pareil tableau, ayant une volonté personnelle, peut refuser d'être séparé de la personne qui lui donna la vie, ou même de son possesseur légitime. Il existe de nombreuses histoires qui tendent à prouver que les tableaux ont vraiment des âmes... On sait que certains moineaux peints sur un fusuma (écran à glissière) par Hogen Yenshin, prirent un jour leur vol, laissant vides les espaces qu'ils avaient occupés sur l'écran.
Page 66
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L'impulsion artistique elle-même a une vitalité intense qui survit à chaque nouvelle génération d'artistes.
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Lecteurs, si vous êtes de ceux qui ont soupiré en vain d'apercevoir un instant ce monde des tropiques, dont la description de la beauté charmait votre enfance et qui fortifiait en vous cet étrange mesmérisme de la mer qui attire le coeur de tout garçon, moi, qui ai soupiré comme vous et qui, conduit par la chance, vis enfin la réalisation de mon désir, je puis vous affirmer que la magnificence de la réalité dépasse de beaucoup tout ce que l'imagination peut créer.
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- Bons pour vous ! s'écria Gabriel, avec une soudaine amertume. Vous les croyez bons parce que par hasard ils ne sont pas méchants ? En quoi se sont-ils montrés bons pour vous? Parce qu'ils vous parent de belles robes, parce qu'ils vous donnent une belle jupe, un madras, un collier-choux, et
des bijoux en or, afin que tout le monde s'écrie : "Voyez comme madame et monsieur sont généreux pour leur esclave !". Mais ils ne vous les donnent même pas, ces objets Ils vous les prêtent, ils les pendent sur vous pour la parade ! Ces choses ne vous appartiennent pas. Vous n'avez le droit de rien posséder, même pas ce que je vous ai donné. Vous n'êtes qu'une esclave devant la loi vous êtes nue comme un ver. Vous n'avez pas le droit de devenir la femme de l'homme que vous avez choisi. Et, si vous étiez mère, vous n'auriez pas le droit de soigner votre enfant, bien que vous donniez la moitié de votre vie, et toute votre jeunesse, pour élever les enfants des
békés. Non, Youma ! Vous n'avez pas été élevée comme la fille de votre maîtresse. Pourquoi ne vous a-t-on jamais appris ce qu'on apprend aux jeunes filles blanches ? Pourquoi ne vous a-t-on pas enseigné à lire et à écrire ? Pourquoi vous garde-t-on esclave ? Bons pour vous ? Mais c'était leur intérêt, ma fille, vous les repayez aujourd'hui, puisque vous demeurez auprès d'eux, lorsque vous pourriez devenir libre avec moi.
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Ce que je vois devant moi est infiniment plus intéressant : un bosquet de cerisiers couvert de quelque chose d'inexprimablement beau - le brouillard éblouissant de fleurs blanches, à chaque rameau, comme des nuages d'été. Le sol dessous, le sentier devant moi, sont tout blancs de la neige épaisse, douce et odorante, de pétales tombés.
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La règle des préséances est appliquée doucement, et les enfants s'y soumettent gaîment, même dans les menus faits. Par exemple, aux repas, on sert d'abord le fils aîné, puis le cadet, ainsi de suite, sauf lorsqu'il s'agit d'un très petit enfant qui ne peut attendre son tour. C'est cette coutume, qui a donné lieu à un amusant sobriquet populaire, que l'on applique souvent en riant au fils cadet : on l'appelle Monsieur Riz-Froid. Comme il est obligé d'attendre que ses aînés et les bébés soient servis, sa portion de riz ne lui parvient généralement que très refroidie.
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Au cours de son premier grand voyage, Kwairyo visita la province de Kai, dans le centre-est du Japon. Un soir, l'obscurité le rattrapa alors qu'il se trouvait dans un district très reculé, à des lieues de tout village. Il se résigna donc à passer la nuit à la belle étoile. Ayant trouvé un endroit herbeux, il s'y étendit et se prépara à dormir. Il ne craignait pas l'inconfort et même un rocher nu ou la racine d'un pin lui convenait quand il n'avait pu trouver mieux. Son corps était encore robuste et ni la rosée, ni la pluie, ni le froid, ni la neige ne le dérangeaient.
Peu après qu'il se fut allongé, un homme passa par là.
- Qui êtes-vous, voyageur ? Ne craignez-vous pas de dormir seul dans un tel endroit ? Il est hanté par des monstres. Vous n'avez pas peur des créatures étranges et velues ?
- Mon brave, je suis simplement un moine errant. Je ne crains aucunement les créatures étranges et velues, si par-là vous entendez les gobelins-renards, gobelins-blaireaux et autres démons de ce genre. Je suis habitué à dormir à la belle étoile. Et j'ai appris à ne jamais avoir peur pour ma vie. Et puis, j'aime les endroits isolés ; ils sont propices à la méditation.

Extrait de "Nuke-kubi"
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Ces missionnaires portugais et espagnols n'avaient-ils pas appelé les dieux et les bouddhas des démons ? De pareilles doctrines devaient sûrement paraître subversives, fussent-elles même interprétées de la façon la plus adroite par leurs
apologistes ! D'ailleurs, la valeur d'une croyance en tant que force sociale peut se juger d'après ses fruits. Or cette croyance a été en Europe une cause incessante de désordres, de guerres, de persécutions et de cruautés atroces.
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Un idéogramme ne produit pas sur le cerveau japonais une impression similaire à celle créée dans le cerveau occidental par une lettre ou une combinaison de lettres — symboles mornes, inanimés de sons vocaux. Pour le cerveau japonais, un idéogramme est un tableau animé, qui vit, parle et gesticule. Et une rue japonaise est toute peuplée de caractères vivants de ce genre — figures qui crient aux yeux, mots qui sourient ou grimacent comme des visages. (p17)
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"Ah ! Bah !". Ce sont les premiers sons articulés par un bébé japonais ; mais ils sont purement orientaux et, en Romaji, devraient être écrits : "Aba". Et aba, en tant que parole instinctive est intéressante. C'est, dans le parler des petits Japonais, le mot qui signifie "adieu" - précisément le dernier qu'on s'attendrait à entendre prononcer par un enfant qui fait son entrée dans ce monde d'illusion. A qui, ou à quoi cette petite âme dit-elle adieu ? A des amis de quelque existence antérieure encore présente à sa mémoire ? Ou bien aux compagnons de son voyage spectral de l'on-ne-sait-où ? On peut ainsi sans crainte faire toutes ces pieuses hypothèses, l'enfant ne pourra jamais décider pour nous. Il aura oublié ce qu'étaient ses pensées à l'instant mystérieux de ses premières paroles, bien avant qu'il lui soit possible de répondre à nos questions.
[Le songe d'un jour d'été]
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Otsuka est un grand village pierreux, à l'aspect primitif, emprunt d'une rude énergie et, je regrette d'avoir à le dire, dont les habitants sont fort malhonnêtes, ce qui est une chose terrible à dire d'une ville japonaise ! J'ai visité à peu près cinquante villages japonais où j'ai été tout de suite en sympathie avec les habitants, et où même je me suis toujours fait aimer de quelques-uns d'entre eux.

Otsuka est la première exception que j'ai rencontrée. Imaginez-vous que les gens d'Otsuka interrompirent leur danse pour bombarder l'étranger avec de petites boulettes de sable et de boue, en criant : Bikki-bikki ! mots dont j'ignore la signification. Alors j'ai dû rebrousser chemin avec tous les habitants de Yabase.
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L'autre jour, j'ai donné à 72 élèves le sujet de composition suivant : "Qu'aimeriez-vous le plus au monde ?". Neuf des compositions contenaient en substance cette réponse : "Mourir pour notre empereur sacré !" N'est-ce pas noble et beau ? Et êtes-vous étonné après cela que j'aime le shintoïsme ?
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Il eût été inutile de l’enterrer, car le dernier vœu de vengeance d’une personne mourante peut faire éclater n’importe quelle tombe et soulever la pierre tombale la plus lourde. 
[Le chevaucheur du cadavre] 
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Il est écrit dans le livre de Soshinki que si l’on trouve le corps décapité d’un rokuro-kubi, on doit le transporter dans un autre endroit. La tête ne pourra plus jamais se joindre au corps. Le livre dit, en plus, que si la tête revient et ne trouve pas son corps, elle se cognera trois fois contre la terre, puis rebondira comme une balle, en haletant, en proie à une grande frayeur. Ensuite elle retombera inerte ! 
[Le fantôme à la tête coupée] 
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Un voyageur qui pénètre soudain dans une période de changement social, et en particulier dans un changement allant du passé féodal au présent démocratique, est porté à regretter la décadence des choses belles et la laideur des choses nouvelles. Je ne sais ce que je découvrirais au Japon. Mais aujourd'hui dans ces rues exotiques l'ancien et le nouveau se combinent si bien qu'ils semblent chacun se mettre réciproquement en valeur.
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Celui qui désire vraiment savoir ne doit point prendre plaisir à contempler les œuvres et les actions des hommes, ni à entendre leur propos, ni à observer le jeu de leurs passions et de leurs émotions. Tout cela n'est qu'une trame de fumée, un chatoiement de vapeur, impermanence, fantasmagorie.
Car les plaisirs que les hommes dénomment élevés, nobles ou sublimes, ne sont que des sensualités étendues, des faussetés plus subtiles, des floraisons d'égoïsme belles mais vénéneuses, toutes enracinées dans la fange ancienne des appétits et des désirs. Jouir de l'éclat radieux d'un jour sans nuages, voir les montagnes changer de teintes avec la rotation du soleil, regarder le déploiement des vagues, et les couchants se faner, ou trouver du charme dans l'épanouissement des fleurs, tout ceci n'appartient qu'aux sens. Et le plaisir d'observer les actions dénommées grandes, belles ou héroïques appartient également aux sens, puisqu'il est identique au plaisir d'imaginer des choses pour lesquelles les hommes peinent misérablement dans ce monde misérable : l'amour fugitif, la renommée, l'honneur, lesquels sont tous trois aussi vides que l'écume qui vole.
[... Et le temps lui-même est une illusion]
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Vous pouvez ne pas croire à la bonne aventure et même la mépriser, intellectuellement, mais il existe chez la plupart d'entre nous une tendance superstitieuse - et quelques expériences étranges peuvent s'adresser à cette tendance au point d'éveiller l'espoir ou la crainte les plus déraisonnables dans la bonne ou la mauvaise fortune que nous a promise un devin quelconque. Car ce serait un grand malheur de voir vraiment notre avenir. Imaginez ce qui résulterait si nous savions que d'ici deux mois nous devrons éprouver un terrible malheur contre lequel il nous est impossible de nous protéger.
[Celui que le passé désigna pour connaître l'avenir]
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Aujourd'hui, dans le Nouveau Japon, tout fonctionnaire à la tête d'un département
est responsable du travail régulier de son service. Cela ne signifie pas qu'il n'est
responsable que de la besogne utile d'un service ; sa responsabilité serait aussi
engagée s'il ne réussissait pas à satisfaire les désirs de la majorité de ses subordonnés. Si la majorité de ceux-ci est mécontente de son ministre, de son
gouverneur, de son président, de son chef ou de son directeur, ce mécontentement est considéré comme une preuve d'incompétence administrative.
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Un jour, comme il traversait le long pont de Seta, il aperçut, accroupi près du parapet, un être étrange. Le corps en était assez semblable au corps d’un homme, mais il était noir comme de l’encre. Le visage paraissait celui d’un démon avec des yeux verts comme des émeraudes, et la barbe pareille à celle d’un dragon. Tout d’abord, To-taro éprouva une grande frayeur. Mais les yeux verts le regardaient avec une expression si douce, qu’il hésita, puis osa interroger le monstre. Et celui-ci répondit :
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Si tu es pressé, fais un détour.
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