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Critiques de Laure Barachin (60)
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Les enfants du mal

LES ENFANTS DU MAL - Laure Barachin - Roman 2021 - Lu en février 2021



Petite fille abandonnée à la naissance en 1944, Capucine aura un parcours de vie particulièrement difficile ainsi que ses amis Chris, Samuel, et la petite Lucie, tous enfants en absence de parents pour différentes raisons et placés de foyer en famille d'accueil et famille adoptante.



Capucine est la narratrice de l'histoire. Devenue adulte, elle va découvrir le secret de sa naissance qui va bouleverser encore sa vie déjà bien pleine d'événements loin d'être très gais. Elle décide de mettre ses mots (maux) sur papier dans un cahier destiné à sa fille Aurore.



J'ai suivi le parcours de chacun de ces enfants en mal d'amour, toute la détresse du monde se lit dans les yeux de Lucie qui n'a que 5 ans et Capucine qui fait son possible pour l'aider dans ce foyer Les Lilas dans lequel ils vivent n'arrive pas à la faire parler," Lucie ne parle pas, ne pleure pas et ne rit pas non plus".



Capucine a une maturité qu'une enfant de 10 ans ne devrait pas avoir, pas d'insouciance dans sa vie, dans ses réflexions amères on sent qu'elle n'est pas dupe de l'hypocrisie des adultes qui l'entourent.



Qu'est-il arrivé à Lucie ?

Qu'est-il arrivé à Samuel ?

Qu'est il arrivé à Capucine et Chris ?



Les enfants doivent-ils payer les fautes de leurs parents ?



C'est la question que je me suis posée après la lecture du roman de Laure Barachin et j'ai pensé à cette magnifique chanson de Jacques Brel "Fils de..."

lien : https://www.youtube.com/watch?v=X70pqMQ9kg0



Une lecture pas toujours facile, toutes ces souffrances, mentales ou physiques que certains adultes font aux enfants sont difficilement supportables.



Merci Laure Barachin pour l'envoi de votre roman qui m'a fort touché.



Surtout continuez à prendre soin de vous et de ceux qui vous entourent









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Les enfants du mal

Je suis encore sous le choc en refermant Les Enfants du mal, sous le choc des dernières pages en même temps terribles et pleines d’espoir et d’amour.

Dès le début, Laure Barachin qui en est à son quatrième roman, m’a fait vivre le quotidien des enfants adoptés, placés, car abandonnés par leurs parents ou bien encore enlevés à leurs géniteurs devenus dangereux. Difficile pour eux d’être pleinement heureux car les questions qu’ils se posent ne trouvent pas de réponses.

Ici, Capucine raconte son histoire qui débute au Foyer des Lilas où elle partage sa chambre avec Lucie (5 ans) qui était violée par son père. Elle ne parle pas, ne va pas à l’école mais Capucine tente de lui apporter un peu de réconfort.

Au Foyer ou dans une famille d’accueil, Capucine (10 ans) côtoie Chris, un peu plus âgé, et Samuel (6 ans), enfant de parents juifs qui se sont suicidés après avoir échappé à la Shoah. Capucine a un père adoptif qui peut enfin la recueillir mais elle est obsédée par la réalité de ses origines qu’elle ignore et veut absolument connaître.

Le thème des Enfants du mal est bien posé car ces gosses héritent malgré eux d’un lourd passé que certains adultes n’ont de cesse de leur rappeler. Les années passent, les événements heureux ou malheureux se succèdent mais les révélations et les explications arrivent petit à petit. Laure Barachin maîtrise parfaitement son sujet et mène son roman jusqu’à la révélation choc qui transcende les dernières pages.

Nous sommes dans les années d’après-guerre car Capucine est née en 1944 et fut abandonnée, tout bébé, sur les marches d’une église. Adolescente rebelle, elle retrouve Chris avec qui elle se sent profondément liée depuis les années vécues au Foyer ou en famille d’accueil. Lui aussi a été repris par un beau-père alors qu’il sait que sa mère avait tenté de l’empoisonner alors qu’il était enfant.

Après Marseille, ces jeunes gens se retrouvent à Paris où ils font tous les deux des études de médecine, retrouvent Moshé Vigotski, père adoptif de Samuel qui, hélas, est devenu accro à la drogue. À partir de là, Laure Barachin entre dans une deuxième phase du roman qui monte énormément en intensité.

C’est palpitant, poignant surtout et il est tellement important de lire ce qu’elle écrit, ce qu’elle fait dire à ses personnages, malgré leurs doutes, leurs faiblesses et leurs colères. L’éclairage porté sur les anciens responsables nazis qui ont réussi à se faire oublier après la guerre est très instructif.

Au travers de ce que vivent Capucine et Chris, l’autrice fait passer un formidable message d’amour en faveur de tous les enfants, quels qu’ils soient. Le drame vécu par Capucine combat les préjugés, la fatalité, l’atavisme.

Je me souviens que certaines institutions religieuses, au moment d’inscrire un pensionnaire, se renseignaient sur la famille, les antécédents, le passé des parents, voire des grands-parents. À juste titre, Laure Barachin dédie son livre à tous ces enfants « persuadés d’être irrécupérables parce qu’ils sont des enfants du mal : d’assassins, de violeurs, de pédophiles et de tout ce que le monde peut contenir d’horreurs et de laideurs. »

Ce livre se termine par un grand message d’espoir et d’amour et j’en conseille vraiment la lecture.


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Les enfants du mal

Les Enfants du mal, peut se lire comme un roman d'aventures mais il est bien plus que cela. C'est un ouvrage qui amène à se poser de nombreuses questions sur le poids de l'hérédité, de l'éducation, du hasard des rencontres, sur l'objectivité de nos choix et c'est également un grand livre sur l'amitié, sur l'amour mais aussi sur la haine. Y est traité aussi et avant tout le thème de la quête des origines pour les enfants abandonnés, sans oublier et c'est le comble, ce sentiment de culpabilité que peuvent ressentir certains.

Laure Barachin aborde avec beaucoup de justesse, de tact, d'émotion et même de poésie des sujets cruciaux. Sous forme de fiction elle analyse les impacts et les différentes manières utilisées par « les enfants du mal », ces enfants de pédophiles, d'assassins, de criminels nazis, pour tenter chacun selon sa propre sensibilité et son propre environnement familial ou amical à faire face à ce terrible poids qui pèse sur leurs épaules et surtout dans leur tête.

Capucine est la narratrice et elle offre ce roman, écrit à partir de son journal d'enfant, à sa fille Aurore à qui elle dédie en exergue l'un des poèmes des Contemplations de Victor Hugo : « il fait froid », lui demandant de lui donner le sens et la valeur qu'elle voudra.

Au foyer des lilas, Capucine, cette enfant de 9 ans abandonnée à sa naissance partage sa chambre avec Lucie, 5 ans, qui ne parle pas, ne pleure pas, ne rit pas, à qui le père a imposé des choses qu'il aurait dû réserver à sa femme. Elles seront accueillies par la même famille d'accueil, les Legrand chez qui elles feront connaissance de deux garçons Chris, 14 ans que sa mère a voulu empoisonner et Samuel, 6 ans, petit garçon juif, rieur, nés de parents miraculés qui n'ont pu supporter ce cadeau empoisonné. Bien qu'issus d'horizons très différents, une solide amitié les liera et les aidera pour un temps, dans leur solitude respective, à oublier le manque ou l'absence de leurs parents. Que deviendront-ils ensuite au fil du temps ? Comment se construire lorsqu'on ne connaît pas ses origines et comment les intégrer lorsqu‘elles sont trop perturbantes ? Comment feront-ils face aux défis qui les attendent et à une réalité parfois différente de celle qu'ils pensaient ?

C'est un récit poignant que nous livre Laure Barachin, où l'amitié se révèle extrêmement importante pour ces enfants en manque de repères familiaux mais pourtant parfois insuffisante à réparer certains traumatismes. le point d'orgue étant cette découverte capitale mais ô combien noire et traumatisante pour Capucine, juste au moment où elle pensait, après maintes difficultés, avoir trouvé l'amour et la sérénité ! La vérité sur ses origines apporte-t-elle toujours le bonheur ?

J'ai beaucoup apprécié ce petit roman qui se lit d'une traite. Il nous permet une fois encore de réfléchir à ce vieux débat entre l'inné et l'acquis, notamment à propos du mal.

J'ai été sensible aux différents extraits de poèmes mis en exergue de certains chapitres et toujours en parfaite adéquation avec ceux-ci comme ces vers tirés des Métamorphoses d'Ovide ou encore ceux extraits des Femmes damnées de Baudelaire. de courts passages des Hauts de Hurle-Vents ou du Lys dans la vallée sont aussi présents et rehaussent encore l'écriture de l'auteure.

Ne reste plus qu'à attendre la sortie du deuxième tome de ce diptyque « le Mirage de la justice » !



Une très belle découverte pour laquelle je remercie sincèrement Laure Barachin, une écrivaine qui mérite une audience beaucoup plus large !


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Le mirage de la justice

Si j’avais un peu oublié Les Enfants du mal, j’ai vite replongé avec plaisir dans cette suite intitulée, avec beaucoup d’à-propos, Le Mirage de la justice.

Rapidement, Laure Barachin fait référence à son précédent livre, en rappelle certains événements essentiels, poursuivant l’aventure avec toujours de très intéressantes réflexions, de passionnantes discussions touchant au sens de la vie, à la religion et à la mort.

L’histoire oscille entre le début des années 2000 et la dernière décennie du XXe siècle. Je passe de Bombay, en Inde, à Rome, en Italie, avec un crochet par Marseille, après le récit du terrible accident qui coûta la vie aux parents d’Aurore, en 1978, dans les Pyrénées. Les freins du véhicule avaient été sabotés et la petite Aurore avait miraculeusement été sauvée.

En août 2001, à Bombay, Sœur Marie est en train de trier les affaires du bienfaiteur de sa congrégation, Mattia Bolucini, qui vient de mourir, à quarante ans, après avoir créé La Maison du Soleil afin de sauver de la rue, de la prostitution, des enfants comme Yselda.

Avec le premier cahier correspondant aux Enfants du mal, la religieuse commence à lire un second cahier dans lequel Aurore raconte et le roman de Laure Barachin est bien lancé.

Obsédée par l’accident qui a coûté la vie à ses parents médecins, Aurore est entrée dans la police italienne, devenant commissaire, ce qui suscite la jalousie de certains collègues aux relations pas très claires. C’est en faisant du bénévolat pour un centre d’hébergement de sans-abri qu’elle fait connaissance avec Mattia Bolucini qui, de procureur est devenu juge des investigations préliminaires. Rapidement, une amitié va naître et c’est là que tout se complique.

En effet, orpheline, Aurore dont le grand-père maternel est Italien, vit dans son pays depuis quatorze ans. Or, ce grand-père, Vincent Lombardi, a travaillé pour le père de Mattia, un homme d’affaires pas net du tout.

À partir de là, l’autrice me plonge dans le monde du trafic de drogue et de ses réseaux internationaux fort lucratifs. La quête d’Aurore pour connaître les responsables de la mort de ses parents commence à déranger fortement.

Si je ne peux guère en dire davantage pour ne rien divulgâcher, je me dois de souligner encore la qualité des débats et des discussions très philosophiques à propos de la vie, de la misère dans le monde et de ceux qui ne reculent devant rien pour accumuler les richesses.

Avec cela, Le Mirage de la justice mérite bien son titre car plusieurs exemples jalonnent le récit bien maîtrisé par Laure Barachin et prouvent que cette fameuse justice frappe d’abord les plus faibles et que ceux qui ont le pouvoir et l’argent n’hésitent pas à employer tous les moyens pour y échapper. Une fois de plus, cette fameuse balance censée la symboliser n’est jamais équilibrée.


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Les enfants du mal

Durant la fin de la guerre et après 1945 des milliers d'enfants ont été laissés-pour-compte qu'ils soient issus de viols ou de relations franco-allemandes durant l'occupation. Devenus adultes ils sont nombreux à partir en quête de leurs origines. C'est sur les traces de ce passé, de leur histoire douloureuse que Laure Barachin nous emmène.

On recense pas moins de 55000 enfants recueillis par l'Assistance Publique de Paris entre 1940 et 1944. Un chiffre qui fait froid dans le dos.



Dans son roman Laure Barachin donne la parole à ces enfants, les laissés-pour-compte, pupilles de la Nation, orphelins de guerre, qui en grandissant, comme Capucine le personnage principal du récit, doivent vivre avec la blessure profonde de ne pas savoir qui ils sont ni d'où ils viennent. C'est son histoire mais aussi celle de tous les autres, les anonymes, que Capucine a voulu transmettre à sa fille. Cette histoire et ses espoirs qu'elle a couchés sur les pages de son cahier, jour après jour, sous la forme d'une longue lettre adressée à Aurore qu'elle commence à rédiger en 1953 alors qu'elle est une petite fille de 9 ans, placée temporairement au foyer des Lilas après avoir été retirée à son père adoptif.



De ses premières années Capucine ne sait rien si ce n'est qu'elle a été abandonnée alors qu'elle n'était qu'un bébé devant le parvis de l'église d'Isigny-les-eaux. Pas de photos, pas de souvenirs, une page blanche sur laquelle seul subsiste un sentiment d'abandon et d'indifférence qu'elle tente de compenser en donnant de l'amour, beaucoup d'amour à Lucie, petite puce de 5 ans qui est devenue muette suite à un choc post-traumatique, déplorable conséquence des sévices monstrueux que lui ont infligés ses parents. Toutes les deux sont placées en famille d'accueil chez les Legrand, elles y rejoignent Christopher et Samuel avec lesquels elles vont former la fratrie, la famille qui leur manque tant.



Un récit divisé en trois parties dans lequel l'autrice a pris soin d'insérer citations et poèmes de grands écrivains tels que Victor Hugo (qui démarre magistralement la préface avec "Il fait froid"), Honoré de Balzac, Fiodor Dostoïevski, Emily Brontë et d'autres encore suivent pour faire écho à l'histoire. Dans la deuxième partie qui se déroule au début des années 70 à Paris nous retrouvons une Capucine plus apaisée et plus mature qui vient de décrocher brillamment son doctorat en pédiatrie et qui semble bien décidée à lever le voile sur le mystère qui entoure ses origines, quitte à déterrer les secrets effroyables qui sont enfouis depuis mai 1943 dans l'imposant manoir anglais où vivent la vieille Elizabeth de Chesterfield et sa fille aliénée, Rose-Mary. Mais ne vaut-il pas mieux parfois laisser les secrets bien gardés tant la vérité peut être inconcevable ?



Un roman fort et sensible, dont la narration va crescendo jusqu'au dénouement final, qui nous parle de l'héritage familial, celui que l'on ne choisit pas, les liens du sang. Quand on a que le poids du silence en héritage encore faut-il être capable de vivre avec. Un roman qui pose question quant au bien-fondé des protocoles d'éloignements abusifs entre l'enfant et le parent (adoptif ou non) et qui évoque également la difficulté de placement en famille d'accueil ou à l'adoption des enfants souffrant de handicaps comme la petite Lucie dont l'histoire terrible m'a énormément touchée car la différence fait peur et encore aujourd'hui en 2021 il est difficile de faire adopter un enfant différent et ces enfants en payent malheureusement le lourd tribut puisqu'ils se sentent doublement abandonnés et n'ont pour horizon que celui d'être ballottés de famille d'accueil en famille d'accueil et aussitôt qu'il y a un tant soit peu d'amour, on le leur reprend en les déplaçant pour ne pas qu'ils s'attachent.



Les enfants du mal, les enfants de personne, les laissés-pour-compte, les non désirés, les mal aimés, les rejetés, les abandonnés : Capucine, Christopher, Samuel, Lucie, ils n'ont pas ou si peu connu la guerre et pourtant ils portent malgré eux le lourd fardeau de la Shoah sur leurs frêles épaules. Les enfants du mal, les déportés, les massacrés, les torturés, les assassinés : Émilie, Maria, Schlomo, Jacob, décédés dans les camps à Auschwitz ou en chemin. Ces enfants d'Israël qui n'auront pas eu la chance de connaître la terre promise de leurs ancêtres, la terre de celui qui fut leur père, leur frère, Moshé Vigotska, qui lui devra finir ses jours avec le pire des traumatismes, celui d'avoir survécu aux siens. Son histoire m'a aussi bouleversée.



"Vous auriez sûrement préféré ne pas venir au monde mais vous avez tort car chaque vie est nécessaire. Tout être humain est libre de choisir entre le bien et le mal, vous y compris, loin des déterminations de l'hérédité. Vous êtes vous et non un mélange des caractéristiques de votre père et de votre mère. Votre existence sera ce que vous en ferez, vous serez ce que vous voudrez être". (p 206)



Un très très beau roman que je vous invite à lire pour ne pas oublier...

Merci infiniment Laure pour ta confiance.



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Le mirage de la justice

Le mirage de la justice - Laure Barachin - Roman - Lu en avril 2022.



Après avoir lu "Les enfants du mal" en 2021, j'ai voulu savoir ce qu'étaient devenus Capucine et Christopher (Chris) et voilà que Laure Barachin (Melpomène125 sur Babelio) m'a envoyé "Le mirage de la justice", roman dans lequel j'ai découvert ce qu'il leur était arrivé.



Ils se sont mariés, ils ont adopté une petite fille Aurore, ils sont morts lors d'un accident de voiture provoqué, laissant Aurore éjectée de la voiture sur le bas-côté de la route, qui ne garde en mémoire que la silhouette d'un homme portant des bottes qui la regarde et la laisse là.



La petite fille sera adoptée par le père de Chris, son grand-père adoptif et ira vivre à Rome. Elle fera des études qui la conduiront au titre de commissaire de police, car depuis l'accident, elle n'a de cesse de savoir pourquoi ses parents sont morts. Elle fera la rencontre de Mattia Bolucini, haut magistrat et l'épousera.



A eux deux, ils conduiront l'enquête qui les mènera à la vérité.



Laure Barachin nous entraîne alors dans les dédales de la justice, dans le milieu de la drogue, dans le milieu de la police avec toutes les interrogations que l'on se pose concernant ces milieux, et ce n'est pas toujours en leur faveur.



Cette enquête pleine de péripéties nous conduira à Bombay, avec Mattia, devenu veuf, qui, las de sa vie de magistrat décide d'aider financièrement et de sa personne les Soeurs de la Charité à créer la Maison du Soleil qui accueillera les enfants déshérités qui peuplent les rues de Bombay. Nous y découvriront la petite Yselda, 7 ans, petite fille destinée à la prostitution qui s'en sort doucement grâce à l'amour et l'humanité des soeurs et de leur bienfaiteur.



Laure Barachin nous décrit parfaitement les arcanes de la Justice, le milieu de la drogue , les petits jeux de pouvoir entre la magistrature, la police , les "indicateurs", et... les victimes, car oui, bien sûr il y a des victimes.



Mais l'autrice nous parle aussi d'amour, de résilience, de pardon, car rien n'est tout à fait noir ni tout à fait blanc dans la vie.



Le tout mené rondement, il y a de la recherche dans ce roman que j'ai lu en deux jours.



Je ne peux que vous conseiller de le lire et découvrir aussi les chroniques de quelques amis-es babélionautes qui l'ont lu.



Merci Laure pour cette belle lecture.







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Le rêve d'une vie meilleure

Qui n’a pas rêvé, un jour, d’une autre vie, d’une vie meilleure ?



N’est-ce qu’un rêve, est-il réalisable ? N’est-ce pas sagesse aussi de se contenter de ce que l’on a, d’apprendre à l’aimer et y trouver une forme de bonheur ?



Une petite méditation personnelle et d’actualité au moment des fêtes de fin d’année et des sempiternelles sages résolutions du Nouvel An.



Je profite de cette fin d’année 2022 et de cette nouvelle année 2023 qui s’annonce pour vous souhaiter le meilleur, selon vos rêves, mais de préférence en réalité tout de même ! 😊



Je voulais aussi remercier tous ceux qui ont pris le temps de lire un de mes livres, malgré leur emploi du temps chargé et leurs listes de lectures qui s’allongent sans cesse à chaque rentrée littéraire.



À Noël et pendant les fêtes de fin d’année, j’aime offrir des livres, réveiller ceux qui se sont endormis, parler de ceux qui, comme Le Rêve d'une vie meilleure, me tiennent à cœur, sans que je puisse dire pourquoi. Avec le recul, je le trouve même parfois assez sombre. Reflet de notre monde ou de mon état d’esprit ? Les deux peut-être. À mon humble avis, Le Chemin des Étoiles est plus optimiste. Quoique…



Peut-être me direz-vous si la curiosité vous pique et vous donne envie de découvrir l’histoire de Lisa ou l’histoire de Nadia et de son mari Hector qui rêvaient de changer de vie, de rompre avec le père de Nadia, complice de criminels et de mafieux.



En apparence, ce rêve s’est réalisé puisque Nadia est devenue enseignante et Hector conseiller financier mais où commence le crime et où s’arrête-t-il ? Que faire lorsqu’on a entre les mains des documents qui sont des preuves convoitées d’activités criminelles, en lien notamment avec l’Histoire de l’Érythrée ? Plusieurs articles de journaux m’ont fait découvrir la situation complexe de ce pays, je les ai référencés dans le roman, ainsi qu’un reportage intitulé « Voyage en Barbarie »



https://voyageenbarbarie.wordpress.com.



Bonne année à tous. Que les rêves qui vous tiennent le plus à cœur deviennent réalité.
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Le mirage de la justice

Le Mirage de la justice, titre donné à son sixième roman par Laure Barachin indique assez clairement le sujet dont il va être question dans ce livre, à savoir l'apparence séduisante et trompeuse que peut revêtir la justice. Si c'est une matière à discussion relativement complexe, l'auteure, par le biais de ce roman, composé de deux parties, a su de manière délicate et sensible et pourtant très pertinente mener à bien ce défi.

Dans la première, nous faisons connaissance avec Aurore, qui, à l'âge de 12 ans, en 1978, a perdu ses parents dans un accident de voiture. Présente, lors de ce terrible événement, elle a entr'aperçu un homme qui n'a pas prêté attention à elle. Malgré son témoignage, certes inconsistant, l'enquête n'a pas résolu ce problème bien qu'il ait été démontré que les freins avaient été trafiqués. le dossier finira par être relégué au rang des affaires non classées faute de pistes. Pour lui faire oublier, son grand-père l'emmènera alors vivre à Rome, au pays de ses ancêtres.

Mais Aurore reste profondément marquée par ces événements et surtout par les failles de la justice. C'est ce qui déterminera sa vocation à entrer dans la police. Si elle choisit ce métier, et devient commissaire, c'est vraiment par idéalisme « pour tenter de résoudre des énigmes et, ainsi, sortir les gens de la détresse dans laquelle ils s'enfoncent ».

Elle partage la même conception de la justice avec le procureur Mattia Bolucini qui, lui aussi, est un idéaliste et un humaniste invétéré. Amenés à se rencontrer sur certaines affaires, ils deviennent de plus en plus proches, souffrant tous deux de la même absence, celle d'un père et d'une mère. La mère de Mattia est décédée et, s'il a toujours son père, ses relations avec lui sont très conflictuelles.

Deux meurtres de commerçants vont peut-être permettre à Aurore, aidée de Mattia dont elle tombe irrémédiablement amoureuse, de trouver des liens avec la mort tragique de ses parents.

La deuxième partie emmène le lecteur bien loin de l'Italie, en Inde, à Bombay, caricature des inégalités sociales, où la moitié de la population vit dans un bidonville et où les enfants sont en danger permanent, physiquement et moralement. En dehors de la ville, près de la congrégation des Soeurs de la Charité, La Maison du Soleil est un édifice construit pour l'accueil des enfants, pour ces enfants de la rue, ces déshérités, pour qu'ils ne terminent pas leur vie allongés sur un trottoir, dans la plus totale indifférence et ainsi leur donner une deuxième chance dans la vie afin de réparer l'inégalité de naissance en leur offrant un hébergement, la possibilité de s'instruire et aussi un peu d'affection. Une seconde chance peut-être pour ceux qui mendient et se prostituent sur les trottoirs de Bombay, qui travaillent comme des forçats afin de gagner misérablement leur vie. Un très beau portrait, fort et marquant d'une de ces enfants est brossé sous les traits d'Yselda.

Ces deux parties sont bien évidemment reliées entre elles et la seconde nous permet d'ailleurs de connaître la suite des péripéties survenues à ce couple si complémentaire.

Ce roman a l'immense mérite de poser de nombreuses questions sur le déterminisme social, sur la responsabilité de la société, sur les codes sociaux, sur le vide affectif et ses conséquences, sur le monde des affaires et bien entendu sur la fragilité de la justice humaine, thème central du roman.

Il montre également comment par nos choix et nos engagements, nous pouvons, non pas éradiquer l'injustice et la misère, mais tendre à améliorer le sort des plus défavorisés.

J'avais beaucoup apprécié Les Enfants du mal, le roman précédent de Laure Barachin. Une fois encore j'ai été conquise par son écriture fluide, précise, toute en sensibilité et la justesse du ton dans la confrontation des idées.

Un seul petit bémol : il me semble que, plutôt que faire des allusions à l'originalité que présentait le couple formé par les parents d'Aurore, sans la préciser, il eut peut-être été plus simple de la dévoiler pour une meilleure compréhension du lecteur. Aurore étant la fille de Capucine et Chris, ces enfants qui m'avaient tellement bouleversée dans Les Enfants du mal. Mais, ça peut être aussi une incitation à le découvrir pour ceux qui n'auraient pas eu la chance de le lire.

Le Mirage de la justice est non seulement un roman sur ce qu'est la notion de justice mais il est également, un roman d'amour, un roman d'aventure et un thriller haletant avec un suspense omniprésent, tout en nous immergeant dans différentes questions sociétales !

Si vous ne connaissez pas encore Laure Barachin, il est temps de remédier à cette carence en vous plongeant dans ce superbe roman qu'est le Mirage de la justice.

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Les enfants du mal

L'adoption, les enfants abandonnés, la quête des origines, des secrets liés à la Seconde Guerre mondiale et la traque des anciens criminels nazis sont au coeur de ce roman.

Il existe un service à Ludwigsburg, en Allemagne, créé en 1958, qui s'est occupé de ce genre d'enquête.



Est-on mauvais de naissance, par l'hérédité ? C'est le vieux débat entre l'inné et l'acquis, qui préserve le libre-arbitre, la volonté individuelle. C'est une réflexion qui me taraude : d'où vient le mal, au sens métaphysique, où commence-t-il et pourquoi ?



Comme j'ai besoin de transformer la réalité en fiction, ces questionnements ont donné naissance à ce livre Les Enfant du mal qui est le récit d'une maman Capucine à sa fille Aurore pour tenter de dire l'indicible mais c'est aussi un message d'amour et d'espoir. Comment se construire quand on ne sait pas d'où l'on vient ? Connaître la vérité sur ses origines rend-il forcément plus heureux ?



Les Enfants du mal est conçu comme un diptyque. Le premier tome Les Enfants du mal est consacré à l'histoire de Capucine et de son mari, le deuxième le Mirage de la justice à celle d'Aurore et de Mattia, son époux.



Comment faire face quand on est enfant du mal, d'assassins, de criminels, de pédophiles ? Comment agir pour essayer de résorber l'inégalité de naissance et tenter de sauver, protéger ces enfants ? La notion de justice existe-t-elle seulement, à quels genres de compromis (voire de compromissions) faut-il se résoudre pour parvenir à ses fins ?



C'est le dilemme auquel sera confronté Mattia, le mari d'Aurore, un magistrat idéaliste, qui a une très haute idée de la justice et ne peut se résoudre à voir des enfants souffrir et des criminels impunis.



En ces temps de confinement, je me suis remise à écrire. J'aime raconter des histoires et les offrir à mes proches. Des babélionautes (ils se reconnaîtront) m'ont demandé où j'en étais de mes projets d'écriture, si j'avais en préparation un nouveau roman. J'espère avoir satisfait leur curiosité.



En ce mois de janvier, j'avais envie de vous souhaiter une bonne année pleine de joie, de concrétisation de vos espérances (le rêve d'un monde meilleur, plus juste et fraternel) et d'évoquer avec vous ces livres qui me tiennent à cœur.


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Le chemin des étoiles

"Jécris seulement si quelque chose me coule du coeur jusqu'aux mains". Cette citation de Christian Bobin s'est imposée à moi à la lecture des dernières pages de cet ouvrage, tant les propos de l'auteure exsudent de sincérité. Les phrases s'enchainent, défilent, propulsées par un souffle ininterrompu, c'est un cri du coeur. L'urgence émane de ce réquisitoire, réquisitoire qui n'a rien d'utopique, car l'auteure n'aspire pas à un monde parfait, elle aspire simplement à un monde meilleur. Laure Barachin exhorte chacun d'entre nous à rêver. Rêver de ce que bon nous semble, rêver envers et contre tout, rêver au mépris des souffrances qui sont passées dans notre coeur ou qui s'y sont inscrites, mais rêver. "Car les fous, eux ne rêvent pas. Ils délirent".

C'est justement une des folies auxquelles s'est livrée l'humanité que nous remémore l'auteure, par le biais de ce très beau roman qu'est "Le chemin des étoiles ".

Lisa, jeune afro-américaine qui, enfant, avait dû fuir l'Alabama en compagnie de sa mère, entreprend d'y retourner à l'âge de vingt-quatre ans. Pourquoi ce père, qu'elle a hélas si peu connu, a-t-il été lynché ? Était-il vraiment coupable de ce crime qui lui a coûté la vie...

Je ne peux m'empêcher d'être admirative face à la capacité qu'ont certains auteurs à forger des fictions tout droit sorties de leur imaginaire, et je dois dire que sur ce point, j'ai été comblée. Non seulement Laure Barachin est de ces écrivains qui soignent leur écriture, mais elle peut se féliciter de la fécondité de son imagination.

La quête de Lisa amènera le lecteur à remonter les décennies, à "rencontrer" des êtres qui ne sont plus, à découvrir l'existence qu'ils ont menée, et à comprendre par quel truchement, par quel enchainement de faits est survenu ce jour qui pour ce jeune père de famille, fut un bien funeste jour.

L'auteure retrace une période sombre de notre Histoire, mais nombreux sont les sujets abordés. L'éducation, l'incidence que peut avoir un climat familial violent sur la personnalité des enfants, adultes en devenir, le rapport à la mère, la lâcheté, la complexité des sentiments gémellaires et j'en passe. Et comme jamais je ne ferme un roman sans me trouver "matière à réflexion ", je mettrai fin à ma critique et me pencherai sur la question suivante : "Jusqu'où, je ne dirai pas "pouvons-nous aller", mais "sommes-nous autorisés à aller" par amour et par respect pour nos proches ? L'amour signifie-t-il que nous devons tout leur sacrifier ?...

Qui sait ? s'il succombe à l'envie de lire "le chemin des étoiles " qui, vous l'aurez compris, m'a énormément plu, un de mes amis lecteurs aura peut-être la réponse ?...
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Les enfants du mal

Laure Barachin était une autrice inconnue pour moi, jusqu'à ce qu'elle me propose de lire son livre

« Les enfants du mal ». Je la remercie infiniment.



Cette lecture bouleversante m'a laissé silencieuse pendant plusieurs jours avant que je ne puisse écrire un mot.



Mes neurones se sont toujours triturées autour des mots abandon, abandonner : Don, Donner…



Qu'est ce qu'un enfant peut donner, recevoir, comment va-t-il se construire face à l'inconnu de ses origines ?



C'est le thème douloureux des enfants du mal.



En 1944, Capucine dès sa naissance est délaissée par ses parents. Adulte, elle écrit le récit de sa vie pour sa petite fille Aurore afin qu'elle comprenne…



Le foyer les Lilas accueille notamment Capucine 10 ans, Chris un peu plus âgé, Samuel 6 ans, et la petite Lucie 5 ans. Tous ont été trouvés en danger. Qui sont leurs parents ?



Ils éprouvent un mal être lié à leur solitude, à leur mémoire traumatique face à des adultes peu enclins à l'affection.



Une amitié indéfectible va naître entre ces enfants, c'est un socle pour avancer malgré les difficultés, la cruauté de leur passé qu'il garde ou découvre au fur et à mesure de leur vie.



La filiation, la quête identitaire, la recherche de ses géniteurs est au centre de leurs préoccupations et vont ponctuer leur vie et l'impacter. Il y aura des joies et des frayeurs, des moments heureux, dramatiques.



Quel va être le destin de ces enfants ?



Laure Barachin nous entraîne dans un tourbillon d'émotions…



Une écriture déchirante, crédible, belle, malgré la gravité du sujet. L'auteur sait nous tenir en haleine et il n'est pas question d'abandonner et de laisser le destin se sceller sans avoir tout compris de leur histoire.



De part mon métier, j'ai rencontré des enfants nés sous secret , dont certains parents heureusement, revenaient sur leur décision. D'autres à l'âge adulte, recherchaient des éléments de leur histoire. Je me souviens d'un enfant adopté qui a été abandonné, d'un jumeau qui recherchait son autre resté avec ses parents…

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Le chemin des étoiles

Très intéressée par le sort réservé aux Noirs aux Etats-Unis après la guerre civile, j'ai lu avec grand plaisir le Chemin des Etoiles de Laure Barachin, vanté dans la critique attractive de Kielosa.



L'abolition de l'esclavage date de 1865. Dans l'état d'Alabama, comme dans les autres états sudistes, les Blancs n'acceptent pas le nouveau statut des Noirs, ils leur refusent toute émancipation et certains, plus rabiques et haineux encore, créent le tristement célèbre Ku Klux Klan qui se charge d'incendier les parcelles des gens de couleur et de lyncher ceux qui osent contester leur autorité.



Ce livre commence en 1950. L'Alabama n'a certainement pas été choisi au hasard. C'est dans cet Etat que Rosa Parks a refusé de céder sa place dans un bus à un Blanc, geste qui a été à l'origine d'un boycott d'un an des bus de la ville, c'est de l'entité de Selma que Martin Luther King a entamé ses trois célèbres marches vers Montgomery pour revendiquer les droits civiques et lutter contre la ségrégation et la discrimination raciales. C'est là aussi que Ruby Bridges, 6 ans, devint la première petite fille noire inscrite dans une école jusque-là réservée aux Blancs. Je n'ai jamais oublié cette reproduction, que j'avais dans ma chambre, de l'illustrateur Norman Rockwell, intitulée « The problem we all live with » qui montre cette petite fille en robe blanche, cahier à la main, marchant le long d'un mur dégradé par un graffiti raciste et des tomates éclatées, escortée par quatre gardes fédéraux



Le lynchage et le racisme sont les moteurs de ce livre qui s'ouvre sur une page douloureuse et énigmatique pour Lisa, l'héroïne. Elle avait trois ans lorsque son père a été pendu pour viol et assassinat, et qu'elle a dû fuir l'Alabama avec sa mère pour se réfugier à Harlem (New York). Sa mère ne lui a jamais parlé des faits et, en 1970, lorsqu'elle meurt, Lisa décide de retrouver ses racines, la vérité sur son père ainsi que la réalité d'un racisme loin d'avoir disparu.



Arrivée à Charleyville où elle est scrutée et accueillie avec méfiance quand elle décline son identité, elle trouve à se loger dans l'ancienne habitation de ses parents où vit désormais une vieille dame peu aimable qui finira par adoucir ses contours au fil des pages et réservera bien des surprises. Devant le silence embarrassé des habitants, Lisa épluche la presse locale des vingt dernières années et constate des morts suspectes tous les sept ans, le 4 juillet, jour de la fête d'Indépendance. Peu de gens l'aident dans ses démarches car personne ne veut réveiller les morts, pas plus que les souvenirs ou même la vérité, et encore moins la haine qui sévit toujours dans une maison voisine.



Sans rien révéler de plus, je dirai que j'ai suivi le déroulement de cette saga avec une certaine fébrilité, les rebondissements des divers personnages entraînant des remous violents qui, s'ils sont prévisibles, n'en sont pas moins fort bien amenés, et écrits de manière à susciter l'envie d'avaler les pages pour en connaître l'issue, en plus de quelques trouvailles originales et surprenantes.



Le Chemin des étoiles est un lieu-dit où se rencontraient tous les amoureux pour admirer le ciel d'été et se jurer des serments enflammés sous le grand arbre qui s'élevait au-dessus de la colline. C'était avant la pendaison du père de Lisa.



Bravo Laure Barachin pour cette fiction qui est cependant fort proche de réalités « d'époque ». D'ailleurs, vous annoncez que c'est un fait divers d'avril 1992 qui a réveillé les cauchemars enfouis de Lisa. Ce fait émanait du procès de quatre policiers blancs ayant tabassé un Afro-américain roulant en état d'ébriété et dont la presse s'était fait largement l'écho.



Donner en épilogue quelques phrases du discours historique de Martin Luther King « I have a dream » à Washington en 1963, est un bel hommage aux efforts considérables et répétés, souvent dramatiques et exacerbés, de ceux qui ont lutté contre la discrimination, la pauvreté et le manque d'instruction. Et qui continuent….
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Le mirage de la justice



Vous arrive-t-il de vous sentir triste quand vous terminez un livre ? Vous tournez la dernière page de ce livre qui vous a accompagné depuis plusieurs jours et voilà c'est fini, les personnages auxquels vous vous êtes attachés, auxquels vous avez donné une silhouette, un visage, un regard, un sourire vont désormais vivre dans l'imaginaire d'autres lecteurs. Comme me disait récemment sous une de mes citations mon amie Francine : c'est toujours avec plaisir qu'on retrouve un vieil ami qu'on avait perdu de vue, c'est exactement le sentiment que j'ai eu en ouvrant le roman de Laure Barachin puisque j'avais laissé Capucine et Christopher, les deux personnages principaux de son précédent roman "Les enfants du Mal", suivre le cours de leur vie, une vie pleine d'espoir et de promesses car il n'y a rien de plus beau que d'accueillir un enfant au sein d'une famille.



Je ne qualifierai pas ce roman de "suite" car il peut être aisément lu sans avoir eu vent de l'histoire de Capucine mais si comme moi vous avez eu le plaisir de partager un pan de son existence alors forcément que les personnages de ce récit vous toucheront d'une manière particulière. En ouvrant ce roman je trépignais d'impatience de savoir ce qu'étaient devenus mes vieux amis. La vie leur avait-elle enfin souri ? Avait-elle décidé d'être plus douce avec eux ? Pour ma part j'en étais persuadée...



Douce la vie le fut certainement jusqu'en 1978 puisque j'apprends qu'ils sont devenus tous deux de brillants médecins, deux belles personnes avec des valeurs et surtout ils ont pris la décision d'adopter Aurore. Comment pouvait-il en être autrement après ce qu'ils avaient vécu au foyer des Lilas ? Malheureusement Aurore, à qui s'adressait sa maman dans une longue lettre pleine d'amour dans le précédent titre, n'aura pas eu le temps, ou si peu, de profiter de l'affection de ses parents adoptifs, le sort tragique en ayant décidé autrement en ce jour funeste du mois d'avril 1978 durant lequel ils décèdent tous les deux dans un accident de voiture sur une route des Pyrénées après qu'on a délibérément saboté les freins du véhicule. L'enquête n'aboutira jamais et cela malgré le témoignage d'Aurore qui a aperçu un homme sur les lieux du drame et ne devra d'avoir la vie sauve qu'au sacrifice de ses parents. Une enquête certainement bâclée ou passée sous silence et c'est bien là tout le drame de ce roman : justice n'a pas été faite, celui qui aurait dû payer est resté en liberté, en découleront des évènements irrémédiables qui modifieront le cours de l'existence d'Aurore. Aurore que nous retrouvons quatorze ans plus tard en 1992 à Rome, elle a pansé ses blessures tant bien que mal auprès de son grand-père paternel Ettore Dellamaria et à force de courage et d'amour elle est parvenue à se construire, à 26 ans elle exerce le métier de commissaire, certainement le moyen pour elle de se faire justice, celle qu'on ne lui a pas accordée en 1978 et c'est donc elle qui reprend le flambeau de l'écriture après sa chère maman en consignant à son tour par écrit sa toute jeune existence et en nous racontant sa rencontre avec l'amour en la personne de Mattia Bolucini, jeune magistrat, fils de l'éminent Diego Bolucini, figure notoire de la haute bourgeoisie aussi connu pour ne pas être avare quand il s'agit d'user de ficelles illégales et de magouilles en tous genres pour faire prospérer ses affaires. Un amour naissant mais aussitôt obscurci par une série de meurtres sur fond de trafic de drogue sur lesquels Aurore va devoir enquêter mais n'est-il pas dangereux de chercher à tout prix la vérité quand on est impliqué personnellement sans le savoir dans une affaire ?



Une intrigue menée tambour battant, une première partie relative à l'enquête policière et une deuxième partie plus spirituelle : le temps venu de la rédemption, de l'acception et du pardon, qui m'a particulièrement touchée tout comme les passages qui se déroulent en Inde à Bombay, j'ai également été très sensible à l'histoire de la petite Yselda. Avec ce récit Laure Barachin nous offre une belle histoire, que l'on soit à Rome, Marseille ou Bombay il sera toujours question de justice, la justice que chacun se doit de faire, pour les autres ou pour soi car sans ça la vie ne saurait continuer, faire justice pour pouvoir accepter et pardonner. Mais comment lutter pour que justice soit faite quand cette même justice est corrompue, gangrénée jusqu'à l'os ? Que ceux qui en sont les plus dignes représentants nourrissent en toute impunité les trafics de drogue, le blanchiment d'argent sale ?



Pauvre Aurore... La vérité peut s'avérer être un poison qui vous tue à petit feu ou qui se retourne contre vous sans prévenir pour vous asséner le coup fatal sans que vous n'ayez rien vu venir. Dans ce roman la vérité n'est pas celle que l'on croit, de 1943 à 1992 cette vérité n'aura eu de cesse de hanter les femmes de la famille Chesterfield-Dellamaria, si courageuses, si combattives mais toutes marquées par le sceau de la malédiction, celle de s'être trouvées au mauvais endroit au mauvais moment et d'avoir cherché à déterrer des secrets enfouis depuis bien trop longtemps. Alors peut-être bien que l'on porte le poids de son histoire familiale jusqu'à la fin de sa vie ; peut-être bien que quand on a été un "Enfant du Mal" on le reste aussi toute sa vie et que nos enfants en portent les marques invisibles tout comme les Harijans, les Fils de Dieu, les intouchables en Inde qui à leur manière portent le sceau de leur malédiction.



Cinq étoiles pour un roman qui le mérite amplement, la plume de Laure Barachin est sensible, profondément humaine avec des valeurs qui sont aussi les miennes. De beaux personnages, certains nous quitteront trop tôt, d'autres resteront pour que l'histoire puisse continuer comme ces deux vieillards dont les jours sont comptés et qui désormais devront vivre avec le poids des regrets et le coeur rongé par l'absence.



"Ici commence une autre histoire,

celle de la lente rénovation d'un homme,

de sa régénération progressive,

de son passage graduel d'un monde à un autre,

de sa connaissance progressive

d'une réalité totalement ignorée jusque-là."

(Crime et châtiment, Dostoïevski) p 113.







* Un grand merci Laure pour ta confiance.

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Les enfants du mal



Ce cinquième ouvrage de notre amie Melpomene125 sur Babelio est aussi son oeuvre la plus ambitieuse. Son roman des valeurs humaines fondamentales, tel l'amour, la bonté, la foi et la justice a dû représenter un défi considérable, même pour une jeune dame qui a déjà prouvé quatre fois qu'elle sait approfondir la complexité des relations humaines. Et disons-le tout de suite : ce défi, elle l'a gagné haut la main.



Au fur et à mesure de la lecture de son dernier-né, "Les Enfants du mal", on se rend compte que cet ouvrage est le fruit d'un long processus de lecture et de réflexion par l'auteure sur notre sort dans ce monde hélas souvent impitoyable et cruel.



Laure Barachin a eu l'idée originale d'aborder ces valeurs à partir de l'environnement et l'expérience d'une gamine, née en 1944, et que nous pouvons suivre, pas à pas, de sa prime enfance, en passant par l'adolescence à l'âge adulte. Ce procédé a permis à l'auteure de cerner nos valeurs sous des angles différents, qui dans son récit se développement et progressent, par des hauts et des bas, vers une vue harmonieuse d'ensemble.



Des hauts et des bas parce qu'il ne s'agit pas d'un ouvrage de philosophie ou de psychologie abstraite, mais d'un récit de plusieurs personnages et leurs interactions dans le temps.



Ces personnages gravitent autour de la figure centrale, au beau nom de Capucine, dont les origines sont obscures, et qui provoque des sentiments soit de sympathie, soit d'hostilité.

Puis, il y a Cristopher ou Chris, son amour ; la petite Lucie, qu'elle essaie de sauver et Samuel, un Juif dont l'existence connaît une trajectoire également tragique.



Ces 4 personnes se sont connues comme gosses au "Foyer des Lilas", un institut pour enfants abandonnés. Il m'est cependant interdit de dire quoi que ce soit de leur évolution sans trahir le récit superbement conçu par l'auteure, qui de surprise en surprise nous tient en haleine du début jusqu'à la fin.



Le style et la langue de Laure Barachin, diplômée de Lettres modernes, sont comme toujours particulièrement soigné et agréable à lire.



Que notre Laure ait reçu le premier exemplaire de son roman de l'imprimeur silésien (de Wroclaw en Pologne) pour son anniversaire (le 4 janvier) est peut-être une anecdote amusante, mais j'estime qu'il est grand temps qu'un éditeur français établi s'occupe de l'oeuvre de notre amie.

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Les enfants du mal

"Amour, hélas, ne prend jamais qu'un seul M.

Faute de frappe, on écrit haine pour aime."

(Gainsbourg)



Faute de frappe, ou faute de naissance...

Qui sont ces "enfants du mal" ? Les chemins de nos vies peuvent être confortablement pavés, ou encore tortueux et sombres, avec leurs deux bouts - le passé et le futur - noyés dans l'obscurité. Même si on trouve assez de volonté et de lumière pour éclairer les tournants à venir, ceux du passé restent souvent tapissés de suie collante à l'odeur désagréable. Or, s'il y a une chose que l'on ne peut pas influencer, c'est bien notre naissance.



Les enfants du foyer des Lilas n'ont pas eu de chance. Tous nés vers la fin de la guerre, Capucine est une enfant abandonnée sur le parvis d'une église, la mère de Christopher a sombré dans une folie violente, les parents de Samuel n'ont pas pu supporter leurs souvenirs de l'holocauste, et la petite Lucie, réfugiée dans le mutisme, est une enfant abusée. Quelle est donc leur faute, qui provoque ce regard méfiant des autres, doublé de l'arrière-pensée que la pomme ne tombe jamais loin du pommier ?

Voici une des questions soulevées par Laure Barachin : quand on reçoit pour tout héritage un passé lourd, à quel point fait-il partie de nous ? Le "mal" peut-il être héréditaire ?

Malgré leurs destins divers, tous ces enfants ont une chose en commun. Ballottés entre le foyer et d'une famille d'accueil à l'autre, ils ne demandent qu'à donner un peu d'amour, du moins autant qu'ils en sont encore capables, à celui qui voudrait bien en recevoir. Les candidats ne sont malheureusement pas nombreux, mais d'autant plus fort devient l'attachement entre nos quatre compères. Avant de quitter le foyer, pour le meilleur et pour le pire...



Le roman est conçu comme les mémoires de Capucine, destinées à sa fille Aurore : son passé devient ainsi un prologue à l'histoire d'Aurore, qui, elle, aura une chance de connaître le secret de ses origines. Celles de Capucine feront objet d'une ardue quête d'identité, en compagnie de Chris, son chevalier vaillant, tant de fois perdu et retrouvé. Sont-ils vraiment faits l'un pour l'autre ? Auront-ils enfin en peu de répit, dans ce monde féroce qui va avaler Lucie, qui va avaler Samuel, qui apporte tant de questions personnelles sur leur véritable valeur en tant qu'être humain, sur la vengeance et le pardon ?

Des archives violées du foyer des Lilas, en passant par les douloureux souvenirs et les révélations du vieux Mosché, le père adoptif de Sam, de l'Angleterre jusqu'à Ludwigsburg en Allemagne (avec son service spécialisé dans la traque des anciens nazis), Capucine trouvera ses réponses. Sur ses parents, mais aussi sur l'hypothétique "faute" qu'elle porte en elle. Car, pour citer l'humaniste S. Rougier, "la vraie faute, c'est quoi ? C'est de ne pas aimer, c'est de manquer d'amour ! C'est rendre l'autre malheureux, le juger, le condamner, ne pas lui permettre de s'épanouir, de s'accomplir."

C'est donc une faute qui devient tout à fait réparable, si on en trouve encore la force, grâce au soutien d'un autre.



Si j'ai beaucoup aimé le scénario très adroitement ficelé, j'avoue que j'étais un peu moins convaincue par le style. Pourtant, je ne saurais dire pourquoi... peut-être pas assez affirmé, ni assez surprenant, à mon goût ? L'histoire est écrite avec entrain et avec beaucoup de sincérité qui me touchent profondément, mais il se peut qu'elle soit un peu ambitieuse pour ses 180 pages, et de ce fait on a à peine le temps de digérer certains épisodes, ou de s'attacher vraiment aux personnages. Parfois j'ai trouvé que les dialogues manquent de naturel, que certaines situations sont résolues par un étrange deus ex machina, et que l'ironie n'est pas toujours employée à bon escient. Mais malgré ces réserves, c'était une agréable lecture, qui soulève beaucoup de questions importantes. Une lecture utile.

3,5/5, et un grand merci à Laure, conteuse passionnée et pleine de ressources !
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Le mirage de la justice



Recevoir un livre de notre amie Laure Barachin - Melpomene125 sur Babelio - est un évènement à marquer d’une pierre blanche.

Je me souviens parfaitement du premier roman que j’ai lu d’elle "Le chemin des étoiles", en juin 2017 lorsque je venais à peine de débarquer sur notre site de lecteurs.

Entretemps, notre Laure en est à son sixième livre qui, comme les cinq précédents, séduit par sa belle couverture et un titre évocateur qui suscite la curiosité. Quoique le titre ne soulèvera probablement pas l’enthousiasme du garde des Sceaux à Paris.



Le roman pose la question des valeurs fondamentales de l’être humain, tant qu’en individu que membre de l’humanité globale. Il aborde la notion de justice, comme le titre le laisse imaginer bien sûr, mais également les choix vitaux et engagements personnels envers ses concitoyens.



Une option évidemment très ambitieuse pour tout écrivain-e et qui, à mon avis, présuppose des personnages réels soutenus par une histoire logique et captivante.



Laure Barachin a relevé ce défi haut la main, car ses personnages sont des gens comme vous et moi qui évoluent dans un récit qui force la lectrice et le lecteur à tourner les pages jusqu’à la dernière, la 205ème dans cette première édition.



Aurore, 12 ans, est sortie vivante d’un accident de voiture terrible qui, dans les Pyrénées en 1978, a coûté la vie à ses parents adoptifs. Si la police a réussi à établir que la cause de la chute de la voiture dans un ravin est due à un acte criminel, la manipulation du système de freinage, elle a échoué cependant à trouver le meurtrier.



Ce sera cette injustice qui incitera Aurore à suivre des cours à l’école nationale supérieure de la police et à devenir inspectrice 14 ans plus tard : arrêter le responsable de la mort de ses parents médecins et le traduire devant une cour de justice.



Assistée de Mattia Bolucini, juge d’instruction, elle va mener son enquête et tomber amoureuse de ce magistrat.



Est-ce que notre jeune commissaire réussira-t-elle un double coup : professionnel et affectif ?



Il m’est impossible de présenter la deuxième partie du livre sans risque de dévoiler des éléments cruciaux sur le dénouement de la première partie, ce qui, bien entendu, serait impardonnable.



Sachez pourtant que l’auteure nous emmène quelques années plus tard à l’autre bout du monde, en Inde, et plus précisément à Bombay, l’actuelle Mumbai avec ses presque 13 millions d’habitants où la pauvreté et la misère humaine défient notre imagination d’Occidentaux gâtés.



Laure a sans doute été inspirée par la vie exemplaire de Mère Teresa, née en 1910 dans l’Empire ottoman et morte en 1997 comme missionnaire en Inde, à Calcutta, prix Nobel de la paix en 1979, béatifiée en 2003 et canonisée par le pape en 2016.



Même si les protagonistes du roman ne sont pas exactement des saints leur engagement à secourir les plus démunis du globe relève de la même nobilité humaine.



La description du sort de la petite Yselda de Bombay, prostituée à l’âge de 7 ans, est extraordinairement émouvante.



Comme diplômée en Lettres, notre amie connaît ses classiques et manie une langue riche et pure dans un style clair et littéraire.



Je ne peux que répéter la conclusion de mon billet de son ouvrage "Les enfants du mal" d’il y a tout juste un an, en janvier 2021, qu’il est vraiment grand temps qu’un des grands éditeurs de France s’occupe activement de l’oeuvre de Laure Barachin !

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Le chemin des étoiles

En 1992, des émeutes sans précédent éclatent à Los Angeles, après l’acquittement des policiers blancs qui, au terme d’une poursuite pour excès de vitesse, s’étaient violemment acharnés sur le délinquant noir Rodney King. Ces évènements renvoient la narratrice, Lisa, enseignante noire à New York, à son propre passé et à celui de sa famille. Vingt ans plus tôt, après le décès de sa mère, elle avait entrepris de revenir en Alabama pour tenter de comprendre le drame qui s’y était déroulé en 1950 : son père, accusé du viol et de la mort d’une jeune fille blanche, avait été lynché par pendaison, puis Lisa et sa mère contraintes de fuir vers New York.





L’histoire fictive de Lisa et des siens est l’occasion de revenir sur un siècle de violences racistes aux Etats-Unis, au travers de quatre générations d’une famille noire. Si le drame relaté trouve son point d’orgue dans les années cinquante avec le lynchage, en toute impunité, d’un homme désigné d’office comme coupable idéal, c’est bien toute la continuité de la ségrégation et de ses déchaînements jusqu’à nos jours qui est pointée du doigt dans ce récit. Des séquelles de l’esclavage aux violences policières contemporaines, du KKK aux survivances actuelles du suprémacisme blanc, transparaît au fil des décennies le poids d’un héritage qui n’en finit pas de déchirer la société américaine. Comment croire encore aux messages d’espoir et au rêve de Martin Luther King, quand la fracture raciale continue, comme une fatalité, à condamner une grande partie de la population noire américaine à la pauvreté, au chômage, à la prison et aux « bavures policières » ? Face à l’engrenage sans fin de la violence, alors qu’un nouveau palier semble franchi avec les émeutes de ces dernières années, l’auteur veut espérer encore et nous inciter à faire de même.





Son plaidoyer vient couronner un récit qui entretient la tension autant par la distillation progressive des révélations que par le climat pesant et menaçant qui les accompagne. Les imbrications de l’intrigue sont riches en surprises, et c’est avec un intérêt et une angoisse ininterrompus que le lecteur se laisse emporter par cette histoire.





Merci à Laura Barachin, alias melpomene125, de m’avoir si gentiment offert son livre, que la chronique d’Afriqueah m’avait donné envie de découvrir.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Les enfants du mal

Le titre est assez dérangeant. Associer enfant et mal a quelque chose de contre-nature. Un enfant, fruit d'un acte d'amour, est un miracle. Normalement. Il peut aussi hélas être le fruit d'une union délétère…Les enfants d'assassins, de violeurs, de pédophile, de criminels nazis, de déséquilibrés mentaux violents, bref de ce que « tout le monde peut contenir d'horreurs et de laideurs », voilà à qui donne la parole Laure Barachin et c'est une chose suffisamment rare pour être, avant toute chose, salué. Et ces enfants de personne, ces enfants de rien, ces abandonnés, ces rejetés, ces non aimés, ces mal aimés deviennent aussi des miracles de vie lorsqu'ils sont capables de dépasser leurs origines, de faire taire cette sensation de culpabilité qui très souvent les suit, d'annihiler ce sentiment d'être irrécupérables car héréditaires de gènes monstrueux. Certains y parviennent. D'autres non.



« Des parents détestables ne sont pas eux-mêmes détestables. Ceci dépend de la volonté de chacun. N'écoutez pas ceux qui disent le contraire. Ils condamnent leur prochain avant qu'il ait commis une faute. Rassurez-vous, la naissance n'en est pas une».



Je ne peux m'empêcher de penser à celles et ceux qui en font une force. Voire qui transforment l'origine du mal en source de beauté. L'origine du mal en source d'inspiration artistique. Je ne peux m'empêcher de penser notamment à Barbara et à l'aigle noir…ce père incestueux…J'ai toujours ressenti un respect admiratif pour cette femme sombre qui est fêlure et délicatesse, faille et touchante sincérité. Se transcender, trouver une forme de résilience par le chant, la musique, la danse, la peinture ou par l'écriture.

Capucine, dans le livre qui nous concerne, en fait un beau récit qu'elle dédie à sa fille. Lui offrir toute la vérité, depuis le foyer des Lilas où elle a été recueillie après avoir été abandonnée tout bébé jusqu'à ses origines retrouvées (tout à la fin du livre, très marquante d'ailleurs cette fin, menée avec brio par l'auteure). Ce récit est la preuve que Capucine est un miracle. Malgré tout. Il n'y a aucune fatalité. Pour peu qu'on ait le courage d'affronter ses origines, de les accepter. Barbara, revisitant son enfance, chantait de sa voix unique : « J'ai marché les tempes brulantes / Croyant étouffer sous mes pas / les voies du passé qui nous hantent / Et reviennent sonner le glas ».



« Nous sommes des fleurs, surtout moi grâce à mon prénom, judicieusement choisi par le prêtre qui m'a trouvée, des fleurs qui poussent et grandissent coûte que coûte sur une terre hostile et rocailleuse en proie aux vents du nord. Quelle belle image, n'est-ce pas ? », oui une belle image, c'est exactement comme ça que je vois ces enfants, comme ça que Laure Barachin braque ces lumières sur tous les enfants que nous trouvons dans son livre, Capucine, Lucie, Chris, Samuel.



Des fleurs de bitume. Des fleurs de bunker. Des lys dans des vallées de désolation et de violence. Et non des mauvaises herbes. Ce livre leur rend hommage, explique les conséquences possibles des traumatismes subis (la lecture peut être délicate par moment), et détaille le parcours de Capucine et de Chris. Leur combat. Leurs choix. Leurs décisions.



On rencontre dans ce roman de belles et touchantes fleurs de bitume, des citations et des poèmes de grands auteurs, Victor Hugo, Baudelaire, Balzac, Emily Brontë, entre autres, tels des moments de respiration bienvenus, un style sincère, tendre, sans fioriture, quoique, et ce sera mon seul bémol, par moment un peu trop éploré pour moi et dans lequel le message religieux est (trop ?) présent (avis éminemment personnel), un témoignage dont l'intensité monte crescendo et dont la fin, captivante, se termine par un grand message d'amour et d'espoir. L'amour qu'éprouve Laure Barachin pour les enfants, quels qu'ils soient, est une graine ayant enfanté ce livre, livre nous permettant de nous poser de multiples questions, des questions liées à l'hérédité, à notre liberté par rapport à nos origines, à l'éducation, à nos choix.



« Vous auriez sûrement préféré ne pas venir au monde mais vous avez tort car chaque vie est nécessaire. Tout être humain est libre de choisir entre le bien et le mal, vous y compris, loin des déterminations de l'hérédité. Vous êtes vous et non un mélange des caractéristiques de votre père et de votre mère. Votre existence sera ce que vous en ferez, vous serez ce que vous voudrez être. »



Une lecture qui ne peut laisser indifférent ! Un texte pour les bercer sans douces illusions, ces fleurs de bitume libres au vent…pour cueillir en tremblant, des étoiles, des étoiles…













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Les enfants du mal

Lorsque Laure Barachin m'a invité à lire son dernier livre, Les enfants du mal, elle ne soupçonnait peut-être pas à quel point ce récit éveillerait en moi des émotions fortes. Je la remercie infiniment.

Les enfants du mal ont du mal à tendre leurs ailes, à bout de bras...

Les enfants du mal portent des blessures qui ne leur appartiennent pas.

Les enfants du mal trébuchent sous le poids de leur fardeau, parfois se relèvent comme ils peuvent. Ce fardeau est empli de secrets, une vraie boîte à Pandore. L'ouvrir ? Pas l'ouvrir ? Parfois elle s'ouvre toute seule...

Les enfants du mal ont des yeux qui questionnent le ciel sans réponses...

Quel est ce mystère qui hante l'esprit de Capucine ? C'est la narratrice de l'histoire, elle a neuf ans lorsque nous faisons sa connaissance. Placée dans un foyer puis dans une famille d'accueil, elle croise la route d'autres enfants comme elle ou presque : Lucie, Samuel et Chris. Ils sont quatre. Quatre enfants peu à peu animés d'une amitié qui les soude presque comme une rage animale, une peur sourde... Cette sororité entre Capucine et Lucie nous touchera au coeur et au ventre. Capucine a neuf ans en 1953... Oui, la soustraction nous plonge vite fait aux portes de l'horreur, la barbarie à visage humain... Tout cela semble derrière elle, il faut avancer maintenant vers la vie qui l'attend...

Les voix de Capucine, Lucie, Chris, Samuel nous invitent comme dans une farandole à courir sur les pages. Ils se sont connus sur ce fil tendu, ténu qu'est la vie. L'écriture de Laure Barachin est fluide, elle les porte, les secoue, les bouscule, eux funambules infatigables, corps ployés par des vents parfois contraires, traversant les bruits d'une existence que nous découvrons en même temps qu'eux.

Les personnages sont beaux, touchants, portent en eux ce petit supplément d'âme qui nous transporte, emporte, transperce, au travers de ce récit.

Être la fille de personne, être née de parents inconnus, est-ce plus dur à supporter que de connaître la vérité ?

Les bruits de la guerre continuent-ils de se prolonger pour retentir en eux comme un bruit assourdissant, longtemps après ?

L'histoire monte en intensité comme une partition musicale jouée crescendo. Au début c'était un quatuor, d'autres instruments s'invitent plus tard, fantômes du passé, voix dissonantes, fausses notes. Y a-t-il un chef d'orchestre ? À force, on arrive forcément à en douter...

Les chapitres se succèdent. Nous passons d'un versant à l'autre.

Les enfants du mal s'égarent parfois dans des chemins qu'ils ne soupçonnaient pas.

Les enfants du mal ont du mal parfois à se relever des coups qu'ils ont subis.

Mai qui sont ces enfants du mal ? Pourquoi ce mal qui les hante ? D'où vient-il ?

Laure Barachin offre ici un récit magnifique qui donne à penser, à respirer, à aimer.

Les enfants du mal ont du mal à jeter ce fardeau contre un buisson de ronces, à l'abandonner dans le fond d'un talus, à hisser leurs bras par-dessus le bastingage d'un promontoire trop haut pour leurs rêves. C'est juste en se retournant un instant plus tard, pour regarder le paysage qui s'éloigne derrière eux, que certains d'entre eux s'aperçoivent que leurs bras si maladroits étaient peut-être des ailes, des ailes d'albatros....

C'est un roman qui convoque le bonheur, l'amour, la compassion, tout cela qui nous plie vers un texte qui m'a touché.

Les souffrances de leurs parents sont devenues les leurs.

Les enfants du mal sont des enfants assoiffés d'amour.

Des enfants qui s'accrochent à la vie, presque au bord de la folie.

Parfois les blessures qu'on croyait cicatrisées se rouvrent.

À quoi peut-il bien tenir, ce sentiment d'être un enfant du mal ?

C'est un récit où le sol peut brusquement se dérober sous nos doigts.

Quel modèle, quel héritage ont-ils pour qu'ils puissent à leur tour tenter de devenir des parents aimants, ne pas reproduire ce qu'ils ont vécu enfants... ?

Parfois l'écriture peut réparer. Ouvrir un cahier blanc, poser des mots. C'est ce que fit Capucine devenue adulte à l'attention de sa fille Aurore...

La filiation, l'hérédité, la quête d'identité, la transmission, sont les thèmes porteurs qui forment l'ossature de ce texte. Les mots de Laure Barachin les enrobe d'un ton sensible, juste, empli de pudeur.

Capucine est née en 1944... Comme ma soeur ainée...

Ma soeur apprit avec brutalité à l'âge de onze ans le secret qui tenait lieu de sa naissance... Elle apprit ainsi que son père n'était pas celui qu'elle croyait, avait été fusillé quelques jours avant sa naissance par la Gestapo. Qu'est-ce qu'une enfant de onze ans peut comprendre à tout cela, à s'imaginer ? Comment dire et comprendre l'indicible ? Comment le porter avec les épaules fragiles d'une enfant de onze ans... Ce fut dévastateur...

Autre hasard de la vie, mes deux enfants sont des enfants adoptés, avec des récits parfois sidérants qui ont jalonné leurs chemins. Mais là c'est une histoire trop longue à vous raconter, trop intime aussi...



Aussi ce roman de Laure Barachin me touche particulièrement.



"Ça n'est pas ta faute

C'est ton héritage

Et ce sera pire encore

Quand tu auras mon âge

Ça n'est pas ta faute

C'est ta chair, ton sang

Il va falloir faire avec

Ou, plutôt sans

Mon enfant"

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Les enfants du mal

Le deuxieme Barachin que je lis.

J'ai l'impression que sa plume s'est affermie. Ou plutot que son doigte est devenu plus ferme, face a son clavier.



Elle a beaucoup d'histoires a raconter, qu'elle sait entremeler avec adresse, meme dans un texte relativement court, comme celui-ci. Les enfants du mal, c'est une douloureuse histoire d'abandon; de chaleureuses histoires d'amitie; une belle histoire d'amour; une quete acharnee d'identite. Le tout bien brasse, sans devenir embrouille. Autour de ces histoires l‘auteure souleve des questionnements sur la nature du mal, sur la possibilite qu'il soit heredite, atavique, et sur le grand dilemme que vivent ceux qui ont ete victimes du mal: vengeance ou pardon?



Je me suis senti partir sur des montagnes russes, passant d'apprehensions en espoir puis en doutes, de defiance en amour, de rancoeur en indulgence, de querelles en rapprochements. Et il y a de la haine. Et il y a de l'acceptation. De soi, et des autres, et des avatars de la vie. Mais je ne me suis pas senti malmene sur ce parcours, plutot bienmene, grace peut-etre aux nombreux dialogues et apartes, ou tout bonnement a la fluidite du style. Car oui (l'auteure me pardonnera cet epanchement), j'ai trouve ce livre bien mieux ecrit que le premier que j'avais lu. Et j'ai aime la fin, une fin regardant l'avenir sans pleutrerie mais sans crainte, comme je l'esperais pour Capucine, l’heroine au nom de fleur, belle fleur, surtout pas fleur du mal.

Une belle reussite.





P.S. A la grande question que pose l'auteure sur l'heredite du mal, je choisis (comme elle, en fait, si je juge d'apres la fin qu'elle a donnee a son roman) la reponse du prophete Ezechiel : Qu'avez-vous a colporter le dicton suivant, sur la terre d'Israël: "Les peres ont mange du verjus et les dents des enfants en sont agacees"? Par ma vie, dit le Seigneur Dieu, vous ne devrez plus citer ce dicton en Israël! Oui, toutes les ames sont a moi; l'ame du pere comme l'ame du fils, elles sont a moi: l'ame pecheresse seule mourra.

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