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Critiques de Laure Barachin (60)
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La jeune fille qui lisait dans les pensées



J'étais à la recherche du titre du deuxième roman de Laure Barachin quand la critique de Kielosa m'est tombée dessus, du coup intriguée par son commentaire je me le suis vite procuré.

Laure Barachin est fidèle à elle-même, il y a toujours de l'histoire, une intrigue et de la réflexion; c'est un mélange de genres qui me convient. C'est une histoire dense avec des personnages très attachants et mêmes les méchants ne le sont pas tant que ça. Ce livre fait l'objet de deux quêtes: Célia a besoin de connaître ses origines pour comprendre ce qui lui arrive. Quand à Manuel, il se cherche un futur possible pour retrouver sa fille, se reconstruire après des moments difficiles et continuer à vivre. La rencontre de Célia qui se croit folle (maladie mentale ou don) avec Manuel Sdf et voleur à la tire au grand coeur va nous mener dans différents coins de la planète à vive allure sans une seconde d'ennui.

De très beaux passages,la visite d' Ellis Island est très émouvante, beaucoup de phrases à noter mais je me suis retenue afin de ne pas tout dévoiler. Des citations de début de chapitre choisies avec soin. Quand tout est sombre, l'auteur nous laisse entrevoir une petite clarté.Il est parfois des auteurs, avec qui des liens se créent comme pour certaines amitiés, les lire devient une sorte de conversation, ils expriment des idées, des émotions qui entrent en résonance avec votre propre conception du monde; Laure Barachin en fait partie. Tous ses livres posent des questions, donnent des explications, mais il n'y a pas de jugement, ni de solutions nous avons notre libre arbitre.

Avec un style qui s'affirme, une plume pleine de sensibilité, l'auteur vient de nous offrir un bon roman avec une jolie fin. De mon avis de simple lectrice, j'aurais bien aimé savoir ce qui va arriver à Célia, Rachel et Manuel car ils étaient devenus des amis.
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Les enfants du mal

Il n’y a pas d’enfants du mal ! Il y a seulement des enfants. De même que le précepte : « les chiens ne font pas des chats » est non seulement inexact mais tellement handicapant quand vous avez à l’entendre à l’aube d’une vie. Il en va ainsi d’autres expédients les : « t’es bon à rien », « t’es comme ton père, ou comme ta mère » etc. Et ta sœur ! Si la famille manque à l’enfant adopté elle est tout autant défaillante pour bien des enfants légitimes qui vivent avec leurs pères et mères et, il n’est pas rare que la personnalité se construise de façon tout à fait satisfaisante totalement à l’écart du lien filial. Je ne saurais être trop objective dans cette lecture où je ne parviens pas à me positionner, si ce n’est comme simple observateur. Trop de cas peut-être. Capucine qui évolue dans le texte en personnage actif et réactif ne laisse pas à penser, sur-réagissant à chaque situation. Et Chris qui n’est pas pour elle un amour possible puisque ensemble, ils ont tissé dans une même toile des liens de frères et sœurs. Ils seraient très vite, un père et une mère chacun pour eux-mêmes ainsi enclins, tout à fait naturellement à se déconstruire en tant que tels, en leur foyer, pour s’ériger ailleurs en parfaite intégrité.

Je remercie l’auteur auquel j’apporte mon honnête et maigre contribution.

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Les enfants du mal

Par coïncidence à l'heure où sort un livre au parfum de scandale et à l'allure de règlement de compte que tout le monde s'arrache, Laure Barachin vient d'autoéditer sa nouvelle saga : « Les enfants du mal ». Même thèmes : l'inceste et la peur du qu'en dira-t-on mais malheureusement ces enfants sont seuls car à l'assistance publique. Capucine écrit un journal à sa fille afin qu'elle comprenne l'histoire de ses parents et la sienne.

C'est mon troisième roman de cette auteure et j'aime beaucoup les histoires et les réflexions qu'elle nous apporte mais dans celui-ci, elle nous implique dès le départ avec cette phrase de Capucine : « Mais vous devez vous demander comment une petite fille de neuf ans peut en savoir autant ? Je le sais, c'est tout, même si ça ne se dit pas. Officiellement, Lucie est parmi nous parce que ses parents ne sont pas aptes à s'occuper d'elle. Vous pensez bien qu'on ne raconte pas de telles choses aux enfants. Il vaut mieux mentir pour les protéger, la vérité n'est pas toujours bonne à entendre. C'est en tout cas ce que croit le directeur du foyer. » Paroles qui nous interpellent, nous prennent à témoin, nous mettent mal à l'aise, du moins c'est mon ressenti.

Exit les petites filles vêtues de blanc ( pureté, innocence) qui semblent si bien s'amuser sur la page de couverture. Dans ce roman, les enfants ne sont pas rois mais enfants du mal. Mot qui me hérisse car en fait ce sont des victimes du malheur, de la guerre, de l'ignorance et le regard, le mépris que certains affichent à leur égard aggrave une situation dont ils souffrent énormément car comment devenir quelqu'un de bien quand on est un enfant du mal ? Comment ne pas se sentir coupable quand les adultes ne disent mots ? Et ne se sentent-ils pas coupable en n'aidant pas ces enfants car qui ne dit mot acquiesce.

Laure Barachin nous fait découvrir les départs difficiles dans la vie de Capucine, Lucie, Chris et Samuel enfants de l'assistance dans l'après-guerre, ballottés d'un foyer à l'autre, des histoires qui nous donnent froid dans le dos pour certains. Si tous ne réagissent pas de la même façon, leur vie ne sera pas facile car les difficultés, les coups du sort ne les épargneront pas mais l'amour sera la seule échappatoire.

Une histoire menée tambour battant dont on ne ressort pas indemne que je conseille à tous. Avec en bonus de belles poésies de Victor Hugo et un excellent choix de citations. Merci Laure pour cette première partie tout à la fois éprouvante et émouvante.

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La jeune fille qui lisait dans les pensées

Quelle histoire nous sert Laure Barachin!

Une jeune fille qui a le don d'entendre les pensees d'autrui. Qui se sauve d'un asile psychiatrique ou elle avait ete internee de force par une tante fourbe. Qui se lie avec un petit voleur a la tire. Qui finit avec l’aide d'une ame compatissante par recouvrer l'heritage que lui avait laisse un pere disparu. Qui part avec son ami – devenu son amour – a la recherche de ce pere en Amerique, ce qui donnera une rencontre eprouvante et decevante. Qui apprend a son retour en France que ce pere a peri dans les decombres du World Trade Center. Qui essaye de comprendre comment elle a ce don de penetrer les cerveaux et si elle peut s'en servir pour faire le bien, ce qui fera resurgir d'anciennes legendes celtes liees a la mythique Atlantide. Entretemps son ami aura fait amende honorable et ouvert un centre de reeducation et reinsertion pour “desesperes en tous genres", partira en Argentine essayer de revoir sa petite fille, que son ancienne femme, le fuyant, avait voulu eloigner de lui. Et il y bien d'autres peripeties et d'autres histoires secondaires. Est-ce que tout finit bien? On l'espere, mais ce n'est pas sur. Les amis/amants se retrouvent et eux aussi esperent, comme le lecteur, qu'a partir de la tout ira bien pour eux.



Une belle histoire. Plusieurs belles histoires. Qui passent sans arret du poignant au feel good, du tragique a la fleur bleue, comme les etats d'ame de l'heroine, les hauts et les bas de son humeur, indecise et changeante, passant de l'illusion a la defiance, de l'exaltation a la deprime, presque a chaque page.



Et je me dis que c'est dommage. Quel dommage qu'un editeur ayant pignon sur rue n'aie pris ce livre sous son aile. Il faut croire qu'il faut beaucoup de chance ou pas mal de relations bien placees pour que cela arrive. Un bon editeur lui aurait surement garanti plus de lecteurs. Mais surtout, un bon editeur aurait pris cette gemme, qui est encore a l'etat de pierre brute, l'aurait taillee, sciee, polie, et en aurait fait un petit bijou. Parce que malgre l'interet que j'ai ressenti, je crois qu'il aurait fallu elaguer quelques passages, ou l'on sent des repetitions. Et peut-etre aussi nuancer certains portraits, les pauvres, les desherites que l'auteure met en scene etant tous representes comme de braves types au grand coeur qui ne demande qu'a etre revele, alors que les riches, les puissants, sont futiles, egoistes, mesquins, et ne pensent qu'a l'argent, quand ils ne sont pas carrement cruels.



Je m’appesantis la-dessus parce que meme sans etre bonifie ce livre vaut mieux que nombre de ceux que nous proposent les grandes boites ces dernieres annees.



Et j'ai une pensee reconnaissante pour ces babeliotes qui, dans ce site ne mettant ces derniers temps l'accent que sur les dernieres parutions, dans une sorte de symbiose economique avec les maisons d'edition, continuent a recenser, a proposer, des livres oublies ou laisses en marge. C'est grace a eux que j'ai eu vent de celui-ci. Et qui sait? Si des editeurs frequentent le site, l'un d'eux adoptera peut-etre Laure Barachin.

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Les enfants du mal



En 1980, le psychiatre et psychanalyste Hartmut Radebold a découvert que les enfants d’après guerre, qui donc ne l’ont pas connue, étaient affectés par différents maux : dépressions, peurs diverses, sentiment de culpabilité , troubles de l’identité, comme si ces enfants avaient hérité des crimes commis ou des sévices subis par leurs parents ou qu’ils étaient inconsciemment coupables de n’avoir pas souffert.





Dans Totem et Tabou Freud émettait déjà l’hypothèse : « Nous postulons l’existence d’une âme collective et la possibilité qu’un sentiment se transmettrait de génération en génération se rattachant à une faute dont les hommes n’ont plus conscience ni le moindre souvenir. »



C’est le thème que Laure Barachin développe (selon moi) dans « Les enfants du mal »: sommes nous responsables des parents que nous n’avons pas connus, portons nous pour certains le poids d’un passé qui, bien qu’ignoré, nous empêche d’avoir confiance en nous, et puis vaut il mieux connaître ces secrets que de les apprendre, ne pas connaître son père ni sa mère est il pire que de savoir qu’ils nous ont haï, allant même jusqu’à vouloir nous tuer? Et lorsque l’on sait, comment ne pas se sentir sali, comment ne pas s’identifier à son ou sa géniteur/trice criminel, ou psychopathe, et dans le livre à un nazi ?

Nait on méchante comme le pense l’héroine, ou le devient on à cause de circonstances malheureuses ?

Comment ne pas s’estimer « enfant du mal », radicalement mauvaise lorsqu’on a été, comme Capucine, abandonnée à la naissance?



Réponse : Capucine appelle sa fille Aurore, et lui confie les difficultés qu’elle a eus à s’aimer elle -même. L’aurore, le commencement d’un autre jour et qui sait d’une autre vie, l’espoir, l’amour.



Merci, Laure Barachin / Melpomène125 d’avoir eu la gentillesse et la bonne idée de m’avoir envoyé ce livre.

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Le mirage de la justice

Ce que j’aime dans les livres de Laure Barachin, c’est la manière, à l’aide une écriture apparemment simple, d’une histoire ressemblant à un thriller, de poser de vrais problèmes.

Dans les enfants du mal, Laure exposait l’héritage d’un père nazi envers une jeune fille. @Erveine , parlant du livre avait magistralement noté l’inanité de l’expression « les chiens ne font pas des chats. »

Aurore, la fille adoptive des héros du précédent livre cité, vient de perdre, justement, ses parents dans un accident de voiture, et, devenue adulte, recherche les assassins, car elle est persuadée que c’est un attentat.

Elle qui a reçu les écrits de sa mère, écrit elle aussi « car c’est la seule chose qui reste de nous sur la Terre ».

Aurore est commissaire, elle sait qu’elle marche sur des cadavres, que parfois elle se trompe, et fait condamner un innocent.

Malgré ce constat, Laure Barachin ne nous embarque pas dans une satire de la justice, - qui dépend des hommes qui la font, et peut donc « être objective et juste ou fragile, arbitraire, aléatoire voire carrément illusoire » son propos dépasse nos institutions pour revenir à l’essentiel : pourquoi les hommes sont-ils inégaux ?

Dans le mirage de la justice, est abordé et analysé l’injustice profonde qui existe entre les hommes, de par leur naissance dans un pays pauvre, de par leur famille, de par la malchance. (Non, les hommes ne naissent pas tous égaux, et ce depuis le néolithique, la possession, les bonnes et les mauvaises terres).



Alors Aurore pose les questions à l’homme qu’elle vient de rencontrer :

Qu’est ce que la générosité, sinon se faire plaisir, donner ce que l’on a en trop, s’acheter une bonne conscience ? Peut-on corriger la société ?

Et, d’un autre côté, peut- rester sans essayer de remédier à son niveau aux disparités de richesse de l’humanité ?



N’y a-t-il pas un destin qui fait que les enfants abandonnés, « en dépit de leurs efforts pour s’en sortir, restent prisonniers de schémas destructeurs qu’ils reproduisent ?

Et, pourtant, Mattia, le juge qui l’aide dans ses recherches, est « le parfait contre-exemple de l’adage : « tel père, tel fils ».

Y a-t-il un destin ?

Qu’est-ce qu’un mirage, sinon une illusion ?

De pouvoir améliorer le monde ?

d’essayer d’exercer une justice sujette à caution ?

Avec des citations d’ Hegel : « Rien de grand ne s’est accompli dans le monde sans passion », de Dostoïevski, la régénération progressive d’un homme, et de Stendhal « la chartreuse de Parme », le « mirage de la justice est aussi un livre d’amour, celui de Mattia pour Aurore « qui laisse place au soleil et non à la nuit »( cf Amon-Ré le dieu solaire et créateur.)



Je ne peux résister, avant de souligner la chance que nous avons de connaître, toute proche, toute discrète, cet écrivain Laure Barachin @Melpomène125, cette merveilleuse phrase qu’elle cite, d ‘Emily Brontee, Les hauts de Hurlevents :



« Ne me laisse pas dans cet abîme où je ne puis te trouver. Oh ! C’est indicible1 je ne peux pas vivre sans ma vie ! Je ne peux pas vivre sans mon âme !





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Le rêve d'une vie meilleure

Il m'est difficile d'être objectif avec les oeuvres de mon amie sur Babelio, Laure Barachin. Bien que nous ne nous sommes jamais rencontrés, peut-être que je sois devenu mal placé pour émettre un jugement de valeur sans trop me laisser emporter par mon enthousiasme pour ses sujets, ses personnages, la problématique qu'elle soulève, son style bien particulier et l'élégance de son langage et formulations.

Mais ignorer son troisième oeuvre "Le Rêve d'une vie meilleure" et m'abstenir de tout commentaire, reviendrait à me demander l'impossible. Toutefois, je promets d'être plus critique que jamais...pauvre Laure !



Dans cette optique, cela démarre plutôt mal pour moi : première page, première phrase : " Peut-on commettre un crime pour la bonne cause ?"

Décidément, l'auteure n'a pas eu l'intention de rendre ma tâche facile ! Comme question, elle est incontestablement de taille, mais fort ingénieuse pour capter d'emblée l'attention du lecteur !



La question est posée par son personnage principal, Nadia, qui sans pour autant trancher, se met à réfléchir aux mauvais exemples (Adolf Eichmann, Pablo Escobar), les bons (Oskar Schindler, Jean Valjean) et le tourmenté Raskolnikov de Dostoïevski. Elle-même a eu un passé problématique : la vente de drogues pour le compte de son père, François, et son oncle, le truand Noël dit "Le Patron" ou "Le Boss", afin de financer ses études. Maintenant, comme professeur à l'Institut d'Études Politiques de Paris, spécialiste de l'Ukraine, elle est en route avec son mari, Hector, conseiller financier d'une filiale française d'une banque suisse, pour Kiev, en mission secrète pour François et Noël. Il s'agit de recevoir pour eux une clé USB qui les sortira du pétrin.



Nadia (appelée ainsi par sa mère algérienne, Hassana, en hommage à la grande gymnaste roumaine, Comaneci), espère que ce voyage permettra un rapprochement avec son mari, qui est passé de la "délinquance ordinaire à celle en col blanc". À son retour elle apprend que sa pauvre mère est décédée, suicidée . Entre elle et sa mère il n'y a pas eu d'amour, mais elles étaient "viscéralement liées". Les rêves d'Hassana d'une vie meilleure, ne se sont jamais matérialisés, au contraire, la solitude, la dèche et la prostitution misérable ont été son sort.



À Kiev, le personnage qui leur a remis la clé USB, Dimitri Ossipov, dont les grands-parents ont été victimes du Holodomor (la liquidation des koulaks dans les années 1932-1933 et la famine qui s'est ensuivei, surtout en Ukraine), ce qui l'a non seulement rendu un virulent anticommuniste, mais l'a fait rejoindre le contre-espionnage et mener des opérations "spéciales" pour le S.A.C. (Service d'action civique), une association contestable de fidèles au général de Gaulle (1960-1981). La fameuse clé USB contient des documents compromettants pour la politique en France et auraient dû être détruits, notamment ceux par rapport à la mort mystérieuse d'un ministre français, Robert Legendre, et de Jane Davis McQueen, son chef de cabinet.



Ce que tout le monde ignore, c'est que Hector a en catimini copié la clé USB. Ce que lui et le duo Noël et François comptent faire au juste de tous ces secrets, je ne puis vous révéler, évidemment. En tout cas, les choses se compliquent lorsqu'il est question de détournement de fonds et un volet érythréen (la lutte pour son indépendance de l'Éthiopie).



Ce ne serait pas une oeuvre de Laure Barachin, si l'auteure s'était contentée d'une intrigue politico-criminelle. Comme dans ses 2 précédents romans l'aspect psychologique est crucial. Mais au-delà d'une fine caractérisation des différents personnages, cet ouvrage pose la question du "mal". Comment s'en sortir, si son passé, par un concours de circonstances non voulues mais peut-être trop facilement acceptées, est gravement hypothéqué par le mal ? Comment, en d'autres termes, faire table rase des avantages que le mal apporte pour mener une vie, qui, au contraire, apporte le bien aux autres et assure, ainsi, un bonheur personnel ? Comment, finalement, s'assurer ce "rêve d'une vie meilleure" ?



Un petit bémol constitue peut-être un peu trop de clins d'œil aux grands noms de la littérature mondiale (Albert Camus, Le Tasse, Juan Gabriel Vasquez, Vassili Grossman ...) et l'emploi de sigles, comme par exemple C.P.A.M., C.M.U. et Vélib, qui ne sont pas toujours aussi évidents aux non-résidents français. Dans votre 4ème roman, Laure, mettez la signification de ces sigles entre parenthèses ou en note de bas de page pour vos admirateurs "étrangers"

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Bien qu'il convient de nuancer un peu ma première remarque, dans ce sens que l'auteure (tout comme moi d'ailleurs) cherche à peaufiner son échelle de valeurs humaines à travers la littérature, les leçons de l'histoire et la réalité géo-politique qui est la nôtre.

Dans cette perspective, Laure Barachin a relevé un défi très ambitieux, grâce à une logique implacable, fondée sur des connaissances solides et étendues de notre Histoire. On a peine à croire que cette toulousaine n'a même pas 40 ans : son érudition, sans prétention pour autant, est impressionnante.



Bref, je suis ravi et fier de son oeuvre !
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Les enfants du mal

Coup de coeur !

Capucine est une enfant abandonnée, élevée en foyer. Au sortir de la guerre mondiale, d'autres enfants de ce foyer sont aussi des martyrs. Chris, Capucine, Lucie et Sammy, qui connaissent des souffrances similaires et atroces, se regroupent, forment une sorte de fraterie, et décident de s'entre aider dans les épreuves de l'enfance qui ne manquent pas.

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Laure Barachin, l'auteure, colle tellement à cette réalité, dans son style simple, élégant, très clair, mais tellement émouvant qu'au bout de cent pages, n'y tenant plus, je lui ai demandé si elle ( notre babamie Melpomene ) n'était pas Capucine ?

-- Mais non, Denis, c'est une fiction ! une fiction !

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Après, le livre vire au cauchemar, il devient une sorte de thriller très prenant ; les rebondissements et la résilence sont présents, pas pour tous, malheureusement, l'analyse sensible des personnages, de la petite Lucie, de Samuel et des autres m'a marqué.

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Le livre soulève plusieurs problèmes : l'incompétence des services sociaux, la sensation de culpabilité des enfants, et, je le dis, car j'ai vécu une expérience psychiatrique, l'incompétence des pchychiatres, mais aussi le problème de la recherche des criminels nazis planqués, et aussi la grave question de l'inné et de l'acquis.

Le problème de la justice insuffisante est gravement évoqué, et je suis d'accord avec la réponse de Moshé, personnage que j'aime beaucoup.



Félicitations, Laure, et encore merci :)
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Les enfants du mal

Quelle souffrance certains enfants ont à supporter ! Comment font-ils pour survivre et s’en sortir ?

Capucine, la narratrice, est abandonnée à sa naissance en 1944. Elle est déposée devant la mairie.

Placée au foyer des Lilas, elle partage sa chambre avec une petite Lucie devenue muette parce qu’elle a été violée par ses parents. Capucine s’attache à cette petite fille et lui donne tout l’amour dont elle a besoin.

Elles sont ensuite placées dans une famille, les Legrand, des gens généreux qui accueillent également deux garçons, Chris (Christopher) un peu plus âgé il a 14 ans que sa mère a essayé d’empoisonner avec de la mort-aux-rats, il a une chance inouïe de s’en être sorti ; et enfin Samuel, petit garçon juif de six ans dont les parents se sont suicidés. Chris s’est attaché à Samuel qu’il considère comme son petit frère. Les quatre enfants s’entendent bien et se considèrent comme une fratrie.

Capucine a eu des parents adoptifs, sa mère est morte et son père ayant trouvé du travail, il vient la chercher et accueille également Lucie.

Le beau-père de Chris, lui aussi, le récupère.

Mais que devient Samuel, va-t-il aussi trouver une famille ?

On croit qu’ils ont enfin trouvé la quiétude et retrouvé peu à peu une vie normale, mais que nenni ! Le destin en a décidé autrement.

Ils vont tous avoir encore et encore, des moments horribles à vivre.

Ce court roman, très bien écrit, prend aux tripes. L’auteure sait exprimer avec beaucoup de pudeur et les mots qu’il faut, le ressenti de chacun d’entre eux.

Que d’émotions, de colère, d’empathie (et d’antipathie) j’ai ressenti tout au long de ma lecture. C’est très difficile de penser que des enfants puissent vivre des moments aussi terribles ! J’ai beaucoup aimé ce livre.

J’espère de tout mon cœur que cette histoire n’est que pure fiction et qu’il ne s’agit pas d’une biographie.

Je remercie l'auteure de m'avoir envoyé ce livre c'est un cadeau que j'ai beaucoup apprécié.

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Un été en terre catalane

Laure Barachin que nous avons l'honneur et le plaisir de compter parmi nous, sur Babelio, comme Melpomene125, a jusqu'à présent 2 romans à son nom : "Le Chemin des Étoiles", que j'ai chroniqué en juin dernier, et "Un été en terre catalane". Mais "mon petit doigt m'a dit" que peut-être un 3ème suivra, probablement cette année-ci même, du moins je l'espère, et je ne suis sûrement pas le seul.

L'année dernière, j'ai déjà eu du mal à rédiger un billet sur son autre oeuvre, du fait que nous étions amis sur Babelio, je vous laisse deviner quels sont mes sentiments pour m'attaquer à sa terre catalane, maintenant que notre amitié sur Babelio sest confirmée et "solidifiée," si on dit cela en Français ! Pourtant, ma chronique sera rigoureusement objective et sans pitié, comme il se doit !



Myriam Raynaud, gérante d'une agence de pubs, suggère à sa fille, Soraya, 33 ans et journaliste de retour des États-Unis, d'enquêter sur la mort de Guillaume Aubert, fils de résistants et professeur de sociologie. Seulement, ce Guillaume avait eu la mauvaise idée de coucher avec l'épouse du maire et on l'a trouve étranglé. La situation rend le mari trompé évidemment suspect, mais Antoine Mandelevic sort de son procès acquitté à 2 reprises, mais "condamné au bénéfice du doute". Soraya, douée, hésite cependant : que pourrait-elle découvrir de nouveau, 9 ans après les faits et, en plus, une enquête pareille risque de devenir dangereuse. Est-ce que la police a mal fait son travail et le juge d'instruction bâclé son dossier ? Voilà 2 questions qu'il conviendrait d'élucider à notre jeune intellectuelle, si elle décide, toutefois, d'approfondir cette histoire.

Par ailleurs, Antoine Mandelevic a été son directeur de mémoire lors de sa maîtrise d'Histoire et elle vient d'apprendre que ses grands-parents et parents ont appartenu aux Oustachis, un mouvement fasciste et raciste croate, solidaire d'Hitler, et coupable de beaucoup de morts, parmi les juifs, tziganes et serbes orthodoxes lors de la Seconde Guerre mondiale, et dont elle a une profonde horreur.



Les retrouvailles avec son grand amour d'antan, Stéphane, qui à l'époque combinait ses études avec un job de barman, et sa proposition de l'aider font qu'elle décide de "réaliser une enquête équilibrée qui tordra le coup aux rumeurs et calomnies... " ou les accréditera..." comme lui coupe à juste titre Stéphane.



Bien que cette oeuvre ne soit pas à proprement parler un thriller, il est évidemment exclu que je dévoile un mot de plus sur le déroulement et les résultats de l'enquête de notre courageuse Soraya.



Le livre est, en effet, beaucoup plus qu'une simple histoire à suspense. Déjà dans son "Le Chemin des Étoiles", j'avais été frappé par les dons psychologiques de cette jeune auteure. Dans cet ouvrage-ci, elle récidive : certains passages des relations amoureuses entre Soraya et Stéphane sont émouvants, attendrissants et tout simplement "beaux". De même, les relations difficiles et delicates entre Myriam et Soraya, mère et fille, font preuve d'une bonne jugeote psychologique.



Comme passionné d'histoire contemporaine, ses excursions historiques m'ont naturellement fort intéressé et tout en jetant un regard original sur ce passé récent, je n'ai pas pu relever la moindre erreur factuelle ou interprétative que ce soit par rapport à la solution finale de la question juive par les nazis ("die Endlösung") ou les excès des Oustachis.



Pour les amateurs de dépaysement, il y a aussi de quoi se régaler, car à part des terres catalanes, l'auteure nous emmène aux États-Unis, à Phnom Penh, la capitale du Cambodge, et indirectement en Croatie.



Ne croyez surtout pas qu'en abordant la petite histoire et celle avec un H majuscule, ses analyses psychologiques et son investigation policière, Laure Barachin nous serve un méli-mélo indigeste à la Yannick Haenel dans son "Tiens ferme ta couronne". La grande différence est que ce dernier bouquin a reçu le Prix Médicis 2017, tandis que la première en est réduite à l'auto-publication ! Des sous pour l'un, des frais pour l'autre. Je préfère m'arrêter là, avant de devenir carrément méchant devant une telle injustice !



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Les enfants du mal

Ma chère Aurore,

Tu es née dans notre coeur à papa et à moi en 1971.

Si je t'écris dans ce carnet, c'est pour qu'à ton tour tu sois dépositaire d'un secret universel, sache ma lueur, mon éternelle, que l'amour est un don précieux et ne retire jamais rien de ton âme. Elle est belle d'où qu'elle vienne.

- ta maman qui t'aime -



🎍

1944 - une petite fille est abandonnée au pied d'une église, elle sera prénommée Capucine



Aux Lilas, quelques années plus tard, Capucine rencontrera Lucie, petit bout de 5 ans à l'enfance volée, au regard perdu, à la parole envolée - Lucie qui deviendra sa petite soeur avant d'être rattrapée par ses cauchemars les plus noirs, ceux d'avant, ceux de ses parents monstrueux. Funeste destin.



Aux Lilas, quelques années plus tard, Capucine s'appuiera sur Chris plus âgé, roc solide dans la tempête, rescapé de la folie meurtrière d'une mère abusée, détruite par le mensonge d'un amour déguisé, masqué, hideux dans sa réalité et qu'un beau-père dépassé a déposé comme un ballot de linge sale.



Aux Lilas, quelques années plus tard, Samuel, petit frère de coeur de Chris fera bientôt partie de cette famille de choix. le Fils de Dieu, seul sain et sauf d'un massacre tuant des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants (1939 - 1944)

🎍 🎍 🎍 🎍



Bien des années passent, Capucine s'est construite, elle a décidé de sa vocation: elle sera pédiatre et s'occupera d'enfants. Mais ses origines la perturbent toujours. D'où vient-elle ? Qui étaient ses parents. Sans cette réponse, elle n'arrive pas à être complète.



Coup malheureux ou heureux du destin, elle finira par découvrir la vérité.

Pourra-t-elle pardonner, oublier, être heureuse ?

Porte-t-elle en elle des gènes qui la rendent monstrueuse ?



Les enfants sont-ils de simples répliques d'ADN ?

Sont-ils à la fois des victimes et de futurs coupables de par leur naissance. Des chiens de race comme le mentionne l'auteur ?



C'est en lisant le récit de Laure Barachin, paru le 03/01/2021 en autoédition, que vous découvrirez la vérité sur ces enfants: Capucine, Lucie, Chris, Samuel et leur destinée. Les enfants du mal.



Merci Laure pour cette terrible et émouvante histoire.
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Le mirage de la justice

Nous sommes en Inde, précisément à Bombay en août 2001 dans une communauté religieuse qui accueille les déshérités, la congrégation des Soeurs de la charité. Soeur Marie, une religieuse, rassemble les affaires de Mattia Bolucini, son ami et humaniste fortement engagé dans l'action de la communauté et récemment décédé. Elle y découvre ainsi un cahier écrit quelques années plus tôt par son épouse Aurore.

Ouvrant ce cahier et lisant les premières pages, elle va tirer un long fil comme un écheveau qui va l'amener dans le passé de Mattia et d'Aurore, découvrant les moments et les événements qui ont forgé leur rencontre, leur relation, les à-côtés de leur histoire commune...

Ces premières pages la plongent en 1978 lorsqu'Aurore âgée de douze ans échappa par miracle à un accident de voiture dans les Pyrénées, accident qui coûta la vie à ses deux parents médecins, Capucine et Chris. Accident ? Pas vraiment, puisqu'il sera constaté plus tard que les freins du véhicule avaient été sabotés. L'enquête diligentée ne permettra malheureusement pas de résoudre l'énigme, retrouver les coupables. Quant à Aurore, elle eut le temps d'apercevoir la silhouette mystérieuse d'un homme rôder autour du véhicule accidenté puis prendre la fuite.

Aurore va être élevée par son grand-père à Rome. Hantée par ce drame, persuadée qu'il s'agit d'un meurtre, elle n'aura de cesse d'y penser en grandissant, c'est sans doute cette conviction qui la fera devenir plus tard commissaire de police, scellant une volonté d'engagement au service des victimes et de la loi.

Aurore et Mattia Bolucini, magistrat, font connaissance dans le cadre de leurs missions professionnelles.

Le hasard les rapproche d'une toute autre manière, ils vont ainsi découvrir qu'ils partagent les mêmes valeurs de vérité et de justice. Mattia Bolucini est particulièrement touché par les engagements humanitaires d'Aurore et celle-ci découvre en l'homme un idéalisme qui la touche. Une amitié se forge tout d'abord qui va peu à peu se transformer en amour, mais ce qui les rapproche aussi ce sont leurs blessures respectives, l'absence d'un père, d'une mère, la nostalgie qui murmure en eux comme un écho douloureux, celui d'un vide affectif.

On pourrait s'attendre ici à une rencontre avec des bons sentiments...Mais le titre, le Mirage de la justice, est là brusquement pour nous rappeler, du moins dans ce récit, que la justice, ce sont aussi ses coulisses, ses faux-semblants, ses petits arrangements avec le milieu de la pègre...

L'envers du décor est loin d'être rutilant.

Et la famille qui est là encore, ou du moins ce qui en reste, n'est peut-être pas une forteresse pour protéger, mais un marigot où de lourds secrets stagnent dans des eaux dormantes prêtes à se réveiller...

D'une écriture apparemment simple, les premières pages m'ont plongé dans les méandres d'un récit complexe où les personnages ne révèlent pas totalement ceux qu'ils sont d'emblée. C'est le principe d'une intrigue et, force est de constater que Laure Barachin manie cet art avec délicatesse et habilité.

Aurore et Mattia avancent dans l'histoire qu'ils construisent, tandis qu'une clé vient ouvrir la boîte de Pandore, des portes claquent dans le vent, des abîmes s'ouvrent sous leurs pas affolés... C'est comme une toile d'araignée qui vient saisir le passé dans sa nasse.

Ce roman aux allures rythmées d'un thriller nous entraîne dans une histoire qui y ressemble, qui s'en échappe aussi et c'est un vrai bonheur.

La construction est originale, à partir de la découverte de manuscrits, points de départ du livre, ce sont des récits qui s'enchâssent avec harmonie jusqu'au dénouement final.

Des thèmes qui me sont chers sont venus ici au rendez-vous, comme celui de la filiation ou du déterminisme social et même si la narration nous entraîne dans un monde de ténèbres, la lumière qui anime certains personnages est particulièrement belle. J'ai été notamment touchée par ce très beau portrait d'Yselda, cette enfant des bidonvilles de Bombay...

Parfois la compassion, le pardon, la rédemption viennent bousculer certains itinéraires qu'on croyait immuables.

Le Mirage de la justice est mon deuxième rendez-vous avec un roman de notre amie Laure Barachin (Melpomene125 sur Babelio). le premier était Les enfants du mal.

Le Mirage de la justice est une suite à ce roman, mais je pense qu'il peut être lu indépendamment. Cependant, je vous encourage à lire les deux, pour le plaisir de connaître l'histoire torturée et bouleversante des parents d'Aurore... Et pour le plaisir aussi de venir à la rencontre d'une grande autrice.

Un des chapitre de ce livre commence par une citation d'Emily Brontë, dans Les Hauts de Hurle-vent :

« Ne me laisse pas dans cet abîme où je ne puis te trouver. Oh ! Dieu ! C'est indicible ! Je ne peux pas vivre sans ma vie ! Je ne peux pas vivre sans mon âme ! »

Cette très belle citation, choisie à juste titre par Laure Barachin fait merveilleusement écho aux tréfonds de l'âme qui soutiennent l'édifice de ce récit empli d'ombres et d'humanité.

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Les enfants du mal

Un grand merci à l'auteure qui m'a permis de découvrir son roman, sur un sujet difficile.

Juste après guerre. 4 orphelins : Christopher, Capucine, Lucie et Samuel, 3 ont été abandonnés, 1 a été retirée de sa famille. 4 histoires familiales lourdes. Quelles conséquences pour eux ?

"Les Enfants du mal" : le sont-ils quand ils/elles ont un père assassin, violeur, une mère folle ou des parents suffisamment désespérés pour préférer la mort à la vie ? C'est la question transversale de ce roman.

La réponse n'est pas manichéenne. Avec ses 4 personnages, l'auteure brosse 4 schémas, 4 formes de conséquences. Sans ignorer que malheureusement parfois..... c'est trop lourd.... La résilience, ça existe mais sans forme de systématicité.

C'est ce que j'ai le plus apprécié dans ce texte : cette nuance, cette capacité à entrevoir que la couleur de la vie (comme les êtres humains d'ailleurs) est entre gris clair ou gris foncé, jamais ou toute blanche ou toute noire.



C'est une évidence : ce livre est émouvant, touchant. Il fait réfléchir, s'interroger. Je ne peux que vous encourager à le découvrir et à le lire.
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Les enfants du mal

Le foyer des Lilas, c’est là que sont recueillis tous les oisillons tombés du nid ou ceux rejetés par leurs parents. Capucine, la narratrice est née en 1944, elle ne connaît pas ses parents, elle se demande s’ils ont une pensée pour elle, le bébé qu’ils ont abandonné.

Elle partage sa chambre avec Lucie qui ne parle plus, son père avait tendance à confondre les caresses qu’il imposait à sa petite fille avec celles qu’il aurait dû partager avec son épouse.

Capucine et Lucie vont être envoyées dans une famille d’accueil, où elles vont retrouver Chris et Samuel, à eux quatre ils vont former un semblant de famille. Il est bien connu que les enfants abandonnés ne doivent jamais rester longtemps dans la même famille. Ils pourraient s’attacher et ça, c’est vraiment nuisible.

Voilà donc les quatre frères et sœurs d’adoption séparés. Capucine n’aura de cesse de découvrir qui elle est vraiment, car être la fille de personne ce n’est pas facile à supporter.

À travers le personnage de Capucine, Laure Barachin aborde le thème douloureux des enfants abandonnés. La quête de cette jeune femme est l’occasion pour l’auteur de traiter d’une façon romanesque cette question de comment se construire dans la vie lorsqu’on ne sait pas d’où on vient. Un récit sous fond d’histoire de la Seconde Guerre mondiale avec les exactions des troupes allemandes contre les juifs et l’impunité des criminels nazis après la fin de la guerre.

Si l’histoire est très romancée avec un amour impossible, l’écriture fluide de Laure Barachin nous entraîne à la suite de ces garçons et filles que l’on traite comme des enfants du mal.

L’auteur arrive avec toute sa sensibilité et sa pudeur à nous faire comprendre ce que peuvent ressentir ces enfants rejetés face au regard méprisant des autres et face au poids parfois trop lourd de leur véritable origine.



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La jeune fille qui lisait dans les pensées

Laure Barachin, habilement, commence son quatrième roman par une série de questions. Comme lectrice ou lecteur, on est évidemment tenté(e) de vouloir y répondre... et à cet effet, on tourne les premières pages et c'est parti : on est embarqué par sa dernière histoire.

Et il ne s'agit pas d'une mince histoire : 512 pages ! Mais n'ayez crainte, car les paragraphes sont agréablement espacés, aussi bien qu'on avance dans son récit à un rythme soutenu, sans effort. La lecture ne m'en a pris qu'une bonne journée en sautant un repas ou deux, il est vrai.



Après ma lecture et critique de "Krüger, un bureau ordinaire", un ouvrage historique par ailleurs intéressant de Nicolas Patin, j'étais heureux de laisser l'enfer de la Pologne occupée par les nazis derrière moi et de plonger dans l'univers de notre amie "Melpomene125" sur Babelio, qui, avec ses 3 romans précédents, ne m'a jamais déçu.



Le roman est subdivisé en 3 grandes parties. La première partie est située en France, sans spécification précise, dans une ville comme Paris, Lyon ou à la rigueur la ville natale de l'auteure, Toulouse ; la seconde partie, en revanche, a comme décor New York et la dernière se déroule en Bretagne et en Argentine.



Il m'est impossible de présenter un bref résumé du début du roman sans trahir le déroulement du récit. Laure Barachin a conçu son oeuvre de telle façon que les touts premiers paragraphes ont des incidences importantes sur la suite. Sur des pages volantes, j'ai essayé différentes approches dans ce sens, mais à chaque fois j'ai, hélas, dû constater que j'en avais déjà dit trop pour ses futurs lecteurs. Il en va de même pour la présentation des personnages principaux, ce que de coutume je fais, mais pas cette fois-ci de peur de gêner justement ces prochaines lectrices et lecteurs.



Bien qu'il ne s'agisse pas d'un thriller, les premiers chapitres sont tellement captivants que l'on ne désire qu'une chose : connaître le reste des aventures des protagonistes de son roman, qui est à la fois un conte philosophique et une étude des moeurs. En effet, l'auteure confronte ses héroïnes et héros aux caractéristiques humaines fondamentales, telles la loyauté, la fidélité, l'empathie, l'amour du prochain .... et leurs contraires : la médisance, la duperie, la perfidie, la trahison ....



Célia, l'héroïne centrale de l'ouvrage dispose d'un don surnaturel : elle "entend" ce que les personnes à qui elle se trouve confrontée "pensent". Un don dont on a tendance à croire qu'il s'agit d'un considérable avantage dans les rapports interhumains, mais qui est en même temps une source de grandes déceptions et d'affreux maux de tête. En plus, son don "n'était pas fiable. On ne pouvait pas toujours compter sur lui". (page 325). Mais il lui permet par exemple de percer l'hypocrisie de sa tante, qui, sous des gestes et mots pleins d'amabilité, cache de vilains sentiments à son égard.

Heureusement que ce talent particulier ne soit pas trop répondu, sinon ce serait l'enfer pour nombre de politiciens !

Pour notre Célia c'est une énigme dont elle essaie d'éclaircir les origines.



Cette Célia, personnage-clé du roman, une jeune tzigane, m'a fait penser à l'artiste peintre et écrivaine tzigane, Ceija Stojka (1933-2013), qui, à ma connaissance du moins, a été la seule à avoir publié des ouvrages sur le sort horrible des Sintis et Roms que les nazis ont réservé à son peuple. Comme rescapée d'Auschwitz, Ravensbrück et Bergen Belsen, c'est surtout son autobiographie "Nous vivons cachés" de 1988, qui témoigne de cette horreur, en fait, absolument comparable à la persécution et extermination du peuple juif. Quand bien même que cette Rom talentueuse d'origine autrichienne ne disposait pas de dons surnaturels comme la jeune Célia.



Laure Barachin, mon amie sur Babelio que je n'ai pas encore eu le privilège de rencontrer personnellement, a une fois de plus démontré sa magnifique aisance littéraire tant dans son style que dans son langage. Ayant lu (et chroniqué) ses 3 romans précédents, je suis content de pouvoir constater que dans son oeuvre chaque nouveau roman constitue, d'un point de vue artistique, un pas de plus en avant dans sa vocation créatrice.



J'espère qu'un éditeur sérieux ou groupe actif dans le domaine des livres comme par exemple France Loisirs, prenne très prochainement Laure Barachin en charge ou sous contrat, de façon à ce que cette jeune écrivaine n'ait plus à perdre son temps précieux avec toutes sortes de formalités chronophages liées à l'auto-publication.
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Le chemin des étoiles

"Le Chemin des Étoiles" est l’histoire fictive du lynchage d’un homme noir par des membres anonymes du Ku Klux Klan et de l’impact que toute cette violence, à la fois passée et présente, a sur sa fille, Lisa.

Ceci n'est pas une critique mais plutôt un commentaire, une invitation à destination des membres de Babelio qui, comme moi, s’intéresseraient à l’histoire des Noirs américains. Je vous fais connaître mon modeste ouvrage.

Enfant, le livre de Barbara Smucker "Les Chemins secrets de la liberté" (Castor Poche Flammarion) m’avait fait découvrir l’esclavage, le combat pour son abolition ainsi que le « Chemin de fer souterrain », un réseau clandestin qui a permis à de nombreux esclaves de s’enfuir des plantations du Mississippi pour rejoindre le Canada.

Le film "Mississippi burning" d’Alan Parker, qui évoque la disparition et l’assassinat par des membres du Ku Klux Klan de trois militants des droits civiques en 1964, m’a également beaucoup marquée. Il a médiatisé une pratique courante à cette époque-là : tuer les Noirs qui souhaitaient l’application de la loi mettant un terme à la ségrégation, qui désiraient s’inscrire sur les listes électorales et voter sans être menacés ou battus à mort. Le sort, entre autres, de Wharlest Jackson, assassiné en 1967 parce qu’il avait obtenu une promotion, est exemplaire de cette ambiance délétère contre laquelle se battaient les trois militants assassinés : deux Blancs et un Noir. Même si un procès eut lieu en 1967, il a fallu attendre 1998 et 2005 pour que le chef du Ku Klux Klan local, Edgar Ray Killen, soit condamné. De nombreuses autres affaires restent non élucidées, des « cold cases », comme celle de Wharlest Jackson. "Le Chemin des Étoiles" est né de tous ces récits.

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Un été en terre catalane

Un roman qui mêle la petite histoire et la grande, le parcours personnel, celui de la famille dont on est issu et celui de celle qu'on ne connaît pas, et enfin les drames de l'histoire... ça ne pouvait que me parler ! J'ai même été très troublée de m'être engagée, sans l'avoir vu venir, dans une série de lectures ainsi basées sur la quête des origines et la manière dont les tragédies traversées par nos ancêtres se retrouvent en nous (De la poussière et du vent de Cathy Borie, L'origine de la violence de Fabrice Humbert...).



Mais chaque livre a sa manière propre de composer ce mélange. Chez Laure Barachin, l'originalité est que plusieurs personnages sont héritiers des drames de leurs ancêtres, et que cela se traduit de manière différente pour chacun d'entre eux, la gamme des effets étant même étonnamment large, depuis la rédemption par l'ignorance jusqu'au crime. C'est ce qui fait de ce roman un livre passionnant, que je suis ravie d'avoir découvert grâce à mes amis babeliens (kielosa et Hardiviller, pour n'en citer que deux).



Un été en terre catalane appartient probablement à la large constellation des romans policiers, puisqu'il y a meurtres et enquête - par une journaliste. Mais c'est bien plus que cela : l'enquête de la journaliste est aussi une quête de sa propre histoire ; et c'est un livre plein de références cultivées, qui permettent de donner un sens profond aux événements dramatiques qui y sont relatés. Il se lit vite, facilement, et j'ai beaucoup apprécié le style d'écriture, où les dialogues sont enrichis d'une analyse des réactions internes et des contradictions ressenties par les protagonistes. Bref, une belle découverte, que je vous recommande !



Dernière chose, Laure Barachin a auto-édité son roman par d'autres moyens que ceux auxquels j'ai eu recours en passant par Librinova : comme quoi l'auto-édition a de beaux jours devant elle !
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Le chemin des étoiles

Saviez-vous que chacun de vos doigts possédait des empreintes digitales uniques et pas seulement vos pouces ; qu'en 2020 , la population mondiale avoisinait les 7794799 personnes ? ( euh ! une fameuse petite erreur :7 794 779 000 personnes )

Ce n'est qu'un détail de peu d'importance pour certains et pourtant cela reflète quand même l'unicité , la rareté de chaque être humain .



On peut évoquer aussi les " petites cellules grises " qui vivent dans notre cerveau , notre intestin et même dans ... notre coeur . le principal mécanisme des neurones réside dans la plasticité , soit l'art de s'adapter , de se reconfigurer .



Que peut apporter cette digression au ressenti du roman si ce n'est la question essentielle qui gouverne notre petite vie : pourquoi ?



Pourquoi la diversité , la particularité sacrifient -elles tant d'êtres humains sur le bûcher du crétinisme ?

Car depuis la nuit des temps , certains se sont sentis supérieurs aux autres ; des extrémistes dont les neurones battent du beurre à force de s'étirer pour s'emparer du meilleur .

Ah , leur générosité ne connaît pas de limite dans la cruauté , par le meurtre , le viol , la torture , l'enlèvement , à l'encontre de groupes ethniques , religieux ou raciaux .



Le chapeau en revient aux Etats-Unis , avec particulièrement le Klu Klux Klan qui s'est repu de lynchages et qui s'en repaît encore probablement à l'heure d'aujourd'hui dans les endroits obscurs et retirés où vivent les " bons Américains à la Trump " .



Sur son lit de mort , sa mère murmura quelques mots à propos de la disparition de son mari , le père de Lisa : " J'aurais dû te dire ... Je n'en ai pas eu le courage ... Les réponses à tes questions sont en Alabama ... c'est dangereux ... Tu ne seras pas la bienvenue ... " P . 15



Et la jeune femme part vers l'inconnu , avec l'appui de la Providence , car la faucheuse guigne la vie avec des yeux goulus et un ventre immense .



Bien sûr , l'auteure nous conte une histoire sordide où le thème de la ségrégation est récurrent ; je dirais même que tout semble téléphoné car le suspens est peu présent .

Et pourtant on éprouve beaucoup d'admiration pour le talent de l'auteure à nous inciter à réfléchir , par l'amour , la compassion qui se dégagent de cette nouvelle , à nous sortir ainsi de cette mélasse dans laquelle a osé nous emmener Lisa , la jeune et belle femme au teint noir .



L'espoir plane et chemine piane -piane .



" le monde n'est ni noir ni blanc , juste gris avec des hauts et des bas selon les périodes , des moments de crise et de joie . " P .89
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Les enfants du mal

Il est toujours délicat de chroniquer un livre écrit par un membre de Babelio, qui plus est contact proche. Je me lance...en vers.



Capucine narratrice de destins noirs

Le sien celui d'autres enfants abandonnés

Le foyer des Lilas ne fleurit pas l'espoir

Pourtant Chris, Lucie, Samuel elle va aimer

Les hasards de la vie vont tant la bouleverser

Mais peut-on se construire comme enfant du mal

Peut-on se libérer des ruines du passé?



Cette quête personnelle de Capucine est fort émouvante et prenante: celle des origines, et les interrogations sur l'hérédité : le mal se transmet-il aux générations suivantes? Comment supporter les atrocités commises par des parents? Laure décrit bien aussi le sort si poignant des enfants solitaires et meurtris, qui n'ont plus de famille, maltraitante, défaillante, ou décédée. C'est un roman noir, même si une petite lueur éclaire la fin. Ma seule réticence vient du lien, peu vraisemblable, je trouve, établi entre Chris et Capucine. Mais , après tout, la vraie vie peut également nous réserver des surprises bien troublantes... Bravo à toi, Laure, pour ce livre et tous ceux que tu as écrits. Je te souhaite le meilleur.



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Le chemin des étoiles

Un roman social contemporain, un manifeste, voilà ce que représente pour moi "Le chemin des étoiles". Un roman dont la puissance politique résonne aujourd'hui, 4 novembre 2020, de manière aigue. Comment ne pas se remémorer après lecture de cet ouvrage les événements de Charlottesville en 2017? La dangerosité d'un discours présidentiel ( There are fine people on each side) qui a débridé encore davantage les positions de la alt-right américaine et affirmé dans ses bases l'expression d'un racisme puant...



Le chemin des étoiles est un roman sombre qui dénonce une Amérique gangrénée par la violence. L'Amérique de la ségrégation, celle du Ku-Klux-Klan, des suprématistes blancs...celle des fractures sociales et raciales. L'anti-rêve américain.



Lisa, l'héroïne du roman est une afro-américaine. Elle enseigne à Harlem. Pas facile tous les jours de donner du sens au métier : pour ses élèves, étudier les subtilités de la littérature anglo-saxonne n'apporte pas de bénéfices aussi lucratifs et immédiats qu'un petit job dans le circuit de la drogue. Mais Lisa n'est pas simplement une enseignante afro-américaine d'un quartier paupérisé de New-York. Elle est l'héritière douloureuse d'une histoire. Une histoire personnelle, ancrée dans les tripes, source de cauchemars, qui illustre, comme une goutte de sang séché, l'ensemble des crimes commis au nom du suprématisme blanc. Une histoire qui la ramène en Alabama sur les traces d'un père dont les circonstances du décès ont toujours été tues. Et pour cause...



Un roman troublant. La violence y est polymorphe : racisme, ségrégation, violences physiques et morales à l'égard des femmes, lâcheté et compromission du silence. Mais Lisa en affrontant son histoire apprend à se libérer du joug de cette Amérique-là. "Soyons le changement que nous voulons voir dans le monde." Oui, Lisa, merci d'être cet autre visage de l'Amérique.



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