AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Laure Murat (300)


Entrer dans la bibliothèque d'un écrivain, lire les textes qu'il a eus entre les mains, qui plus est dans les lieux mêmes de son séjour, tel est le seul vrai pèlerinage, ou en tout cas la proximité la plus étroite que l'on puisse trouver avec une pensée.

(page 169)
Commenter  J’apprécie          110
Quel besoin de dire quoi que ce soit, puisque c'est évident ? ai-je souvent entendu de la part de gens que le sujet [l'homosexualité de l'autrice] contrariait. Quelle obscure nécessité alors à la taire obstinément, cette fameuse évidence, inaccessible et comme barrée à la parole ? (page 138)
Commenter  J’apprécie          100
De ma mère, jamais un baiser, dont elle exécrait jusqu’à l’idée même. Ce régime ne m’était pas réservé. Elle était sous ce rapport, et sans doute sous ce rapport exclusivement, d’un égalitarisme sans défaut, au point de tous nous tenir à distance d’un simple geste d’avertissement, avec la main préventive du policier arrêtant la circulation, comme s’il y avait autour de son corps une ligne invisible à ne jamais franchir. Rarement un mot plus haut que l’autre, aucune colère spectaculaire. Rien. Rien du tout. L’absence, le vide, purs, qui avaient la dureté transparente d’un mur de cristal, lisse et sans aspérité ; une paroi impeccable, qui permettait de se voir mais jamais de se toucher. « Avec les enfants, chérie, il faut être in-di-ffé-rent, c’est cela, le secret. In-di-ffé-rent », avait recommandé ma mère de sa voix douce à ma sœur, qui lui demandait un jour conseil à propos de l’éducation de sa fille aînée. Comme j’assistais à cette conversation, je lui avais fait remarquer qu’elle donnait ce conseil à sa fille, accessoirement en ma présence, et que cela éclairait d’une lumière singulière sa propre expérience de la maternité. Elle balaya ma remarque d’un mouvement d’impatience, l’air de dire « vous êtes vraiment trop susceptibles », et sortit de la pièce. Le dernier mot, le dernier geste, elle y tenait beaucoup.
Commenter  J’apprécie          100
Un des problèmes du passage à l’âge adulte, c’est la rencontre de livres qui n’ont pas une fin heureuse.
Commenter  J’apprécie          101
Talleyrand a dû entendre parler pour la première fois de Bonaparte aux Etats-Unis où il séjournait à la même époque que Volnay, ancien député à l'Assemblée constituante. Talleyrand et Bonaparte ne se sont pas encore rencontrés. Mais dans la correspondance qu'ils échangent, l'idée d'une expédition en Egypte se révèle comme un projet partagé par les deux hommes.
Commenter  J’apprécie          100
[Chapitre : j'ai perdu Le Temps retrouvé...]
Ce roman est infiniment relisible parce qu'il contient trop de thèmes pour en rendre compte au premier coup. Comme Barthes l'a si bien dit, on ne saute jamais les mêmes passages, et il est vrai de même qu'on ne lit pas bien les mêmes passages. Cette œuvre est excessive ; c'est un peu comme les Fleurs du mal, qui sont devenues le magnum opus de Baudelaire par l'effet de la censure des six pièces condamnées dont la suppression a du même coup supprimé tout ce que l'auteur avait envisagé de produire pour la suite ; donc il a fini par tout mettre dans ce recueil. Proust n'a pas été censuré de cette façon, mais tout ce qu'il avait voulu faire – essais sur Sainte-Beuve, sur l'inversion, etc., et puis le grand projet romanesque, par les effets combinés de l'autocensure et l'intervention de la guerre, a trouvé en fin de compte place dans la Recherche.
Page 83
Commenter  J’apprécie          100
La lecture est un ensemble de choix, de perceptions et d'imaginations sensibles ; plaisir de tête, et pourtant corporel, physique. (Stéphane Audeguy)
Commenter  J’apprécie          100
Lâcher un livre en cours (…) laisse toujours un gout de défaite. On se sent comme pris en défaut, pas tout à fait à la hauteur.
Commenter  J’apprécie          100
L'aristocrate est, par excellence, quelqu'un qui se prend pour un aristocrate.
Commenter  J’apprécie          90
Avec la Recherche, le graphisme abstrait de ma généalogie devenait enfin une épopée à trois dimensions. La littérature hissait ces hérauts de la vie mondaine ordinaire au rang plus enviable d’êtres humains, agités de passions inavouables, écrasés de hontes ou de faiblesses, derrière le masque de l’arrogance. Ce faisant, elle jetait une lumière impitoyable sur les individus supposément impeccables, constitués de lettres patentes et d’armoiries qu’ils prétendaient être dans la réalité. Mon ambivalence vis à vis de l’aristocratie trouvait sa résolution : sensible, à l’occasion, à son sens du panache, mais aussi aux délicatesses morales de la grande politesse, je ressentais dans le temps, un profond désarroi et complaisance passionnée pour le mensonge social.
Commenter  J’apprécie          90
p. 186 Dans son étude, Anne Simon formule la révolution proustienne en une équation limpide : existence + imagination = réalité.
Commenter  J’apprécie          92
Le deuil qu’on éprouve à la fin d’un livre qu’on a adoré, on essaie de le combler en cherchant d’autres livres.
Commenter  J’apprécie          90
Un jour, une philosophe des sciences croisée sur le campus [à UCLA] me rapporta qu'elle venait de voir dans une exposition un tableau représentant Marat. Elle me demanda si j'avais un rapport avec lui. Je lui précisai que mon nom était Murat, avec un u (...). "Ah, quel dommage..., me répondit-elle un peu dépitée. À une lettre près, tu aurais pu avoir un nom célèbre !" (page 188)
Commenter  J’apprécie          80
Tous les témoins s'accordent sur un fait : Proust parlait comme dans son livre, il n'y avait pas de différence entre sa phrase orale et sa phrase écrite. (page 44)
Commenter  J’apprécie          80
Joachim Murat, onzième et dernier enfant d’un couple d’aubergistes, finira maréchal de France et roi de Naples. Si bien que chaque fois que, dans la conversation, surgissait l’expression « On n’est pas sortis de l’auberge », on ne manquait jamais d’ajouter : « Eh bien si, justement. »
Commenter  J’apprécie          80
Anatole France prétendait : « La vie est trop courte. Proust est trop long. » Ânerie intégrale, et fielleuse. J’ai toujours pensé l’inverse. La vie est trop longue et la Recherche trop courte. Le roman fait trois mille pages, soit cent trente heures de lecture en deux mois, selon de savants calculs. Impensable, vraiment ? Personne n’est obligé de lire Proust. Mais tout le monde perd à l’ignorer. On le lira à vingt ans, trente, quarante, soixante ans. Peu importe. Comme les rencontres amoureuses, la lecture de la Recherche attend son heure. Elle ne peut en aucun cas être forcée. C’est la lecture consentie par excellence. Et donc celle qui procure les plus grands plaisirs.
Commenter  J’apprécie          80
Et qu'est-ce qu'A la recherche du temps perdu, sinon le grand livre d'une vocation qui s'achève sur l'embarquement vers la création, en laissant une aristocratie sans œuvre à quai ?
Commenter  J’apprécie          80
Mon père est né en 1925, ma mère en 1939. Un peu tard pour avoir connu le grand monde tel que Proust l’a vécu, mais assez tôt pour en avoir une mémoire transmise, rapportée. Ils se rencontrèrent en janvier 1960, dans une soirée mondaine. Cinq mois plus tard, ils étaient mariés. Marcel Proust aurait très bien pu assister à leur mariage. Il aurait eu quatre-vingt-huit ans. En 1960, les alliances dans l’aristocratie continuaient de faire la une des journaux que l’on n’appelait pas encore people. Le mariage de mes parents, célébrant l’union de la fille aînée du duc de Luynes, descendant du favori de Louis XIII, et du prince Napoléon Murat, arrière-arrière-petit-neveu de l’empereur, eut droit à quelques gros titres. Tous les ingrédients étaient réunis.
Commenter  J’apprécie          81
Certains livres sont si riches qu'il faut les relire plusieurs fois parce qu'ils n'ont jamais fini de dire ce qu'ils ont à dire.
Commenter  J’apprécie          81
Une bibliothèque, ce serait donc d’abord cela: un réservoir à relectures potentielles.
Commenter  J’apprécie          80



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Laure Murat (792)Voir plus

Quiz Voir plus

Victor Hugo- Quiz sur sa vie et ses oeuvres

Quand est né Victor Hugo ?

le 23 février 1802
le 26 févier 1852
le 26 février 1802
le 23 février 1803

29 questions
104 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}