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Citations de Lorrie Moore (51)


Ce tabou au sujet de l'âge vise à nous faire croire que la vie est longue et nous améliore,que nous sommes plus sages,meilleurs,mieux informés sur le tard que sur le tôt.C'est une légende concoctée pour empêcher les jeunes de découvrir ce que nous sommes vraiment, de nous mépriser et de nous assassiner.Ils sont mystifiés,démunis,quand nous leur suggérons qu'il existe autre chose devant nous que le regret et la décrépitude.
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Il est indispensable de connaître de bonne heure des déceptions majeures,c'est ce qui vous permettra d'écrire à quinze ans de longues séries de poèmes en forme de haïku sur le thème du désir contrarié.C'est un lac,un pétale de cerisier,le vent qui frôle l'aile du moineau partant pour la montagne.Comptez les syllabes.Montrez ce que vous avez écrit à votre mère.C'est une femme solide,à l'esprit pratique.Elle a un fils au Vietnam et un mari qui la trompe sans doute.C'est quelqu'un qui pense qu'il faut porter des vêtements marron parce que c'est une couleur qui dissimule les tâches. Elle jettera un bref coup d'oeil à ce que vous lui montrez,puis elle reportera son regard sur vous,le visage aussi inexpressif qu'une pomme.Elle vous dira : " Tu pourrais peut-être vider le lave-vaisselle ?"
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On avait demandé à ma grand-mère, le jour de son quatre-vingt-dixième anniversaire, quel conseil elle donnerait à des jeunes, vu qu'elle était à la fin de sa vie. Elle avait commencé par plisser le front et par répondre d'une voix désagréable, comme si elle n'avait pas entendu : "Quoi?" Elle essayait de gagner du temps. Quand on lui avait répété la question, elle avait observé toute sa famille autour d'elle, ses enfants et ses petits-enfants, et dit d'une voix forte : "Ne vous mariez jamais !" Nous étions ahuris. C'était comme si elle avait dit : "Visez à la tête!" Comme si elle avait dit : "Si vous ne tirez pas pour tuer, ils reviendront." Je pensais autrefois que ces histoires romantiques qui se terminent par un mariage avaient tout faux car elles éludaient la partie la plus intéressante. Mais, maintenant, je comprenais qu'en réalité, le mariage marquait la fin. La fin de la comédie. C'est comme ça qu'on savait que c'était une comédie. La fin de la comédie marquait le début de la tragédie. (pages 359-360)
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Je ne m'ennuyais pas. Il y avait quelques petits moments agréables, comme envoyés par un dieu un peu fantaisiste. Un matin, une dame dans la queue paya le café du type derrière elle, qui paya celui du client devant lui. Puis le type paya celui de la dame derrière et ça continua ainsi pendant au moins quarante-cinq minutes, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de clients ni de queue - mais tant qu'elle dura, ce fut un moment magique. (page 353)
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Je ne prendrais jamais le nom d'un homme. Je le savais au plus profond de moi-même, même si je soupçonnais les femmes qui l'acceptaient de posséder un savoir sur le mariage que je n'avais pas. Moi, je ne permettrais même pas à un homme de prendre le volant. (page 276)
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- Il y a des années, j'ai entendu parler d'une famille qui avait adopté un enfant afro-américain. Lorsqu'il a eu treize ans, ils ont installé un système d'alarme pour qu'il se sente en sécurité quand ils sortaient. Le système envoyait un appel à la police au moindre geste, même un mouvement à la fenêtre, et évidemment, que s'est-il passé? Un soir où les parents étaient à une fête, peu avant Noël, la police a surgi et, voyant un jeune Noir au milieu de la pièce, ils lui ont tiré dans la poitrine.
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Elle prit à nouveau conscience de la taille de la maison : ils venaient d'entrer par une nouvelle porte, et elle ne savait pas du tout où elle se trouvait. Il y avait une porte sur chaque flanc et une autre à l'arrière, sans compter les deux sur la façade. Avoir deux portes d'entrée ! La vie était déjà assez compliquée comme ça. Un tel choix quotidien ne pouvait qu'être épuisant, à la longue.
(Dépendances)
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« Je n’arrive pas à croire que Maria se marie en blanc », déclara Nickie.
Je haussai les épaules.
« Quelle couleur voudrais-tu qu’elle porte ?
- Du gris ! répondit aussitôt Nickie. Pour faire honneur à son cerveau ! Pour prouver qu’elle possède un peu de matière grise ! »
(Merci pour l'invitation)
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Et pourtant, je préférais ça au fait de me retrouver vieille fille, un destin que j’avais imaginé être génétiquement programmé pour moi, et qui allait sans doute finalement réaliser. On naissait seul, on mourait seul, et on était vraiment absolument seul après la mort, alors à quoi bon « apprendre à être seul » entre-temps ? Même quand on l’oubliait, la solitude ça revenait vite. C’était comme le vélo. On vous enseignait ça avec un fusil sur la tempe. Mais là, le fusil, c’était vous qui le pointiez. La solitude, c’était l’air dans vos pneus, le vent dans vos cheveux. Inutile d’écarter les bras pour la saisir. D’ailleurs, si on écartait les bras, on tombait de vélo. Je buvais mon vin trop vite.
(Merci pour l'invitation)
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Elle racontait parfois à ses amis que son père était mort, et quand on lui demandait comment, elle prenait un regard lointain et profondément attristé pour répondre: "Dans un jeu du pendu pris trop au sérieux".
(Merci pour l'invitation)
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- Il paraît qu'il y a un gâteau d'anniversaire cet après-midi, déclara-t-il.
- C'est une bonne nouvelle ! dit-elle avec un sourire.
- Sans bougies, évidemment. Ni fourchettes. On devra manger le glaçage avec nos doigts et nous le fourrer dans les yeux pour nous aveugler. Vous pensez parfois au temps qui s'arrête au moment où on souffle les bougies, et quand la fumée se dissipe ? C'est comme le feu de l'amour qui brûle. Vous pensez parfois à la raison pour laquelle tant de gens ont des choses qu'ils ne méritent pas, mais aussi à quel point ces choses sont absurdes ? Vous pensez vraiment qu'un souhait peut devenir réalité si on n'en parle jamais jamais jamais jamais jamais jamais à personne ?
(Référentiel)
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"Ira était divorcé depuis six mois, mais il ne parvenait toujours pas à retirer son alliance. Son doigt s’était empâté à force de désir frustré, de remords intarissables et d’ambitions non réalisées, disait-il à ses amis. ‟Je vais devoir me faire couper le doigt par un chirurgien.” L’anneau (a priori en or, même si, désormais, il doutait de tous les cadeaux de Marilyn, alors allez savoir) encerclait son annulaire boudiné, lequel avait grossi tout autour comme une putain de vigne insouciante.
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"Vraiment ? Si je laissais ma fille décider de ce genre de choses, je sortirais avec un beagle !"
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On pouvait perdre quelqu'un, néanmoins il continuait à exister. La fin de l'amour n'était qu'un film de zombies.
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Les gens mouraient, mais si on arrivait à oublier qu'ils étaient morts, même un instant, ils gagnaient une sorte d'immortalité. Ils continuaient à vivre, même morts.
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Pour l'instant la maison de Zoé était plutôt vide. Le précédent propriétaire avait tapissé sans déplacer les meubles, ce qui avait laissé des silhouettes étranges sur les murs, et Zoé n'avait pas encore fait grand-chose pour y remédier. Elle avait acheté des meubles mais les avait rapportés au magasin, meublant puis vidant, préparant puis se débarrassant, comme pour un utérus. Elle avait acheté plusieurs coffres en pin à utiliser comme banquettes ou coffres à chaussures, mais ils finirent par lui évoquer des cercueils pour enfants, et il lui fallut les rapporter, eux aussi. Elle avait récemment acheté un tapis chinois pour le salon, avec des idéogrammes qu'elle ne comprenait pas. La vendeuse lui avait assuré qu'ils signifiaient Paix et Vie éternelle, mais quand Zoé eut ramené le tapis chez elle, elle s'inquiéta. Et s'ils ne signifiaient pas Paix et Vie éternelle mais Bruce Springsteen. Plus elle y pensait et plus elle était convaincue qu'elle avait acheté un tapis où il était écrit Bruce Springsteen. Elle le ramena lui aussi.
(Et, en plus, vous êtes moche)
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Au lieu de ça, elle arpenta un centre commercial, passa devant un magasin de boucles d'oreilles qui s'appelait "Collez-vous-la-dans-l'oreille", et un salon de beauté "Chez Dorian Gray". C'était ce qui était amusant avec la beauté, pensa Zoé. Chercher la rubrique beauté dans les pages jaunes et vous tomberez sur des centaines de références, hostiles dans leurs traits d'esprit, touchantes dans leurs mises en garde. Mais si vous y cherchez la vérité - alors là! Le dé-sert.
(Et, en plus, vous êtes moche)
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Zoé disait toujours que le truc pour voyager en toute sécurité c'était de ne jamais acheter de billet à prix réduit et de se répéter que votre vie était trop médiocre pour valoir le coup d'être vécue, comme ça, si l'avion s'écrasait, ce ne serait pas un drame. Si l'avion ne s'était pas écrasé, puisque vous aviez réussi à le maintenir en l'air grâce à votre propre insignifiance, il vous restait à en sortir en titubant, à trouver vos bagages, ainsi qu'une bonne raison de continuer à vivre quand le taxi arriverait.
(Et, en plus, vous êtes moche)
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Elle était plutôt jolie, mais son visage portait les marques de l'effort et d'une ambition jamais tout à fait accomplie. Il y avait trop d'application dans l'eyeliner, et ses boucles d'oreilles, qu'elle portait certainement pour le côté théâtral que ses traits ne possédaient pas, étaient un peu effrayantes dans la façon dont elles jaillissaient de sa tête comme des antennes.
(Et, en plus, vous êtes moche)
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“His fish smells fishier than the others- he is sure of it. Perhaps he has been poisoned.”
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