Pendant l’été 1963, deux fillettes avaient été abusées sexuellement et assassinées à Stockholm, après que le coupable les eut abordées dans le parc où elles jouaient. Ce fait réel constitue le point de départ du roman.
Ce troisième roman du duo d’écrivains Suédois traite d’un sujet peu traité dans la littérature policière de l’époque (nous sommes en 1967) : la pédophilie. Dans un Sockholm en proie à une vague de chaleur, Martin Beck et son équipe traquent un violeur meurtrier de petites filles.
Une chaude journée d’été, un homme assis sur son balcon observe tranquillement l’activité de la rue en dessous. Simplement, par la description détaillée de ses activités domestiques ordinaires, une atmosphère de menace commence à poindre.
L’inspecteur Gunvald Larsson enquête sur une série d’agressions violentes. Comme les jours passent et que les agressions s’accumulent, le mécontentement de la population commence à enfler. Tout ceci va changer quand va avoir lieu un meurtre épouvantable.
« Les buissons cachaient à moitié le buste de l’enfant…. Son bras droit était replié au-dessus de sa tête et sa main gauche reposait sur sa hanche, paume ouverte. Ses longs cheveux blonds dissimulaient sa joue. Elle était pieds nus. Son T-shirt de coton à rayures retroussé découvrait sa poitrine. Elle avait environ neuf ans. Et elle était indiscutablement morte.»
Une fillette est retrouvée étranglée dans un des parcs de la ville. Aucun indice, ni témoin, ni aucune piste à laquelle se raccrocher. Trois jours après, une deuxième fillette est retrouvée étranglée, selon le même schéma.
L’investigation minutieuse de Martin Beck et de ses collègues, surchargés de travail, sous-payés, mais déterminés à mettre le tueur hors d’état de nuire, occupe tout le reste du roman. L’enquête sur les agressions et les meurtres, qui se sont passé dans les mêmes endroits, vont se chevaucher, et finalement converger. La recherche d’indices, le travail fastidieux de porte-à-porte, le rapport d’évènements à première vue insignifiants, une fois regroupés, forment un tableau d’ensemble qui prend tout son sens, et conduiront à l’arrestation du meurtrier.
Les policiers sont montrés dans toute leur humanité, accablés de travail et par la nature même de ces crimes sur lesquels ils enquêtent.
« Comme la plupart de ceux qui allaient avoir à s’occuper de cette affaire, il était exténué avant même que l’enquête eût démarré. Il pensait au caractère ignoble de ce crime, aux gens qui avaient été si durement éprouvés par son aveugle incohérence. Il était déjà passé par là – il était bien incapable de se rappeler combien de fois – et il savait à quel point une affaire de ce genre peut être horrible et difficile. «
Martin Beck est un policier dans la quarantaine, dont la vie de couple s’effiloche, ce qui explique son hyperactivité au travail, à moins que ce ne soit sa trop grande implication dans son métier qui ne détruise son couple. Le lourdaud et rustre Larsson, l’intuitif Kollberg, le placide Rönn et Melander, surnommé « l’ordinateur » pour sa mémoire fabuleuse, complètent l’équipe. Bien qu’étant le personnage principal du roman, Beck n’accapare pas le premier plan, l’accent est mis aussi sur le travail des autres enquêteurs, il sera là pour synthétiser tout le travail de l’équipe.
La structure et le style, faits de dialogues très dynamiques, ne sont pas sans rappeler les romans d’Ed McBain et ses policiers du 87ème District. Maj Sjöwall s’en est toujours défendue, arguant qu’elle n’avait entendu parler de lui que plus tard, quand ses romans furent traduits en suédois. Cela paraît difficile à croire, tellement le style des dialogues et l’approche du « héros maison » sont semblables. De plus le duo d’agents pas très brillants, Kurt Kvant et Karl Kristiansson rappellera inévitablement aux fans du 87ème District les inénarrables détectives Monaghan et Monroe.
Dans ce cadre idyllique de la Suède et son système social d’État providence, les auteurs s’ingénient à nous montrer l’autre côté du miroir, les aspects les plus sombres de leur société, et cinquante ans après sa sortie, ce roman demeure d’une étonnante modernité.
J’ai vraiment beaucoup aimé ce roman, captivant et authentique.
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