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Critiques de Maj Sjöwall (210)
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L'homme au balcon

Pendant l’été 1963, deux fillettes avaient été abusées sexuellement et assassinées à Stockholm, après que le coupable les eut abordées dans le parc où elles jouaient. Ce fait réel constitue le point de départ du roman.



Ce troisième roman du duo d’écrivains Suédois traite d’un sujet peu traité dans la littérature policière de l’époque (nous sommes en 1967) : la pédophilie. Dans un Sockholm en proie à une vague de chaleur, Martin Beck et son équipe traquent un violeur meurtrier de petites filles.



Une chaude journée d’été, un homme assis sur son balcon observe tranquillement l’activité de la rue en dessous. Simplement, par la description détaillée de ses activités domestiques ordinaires, une atmosphère de menace commence à poindre.



L’inspecteur Gunvald Larsson enquête sur une série d’agressions violentes. Comme les jours passent et que les agressions s’accumulent, le mécontentement de la population commence à enfler. Tout ceci va changer quand va avoir lieu un meurtre épouvantable.

« Les buissons cachaient à moitié le buste de l’enfant…. Son bras droit était replié au-dessus de sa tête et sa main gauche reposait sur sa hanche, paume ouverte. Ses longs cheveux blonds dissimulaient sa joue. Elle était pieds nus. Son T-shirt de coton à rayures retroussé découvrait sa poitrine. Elle avait environ neuf ans. Et elle était indiscutablement morte.»

Une fillette est retrouvée étranglée dans un des parcs de la ville. Aucun indice, ni témoin, ni aucune piste à laquelle se raccrocher. Trois jours après, une deuxième fillette est retrouvée étranglée, selon le même schéma.



L’investigation minutieuse de Martin Beck et de ses collègues, surchargés de travail, sous-payés, mais déterminés à mettre le tueur hors d’état de nuire, occupe tout le reste du roman. L’enquête sur les agressions et les meurtres, qui se sont passé dans les mêmes endroits, vont se chevaucher, et finalement converger. La recherche d’indices, le travail fastidieux de porte-à-porte, le rapport d’évènements à première vue insignifiants, une fois regroupés, forment un tableau d’ensemble qui prend tout son sens, et conduiront à l’arrestation du meurtrier.



Les policiers sont montrés dans toute leur humanité, accablés de travail et par la nature même de ces crimes sur lesquels ils enquêtent.

« Comme la plupart de ceux qui allaient avoir à s’occuper de cette affaire, il était exténué avant même que l’enquête eût démarré. Il pensait au caractère ignoble de ce crime, aux gens qui avaient été si durement éprouvés par son aveugle incohérence. Il était déjà passé par là – il était bien incapable de se rappeler combien de fois – et il savait à quel point une affaire de ce genre peut être horrible et difficile. «



Martin Beck est un policier dans la quarantaine, dont la vie de couple s’effiloche, ce qui explique son hyperactivité au travail, à moins que ce ne soit sa trop grande implication dans son métier qui ne détruise son couple. Le lourdaud et rustre Larsson, l’intuitif Kollberg, le placide Rönn et Melander, surnommé « l’ordinateur » pour sa mémoire fabuleuse, complètent l’équipe. Bien qu’étant le personnage principal du roman, Beck n’accapare pas le premier plan, l’accent est mis aussi sur le travail des autres enquêteurs, il sera là pour synthétiser tout le travail de l’équipe.



La structure et le style, faits de dialogues très dynamiques, ne sont pas sans rappeler les romans d’Ed McBain et ses policiers du 87ème District. Maj Sjöwall s’en est toujours défendue, arguant qu’elle n’avait entendu parler de lui que plus tard, quand ses romans furent traduits en suédois. Cela paraît difficile à croire, tellement le style des dialogues et l’approche du « héros maison » sont semblables. De plus le duo d’agents pas très brillants, Kurt Kvant et Karl Kristiansson rappellera inévitablement aux fans du 87ème District les inénarrables détectives Monaghan et Monroe.



Dans ce cadre idyllique de la Suède et son système social d’État providence, les auteurs s’ingénient à nous montrer l’autre côté du miroir, les aspects les plus sombres de leur société, et cinquante ans après sa sortie, ce roman demeure d’une étonnante modernité.

J’ai vraiment beaucoup aimé ce roman, captivant et authentique.
Lien : https://thebigblowdown.wordp..
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Le policier qui rit

2eme histoire du couple Wahlöö/ Sjöwall ...que je lis

la 1ere m'avait laissé dubitative ( Roseanna) mais cette fois j'ai bien accroché

L'intrigue est prenante.....

Je me suis un peu perdue avec tous ces protagonistes aux noms suédois dépaysant

Mais au final....j'ai fermé le livre avec un petit sourire en coin....

Très très bon signe ....ce petit étirement de mon faciès
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L'abominable homme de Säffle

On me l'a conseillé en me disant que je pouvais commencer la série par le milieu, mais après avoir testé je pense qu'il vaudrait mieux les lire dans l'ordre (et celui-là est vers la fin). C'est seulement pour des détails, mais il y a tout de même une continuité. C'est une de ces séries de polars suédois avec enquêtes lentes aux accélérations presque dues au hasard, et policiers fatigués, usés par le travail ; un des précurseurs du genre.



L'enquête elle-même n'est pas palpitante. On sait qui est le coupable peu de temps après le milieu du livre, et ce n'est pas une grosse surprise. Mais la victime est un commissaire de police, l'assassin avait ses raisons, et le thème central du livre est surtout les abus de pouvoir de la police, brutalités, faux témoignages, et l'impossibilité d'obtenir justice. C'est la première fois que je vois une vision si noire de la police dans un livre où les héros sont des policiers (c'est autre chose dans les séries de détectives privés ^^), et cela donne l'occasion d'observer leurs réactions et leurs doutes. Et aussi de jeter une lumière particulièrement crue (et peut-être un peu exagérée, les auteurs sont un peu marxistes sur les bords, mais pas tant que ça) sur une réalité sociale.



Mais une fois qu'on sait qui est le coupable, la question qui se pose est comment l'arrêter, qui en a les compétences, qui en a le droit moral, et on finit avec une scène d'action tendue et rythmée. J'aurais aimé un peu plus de développement des personnages, mais ils sont nombreux, le livre est court, et je suppose que c'est une des raisons pour lesquelles lire toute la série est une bonne idée.

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La voiture de pompiers disparue

Cinquième volet du Roman d'un crime de Maj SJOWALL et Per WAHLOO, La voiture de pompiers disparue prend le prétexte d'une enquête sur un violent incendie, dans lequel un petit malfrat a étrangement trouvé la mort, pour évoquer très clairement quelques problèmes auxquels était confrontée la société suédoise à la fin des années soixante. C'est en particulier les problèmes de drogue et de prostitution infantile, mais aussi celui des capacités de réinsertion des condamnés de la par de l'univers carcéral. A ce niveau, le constat du couple suédois est pour le moins pessimiste.
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L'homme au balcon

Derrière le polar, une peinture de la société suédoise. Autant les deux préfaces remarquables de Jo Nesbo et de Andrew Taylor nous y préparent, autant nous restons confondus devant le maillage littéraire qui fait d'une "banale" affaire de violeur de petites filles un certain procès d'une société en difficulté. Société à l'image de l'équipe de policiers, qui vont traquer dans un long parcours temporel celui qui doit expurger par le crime son trop-plein.

Cette écriture-là est passionnante, parce que tout en respectant les codes du polar, elle dévoile aussi - et surtout - à la manière d'un D Hammet un monde sans pitié. L'arrestation d'ailleurs, ne constitue pas une dénouement : plutôt une ouverture vers d'autres crimes que les inspecteurs devront affronter au milieu de leurs propres angoisses personnelles.
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La voiture de pompiers disparue

Rassurez vous, je ne dévoilerai rien en signalant que la voiture de pompiers a été retrouvée, ouf!

Les auteurs sont des témoins engagés des années 60-70, remettant en cause la "sociale démocratie", espérant qu'un autre modèle de société pourrait émerger et remettre de l'ordre dans les valeurs morales bien maltraitées par une partie de la jeunesse suédoise.

Ce livre comme les autres de la série, est un plaidoyer pour une prise de conscience de l'évolution nécessaire des consciences avec parfois un peu de désespoir:

"Le 30 avril est un jour important en Suède.....les dirigeants syndicalistes sortent leurs drapeaux rouges de l'antimite et essayent de se rappeler les paroles d'Enfants du travail. Demain, ce sera le 1er Mai, le jour où on fera à nouveau mine -furtivement- d'être socialiste. Il y aura un défilé symbolique et les agents de police eux-mêmes se mettront au garde-à-vous lorsque les fanfares joueront l'internationale."

En plus de ces constats, ce livre est aussi un roman policier avec une intrigue qui vous tient en haleine jusqu'à la dernière page.

Chapeau bas pour Maj et Per!
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Roseanna

J'ai lu pendant une période beaucoup de livres policiers et j'ai rencontré le pire et le meilleur laissant bien souvent agir le hasard dans mes choix.

J'ai certes terminé la lecture de cet ouvrage, mais c'est avec beaucoup d'abnégation et un peu de masochisme peut être aussi.

A offrir si l'on veux se venger de quelque chose....
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Roseanna

Voilà une série policière que je découvre avec plaisir. Qu'il est agréable de lire un policier où internet et téléphone portable sont aux abonnés absents. Qu'il est agréable de découvrir un nouvel enquêteur par petite touche, un homme marié pour une fois, même si on sent dès ce premier tome que son mariage se délite. Et l'enquête , certes lente reste intéressante à suivre. L'aspect sociétal, bien présent est un plus, il apporte des éléments très intéressant sur cette période historique que somme toutes je connais peu dans les détails.

Je compte bien découvrir prochainement la suite des enquêtes de Martin Beck.



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Le policier qui rit

Den skrattande polisen

Traduction : Michel Deutsch



Difficile, pour ceux qui ne les ont jamais lus, d'aborder pour la première fois chez Sjöwall et Wahlöö. La fiche de "Ma Bibliothèque est Net" vous éclaircira sur ce couple qui, bien avant Hennig Menkell, fit du "polar social" à la suédoise :



http://www.livres-online.com/-Sjowall-Maj-.html



Au point de départ du "Policier qui rit", un nonuple meurtre, le mitraillage, dans un bus à impériale de Stokholm, de neuf passagers qui, a priori, n'avaient strictement rien à voir les uns avec les autres. Au milieu : un inspecteur de police assis auprès d'un petit truand plus ou moins toxicomane.



Même si le lecteur se dit que le policier devait bien filer le truand, les conclusions sont surprenantes. Comme d'habitude, l'enquête s'emballe pratiquement sur la fin et tout ce qui précède n'est en fait qu'une analyse lente, méthodique, de la dégradation du système social suédois.



A mon avis, "Le Policier qui rit" est idéal pour appréhender les aventures du commissaire Martin Beck que certains surnommèrent "le Maiget suédois." Le parallèle avec Simenon est, il est vrai, inévitable. Mais entre le couple Sjöwall-Walhöö et l'auteur belge, il y a tout un monde : différences sensibles du climat et de la longueur des jours (la nuit polaire n'est pas loin chez les Suédois), différence de la pensée religieuse également (chez Sjöwall et Wahlöö, les gens sont situés par rapport à leur paroisse), différence d'époque bien évidemment puisque la carrière de Simenon et de son Maigret est bien plus étendue que celle des Suédois, qui ne rédigèrent en tout et pour tout que dix polars, à partir des années 60. L'ombre du terrorisme par exemple plane toujours chez ces derniers alors que, pour autant que je sache, Simenon n'y a jamais fait allusion.



Les puristes commenceront peut-être par "Roseanna" qui, de fait, est le premier volume publié par Sjöwall & Walhöö. Je le relis et viens vous en parler.



Si vous le voulez bien ! ;o)
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L'assassin de l'agent de police



C'est un roman policier qui commence sur une présomption de culpabilité! Une femme disparait. Son voisin, condamné il y a dix ans pour meurtre, a été vu en sa compagnie peu de temps avant sa disparition. Et voilà que le directeur de la police suédoise, sous la pression de l'opinion publique, et alors que l'enquête piétine, donne l'ordre à Martin Beck d'arrêter cet homme. Mais aucun crime n'a été commis. Et aucune preuve, aucun témoignage n'accuse cet homme. Et ceci, pour que la police ne "soit pas la risée générale". Martin Beck s'exécute et arrête Bengtsson, le voisin de la disparue, presque en s'excusant. Bengtsson est un présumé coupable d'un crime inexistant. À Martin Beck de trouver et le crime et les preuves de la culpabilité de Bengsston! Une réflexion intéressante sur le fait qu'un condamné, même s'il a payé sa dette à la société, est marqué à vie par son passé. Et aussi sur le poids grandissant de l'opinion publique manipulée par la presse.

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Et les auteurs enfoncent le clou. Un journaliste, Boman, approche Martin Beck pour glaner des renseignements sur cette affaire, il a été condamné pour homicide et a dû d'ailleurs changer de nom pour pouvoir retrouver un emploi, en l'occurence à l'Allehanda. En haut lieu, on reproche à Martin Beck de parler à ce "reporter ancien meurtrier"! Parce qu'il a été condamné. Un journaliste de la Presse du Soir menace même publiquement Boman de révéler qui il est vraiment. Encore un autre marqué à vie par son passé! Et puis on découvre le cadavre de la disparue. Et l'enquête va pouvoir enfin démarrer sur des bases sérieuses. Bengtsson est-il innocent?

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Les auteurs ont décidé dans cet avant dernier opus de la série des Martin Beck de soulever de nombreuses questions importantes. Telles que : peut-on vivre normalement quand on a tué quelqu'un et ce quelqu'en soit la raison? Même pour une bonne raison. "On ne peut pas vivre avec ça. Tout devient différent. On ne s'en remet pas." dit Boman. On va d'ailleurs rencontrer beaucoup "d'hommes qui ont tué" dans ce roman. Autre question forte : est-ce que les nouveaux policiers sont à la hauteur de leurs aînés? On va voir évoluer une belle brochette de policiers imbéciles, de policiers non motivés, de policiers violents et enfin de policiers autoritaires. C'est Kollberg qui dit : "Il fut un temps où j'aimais bien être dans la police. Mais ce temps-là est révolu depuis longtemps." Malaise. Enfin les auteurs abordent le sujet de la lente désagrégation de la société suédoise : des jeunes incontrôlables qui détestent la société (et particulièrement la police), un semblant d'ordre basé sur des arrestations arbitraires, un système de santé à la dérive avec des médecins qui quittent le pays et la concentration du pouvoir dans les mains "d'un petit nombre de familles riches et d'une poignée de politiciens incapables et corrompus". C'est sombre. C'est prophétique (on est en 1974). C'est un roman coup de poing.
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La chambre close



Dès les premières pages, on reconnait le style si particulier des auteurs. Un style descriptif précis où chaque détail semble être important. Ainsi une demi page est consacrée à la description du contenu d'un tiroir presque vide du bureau de l'inspecteur Martin Beck, au commissariat de Västberga! Ce style participe à créer une ambiance un peu mystérieuse et teintée d'humour. On retrouve très vite aussi nos vieilles connaissances : les agents Kristiansson et Kvant "nos deux crétins". Quand ils se mêlent de quelque chose, ça part mal. Et là visiblement, ils ont ignoré qu'il est difficile de se suicider d'une balle en plein coeur dans un appartement ultra-verrouillé… sans aucune arme à feu à l'intérieur du logement. On est ainsi précipité, dès le début, dans un mystère de chambre close. Et Gustavsson, leur chef, sait quoi penser de ces "énigmes impossibles à résoudre : on voit tout de suite qu'il vaut mieux abandonner". Mais Martin Beck ne l'entend pas de cette oreille et "n'est pas décidé à abandonner. En tout cas, pas avant longtemps."

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On prend toujours beaucoup de plaisir à lire Sjöwall et Wahlöö. Ainsi les interrogatoires des témoins du braquage meurtrier d'une banque sont savoureux : il n'y a en pas deux qui disent la même chose et aucun n'a vraiment vu ce qui s'est passé, puisque le lecteur sait comment l'auteur des faits s'est enfui et peut comparer la vérité à ces témoignages fantaisistes. On va aussi assister à la préparation minutieuse "du coup du siècle" par deux braqueurs que la police de Stockholm voudrait bien prendre en flagrant délit. Avec toujours un certain humour sous-jacent. On retrouve à cette occasion Bo Zachrisson "un bon à rien d'agent de police" déjà rencontré dans d'autres romans des mêmes auteurs. Car il n'y a pas que des super policiers chez Sjöwall et Wahlöö : ainsi une tentative d'arrestation menée par le procureur Bulldozer Olsson tourne au fiasco et apparait aussi comique qu'une pièce de Feydeau!

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Dans un tout autre registre, certains passages de La chambre close dénotent de l'engagement politique des auteurs. À gauche. Ainsi, à propos du futur immeuble du QG de la police nationale, ils écrivent : "il devait abriter une direction centralisée et planifiée de type totalitaire". Ou cette remarque sur la Säpo "qui au fond ne servait à rien puisqu'elle s'obstinait à mettre en fiche les communistes tout en ignorant diverses organisations fascistes." Ou encore : "attaquer une banque peut être justifié par des raisons politiques." Est-ce parce qu'ils sont engagés à gauche et qu'ils combattent toute forme de pouvoir fort que la plupart des policiers de ce roman apparaissent incompétents ou ridicules? Une façon de lutter par le biais de la littérature? Qu'importe, cela n'enlève rien à l'excellence de ce roman policier qu'on ne peut pas cataloguer, tellement il est unique dans l'univers du polar.
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L'homme au balcon

Ce qui me semble intéressant, c'est qu'à travers un polar, l'écrivaine nous permet de découvrir des pans de la société suédoise que nous tendons à idéaliser vue de l'extérieur. J'espère me régaler comme avec les romans de Henning MANKELL qu'elle a inspiré.
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L'abominable homme de Säffle



Au premier contact, on est surpris par l’écriture très descriptive de Sjöwall et Wahlöö. Ainsi quand l’inspecteur Martin Beck pénètre dans la chambre d’hôpital où il va découvrir le commissaire Nyman, mort, il y a une page et demi pour décrire la chambre: murs, plafond, sol, fenêtres, lit, meubles, aliments, articles de toilettes, médicaments, vêtements, objets divers (« un stylo Waterman quadrichrome flambant neuf à pointe bille et quelques pièces de monnaie - très exactement huit de dix centimes , deux de vingt-cinq et six d’une couronne »). On imagine la scène au cinéma, avec un lent travelling circulaire, la caméra s’attardant sur chaque recoin de la pièce, et des zooms sur chaque objet présent dans la pièce pour enfin se fixer sur une tache rouge, d’un « rouge agressif » : le sang du mort, puis plus loin, son corps, sans vie, sur le sol. Quelle entrée en matière!





Ensuite on note l’amour que les auteurs éprouvent pour Stockholm. Quand ils décrivent la beauté d’un lever de soleil sur le Strömmen, endroit par lequel le lac Malar communique avec la Baltique. Ou quand ils regrettent de voir disparaître des quartiers historiques agréables et pleins d’animation au profit d’immeubles de bureau froids et d’espaces bétonnés. Et puis ils manient souvent l’humour, ce qui adoucit l’horreur des évènements relatés. Les aventures des agents Kristiansson et Kvant sont un exemple type de cet humour suédois.





Si notre attention se tourne maintenant vers le cadre de l’intrigue, on découvre que ce roman - écrit en 1971 - est d’une étrange modernité : il traite en effet des violences policières. Plus particulièrement celles exercées par le commissaire Nyman. Et et de l’esprit de corps entre policiers pour nier ces violences et classer sans suite toute plainte déposée à leur propos. Alors oui, assez vite, on entrevoit un mobile qui a pu mener à l’assassinat de Nyman. La vengeance. Mais Martin Beck n’a que l’embarras du choix au milieu de toutes ces plaintes - contre Nyman - classées sans suite. Et si d’autres policiers risquaient eux-aussi d’être tués? Pour les mêmes raisons. Le doute s’installe. Kolberg et Beck avancent rapidement dans leur recherche. La fin est un long suspense d’une noirceur totale. Peut-être le meilleur roman de Sjöwall et Wahlöö.
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La chambre close

«Le retour de Martin Beck»

En convalescence «une affaire» lui est confiée aimablement pour qu’il puisse la traiter de son fauteuil.

Une affaire avec «des faits inexplicables… On voit tout de suite qu’il vaut mieux abandonner» lui dit un collègue ayant travaillé dessus.

Mais bon ce n’est pas le genre a dégoûter Martin Beck bien au contraire et puis la convalescence lui a pesé un peu.



Une narration qui mêle en alternance drôlerie et pondération réglementaire.

On a droit d’un coté à un humour un peu suranné et plutôt balourd de l’équipe de police anti-gang qui planche sur un hold-up.

Un procureur complètement halluciné à coté de ses pompes, à certains comportements et dialogues se voulant désopilants mais sans finesse et très potaches.

Une scène improbable de prise d’assaut d’un appartement…vide... avec gaffes sur gaffes des policiers assaillants, véritable comédie policière anglaise à gags, une peu lourde quand même du style «hot stuff»

Un interrogatoire peut-être inspiré par l’inspecteur Juve tournicotant autour de Fandor avec ses «tu mens, tu mens, il ment, tais-toi!» dans le Fantômas de 1964

Une souricière qui vire à un fiasco digne du gendarme Cruchot et de ses bras cassés sur la plage des nudistes.



D’un autre coté à un sérieux très sage de la part de l’inspecteur Beck: un vieux de la vieille avec lequel il ne faut pas rigoler et qui appelle un chat un chat

Plutôt porté sur la règle et l’introspection sans fard, opiniâtre qui ne lâche rien en passant par la petite porte.

Avec ténacité et méthode il remonte à l’origine de l’affaire confiée: un banal suicide dans un appartement complètement fermé à clef « de l'intérieur» comme les WC de Coluche, suicide par balle mais sans arme à feu… «Une énigme véritablement impossible à résoudre un nouveau «mystère de la chambre jaune»



Au centre deux affaires, le hold-up avec mort d’homme et l’énigme de « la chambre close », apparemment sans lien mais qui après quelques investigations sont moins étrangères qu’on aurait pu le penser et vont se croiser. Encore faut-il penser à croiser les faits et cela ne semble pas évident avec cette police suédoise.



Une histoire plutôt sympathique et assez anodine avec un seul mort et encore par «accident» et un «suicidé» pas très net époque où on ne tirait pas systématiquement sur tout ce qui bouge: une violence disons humaine de proximité.



Les auteurs ont dans leur démarche générale une volonté de se gausser de la police fonctionnaire et tourner en ridicule le comportement de certains comportement carriéristes et de l’incompétence d’individus profiteurs du système. Du grand guignol un peu étonnant de la part de Sjöwall et Wahlöö: ils se sont lâchés!



Mais ils louent quand même le professionnalisme de certains et qui en général n’en sont pas même remerciés.

Une enquête, du moins celle de Martin Beck, vraiment pour très très grand convalescent. L’autre plus débridée mais trop farfelue et une fin plutôt immorale, comme se le permet parfois un autre écrivain de policier Andréa Camilleri, immorale car les méchants ne sont pas punis ou punis pour autre chose ce qui revient au même.



Mais il y a quand même un heureux : Martin Beck
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Roseanna

Une jeune fille nue est repêchée morte dans un canal gelé. L'inspecteur Martin Beck est chargé de l'enquête.

J'aime beaucoup les polars nordiques que j'ai découvert il y a quelques années avec Indridason. Alors, j'ai essayé de me plonger dans le premier tome de cette série policière classique de la littérature policière suédoise. Peut-être est-ce parce que cela date quand même des années '70 et que le rythme est plus lent ou peut-être est-ce moi qui ne suis pas dans le tempo mais je n'ai pas accroché du tout. Je l'ai quand même lu en entier mais je n'en retiendrai rien et je ne pense pas en relire d'autres de ce couple d'auteurs suédois.
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L'assassin de l'agent de police

L’assassin de l’agent de police est certainement le roman le plus politique de Maj Sjöwall et Per Wahlöö. Il est vrai qu’il me reste encore le dernier tome à lire, pour en être sûr.

Côté polar, Martin Beck et Lennart Kollberg délaissent Stockholm pour enquêter, dans la région de Malmö, sur la disparition d’une femme. Bientôt son cadavre est retrouvé dans un marécage. Le coupable, tout désigné, du meurtre est un ancien assassin qui a déjà été condamné pour crime sexuel. Alors que l’enquête patine, une fusillade a lieu dans la région. Des policiers sont blessés et l’un des meurtriers est tué. La police est sur les dents et recherche un jeune fugitif, décrit comme un redoutable assassin. A un moment donné, les deux affaires se croisent fortuitement, permettant la résolution de la première enquête.

Mais, comme souvent, l’histoire sert de prétexte aux auteurs pour lancer des coups de gueule politiques. Sjöwall et Wahlöö dénoncent les violences policières, notamment contre les jeunes, sur qui l’on a tendance à avoir la matraque facile. Ils critiquent au passage l’armement de la police suédoise, alors que dans d’autres pays, les forces de l’ordre ne sont pas armées. Ils s’en prennent aussi la politique du résultat qui incite les policiers à arrêter à tire–larigot. Ils dénoncent également la pollution atmosphérique due aux voitures – des écologistes avant l’heure –, le manque de moyens et de personnel des hôpitaux ou les discriminations professionnelles dont sont victimes les femmes, ainsi que la banalisation des violences conjugales. Dire que ce roman est écrit en 1972… il est d’une criante actualité ! De façon plus large, c’est l’envers du décor du modèle suédois et de sa social–démocratie, que les auteurs veulent mettre au jour, égratignant au passage, la classe politique du pays.

Cette dénonciation est telle que Lennart Kollberg, le proche collègue et ami de Martin Beck, donne sa démission d’un corps de police dans lequel il ne se retrouve plus.

L’assassin de l’agent de police est truffé de références aux précédents romans du couple d’auteurs. Pas moins de six ouvrages sont évoqués, sur huit. S’il n’y avait un dixième roman, qui marque la fin de la série, interrompue par la mort de Per Wahlöö, on se pourrait imaginer que cet ouvrage est une sorte de testament final.
Lien : http://www.polardesglaces.com/
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Meurtre au Savoy (Vingt-deux, v'la des frit..

Malmö, 1970. Victor Palmgren, riche industriel, est assassiné d’une balle dans la tête alors qu’il prenait part à un dîner d’affaires dans le restaurant du Savoy. Le tueur est entré, a sorti un revolver, tiré puis sauté par la fenêtre.

Martin Beck est dépêché de Stockholm pour résoudre cette affaire aux enjeux nationaux. Mais il fait chaud comme jamais en ce mois de juillet et l’enquête piétine. Aidé de policiers sanguins ou débonnaires mais talentueux mais ralenti par des agents incapables, le fameux commissaire aura le fin mot de l’histoire grâce à la découverte fortuite d’un carton d’emballage sur une plage danoise…

Un roman policier prenant malgré son enquête indolente grâce aux personnages toujours bien dessinés et au plaisir que l’on garde à les retrouver et à les voir évoluer au fil des volumes du Roman d’un crime.
Lien : http://puchkinalit.tumblr.com/
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L'homme qui partit en fumée

L'homme qui partit en fumée est la seconde enquête menée par Martin Beck sous la plume du duo d'auteurs suèdois Maj Sjöwall et Per Wahlöö. Il marque d'emblée deux nettes différences avec le précédent : son action se déroule en grande partie en Hongrie alors que Roseanna se passait en Suède et le temps de l'enquête est d'emblée raccourcis (p 67 : "l'inspecteur principal Lidberg disposait d'un temps illimité. Lui n'avait qu'une semaine.") alors que le premier roman avait fait du temps dilaté un élément principal de l'intrigue que ne cessait d'entretenir la correspondance entre Stockholm et les USA ou Interpol.



La troisième occurrence qui tend à différencier les deux récits concerne le crime lui-même : comme le titre l'indique, dans l'homme qui partit en fumée il n'y a pas de crime. On peut noter rapidement toute l'intelligence de mise en scène du duo d'auteurs qui sachant peut-être que les enquêtes de Martin Beck les mèneraient sur 10 épisodes choisissent délibérément de rompre une monotonie qui pourrait s'installer en cassant les principaux codes mis en place dans la première intrigue. Une fiche de lecture d'un lycéen serait presque nécessaire pour recenser comment les récits différent. De l'absence de la femme de Beck à l'intérêt net de celui-ci pour l'été hongrois, un éveil sommaire aux libéralités, à la moquerie affichée de la hiérarchie suédoise, l'homme qui partit en fumée offre de nombreuses pistes de lectures.



Sur le plan de l'intrigue elle-même, autant la partie hongroise est délectable, le retour en Suède est plus brouillon, ou plutôt non, il est moins clair. On s'embrouille entre les noms des protagonistes et si c'est effectivement le but des auteurs de nous masquer la vérité comme elle l'est à Martin Beck, c'est réussi mais pas forcément des plus agréables à lire.

Son personnage évolue bien, dans une complexité psychologique faite de rigueur et d'attention. Un brin d'humour perce même lorsqu'il se moque gentiment de ses subalternes ou qu'il drague l'air de rien les jolies Hongroises.



Si les dix romans de la série ont posé la pierre angulaire sur laquelle vient se poser le polar nordique contemporain, on ne saurait trop regretter que le niveau d'exigence littéraire ne soit pas aussi respecté que l'ambiance ou le caractère taciturne des personnages. Une série à recommander froidement !
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L'homme au balcon

Un policier tout en sobriété, en calme, avec le hasard qui joue, comme souvent, un rôle déterminant.
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La chambre close

Que la quatrième de couverture nous rappelle que "Maj Sjöwall et Per Wahlöö ont écrit, entre 1965 et 1975, une série de dix romans mettant en scène l'enquêteur Martin Beck et son équipe." est une bonne chose.

Qu'il y soit précisé que "Leur œuvre, qui n'a pas pris une ride, a marqué la littérature policière occidentale." En est une autre.

Tout le monde reconnaît qu'ils ont été les précurseurs du polar social et que dans la plupart de leur titre, "leur œuvre n'a pas pris une ride", mais "la chambre close" est vraiment un cas particulier.

Ce n'est pas là un polar social mais une farce....



Martin nous est présenté comme un homme usé, vivant à la périphérie du réel qui l'entoure, seul dans son monde et dans ses réflexions, désabusé et déçu par la "Société".

L'équipe de Martin nous est présentée comme une bande d'incapables, caricatures de débiles, prête à tous les raccourcis pour être le plus vite possible tranquille.

Les voleurs sont présentés comme des êtres intelligents sauf quand ils ont abusé de l'alcool ou d'autres choses.

Par contre le bon sens de l'homme de la rue, le prolo, n'est jamais mis en doute, le fait de travailler dur, d'être ouvrier donne un label de vérité.

Un exemple parmi d'autres :

"Il est souvent intéressant d'écouter les vieux ouvriers et incompréhensible que presque personne ne prenne le temps de le faire. ..... Pourquoi ne donnait on jamais la parole à ce genre de personnes, dans les médias ? Les politiciens et les technocrates les écoutaient ils jamais ? Certainement pas car, dans ce cas, ils auraient évité bien des bêtises sur des questions relatives à l'emploi ou à l'environnement social."



La chambre close est un roman à part dans leur œuvre, il faut le voir comme une caricature des pensées de certains intellectuels de l'époque souhaitant affirmer que l'homme du peuple a toujours raison.



Éclairés par les scores électoraux des derniers temps, avec la montée des populismes, ici et ailleurs, j'ose espérer qu'il auraient remis en cause ce postulat vraiment trop simpliste !
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