Citations de Margaret Mazzantini (170)
Les amours nouvelles sont pleines de peur, Angela. Elles n'ont pas de place dans le monde et aucun port d'attache. (page 119)
Gemma : Toujours aussi heureux ? Comment est-ce possible ?
Diego : Facile, je n’ai aucun talent pour la tristesse.
Qu'est-ce qu'elles vont devenir, ces armes, quand tout sera fini ?
Elle s'est réveillée en pleine nuit avec cette question.
Toutes les nuits, un nouveau bateau, de fumier humain, des exilés chassés par la faim, par la guerre.
Des mains se crispent à la surface. Des poumons éclatent sans faire de bruit. Des corps tombent et sont entraînés vers le fond, ils basculent tels des singes sur des lianes perdues. Des créatures de sable gonflées d'eau de mer, que la faim des poissons réduit en lambeaux.
On ne vieillit pas de jour en jour, on vieillit d’un coup.
J’avais compris que l’épicentre de l’explosion est un chagrin qui naît et nous corrode de l’intérieur, provoquant des fissures, comme une vitre qui se brise sans tomber.
Ce voile opaque qui retombe sur les couples, lorsque l’illusion s’achève et, avec elle, cette cécité bienveillante, finirait bien par s’abattre également sur nous. C’est toujours ce qui arrive ; c’était arrivé à mes parents. Mon père était heureux de quitter la maison le matin, et ma mère reprenait elle aussi sa respiration, se délectant de sa solitude. Pourtant, ils s’aimaient, se respectaient.
les hommes sont toujours beaucoup plus seuls que les femmes. Pleurer ensemble constitue, pour un couple, un événement minuscule, emblématique… c’est le souffle de l’autre qui crève dans votre gorge. C’est le chagrin que vous éprouvez pour le monde et pour vous-même, bout de chair, saucisse animée, sac bon marché.
Comme avec le sexe, à l’égard duquel j’ai toujours nourri un intérêt chaotique, fait d’élans subits, puis de rien, de périodes d’oubli.
Ce sont les enfants qui ont pu naître ; sur eux repose l’univers invisible des autres, de tous ceux qui n’ont pas pu venir au monde, vivre leur destin terrestre
Les femmes étaient comme de petits ogres, des délices pour les palais plus hardis.
Les amours étaient, comme le reste, gangrenées par la nostalgie et de consommation rapide. Il fallait être fou pour y croire. Je me sentais de nouveau en paix, sous la bénédiction de la normalité, d’un bien-être moyen.
En réalité, la seule chose que je sais, c’est que je n’aime pas souffrir. J’ai grandi dans un monde horizontal, sans relief, mais rassurant.
La poésie est une partition, elle rend compte de la musique des choses invisibles… de la nuit, du vent, de la nostalgie.
La poésie, ça ne se traduit pas !
Pietro est déçu : à ses yeux, les poètes sont de pauvres types rachitiques empêtrés dans le malheur, qui ont pourri la vie de millions d’élèves, d’adolescents normaux et insouciants.
Par quel mystère se fait-il que, au cours de notre existence, nous renoncions aux êtres les meilleurs pour des gens inintéressants, des gens qui ne nous font pas de bien, qui se trouvent simplement croiser notre chemin, et qui nous corrompent par leurs mensonges, nous rendent chaque jour plus lâches.
Je pense à ce mot, espoir. Dans la pénombre, il prend la forme d’une tête de femme un peu effarée, une de ces femmes qui traînent derrière elles leur défaite, mais n’en continuent pas moins de se débattre avec dignité.