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Critiques de Margaret Mazzantini (141)
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Écoute-moi

Un jour de pluie et d'étourneaux qui souillent les rues,une voiture qui glisse, une fille de quinze ans,sans casque,qui tombe de sa Vespa. Une course en ambulance vers l'hôpital,ce même hôpital où exerce le père,chirurgien.

C'est lui qui raconte l'encerclement terrible et minutieux du destin.Il parle à sa fille,(en pensée),il se parle à lui_même, dans un salon contigu à la salle d'opération.

Ce père qui attend dans sa blouse verte et son angoisse,est un homme qui,depuis des années semble s'être accommodé de son existence paisible de professionnel estimé,

Ce tiède mari d'une brillante journaliste,ce père distrait et fade d'une adolescente comme il y en a tant, est brusquement mis à nu,décortiqué,contraint à évoquer une vérité étrangère et violente ..Il révèle le secret douloureux d'un autre lui-même,désarmé et obscène.

Margaret Mazzantini a écrit un roman sur la précarité et l'ambivalence des sentiments,sur la difficulté d'aimer,d'une écriture sensible,capable de noter les nuances psychologiques .

C'est une histoire dure, crue,mais qui m'a accrochée et fait tourner les pages .

Toutefois,je partage l'avis de lululifat . J'ai trouvé improbable l'attachement irrésistible du chirurgien pour une femme sans attrait,terne et prématurément flétrie.
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La mer, le matin

J’ai trouvé très intéressant de se pencher sur cet épisode historique peu ou pas connu. En 1938, une vague migratoire pousse des milliers d’italiens en manque de travail vers la Libye, pays duquel ils seront expulsés dans les années 70 sous la dictature de Kadhafi. Cet exode forcé à déraciné de nombreuses familles, qui ont dû abandonner tous leurs biens pour se retrouver dans un pays inconnu, l’Italie, où l’accueil ne fut pas des plus chaleureux.



La mer, le matin est également l’occasion de revenir sur les coutumes de bédouins (ancêtres du petit Farid), sur leur sagesse face aux éléments, sur leur vie dans le désert. Pour moi, ce fut une réelle découverte, une première rencontre avec un peuple plusieurs fois rejeté.



Si ces éléments sont intéressants et nous apprennent pas mal de choses, j’ai été dérangée par la présentation qui frise par moments le manuel d’histoire, ce qui rend la lecture un peu fastidieuse. Dans ces moments-là, on perd le fil du roman, se demandant où l’auteur veut en venir.



Je me suis particulièrement attachée au petit Farid et à sa maman qui fuient la guerre par la mer, espérant une vie nouvelle en Italie. Jamila n’a plus rien, elle a donné toutes ses économies au passeur. Seule lui reste une amulette porte-bonheur qu’elle a attaché au cou de son enfant… Et c’est à travers l’œil du petit garçon que nous parcourons la mer, nous nous émerveillons avec lui face à cette étendue bleue qu’il voit pour la première fois. Mais tout n’est pas rose et nous partageons aussi avec lui la peur face aux atrocités dont il est témoin, son étonnement face aux comportements des adultes. Cette histoire en rappelle des tas d’autres, dont les journaux font écho chaque semaine. Ce roman a le mérite de nous mettre à la place de toutes ces personnes qui s’entassent sur des barques de fortune dans l’espoir de sauver leur peau, mettant par là-même leur vie en danger. Bien installés dans notre canapé, on n’imagine pas ce qu’ils endurent et le courage (ou le désespoir) qu’il faut pour oser aller vers l’inconnu.



Une belle lecture.
Lien : http://carnetdelecture.skyne..
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La mer, le matin

Cela débute comme un roman de plus sur l'immigration méditerranéenne. Je ne dis pas cela parce que je serais blasé ou que cette thématique a déjà été trop traitée. Je pense que tout roman sur le sujet est nécessaire.



On va suivre une mère et son fils, quittant Tripoli et s'apprêtant à tenter l'impossible. La traversée sur une coquille de noix avec trop peu de carburant, trop peu d'eau, trop de personnes à bord... Premier court chapitre.



Puis on passe sur une autre mère et son fils... et on entame un long chapitre, très intéressant. L'autrice nous conte une épopée familiale, celle d'Italiens envoyés en Lybie pour la coloniser, pour la civiliser et la développer. Puis cette famille sera chassée lors de l'avènement du Raïs. Les Italiens ne sont plus désirés, désirables. Ces personnes font le trajet "retour", sauf que leur pays, c'est la Lybie, pas l'Italie.



Dernier chapitre... fusion des deux destins... chronique d'un drame annoncé. Vito, petit-fils des migrants italiens en Lybie, compose une fresque avec les débris des bateaux échoués en Méditerranée. On y retrouve des objets ayant appartenu à Farid, jeune Lybien qui a essayé la traversée au début du roman.



Triste roman, nécessaire, qui apporte un éclairage tout à fait original sur le déracinement, les migrations, les déplacements. Au-delà de ce point de vue intéressant, et malgré une écriture très maîtrisée, je n'ai pas été entièrement convaincu. Sans doute un problème de balance. Le destin de ces Italiens en Lybie méritait encore davantage de traitement, de développement. La comparaison avec les migrants actuels aurait pu être mieux menée également. Une petite déception.
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La mer, le matin

Un livre court mais émouvant sur les destins croisés de deux femmes, chassées de Libye par la dictature et la guerre. La première, italienne, qui a du fuir à l'arrivée de Kadhafi puis retrouve avec nostalgie le pays de son enfance, et la seconde, libyenne, qui doit à son tour fuir son pays pour échapper à la récente guerre civile. Le style de Margaret Mazzantini est un régal, fait de petites phrases, d'une écriture simple et sobre, sans rien d'inutile mais d'une formidable puissance évocatrice. On a véritablement l'impression de sentir le désert et le ghibli, le sable et la mer, et d'être avec ces personnages aux vies meurtries entre la Libye et l'Italie. Merci aux auteurs de critiques qui me l'ont fait découvrir.
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La mer, le matin

Très beau roman sur l'exil, ou plutôt "de l'exil", qui raconte l'histoire de deux femmes, l'une libyenne, l'autre italienne, et de leurs fils respectifs. Deux destins croisés, sans point de rencontre possible, mais marqués par le même espoir et les mêmes désillusions.

Ce roman est aussi l'histoire de deux pays que séparent la mer et la Grand Histoire.
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Venir au monde

Un matin, Gemma reçoit un coup de téléphone de Gojko, un ami venu d'un passé lointain et enfoui. Il l'invite à venir passer quelques jours à Sarajevo avec son fils de seize ans, Pietro. La mère et l'adolescent entreprennent alors un voyage vers ce pays reconstruit où Diego, le père de Pietro, est décédé. Sous fond de guerre de Yougoslavie, l'auteur revient sur l'amour fou qui a unit Gemma et Diego et leur combat pour avoir un enfant.



Dès les premières lignes de ce roman, l'on sent que la tragédie attend, tapie derrière une page... L'auteur nous parle avec pudeur et force d'un couple, de ce qui unit où éloigne les êtres qui s'aiment. Elle raconte aussi cette guerre civile et les horreurs qu'elle a engendrées.



Dans ce récit bouleversant, l'on retire toute la douleur mais aussi l'amour et l'espoir qui nous amène à venir au monde. Une histoire magnifique, qui se mêle à la grande et dont on ne sort pas indemne.



Céline
Lien : http://enlivrezvous.typepad...
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Antenora

Portrait d'une grand-mère par sa petite-fille qui lui est liée par une relation de fascination/répulsion. Antenora évoque toute la généalogie paternelle de la narratrice, qui remonte jusqu'à son trisaïeul pour retracer l'origine de cette dureté bourrue et parfois méchante chez son aïeule. Autant, dans cette lignée improbable, les hommes sont doux et effacés (à l'exception de l'égoïste grand-père d'Antenora), autant les femmes sont insaisissables, dures, imprévisibles, et suscitent plus de répulsion que d'amour. Attachée à sa grand-mère, la narratrice la dépeint cependant sous un jour peu amène, et parsème son évocation de détails crus et péjoratifs. Toutefois la fin de vie de cette femme ambigüe sera l'occasion d'un tête à tête poignant avec sa petite-fille.

Une lecture qui ne suscite que rarement l'empathie, en raison du parti pris négatif de l'auteur qui brosse son portrait de femme avec plus de fiel que de bienveillance. Le lecteur se demande quels comptes règle ainsi l'écrivaine avec ce personnage somme toute antipathique.
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Écoute-moi

Ecoute-moi, Non ti muovere en italien (ne bouge pas, convenant bien mieux au livre, je ne sais pas pourquoi ils ont choisi une autre traduction) se lit d’une traite. Je l’ai d’ailleurs lu en une journée. Margaret Mazzantini, tout comme dans son dernier roman Venir au monde, réussit à créer une ambiance lourde, parfois dérangeante, mais qui donne envie de savoir la suite.



Ce roman est la confession d’un homme qui craint de perdre sa fille, et qui révèle une part sombre de lui-même. Timoteo ne m’a pas parut sympathique. Ce n’est pas le genre d’homme que je fréquenterai dans la vie « réelle ». Il est infidèle, violent et égoïste. Par contre le personnage d’Italia est attachant et émouvant. Sa fragilité transparait dans l’écriture de Margaret Mazzantini. C’est en fait elle la véritable héroïne du roman. Une jeune femme abîmée par la vie.



Ecoute-moi est également un film, adapté du roman de Margaret Mazzantini et réalisé et interprété par son mari, Sergio Castellitto. Pénélope Cruz y incarne magistralement Italia.

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La mer, le matin

De cette romancière dont j'avais bien aimé Ecoute moi, j'ai été décu par ce dernier ouvrage un peu fabriqué sur la double histoire, que seule la mer sépare

la romancière a croisé deux histoires imaginaires, celle de Jamila qui fuit les violences avec son fils Farid en s'embarquant pour les côtes italiennes et celle d'Angelina, une Italienne née à Tripoli qui en fut expulsée à l'âge de onze ans pour échouer en Sicile et y être rejetée par ses compatriotes.

Mais le procédé vire à l'artifice, et les deux histoires m'ont semblé manquer de liant entre elles, la faute à une écriture un peu trop scolaire et appliquée.

Reste quelques passages forts, et l'importance d'écrire sur la Lybie de Khadafi, époque qu'on connait mal et dont il est important de revenir sur les horreurs qui s'y sont déroulées.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Écoute-moi

Un père, au chevet de sa fille plongée dans le coma suite à un accident de la route, comble le temps de cette attente insoutenable en racontant une histoire d'amour passée. La parole désespérée du père se met à nu pour oser dévoiler, face au silence comateux de sa fille, le secret de cet amour caché et improbable à travers lequel il s'est rencontré et abîmé. Il fait ainsi l'aveu des sentiments ambivalents et peu glorieux qui l'ont traversé. C'est le deuil de cet amour passé qui s'accomplit en même temps que s'affirme l'amour filial. Belle analepse qui fonde tout le roman et qui donne forme à la lutte déterminée pour la vie.
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La mer, le matin

Quelle lecture émouvante !



Je n'oublierai jamais Farid et la gazelle.





C'est un livre où l'on apprend, où l'on écoute et où l'on vibre. Livre de l'exil, des exilés de ceux que l'Histoire ballotte selon son humeur.





Un livre qu'il faut ouvrir... car vous serez emportés.
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La mer, le matin



Jamila, jeune mère libyenne et son fils Farid fuient par mer leur pays en guerre civile contre Kadhafi, dictateur détesté.

Depuis les rivages italiens, Vito et sa mère Angelina, regardent vers Tripoli, ancienne terre d'accueil et de souvenirs des colons italiens dont ils sont issus, ces colons expropriés et chassés par Kadhafi en 1970 et rapatriés de force en Italie.

Le déplacement des populations entraine toujours les mêmes effets: exode, exil, improbable réadaptation, difficultés économiques et solitude morale. Sacrifiés de l' Histoire, la vie en mode pause...et ce grand désir de survie des plus jeunes, d'aller de l'avant, de secouer les chaines des regrets stériles, sans pour autant en oublier le devoir de mémoire.



Ecrit avec une grande simplicité, le récit se déroule, minimaliste et factuel, par phrases courtes et limpides. Cette sobriété d'écriture rend le propos dramatique encore plus aigu, les personnages encore plus fantomatiques et muets, comme dépouillés d'eux même. C'est un livre nostalgique, sans bande son, sans couleur, immobile, très beau et attachant,dans son témoignage des vies interrompues.
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La mer, le matin

Le roman de Margaret Mazzantini mêle deux histoires, deux souvenirs de mères contraintes à l'exil.



Jamila et son fils, Farid prennent la mer pour fuir un pays en guerre. Omar, le père vient d'être abattu par les loyalistes.



Des années auparavant (années 70), Angelina a dû elle aussi fuir ce pays avec ses parents, colons italiens appelés Les Tripolini. Son fils, Vito né en Italie se souvient devant la mélancolie de sa mère et face à cette mer qui rejette encore aujourd'hui des objets des exilés.



Ces deux histoires n'ont que quelques points communs : la mer, un pays, une enfance, un exil. Au travers de ces deux récits, l'auteur évoque le passé et le présent de la Libye.



De manière noble et sensible, le lecteur ressent la souffrance des colons rejetés par un pays qui les avait appelés, l'oubli et l'absence de reconnaissance de l'Italie.



" Les années passèrent dans cette lutte vaine parce que les paroles deviennent inutiles quand on les répète trop souvent. Les pensées sont un gaz nocif."



Et comme un pays se souvient parfois mal de son histoire, les réfugiés pâtissent encore des enjeux commerciaux et politiques des pays.



" S'il n'y avait pas eu cet or noir sous le désert aucun dictateur n'aurait eu envie d'imposer sa loi, et aucun étranger ne serait venu les défendre en lançant des missiles Cruise."



Margaret Mazzantini livre un très beau texte sur l'histoire et le présent de la Libye. Je regrette un peu le trop subtil mélange des deux histoires qui m'a donné une vision un peu obscure des évènements. L'histoire et le présent se mêle, l'oppression des peuples se ressemblent, la douleur des mères se répètent. Mais, le message m'a semblé moins percutant à cause de la douceur ou de la brièveté du texte.
Lien : http://surlaroutedejostein.o..
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La mer, le matin

On se laisse facilement bercer par le flux et le reflux de Mare Nostrum. Cette mer tantôt sage, tantôt rebelle, cette mer témoin des révoltes, qui accompagne ou cause la perte des exilés.

L’écriture est à l’image de cette mer, toujours en mouvement. Elle porte le lecteur aussi bien qu’elle peut le balloter.

Margaret Mazzantini, traite avec délicatesse, et vérité, un aspect historique assez méconnu qu’est le passé commun qu’ont eu quelques années durant l’Italie et la Libye. De l’exil d’hier, à l’exil d’aujourd’hui, il n’y a la mer en commun. Cette mer qu’il faut traverser, dans un sens ou dans l’autre pour trouver refuge de l’autre côté, pour y tenter une nouvelle vie qui chassé par la faim, qui chassé par la guerre et la dictature.

Tout comme la France et l’Algérie, l’Italie et la Libye vivent une relation complexe. L’auteur ne l’esquive pas, mais la laisse infuser au travers de ses personnages pour qui elle n’est que tendresse et bienveillance

Deux femmes qui ne se connaissent pas, qui pourtant partage ce même héritage, ce même poids qu’est l’exil, la douleur de ne pas se sentir à sa place.

Angelina et les siens ont été chassés de Libye par le dictateur au nom de la dette de la colonisation ; Jamila jeune veuve emmène Farid loin d’un pays au bord de l’implosion dont le régime est à l’agonie. Angelina et Jamila ne se rencontrent pas. On pourrait penser à deux histoires différentes ; les deux sont subtilement mêlées.




Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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La mer, le matin

Dans plusieurs pays du monde arabe, le vent du mécontentement et de la protestation souffle. En Libye, la guerre éclate. Jamila, pour sauver son jeune fils Farid de la violence des hommes, décide de fuir le pays qui l’a vue naître. Sa seule échappatoire est de pouvoir monter dans un de ces bateaux qui promettent d’emmener ces candidats à l’exil en Sicile. Jamila a donné toutes ses économies au passeur pour pouvoir embarquer sur ce rafiot. Il ne reste plus que cette amulette qu'elle a tendrement nouée autour du cou de Farid pour le protéger. Farid, son jeune enfant qui n'a jamais vu la mer, lui l'enfant du désert. Ce jeune enfant qu'elle va tenter de sauver en lui donnant le seul bien qui lui reste : quelques gouttes d'eau.



De l'autre côté de la Méditerranée, Vito, tout juste dix-huit ans traîne son vague à l'âme sur la Sicilienne de son enfance. Sa mère Angelina est née en Lybie, elle a été arabe pendant onze ans, avant d'être chassée comme tous les colons italiens par l'arrivée au pouvoir de Kadhafi en 1970. Angelina et ses parents ne se sont jamais sentis italiens. Lorsqu'Angelina apprend que les italiens peuvent retourner en Lybie faire du tourisme, elle entreprend le voyage avec sa mère et Vito. Angelina et sa mère sont retournées sur les traces de leur passé perdu, elles sont retournées en pèlerinage sur les terres cultivées par les italiens, dans la rue où les parents d'Angelina possédaient une petite fabrique de bougies. Angelina a même retrouvé son ami d'enfance Ali, qui comme les rues de Tripoli, a lui aussi bien changé.



Vito, traîne son vague à l'âme sur la plage sicilienne de son enfance, et il trouve les débris d'un vieux rafiot, les débris de vie de ceux qui ont fui leur pays, mais qui ne verront jamais les côtes de la Sicile. Vito, sent que ces morceaux de vies brisées sont précieux. Il les collecte et en fait un tableau, un pont entre ses deux rives. Au centre de ce tableau, un petit sac brille, c'est une amulette que les mamans arabes nouent tendrement autour du cou de leurs enfants pour les protéger du mauvais oeil...



MON AVIS: Margaret Mazzantini m'avait déjà marquée au fer rouge avec son précédent livre "Venir au monde" qui décrivait sur fond de guerre en ex-Yougoslavie le combat d'une mère pour avoir un enfant. Elle réitère le même exploit avec "La mer, le matin". Ce récit est moins dense que le précédent, mais il n'en demeure pas moins aussi fort. Il a pour toile de fond une autre guerre, celle toute récente qui a eu lieu en Lybie. Il me semble que c'est son livre le plus abouti. Margaret Mazzantini est une formidable conteuse qui mêle l'histoire de simples gens à la grande histoire. Elle brosse avec beaucoup d'aisance des magnifiques portraits de vies croisées. Dès les premières pages, l'on sent au travers des mots, la bonne odeur des figuiers aux fruits bien mûrs. Mazzantini, grâce à sa sublime écriture féminine, a le don de transmettre les émotions qui touchent en plein coeur. L'amour de Jamila pour son fils est si finement écrit, que l'on a presque l'intention de pouvoir le toucher. Ce livre n'épargne rien ni personne, un récit entre drame et beauté aussi léger que le saut d'une fine gazelle.
Lien : http://www.meellylit.com/
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Venir au monde

Venir au monde est un roman qui nous raconte une histoire familiale peu ordinaire, l’histoire d’un couple en recherche d’enfant. Cette recherche qui va nous amener en ex-Yougoslavie, au cœur du conflit. Un conflit si proche de nous dans le temps et géographiquement.

L’histoire qui nous est contée est belle, l’écriture et le ton sont justes avec des mots forts pour nous raconter des vies brisées. Ce besoin d’enfant pour ce couple est touchant et émouvant. Un très grand et beau roman qui ne semble pas si connu !

Margaret Mazzantini est un auteur à découvrir pour ce livre ou les autres, qui semblent tout aussi prometteurs.

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Venir au monde

Sarajevo, l'Italie, un couple malmené, une femme en mal d'enfant. Deux, trois histoires s'intriquent, se croisent, des personnages forts, allant jusqu'au bout de leur quête et découvrant d'autres mondes, d'autres quêtes, d'autres souffrances sans jamais perdre leur humanité ni leur innocence. Un livre qui vous marque, vous prend aux tripes et que l'on ne quitte que par arrachement. Pour moi, un chef d'oeuvre.
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La mer, le matin

Jamila fuit la Libye et la guerre qui lui a pris son mari. Elle n'a qu'un espoir : mettre son fils Farid à l'abri du conflit en s'embarquant sur un rafiot de fortune en compagnie d'autres réfugiés pour gagner la Sicile.

Angelina est née et a grandi en Libye avant d'être, comme tous les colons italiens, chassée par le régime de Khadafi. Elle vit en Sicile où elle se sent étrangère et n'a qu'un rêve : retourner sur les terres de son enfance avec son fils Vito, un jeune homme en mal de vivre.

Deux femmes, deux destins d'une rive à l'autre de la Méditerranée : la mer comme une espérance, synonyme de fuite ou de retour.



Avec une infinie justesse et une sensibilité à fleur de page, Margaret Mazzantini nous mène sur les traces de ces migrants prêts à tous les sacrifices pour contrer le destin. Loin de nous dépeindre une situation misérabiliste ou larmoyante, l'auteur place le récit sous le signe du courage et de la volonté incarnés par ces mères qui, sans même le savoir, écrivent un fragment de l'histoire.



En lisant ces lignes, comment ne pas penser à ces images trop souvent répétées : ces gens au bord du désespoir qui sacrifient jusqu'à leur dernier sou pour trouver une terre d'accueil où, enfin, ils pourront vivre sans la peur au ventre ? Comment ne pas penser à tous ces pays en guerre où les civils paient cher la folie de ceux qui les gouvernent ? Et comment ne pas savourer la chance de vivre dans des lieux où règne la paix ?



Au moment où je terminais la lecture de "La mer, le matin", les médias annonçaient la disparition de 170 Africains au large des côtés libyennes, à l'est de Tripoli, après que l'embarcation en bois sur laquelle ils avaient embarqués ait chaviré. Lire le livre de Margaret Mazzantini m'a paru soudain encore plus indispensable...
Lien : http://www.livredailleurs.bl..
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Écoute-moi

Un texte dérangeant de prime abord mais passionnant ensuite.

Timoteo remonte le fil de sa vie alors que sa fille adolescente, Angela, se trouve entre la vie et la mort, suite à un accident de scooter. Son récit évoque avec dureté une liaison commencée violemment avec une femme de condition modeste, Italia, rencontrée comme par accident... Au fil du temps, cette histoire âpre, crue, se teinte d'éclat de tendresse, de lucidité, d'interrogation. Ce récit est la mise à nu d'un homme entre deux rives, pris dans les mailles des sentiments, sondant le mystère de l'attachement et de l'attirance sexuelle, évoquant douloureusement cette part obscure de nous-même, là où se niche notre vérité, alors que la vie se montre soudain si fragile...
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La mer, le matin

Le petit Farid n'a jamais vu la mer, mais il l'a imaginé des milliers de fois. Il vit en Libye avec ses parents, Jamila et Omar, dans "l'une des toutes dernières oasis du Sahara". Jusqu'à ce qu'éclate la violence, et que coule le sang. A des centaines de kilomètres d'eux, il y a Vito, un jeune homme songeur. Il connait bien la mer, lui qui a toujours vécu en Italie. Souvent, lui vient à l'esprit qu'Angelina, sa mère, à eu une "enfance arabe". Elle a en effet passé ses onze premières années en Libye, avant que sa famille, comme des milliers d'autres, n'en soit chassée par Khadafi dans les années 1970.



Portrait de deux pays, la Libye et l'Italie, aux destins intimement liés, juste séparés par la Méditerranée, La mer, le matin condense en une centaine de pages des décennies d'histoires. On y découvre deux familles aux vies tragiques qui se font écho, mais sans jamais se rencontrer. Farid et Jamila qui tentent de fuir vers l'Italie ; Vito et Angelina qui sont allés quelques années plus tôt en Libye. Ce sont des petits morceauxd'eux-mêmes, au passé, au présent et peut-être au futur que nous chuchote Margaret Mazzantini. L'auteur réussit merveilleusement bien à faire le portrait de ses personnages, à nous décrire leurs émotions. Il y a une forme de contemplation, incarnée par le personnage d'Angelina, mélancolique et presque désilusionnée, qui est très poétique. Quant à Jamila, la mère du petit Farid, elle est bouleversante de courage et de détermination.



Hormis un vague souvenir de cours sur la Seconde Guerre Mondiale, j'ignorais tout des relations entre ces deux pays. J'ai été émue par cette découverte - et honteuse de mon ignorance. J'ai trouvé dans ce roman un parrallèle fort avec la guerre d'Algérie, et le retour des pieds-noirs en France. L'évocation toute en émotion de la famille d'Angelina m'a passionné. Il est étrange de voir à quel point l'Histoire se répète, malgré les nuances liées aux lieux et aux époques. Les Italiens qui vivaient en Libye ne se comportaient certainement pas tous comme des colons, certains parlaient arabe, vivaient sereinement et sans mépris avec leurs voisins, enterraient leurs morts dans ce sol qui les avaient vu naitre... Pour autant ils étaient la figure du colonisateur, il ne faut pas le nier, et ont payé cette image de leur "retour" (sur une terre que certains n'avaient même jamais connu). L'analyse de Vito, jeune homme d'aujourd'hui, est intéressante aussi, car il possède plus de recul que sa mère ou ses grands-parents. Il est donc capable d'entendre et d'admettre les horreurs liées à la domination d'un pays sur un autre.



Et puis bien sûr, il y a ce drame de chaque jour, qui est le risque pris par des êtres humains pour fuir leur pays, coûte que coûte. Pour chercher un ailleurs plus clément, où l'on ne craint pas de voir son enfant se faire tuer ou mourrir de faim. C'est ce qui fait la force de la littérature : le pouvoir de convoquer les morts et les vivants, ceux qui s'en sortent comme ceux qui échouent à changer le cours de leur vie, malgré leurs tentatives désespérées pour y arriver. J'ai pris comme un hommage à ce courage démesuré, la volonté de l'écrivain de ne pas laisser ces femmes, ces hommes et ces enfants sombrer dans l'oubli.



Par sa description extrêmement réaliste d'évènements récents, comme la chute du régime libyen en 2011, La mer, le matin m'a fait penser au superbe Rue des Voleurs, de Mathias Enard. C'est une de mes plus belles lectures depuis longtemps. J'aime ces romans où l'on découvre l'Autre, où l'on se confronte à une part étrangère de nous-mêmes. Où l'on apprend des choses, avec la sensation en terminant les dernières pages d'être devenu un peu plus sage, moins ignorant de la souffrance du monde. Plus humain.



http://manoulivres.canalblog.com/archives/2013/07/30/27700296.html
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