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Critiques de Maria Ernestam (375)
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Patte de velours, oeil de lynx

Un roman avec un véritable potentiel mais c’est quoi cette fin ??? J’avais l’impression d’arriver à la fin d’un chapitre, je tourne, c’est fini. Ce roman aurait gagné en qualité avec plusieurs pages de plus. Surtout que cette fin n’en est pas une. Zut alors. Je suis sur ma faim car j’ai bien aimé ce petit roman.



Sarah et Björk emménagent dans leur nouvelle maison en pleine campagne. Avec eux, leur chatte Michka douce et ravie de découvrir un jardin, elle qui vivait en appartement jusqu’à lors. Pour Michka, la joie sera de courte durée car le chat des voisins est des plus hostiles. Habitué à se promener dans le jardin d’en face, il tolère mal le nouveau compère.

Pour Sarah et Björk, eux qui se sont toujours méfiés des voisins qui leur en ont toujours fait voir de toutes les couleurs auparavant, ils sont plutôt heureux de rencontrer leurs nouveaux voisins, un couple bien en apparence.



Ce roman a des allures de thriller, l’atmosphère du « ne faites pas attention à l’eau qui dort » est très bien retranscrite. Les deux chats à l’antipode représentent très bien leurs maîtres et à travers l’animosité d’Alexander, le chat des voisins, on s’immerge facilement dans cette histoire de voisins pas commodes, de conflits. Des dialogues, des descriptifs, de la nature, des chats bien sur et un zeste de tension. Personnifier l’univers extérieur à travers les chats est assez fascinant je trouve, l’exercice manque néanmoins de densité et caractère. Puis dommage vraiment que cette fin ne ressemble à rien.
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Les oreilles de Buster

Quand Eva, cinquante-six ans reçoit son premier carnet intime, elle est loin de se douter combien les démons de l’enfance vont se réveiller sous sa plume.



Entourée de Sven et de sa fille Suzanne et surtout de ses rosiers qu’elle adule, Eva écrit et se penche sur l’ombre de sa vie : une mère fantôme, égocentrique, malsaine, dénuée d’amour. Quoi de plus difficile pour un enfant d’apprendre que sa propre mère ne voulait pas de soi, que l’accouchement fut un cauchemar et qu’elle s’en serait bien passée à vie d’une môme.



Sur plus de quatre cents pages, on découvre une Eva révoltée et ingénieuse, qui s’est construite dans le revers de ses manques. De rencontres en rencontres, Eva fait face, elle use d’imaginations pour gagner sa plus belle bataille : être vivante et respectée. On sait d’entrée de jeu que c’est à sept ans que Eva eut l’idée de tuer sa mère, qu’il lui en faudra dix de plus pour mettre son plan à exécution. On suit avec vif intérêt le pourquoi jusqu’au comment... et on va de surprises en surprises.

Les oreilles de Buster, ce chien qui n’en faisait qu’à sa tête et parce que tout le monde a bien besoin d’oreilles attentives pour écouter les petites filles pleurer le soir...



Voilà bien un livre qui change de tout ce qui affleure sur la maltraitance enfantine, pour une fois, nous avons une enfant puis une ado pleine de vie et d’ingéniosités pour colmater les trous de sa vie. Une tranche de vie passionnante auprès d’une héroïne qu’on aime de suite et qu’on quitte avec le sourire car la fin est de toute beauté, comme ce moussaillon qui revient de guerre, une rose à ses lèvres.
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Le Peigne de Cléopâtre

Mari vient de se faire licencier malproprement par son associé. Pour le "remercier", elle lui plante une paire de ciseaux dans la main et va fêter cela avec son amie, Anna. Cette dernière tient un petit café au doux nom du Refuge, dans lequel elle sert de très bonnes pâtisseries. Une idée un peu folle germe dans l'esprit d'Anna: pourquoi ne pas monter leur propre entreprise qui aiderait les gens pour n'importe quelle tâche. Que ce soit du jardinage, de la comptabilité, du droit ou de la déco intérieure, les deux femmes ne manquent pas de ressources. Qui plus est, rejointes par leur ami Fredrick qui travaille dans l'intérim, la palette des compétences s'agrandit. Les trois amis de longue date fondent ainsi le peigne de Cléopâtre. Certains de se connaître parfaitement, ils ne se doutent pas des zones d'ombre qui hantent leurs amis. Pourquoi Fredrick est-il si renfermé ? Que s'est-il passé en Irlande pour Mari ? Aider son prochain est une excellente idée en soi et la petite entreprise marche plutôt bien. Mais, dès lors qu'une vieille dame maltraitée par son mari alcoolique leur demande de le tuer, comment vont-ils réagir ?



Envie de déshériter votre fils ? Envie soudaine de changer la déco de votre appartement ? Besoin de réparer votre vélo ? Envie de tuer votre mari alcoolique et violent ? Ne vous inquiétez pas, le peigne de Cléopâtre saura répondre à votre demande... Sauf, peut-être pour le mari, requête qui demande à bien y réfléchir à deux fois... Mari, Anna et Fredrick, ces trois amis de longue date ne pensaient sûrement pas que leur petite entreprise connaîtrait un tel succès mais dès lors qu'un problème d'éthique, de morale et de conscience apparaît, chacun a, évidemment sa propre idée. Cette demande si particulière prendra un tour surprenant dans la vie de chacun et dans leurs relations. Ne vous fiez pas à cette couverture rose bonbon... Maria Ernestam décortique les âmes dans ce qu'elles ont de plus trouble et les différentes réactions de chacun face à un événement pour le moins inattendu. L'auteur dépeint trois personnages haut en couleurs et compose avec leurs forces et leurs faiblesses, révélant ici un passé troublant ou là, une relation surprenante. L'on va de surprises en surprises dans ce roman qui, outre l'intrigue criminelle, nous offre de beaux portraits d'âmes blessées et une leçon sur l'amitié.



Le peigne de Cléopâtre... décoiffant !
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Les oreilles de Buster

Eva fête aujourd'hui ses 56 ans. Famille, voisins et connaissances se sont réunis chez elle, notamment ses enfants, Suzanne et Eric, son compagnon, Sven, et ses petits-enfants. Des assortiment de biscuits et de gâteaux et quelques bouteilles pour contenter tout ce monde. De la part de sa plus petite fille, Anna-Clara, elle s'est vue offrir un carnet décoré de roses. Ses fleurs préférées qu'elle cultive avec amour. Ce journal intime occupera la plupart de ses nuits estivales, rythmées par le doux ronflement de Sven, un petit verre de vin sur le secrétaire. Eva va se livrer et plonger au plus profond de ses souvenirs, certains fussent-ils douloureux. De son enfance à son adolescence, sa vie fut marquée par sa mère, femme méchante, dévalorisante, égoïste et qui n'a, semble-t-il jamais aimé sa fille. Aussi, Eva se souvient-elle que c'est à partir de 7 ans qu'elle décida de la tuer et que son geste fut accompli 10 ans plus tard...



Dans une maison endormie, à la lueur d'une bougie, l'on retrouve, presque tous les soirs, Eva, assise devant son secrétaire, la plume à la main et des souvenirs plein la tête. Depuis sa plus tendre enfance jusqu'à aujourd'hui, elle se remémore son passé, les événements tragiques qui l'auront marqués à tout jamais, l'amour sincère mais trop discret de son père, sa mère fantasque et désobligeante, ses premières amours et comment et pourquoi elle en est venue à vouloir tuer sa mère. De la petite fille maltraitée et incomprise à la retraitée paisible et si charmante en passant par l'adolescente déterminée et implacable, l'on se prend aussitôt d'affection pour Eva, tant elle est touchante et loyale. Alternant entre passé et présent, l'on suit son parcours ô combien chaotique. L'auteur met au cœur de ce roman machiavélique les relations mère/fille et l'amour/la haine qu'elles se portent, laissant au second plan les hommes. L'auteur réussit magnifiquement à captiver le lecteur tant on attend la mort de sa mère. Porté par une écriture fort habile et passionnelle, ce roman tantôt tragique, tantôt drôle est véritablement passionnant. L'on lit avidement ces confidences et l'on espère voir refleurir le cœur d'Eva...



Les oreilles de Buster... seront toujours là pour vous écouter...
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Le pianiste blessé

Dans sa librairie, à la nuit tombée, installée devant l'écran de son ordinateur, Marieke hésite encore à envoyer le message à son amie, Veronica. Dix longues années que les deux amies d'enfance ne se sont pas parlé. Depuis leur voyage à Langkawi, en Malaisie, puis à San Francisco...

Cette année-là, tante Klara meurt soudainement dans son lit. Très affectée par celle qui l'a élevée au détriment d'une mère désinvolte et insouciante, Veronica est étonnée de voir autant de têtes inconnues à l'enterrement de sa tante. Des personnes étrangères qui semblent connaitre Klara depuis de nombreuses années. Cette dernière, pourtant, était peu loquace sur sa vie privée, privilégiant l'éducation de sa nièce. Excepté les deux voyages qu'elle effectuait dans l'année, l'un à Langkawi, l'autre à San Francisco, elle voyait très peu de monde et était peu sociable. Aussi, Veronica décide-t-elle de marcher sur les traces de sa tante afin de mieux la comprendre. C'est tout naturellement qu'elle demande à sa meilleure amie de l'accompagner...





Veronica et Marieke, deux très bonnes amies d'enfance qui ont partagé tant de choses. La première est une professeure de musique indépendante et extravertie. La seconde est écrivaine et libraire, plus discrète et réservée. Que s'est-il passé au cours de ce voyage pour qu'elles ne s'adressent plus la parole ? Marieke a bien tenté de renouer le dialogue. En vain, ses lettres et ses appels restaient sans réponse. À Langkawi puis à San Francisco, les deux femmes vont découvrir les amis que fréquentaient Klara mais aussi certains pans cachés de sa vie. Des révélations qui vont bouleverser Veronica, elle qui était certaine de connaître sa tante. Maria Ernestam dépeint avec pertinence les relations et les sentiments humains, notamment l'amitié et l'amour. Au fil des pages, l'on découvre les blessures, parfois profondes, des deux femmes ainsi que le lien fragile et complexe qui les unit. Dans ces pays étrangers où tout repère est bousculé, chacune va se révéler et dévoiler sa vraie personnalité. Un voyage initiatique, introspectif et envoûtant au cours duquel l'on va de surprises en surprises. Les personnages, attachants, notamment James, le pianiste blessé, sont très fouillés. Une subtile réflexion sur l'amitié et la vie portée par une plume riche.
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Les oreilles de Buster

Les yeux verts d’Eva, scintillants d’intelligence

La chevelure d’Eva, luxuriante

Le nez d’Eva, sensible aux odeurs de son enfance dévastée

Le ventre d’Eva, déchiqueté par le manque d’amour

La bouche rouge de la mère d’Eva, ouverte sur d’abjectes paroles...

Et les oreilles de Buster, toujours, toujours, à l’écoute d’Eva, bien enfermées dans leur sac hermétique.



Heureusement qu’elle les a, les oreilles du chien Buster, Eva, pour survivre à une mère ignoble, pour se relever après une trahison amoureuse, pour fuir enfin ce lieu pourri qu’est la maison de son enfance et de son adolescence.

Son refuge ? Les roses, qu’elle cultive avec tendresse, dans la maison de campagne près de la mer.



Et à 56 ans, elle entame son journal intime, dans lequel elle narre l’innommable : « J’avais 7 ans quand j’ai décidé de tuer ma mère. Et 17 ans quand j’ai finalement mis mon projet à exécution. »



« Les oreilles de Buster » est un roman psychologique qui décortique avec délectation tous les mécanismes de la méchanceté d’une mère envers sa fille mais qui montre aussi comment une enfant puis une adolescente, va puiser dans une volonté hors du commun pour s’en sortir.

J’en suis ressortie sonnée, abasourdie et complètement acquise à la cause de Maria Ernestam, son auteure.



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Toujours avec toi

Cela fait 2 ans maintenant qu'Inga, photographe de renom, a perdu subitement son mari, Mårten. Mort d'une crise cardiaque alors qu'il faisait une promenade. Désormais, elle vit au jour le jour, incapable de se projeter dans un avenir plus lointain. Pour se reposer, elle décide d'aller passer quelque temps dans la maison familiale de Marstand, sur une île suédoise. Une odeur de vieille maison et de moisi la saisit dès qu'elle franchit le seuil. Heureusement, son ami d'enfance, Niklas, au courant de sa venue, avait allumé un feu et remis l'eau. Celui-ci lui fait la surprise de sa venue le soir-même de son arrivée et lui concocte un bon dîner. Dès le lendemain, elle se met en tête de ranger la remise au fond du jardin. Dans un carton, elle découvre des articles de journaux portant sur la deuxième guerre mondiale et surtout une lettre d'une missionnaire basée en Afrique et adressée à sa grand-mère, Rakel, datant de novembre 1916. Elle parle d'une nuit qu'elles ne pourront jamais oublier et au cours de laquelle elles se sont substituées à Dieu. Inga décide d'en savoir plus sur la passé de sa grand-mère qu'elle n'a jamais connue et remonte dans le temps à la découverte de ce secret...



Maria Ernestam nous offre un roman à deux voix: celle d'Inga, en 2007, et celle de Rakel, sa grand-mère, en 1959, qui, atteinte d'une leucémie et à l'hôpital, se rappelle sa jeunesse à partir des années 1918-1919. L'on plonge dans cette période sombre, en pleine guerre, notamment lors de la bataille de Jutland, le plus grand affrontement naval qui opposa la Royal Navy à la Marine impériale allemande en mer du Nord et qui fit plus de 8000 morts dont les corps ont échoué le long des côtes suédoises. L'histoire de la jeune Rakel est passionnante, l'auteur nous plongeant à la fois dans le passé de la famille d'Inga et dans l'histoire suédoise. L'on découvre peu à peu la vie qu'a menée la jeune femme, répercutant inévitablement celle d'Inga, de son père ou de son oncle. Ce récit à deux voix apporte un certain rythme à la lecture et l'on pressent une forte documentation de la part de l'auteur. Mêlant habilement secrets familiaux et Grande Histoire, ce roman, porté par une écriture délicate, se révèle abouti et touchant.



Toujours avec toi... Toujours...
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Les oreilles de Buster

Les oreilles de Buster est une lecture qui m'a beaucoup plu. La narratrice Eva se confie à nous à travers son journal intime. Des confessions parfois lourdes comme le meurtre de sa mère qu'elle nous avoue sans détours des la première page ou encore le sort réservé à Buster justement.

Malgré son passé de meurtrière, j'ai trouvé cette femme très attachante et c'est avec regret qu'on referme la dernière page.

Ce roman m'a énormément plu pour une deuxième raison : il éveille en nous énormément de sentiments. J'ai beaucoup ri (notamment avec l'histoire de Bjorn), j'ai parfois été triste ou révoltée.

Et puis surtout j'ai souvent été surprise par les rebondissements successifs et les révélations faites tout au long du roman (principalement quand j'ai découvert le vrai visage de Sven).

Un roman que je ne regrette absolument pas d'avoir lu et que j'aurai voulu plus long car vraiment, je me suis bien amusée avec Eva.
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Le pianiste blessé

J'ai découvert récemment et tardivement cette auteure suédoise, avec "Les Oreilles de Buster"... que j'ai beaucoup apprécié, en dépit de la virulence du ton et du sujet...



En apercevant une nouvelle publication traduite de cette écrivaine, j'ai réagi aussitôt et en ai débuté aussitôt la lecture. Lecture moins âpre que le premier roman que j'ai lu de cette dame !.... Même si les thématiques récurrents à l'auteur reviennent en boucle dans cette nouvelle fiction: la solitude intrinsèque de chacun, la difficulté de la

vie en couple, la complexité infinie des rapports humains...



Ici, deux amies d'enfance, à la mort de la tante de l'une d'elles, partent en Malaisie, puis à San Francisco... où cette tante, Klara partait chaque année en vacances...Pourquoi ce départ inopiné ???.. la nièce, Veronica, est des plus perplexes et intriguées, après les obsèques de sa parente,

ayant croisé une abondance de visages totalement inconnus. Marieke, l'amie, l'est tout autant...



j'allais oublier de préciser que cette tante adorée a élevé Veronica, sa mère étant inconséquente et pas très concernée par l'éducation de sa petite fille; Marieke devient l'amie de Veronika et passe une majorité

de son adolescence chez la tante Klara, enseignante passionnée par son métier , et personnalité profondément bienveillante et affectueuse ...



Les deux jeunes femmes partent donc comme deux véritables enquêtrices, en réalisant de plus en plus qu'elles méconnaissent des pans entiers de l'existence de cette tante, chez qui elles passaient le plus clair de leur temps !



Veronica est professeur de musique, aussi charismatique, envahissante, extravertie que Marieke, écrivaine, est discrète, réservée, limite "effacée" !...

L'ombre et la Lumière , conjuguées...Marieke, d'ailleurs, encore adulte, s'est toujours étonnée que Veronica l'ait

choisie comme "meilleure amie"...



Je ne rentrerai pas dans les détails abondants de ce voyage quasi-initiatique... où chacune des amies va mettre à plat son existence... Elles croiseront un célèbre pianiste , déchu, James... qui sera un révélateur décisif pour elles deux...



de multiples questionnements universels jalonnent ce roman des plus foisonnants, dont cette question ,parmi d'autres : "Parvient-on un jour à connaître vraiment une personne, même parmi les êtres les plus aimés.. ?"



de l'irrémédiable solitude fondamentale de chaque être humain... Ce n'est évidemment pas le thème le plus nouveau, mais Maria Ernestam déploie cette thématique dans les moindres replis, et sous tous les prismes...avec

un foutu talent !!!



Le décès de cette personnalité charismatique et lumineuse de la tante Klara, va être le déclencheur des bilans de vie de ces deux amies d'enfance, de la force ainsi que des failles de leur amitié...



La nièce se trouvera très perturbée de ce qu'elle découvre de sa tante...voulant garder inchangée l'image qu'elle en avait toujours eue ! L'amie, au contraire est très enthousiaste, curieuse, et ravie de l'autre versant "secret" de cette tante "adoptive" qu'elle chérissait avec autant de sincérité que la véritable nièce !!



Un roman aux nourritures infinies, car il est aussi beaucoup question de musique, d'art, de littérature et du travail d'écrivain de l'amie , Marieke...





Une analyse très subtile sur les rapports humains, d'amitié comme d'amour...



"Aujourd'hui, j'ai pris conscience que je n'y échapperai pas. si je ne te contacte pas, je traînerai toujours un sentiment de manque, alors même que ma vie est en réalité satisfaisante telle qu'elle est. Mais les blessures intérieures ne s'effacent pas. Au contraire elles s'aggravent.

Depuis notre voyage, je réfléchis à ce qui fait de nous les êtres que nous sommes. Les gens

sont tous tellement différents. Il y a ceux qui donnent et ceux qui prennent. ceux qui parlent et ceux qui se taisent. Ceux qui se mentent à eux-mêmes et mentent aux autres, et ceux qui essaient d'être sincères même lorsque c'est impossible. Ceux qui classent les individus en bons ou mauvais sans comprendre que tout le monde peut être à la fois l'un et l'autre, que chacun fait de son mieux.

Je me demande quel genre de personne je suis. Probablement un mélange de tout cela. (p. 9)



Un immense, immense... coup de coeur, aux couleurs de la pluie, mais aussi à celles d'extraordinaires arcs-en -ciel, inoubliables même si fugitifs....

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Les oreilles de Buster

Quand le bilan d'une vie s'écrit sur les pages d'un petit cahier orné de roses, les révélations peuvent faire voler en éclats les apparences. L'enfance d'Eva se déroule aux côtés d'une mère hystérique et machiavélique et d'un père laxiste. Elle fait rapidement le constat qu'il est préférable de ne compter que sur soi-même. Et que toute offense mérite châtiment. Buster, l'horrible chien des voisins lui servira de modèle. C'est à 56 ans que tous ces traumatismes refont surface, quand Eva prend la plume et se confie aux pages blanches.



On sait dès les premières lignes qu'Eva a tué sa mère. Ce qui sera révélé est le long chemin de souffrance de cette petite fille au destin de Blanche-Neige (miroir, mon beau miroir...). Avec une grande puissance d'évocation, et une intensité psychologique qui sollicite sans relâche les émotions du lecteur.



L'auteur dresse également un constat sur les effets pervers de l'éducation : que les parents reproduisent des schèmes de maltraitance ou qu'ils adoptent une conduite opposée à celle qui les a fait souffrir, le résultat sur leur progéniture est imprévisible.



Le défilé des couples qui constituent le réseau social d'Eva a quelque chose de pathétique , et c'est l'humour qui sauve le récit du désabusement.



Quelques remarques acerbes sur les insuffisances du système social danois complètent l'ensemble, bien repéré dans le cadre historique des 50 dernières années.



C'est donc un roman d'une grande intensité psychologique , habilement mené pour ménager une attente interrogative chez le lecteur, piégé et heureux de l'être.
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Le Peigne de Cléopâtre

Une agence suédoise un peu spéciale

*

Pour cette fois encore, Maria Ernestam m'a bluffée.

Vous vous souvenez peut-être du roman Les oreilles de Buster , où une famille pathologique a détruit une petite fille devenue psychopathe.

Ici, avec un scénario original et singulier, une couverture girly et toute douce, l'auteure m'a mené en bateau! De fausses pistes en demi-révélations, elle a soufflé "le chaud et le froid", laissant des bribes d'informations pour ensuite les assembler n'importe comment. Un vrai puzzle psychologique. Arrrhhh!

*

J'ai pourtant eu du mal à démarrer cette histoire. L'intrigue s'est dévoilée vraiment tout doucement. Puis finalement je me suis surprise à suivre ces trois êtres abimés et meurtris. Si comme moi, vous ne comprenez rien, ce n'est pas bien grave, persévérez....vous serez ébahis devant tant d'ingéniosité et de finesse dans le script. La preuve: j'ai re-feuilleté quelques pages antérieures pour vérifier...

*

L'auteure manie à merveille la psyché humaine aux multiples blessures du passé. Ces traumatismes d'enfance qui ne se referment jamais vraiment et avec lesquelles il faut composer au quotidien.

Une ode à l'amitié avec des personnages attachants et sensibles.

*

Le texte est empreint de cette délicatesse si féminine. Ce n'est pas doux mais acide, d'un humour subtil , tantôt feel-good, puis à nouveau piquant et amer.

Cela peut paraître décousu mais c'est un équilibre qui fonctionne.

Je me suis laissée porter par cette lecture, au rythme des pages et des émotions suscitées.

Un thriller psychologique suédois à conseiller à ceux qui aiment se faire berner dans une ambiance hygge.

*

Lu dans le cadre du challenge #theblacknovember
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Toujours avec toi

« Mon mari est mort.

- Il était comment, ton mari ?

- Il était toujours là. Pour moi. »



Vous avez bien compris : ce roman parle du deuil. Un deuil difficilement sinon pas du tout accepté, qui plonge la protagoniste dans un abîme d’où elle voudrait sortir, pourtant. « Le deuil n’est pas un sentiment à part entière, mais une accumulation de sentiments. Un mélange de peur, de colère, de culpabilité, de honte... »



Avec une grande pudeur, Maria Ernestam met en scène une femme d’une quarantaine d’années, Inga, photographe et mère d’un grand fils, qui n’arrive pas à se relever après la mort soudaine de son mari, 2 ans auparavant.

Inga décide de se rendre à la maison où elle passait ses vacances étant petite, à Marstrand, sur une île suédoise. Et là, elle retrouve son ami (et amour ?) d’enfance, plein d’attention pour elle. Et puis surtout, elle découvre, dans une petite caisse du hangar, une mystérieuse lettre qui va changer sa vie, ou plutôt qui va lui redonner le goût à la vie.

En effet, cette lettre est celle de Lea, une amie de sa grand-mère. Et nous faisons un bond dans le passé, celui de la guerre 14-18, pour cheminer un moment avec ces 2 jeunes femmes pleines de caractère qui connaitront une expérience essentielle et traumatisante, et qui a un rapport avec la bataille du Jutland.



Un secret de famille bien gardé, mais qui nous est dévoilé par une stratégie narrative alternée dans le temps et les personnages.

Une approche du deuil malgré tout positive.

Des rapports familiaux empreints de tendresse.

La grande Histoire mêlée subtilement à l’histoire familiale.



Tout ceci mis en scène d’une façon très astucieuse et délicate.

On reconnait bien là l’auteure des « Oreilles de Buster ».

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Patte de velours, oeil de lynx

Après "Jambes cassées , coeurs brisés", je continue mon exploration de l'oeuvre de Maria Ernestam, mais je crois que je ne me précipiterai pas sur le suivant, j'ai été terriblement déçue par la fin de celui-ci.

Et le pire , c'est que je le savais avant même de commencer , vu le format du livre ( 100 pages). Je n'aime presque jamais les formats courts... quand c'est bien, la brièveté du moment passé avec l'auteur, me frustre et quand c'est pas bien, et ben... de toute façon c'est pas bien ...

Tout commençait ...bien, Ernestram est douée pour installer une histoire, des personnages, un décor, et puis la fin arrive trop vite, sans plus d'explication que ça. Et c' est juste au moment où le roman pourrait basculer dans un formidable suspens , à la Hitchcock, que l'auteur brandit le clap de fin...

Arghhhh ... Frustration !

Björn , a accepté pour faire plaisir à Sara d'aller s'installer à la campagne . Ce n'est pas non plus, un trou perdu au milieu de nulle part, ils sont à 30 mn de la ville où Monsieur travaille . Sara veut devenir paysagiste et commencera par refaire le jardin. Pour l'intérieur , ils ont préféré prendre des artisans.

Les voilà aménageant dans cette jolie maison, nouvel espace pour leur chatte Michka.

Mais très vite , celui des voisins prouve qu'il ne veut rien lâcher de son territoire, qu'il a évidemment étendu à leur jardin, comme tout chat qui se respecte... .

Les voisins sont accueillants, Lars partage avec Sara , l'amour du jardinage.

Björn et Sara ne voulant pas faire d'histoires , ne disent rien sur leur magnifique ( mais très agressif ) animal de compagnie . Pourtant , Ils ont droit (et plus précisément Sara lorsqu'elle est seule avec la voisine), à des remarques perfides, hostiles, ou carrément à côté de la plaque ...

Alors guerre des chats et guerre des voisins? A moins que ...

Et le lecteur aimerait bien en savoir un peu plus sur ...

Alors, cette histoire avait un potentiel formidable. J'adore les histoires de voisins "qui finissent mal , en général". J'adore nos amis les bêtes, et Maria Ernestram parle très bien des chats, de leur grâce, de leur côté " à l'aise", de leur rapport à la nature...

Si j'avais travaillé dans la maison d'édition de ce roman, j'aurais renvoyée l'auteure à son ordinateur ou à ses stylos et je lui aurait dit : " S'il te plaît,reviens avec 100 pages de plus, et c'est bon ! "

Mais , je ne me plaindrai pas, car en regardant la photo de ce magnifique chaton trempé, sur la couverture, ON CRAQUE ! et on oublie tout...

Je veux le même ! ;-)



Challenge Multi défis 2020.
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Le Peigne de Cléopâtre

Ne nous y trompons pas : lorsque le décor se met en place dans un petit resto suédois, le projet de Mari, Anna et Fredrick est empreint de bons sentiments : créer une société pour aider à résoudre leurs problèmes divers et variés.

Mais pour qui a déjà lu Maria Esternam, l'on se doute que l'ambiance générale ne va pas rester assortie au rose pastel de la couverture....au delà des conseils de déco ou de comptabilité, d'autres demandes viennent surprendre les comparses, les mettant en porte à faux avec leurs principes éthiques. Plus grave encore, en raison de la nature des services en cause, le passé et ses fantômes font irruption dans leur vie, mettant à jour des secrets et drames plus ou moins enfouis.

L'auteur sait particulièrement bien comment égarer le lecteur sur de fausses pistes, au cœur de scènes fondamentales qui à première lecture ne semblent même pas ambiguës. L'on progresse ainsi de surprise en surprise, incité à redoubler de vigilance, tout en vacillant sur les repères stables péniblement construits quelques pages plus tôt .



C'est aussi efficace que les Oreilles de Buster, sur le plan de l'intrigue. Et l'on retrouve le thème de la famille pathologique, destructrice, avec ses secrets d'alcôve et ses méthodes éducatives ignobles, qui fragilisent à tout jamais la construction de la personnalité.





A lire et peut-être à relire pour essayer de repérer les pièges tendus par l'auteur pour mieux perdre son lecteur....
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Les oreilles de Buster

Voilà un roman que j'ai pris plaisir à lire, si j'ai soupçonné certains événements , j'ai eu la surprise pour d'autres.

Une belle decouverte d'une auteure suédoise , hors polar, j'ai eu du mal à lâcher ce livre, prise d'affection pour cette pauvre enfant.

La relation entre cette mère et sa fille atteint des sommets de perversion de la part de cette mère horrible. Folcoche n'est pas loin d'aller se rhabiller.

On s'attache à l'héroïne qui, malgré le rejet total de sa mère qui trouve un malin plaisir à faire souffrir sa fille, cherche l'amour de sa mère par tous les moyens.

Plus sa quête d'amour maternel avance, plus la méchanceté de sa mère augmente, jusqu'à la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Et là, cachez-vous, femme trahie ne connaît pas de limite.

Une roman à lire et à découvrir.
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Jambes cassées, coeurs brisés

Il était une fois, en Suède, une jeune femme de 38 ans, qui habitait dans un village où tout le monde se connaissait. Célibataire depuis peu, en voie de “reconstruction”, elle adorait son métier d'instit'. On approchait de Noël et c'est à ce moment- là que sa vie prit un virage inattendu : elle en eu ras le bol !

Sa directrice d'école voulait lui supprimer des heures au profit d'un champion de ski, sa meilleure amie avait des problèmes avec sa fille, son ex a réapparu sur le pas de sa porte,sa nouvelle coupe de cheveux est ratée , et dans la famille , il n'y en a que pour sa soeur et sa progéniture.

Une histoire de Noël dans le genre chick-lit sous fond de grand froid suédois, ça change ... On y découvre ce qu'ils mangent, comment ils vivent Noël et ses festivités, ce côté- là m'a beaucoup plu : dépaysement garanti ; j'ai eu froid tout du long.... ;-)

Après, certains détails m'ont dérangée. le caractère de Lisbeth , qui au départ pique sa crise parce qu'elle en a marre de passe derrière les besoins de sa soeur et ses neveux (horaires de repas etc...). Je l'ai trouvée très puérile. Oui, c'est normal de s'adapter quand on t'invite et que tu mets les pieds sous la table, et oui, c'est plus facile de s'adapter quand on a 38 ans que lorsqu'on a 2 mois, 2ans etc..

Et puis , au lieu d'essayer ( sans succès), de m'identifier à l'héroïne, j'ai pris un peu de "hauteur de vue" et ai considéré cette histoire d'un point de vue "maternel"... Lorsqu'on a plusieurs enfants, on est confronté à leurs différences, leurs places dans la fratrie, ne pas en favoriser un au détriment de l'autre, ne pas créer de ressentiments, de jalousies, tout ça , tout ça. Lisbeth est sans arrêt dévalorisée ( ou a ce ressenti ...) par rapport à sa soeur sur leurs métiers (médecin/institutrice) , sur leurs temps libres ( vacances), sur son célibat ( sa soeur est mariée, enceinte de son quatrième).

Rien de grave, rien qu'une bonne explication ne sache résoudre, ce qui est un peu la morale de cette histoire de Noël, parler, s'exprimer , COMMUNIQUER...

Une sympathique histoire de Noël (ce que ne laisse pas deviner la couverture, estivale... ), cependant, moins farfelue et rigolote que ses consoeurs anglaises ou françaises...



Challenge Plumes féminines
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Jambes cassées, coeurs brisés

J'avais lu de cette auteure deux livres "Patte de velours, oeil de lynx" et "Les oreilles de Buster". Lorsque j'ai vu "Jambes cassées, coeurs brisés" j'avais très envie de le lire sans savoir quelle histoire elle allait nous conter. Maria Ernestam, fait partie de ces auteures en qui je fais confiance, je ne suis pas tentée de lire la 4ème de couverture pour savoir de quoi parle le livre.

Et pour celui-ci également, je n'ai pas été déçue. Même s'il est un peu différents des deux livres que j'ai lu précédemment.

Sous des airs très légers, les personnages de ce roman prennent de l'étoffe au fil de l'histoire. J'aime beaucoup la profondeur et la sensibilité de son écriture.

Lisbeth, 38 ans vit en Suède dans une petite maison au bord de la mer. Elle y est institutrice et paraît heureuse d’exercer ce métier. Elle est célibataire mais ne souffre pas de sa solitude apparemment.

Lisbeth apprend par Margaretha, la directrice de l'école, que les heures de sport qu'elle dispensait aux élèves serait réduit au profit de Jonas, un nouveau venu, champion de ski. Elle voudrait que l'école ait une orientation d'activité de ski, et c'est à cette intention qu'est organisé un weekend en Autriche dans une station huppée. Bien sûr il n'y a que Margaretha et Jonas qui y vont. Lisbeth se sent flouée, mais elle va trouver une bonne raison d'y aller quand même...

C'est vraiment un roman très agréable à lire, chaleureux, sous la magie de Noël, un roman de saison.

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Toujours avec toi

Une découverte épatante, toute neuve de quelques mois de cette dame suédoise des Lettres... avec une première lecture âpre, violente, dérangeante, "Les Oreilles de Buster", qui aurait pu me décourager !



J'ai poursuivi avec son dernier roman, "Le Pianiste blessé" ( lecture adorée, qui m'a enchantée; toujours très contrastée, mais plus positive), et présentement une fiction plus ancienne, "Toujours avec toi", sur le deuil, le "sacré" de l'amitié...

Un univers tout en sensibilité, en nuances, en finesse... J'ai vraiment une grande admiration pour cette écrivaine...



Le récit s'imbrique en plusieurs périodes et personnages [ entre les années 50 et les années 2000], où une femme , Inga, photographe de renom, perd son mari, part dans une maison familiale, pour faire une pause... Par le plus de grand des hasards, elle tombe sur des papiers anciens dont une lettre d'une certaine Rakel, adressée sa grand-mère... Elle se met à questionner, chercher...En remontant l'histoire de sa grand-mère et de son amie, elle échappe à son chagrin, à sa solitude de veuve...



Un univers à la fois tendre et douloureux... avec des secrets, des non-dits épais !

C'est l'écrivaine des "Contrastes absolus", quand tout semble "rose "...

Méfiance...., car le "Sombre" est tapi dans un coin !



Ces sont des histoires denses, très nourries... le Sacré de l'Amitié", la quête des origines, de ses fondations... La pauvreté, la guerre, les épreuves qui font que les personnages subissent des coups du sort, indépendants de leur volonté... Mais qui ont des idéaux, des exigences personnelles, des objectifs élevés... se refusant à être enfermés dans un déterminisme social !!...



J'adore l'univers de Maria Ernestam, un patchwork d'humanité, sombre et

lumineux. Si parfois, on peut regretter la platitude, le manque de relief des

fictions de certains écrivains; là, c'est une planète inverse et enchanteresse, car cette auteure nous réserve toujours moult surprise et suspens !!



Subjuguée par son univers... je vais poursuivre avec un roman plus ancien,

"Le Peigne de Cléopâtre"....



L'épreuve du deuil, l'amour fou d'une fille pour son père, la rencontre de

l'amitié absolue, en faisant des recherches sur son passé, les secrets

des familles...les grandes ombres et grandes lumières qui traversent

toutes les vies !! Une auteure dont l'univers, le ton, le style et les

sujets abordés, me fascinent totalement !!!



- "Je n'ai jamais été aussi mal de ma vie, papa. Je ne sais pas si je vais m'en sortir. Je vis au jour le jour.

Combien de temps je vais tenir ? Aucune idée. Tu me manques. Tout ce qu'on faisait ensemble , ton rire, tes blagues, ta guitare, la fierté dans ta voix quand je t'appelais pour te raconter mes expos. Même si tu essayais de la cacher. Et il y a l'absence de Marten. J'en souffre à un point inimaginable.

J'ai l'impression de me briser à l'intérieur. Je n'ai jamais été aussi seule de ma vie. Maintenant, j'ai besoin d'en savoir plus sur ma famille."

(Collection Babel, 2014, p. 311)
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Les oreilles de Buster

On l'apprend dès les premières lignes : la narratrice Eva a tué sa mère à dix-sept ans, elle en avait pris la décision à sept ans. S'agit-il réellement d'une mise à mort, ou d'un meurtre purement symbolique, d'une simple rupture ? Grâce à un carnet offert par sa petite-fille, et destiné à devenir un journal intime, Eva se délivre à cinquante-six ans de ses blessures de jeunesse. Elle écrit sur ses années d'enfance aux côtés d'une mère toxique et d'un père aimant, attentionné...



C'est toujours avec une certaine appréhension que j'aborde un(e) auteur nordique. Mes échecs de lecture sont nombreux en la matière (Herbjørg Wassmo, Hanne Ørstavik, Steinunn Sigurdardóttir, Anne B. Ragde...).



Et ouf ! Ce roman-ci m'a immédiatement conquise. Malgré l'humeur sombre de la narratrice, elles m'ont vite touchée, émue, elle et son histoire traumatisante. Eva était une petite fille sensible, à vif, élevée à coup de paroles maternelles empoisonnées, donc partagée entre des sentiments d'amour et de haine pour cette mère dure, méchante - ou tout simplement femme malade, bipolaire et alcoolique ? quoi qu'il en soit, le résultat fut le même, les ravages sur l'enfant identiques.



On découvre avec horreur et jubilation la jeune fille meurtrie tisser patiemment ses toiles pour se protéger de ceux qui la blessent, et pour se forger une carapace. On peut trouver le comportement maternel excessif, mais nous en lisons des souvenirs, probablement déformés et partiels, et la caricature est de toute façon un moyen de mettre en évidence certains travers. On a parfois du mal à relier cette adolescente à la femme à la fois dure et vulnérable qu'elle est devenue, mais on comprend la genèse du hiatus au fil des événements endurés.



J'aurais préféré une autre fin, quelques rebondissements m'ont paru trop spectaculaires, mais ils ont le mérite de bouleverser la lecture qu'on a eue jusqu'alors du récit, et de donner envie de le redécouvrir entièrement. Les toute dernières pages sont superbes et ont racheté ce qui avait pu légèrement m'agacer.



Un excellent roman - bouleversant mais non dénué d'humour - sur les relations mère-fille, les traumatismes de l'enfance, le couple, le vieillissement, les regrets des amours passées, les vertus thérapeutiques de l'écriture... et sur les roses.
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Toujours avec toi

Inga est une photographe reconnue. Voilà deux ans qu'elle a perdu son mari, et elle ne parvient pas à remonter la pente. Elle va mal et sa vie artistique en pâtit, la moindre remarque sur son travail suffit à la faire douter de son talent et à lui laminer le moral. Inga pense pouvoir se changer les idées en se retirant dans une propriété de famille sur l'île de Marstrand. Elle y trouve une vieille lettre qui la conduit sur les traces de sa grand-mère ; Inga découvre peu à peu les destins hors du commun de deux femmes pendant la première guerre mondiale.



Présenté ainsi, le roman semble reprendre deux bons filons actuels :

1/ le centenaire de la guerre 14-18

2/ les récits polyphoniques avec secrets de famille

Non, et oui mais. Cet ouvrage est paru en Suède en 2008, six ans avant la frénésie commémorative. Et si le récit est en effet centré sur des non-dits familiaux, il ne tombe pas dans la facilité et les clichés. Maria Ernestam parle du deuil, de la famille et de l'amitié avec beaucoup de pertinence et de sensibilité, utilisant avec brio l'alternance narrative pour captiver et émouvoir son lecteur, le faisant passer de 2007 à 1916 à Göteborg, dans un décor à la Dickens. Elle évoque en outre un épisode méconnu et terrible de la première guerre mondiale, la bataille navale du Jutland : le 30 mai 1916, "les flottes allemande et anglaise s'affrontent. Environ deux cent cinquante navires participent à la bataille. Quatorze vaisseaux britanniques et onze vaisseaux allemands sont coulés. Environ huit mille hommes périssent, et de nombreux cadavres échouent sur les côtes suédoises, norvégiennes et danoises où ils sont ensevelis."



J'ai dévoré ce roman émouvant, mais je lui ai trouvé quelques longueurs - je manque souvent de patience avec la littérature nordique. Coup de coeur sans réserves en revanche pour 'Les Oreilles de Buster' de cette auteur.
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