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Citations de Marie Desplechin (438)


- Qu’est-ce que tu lui as fait, à Mme Arsène ? a demandé Verte avec une pointe d’inquiétude dans la voix.
- Un tas de choses. Des crèmes et des lotions pour la peau et les cheveux, une potion pour la digestion, une autre pour le moral, des abonnements d’un an à des magazines distrayants.
- Il n’y a pas un gramme de sorcellerie dans tout ça, a protesté Verte. C’est à la portée de n’importe quel pharmacien ou de n’importe quel libraire !
- Ksss, ksss, petite ignorante. Je suis mille fois plus mystérieuse et mille fois plus efficace que tous les pharmaciens et tous les libraires du monde. En prime, j’ai envoyé quelques sorts désopilants sur sa maison, si bien que sa vie est devenue pendant quelques semaines une suite ininterrompue de joyeuses surprises, musique brésilienne au réveil, envol d’oiseaux multicolores sous ses fenêtres, escorte d’admirateurs devant sa porte, frigo fournisseur de menus diététiques et tutti quanti.
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" Forcément je l'aime, mais je me demande si je vais l'aimer tous les jours."
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- Tu ne peux pas faire un petit effort ?
Pendant quelques secondes, je me suis demandé ce qu'elle voulait dire. Je n'étais pas plus sale, ni plus impolie que d'habitude. Et d'habitude, je suis plutôt propre et aimable. Mais, comme son regard désolé me détaillait des pieds à la tête, l'évidence s'est imposée. Les efforts devaient porter sur mon allure. Pas sur mon intelligence, mes résultats sportifs, mes capacités relationnelles, mes bulletins scolaires. Sur ma présentation. Quelque chose n'allait pas. Du tout.
- Qu'est-ce qui ne va pas ?
- Tu t'es regardée avant de sortir ?
Elle était à la limite de la grossièreté. Mais je n'ai pas eu le courage de le lui faire remarquer. Car voilà ce que j'avais sur les lèvres : "Tu t'es regardée, toi ?"
[...] Elle s'était certainement, elle, regardée, et longuement. Sortir dans son accoutrement n'est pas une décision qui se prend à la légère. Il faut avoir pesé le pour et le contre.Et assumer. L'aspect de ma tante ne devait rien au hasard, ni à la négligence. Sa robe ouverte sur les genoux, ses cheveux décolorés, le bleu pétrole de ses paupières, les échasses sur lesquelles elle était juchée : tout avait été mûrement réfléchi. Et c'était pire.
(p. 9-11)
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Elle aurait pu faire l'effort de m'appeler Violette. Mais non, il a fallu qu'elle choisisse Verte. Quelquefois j'ai envie de l'attaquer en justice. Mais quelquefois je l'aime et j'ai envie de lui offrir des vacances de rêve à Honolulu. Rien n'est plus fatigant qu'une mère. Étant entendu que je ne sais pas ce que c'est qu'un père.
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Je me dis que c'est peut-être ça, la vie. La mort possible, tout le temps.
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Si c’est pour avoir des boutons, je ne veux pas grandir. Arrêtez tout ! Je reste comme je suis !

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Dans ce siècle matérialiste, les gens ne croient plus aux sorcières. Voilà pourquoi ils ne les brûlent plus. Parce qu'ils ne les voient plus. Quand ils ont envie de faire du mal à leurs voisins, ils préfèrent tomber à bras raccourcis sur les étrangers. Aujourd'hui, ils sont plus repérables que les sorcières. Mais souviens-toi que si, un jour, nos voisins se remettaient à croire à la magie, il faudrait que tu fasses plus attention ! Nous passerions illico dans la catégorie des victimes désignées, des fléaux bons à brûler sous n'importe quel prétexte, sécheresse et inondation, grippe et crash bancaire.
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Elle aurait pu faire l'effort de m'appeler Violette. Mais non, il a fallu qu'elle choississe Verte. Quelquefois j'ai envie de l'attaquer en justice. Mais quelquefoia je l'aime et j'ai envie de lui offrir des vacances de rêves à Honolulu. Rien n'est plus fatiguant qu'une mère. Étant entendu que je ne sais pas ce que c'est qu'un père.
J'ai toujours vécu avec ma mère. Pendant des années, je n'ai pas eu a me plaindre, au contraire. Elle était un peu étrange, certes. Elle ne ressemblait pas aux mères des mes copines. En un sens, tant mieux : elle avait une allure folle, elle disait des gros mots et elle m'emmenait au cinéma pour un oui pour un non. Mais sa qualité de sorcière présentait des désavantages. Elle passait un temps fou dans sa cuisine a marmonner devant sa cocotte-minute en regardant bouillir de dégoutantes purées brunâtres. L'appartement empestait pendant des jours. Et les catastrophes s'abattaient sur l'immeuble. Fuites d'eau à tous les étages, décès foudroyants de chiens du voisinage, éruptions de boutons sur des familles entières. Il fallait ensuite affronter pendant des semaines les remarques furieuses des habitants de l'immeuble.
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Les villes sont comme nous. Les villes ont souffert. Elles ont vieilli. Elles sont devenues craintives, avec l'âge, elles se sont fragilisées. Je fais assez d'efforts pour supporter mes vieux amis, il ne me reste aucune patience pour les villes vieillissantes.
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Certaines personnes sont comme ces fleurs qui se ferment dès qu'on les touche. On ne les approche que dans la solitude. (p.76)
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La vie est une aventure difficile. Je ne vois pas l'intérêt de la compliquer encore en accordant de l'importance aux reproches des uns et des autres.
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12 février.
On peut ruiner sa vie en moins de dix secondes. Je le sais. Je viens de le faire. Là, juste à l'instant. J'arrive à la porte de l'immeuble, une modeste baguette dans la main et la modeste monnaie dans l'autre, quand Merveille-Sans-Nom surgit devant moi. Inopinément. A moins de cinq centimètres (il est en train de sortir et je m'apprête à entrer, pour un peu on s'explose le crâne, front contre front). Il pose sereinement sur moi ses yeux sublimes. Je baisse les miens illico, autant dire que je les jette quasiment sous terre, bien profond, entre la conduite d'égout et le tuyau du gaz. Sa voix amicale résonne dans l'air du soir :
- Tiens ! Aurore ! Tu vas bien ?
Je reste la bouche ouverte pendant environ deux
millions de secondes, avant de me décider et de lui hurler à la figure :
- Voua ! Merdi !
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Aujourd'hui, j'ai tout ce qu'il faut : un père, une mère, un grand-père, une grand-mère, un ami, une amie. Toutes ces filles qui rêvent d'être sorcières n'y connaissent rien. Le vrai luxe dans la vie, c'est de pouvoir compter sur des gens qui vous aiment.
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J'ai eu envie de courir dans ses bras et de couvrir son visage de baisers, comme dans les films. Mais je me suis abstenu. Une autre fois, quand sa grand-mère ne serait pas là, loin de cette cave, dans quelques semaines, peut-être. Il faut de bonnes conditions et un certain courage pour couvrir le visage d'une fille de baisers, quoi qu'en disent les films, où tout semble toujours si facile.
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Sur terre, tout le monde a le droit de se plaindre. Les hommes, les femmes, les jeunes, les vieux, les animaux eux-mêmes se plaignent. De l'excès d'amour, de l'absence d'amour, de la famille, de la solitude, du travail, de l'ennui, du temps qui passe, du temps qu'il fait... Le monde râle, c'est ainsi.
Parmi toutes les espèces, il en existe une pourtant qui n'a pas le droit de se plaindre. Une seule. L'espèce des mères. À la rigueur, elles peuvent se mettre en colère. Mais pas gémir, c'est mal vu. Pourquoi ? Parce que, grâce à leurs enfants, les mères baignent dans un océan de bonheur. C'est connu.
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Marie Desplechin
À partir du moment où il est rasé, et à défaut de qualités réelles, un homme peut toujours passer pour intelligent.
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"L'enfance ne s'efface pas. Jamais. Qu'ils s'en souviennent ou pas, tous les hommes et toutes les femmes ressemblent à celui et celle qu'ils ont été quand ils avaient deux, cinq, dix ou douze ans. Leur enfance n'a pas disparu, elle s'est transformé avec l'âge, elle s'est épanouie. ".
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(...) les femmes qui ont choisi le verbe (les mots, les phrases) pour manière de vivre (...) reconnaissent-elles qu'elles doivent à leurs aînées; combien leur a ouvert la voie telle ou telle auteur qu'elles ont découverte à un moment clef de leur existence, les autorisant à écrire et publier à leur tour. Les autorisant aussi à s'accepter comme telles, femme écrivant et écrivain à plein temps.
"Ce sont des femmes comme toi qui m'ont donné la force, toujours renouvelée de voler", écrit Lorette Nobécourt en s'adressant à Marina Tsvetaeva. Alors ces anciennes semblent être autant des modèles littéraires que des modèles de vie; en somme des maîtres emblématiques qui, une fois lues, ont laissé une empreinte indélébile.[ préface de isabelle Lortholary, p.8]
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Camille Laurens
...les bibliothèques sont douces aux fous, qui y sont plus nombreux qu’ailleurs. Est-ce de fréquenter des livres où rien n’est impossible, où les oranges sont bleues et les femmes des oiseaux ? Ou bien le lieu leur permet-il simplement d’échapper à la violence du monde au-dehors ? Je savais en tout cas comment fonctionnent les fous – comme les écrivains : un mot suffit à les embarquer.
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Dans le Kampuchéa démocratique – le nouveau nom du Cambodge -, la vie d'un homme ne vaut rien ? Alors que dire de la vie d'un enfant ? Comme le répète le slogan révolutionnaire : "Vous garder en vie ne nous rapporte rien, vous supprimer ne nous coûte rien."
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