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Citations de Marie Desplechin (438)


Un certain nombre de gens, qui d’habitude ne se donnaient même pas la peine de lever la tête pour nous saluer, nous fixaient maintenant avec des yeux de poissons. Leurs regards allaient de nos mains à nos visages, en essayant de trouver une explication raisonnable à ce qu’ils voyaient. Nos sourires passaient pour une manifestation visible de notre nouvelle condition : nous étions transfigurés par le rayonnement de l’amour. Tout cela se déroulait sous un frais soleil de printemps et j’avais le sentiment étrange d’interpréter le premier rôle dans une publicité télévisée pour des chewing-gum.
Enfin, nous sommes arrivés devant la porte du collège. Frédéric m’a lâché la main.
- Je crois que ça suffit. Si on en fait trop, on va perdre notre crédibilité.
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Ma mère a souri, de ce vilain petit sourire qui dit que vous êtes une belle cruche, ignorante et crédule. Anastabotte, gentille ? Elle n'était pas assez sotte pour le croire, elle. Ma mère pense que, pour réussir quoi que ce soit dans sa vie, il faut être méchant. Elle imagine que, pour ne pas se laisser marcher sur les pieds, il faut savoir écraser les pieds des autres. Avant, je lui en voulais. Aujourd'hui, je la plains. La méchanceté n'est pas une arme de défense, ni même d'attaque. La méchanceté n'est rien d'autre que du temps perdu. C'est la première leçon que j'aie reçue d'Anastabotte.
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Elle attendait que j'acquiesce. Alors je l'ai regardée en souriant, silencieux et immobile. Elle a fait semblant de prendre mon sourire pour une promesse. Et je me suis évité un nouveau mensonge. Car Verte et Pome étaient à mes côtés et je sentais leur énergie envahir tout l'espace autour de nous. Personne ne pourrait nous empêcher de grandir et de changer le monde. Pour nous, l'avenir ne faisait que commencer.
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5 octobre
Si quelqu'un n'avait pas remarqué le cadenas qu'il vient d'ouvrir en traître, je rappelle que ceci est mon journal intimement intime. Et que je maudis par avance toute personne qui y jettera les yeux. Qu'elle soit maudite jusqu'à la fin de sa vie, qu'elle ait des allergies, des pellicules et des appareils dentaires à élastiques.

7 octobre
Bon sang, j'ai une quantité industrielle de trucs à raconter. Mes journées sont bourrées d'événements. Quelquefois, j'ai l'impression qu'elles vont exploser. En plus, je ne sais jamais si je suis hyper excitée ou hyper malheureuse. Ma vie est un Himalaya d'hyper hésitations.
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Le problème, avec les histoires d'amour publiques, est que si tout le monde est ravi qu'elles commençent, tout le monde attend avec impatience qu'elles finissent. Dans le fond, ce qui intéresse la foule, ce n'est pas l'amour. C'est l'histoire. Il faut qu'il se passe sans cesse quelque chose pour entretenir l'intérêt.
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Bonnie

Où nous faisons la connaissance d'une femme intelligente, qui
Aime la compétition autant que la justice, et se prend volontiers
Pour Robin des bois...
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extrait de Cristina Campo par Cécile Guilbert
« Pour savoir écrire il faut avoir lu, et pour savoir lire, il faut savoir vivre. » Lorsque j’ai découvert, il y a vingt ans, cet axiome de Guy Debord, j’ignorais encore qu’un certain Alessandro Spina le formulerait ainsi à propos de Campo : « Elle sait que l’art d’écrire présuppose l’art de lire, et que l’art de lire demande à son tour l’art difficile, inaccessible, d’hériter. » De quoi ? de la mémoire, du rêve, du paysage, de la tradition – ces « quatre sœurs à la face obscure », ces quatre sphinges avec lesquelles elle ne cessera d’entretenir un long et insatiable rendez-vous amoureux.
(...) Plus essentiel encore : savoir lire implique de pouvoir tout lire. La Bhagavad-Gita et Maître Eckart, Dante et le drame japonais, le théâtre espagnol du XVIIe siècle et la poésie persane, chinoise, indienne, etc. Car ces « lectures multiples à l’infini, il n’est pas de strates de hauteur ou de profondeur qu’elles ne touchent pas ».
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C'était le battement d'ailes du papillon. Celui qui entraîne le tsunami. En l'occurrence, ma tante faisait le papillon. elle battait des ailes tant qu'elle pouvait. Le tsunami est arrivé après.
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_ Qu’est ce que c’est que CA ? A-t-elle fini par demander d’un ton accusateur en tendant le doigt vers un mur.
_ Eh bien, ce sont de petites chauves-souris. On les ouvre en deux et on les met à sécher pour les conserver. N’est-ce pas mignon, ces bestioles éventrées ? On dirait de petits manteaux taillés pour des gnomes.
_ Et ces trucs, là-bas, dans les bocaux posés sur l’étagère ?
_ Hum, ce sont des mandragores dans du formol.
_ Mais c’est dégueulasse, on dirait de monstrueux petits hommes avec des racines.
J’ai toussoté, un peu gênée.
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Sur la photo, c'est moi enfant. En classe enfantine juste avant le C.P. Le photographe m'a forcé à tenir le pinceau de la main droite, il ne supportait pas les gauchers [...]
J'aime cette photo parce que j'ai toujours peint et dessiné, toute ma vie, de la main gauche, malgré les méchants et les imbéciles. [ Claude Ponti]
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Sur la foi d’un commun traité d’érotique pédagogique, il en a été des nuits comme du yaourt. Séduction, consommation et péremption.
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Mine de rien, avec son vieux titre ['La Princesse de Clèves'], le bouquin a l'air assez connu. Ce prof de français ne s'est pas fichu de nous. Quitte à lire un livre, les gens aiment autant que ce soit un livre célèbre. Au moins, ils ont l'impression de participer. A quoi, on ne sait pas. Mais enfin, c'est toujours agréable de participer.
(p. 15)
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Je vis avec les Khmers rouges depuis que j'ai trois ans. Je me suis habitué à leur présence. Ils nous ont fait la leçon. J'ai adopté leur manière de penser. Je suis persuadé que tout le monde doit vivre à la campagne, comme nous, et se faire paysan, comme l'ont fait mes parents. Il est très facile d'endoctriner un enfant.
(p. 33)
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Cristina Campo (1923-1977) par Cécile Guilbert

(...) c'est l'un de ces "livres foudre" dont le gai savoir vous aide à renaître et à vous sauver. Un de ces volumes enchanteurs auquel s'applique l'étonnante définition que son auteur confère elle-même à l'excellence : "Un des rares objets en compagnie duquel (selon une définition fameuse du grand art) on pourrait rester en prison pendant des années sans devenir fou." ( p. 243)
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On apprend beaucoup de choses sur les enseignants pendant les voyages de classe. Si désagréable que soit l'idée, il faut admettre qu'ils ont une vie sexuelle. C'est répugnant, je sais.
(p. 145)
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[Aurore, 15 ans]
J'ai perdu Julien. (...) Je ne peux même pas dire que j'ai rompu. J'ai juste oublié d'y penser. Dans un sens, j'ai fait l'économie d'une lettre de rupture. Mais l'horrible vérité, c'est qu'il n'y avait rien à rompre. Il suffisait de ne rien faire. De toute façon, un type qui vous appelle pour vous dire qu'il ne vous appellera plus n'a rien à attendre d'une fille qui ne va même pas jusqu'à écrire qu'elle ne lui écrira plus.
(p. 27-28)
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— Donc, normalement, ça devrait se terminer par un bûcher.
— Normalement.
— Et c'est moi qui serai grillée.
— C'est ce qui est prévu.

J'ai levé le bras pour commander un autre verre.

— Je n'ai pas l'habitude de boire, a remarqué Clorinda. Je vais être ivre.
— Tu seras plus facile à flamber.

La plaisanterie est tombée à plat. Clorinda n'a même pas esquissé un sourire.
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...il arrive qu'on voie la matière du monde les yeux fermés bien mieux qu'on ne la verrait les yeux ouverts, quand les formes et les couleurs maquent la vérité des choses.
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Cristina Campo (1923-1977) par Cécile Guilbert

Car à qui est spirituellement affamé, lire des livres et en écrire ne suffit pas, ne suffira jamais. Il est tout aussi vital d'en susciter, d'en traduire, d'en faire publier, d'en conseiller, d'en rendre compte, d'en parler autour de soi. (p. 260)
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Le temps que les gens perdent à lire des livres, ça me tue. C'est le genre de réflexion que je me fais en cours de maths. Il faut que je m'occupe la tête si je ne veux pas devenir dingue. Bref, la question s'est posée à moi entre deux équations, la seule, la vraie, l'unique : pourquoi me pourrir la vie à lire alors que je peux écrire ?
Justement, j'avais un cahier en train de moisir. Un vieux cadeau de l'anniversaire de mes douze ans. L'authentique présent effroyable : une large couverture en carton, un million de pages blanches, et MON JOURNAL INTIME marqué dessus, histoire de rendre la chose publique dans le monde entier. Tellement intime que la couverture est fermée par un cadenas ridicule avec clé dorée, le genre de truc qui donne une envie mortelle de lire en cachette.
«Tu vas écrire ton journal et ce sera le début d'une nouvelle vie», voilà ce que je me disais quand la fin de l'heure a sonné. J'ai arrêté de penser. Direct. J'ai ramassé mes affaires et j'ai foncé vers la sortie. La vérité, c'est que je suis faite pour l'action.
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