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Citations de Marina Tsvetaieva (457)


Sur le mur ___ des traits des boutures
hachées ______des coupures du sang
des effrois ____ton retour ___comme
une crainte _____ de si loin tu reviens
sans plus rien ________qui retient sur
mon cœur ___ __ une fatigue déposée
des gestes ____ à finir à recommencer
à refaire à réparer

Chagrins du froid ____pousses ___de
glace ____ yeux meurtris faim inutile
puisque bataille __ perdue __mais se
battre encore ________on dit qu’il le
faut ___ les jardins finiront par fleurir
encore __________je ne lâcherai pas
mes robes ___ velours
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PROVISOIRE LA VIE

Provisoire la vie
éclats du manque

tu me demandes
comment elle va
elle va son chemin
vers ce qui sépare

les enfants courent après leur vie
cercles indépendants de toi
ils se rejoignent parfois

tu caresses le chat douceur
tu sarcles bines arraches
tu t’en prends à l’angélique
elle infiltre ses racines
ramifications tenaces
là où tu attends des fleurs

tu marches heureuse
tu cueilles au hasard des talus
les menus bonheurs du jour
nombrils-de-Vénus
fragiles narcisses
premières violettes

tu veilles sur les morts
fleurs d’asphodèles
leurs doigts serrés sur le printemps
il ne demande qu’à éclore

tu leur parles de ton vivant d’ici
des vivants et des morts
sur la même terre

tu bûcheronnes parmi les feuilles
odeurs sauvages
les sangliers traversent
la mère et ses petits t’attendrissent
tu faisais de même jadis
jadis est loin
loin derrière toi
une vie autre s’efface
est-ce encore la tienne
rumeur sourde de la mémoire

tu attends
lenteur des jours
les rires des enfants
petites filles sautillantes
elles pépient sous la treille
tu gambades avec elles
tant que persiste un peu de jeunesse
— tu es vieille mammona
tu vas bientôt mourir —
peut-être pas encore
je reste encore un peu
je veille sur l’ancêtre
tu sais la très vieille maman qui doucement s’en va

elle s’éloigne vers le cercle
vers l’autre côté de l’horizon.
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je compte avec mes yeux
les bras des éoliennes
dans les champs
du retour
et les maisons aussi

je te parle

le ciel en bleu de travail
interdit le cafard
je m’applique à sourire
mes petits crocs
d’humain
ne sont pas bien assis
c’est de ta faute je crois

les maisons se ressemblent
comme sœurs et cousines
j’aime les volets criards
comme des bouches d’enfants
les pas si belles
les toits bizarres
et les fleurs mêlées
aux légumes en couleur

j’ai sur la peau encore
quelques baisers collés
mais ne le dirai pas

l’enfant est une femme
et parfois ses cheveux
fleurissent sur ses joues
et cachent son regard

je vieillis les dentellières
tissent chaque jour
des traces sur mon corps
qui ressemble au tien

j’ai des amis vivants
et nous buvons du vin
nous buvons trop c’est sûr
mais comme il faut être fort
pour entrer dans le jour
chaque et chaque matin

le chat n’est plus le même
j’ai du mal à l’aimer
mais je sens que ça vient
je fume toujours un peu
des tabacs étrangers
et fais des jeux de mots
qui te laissaient
de marbre

et voilà que j’arrive
l’avenue comme hier
toute droite
déjà

tu vois la vie
ça va
surtout
ne t’inquiète pas
pour moi
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MON MONDE

Le monde comme il va pousse derrière creuse devant
Le monde ses bras ses bouche ses yeux
Le monde comme il va comment ?
Dans mes bras le monde
Dans ma bouche le monde
Dans mes yeux le monde
Ma bouche mange mes bras cachent mes yeux ça va
La vie par ma bouche mes yeux mes bras
J’embrasse vois avale ma vie salive
Par-dessus ses hauts murs au cœur aussi
Comment le monde dans mes bras il va comme dans mes yeux
Je le prends à pleine bouche bras yeux
Dans quelle vie je monde ?
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COMME ELLE ME VA

Tu as toujours cru à la vaisselle, lessive,
aux enfants, au mari,
à la fête de famille,
au potager poussé jusque dans le salon,
à la distance qui rapproche,
au « petit café » bu ensemble qui sépare.

Mais il y a toujours eu le vers
flèche de lumière
te guettant à chaque pas.

Alors tu écris, couturière de mots,
pour vêtir ses brûlures.
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Marina Tsvetaieva
"Nos poèmes, ce sont nos enfants. Ils sont plus âgés que nous parce qu'ils vivront plus longtemps que nous. Plus âgés que nous depuis l'avenir. Voilà pourquoi ils nous sont aussi parfois étrangers."
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Je m'imagine parfaitement qu'un beau jour je cesserai tout à fait d'écrire des poèmes.
Cette histoire de poèmes - mon premier pas vers le néant.
Et la pensée : Puisque j'ai pu cesser d'écrire des poèmes, je pourrai un beau jour cesser d'aimer.
Alors je mourrai.
Bien sûr, j'en finirai par un suicide, car mon désir d'amour est un désir de mort. (26 août 1941)
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Le choix des mots est avant tout choix et purification des sentiments, tous les sentiments ne sont pas utilisables, croyez-moi, là aussi le travail est nécessaire. Le travail sur le verbe est un travail sur soi.
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“Ah, nuit !
Quelque part des sources courent,
je glisse vers le sommeil.
Je dors presque.
Quelque part dans la nuit
un homme se noie.”
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Ils ont pris...

Les Tchèques s'approchaient des Allemands et crachaient. (Voir les journaux de mars 1939)

Ils prenaient vite et ils prenaient largement :
Ils ont pris les cimes, ils ont pris les tréfonds,
Ils ont pris l'acier, ils ont pris le charbon,
Ils ont pris notre cristal et notre plomb.

Ils ont pris le sucre et ils ont pris le trèfle,
Ils ont pris le Nord et ils ont pris l'Est,
Ils ont pris les ruches et ils ont pris le blé,
Ils ont pris notre Midi et notre Ouest.

Les Tatras, ils les ont pris et pris les Thermes,
Ils ont pris les alentours et les lointains,
Lais - plus amère que le paradis sur terre ! -
Ils ont pris les armes sur le sol natal.

Ils ont pris les fusils, ont pris les cartouches,
Ils ont pris l'amitié, pris le minerai...
Mais tant qu'il reste du crachat dans la bouche -
Tout le pays est armé !

9 mai 1939

(P 209)
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Limaces rampantes des jours,
... Ouvrière cousant les lignes...
Qu'ai-je à faire de ma propre vie ?
Elle n'est pas à moi puisqu'elle n'est pas à toi.

Je ne me soucis guère de mes ennuis
Personnels... - Que manger ? Où dormir ?
Qu'ai-je à faire de mon corps mortel ?
Il n'est pas à moi puisqu'il n'est pas à toi.

Janvier 1925

(P171)
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Je le sais, je mourrai au crépuscule, ou le matin ou le soir !
Auquel des deux, avec lequel des deux - ça ne se commande pas !
Ô s'il était possible que mon flambeau s'éteigne deux fois !

Je suis passé sur terre d'un pas de danse ! - Fille du ciel !
Un tablier plein de roses ! - Sans écraser les jeunes pousses !

Je le sais, je mourrai au crépuscule, ou le matin ou le soir !
Dieu n'enverra pas une nuit d'épervier pour mon âme de cygne !

D'une main douce, j'écarterai la croix sans l'embrasser,
Je m'élancerai dans le ciel généreux pour un dernier salut.

La faille du crépuscule, ou le matin ou le soir - et la coupure du sourire...

- Car même dans le dernier hoquet je resterai poète !

Décembre 1920

(P 105)
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Noire comme la pupille , comme la pupille toi qui suces

la lumière , je t'aime, nuit vigilante.

Laisse ma voix te chanter , toi l'aieule
des chants , dont la main tient la bride des quatre vents.

Lorsque je t'appelle ,que je te rende gloire ,je ne suis
qu'un coquillage ou l'océan ne s'est pas encore tu

Nuit , j'ai déjà trop regardé dans la pupille de l'homme !
Réduis-moi en cendres , nuit , soleil noir !
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Il y a une chose, une seule, que le Diable ne m'a jamais rendue : moi-même.
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“Tu m’as appris à vivre au cœur du feu,
Et tu m’as jetée dans la steppe glacée !
c’est ça que toi tu m’as fait, mon bien-aimé”
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Mots murmurés la nuit : soie -
Main éparpillante.
Mots murmurés la nuit : soie -
Lèvres qui déplissent.
Comptes
De toutes jalousies diurnes
et éclat
De toutes vieilleries -et serrant les dents-
Et, un vers, là,
Débat -
Dans le bruissement...

Et une feuille
Au carreau...
Et, premier chant d'oiseau.
- si pur ! - Et soupir.
Pas le bon. - C'est plus là.
Elle non plus.
Et
Haut le corps.
Rien.
Du vent.
Fin.
Comme absent.

Et dans cette vanité des vanités
Tranchante, l'aurore.

17 juin 1922
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C'est ainsi qu'on écoute

C'est ainsi qu'on écoute (l'embouchure
écoute la source).
C'est ainsi qu'on sent la fleur :
profondément - à en perdre le sens !

C'est ainsi que dans l'air, qui est bleu,
la soif est sans fond.
C'est ainsi que les enfants dans le bleu des draps
regardent dans la mémoire !

C 'est ainsi que ressent dans le sang
l'adolescent -jusqu'alors un lotus.
... C'est ainsi qu'on aime l'amour :
on tombe dans le précipice.
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“Et si on te demande (sache le !)
Pourquoi tu n’as pas le teint frais, comme on dit,
répond, je fais la noce avec l’insomnie.”
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Si vous saviez, passants, attirés
Par d’autres regards charmants
Que le mien, que de feu j’ai brûlé,
Que de vie j’ai vécu pour rien,

Que d’ardeur, que de fougue donnée
Pour une ombre soudaine ou un bruit …
Et mon cœur vainement enflammé,
dépeuplé, retombant en cendres.

Ô les trains s’envolant dans la nuit
Qui emportent nos rêves de gare …
Sauriez-vous tout cela, même alors,
Je le sais, vous ne pourriez savoir

Pourquoi ma parole est si brusque
Dans l’éternelle fumée de cigarette
Et combien de tristesse noire
Gronde sous mes cheveux clairs.

(17 mai 1913)
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De mes vers, écrits si tôt
Que je ne me savais pas poète,
jaillis comme l’eau des fontaines,
Comme le feu des fusées,

S’engouffrant comme des diablotins
Dans le sanctuaire plein de rêves et d’encens,
De mes vers de jeunesse et de mort
– De mes vers jamais lus ! –

Jetés dans la poussière des librairies
(Où personne n’en veut ni n’en a voulu),
De mes vers, comme des vins précieux
Viendra le tour.

(mai 1913)
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