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Citations de Michaël Ferrier (139)


« Dites-leur bien : pleurer ne sert à rien. Si nous sommes en enfer maintenant, tout ce que nous pouvons faire, c’est remonter à tâtons vers la surface. »
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La région de Fukushima produit un tiers de l'électricité de la zone urbaine de Tokyo. Avec les autres centrales nucléaires qui sont à l'arrêt pour cause de maintenance après le séisme, ou tout simplement par prudence dans la crainte d'un nouveau tremblement de terre, le mot d'ordre est désormais aux économies d'énergie.
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C'est un véritable bombardement. En quelques minutes, je reçois plusieurs dizaines de messages, certains très inattendus, venant de personnes que je n'ai pas vues depuis des années.
Le faussement décontracté : "Alors ça tangue à Tokyo?"
l'empressé fiévreux : "Dès que tu le pourras, dis-moi que tu vas bien."
Le solennel protocolaire : " Mes pensées vont vers toi et vers le Japon."
Le classique télégraphique : "Tremblements de terre à Tokyo. Alerte tsunami. Sommes inquiets. Nouvelles attendues. Grosses bises."
Le cosmique comique : " Ce doit être l'apocalypse à Tokyo. Prends bien soin de toi."
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Aucun raisonnement ne peut jamais nous assurer de l'effectivité d'une amitié. On ne se brouille vraiment qu'avec ses amis, c'est bien connu. Ce qui caractérise l’amitié, c'est qu'elle peut être rompue à tout moment. C'est le lien le plus fragile, le plus ténu - et en même temps, parce qu'il engage justement un positionnement interne de tous les instants, c'est aussi le plus puissant.
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La mémoire en revanche, c'est du morse. Sons brefs, sons longs, une combinaison grésillante, un alphabet crépitant. Alors, les dépêches peuvent s'écrire, les ondes passent : la mémoire pétille et scintille, la transmission est assurée.
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On habite un lieu autant qu'on est habité.
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Il y a aussi la topographie particulière de la ville (Tokyo). Dès qu'on quitte les grandes avenues rectilignes, c'est un lacis de ruelles étroites et incurvées, une succession de villages et d'échoppes accompagnés d'une délicieuse odeur de viande grillée au soja et parsemée d'éclats de rire.
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Le Mont Fuji est photogénique, mais quelque chose en lui résiste à toutes les images. la surabondance de vues n'épuise pas sa beauté et aucune ne peut rendre compte avec exactitude de l'impression qu'il procure "en vrai".
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Le temps de Tokyo, un temps très étrange, fait d'accélérations incroyables et de ralentissements merveilleux, cadrans ouverts, aiguilles disjointes, les temps diffractés de la fin des temps... (p. 91)
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Mais il y a autre chose de plus puissant, de plus ancien et de plus profond, qui dépasse et emporte les liaisons de passage comme les stratégies matrimoniales. Le séisme révèle les gens, non seulement dans leurs attitudes morales, de courage ou de dédain, de cynisme, de compassion, de pleutrerie, mais aussi d'une manière toute physique, physiologique. Le séisme révèle les corps, leur charge secrète, leurs faiblesses cachées et leur potentiel déroulant. Certains se ratatinent, se renfrognent, ils entrent dans la longue nuit d'eux-mêmes, se replient ou se racornissent, se réfugient dans leurs secrets. D'autres au contraire soudain comme lianes déployées, lumière des cuisses, éclat du visage, indifférents au danger et même, extrayant du péril lui-même une fraîcheur insolente - aplomb parfait. C'est comme si chaque corps, d'avoir tant tremblé, avait soudain retrouvé sa position juste, sa place exacte sur la terre.
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Le plus frappant, pour qui observe l'arsenal de moyens déployés par l'industrie nucléaire au moment de Fukushima (ce moment désormais appelé à durer très longtemps), c'est l'extraordinaire contraste entre le discours officiel de ses promoteurs et la réalité que l'on peut constater empiriquement sur le terrain. Le nucléaire joue toujours sur l'image d'une industrie de pointe, portée par une technologie de haut niveau. C'est le fleuron du progrès scientifique, la fine fleur de la virtuosité technique. Dans la réalité, tout le contraire : infrastructures vieillissantes, mentalité moyenâgeuse. La centrale s'effiloche : le prétendu sommet de la technologie humaine se révèle une vulgaire affaire de plomberie. Sur place, sur les photos que l'opérateur lâche au compte-gouttes, des tas de câbles et de raccords, de tuyaux éventrés, marabouts, bouts de ficelle. Partout on installe des plaques de plomb et d'acier. Quelle technicité ! Quelle maîtrise ! On est obligé de recourir à de la résine, de la sciure de bois et du papier journal déchiré pour colmater les fuites. A la brouette et au râteau pour déblayer les décombres. Pour nous sauver, rien de tel qu'un couvercle, une bâche, une tente... ou comme à Tchernobyl, un sarcophage. Qu'on recouvre tout ça et qu'on en parle plus... Sous ses grands airs, toute la camelote navrante du nucléaire.
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Les "responsables politiques" se succèdent : trop d'impôts, trop de chômage, pas assez de compétitivité, une insécurité croissante, une justice irresponsable, une émigration galopante, l'assistanat aux frais du contribuable, tout y passe... S'y ajoute désormais une surenchère pour savoir qui est le plus français, le mieux français...
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Le mot "acrobate" est de la même famille que "microbes" : il vient du grec, de acro (extrémités) et de bios (la vie). L'acrobate grec était celui qui savait se déplacer sur la pointe des pieds ou sur un fil, sur un mât, sur un agrès : à l'extrême. En un mot, il s'agit de vivre sur des pointes. Maxime en est l'exemple parfait : il est têtu, il est pointu.
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Chris Marker (Le dépays) :

[...] Une fois dépassées les idées reçues, une fois contournée l'idée reçue de prendre le contre-pied des idées reçues, mathématiquement les chances sont les mêmes pour tous, et que de temps gagné. Se fier aux apparences, ne jamais s'inquiéter de comprendre, être là - dasein - et tout vous sera donné par surcroît. enfin, un peu.
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Le souvenir est comme un reflet qui passe trop vite sur un mur, un signal lumineux rapide: un flash et puis plus rien.
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On informe, c'est-à-dire: on ne dit pas du tout ce qui a eu lieu et comment ça s'est passé, mais on cherche à lui donner forme, à l'entortiller dans les fausses explications, à le noyer dans la nasse des commentaires, la noria des comptes-rendus (et celle des controverses), la nuée des éclaircissements.
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A Kyoto, on ne fait pratiquement rien, que l'amour. On n'a rien dit d'un tremblement de terre quand on ne parle pas aussi de son effet érotique. Ah, faire l'amour quand tout tremble autour de vous... Personne jamais n'en parle, et pourtant, la leçon du séisme, avant d'être morale, idéologique, sociologique ou politique, enfin bref tout ce qu'on voudra, est d'abord et avant tout physique. Votre corps soudain ne répond plus comme avant, vos cinq sens se mettent ou se remettent à vibrer comme jamais, vous retrouvez des joies insaisissables, vous découvrez des plaisirs insoupçonnés.

Il faut le dire : l'immense trépidation qui s'est emparée du monde a sa charge mortelle mais aussi une vertu érotique. Pornographie des plaques : tous ces blocs qui se chevauchent, ses cavités qui se réveillent, ces failles qui s'ouvrent et se déplacent en appellent d'autres, à intérieur de votre corps lui-même. Alvéoles, ventricules, oreillettes ! Erotisme souterrain, qui remonte soudain en surface, souverain. Avec Jun, depuis le 11 mars, nous faisons l'amour merveilleusement. Entrelacés, emboîtés, embouchés, l'un sur l'autre et l'un dans l'autre, nos bras, nos mains, nos bouches, nos jambes ne nous suffisent plus. J'y vois la traduction interne, physiologique, du grand séisme. Ce n'est pas seulement que le tremblement de terre, en frappant avec fureur, a rappelé à chacun la brièveté de la vie, sa fragilité de cristal et la nécessité d'en jouir, le plus vite et le plus complètement possible. Ce n'est pas seulement que face au désastre, chaque être humain se sente soudain renvoyé à sa solitude fondamentale, à sa condition mortelle et au sens qu'il entend donner à sa vie (beaucoup se réfugiant d'ailleurs subitement dans les vieilles recettes nuptiales, aussi touchantes que comiques : d'après Hongwen Guan, porte-parole d'O-net, la plus importante agence de rencontres japonaise, le nombre des mariages a augmenté en flèche depuis le séisme, et le grand magasin Takashimaya de Shinjuku, à Tokyo, annonce une explosion de la vente des alliances, qui a quadruplé en un mois !)
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Au milieu de leurs branches, la tour à cinq étages se lève, svelte et étrange, dessinant sur la lumière froide d'en haut les cornes de ses cinq toitures superposées, tout le découpage de sa silhouette rougeâtre, d'une japonerie excessive. Et enfin le grand temple, hérissé d'autres cornes, et inégalement rouge, d'une couleur de sang qui aurait séché, occupe tout le fond du tableau, avec sa masse carrée, écrasante.
C'est un des lieux d'adoration les plus antiques et les plus célèbres d'Yeddo, cette Saksa. La partie du sanctuaire qui est ouverte aux fidèles et où j'entre avec la foule, semble une sorte de halle, haute et sombre, peinte en rouge sanglant comme l'extérieur; les portes en sont relativement basses pour laisser, suivant l'usage, de l'obscurité et du vague à la voûte élevée, d'où pendent d'énormes girandoles de métal et où de vieilles diableries s'esquissent dans l'ombre. Très peu de recueillement sous cette colonnade de cèdres, où les groupes circulent et causent, éclairés par des reflets d'une lumière d'hiver rasant le sol. Il serait même nécessaire « de chasser les vendeurs» de ce temple, car il y a contre tous les piliers des changeurs d'argent, des marchands d'images, de livres religieux ou de fleurs. Des bébés vont et viennent, courent, s'appellent, avec des petites voix plus sonores ici et plus bruyantes. Des pigeons volent en tous sens, pour se percher sur les lanternes, sur les hampes des bannières, mêlant au murmure des conversations le bruit ronflant de leurs ailes : il y a aussi le son des pièces de monnaie, des offrandes continuellement lancées, et tombant dans des troncs carrés à claire-voie semblables à de grandes cages; et puis, de côté et d'autre, devant des autels privilégiés, devant certaines images, certains symboles, on entend de ces rapides claquements de mains, pan pan, qu'on fait pendant la prière pour appeler l'attention des Esprits.
Dans un gigantesque brûle-parfums de bronze, sur le couvercle duquel ricane un monstre gros comme un gros chien, tous les fidèles qui passent jettent des baguettes d'encens, et il en sort en spirale une fumée odorante qui s'en va flotter aux voûtes, parmi l'enchevêtrement des chimères et des girandoles, comme un nuage.
Au fond du temple, dans un recul plein de mystère, à la lueur de hauts lampadaires magnifiques, dans une demi-obscurité voulue, derrière des colonnes et des barrières ajourées, à travers un fouillis de lanternes, de bannières, de brûle-parfums et de gerbes de lotus en bronze, on aperçoit confusément les dieux, qui sont des colosses au sourire assez calme, se détachant sur des fonds en laque d'or. "(Yeddo" in Japoneries d'automne 1889, Pierre Loti cité par M. Ferrier)
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Et des légions de mousmés sont là en belle toilette, des mousmés comiques et des mousmés jolies; dans tous ces beaux chignons, si bien lissés, qu'elles savent se faire, sont piquées des fleurettes fantastiques ne ressemblant à aucune fleur réelle; au bas de tous ces petits dos frêles et gracieux, déviés en avant par l'abus héréditaire de la révérence, des ceintures de couleurs très cherchées font de larges coques en forme d'ailes, comme si des papillons énormes étaient venus là se poser. (Pierre Loti, cité par M. Ferrier)
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