Citations de Michel de Montaigne (949)
Tout ce qui peut être fait un autre jour, le peut être aujourd'hui.
C'est une belle harmonie quand le faire et le dire vont ensemble.
Enseigner, ce n'est pas remplir un vase, c'est allumer un feu.
Les plus belles âmes sont celles qui ont plus de variété et de souplesse.
Livre III, 3
Mieux vaut pencher vers le doute que vers l'assurance.
Ce que nous appelons ordinairement amis et amitiés, ce ne sont qu'accointances et familiarités nouées par quelque occasion ou commodité, par le moyen de laquelle nos âmes s'entretiennent. En l'amitié de quoi je parle elles se mêlent et confondent l'une à l'autre, d'un mélange si universel, qu'elles effacent et ne retrouvent plus la couture qui les a jointes. Si on me presse de dire pourquoi je l'aimais [N. B. : Étienne de La Boétie], je sens que cela ne se peut exprimer, qu'en répondant : " Parce que c'était lui ; parce que c'était moi. "
(Ce que nous appellons ordinairement amis et amitiez, ce ne sont qu’accoinctances et familiaritez nouées par quelque occasion ou commodité, par le moyen de laquelle nos ames s’entretiennent. En l’amitié dequoy je parle, elles se meslent et confondent l’une en l’autre, d’un melange si universel, qu’elles effacent et ne retrouvent plus la couture qui les a jointes. Si on me presse de dire pourquoy je l’aymois, je sens que cela ne se peut exprimer, qu’en respondant : Par ce que c’estoit luy ; par ce que c’estoit moy.)
Chapitre XXVIII : De l'Amitié.
Il y a plus à faire à interpréter les interprétations qu’à interpréter les choses, et plus de livres sur les livres que sur tout autre sujet : nous ne faisons que nous entregloser.
J'aime mieux forger mon âme que la meubler.
C'est une belle harmonie quand le faire et le dire vont ensemble.
Il y a certaines choses que l'on cache pour les montrer.
Combien ai-je vu de condamnations plus criminelles que le crime !
La pauvreté des biens est facile à guérir, la pauvreté de l’âme, impossible.
"Si, nous avons beau monter sur des échasses, car sur des échasses encore faut-il marcher de nos jambes. Et au le plus élevé trône du monde, si ne sommes assis que sur notre cul"
"Apologie de Raymond Sebond", M. de Montaigne, Les Essais.
"Il n'est pas seulement dangereux de lire Montaigne pour se divertir, à cause que le plaisir qu'on y prend engage insensiblement dans ses sentiments, mais encore parce que ce plaisir est plus criminel qu'on ne pense. Car il est certain que ce plaisir nait principalement de la concupissance, et qu'il ne fait qu'entretenir et que fortifier les passions, la manière d'écrire de cet auteur n'étant agréable que parce qu'elle nous touche et réveille nos passions d'une manière imperceptible."
(p. 4, Introduction, citation de Malebranche par Maurice Rat).
La vie n’est qu’un passage.
Sur ce passage, au moins, semons des fleurs...
Je réponds ordinairement à ceux qui me demandent raison de mes voyages : que je sais bien ce que je fuis, et non pas ce que je cherche.
J'aime tant à me décharger et désobliger que j'ai parfois compté à profit les ingratitudes, offenses et indignités que j'avais reçues de ceux à qui, ou par nature ou par accident, j'avais quelque devoir d'amitié, prenant cette occasion de leur faute à autant d'acquit et décharge de ma dette.
NDL : souvent une "traduction " serait nécessaire, mais je crois qu'il confie là qu'il n'est pas orgueilleux.
Il m'est advenu plus d'une fois de reprendre en main des livres comme récents et à moy inconnus, que j'avoy leu soigneusement quelques années au paravant et barbouillés de mes notes
Si la vie n'est qu'un passage, sur ce passage au moins, semons des fleurs...
Alexandre le grand, le jour assigné à cette furieuse bataille contre Darius, dormit si profondement et si haute matinée, que Parmenion fut contraint d’entrer en sa chambre, et, approchant de son lit, l’appeller deux ou trois fois par son nom pour l’esveiller, le temps d’aller au combat le pressant. L’Empereur Othon, ayant resolu de se tuer, cette mesme nuit, apres avoir mis ordre à ses affaires domestiques, partagé son argent à ses serviteurs et affilé le tranchant d’une espée dequoy il se vouloit donner, n’attendant plus qu’à sçavoir si chacun de ses amis s’estoit retiré en seureté, se print si profondement à dormir, que ses valets de chambre l’entendoient ronfler. La mort de cet Empereur a beaucoup de choses pareilles à celle du grand Caton, et mesmes cecy : car Caton estant prest à se deffaire, cependant qu’il attendoit qu’on luy rapportast nouvelles si les senateurs qu’il faisoit retirer, s’estoient eslargis du port d’Utique, se mit si fort à dormir, qu’on l’oyoit souffler de la chambre voisine : et, celuy qu’il avoit envoyé vers le port, l’ayant esveillé pour luy dire que la tourmente empeschoit les senateurs de faire voile à leur aise, il y en renvoya encore un autre, et, se r’enfonçant dans le lict, se remit encore à sommeiller jusques à ce que ce dernier l’asseura de leur partement.