Citations de Michel de Montaigne (949)
Je réponds ordinairement à ceux qui me demandent la raison de mes voyages que je sais bien ce que je fuis, et non pas ce que je cherche
Qui a sa pensée à prendre ne l'a plus à ce qu'il a pris. La convoitise n'a rien si propre que d'être ingrate.
J'estime tous les hommes mes compatriotes.
Enseigner, ce n'est pas remplir un vase, c'est allumer un feu.
Que philosopher c'est apprendre à mourir.
Titre du chapitre 20 (livre 1)
« Tu ne meurs pas de ce que tu es malade ; tu meurs de ce que tu es vivant. »
Les choses ne sont pas si douloureuses, ni difficiles d'elles-mêmes ; mais notre faiblesse et lâcheté les fait telles. Pour juger des choses grandes et hautes, il faut une âme de même, autrement nous leur attribuons le vice qui est le nôtre. Un aviron droit semble courbe en l'eau. Il n'importe pas seulement qu'on voie la chose, mais comment on la voit.
Au plus élevé trône du monde,on n'est jamais assis que sur son cul.[De L'expérience,Essais]
Nous n'aimons pas la rectification [de nos opinions] ; il faudrait [au contraire] s'y prêter et s'y offrir, notamment quand elle vient sous forme de conversation, non de leçon magistrale. À chaque opposition, on ne regarde pas si elle est juste, mais, à tort ou à raison, comment on s'en débarrassera. Au lieu de lui tendre les bras, nous lui tendons les griffes.
La colère l'agite avec une telle violence et une telle fureur [ comme lorsque le bois enflammé fait un grand bruit sous les flancs d'une chaudière d'airain, et que l'eau bouillonne sous l'action de la chaudière, la masse liquide, furieuse et fumante, fait rage et déborde ; elle ne se contient plus ; une épaisse vapeur s'élève dans les airs. ]
NDL : Montaigne prend une belle image de Virgile pour illustrer "la colère".
Je ne cherche aux livres qu'à m'y donner du plaisir par un honnête amusement ; ou si j'étudie, je n'y cherche que la science qui traite de la connaissance de moi-même, et qui m'instruise à bien mourir et à bien vivre.
Qui craint de souffrir souffre déjà de ce qu'il craint.
Un suffisant lecteur découvre souvent ès écrits d'autrui des perfections autres que celles que l'auteur y a mises et aperçues, et y prête des sens et des visages plus riches.
Et à la vérité ce que nous disons craindre principalement en la mort, c'est la douleur, son avant-coureuse coutumière.
Les mémoires excellentes se joignent volontiers aux jugements débiles.
Nous prenons en garde les opinions et le savoir d'autrui et puis c'est tout. Il faut les faire nôtres. Nous ressemblons à celui qui, ayant besoin de feu, en irait quérir chez son voisin et, y en ayant trouvé un beau et grand, s'arrêterait là à se chauffer, sans plus se souvenir d'en rapporter chez soi. Que nous sert-il d'avoir la panse pleine de viande si elle ne se digère, si elle ne se transforme en nous, si elle ne nous augmente et fortifie.
"Essais"
Le vrai miroir de nos discours est le cours de nos vies.
Si on me presse de dire pourquoi je l'aimais, je sens que cela ne peut s'exprimer qu'en répondant : "Parce que c'était lui, parce que c'était moi.""
Le premier trait de la corruption des mœurs, c'est le bannissement de la vérité.
Je trouve qu'il n'y a rien de barbare et de sauvage en cette nation [ l'autre monde, que Villegagnon a nommé "France Antartique", c'est-à-dire le Brésil ].
Ils sont sauvages de même que nous appelons sauvages les fruits que la nature a produits.