Citations de Michel de Montaigne (949)
Le vrai miroir de nos discours est le cours de nos vies.
Je n'aime quant à moi, que des livres ou agréables ou faciles, qui me charment, ou ceux qui me consolent et me conseillent pour régler ma vie et ma mort.
Dans cette école du commerce des hommes, j'ai souvent remarqué ce défaut, (à savoir) qu'au lieu de chercher à connaitre les autres, nous ne faisons effort que pour faire connaitre et sommes plus soucieux de débiter nos marchandises que d'en acquérir de nouvelles. Le silence et la modestie sont des qualités très favorables aux relations humaines.
La vie n'est qu'un passage, sur ce passage au moins semons des fleurs.
Nous les pouvons bien les appeler barbares, eu égard aux règles de la raison, mais non pas eu égard à nous, qui les surpassons en toutes sortes de barbarie.
Je désire singulièrement qu'on nous juge chacun à part soi, et qu'on ne me tire en conséquence des communs exemples.
Versez-leur du bon vin, ils vous feront de bonnes lois.
Si la vie n'est qu'un passage,sur ce passage au moins semons des fleurs.
Ce n'est pas sans raison qu'on dit que qui ne se sent point assez ferme de mémoire, ne se doit pas mêler d'être menteur
Comme nous voyons des terres oisives, si elles sont grasses et fertiles, foisonner en cent mille sortes d'herbes sauvages et inutiles, et que, pour les tenir en office, il les faut assujettir et employer certaines semences, pour notre service ; et comme nous voyons que les femmes produisent bien toutes seules des amas et pièces de chair informes, mais que pour faire une génération bonne et naturelle, il les faut embesogner d'une autre semence : ainsi est-il des esprits. Si on ne les occupe à certain sujet qui les bride et contraigne, ils se jettent déréglés, par-ci par-là, dans le vague champ des imaginations. [...]
L'âme qui n'a point de but établi, elle se perd : car, comme on dit, c'est n'être en aucun lieu, que d'être partout.
Chapitre VIII : De l'oisiveté.
C'est un subject merveilleusement vain, divers et ondoyant, que l'homme. Il est malaisé d'y fonder jugement constant et uniforme.
Chapitre premier : Par divers moyens on arrive à pareille fin.
Je réponds ordinairement à ceux qui me demandent la raison de mes voyages que je sais ce que je suis mais non pas ce que je cherche.
Les inclinations naturelles sont aidées et fortifiées par l'éducation, mais on ne les change guère et on n'en triomphe guère.
De nos maladies, la plus sauvage est celle de mépriser notre être.
Qui craint de souffrir, il souffre déjà ce qu'il craint
Au demeurant, ce que nous appelons ordinairement amis et amitiez, ce ne sont qu'accointances et familiaritez nouees par quelque occasion ou commodité, par le moyen de laquelle nos ames s'entretiennent. En l'amitié dequoy je parle, elles se meslent et confondent l'une en l'autre, d'un meslange si universel, qu'elles effacent, et ne retrouvent plus la cousture qui les a joinctes. Si on me presse de dire pourquoy je l'aymoys, je sens que cela ne se peut exprimer, qu'en respondant : Par ce que c'estoit luy, par ce que c'estoit moy.
Il y a au delà de tout mon discours, et de ce que j'en puis dire particulierement, je ne sçay quelle force inexplicable et fatale, mediatrice de cette union. Nous nous cherchions avant que de nous estre veus.
La corruption du siècle se fait par la corruption particulière de chacun d'entre nous
Notre esprit est un outil vagabond, dangereux et irréfléchi : il est difficile d'y introduire l'ordre et la raison
Toute la gloire que je prétend [tirer] de ma vie, c'est de l'avoir vécue tranquille : tranquille non selon Métrodore, ou Arcésilas ou Aristippe, mais selon moi. Puisque la philosophie n'a su trouver aucune voie pour la tranquillité qui fût bonne pour tout le monde, que chacun la cherche en soi, individuellement !
Au sujet des hommes, je crois plus malaisément à leur constance qu'à toute autre chose, et je ne crois à rien plus aisément qu'à leur inconstance. Celui qui jugerait d'eux en détail, pièce par pièce, séparément, se trouverait plus souvent dire vrai.