Citations de Michèle Petit (154)
Ceux qui entendent contrôler les lectures des autres voudraient en fait s'arroger plusieurs monopoles : celui de la découpe d'un corpus d'œuvre ou d'extraits soigneusement sélectionnés et de leur agrégation ; celui du sens qu'il convient de donner à ces morceaux choisis.
Parfois, c'est même une seule phrase emporté dans un carnet ou dans sa mémoire ou même oubliée, qui a rendu le monde plus intelligible. Une seule phrase qui a heurté ce qui était comme arrêté sur l'image pour lui redonner vie.
Le soir j'aime à me reposer dans le coin de mes livres. C'est mon refuge.
En réalité chaque lecteur est quand il lit le propre lecteur de soi-même.
C'est à l'occasion d'un voyage, de l'enfermement en pension, d'une guerre, d'une hospitalisation, que plusieurs ont pris goût aux livres.
Aujourd'hui encore des gens se cachent pour lire, à faire des mots croisés.
Il y a toujours des gens qui passent et c'est - Ah oui, elle ne fait rien pendant que son mari se crève au travail.
En lisant, on vole du temps aux activités - utiles. Nos interlocuteurs se réfèrent ainsi à cette prescription séculaire - il ne faut pas perdre son temps, il ne faut pas rester inoccupé.
Ils évoquent la mémoire de cet éthique, longtemps garante de la survie, qui faisait du travail la valeur suprême et bannissait l' oisiveté.
Dans des sociétés peu lettrées, lire un livre, c'était s'égarer dans un monde dangereux, affronter le diable.
Une telle peur fait sourire de nos jours où tout un chacun chant les plaisirs de la lecture et déplore les méfaits de l'illettrisme. Et portant...En France, en ce début du XXI -ème siècle, des garçons qui adorent la poésie lisent clandestinement pour éviter que leurs copains ne se moquent d'eux ou ne leur cassent la figure.
Les cultures se rencontrent, se fécondent, s'altèrent, se reconstruisent.
Le geste de la culture est lui-même un geste de mêlée : c'est affronter, confronter, transformer, détourner, développer, récompenser, combiner, bricoler.
Je suis sur que nous pouvons nous permettre une liberté égale. Ce que font nombre de femmes et d'hommes qui pratiquent la lecture de façon intensive ou épisodique, et bricolent leur propre montage, leur propre assemblage, en piochant dans les poches d'écrivains de plusieurs continents.
Chacun a droit aussi au dépaysement, au détour, à la métaphore, à l'élargissement de son univers culturel. Et la lectrice peut-être un biais privilégié pour conjuguer plusieurs univers.
Tout le monde a une histoire et il faut la chercher. Parfois ont met beaucoup de temps à la chercher.
Il y a eu des femmes bibliothécaires qui m'ont beaucoup marquée. C'est un métier très féminin. Ce sont aussi les femmes qui sont les plus grandes lectrices dans le monde et pourtant ce sont elles qui ont le moins le temps !
La bibliothèque, ça me permettait de sortir de la maison, de rencontrer des gens, de voir des choses intéressantes...J'allais à la bibliothèque pour lire, pour mes livres, pour les choisir, et pour le contact avec les bibliothécaires.
Le livre, ça a été la seule façon de m'en sortir, de m'ouvrir un peu.
Les livres ne sont pas seulement des outils d'émancipations, ce sont des sujet des gens.
Pourquoi de tous temps a-t-on redouté la solitude du lecteur et de la lectrice face a son livre ?
Quand nous lisons nous rentrons dans un autre temps de la langue.
Le langage est une législation.