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Critiques de Milan Kundera (971)
Risibles amours

Kundera dresse dans ce recueil de nouvelles, des histoires d’amours loufoques à travers une galerie de personnages qui ont une vision grave de l’amour.

Tout le récit tourne autour du jeu de la duperie, ce qui est d'ailleurs l'origine des difficultés dans les relations humaines à cause (justement) du dysfonctionnement de la parole ou plus simplement, de problèmes de communication !



Or, le narrateur pose un regard « désabusé » sur les personnages et le sérieux avec lequel ils abordent leurs situations pathético-comiques.

De ce décalage, Kundera prendra comme prétexte pour jeter un regard « lucide » sur la société en y analysant les thèmes de l’identité, de l’authenticité, mais aussi et surtout, du paraître et de l’illusion (comment les faits changent de manière insaisissable en leur contraire).



« Risibles amours » est une œuvre sur la difficulté à saisir et de comprendre et de contrôler la réalité. On peut retrouver cette même idée dans "La Plaisanterie" (1967).

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Risibles amours

Le texte est composé de sept nouvelles. Toutes pour moi n'ont pas la même saveur, j'ai préféré certaines mais toutes posent des questions autour du mensonge (à soi, aux autres), du jeu de dupe (envers soi, envers les autres), etc.... Des questionnements très intéressants car qu'est-ce que la sincérité, l'honnêteté? Qu'est-ce que le mensonge? Quel(s) rôle(s) joue-t-on en société, adapte-t-on ce rôle en fonction des personnes rencontrées?



Parmi les histoires:





Personne ne va rire: Comment un jour, par manque de courage, de franchise, ou par jeu (allez savoir?) un professeur voit sa vie (ses projets, ses amours, ses espoirs) brisée. Un simple refus (ou plutôt un refus qui ne dit pas son nom) face à un homme qui venait vers lui chercher un soutien éditorial transforme jour après jour sa place dans la société, transforme sa relation amoureuse, transforme ce qu'il projetait. On assiste à la chute du narrateur. Il faut ajouter que la situation prend place dans un pays "communiste".



Le jeu de l'auto-stop: Un couple part en vacances. Elle est plutôt timide, rougissante, réservée, il s'en amuse. Mais après une "pause-pipi", alors qu'il est au volant, qu'il l'attend, elle le rejoint, monte dans la voiture... Et s'installe alors un jeu entre eux. Elle joue le rôle de l'auto-stoppeuse. Un autre dialogue se glisse, il ne la connaissait pas ainsi, femme "libérée", femme prête à l'accompagner à l'hôtel, à coucher avec cet homme "inconnu"? Jusqu'où peut-elle jouer ce rôle? Quand le jeu va-t-il s'arrêter? Qui voudra le stopper?
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Risibles amours

Les préludes de la lecture : Je n’avais jamais lu de Kundera et le titre ainsi que la quatrième de couverture semblaient intéressants.



Résumé : Cet ouvrage est un recueil de huit nouvelles. Les thèmes abordés sont divers mais gravitent autour de l’amour. Que ce soit un couple en quête de jeux sexuels ou des amours retrouvés, mais rattrapés par la vieillesse, au centre de tout il y a l’amour.



Le mot de la fin : Je n’ai pas du tout accroché au style de l’auteur et comme c’est mon premier ouvrage de lui je suis un peu déçue. Peut-être que la période n’est pas la bonne ou peut être qu’il ne fallait pas commencer par les nouvelles, mais par un roman. Je ne sais pas, mais je suis bien frustrée, je pense me tourner vers un roman quand même pour en avoir le coeur net.
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Risibles amours

Voici un recueil de sept nouvelles dont la première, « Personne ne va rire », a fait comprendre à son auteur, en 1959, quel chemin qu’il allait désormais suivre, celui de « prosateur, romancier » (dixit Kundera).

Et en lisant ces récits, on comprend, nous, qu’il a été bien inspiré en continuant dans cette voie. Chacun rivalise de drôlerie, d’ironie amusée envers les personnages, de compréhension pour leurs faiblesses et leur humanité prise dans des desseins et des destins non maîtrisés, parfois basés sur des erreurs de jugement d’autrui ou de la situation.

Nous assistons dans la première nouvelle au basculement de la vie entière d’un homme dans un enchaînements de causes et de circonstances dont le levier de départ est son simple demi-mensonge à quelqu’un qui rêve de publier ses travaux de recherche dans un journal, pour ne pas le peiner en lui révélant la vacuité de ces derniers. « La pomme d’or de l’éternel désir » nous fait partager la fureur de séduction d’un homme vieillissant, cherchant ainsi à sauvegarder sa jeunesse et ses défis et qui pourtant aime sa femme par-dessus tout. « Le jeu de l’auto-stop » commence sur un ton amusant et un jeu entre deux amoureux, faire semblant d’être une autre personne soi-même et de s’adresser à son conjoint comme s’il était un inconnu à séduire mais le dramatique se mêle progressivement à la légèreté et révèle des mécanismes qui se mettent parfois en place dans une relation : ne voir qu’une partie de l’autre et être aveugle au reste, ainsi que se méprendre sur ce qu’on croit que l’autre aime en nous et sur ses intentions. « Le colloque », récit théâtral, met en scène plusieurs personnages dont on découvre peu à peu la psychologie et de qui le paraître n’est qu’un maigre reflet, notamment Fleischman, qui égaie vraiment la nouvelle avec les illusions qu’il se fait sans arrêts sur son pouvoir d’attraction et sur sa vie, qu’il se représente romanesque au possible. « Que les vieux morts cèdent la place aux jeunes morts » nous dévoile combien une rencontre peut compter dans une vie et en modifier sa représentation. « Le docteur Havel, vingt ans plus tard » raconte comment le docteur tente de rester l’éternel coureur de jupons qu’il était dans son déclin et combien certains « amours » sont en réalité basés sur la vanité. « Edouard et Dieu » est savoureux, aussi bien parce qu’on découvre à quel point l’image qu’on se fait d’une personne peut tout d’un coup se détruire lorsqu’on se rend compte que celle-ci souscrit à des idées qui ont le poids d’une plume, est pétrie d’incohérence et à vrai dire sans convictions, sans réelle personnalité ; que parce que la société totalitaire athée et ridicule qui y est brossée rejoint au final parfaitement les sociétés totalitaires basées sur la religion qu’elle prétend combattre.
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Risibles amours

Risibles amours écrit en Bohême entre 1959 et 1968 dans sa langue natale, publié en 1970, deux ou trois ans après son premier roman La plaisanterie, c’est un recueil de plusieurs nouvelles tirées de trois petits cahiers publiés à Prague entre 1963 et 1969 contenant dix nouvelles pour ensuite se réduire définitivement en sept nouvelles en 1970. Personne ne va rire est paru dans le tout premier cahier celui de 1963, La pomme d’or de l’éternel désir et le jeu de l’auto-stop dans celui de 1965 et les autres dans le dernier de 1968.

Pendant les années suivant la révolution de 1948 en Tchécoslovaquie, Kundera chercha un regard lucide et désabusé qu’il trouva dans l’art des romans et Risibles amours sera cette œuvre première de maitrise, dans ces sept nouvelles il trouva la réponse pour aborder les thèmes récurrents futur de ses romans avenirs. Il y a une forme d’automystification dans ce recueil de nouvelles, cette ironie où le rire caresse l’amour du comique sexuel, la jeunesse, le vieillissement, la passé, l’oubli, l’illusion, la religion, la politique…. Et ce chiffre de sept important pour Kundera, récurrence dans ces œuvres, cette divisions mise à part deux romans ( cinq et neuf parties) …la sommes reste un nombre divisible par sept, est-ce une coïncidence. Ce livre de jeunesse ne l’est pas dans sa conception, elle est d’une maturité impressionnante, rien ne respire la jeunesse de Kundera, juste une révélation d’un homme, d’un artiste. La structure de chaque nouvelles est une continuité de l’ensemble avec son unicité propre. Cet édifice à la morphologie d’un sillon d’un ricoché, la continuité, l’enrichissement, l’écho de l’une à l’autre tel un couple centré sur le socle de la quatrième nouvelle le colloque.

L’amour rode dans chaque nouvelles, ce sentiment est distendu dans toute ses formes, étiré au firmament de l’apologie des sens, les décors, les lieux, les relations diverses, les âges aussi avec cette ligne directrice de Risibles amours, titre d’une des nouvelles et de l’esprit du livre aussi, s’évapore l’insondable ironie des sentiments amoureux, le comique sexuel des situations, l’âme vagabonde de la réflexion sensuelle du corps à corps.

Personne ne va rire me rappelle la plaisanterie, le comique d’une situation sous le regard d’une communauté soupçonneuse. L’ironie, la dérision et de la désinvolture du narrateur donnent à cette prose un coté comédie- dramatique léger, l’amour est ridicule, les personnages sont dans la masse, Klara illumine la beauté et la lucidité de rompre.

La pomme d’or de l’éternel désir sont les tribulations d’un éternel séducteur narré par son meilleur ami. Mais ce jeu est l’instant fugace et indélébile de la conquête charmée figée par l’image de ce visage, un collectionneur de sourire, de regard pétillant, de conquises envoutées. C’est une aventure journalière, courte rompue par cet ami narrateur soudain pris de conscience pour continuer le jeu de séduction de son ami.

Le jeu de l’auto-stop est le comble de l’ironie où le spectacle est cette mise en scène de ce jeu entre le couple partant en vacances, ce petit jeu de rôle innocent pimentant la chair chaude de ces deux innocents piégés par la folie de la jalousie, emprisonnés par la vulgarité des autres, par la puanteur du vice s’immisçant dans la pudeur de cette jeune innocente devenue quelconque. Soudain le jeu de séduction s’écroule pour rendre l’homme froid, dévoré par le vice de ces femmes vulgaires qu’il a charmé retrouvé dans celle qu’il pensait différente, naïve, sa petite amie fragile. Le charme est rompu encore une fois, la sensualité devient salace.

Le colloque peut être une pièce ou gravitent ces personnages, composée de scènes beaucoup de dialogues, de réflexions…Ce cœur alimente ce risible amour commun à tous les autres, illustré ici par l’ironie égoïste et narcissique de ces personnages empreint de dualités. Le jeu de charme entre ces cinq personnes illustre le jeu de dupe de l’amour. Puis le donjuanisme s’invite dans les conversations, pour devenir le collectionneur, remettant en cause les nouveaux tombeurs de ces dames, la séduction perd de son charme, sa vertu sensuelle comme l’ami de Martin collectionneur de visages. Les uns et les autres cherchent les signes de séductions de chacun pour ensuite s’inventer leur désir, puis bascule dans le vaudeville avec le faux suicide. Cette nouvelle est riche, comique, sensuelle, acide aussi, sensuelle, l’amour s’aventure dans l’aléa et la séduction dans le besoin sexuel.

Que les vieux morts cèdent la place aux jeunes morts est une histoire de souvenir, de regret, de souvenir, d’amour perdu, de mort vecteur de retrouvaille. La pudeur des corps à l’âge vieillissant s’invite dans le jeu de séduction. La femme cède à son passé, l’homme n’oublie pas et chute dans des amours périmés pour revivre sa jeunesse enfuit. Le corps dans le sexe reste invisible, comme l’âge et le visage c’est la cécité du désir pour accéder à lui-même et se voire. Nous retrouvons le malentendu cher à ses baiseurs, comme si la réalité se transformait pour assouvir leur pulsion sexuelle.

Le docteur Havel vingt plus tard est indépendant du colloque où le personnage est le même. Ce collectionneur jadis reste le même marié à une jeune actrice très belle. Celle-ci est l’atout pour le docteur afin de collectionner encore ses femmes qu’il charme par habitude pour exister. Le journaliste naïf sera le jouet du docteur pour le jeter dans les bras de sa collègue, comme le personnage Que les vieux morts cèdent la place aux jeunes morts, le journaliste sera pris au piège de l’aveugle baiseur lyrique, cherchant juste le moyen de devenir un collectionneur à travers cette première conquête.

Édouard et Dieu mêle religion, politique, sexe et soumission. Mais dans la prose de Kundera l’amour reste d’une beauté comique, la sensualité un jeu de séduction. La religion est acte antirévolutionnaire, celle du pays mais reste une forme d’amour, une passion personnelle. Edouard rompt l’harmonie de sa quête en l’obtenant, brisant la jeune fille chrétienne à ses démons pour finir dans les griffes de la domination perverse du sexe avec la femme mature lui obtenant le poste d’enseignant. La beauté de la jeune fille, sa douceur, sa grâce, sa foi sont violée par un futur collectionneur. Il entre dans la cours de tous ses héros qui accumulent les femmes, les jeunes filles comme Havel, Martin…. Édouard sourit de sa défaite…

Kundera me ravis de cette prose si riche, de ces nouvelles toujours aussi légèrement sérieuse. Même si je ne suis pas assez expérimenté dans la littérature classique pour percevoir toute la subtilité de ces histoires de séduction, d’amour, ces personnages riches des héros passés comme Don Juan et tant d’autres. Venez-vous perdre dans risibles amours.

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Risibles amours

Risibles amours et histoires risibles.



La plume de Kundera est superbe, acérée et parfois surréaliste.

Les personnages (principalement des hommes) sont tournés au ridicule : machos, misogynes, lâchés, manipulateurs, égocentriques et c’est vraiment drôle !



Malheureusement je ne suis pas fan de nouvelles. Ou alors il faut qu’elles soient plus courtes.
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Risibles amours

Risibles amours est une œuvre de jeunesse de Kundera. La lire sans le savoir est sans doute une erreur. Qui recherche la maîtrise de ce fabuleux écrivain parvenu à maturité ne saurait qu’être déçu sans doute.

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Je lui donne pourtant 5 étoiles et l’assume pleinement. J’étais à Prague lorsque j’ai trouvé ce livre chez un bouquiniste du centre-ville puis me suis plongé dans cette découverte sur un banc public, avec l’ombre dure et froide du Château en perspective. Je quittais juste la ruelle d’or, pensant avec émotion à Kafka, et vivais alors un premier amour fort compliqué. Je n’étais pas vieux non plus. Je n’oublierai jamais l’émotion intense que j’ai alors ressentie, cette impression qu’un homme un peu plus âgé et expérimenté me parlait directement, d’âme à âme. C’est comme si un ami cher avait su me communiquer directement et sa sympathie et son intelligence sensible, tout en délicatesse.

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Ma situation était sans doute singulière mais, au-delà du cas particulier, je crois vraiment que ce petit ouvrage simple d’un jeune auteur qui allait ensuite devenir un romancier majeur du XXe siècle peut toucher un large public, en particulier de personnes jeunes.

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Pour un adulte mûr, avec des émotions posées, une vie stable et des milliers d’ouvrages majeurs derrière lui je ne suis pas certain que cet ouvrage est indispensable. Mais jugerions-nous des albums de jeunesses de façon strictement froide et cérébrale ? Je suis convaincu que « Risibles amours » est une lecture de qualité pour un individu sortant de l’adolescence et voulant avoir sur l’amour un regard à la fois accessible pour lui et infiniment plus riche que les naïvetés et autres pauvretés si faciles à croiser. Et, bien entendu, pour qui veut comprendre Kundera, l’art du roman, le cheminement d’un génie de la littérature, c’est aussi un incontournable.

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Merci Mr Kundera, et bravo !

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Risibles amours

Risibles amours ne déroge pas à la règle, c’est encore une réussite. Ce recueil de nouvelles nous met face à des situations du quotidien complètement magnifiées par cette prose envoûtante et incroyablement juste.



Ici, les personnages découvrent leur partenaire mais se découvrent davantage eux-mêmes au sein de leur défauts entre lâcheté, jalousie, et esprit volage. Ce sont majoritairement des hommes qui parlent avec souvent une vision de la femme bien sexiste, mais au bout du compte, c’est eux qui sont le plus à railler à la fin de ce livre. Railler gentiment bien sûr parce que malgré leurs défauts, ces personnages n’en deviennent finalement que plus réels, ordinaires et sympathiques. Les personnages féminins semblent au départ davantage subir ces relations amoureuses mais par leurs actes ou leurs discours, elles réussissent à s’élever face au regard bien masculin qu’on leur porte.



Ces histoires d’amour pourraient s’apparenter à une course ou à une lutte. Une course à celui qui réussira à se faire aimer par le plus de femmes parfois seulement pour seulement un instant. Une lutte afin de montrer pour chaque personnage son talent d’orateur au sujet de l’amour, du sentiment amoureux. Car chacun y va de son hypothèse sur ce besoin de l’être humain de s’unir mais aussi sur ce qu’il pense de ses interlocuteurs. Chaque personnage fait l’effet de vouloir impressionner ceux en face de lui en montrant sa grandeur et en se moquant gentiment de celle que les autres s’approprient.



Et finalement, c’est Milan Kundera qui s’amuse le plus à ridiculiser ces personnages, ces personnalités de fiction qui tentent de prouver leur supériorité intellectuelle à force de mots et de philosophie et leur légitimité propre à pouvoir déblatérer sur le sujet universel de l’amour. Le titre est tout à fait approprié à ces romances, à ces protagonistes qui deviennent drôles et attachants malgré eux, pour leurs faiblesses et leurs imperfections tels de grands enfants. Je m’émerveille également, et ça à chaque fois que je lis un de ces livres, de voir le talent avec lequel cet écrivain décrit des choses simples, quotidiennes, avec autant de poésie et d’interprétations. Même le plus simple geste peut offrir un moment de réflexion philosophique incroyable et vivifiant.
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Risibles amours

Outre le style inimitable de Kundera, ce qu'il est essentiel de relever dans ce livre, c'est la toute petite phrase de fin : "Écrit en Bohème entre 1959 et 1968". En les resituant dans leur contexte, elle donne tout leur sens à ces (pas si) "risibles" nouvelles pragoises.



Entre 1953 et 1968, la République Socialiste Tchécoslovaque, qui fait partie du Bloc Soviétique, est dirigée par Antonin Novotny qui se trouve également à la tête du Parti Communiste Tchécoslovaque.

Ce dernier entame un processus de déstalinisation moins rapide que dans les autres pays d'Europe de l'Est. le régime se caractérise par l'absence de démocratie, un parti unique et une répression des opposants par la police et le service des renseignements, la Sécurité d'État tchécoslovaque. La censure frappe les écrivains et les artistes;

1968, Printemps de Prague - Alexandre Dubcek, qui devient premier secrétaire du Parti Communiste Tchécoslovaque en Janvier 1968, engage une série de réformes libérales. le 5 Mars 1968, la censure est supprimée. En Avril est accepté le principe d'un "socialisme à visage humain". Des écrivains emprisonnés pour délit d'opinion sont libérés. L'attitude de l'état vis-à-vis de l'Église devient plus conciliante. Mais cette politique est très critiquée dans les autres pays du Bloc de l'Est qui craignent que la Tchécoslovaquie ne serve d'exemple.

Dans la nuit du 20 au 21 Août 1968, les troupes du pacte de Varsovie entrent en Tchécoslovaquie. C'est la fin du Printemps de Prague.



Pardon pour cette petite page d'Histoire (puisée dans Encyclopædia Universalis) mais elle n'est pas superflue pour apprécier pleinement ces "Risibles amours".



Ce fût incontestablement un agréable moment de lecture (même s'il ne m'a pas non plus transcendée) car il m'a, pour le moins, fortement intéressée.
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Risibles amours

Il s’agit d’une suite de 7 nouvelles dont le sujet est l’amour ou plutôt des amours mais pas avec un grand A. La dernière est clairement celle que j’ai préféré.



Je dois avouer ne pas forcément apprécier le genre littéraire que sont les nouvelles, c’est bien trop court à mon goût. J’apprécie quand l’histoire se met tranquillement en place et là pour le coup, il y a une réelle frustration.



Au-delà, l’écriture de Kundera est précise, nette, super agréable à lire, c’est un réel plaisir mais comme dit, je reste sur ma faim tant sur la forme que le fond.
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Risibles amours

Nouvelles écrites entre 1959 et 1968, celles-ci ne furent publiées qu’en 1970 et préfigurent les thèmes chers à Kundera. Dans la première « Personne ne va rire » et dans la dernière, « Édouard et Dieu », la pression sociale du communisme à Prague et dans les petites villes alentours pèse sur le héros, qui se met à mentir, pris entre le tragique de la situation et son besoin de légèreté et de liberté. Tragique pauvreté sexuelle, « dans une petite ville où la curiosité des voisins était aussi illimitée qu’était restreint le choix des femmes à séduire ».

La différence d’âge se rencontre dans presque toutes les nouvelles, comme conséquence de cette pénurie de possibles aventures. La vieillesse est décrite dans tout son manque de beauté et la séduction par le plus jeune provoqué par intérêt, par son obligation d’arriver ou de garder sa place. Et lorsque ce sont deux jeunes gens qui commencent une histoire, la réserve et la pruderie de la demoiselle attise le désir de son compagnon ; lorsque cependant elle cède, il en est dégoûté et déçu, la confusion qui avait fait prendre le désir du corps pour de l ‘amour se révèle et révèle l’illusion de l ‘amour. Et le dégoût. Avec une totale cruauté, il abandonne celle qu’il a tellement de temps à convaincre de s’abandonner à lui.

Kundera présente aussi des collectionneurs dans l ‘art de séduire. Le héros Havel fait penser au Tomas de l’« insoutenable légèreté de l ‘être », tous deux ne se retrouvent eux même que lorsqu’ ils séduisent et collectionnent les aventures, tout en faisant souffrir leur partenaire, la réputation érotique suffisant d’ailleurs à allumer la jalousie de ces dernières . Ces hommes nous dit Kundera, ne sont pas des Don Juan, qui provoquent et se rient avec légèreté des conventions. Parfois ils se contentent de séduire sans passer à l’acte, et surtout ils collectionnent sans humour, sans légèreté. Et ce qui les soucie le plus, c’est leur image, non pas celle de leur femme. Ils se font aimer pour exister et paraître désirable aux yeux des autres femmes, pas par amour pour l ‘autre. Ce sont les regards des femmes qui font exister Havel.

Les mensonges légers, ne voulant pas se prendre au sérieux provoquent dans un cas la perte du travail, de l ‘appartement et de la partenaire. Ils rendent risible ceux qui les croient, mais il devient impossible dans un monde « à la ligne de front » unique, d’avouer « à ces quatre personnes si sérieuses et si passionnées qu’elles se passionnaient pour un malentendu, pour une bêtise ». Si bien que la légèreté tellement désirée par Kundera, échoue elle aussi, comme l’abandon amoureux.

Les illusions perdues lors de la capitulation sexuelle de l ‘être aimé sont aussi des illusions perdues sur soi-même, car, dit Kundera, on s’imagine jouer un rôle dans une certaine pièce, et l ‘on ne soupçonne pas que les décors ont été changés. « C'est toujours ce qui se passe dans la vie ». Ces illusions sont d’ailleurs nécessaires, ainsi que l’aveuglement, car on ne voit pas l’autre, la beauté éblouit, et la laideur ne peut être reconnue. Souvent dans ces nouvelles la séduction est suggérée par un ami, pour essayer justement de voir vraiment l ‘autre, de la ou le voir avec des yeux plus froids, et aussi de remonter dans l’estime du connaisseur quand on lui offre une beauté, le point de vue d’un autre homme primant sur l’attrait qu’un jeune peut avoir.

Ainsi que dit François Ricard dans sa postface « ils ne bandent que les yeux bandés ».

Nouvelles vivantes, passionnantes, qui nous offrent le monde de Kundera avec toutes ses réflexions sur le sexe et sa prise à partie du lecteur remplie d ‘humour « je sais, Messieurs, qu’avec les années vous avez pris l’habitude de ces désobéissances provisoires de votre corps »....... sur les illusions, sur l’identité, sur la pression sociale, et sur le légèreté.



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Risibles amours

Le caractère dérisoire de l'existence se renouvelle au quotidien.

Les êtres de papier (dés)illusionnés de Kundera jouent leurs rôles et, spectateurs de leurs vies, ils cherchent leur reflet dans le miroir que l'autre leur tend comme dans le miroir de la salle de bains. Ils découvrent qu'ils ne sont pas à leur avantage dans le jeu de la séduction, aussi multiplient-ils leur image dans d'innombrables aventures amoureuses, s'adonnent-ils à de risibles amours. Les rendez-vous et les promesses n'étant pas toujours tenus, ils se retrouvent parfois en plan, désillusionnés, libérés de la prison de l'illusion amoureuse.

Repérages, abordages et sabordages des séducteurs et séductrices, le jeu de l'amour est une "histoire dérisoire, et d'autant plus joyeuse" mais plus encore sérieuse parce qu'il s'avère que chacune des pièces du recueil, des nouvelles amours, sont tout autant tragiques que comiques sinon plus.
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Risibles amours

Un de mes souvenirs de jeunesse. J'ai lu ce livre à 15 ans, il m'a captivé. Cette liberté de ton, cette légèreté teintée de mélancolie qui marque toute l'oeuvre de Kundera. On la retrouve ici dans son plus simple appareil. Des étudiants séduisant les filles dans les parcs, des infirmières, des professeurs. Tout l'univers de Kundera. Une excellente introduction à son oeuvre. C'est là où Kundera donne le meilleur.
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Risibles amours

Merci pour le ridicule et le dérisoire Kundera. Il y a plusieurs histoires d'amour qui sont assez folles et les personnages sont sans morale, très prétentieux et moqués. J'ai pas encore passé le cap des autres livres de ce monsieur par peur d'être déçue.
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Risibles amours

Il ne vous dit peut-être pas grand-chose, ce recueil de nouvelles rédigées au cours des années soixante, et pourtant l'essentiel de son auteur est là.



« Risibles amours » c'est un peu l'oeuvre à part. La quasi première de Kundera. Aboutie pourtant, et remarquablement construite, elle signe la genèse de sa vocation d'écrivain ainsi que l'éclosion des thèmes qu'il scrutera plus tard au fil de ses livres.



Pas totalement captivée au départ, j'avoue, je me suis finalement laissé séduire par la succession de ces nouvelles singulières et par l'intéressante cohésion qui les unit l'air de mine de rien, chacune, en outre, augurant clairement d'un roman à venir, tel « La valse aux adieux » dont je me suis régalée il n'y a pas si longtemps.



La comédie humaine est son terrain de jeu et à travers l'apparente légèreté de sa prose Kundera me fait souvent l'effet d'un enfant moqueur, contemplant la société des adultes d'un oeil sarcastique et terriblement lucide. Une philosophie déjà bien présente dans ces sept nouvelles, comme un subtil condensé des oeuvres qui suivront.



Alors si l'on ne devait lire qu'un seul Kundera, finalement, ce serait peut-être bien celui-là.




Lien : https://minimalyks.tumblr.com/
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Risibles amours

Première rencontre avec Kundera à travers Risibles Amours. Un avant-propos de l'approche kunderienne aurait probablement agrémenté ma lecture de cette œuvre qui n'est pas la plus réputée de Kundera.

Recueil de 7 nouvelles ou selon l'analyse en postface de François Ricard; 6 nouvelles qui encerclent de façon logique une centrale. Au travers de situations très subtilement trouvées, l'auteur parvient à mettre en lumière des caractéristiques des rapports humains et plus spécifiquement amoureux.



J'ai découvert un nouveau genre de roman qui mêle récit et philosophie. Mais c'est une philosophie qui n'est pas servie gratuitement et qui plutôt, invite à la participation et l'interprétation. Kundera dissémine des bourgeons de sagesses et c'est au lecteur de les faire fleurir comme il l'entend. C'est pourquoi cela en fait une œuvre qui nécessite de prendre son temps, d’accueillir ses réflexions et d'être relue au regard des expériences et des approches qui diffèrent.



Risibles Amours c'est aussi une démonstration de plus de la richesse des rapports humains. Véritables petits bancs de test, on se sent invité à conscientiser davantage ce que l'on vit.

On peut choisir aussi, à la manière des personnages de Risibles Amours de ne pas trop tout prendre au sérieux. Mais en se refusant de prendre les perches que Kundera nous tend, on passe à côté de son recueil selon moi.

Finalement, on ne revient pas forcément avec des réponses dans Risibles Amours mais davantage avec des questions.
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Risibles amours

Dans ces sept nouvelles, Kundera aborde le mensonge, la vérité celle qui est réelle et celle qui est officielle, le rapport à la religion (alors interdite), mais surtout l’amour.

L’amour et son illusion, le rapport entre hommes et femmes dans cette société pragoise tout juste sortie des affres de la seconde guerre mondiale et plongée sous le joug du communisme exercé d’une main de fer par le voisin russe.

Recueil de nouvelles, écrit entre 1959 et 1968, qu’il faut remettre dans son contexte pour le comprendre, la censure était implacable, des écrivains emprisonnés, les opposant durement réprimés, la mort rodait à chaque coin de rue.

Kundera a usé de la dérision pour faire passer son message en se moquant de ses personnages caricaturisés à l’extrême.

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Risibles amours

Il m'a fallu 3 mois pour lire 300 pages. Cela veut donc dire que je n'ai pas aimé. En fait si mais j'ai détesté la nouvelle centrale, "le Colloque", ce qui m'a fait provisoirement abandonner. Déjà, à la base, je n'aime pas les nouvelles. J'ai acheté ce recueil sur les conseils insistants d'un ami et, d'une façon générale, je ne le regrette pas.

Risibles amour est constitué de 7 nouvelles sur des personnages dont les amours sont risibles. Je dirais plutôt pathétiques. Hormis la première, qui était sans doute le brouillon de La Plaisanterie, les nouvelles de Risibles amours mettent en scène des personnages prêt à tous les stratagèmes, toutes les bassesses, toutes les compromissions pour baiser. Il est pas mal question de femmes laides et vieillissantes au passage. Est-ce cela qui m'a rendue mal à l'aise ? - Peut-être. Ce qui m'a également dérangée ce sont les personnages masculins, véritables mufles, en particulier le docteur Havel. Je sais que ces textes ont été écrits dans les années 50-60 mais la misogynie qui en suinte me dérange. La quasi totalité des personnages féminins sont bêtes. La quasi totalité des personnages masculins semble croire que leur bite est un don du ciel et ils se permettent d'émettre des jugements moraux très négatifs sur leurs partenaires sexuelles. où se situe Kundera là dedans ? Le doute m'habite.
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Risibles amours

François Ricard, l’un des plus fins connaisseurs de l’oeuvre de Milan Kundera, insiste sur le fait que le recueil de nouvelles Risibles amours est la matrice de l’oeuvre à venir, mais qu’on ne saurait le réduire à une oeuvre de jeunesse car c’est au contraire une oeuvre d’une grande maturité. Dans un entretien de 1988, Kundera rappelle le rôle décisif qu’a joué dans son évolution artistique l’écriture de Personne ne va rire, la première nouvelle du recueil. En effet, jusque-là, il s’essayait à toutes sortes de genres littéraires : musique, poésie, pièce de théâtre. « Avec le premier récit de Risibles amours (écrit en 1959), j’ai eu la certitude de m’être trouvé. Je suis devenu prosateur, romancier, et je ne suis rien d’autre. » Kundera revient dans Testaments trahis sur cette époque de sa vie. « La seule chose que je désirais alors profondément, avidement, c’était un regard lucide et désabusé. Je l’ai trouvé enfin dans l’art du roman. C’est pourquoi être romancier fut pour moi plus que pratiquer un « genre littéraire » parmi d’autres; ce fut une attitude, une sagesse, une position. »

C’est pour son regard lucide et désabusé, pour son humour désespéré aussi, que j’aime tant l’oeuvre de Kundera. Elle est pour moi à la fois un stimulant puissant et une boussole m’aidant à m’orienter dans l’existence.



Je désire à cet égard mentionner trois des sept nouvelles qui composent le recueil :

- Dans Personne ne va rire, le narrateur, en même temps qu’il fête son récent succès (être enfin édité dans une revue prestigieuse), reçoit une lettre d’un prétendu admirateur sollicitant de sa part une faveur. Cette requête émanant d’un personnage obscur va entraîner le narrateur dans un engrenage infernal et le mener à sa perte : « Je m’imaginais, ce soir-là, boire à ma réussite et je ne me doutais pas le moins du monde que c’était le vernissage solennel de ma fin ». C’est un procédé analogue à celui que Kundera mettra en oeuvre, quelques années plus tard, dans La plaisanterie : un incident dérisoire, une carte postale à l’humour douteux dans La plaisanterie, une lettre quémandant une faveur dans Personne ne va rire, entraînent des conséquences dramatiques pour le héros, éjecté de sa propre vie et condamné au bannissement. J’ai vu un écho de ce procédé dans La tache de Philip Roth. Là encore, un incident minuscule, en l’occurrence une expression ironique prononcée par un éminent professeur d’université à l’égard d’un de ses étudiants, déclenche une monstrueuse polémique à l’origine de l’éviction du professeur.



- Dans Que les vieux morts cèdent la place aux jeunes morts, deux voix, celle d’une homme et celle d’une femme, font avancer en alternance le récit. Une femme se rend dans une petite ville de Bohème où son mari, mort dix ans plus tôt, est enterré. Elle a oublié de renouveler la concession et espère, en se rendant sur place, réparer son erreur, en pure perte : « Elle leur reprocha de ne pas l’avoir avertie qu’il fallait renouveler la concession, et ils lui répondirent qu’il y avait peu de place au cimetière et que les vieux morts devaient céder la place aux jeunes morts. » Bouleversée et indignée, elle se promène alors, sans but, dans la ville en attendant l’heure du train qui doit la ramener à Prague, quand elle rencontre par hasard un homme encore jeune avec qui elle eut une brève liaison quinze ans plus tôt. L’homme était alors un tout jeune homme et elle, une femme ayant dépassé la quarantaine. Il l’invite dans son studio et, en dépit ou à cause de son aspect vieilli (qui l’attire et le dégoûte à la fois), souhaite reprendre et approfondir avec elle l’acte sexuel consommé quinze ans plus tôt. Elle résiste, au motif qu’elle ne veut pas souiller l’image iconique qu’il a conservée d’elle durant toutes ces années, puis finalement cède à son désir.



- Dans Edouard et Dieu, à l’humour féroce, on retrouve le procédé qui consiste à rendre responsable d’un engrenage qui le dépasse une décision a priori mineure prise par le héros. Edouard, un peu perdu dans une petite ville de Bohême, se consume de désir pour Alice, une jeune fille pieuse qui croit avec ferveur en Dieu et obéit scrupuleusement à ses commandements. L’un d’entre eux en particulier désespère Edouard : ne pas avoir de relation sexuelle hors mariage. Et Edouard, bien sûr, n’a qu’une obsession : faire céder la dévote Alice. Pour ce faire, il use de divers stratagèmes dont celui de faire semblant d’être un fervent croyant. Hélas, il ne fait pas bon être croyant dans un pays communiste et son zèle finit par lui causer des ennuis dans l’école où il occupe un poste d’instituteur. Il est convoqué par un Conseil composé de la directrice, une femme laide et sèche qui l’a embauché et qui éprouve un net penchant pour sa jeunesse, de la concierge, d’un instituteur et d’un inspecteur. Le premier réflexe d’Edouard est de leur avouer la supercherie, mais il se ravise aussitôt :

« Il comprenait qu’en leur disant cela il ne ferait malgré lui que tourner en dérision leur sérieux; il comprenait que ces gens n’attendaient de lui que des faux-fuyants et des excuses, et qu’ils étaient prêts à les rejeter. Et il comprit (d’un seul coup, car il n’avait pas le temps de réfléchir) que le plus important pour lui, à cet instant, c’était de demeurer semblable à la vérité, ou, plus exactement, semblable à l’idée que ces gens s’étaient faites de lui. »

Il leur avoue donc qu’il croit vraiment en Dieu. Et c’est cette « franchise » qui le sauve, enfin, si l’on peut dire. Car désormais, il s’engage à se faire « rééduquer » par la directrice ce qui, en réalité, revient à coucher avec elle. Ce faisant, l’écho de son « martyr » et de sa résistance à ses « bourreaux » a fait le tour de la ville et est parvenu aux oreilles d’Alice qui, de froide et distante, devient tendre et aimante. Edouard réussit enfin à obtenir de la jeune femme qu’elle se donne à lui. Mais, las, au lieu de le faire accéder au bonheur tant espéré, sa volte-face met fin à son désir pour elle. Ce thème de la fin du désir celui-ci aussitôt consommé n’est pas franchement nouveau, mais il prend, sous la plume de Kundera, une connotation singulière qui le rend à mes yeux tout à fait intéressant :

« Et il comprenait avec tristesse que l’aventure amoureuse qu’il venait de vivre avec Alice était dérisoire, faite de hasards et d’erreurs, dépourvue de sérieux et de sens (…); et il se dit tout à coup que tous les gens qu’il côtoyait dans cette ville n’étaient en réalité que des lignes absorbées dans une feuille de papier buvard, des êtres aux attitudes interchangeables, des créatures sans substance solide; mais ce qui était pire, ce qui était bien pire, c’est qu’il n’était lui-même que l’ombre de ces personnages-ombres, car il épuisait toutes les ressources de son intelligence dans le seul dessein de s’adapter à eux et de les imiter, et il avait beau les imiter avec un rire intérieur (…) cela ne changeait rien, car même une ombre qui ricane est encore une ombre, une chose seconde, dérivée, misérable. »
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Risibles amours

recueil de nouvelles dont le fil conducteur est le mensonge. Le mensonge que l'on se fait à soi-même pour se conformer à l'image que d'autres ont de vous ou parce qu'on ne se connait pas soi même,et qu'on s'imagine autre, mensonge que l'on fait aux autres avec les meilleures intentions du monde,pour 'ne pas les blesser,pour les tranquilliser,pour montrer qu'on les aime,ou mensonge pour les manipuler. Les situations souvent scabreuses déclenchent des qui pro quo très drôles,ou parfois ridicules. il y a dans ces nouvelles beaucoup d'énergie et de force vitale.

J'ai énormément aimé" que les vieux morts cèdent la place aux jeunes morts" et dans la dernière nouvelle j'ai aimé que Kundera partage avec nous un peu de l'ambiance suspicieuse de la Tchécoslovaquie encore sous le joug sévère du communisme dur ,juste à la transition avec le printemps de Pragues et l'arrivée d'un socialisme" à visage humain" instauré par Dubcek.

J'aime les portraits de femmes, surtout celles dont la sexualité semble être assoupie,ou inexistante (pour raison d'âge,de charge familiale,ou parce que le manque de beauté est cause d'un manque d'occasion)et qui se révèle très ... expressive.

J'ai lu trop jeune " L'Insoutenable légèreté de l'être",seul me reste en tête l'effet que ce livre avait eu sur moi. Suite à la lecture du recueil je me dis qu'il serait bon que je me tourne de nouveau vers cet écrivain.

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