AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Milan Kundera (965)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


L'ignorance

Ce court roman nous parle de déracinement et de nostalgie à travers l'histoire d'Irena et de Josef qui reviennent dans leur pays de Bohême après 20 ans d'ailleurs.

L'auteur mêle ses réflexions personnelles à celles des personnages: le retour des exilés, ses joies, ses désillusions est traité avec intelligence et nous pousse à réfléchir à notre propre rapport au temps qui passe.

Une lecture surprenante pour moi qui découvrais l'auteur mais fort agréable.
Commenter  J’apprécie          10
Un Occident kidnappé

Un livre toujours d'actualité, étonnamment très actuel de Milan Kundera ''Un occident kidnappé ou la tragédie de l'Europe centrale''





Un texte écrit par un Milan Kundera, un des plus grands écrivains européens.







Pour les amateurs de l'auteur, d'hier et d'aujourd'hui.
Commenter  J’apprécie          70
L'insoutenable légèreté de l'être

j’ai vite lâché le livre au bout d’une centaine de page, j’ai pas accroché sur le fait qu’il y ait des aller-retour en tre le passé et le présent et entre la vision de tel et tel « couple », j’arrivais plus à suivre malheureusement mais le livre a l’air d’en valoir la peine, je retenterais l’expérience plus tard
Commenter  J’apprécie          00
L'insoutenable légèreté de l'être

A noter : J’ai lu ce roman en anglais



L'Insoutenable Légèreté de l'être est un roman par l’écrivain Milan Kundera. Il comporte les idées de philosophies différentes comme la connexion entre la personne et son corps, mots mal compris, relations humaines et des infidélités avec une touche de politesse. L’aspect politique devient plus intéressant puisque c’était basé pendant l’invasion de la Tchécoslovaquie par l’Union soviétique.



L’intrigue est basée sur deux couples pendant l’époque soviétique en Tchécoslovaquie – et trois des personnages principaux impliqués sont tchèques. L’histoire met en scène Tomas, un homme marié qui, a mon avis, se situe entre le milieu de la trentaine et le début de la cinquantaine à mesure que l’histoire avance. Il est un coureur de jupons et il a des avis très arrêtés sur l’amour et le sexe – où il aime sa femme Tereza, mais il a plusieurs partenaires sexuels et il ne croix pas qu’il s’agit d’un comportement contradictoire. Tereza n’a pas une objection contre le comportement de Thomas et elle pense que c’est sa propre faiblesse. Elle aussi ont les avis arrêtés et elle est photographe – qui prend beaucoup des photos contre le régime. Il y a aussi de personnage de Sabina – elle est une artiste et aussi la maîtresse de Tomas. Tereza, Tomas et Sabina sont les personnages principaux dans c’histoire.



Ce n’est pas souvent que je suis devenu intéressé totalement dans les premiers vingt pages, mais c’était un de ces livres. Peut-être une raison est que je n’avais pas beaucoup d’expectations quand j’ai commencé. Normalement, si je visite un pays, pour un souvenir, j’achète la version traduite en anglais d’un livre a écrit par un(e) écrivain(e) local(e). Quand j’étais à Bratislava, j’ai essayé de chercher un livre s’écrit par un(e) écrivain(e) slovaque mais je ne pouvais pas trouver et puis, je me suis contenté de ce livre écrit à l’origine en tchèque (d’un écrivain d’origine tchèque mais il préfère s’identifier comme français).



L’histoire a un personnage vraiment intéressant – Tomas ; beaucoup d’idées sont présenter qui sont révolutionnaires même à l’époque actuelle que c’était intéressant de lire. Le meilleur aspect de ce livre est que les personnages complexes construits par l’écrivain. L’histoire traité les autres sujets comme le mal du pays, où Tomas et Tereza s’installent en Suisse mais souhaitent rentrer à Prague malgré le régime. Etant quelqu’un qui aime la mythologie grecque, les allusions au mythe étaient un autre point culminant de ce livre (comme l’histoire de d’Œdipe).



Le livre mélange sujets variés comme politesse, romance, philosophie dans une proportion correcte. Mais, je n’aime pas quand l’écrivain remonté dans le temps si tard dans l’intrigue ; où, il y a un point où la sous-placette de Sabina va avant du temps et puis elle revient au passé (qui pour de grandes parties du roman est le présent du point de vue du lecteur). Il y avait aussi beaucoup de répétition – comme les avis de Tomas et Tereza en destin et la coïncidence et la référence répétée à la symphonie de Beethoven.



Le roman est une excellente lecture, à moins que le lecteur / la lectrice est une personne qui a les avis arrêtes sur ces sujets est à lire quelque chose au contraire leur dérangée. En place de écrire un livre non romanesque en philosophie, l’écrivain a réalisé une intrigue excellente avec les personnages complexes et un contexte politique tout en s’en tenant l’objectif général.



Je donne une note de quatre sur cinq.
Lien : https://lastute.blogspot.com..
Commenter  J’apprécie          00
L'insoutenable légèreté de l'être

« Une fois ne compte pas, une fois c’est jamais. Ne pouvoir vivre qu’une vie, c’est comme ne pas vivre du tout ».

S’attaquer à un ouvrage de Kundera demande disponibilité intellectuelle, concentration et capacité d’analyse. Ce qui fait que je suis souvent assez rétive pour me soumettre à un de ses ouvrages, cependant admirative de l’auteur et de ses œuvres lues !

Ce roman est une étude et/ou, une réflexion philosophique sur la relation amoureuse : fidélité/infidélité, libertinage/romantisme.

Quatre personnages principaux étroitement liés en sont les protagonistes. Ils sont des portraits psychologiques et comportementaux qu’il a personnifiés, chacun empreint de dualité, ce qui les oppose tout en les unissant. L’intrigue débute en 1968 durant le printemps de Prague et se déroule sur 15 années, la politique en toile de fond est essentielle au déroulé de l’histoire.

Sans dévoiler la trame, il est cependant essentiel d’en extraire la « substantifique moëlle ». Tomas neurologue reconnu, est un jouisseur, mari volage ayant de nombreuses maîtresses, or, éprouvant attachement, amour et compassion envers Téreza son épouse, femme modèle dévouée à son mari, dominée, sous emprise.

Sabine, la maitresse attitrée de Tomas est une artiste à l’esprit libre, où le désir et son accomplissement sont les substituts du sentiment amoureux. Durant son exil à Genève après 1968, elle rencontre Franz, lui aussi engagé dans la relation de l’amour éternel avec son épouse, mais dont l’union ne le satisfait plus. Entre les couples, les deux concepts vont s’affronter dans un registre de conflictualité, opposer leurs détenteurs et les amener à composer avec l’altérité, l’autre, et avec leur propre ambiguïté.

p 277 : "Les personnages ne naissent pas d'un corps maternel comme naissent les êtres vivants, mais d'une situation, d'une phrase, d'une métaphore qui contient en germe une possibilité humaine fondamentale dont l'auteur s'imagine qu'elle n'a pas encore été découverte ou qu'on n'en a encore rien dit d'essentiel".

Ce livre n’est pas seulement un roman sur « l’amour », mais il développe celui-ci dans une dimension politique, philosophique, psychologique et sociale. A relire.


Lien : https://www.babelio.com/conf..
Commenter  J’apprécie          100
L'insoutenable légèreté de l'être

Voilà un livre terminé beaucoup plus vite que prévu, l'auteur m'a une fois de plus étonnée par l'accessibilité de sa plume. Malgré ça je ne peux pas dire que ce fût une lecture plaisir, le côté politique m'a ennuyée et je suis complètement passée à côté de la philosophie du livre, malgré quelques passages qui m'ont interpellé et que je regrette de ne pas avoir noté. J'ai fait également l'impasse sur la postface écrite par François Ricard.
Commenter  J’apprécie          60
L'insoutenable légèreté de l'être

Merci Milan tu as ému une partie de moi avec tes mots et à la fin de ton Insoutenable légèreté de l’être je désirais que cela continue. Ton roman berce tendrement mon âme durant quelques heures.

Ton roman alterne entre réflexions philosophiques et le cheminement de tes personnages sous une forme bordélique.

Je vous propose mes observations ou commentaires du texte sous une forme bordélique.

Ta forme chaotique me trouble, je trouble à mon tour.



Observations :



- Deux amants s’assemblent, les enveloppes de leur âmes se touchent, ils se font jouir. Les objets et les concepts qui les entourent ont des significations différentes pour chacun d’eux. Leurs exigences sont distinctes. Chacun veut à la fois se faire jouir et faire jouir l’autre sans le contraindre à penser comme l’autre. C’est peut-être ce qu’il y a de mieux dans l’acte sensuel, il n’y a pas besoin de beaucoup de mots, il n’y a pas besoin de persuader l’autre. Leurs jouissances parviennent naturellement.

Tout à l’inverse lorsque l’on écoute un discours qui se veut persuasif d’un homme ou d’une femme politique, ils tenteront vainement de vous convaincre que leur projet est le meilleur pour vous. Vous ne jouirez pas, vous éprouverez moins de plaisir que celui ou celle qui tente de vous convaincre et rien ne se passe naturellement, leurs mots ne suffisent pas.



- Les deux amants ferment leurs yeux atteignent la volupté et l’infini grâce à leurs caresses réciproques.



- Les mots ont plusieurs sens. Milan choisit de parler de la coquetterie des femmes. (La coquetterie peut aussi être masculine.) Selon lui nous nous apprêtons ainsi pour créer l’attirance. Nous finissons souvent par retirer tous nos déguisements et nous nous assemblons.

Un jour Tereza risque quelque chose. Elle s’apprête pour d’autres hommes, elle le fait consciemment mais elle n’aime pas ce jeu, elle ne parvient pas à prendre les choses à la légère. Elle veut que son corps n’appartienne qu’à Tomas. Elle y parvient par la suite, son corps lui apparaît alors différemment, elle l’aime plus et mieux.



- Je ne m’attache pas aux personnages au départ mais vers la fin Tereza m’apparaît clairement, je l’apprécie mieux. Elle et ses rêves, elle et son dégout d’elle même, elle et son pardon envers Tomas, elle et son humanité.











- Sabina en sous vêtements blancs devant son miroir et porte un chapeau melon, elle tient la main de son amant, lui est vêtu d’un costume gris. C’est mon fantasme la femme moitié nu, l’homme en possession de l’objet qu’il désir, qu’il touchera peut-être. Sabina ne se laissera peut-être pas faire.

Dans tous les cas ce que je décris dans le rêve de Linda ressemble à cette scène . . .



- Je considère les personnages de cette histoire comme cérébraux, radicaux, cela me plaît. Leurs pensées peuvent se rapprocher de ce que je pense moi-même de la vie qui va trop vite. Ma déception est immense.



- Milan parvient à me faire visualiser un homme proche du trépas, il ne parvient plus à parler, ni à bouger, il ne peut plus agir. Il pense alors à ce qu’il voudrait qu’il se passe autour de lui puis ils arrête de respirer.



- Sabina décide de quitter l’atmosphère excessivement kitsch l’entourant. Elle se débarrasse du passé. Elle découvrira ensuite que ce kitsch la constitue.



- Un élément fondant notre humanité est la considération. Nous méritons tous de la considération, nous aimons tous être estimé, être aimé par les autres, nous attendons tous un regard souriant sur nous même, une parole bienveillante. Quelques uns attendent plus, ils pensent mériter la considération de ceux qui n’existent plus, de ceux qui ont disparut sous Terre, ce sont des rêveurs.



- Une vie de travail exploite notre corps et l’use. Toute la vigueur se retire petit à petit de nous même. Je le sais déjà, je lis ce constat sous cette forme Tchécoslovaque. Depuis mes 13 ans ou j’ai lu Pierre de Ronsard et son poème Mignonne allons voir si la rose, je sais que l’usure est là sur les femmes et les hommes.

La chanson de Françoise Hardy Mon amie la rose nous parle de cette même vérité. Le funeste est plus supportable quand en plus les nuages et la pluie ne trempe pas de gris mes carreaux. Bref Tereza ne se berce pas d’illusion, elle finira comme le lui répète sa mère, elle aussi, vieille et laide.



- Un moment tendre et cet ardent désir qu’éprouve Tereza pour Tomas. Leur rencontre. Elle le voit seul à une table au côté d’un livre, au milieu d’un tas d’ivrognes ignorants ce qu’est la littérature. A ce moment mes ailes repoussent, je me sens léger. Etat de mon âme, magie de la littérature, je suis transporté vous le serez peut-être.



- Milan a bien compris et il explique sa version, les hauts et les bas de nos humeurs sont comme les pistons d’un moteur, c’est ainsi que nous avançons. Il donne sa version proche de la mienne en définitive. Le comportement humain va ainsi avec des hauts et des bas, amoureux parfois et parfois aucunement.







- Ainsi Tereza et Tomas débutent leur vie de couple et un tas de fantasmes les assaillent. Tereza rêve de scènes où Tomas la trompe. Parfois elle assiste aux actes eux mêmes. Tomas en rêve aussi, il pense qu’elle pourrait convenir à n’importe qu’elle autre homme.



- Tomas change de profession, il est médecin à l’origine. Tereza le pardonne d’être infidèle, ils s’en vont à la campagne, elle peut enfin l’avoir pour elle toute seule comme le petit lièvre dont elle rêve souvent la nuit. Tomas s’affranchit de son premier rôle médical avec succès, il se sent désormais libre. En vieillissant il diminue fortement sa course frénétique pour séduire et coucher avec d’autres femmes.



- J’ai ressenti la fin du roman comme soudaine, terrible, subite.

Je la vois à présent comme une invitation, voyez plutôt.

Tomas et Tereza après avoir bus et dansés toute la nuit ils font irruption dans une chambre, comme celle d’un hôtel, ils sont au dessus de la piste de danse d’où monte encore les échos du piano et du violon . . . deux lits jumeaux son collés l’un à l’autre comme une invitation . . .
Commenter  J’apprécie          182
La plaisanterie

J’avoue ne jamais avoir lu du Kundera. Pour une raison obscure, je l’avais catalogué comme écrivain difficile d’accès, m’abstenant d’ouvrir un de ses romans.

Il a fallu sa mort et la mise en lumière qui s’ensuivit, pour me faire sauter le pas.

Je commence donc la découverte de l’auteur par sa plaisanterie.

Pour ceux qui ne connaissent pas, on suit l’histoire de Ludvik, jeune étudiant tchèque enthousiaste et un peu farceur qui, pour séduire une fille, gribouille quelques mots au dos d’une carte postale.

Oui mais cette carte postale est envoyée dans une époque bien particulière : celle de la Tchécoslovaquie des années 40, où on ne peut rire de tout, où le communisme s’étend et demande à tous les citoyens une adhésion totale et s’immisce dans chaque interstices de la vie pour y traquer tout acte de rébellion ou de remise en question de l’idéologie communiste.

Il en paiera le prix cher.

L’occasion pour le lecteur de découvrir l’horreur et l’arbitraire qui régnait sur la vie des gens à cette époque, les camps, les privations, humiliations, délations, absence totale d’intimité et de liberté, totalitarisme absolu.

Il y a des passages et des réflexions très intéressantes notamment sur le dilemme pour les croyants d’adhérer à un parti qui prône l’athéisme et impose l’abandon de toute religion ou pratique religieuse. La réflexion sur la notion de masques sociaux qu’on revêt selon les circonstances, la notion d’amitié, de vengeance, les ressorts de la haine et la possibilité ou non d’une réconciliation.

Comment survivre dans un monde et une société totalitaire.

Une vie dominée par les précautions, la méfiance et les suspicions.



Un livre que j’ai apprécié, même si j’ai trouvé quelques longueurs et digressions, mais une écriture très intéressante. Je vais probablement découvrir prochainement l’insoutenable légèreté de l’être.
Commenter  J’apprécie          40
L'insoutenable légèreté de l'être

Ce livre restera gravé dans ma mémoire comme celui d’un passage: de 2023 à 2024 car c’est ainsi que je l’ai lu, à cheval entre deux années.



Celui du passage de la légèreté au lourd: il y est question de l’insoutenable poids qui pèse sur certaines décisions que l’on doit prendre dans la vie.

La vie humaine n’a lieu qu’une fois: comment savoir alors si la décision que l’on prend est la bonne si on n’en connaît pas les conséquences et qu’on ne peut pas comparer ?

Comment vivre dans la vérité comme le formule si bien Kafka quand il est impossible d’abolir la barrière entre le privé et le public ?

Comment vivre quand on perd son intimité, quand le totalitarisme vous fait vivre dans un camp de concentration quotidien, un monde où le régime communiste liquide entièrement la vie privée de ses citoyens, où l’on est à l’abri nulle part et où même une discussion chez soi avec un ami peut être enregistrée et diffusée publiquement à la radio.



Le passage de l’âme au corps: peut-on aimer avec le corps sans l’âme ou avec l’âme sans le corps ?

Un livre ou le questionnement métaphysique le plus lourd et pesant côtoie la plaisanterie la plus légère.

Passage sans cesse de l’un à l’autre, car au fond il n’y a pas de frontières et un livre de questionnements:

« les interrogations les plus naïves mais aussi les plus graves, celles que formulent les enfants et auxquelles il n’y a pas forcément de réponse et qui tracent les frontières de nos existences. »



Passer sans cesse du pesant au léger, du négatif au positif ou vice versa, la volonté des acteurs de ce roman, leur désir profond de changer le lourd en léger. « Aller voir ce qui reste de la vie quand l’homme s’est débarrassé de tout ce qu’il a jusqu’ici tenu pour sa mission. »



Extraits:

&#xNaN « Nous avons tous besoin que quelqu’un nous regarde. »



« Le roman n’est pas une confession de l’auteur, mais une exploration de ce qu’est la vie humaine dans le piège qu’est devenu le monde. »



Ce livre est tellement merveilleux que j’aurais pu en citer chaque page, chacune 📖🙏



Merci à Kundera pour cette exploration qui marquera mon passage à 2024.
Commenter  J’apprécie          110
L'insoutenable légèreté de l'être

Il y a des livres qu'on lit trop tôt et qui nous empêchent d'apprécier des oeuvres moins abouties, et il y a des livres qu'on lit trop tard. L'insoutenable légèreté de l'être appartient à cette dernière catégorie. Il faut être un jeune adolescent, curieux, intrépide et sans grande connaissance de la littérature, prêt à se parer des apparences de la transgression, et à s'abandonner à de la pensée mâchée dans une coque décorée de références philosophiques bien mal comprises, pour apprécier ce roman qui ressemble souvent à une mauvaise dissertation de lycéens.

Kundera ne comprend manifestement ni Parménide, ni Nietzsche, ni les autres références qui perlent son babillage. Se réflexions sur le vertige, les rêves, la sexualité relèvent de conversations de comptoir.

Les personnages n'évoluent pas, l'écriture est faussement ordinaire; elle est plate.

Il est impossible de lire avec bienveillance un tel ouvrage quand on a goûté à la littérature. Il faut donc le lire tôt dans sa vie littéraire, il le faut. Es muss sein! Oder niemals!

Seule une phrase me console de l'avoir lu: "Seul le hasard est parlant."
Commenter  J’apprécie          10
La plaisanterie

Un premier livre de Milan Kundera que j’ai découvert et une belle surprise. Le style direct et la construction du roman si particulière entre changements de points de vue à chaque personnage nous touchent particulièrement et nous font nous plonger dans la vie du héros Ludvik Jan , qui se voit exclu du Parti communiste en Tchécoslovaquie avant le Printemps de Prague, et de l’université à cause d’un écrit se voulant être «  une plaisanterie ».

De cet événement, la vie du héros s’en trouve complètement perturbée et il se pose des questions légitimes sur sa destinée et sur la portée de ses actions. Les autres personnages, qui ont chacun un point de vue différent, éclairent en quelque sorte les questionnements de Ludvik et les nôtres aussi sur nos propres choix de vie.

On pourrait tout d’abord penser à un roman politique mais de l’aveu même de l’auteur, il semblerait que ce soit davantage un roman d’amour puisque , pour lui, c’est l’amour seul qui peut nous aider à vivre et à nous extraire de notre condition.
Commenter  J’apprécie          70
L'insoutenable légèreté de l'être

Je n’avais jamais lu pareil roman.



Jamais je m’étais véritablement interrogée sur la question existentielle de la « merde » pour reprendre les mots de l’auteur, jamais je n’avais lu de définitions au détour d’une narration, ni parler presqu’en tête à tête avec l’auteur sans m’y attendre.



C’est un roman oxymore, comme son titre. À la fois si profond et, en même temps, tellement léger. Il est question d’amour, d’amour conjugal, d’amour paternel, d’amour infidèle aussi et même de l’amour canin. Oui c’est ça, c’est avant tout d’amour qu’il parle ce roman. Mais en même temps, il parle aussi de politique : de guerre, d’invasions et de communisme.



Le roman est divisé en six parties. Pour n’en citer que trois, dans la première, on économise les mots, il s’agit presque d’un poème en prose. On suit la relation de Tomas et Tereza, à travers le prisme de Tomas. C’est le légèreté, les aventures, l’infidélité amoureuse.

La seconde partie nous offre à voir le point de vue de Tereza. C’est la pesanteur, la tristesse et l’incompréhension de l’être trompé.

La sixième et dernière partie est consacrée à Karenine, le chien de Tomas et Tereza. Il représente l’amour sincère et pur, sans artifice où la confiance est le maître-mot de la relation entre l’animal et son maître.

Entre ces protagonistes, c’est la pesanteur : l’invasion russe de la Tchécoslovaquie en 1968 et les années de délation qui suivent.



Bref, il s’agit d’un roman qui marque les esprits tant il est original, à tous points de vue : entre narration, essai philosophique, poésie…



Seule déception, je pense qu’il me manquait certaines références culturelles pour saisir avec justesse l’entièreté du sens de cette œuvre mais qu’importe, je me suis laissée emporter. Il crée des sentiments de toute part, pas faciles à mettre en mots, si ce n’est qu’il crée un profond, presque insoutenable, sentiment de légèreté…
Lien : https://littecritiques.wordp..
Commenter  J’apprécie          112
L'insoutenable légèreté de l'être

Ah, "L'Insoutenable Légereté de l'Être" de Milan Kundera ! Pas simple de rédiger une chronique de cette œuvre qui titille l'intellect autant que les sens car elle mérite bien une critique à la mesure de son audace.



Tentons donc un plongeon dans les méandres de ce roman où la philosophie côtoie les ébats amoureux jusqu'à réussir à nous faire regretter l'année de terminale.



D'emblée, le roman nous catapulte dans le tourbillon de la vie de Tomas, un chirurgien tchèque qui collectionne les aventures féminines avec l'ardeur d'un philatéliste devant une série rare de timbres. Sa vie, un ballet incessant entre l'opéra des sentiments et la farce de l'existence, nous est contée avec la grâce d'un gamin à Trampoline Park : beaucoup de sauts périlleux, quelques figures artistiques, et une chute inévitable.



Tereza, son épouse, est le pendant mélancolique de Tomas, traînant sa lourdeur existentielle comme un boulet de plomb. Sa sensibilité est si affûtée qu'elle pourrait détecter une crise existentielle dans le sourire de Jordan Bardella. Sabina, l'amante-artiste, incarne quant à elle la légèreté avec la nonchalance d'un chat. Mais pas n'importe quel chat. Un chat qui déciderait de ne pas retomber sur ses pattes, juste pour voir ce que ça fait. Juste pour ne pas faire comme tout le monde.



Au milieu de ces personnages gravite une galerie de figures tout aussi riches, dansant une sarabande autour des concepts de fidélité, de liberté et d'oppression, tant politique que personnelle. L'ensemble forme un tissu complexe où chaque relation semble aussi instable que la connexion Wi-Fi du TGV.



Le roman se mue ainsi en une sorte de manuel de survie pour existentialistes désespérément romantiques, dépeignant la vie comme une série de choix dont les conséquences sont imprévisibles. Un peu comme les punchlines de Rachida Dati.



Kundera, avec la précision d'un horloger suisse, dissèque les dilemmes moraux et amoureux, nous invitant à nous interroger sur le poids des décisions et la légèreté des existences qui s'entrecroisent, s'aiment et se perdent dans le grand bazar de la vie.



"L'Insoutenable Légereté de l'Être" jongle avec des thèmes lourds mais le fait avec une certaine légèreté.  Entre les lignes, on décèle un sourire narquois, celui de l'auteur qui nous invite à ne pas prendre la vie trop au sérieux, même lorsque tout semble sombrer dans l'obscurité diabolique de l'existence.



Le style de Kundera est un mélange détonant d'érudition et de sensualité, une sorte de rendez-vous amoureux entre Nietzsche et Casanova, où les discussions sur le sens de la vie côtoient des descriptions érotiques qui feraient raidir un moine. C'est un roman qui vous fait réfléchir autant qu'il vous émeut, un tour de force littéraire qui parvient à extraire de la profondeur des situations apparemment légères.



En conclusion, "L'Insoutenable Légereté de l'Être" est une œuvre à savourer comme un vin rare, complexe et plein de nuances. Il vous emmène en voyage à travers les questionnements existentiels, les turpitudes amoureuses, et les absurdités de la condition humaine, le tout avec une plume qui danse entre les gouttes de la gravité, parfois avec la délicatesse d'un pachyderme dans un Apple Store, mais toujours avec une profonde humanité.



Un livre à lire, à relire, et à offrir à tous ceux qui cherchent à alléger le poids de leur propre existence, même si cela signifie de temps en temps, de se laisser tomber avec tout le poids du monde sur les épaules.



scob
Commenter  J’apprécie          70
La fête de l'insignifiance

Je ne connaissais pas Milan Kundera et pourtant j'ai l'impression d'avoir toujours entendu son nom, d'avoir déjà lu "l'insoutenable légèreté de l'être" sans en avoir feuilleté une page tant ce nom résonne dans ma tête je ne sais pourquoi...

C'est néanmoins cette fête qui est tombée entre mes mains avant la légèreté et ce fut peut-être une erreur... J'avais à l'image de ce titre l'esprit festif à découvrir cet auteur et j'ai pourtant très vite déchanté !

Le livre s'ouvre sur une anecdote nombriliste érotico-drolatique, le nom des villes russes rebaptisés, pour partir ensuite sur un personnage stalinien qui aime faire des blagues... et c'est à peu près tout ce que je retiens de ce livre, qui aura pour moi porté son nom mais pas de la plus agréable des façons, je me serais bien passé de toute cette insignifiance.

J'ai essayé le premier degré, le second aussi et quelques autres, mais je suis resté de marbre face à ces phrases vide de sens à mes yeux, dans cette histoire absconde j'ai cherché ce qui m'échappait, en vain. J'ai même regardé la 4e de couverture en cours de lecture pour m'indiquer peut-être ce que j'étais en train de lire. Elle m'a plus conforté dans mon idée de ce message paraissait être ce livre au fond, le 10e livre d'un auteur déjà fort de son succès voulant se faire plaisir quitte à ne pas être compris. J'aime cette irrévérence seulement j'aurais aimé que l'incompréhension soit légère et non totale.

Bref ce fut plus qu'une désillusion, mais bien un agacement d'avoir l'impression de lire du vide et non ce que les louanges de cet auteur me semblaient présager. Je ne compte évidemment pas m'arrêter à cet échec et bien enfin découvrir cette légèreté en espérant qu'elle ne soit pas aussi insoutenable que cette fête insignifiante.
Commenter  J’apprécie          10
L'insoutenable légèreté de l'être

Officiellement le livre le plus surcôté que j'ai pu lire en 2022 :

- des personnages féminins bâclés et délaissés qui existent uniquement dans leur rapport aux hommes ;

- des hommes méprisants et méprisables ;

- du pseudo-intellectualisme amené presque maladroitement et qui ne plaît qu'aux petits-bourgeois qui cherchent à étaler leur culture comme de la confiture ;

- du sexe et de l'érotisme omniprésents sans raison apparente ;

- des répétitions à outrance parce qu'expliquer quelques passages du point de vue de différents personnages n'est pas suffisant, il fallait pousser l'effet jusqu'au bout et donner au lecteur l'impression d'être sénile ;

- 2 ⭐️ seulement parce que le style d'écriture de Kundera est assez prenant malgré tout.



Et pour avoir plus de détails sur les raisons de la médiocrité de cette lecture 👇



1ère partie : Le personnage principal, Tomas, est un homme misogyne tout ce qu'il y a de plus banal. Il est antipathique et inintéressant. Imbu de sa personne et obsédé par le sexe. Ou plutôt par l'objectification des femmes avec qui il pratique le coït. Son principal intérêt amoureux, Tereza, comme toute femme amoureuse du protagoniste masculin principal, ne semble vivre que pour lui et par lui. C'est un coquillage vide.

Enfin, on nous présente Sabina, la maîtresse en chef de notre Don Juan. Elle ne vit pas exclusivement pour Tomas ; en plus de servir de réceptacle pour les fluides corporels et désirs tomasiens, elle est aussi peintre. Elle semble aussi antipathique mais au moins son personnage a du potentiel.



2e partie : Malgré la profondeur et la tridimensionnalité que l'auteur prétend donner à Tereza, elle est toujours aussi fade, vide et très peu intéressante en tant que femme. Elle est obsédée par le regard de Tomas et in fine par le regard masculin.

Les analogies entre des situations déplaisantes pour les personnages et les camps de concentration se répètent et ne cessent d'être toujours plus écœurantes. Kundera sait-il à quel point ces camps ont traumatisé, abruti, torturé et massacré des millions de personnes ? On ne dirait pas.



3e partie : Un peu de développement sur le personnage de Sabina. C'est plaisant et elle a l'air bien plus sympathique et intéressante. Elle est en presque attachante.

Franz a l'air tout aussi ennuyant et misogyne que Tomas, bien que son idylle avec Sabina soit plus divertissante.

Un peu plus d'approfondissement sur Marie-Claude n'aurait pas été de refus. Elle avait le potentiel d'être un personnage presque passionnant.



4e partie : ENFIN on accède pleinement au point de vue de Tereza. Soulagement de courte durée puisque cette partie est écrite de manière si lourde, misogyne, si imprégnée de male gaze que finalement ça n'en est pas si intéressant. Beaucoup de répétitions, c'est long.

Encore et toujours des comparaisons aux camps de concentration, c'est très pesant et agaçant.

Bon nombre de réflexions empreintes de culture du viol, c'est fatigant. À cela s'ajoute une certaine hystérisation de Tereza qui est franchement lassante.



5e partie : Dénonciations politiques bizarrement articulées. Obsession sexuelle de Tomas. Objectification de toutes les femmes que le protagoniste fréquente et misogynie à souhait. (Est-ce que Tomas couche avec tout Prague sans se protéger ??) On comprend mal pourquoi Tereza et Tomas s'aiment, pourquoi ils restent ensemble après tant d'années malgré les infidélités systématiques et constantes de ce dernier.



6e partie : Introduction bancale à sa conception du « kitsch ». C'est encore une fois de la br*nlette intellectuelle.

L'épisode Thaïlande-Cambodge était inutile, sans queue ni tête. Franz est irritant, c'est un pointeur et un socdem égocentrique, il n'a pas d'autres traits de personnalité.



7e partie : C'est la meilleure, elle a sauvé le livre. L'amour entre Karénine et Tereza est touchant. C'était beau et bien écrit.

Bien heureuse de finir le livre tout de même.
Commenter  J’apprécie          64
Le Livre du rire et de l'oubli

Emmener cette lecture durant ma découverte de Prague. Saisir un peu mieux l’atmosphère de cette ville et de son passé. Refermer le livre du rire et de l’oubli et réfléchir à ce que j’en garderai… Penser que ce roman est insaisissable. Il est compréhensible mais si on veut le décrire à quelqu’un, cela devient difficile.

Je dirais que ce livre est fait de nouvelles, qui sont plutôt agréables à lire. Certaines m’ont parues absconses, je ne savais pas où l’auteur voulait nous emmener.

Ce qui m’a fasciné dans cette lecture est la manière dont Kundera nous expose un sentiment, une situation, qui débouche sur un concept, une image… Il nous perd, puis nous rattrape, et là, finalement, les liens se font.

Finalement, le flou reste agréable.

Je pense que je ne pouvais pas choisir mieux pour lire à Prague.
Commenter  J’apprécie          20
L'insoutenable légèreté de l'être

J’ai adoré ce roman que j’ai lu il y a quelques mois, moment idéal au regard du climat géopolitique actuel.

Les chassés croisés amoureux sont une bonne excuse à de profondes réflexions philosophiques sur la vie, sur l’amour, sans niaiserie aucune.

Dans un climat politique difficile très bien décrit par l’auteur, se mélangent finesse des mots et justesse des sentiments, un équilibre dosé avec beaucoup de nuance.

Un vrai plaisir de lecture et un titre de roman pour une fois à la hauteur de son contenu !
Commenter  J’apprécie          80
Risibles amours

Lorsque Milan Kundera est décédé cet été, certains de mes élèves étaient d'origine Tchèque. Nous avons longuement échangé sur cet auteur, et cela m'a donné envie de découvrir sa plume. J'ai donc couru en librairie, et j'ai pris ce recueil de nouvelles intitulé «Risibles amours» (simplement parce que j'adore la chanson de Nekfeu portant le même titre).

Au cours des 7 nouvelles de ce recueil, on suit différents personnages dans leurs relations amoureuses. Parfois joyeuses, parfois tumultueuses, parfois problématiques, parfois mensongères.

Les points de vues adoptés sont différents. Certaines fois le narrateur parle à la première personne, d'autres fois il est extérieur à l'histoire. J'ai particulièrement apprécié la nouvelle «Le colloque», rédigé en plusieurs actes comme une pièce de théâtre.

A travers ces courtes histoires, l'auteur amène le lecteur à se questionner sur ses relations. Quelle doit être la part d'honnêteté et de mensonge dans celles-ci ? Comment savoir si l'on est pleinement heureux et accompli dans une relation ? Comment éviter de tout gâcher par maladresse ?

J'ai particulièrement apprécié le ton assez humoristique des histoires, qui est néanmoins cru par moments. La vision de la femme n'est pas toujours idéale, mais cela colle avec l'époque.

Je vous recommande ce beau recueil si vous êtes d'humeur romantique. Ce dernier se lit très facilement ❤️🥰
Commenter  J’apprécie          10
La valse aux adieux

"La Valse aux adieux" de Milan Kundera est un roman captivant qui explore avec subtilité les thèmes de l'amour, de la liberté et de l'identité. À travers les destins entrelacés de ses personnages, l'auteur nous plonge dans une danse envoûtante où se mêlent passion et réflexion. Avec une écriture sobre et évocatrice, Kundera nous invite à explorer les mystères de l'âme humaine, nous offrant une lecture enrichissante et profonde. Une œuvre à découvrir pour ceux en quête d'une histoire à la fois captivante et stimulante.
Commenter  J’apprécie          40
La valse aux adieux

Aimez-vous les villes d'eaux au charme suranné, aimez-vous leur clientèle féminine, fidèle, immuable, comme si ces dames lascives et désinvoltes, allongées sur le carrelage kitch d'un établissement de bain, appartenaient à jamais au paysage, finissant par lui ressembler, s'y fondre même ?

Dans le roman dont je vais vous parler, j'ai découvert la féerie désuète des villes d'eaux, ces lieux suspendus hors du temps. Ici des femmes qui ne peuvent pas avoir d'enfants espèrent trouver dans ces eaux thermales la fécondité tant attendue.

J'ai l'impression que les villes d'eaux se ressemblent toutes, surtout dans le début de ces années soixante-dix, dans la France de Pompidou, en Suisse, en Belgique, en Allemagne, tiens et pourquoi pas dans la Tchécoslovaquie de l'époque... Allons-y gaîment !

Tout part d'une histoire anodine. La première journée raconte un fait aussi simple que banal, que l'on pourrait presque attribuer au théâtre de boulevard : de passage dans une ville d'eaux pour un concert, un célèbre trompettiste, Klima, a rencontré une jolie infirmière, Ruzena, et a couché avec elle, avant de repartir pour la capitale et de l'oublier aussitôt. Mais l'infirmière le relance, lui téléphone, en se déclarant enceinte de lui.

Le musicien panique aussitôt, car il craint de voir s'écrouler son mariage avec la belle Kamila et cherche un moyen de se tirer de ce mauvais pas. Il décide alors de se rendre dans la ville d'eaux...

Vous en conviendrez, il vous faut bien plus que cela pour vous hameçonner à ce roman de Milan Kundera, supposé être son dernier avant qu'il ne s'exile en France en 1975, précisément à Rennes, je glisse cela au passage et très discrètement pour les amis bretons.

La lecture de la valse aux adieux pourrait déjà se suffire à cette seule intrigue ordinaire. Mais il y a bien autre chose et on peut lire ce roman de plusieurs autres manières.

Viennent alors d'autres personnages, comme si cela ne suffisait pas... Ils seront huit au total à entrer en scène.

Huit personnages en quête de sens, leurs trajectoires se croisent dans une même unité de temps, de lieu et d'action, tout se passe en cinq jours dans un savant entrecroisement d'intrigues, entrecoupé par le voyage d'un petit comprimé bleu presque inoffensif qui traverse le récit, rebondit de chapitre en chapitre jusqu'à ce que le rideau se referme...

Je ne vais pas vous les présenter tous, quoique certaines, ici ou là, - surtout là, vaudraient la peine qu'on s'y attarde de près...

Cependant, laissez-moi vous parler de ce formidable gynécologue, le bon Dr Streka, rêveur, idéaliste, humaniste oserais-je tenter, qui a une façon très particulière de régler les problèmes de stérilité de ses patientes.

Non, non, vous n'y êtes pas du tout...

« Guidée par le seul désir de perpétrer l'espèce, l'humanité finira par s'étouffer sur sa petite terre. »

Un personnage se détache peu à peu, au-dessus de la mêlée, celui de Jakub, prisonnier politique récemment libéré, c'est un homme épris d'une sagesse grave, pessimiste, dont je ne serais pas étonné qu'on vienne me chuchoter à l'oreille, - mais pardi ! qui donc vient ici me le chuchoter à l'oreille ? - que l'auteur y a peut-être mis un peu de lui. Dissident à quelques heures de l'exil, il traverse le récit avec une sorte de hauteur crépusculaire, presque christique.

Tout se tient dans ce petit territoire désuet à souhait aux allures d'un royaume en fin de règne. Milan Kundera en fait un lieu romanesque, un monde à part où les personnages ne correspondent pas forcément à l'image qu'ils offrent d'eux au premier abord.

Alors brusquement, c'est le grain de sable dans l'engrenage, tout déraille, tout s'accélère, tout échappe à l'ordre des choses, tout n'est que retournements de situations, rebondissements, quiproquos, imprévus...

Alors brusquement le récit se métamorphose en une histoire de dupes et de tromperies, de jalousies et de rancoeurs, tenu par un fil conducteur qui va couturer le destin de ces huit personnages.

C'est comme si les sources thermales étaient brusquement ensorcelées.

Le récit aux allures d'une farce romanesque débridée n'était peut-être qu'un prétexte pour nous raconter une autre histoire. Milan Kundera y invite alors la complexité tumultueuse du monde dans des scènes savoureuses, d'un cynisme à peine déguisé, oscillant entre la comédie et la tragédie.

Certes cela suscite un plaisir truculent et je ne m'en suis pas privé, mais j'y ai trouvé aussi autre chose...

J'ai trouvé dans ce roman construit en chassés croisés, pour ne pas dire en triangles amoureux multiples, quelque chose qui se tient à mi-chemin entre le théâtre de vaudeville, la farce grotesque et la fable philosophique du XVIIIème siècle.

Derrière le style léger, j'ai soulevé le rideau pour entrevoir le ton grave et peut-être que l'ironie qui s'invite dans le récit aide à mieux prendre en dérision l'envers d'un monde désincarné, en perdition.

C'est un territoire où certains personnages évoluent comme des fantômes, des survivants d'un monde en carton-pâte qui n'existe peut-être déjà plus. Ils sont à la fois désenchantés, touchants, ridicules dans ce simulacre d'histoire.

Derrière l'ironie on n'est jamais loin de la tragédie de l'humanité.

La valse aux adieux ressemble alors à une danse macabre.

Est-ce une satire politique, celle d'un régime totalitaire qui a malheureusement encore de beaux jours devant lui ? Ici une chasse à l'homme a été remplacée par la chasse aux chiens errants par des vieillards pitoyables et grabataires, parce qu'ils n'ont plus que des bêtes inoffensives désormais à faire plier sous le joug de leurs bâtons noueux...

Il me faut peut-être tenter de chercher la réponse dans les multiples thèmes abordés par ce roman complexe à bien des égards. Mais quels sont-ils ?

La nature de l'existence ?

L'ironie du destin ?

L'illusion ?

La fatalité ?

Le mensonge ?

Un Dieu qui n'existerait plus ?

Le hasard ?

Il y a dans ce roman une oscillation entre le désenchantement et le sacré. Quelque chose de biblique, comme si cette lumière bleue qui se promène tout au long du récit était autant l'expression d'une joie divine, paisible et douce qu'un feu follet assoiffé d'amour et de vertiges.

Il y a des parenthèses qui ressemblent autant à des respirations vers le ciel qu'à des trous béants vers les ténèbres.

Le hasard est sans doute le personnage principal du roman, - mince il y aurait donc un neuvième invité ? - le hasard et ses diaboliques enchaînements. Certes, il y a le hasard, mais il faut être prédisposé à accueillir ce hasard et à en faire quelque chose de possible, je le dis comme cela sans arrière-pensée, moi qui aime citer à tire-larigot cette fameuse citation de Paul Éluard depuis que je la connais : « Il n'y a pas de hasard, il n'y a que des rendez-vous. »

Ici Milan Kundera, qui ne recule devant rien, déboulonne des statuts sans concession, la maternité, la procréation, la fidélité, la vérité, la religion, l'espoir en un monde meilleur... La foi en l'humanité.

Dans sa vision cruelle du malheur, Milan Kundera nous livre alors une satire de l'humanité.

« le désir d'ordre est en même temps désir de mort, parce que la vie est perpétuellement violation de l'ordre. »

Je me suis alors demandé si la question de procréer ou d'avorter dans un monde totalitaire avait un sens. L'Histoire montre que dans ces régimes les femmes portent le lourd fardeau de la stérilité, comme un doigt accusateur.

« C'est pourquoi il est inutile de chercher le moindre argument rationnel dans la propagande nataliste. Est-ce la voix de Jésus qui se fait entendre, selon vous, dans la morale nataliste de l'Église, ou bien est-ce Marx que vous entendez dans la propagande de l'État communiste en faveur de la procréation ? Guidée par le seul désir de perpétuer l'espèce, l'humanité finira par s'étouffer sur sa petite terre. Mais la propagande nataliste continue de faire tourner son moulin et le public verse des larmes d'émotion quand il voit l'image d'une mère allaitant ou d'un nourrisson grimaçant. »

Par-delà la réflexion sur les régimes totalitaires, peut-être que Milan Kundera me donne envie de tenter cette question : qu'est-ce qui incite à vouloir un enfant dans un monde désenchanté, sans repère, sans futur...

Le style de Milan Kundera est très ironique dans cette vision du malheur et il ne faut à aucun moment y chercher une quelconque morale.

L'amour alors peut-être échappe à ce carnage subversif. L'amour et ses multiples formes qui peuvent sauver le monde, nous hisser vers la suprême grandeur d'âme, que nous soyons innocents ou assassins...

Je m'éloigne des dernières pages du livre, l'incandescence du désir de Ruzena n'est déjà plus qu'un lointain souvenir qui continue de fourmiller et brûler dans le ventre. Je suis tenté de suivre dans ses pas fugitifs l'ombre de Jakub qui ne se retournera pas une seule fois sur sa route, je le sais déjà et c'est mieux ainsi...

Voilà ce que je peux vous livrer ce soir comme ressenti sur ce roman autant truculent qu'énigmatique, dans sa perplexité grisante auquel je n'ai pu échapper.

Mais bon sang, où ai-je mis ma petite pilule bleue ?



Je remercie une fois encore ma fidèle complice Anna (@AnnaCan) avec laquelle j'ai cheminé dans cette lecture inspirante et jubilatoire. Sa connaissance approfondie de l'univers littéraire de l'auteur fut un élément riche et déterminant dans ce chemin partagé.

Commenter  J’apprécie          5734




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Milan Kundera Voir plus

Quiz Voir plus

Milan Kundera

Presque tous les romans de Kundera comportent le même nombre de parties : quelle est la structure type de ses romans ?

3 parties
5 parties
7 parties

10 questions
165 lecteurs ont répondu
Thème : Milan KunderaCréer un quiz sur cet auteur

{* *}