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3.91/5 (sur 34 notes)

Nationalité : Yougoslavie
Né(e) à : Csongrad, Hongrie , le 26/10/1893
Mort(e) à : Belgrade , le 30/11/1977
Biographie :

Miloš Crnjanski (Милош Црњански, Milos Tsernianski) était un journaliste, poète, écrivain et diplomate serbe, et un ami d'Ivo Andrić.

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Le vendredi 13 juillet 2018, la librairie Charybde (129 rue de Charenton 75012 Paris - www.charybde.fr ) avait la joie de recevoir Emmanuel Ruben pour évoquer les récentes publications de "Le coeur de l'Europe" (éditions La Contre Allée) et de "Terminus Schengen" (éditions le Réalgar), et pour effectuer un parcours au sein de la littérature d'ex-Yougoslavie. Il évoquait Milos Crnjanski, Ivo Andric, Aleksandar Tisma, Danilo Kis, Milorad Pavic et David Albahari, tandis que le librairie Charybde 2 évoquait Faruk Sehic, Miljenko Jergovic et Goran Petrovic. Ceci est l'enregistrement de la première heure de la rencontre.

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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
[Vienne, 1918]
Quelques jours plus tard, l'Autriche s'effondre, comme un décor de théâtre. Elle permet aux prétendus "Etats héritiers" d'organiser le recrutement et de recevoir le serment des officiers, au Ministère de la Guerre. A la suite de quoi, nous allons nous présenter devant la nouvelle république hongroise pour prêter serment. A chaque étage, à l'intérieur même du Ministère, se trouvent les bureaux de la Tchéquie, de la Pologne, de la Roumanie, et enfin la délégation du Conseil Populaire de Zagreb qui nous invite à prêter serment au nouveau souverain des Serbes, des Croates et des Slovènes, Pierre I°.
Nous nous rendons donc à cette délégation, et là-bas, on nous fixe le jour de la prestation du serment. C'est ainsi que, aussi absurde que cela puisse paraître, non seulement la guerre, pour moi, se termine à Vienne, mais je prête serment au souverain serbe dans le bâtiment même du Ministère de la Guerre, à Vienne.
Je me tiens droit comme un i.
Et aujourd'hui encore, quand je me souviens de tout cela, dans mes oreilles bourdonne ce chant que chantaient nos pauvres, lorsque l'Autriche a attaqué la Serbie : "Autriche, soit, soit, / pire sera ton destin à toi."
Le plus insensé en ces circonstances fut que, après une folle nuit au cours de laquelle nous avions fêté la victoire et la chute de l'Autriche, ledit major Kosta et moi-même, nous nous posions la question : où aller ?
Parant à toute éventualité, il se procura un habit d'ouvrier, et me dit qu'il rentrerait à Pantchevo, qu'il avait là-bas, chez son père, de l'argent enterré dans le jardin.

p. 103
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[...] ... Il n'y avait rien d'étonnant si, ce soir-là, [Pavle] Issakovitch rejoignit la maison de Kleinstädter tout hagard et tout affolé, sans que personne sût d'où il venait.

Pendant son retour du Schlossberg, une pluie fine tombait et les nuages étaient descendus si bas qu'il passa inaperçu.

Il ne pouvait s'endormir, même après s'être séché et couché. Tel un spectre, il se mit d'abord à arpenter sa chambre, marmonnant, se parlant tout seul, comme devenu fou, ensuite à engueuler [son cousin] Yourat bien qu'il n'y eût personne dans sa chambre et que Yourat fût loin. Yourat se moquait de lui et demandait : "Est-ce cela, ton chemin de Russie, échalas ?"

Et Issakovitch de crier fort : "Compte, gros, compte ! Combien des nôtres sont-ils en prison ? Compte, gros, compte : combien des nôtres sont-ils enterrés ? Peux-tu me dire le nombre de têtes d'enfants égorgés que personne dans ta Chrétienté n'a pleurés et dont tu pourrais construire une route de Vienne à Istanboul, éclatante de blancheur ? Tu pourrais paver jusqu'à Vienne la voie impériale avec nos os, pour qu'ils reflètent la blancheur à chaque tombée du crépuscule. Tu pourrais même la border de nos crânes, suivant les plans du comte Mercy !

"Que dis-tu, gros, de tous les outrages subis, de toutes nos mères et nos fillettes violées, de toutes nos accouchées frappées au ventre ? Souviens-toi de nos vieilles qui attendaient, les yeux éplorés, devant les prisons de Komoran, de Marbourg, de Salonique et de Smyrne. A-t-on eu pitié d'elles ? Leurs fils ne leurs sont jamais revenus. Compte-les, décompte-les, si tu peux ! Combien étaient-ils ? Combien de nos mères avaient-elles pleuré et gémi ? Avaient-elles été entendues ?

"Oui, gros, nous avons servi fidèlement qui l'Autriche, qui Venise, qui la Turquie. On a parlé de nous, nous avons eu le panache, n'est-ce pas ? Mais toute notre gloire serbe n'est qu'une gloire de mercenaire. Nous a-t-elle tourné la tête ? Eh, dis donc, il paraît que nous avons peuplé toutes les prisons de la terre, jusqu'à Haïfa et même en Egypte. Partout, nous, Serbes, on est des coupables ! ..." [...]

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[...] ... A cette époque, vers la moitié du XVIIIème siècle, l'Orient avait été repoussé loin de Vienne après les guerres turques, récemment terminées. La Sublime Porte n'avait plus qu'une fenêtre d'où elle pouvait lorgner vers les terres autrichiennes et l'Europe : Kalémégdan, la forteresse de Belgrade.

A dire vrai, les armées turques s'accrochaient encore, avec leurs dernières forces, aux rives de la Mer Noire, face à l'Empire des Tsars, mais les tambours des janissaires s'étaient tus là-bas aussi. Les drapeaux des pachas turcs flottaient encore, mais délavés par les pluies et les vents. Plus de sang nouveau pour les rafraîchir. L'Orient islamique n'avait plus d'armée capable de franchir le Danube.

Cependant, si l'Impératrice d'Autriche pouvait à présent dormir tranquille, avec le croissant absent du ciel de Vienne mais planant au-dessus du Bosphore et scintillant sur la surface calme de l'eau, elle ne pouvait pas, néanmoins, s'endormir en paix. Frédéric II, le roi de Prusse, que Marie-Thérèse considérait comme un monstre à visage humain, était devenu son ennemi mortel. Elle le voyait, même dans ses rêves, vêtu de son uniforme prussien noir, coiffé de son tricorne français, fixant sur elle ses grands yeux fous, effrayants, d'un bleu profond.

Après tant de guerres, l'Orient du Prophète n'était plus qu'un sultan d'opérette, mais à sa place dans les lignes de front contre les Habsbourg, marchait maintenant ce nouvel ennemi, bien pire, bien plus affreux et bien plus proche.

Un nouveau joueur avait pris place à la table de pharaon, entre les Impératrices russe et autrichienne et les rois de France et d'Angleterre. Dans ce jeu, on gagnait des pays entiers et on perdait des soldats par centaines de milliers, cadavres ensanglantés gisant sur des champs enneigés. On enterrait vivants les blessés russes pour qu'il y en eût moins dans la bataille suivante.

Ce roi de Prusse à cheval, botté de cuissardes, n'avait jamais réussi ni à tranquilliser, ni à charmer l'Impératrice d'Autriche. Il lui répugnait même comme homme. Comme les mâles d'un certain genre répugnent aux femmes qui sont de bonnes mères. Et Marie-Thérèse avait mis des enfants au monde - seize. Les guerres entre l'Empire autrichien et la Prusse étaient pires que les guerres turques.

Il ne s'agissait plus de guerres pour des contrées lointaines, balkaniques, ou pour le partage de la Hongrie. Les frontières de l'Empire étaient maintenant en question, voire l'Impératrice en personne.

Le salut de l'Autriche résidait dans la nouvelle armée russe que Pierre le Grand avait créée et léguée à sa fille. L'alliance avec la Tsarine était devenu l'axiome politique de la chancellerie aulique de Vienne.

Il fallait donc supporter, le plus longtemps possible, les insolences de l'ambassadeur de Russie à Vienne.

Quant à la nation serbe, rétive et schismatique, elle avait été la bienvenue avec son patriarche, ses moines, ses popes et sa cavalerie tant qu'avaient duré les guerres turques. Elle avait, tout comme le peuple croate, imbibé de son sang les contrées méridionales de l'Empire et disséminé ses ossements de par l'Europe. Douze ans plus tôt, à la fin des guerres turques, l'armée autrichienne comptait plus de quatre-vingt-mille hommes dont plus de la moitié étaient des Serbes.

Mais ces temps étaient révolus. ... [...]
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Tous les romanciers semblent d'accord lorsqu'il est question du monde où nous vivons. C'est, disent-ils comme une immense, une étrange scène de théâtre où chacun entre et joue, pour un temps, son rôle. Ensuite il quitte la scène pour ne plus réapparaître. Plus jamais.
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Par ses ardeurs elle cherchait à lui rendre la séparation plus dure pour que chaque jour il désirât revenir.
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Les livres sur Michel-Ange pourraient, à eux seuls, remplir une bibliothèque entière. Il en existe dans toutes les langues, auxquels se sont ajoutés, en 1964, encore quelques centaines de volumes publiés à l'occasion du quatrième centenaire de sa mort. Le lecteur est alors en droit de se demander "A quoi bon un livre de plus, cela a-t-il un sens ?" Cela en a un. D'abord parce que dans le domaine slave, on a très peu écrit sur Michel-Ange, et puis parce que, ces dernières années, beaucoup de choses ont été écrites sur lui, des choses nouvelles, et ce livre pourrait être, lui aussi, une œuvre de ce genre - un livre nouveau.
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Au fur et à mesure que l'homme vieillit, la réalité s'affaiblit, tandis que le rêve se renforce.
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Dans cette nuit qu'est notre vie, seule la gaieté brille.
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De nouveau, le fossé entre l'espérance des êtres et leur vie réelle rendait malade le très honorable Isakovic. De nouveau, il était perplexe devant une réalité qui se révélait toujours autre que ce que les hommes souhaitaient qu'elle fût. Une réalité dominée par l'imprévu mais qui, qu'on le veuille ou non, était le résultat de leurs souhaits contradictoires.
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Isakovic ne voulait pas regarder le bonheur des hommes. Il lui était devenu encore plus écœurant que leur malheur.
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