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Critiques de Mo Yan (332)
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Le Veau - Le coureur de fond

Deux nouvelles de Mo Yan, qui m'ont je dois dire un peu déçu. Au positif, beaucoup de truculence dans le verbe, et des situations plutôt cocasses qui font sourire et même parfois rire. Bref, du Mo Yan, qui pour être un provincial, s'y entend pour rendre hommage à ce monde paysan chinois qui ne s'embarrasse pas de fioritures et utilise à l'envi un langage fleuri.



Donc, on s'amuse un peu dans "Le Veau", où Luo Han est un gamin déluré qui va, devant une lâcheté certaine des adultes, prendre en main le traitement d'un veau qu'on vient de castrer après bien des palabres entre son oncle et un véto à la compétence incertaine...C'est que si les attributs ont été dégustés illico, la santé du veau est négligée par ces gens qui considèrent les animaux comme des objets, des outils de production collectivistes. Leur seule crainte en cas de décès est de provoquer la colère des chefs locaux du Parti parce qu'une unité a été détruite.

Le petit Luo Han, inquiet de l'aggravation de la santé du veau va devoir tenter de le sauver...

Une nouvelle assez bien menée, sans grande prétention mais qui se lit avec plaisir.



Je n'ai en revanche pas du tout accroché à la seconde. Le "Coureur de fond" est un récit à la première personne, où Mo Yan nous raconte sans doute un souvenir d'enfance autour d'un personnage central qui l'a marqué, un certain M. Zhu, qui penche un peu à droite politiquement, et qui, bossu, va réussir quelques beaux exploits sportifs (inventeur avant la lettre d'une nouvelle technique de saut en hauteur, et surtout vainqueur d'un 10 000 m, dans un challenge local annuel auquel participent quelques figures originales que l'auteur nous a présentées au préalable). Les présentations successives sont un peu longues eu égard à la place réelle de ces personnages finalement faible dans le récit, à part Zhu, avec des phénomènes d'aller-retour et digressions qui sèment la confusion. Au final, on comprendra que les exploits de Zhu ne sont peut-être pas dû entièrement à sa nature, mais à un petit coup de main opiacé...



Bref, ça se lit, mais c'est loin d'être le meilleur Mo Yan.
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Le clan du sorgho

Le sorgho bruisse, mûrit. Les saisons passent.

Les japonais pourraient même gagner cette guerre et l'on continuerait à sentir l'odeur du sorgho rouge.

Au fin fond de la campagne chinoise ce sont aussi les vieilles habitudes, bonnes ou mauvaises, qui semblent impassibles aux évènements à l'image du ginkgo à l'entrée du village.

Mais quelque chose d'important est en train de se passer.

La résistance à l'occupant s'engage de manière spontanée, déterminée certes, mais très peu organisée. Dans ces conditions on sait qu'il ne doit pas y avoir de place à l'hésitation. Pourtant le lecteur pourrait douter de l'issue de ce combat. Dans le roman « le Supplice du Santal » on se souvient de quelle manière la province du Shandong avait déjà subi l'occupation allemande.

Alors le tournant de l'histoire c'est peut-être le moment où l'on est en train de fermer les yeux sur le viol que l'oncle Yu Daya, un villageois bien connu, vient de faire subir à la jeune Lingzi. C'est là qu'il faut intervenir et c'est ce que fait Ren, qui finalement obtient l'application de la loi.

Son parcours à lui est rapidement abrégé et l'occupation japonaise revient au centre des tourments de la population. Mais quelque chose nous dit que le rouge sera bientôt la couleur de la révolte.
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Le clan du sorgho rouge

Gaomi ville district de la province de Shandong N-E de la Chine; En 1939, les japonais ont envahis cette partie de la Chine , leur règle est celle des 3 tout tout tuer, tout piller tout détruire; Dans cette province bientôt 3 clans vont résister aux "chiens" les petits paysans vite relayés par les brigands, les troupes du Guomintang et celles du parti communiste en pleine ascension .En hommage à son Grand-père, à sa Grand-mère, à son père Mo Yan retrace dans ce roman les différents évènements sanglants qui ont laissé des milliers de morts dans les champs de sorgho rouge .

Un roman foisonnant mais un peu pénible à lire ! une suite discontinue de sauts du coq à l'âne comme si le narrateur égrainait des souvenirs et laissait aller son écriture à leurs rythmes . De très beaux passages descriptifs en alternance avec des scènes d'une rare violence est-ce là de la littérature digne d'un prix Nobel ?

je ne souhaite en aucun cas prendre position sur un choix sans aucun doute très politique du jury de Stockholm mais ce sera ma seule et unique lecture de Mo Yan ,je n'ai pas du tout envie de récidiver !
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Grenouilles

J'avoue que j'ai du m'accrocher pour terminer ce roman, certainement trop loufoque pour mon esprit cartésien...



Déjà, il n'y a pas vraiment d'histoire, juste une succession d'anecdotes farfelues. Au début, ça m'a un peu fait penser à Dernière Nuit à Twisted River (pas mon Irving préféré, mais je l'ai lu avec plaisir) pour les événements improbables et les situations cocasses... Mais ensuite, j'ai vraiment eu l'impression que l'intrigue tombait en panne !



Puis j'ai trouvé les personnages principaux plutôt caricaturaux, voire parfois carrément grotesques, et pas réellement attachants. Le narrateur semble complètement passif et mou, sa tante est trop cinglée pour être sympathique, idem dans une moindre mesure pour Petit Lion... Sans parler des myriades de personnages secondaires récurrents, qu'on a du mal à replacer parce qu'ils portent tous le nom d'une partie du corps (Chen Le Nez, Yuan la Joue, Li La Main etc) et ont tous été à l'école ensemble...



Enfin, je suis restée absolument hermétique à la pièce de théâtre terminant l'ouvrage, je n'en ai compris ni le sens, ni l'intérêt. Et je l'ai trouvée infiniment longue, bizarre et ennuyeuse.



Cela dit, malgré tout le mal que je viens d'écrire, je suis contente d'avoir lu ce livre. D'abord parce que j'ai appris plein de choses sur la Chine des années 50 et 60, la politique de l'enfant unique, la révolution culturelle, la vie dans les campagnes. Aussi, et surtout, parce que je pense qu'il y a un vrai souffle dans cette œuvre, une forme de poésie, de saga grandiose. Malheureusement, je n'y ai absolument pas été sensible ici, mais je réessayerai certainement un autre livre du même auteur, pour voir si j'accroche plus.
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Beaux seins, belles fesses : Les enfants de..

1938, bourg de Dalan, dans le canton nord-est de Gaomi. La famille Shangguan assiste à l'arrivée du fils tant attendu : Shangguan Lushi, après avoir mis au monde huit filles, vient finalement de donner naissance au petit Jintong "Enfant d'Or", censé apporter descendance et prospérité à la famille.



Malheureusement, Jintong ne sera guère à la hauteur des attentes familiales : faible tant sur le plan physique que mental, complètement dépendants des femmes de la famille, il développe de surcroît une obsession maladive pour les seins. D'abord ceux de sa mère, qu'il tète exclusivement jusqu'à l'âge de neuf ans avant de se nourrir de lait de chèvre jusqu'à ses vingt ans, puis ceux des femmes en général. Celui qui devait devenir le chef de famille s'avère, comme d'autres Shangguan de sexe masculin avant lui, incapable de subvenir aux besoins de la famille. Car ne vous y trompez pas, dans la famille de Jintong se sont les femmes portent la culotte comme on dit, de sa mégère de grand-mère dotée d'une force de cheval à sa mère au caractère affirmée et à la volonté de fer sans oublier ses huit sœurs (qui ont toutes la particularité d'avoir de beaux seins et de belles fesses).



"Jeune Pandi, répliqua l'aveugle Xu, vous les Shangguan, vous savez vraiment vous débrouiller. A l'époque des diables japonais, vous avez profité du pouvoir du mari de votre sœur aînée, Sha Yueliang ; à l'époque du Guomindang, c'est le mari de votre deuxième sœur qui a dicté sa loi ; aujourd'hui, c'est toi et Lu Liren qui êtes les chefs. La famille Shangguan, c'est la hampe du drapeau qu'on ne peut jamais abattre, le bateau qui ne coule jamais. Et plus tard, si l'Amérique envahit la Chine, vous aurez aussi un gendre étranger..."



Heureusement qu'elles sont là pour faire bouillir la marmite et assurer la survie des Shangguan à travers les épreuves et les bouleversements de l'Histoire chinoise...



Mo Yan fait de nous des spectateurs privilégiés et nous entraîne sur les traces de cette famille. On assiste à l'invasion des Japonais, les "petits diables", en 1939, à la guerre civile entre communistes et "brigades pour le retour au foyer" (propriétaires fonciers et riches paysans). Puis c'est l'avènement de la République Populaire de Chine, s'ensuivent des événements comme la mise en place des fermes d'Etat, la famine, le Grand Bond en avant pour arriver enfin à l'époque du capitalisme à outrance et de la modernisation du pays.



En plus de suivre le destin de la famille Shangguan et des habitants du canton de Gaomi pendant plus d'un demi-siècle, on assiste impuissant à la transformation de Dalan, cette petite bourgade qui nous semble si familière : la demeure de la Vie Heureuse des Sima devient la Société Pharmaceutique Huachang SARL, sur les ruines de l'Eglise du pasteur Maroya se dresse désormais un bâtiment de six étages qui n'est autre que la mairie. Les commerces florissants poussent comme des champignons, en témoignent le magasin La Licorne - Le Monde du soutien-gorge ou encore le Centre Ornithologique Orient.



Et que dire de la truculence des nombreuses légendes abordées par MoYan (Han l'oiseau qui survit pendant quinze ans dans la forêt japonaise après sa déportation, l'étrange Marché de la neige ou les croyances qui entourent les soldats allemands lors de leur invasion du canton au début du siècle), sans parler du style qui m'a souvent fait penser au réalisme-magique sud-américain. J'apprécie de plus en plus la littérature chinoise (j'adore Yan Lianke), c'était mon premier Mo Yan et assurément pas le dernier ! Beaux seins, belles fesses est un livre hors-norme à tout point de vue et un chef-d'œuvre de la littérature mondiale.

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Le maître a de plus en plus d'humour

En Chine, le titre de Maître s'applique aux vieux ouvriers exemplaires comme c'est le cas dans le court roman de Mo Yan intitulé "Le maître a de plus en plus d'humour". Pour autant, je n'ai pas trouvé drôle cette satire sociale plutôt légère.



Après une vie de labeur, maître Lao Ding Shikou n'aspire plus qu'à la paisible retraite qui l'attend dans un mois. Alors qu'il est bardé de diplômes d'honneur qui lui ont coûté des seaux de sueur, l'ouvrier modèle va quand même être licencié de son usine de machines agricoles qui a fait faillite.

Comme ses indemnités semblent aléatoires et insuffisantes il doit trouver le moyen de gagner de l'argent. Il voit bien que le monde a changé mais grâce à son ancien apprenti, le jeune et dynamique Lü Xiaohu devenu conducteur de tricycle, il va s'engager dans une entreprise privée interdite mais lucrative.



Cette histoire tout à fait immorale a le mérite de montrer deux générations de travailleurs chinois qui rendent compte de la transformation économique qui s'est opérée dans le pays sans mettre vraiment au pilori le communisme et le capitalisme.

J'ai moins apprécié la place de femmes et la fin qui rebondit mais reste un peu tiré par les cheveux.





Challenge Riquiqui 2024

Challenge Multi-défis 2024

Challenge XXème siècle 2024

Challenge ABC 2023-2024

Challenge Nobel illimité

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Professeur singe - Le bébé aux cheveux d'or

Mo Yan nous offre ici deux longues nouvelles , ou deux courts romans , écrits en 1985.

On est autant dans le conte , le fantastique que dans la brute réalité que l'auteur a l'habitude d’égrainer à travers ses romans.

Le premier volet de ce livre , Professeur singe, est très drôle , cocasse . Le susdit professeur a épousé une matrone qui le maltraite tant qu'il aspire à devenir un singe. Au passage , Mo Yan lance deux ou trois scuds sur la société chinoise qui au milieu des années 80 fait de ShenZhen son laboratoire capitaliste.

L'intérêt principal est le côté fable qui apparaît souvent dans les romans chinois , assorti d'un humour prégnant, tirant sur le Paasilinna en forme.



La seconde histoire se passe dans la campagne si chère à Mo Yan , sans doute dans une époque contemporaine à la rédaction de ce livre.

Zijing est mariée à un militaire qui la délaisse et passe des semaines sans la voir . Elle s'occupe de sa belle mère, aveugle et paralysée.

On retrouve les standards "Moyanesque": La campagne , la misère, le dur labeur , l'acceptation de sa destinée. Pourtant , l'arrivée de "Cheveux jaunes " va modifier la donne.

Bon, ne nous mentons , les passages à la caserne m'ont paru sans fin. Dommage , parce qu'à la campagne , c'est toujours un régal ce que nous narre Mo Yan. Une belle histoire, ,avec des personnages forts.

Un façon intéressante d'aborder cet immense auteur, surtout la première histoire.



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Beaux seins, belles fesses : Les enfants de..

A travers le destin des membres de la famille Shanggguan, nous suivons l'évolution et les avatars d'une famille rurale chinoise au cours du XXe siècle. Une époque bien difficile car nous verrons ces paysans subir dans l'ordre l'occupation allemande, puis japonaise, la lutte pour le pouvoir entre les nationalistes et le communistes, la victoire communiste des maoïstes, l'implantation de la société communiste à travers le « mouvement des cent fleurs », le « grand bond en avant » et la révolution culturelle, avant l'instauration de la société libérale autoritaire que nous connaissons aujourd'hui. Le héros malgré lui du livre est le jeune Jintong, bébé jusqu'à l'âge adulte, obsédé par les seins des femmes, brave garçon, naïf et candide, pas méchant mais peu courageux. Il est entouré d'une myriade d'autres personnages tous plus hauts en couleurs les uns que les autres dont Shangguan Lushi, sa mère, véritable « mère courage ».

Voilà un livre truculent, d'un réalisme délirant, sensuel à souhaits, violent comme l'époque dans laquelle il s'inscrit qui fait que l'on pourrait qualifier Mo Yan de « Rabelais chinois ».

Selon les goûts, ce livre peut paraître un peu épais. Dans ce cas une lecture fractionnée est possible.
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La Joie

Yongle, un jeune homme issu d’une famille de paysans pauvres, essaie en vain de réussir l’examen qui lui ouvrirait la voie de l’université.



Nous sommes en Chine sous le régime communiste et la vie des personnages n’est pas vraiment facile. Les règles de vie sont très strictes, les chances de s’en sortir plutôt très minces et la pression familiale et sociétale n’est pas une plaisanterie.



Le roman est entièrement écrit en « tu », le narrateur s’adresse directement au protagoniste principal en décrivant ce qui lui arrive et ce qu’il pense, comme si ce personnage s’adressait à lui-même. C’est la première fois que je rencontrais ce type de narration et ça m’a d’autant plus déstabilisée que le récit est assez décousu, comme si on suivait le fil des pensées de Yongle. D’autre part, il n’y a pas de chapitres, tout est raconté d’une traite. Ces choix narratifs ont fait que j’ai eu du mal à entrer dans l’histoire au début, c’était assez perturbant. Néanmoins, une fois habituée, j’avais du mal à lâcher mon livre, c’était réellement prenant.



(...)c’est un roman déstabilisant, voire étrange, dont la construction semble aléatoire (voire inexistante). On suit le déroulement des sensations et des évènements comme les vit le protagoniste, sans que parfois ça semble avoir du sens. Mais finalement j’ai trouvé l’exercice littéraire très intéressant et la plume plutôt addictive. C’était vraiment inédit pour moi et c’est une des choses que j’ai appréciées dans cette lecture.



J’ai appris beaucoup de choses sur la vie dans la campagne chinoise à cette époque – époque qui n’est pas vraiment définie, en fait, on a l’impression que le temps s’est arrêté à un moment quelconque de la période de répression maoïste ou post-maoïste (j’avoue que je suis assez ignorante sur le sujet, alors je suis peut-être à côté de la plaque ^^). Il y a des thèmes assez choquants, en particulier concernant la politique de l’enfant unique, qui amène à des abus criminels sur les personnes. Mais il est question aussi de pauvreté, de la condition des étudiants et, beaucoup, de la sexualité et des pulsions sexuelles.



Après un début difficile, j’ai vraiment apprécié ma lecture. Je vous la recommande si le genre de narration ne vous fait pas peur.


Lien : https://bienvenueducotedeche..
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Le maître a de plus en plus d'humour

Court roman du Nobel de littérature .

Il s'agît de l'histoire de Lao Ding , qu se fait licencier aux portes de la retraite .Pourtant il aura été un ouvrier modèle toute sa vie.

Sans se décourager , il va s'efforcer de gagner sa vie autrement. Et va avoir une idée géniale.



Une centaine de pages pour une très belle histoire qui égratigne encore une fois l'entreprise d'état Chinois, son système archaïque et anti productif.

Ce livre est le portrait d'un homme qui malgré les coups durs garde l'espoir et l'humour.

Il est aussi le portrait d'une société chinoise qui bascule définitivement vers l'entreprise personnelle et l'investissement privée .

Court roman mais non dénué d’intérêt, plein de sagesse , d'humour , d'amitié .
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Tranchant de lune et autres nouvelles conte..

Séduite tant par le fond que par la forme de ce coffret qui encapsule dans un sobre écrin noir sept petits livrets colorés renfermant chacun une nouvelle des meilleures auteurs de lascène littéraire chinoise contemporaine, avec Mo Yan en tête de gondole.



La nouvelle de Mo Yen, « Tranchant de lune », qui à travers l’évocation d’une étrange décapitation sans effusion de sang fait un trait entre Chine moderne, légendes et heures noires du maoïsme, n’est pas ma préférée : trop de références littéraires qui m’ont échappées, sans doute.



Deux autres par contre m’ont vraiment éblouie :

« Là-haut » de Wang Xiangfu, avec ce vieux couple de paysans restés seuls dans le village ‘là-haut’ et dont la femme aux pieds bandés continue inlassablement de claudiquer vers son fils bien-aimé, parti à la ville.

Et aussi « Deux compagnons » de Deng Yiguang, tragique histoire d’un couple de loups unis par un amour indéfectible, d’une écriture magnifiquement sensible.



Coup de cœur donc pour ce joli objet et pour la richesse de son contenu, idéal pour goûter en douceur aux lettres chinoises d’aujourd’hui.

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Le maître a de plus en plus d'humour

Ce court roman de Mo Yan (avec l'auteur, soit j'ai le droit à de longs pavés de plus de 700 pages, soit de courtes histoires dépassant à peine la centaine) me propose de découvrir ici le grand capitalisme chinois. Lao Ding, alias « Le Maître », a consacré sa vie pour son Usine, sacrifices et privations en ont fait un ouvrier modèle (un adepte du 'travailler plus pour gagner plus') qui ne compte plus les distinctions honorables orchestrées par les hauts dignitaires du Parti. A seulement un mois de sa retraite, Lao Ding se trouve purement et simplement licencié suite à la faillite de son Usine.



Maître Ding voit donc son monde s’effondrer sur ses vieilles épaules frêles. Que devenir, comment subvenir à ses besoins les plus minimes, payer les factures et assurer la survie de son couple. Maître Ding a certes toujours été ouvrier, mais n’en ai pas moins intelligent, et surtout il a de plus en plus d’humour... Une idée lui survient en regardant quelques-uns de ses compatriotes autour du lac artificiel à deux pas de son ancienne usine. Mais cette pensée mise en application est-elle bien légale ?



De l’humour et de l’émotion ponctuent joyeusement ce « léger » roman au milieu d’une profonde et acerbe critique du néo-capitalisme chinois. En plus de me divertir avec son esprit fallacieux et tendancieux, Mo Yan dénonce subtilement l’économie socialiste de marché de son pays, ce qui ne gâche en rien ma boulimie de connaissances et de voyages vers les différentes cultures à travers le monde.
Lien : http://leranchsansnom.free.fr/
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Le grand chambard

L’incipit de ce court roman démarre étrangement « Logiquement, je devrais commencer par écrire sur ce qui s’est passé après 1979, mais voilà, mes pensées toujours remontent bien au-delà de cette date, à cet après-midi d’un jour radieux de l’automne 1969, alors que les chrysanthèmes avaient pris leur teinte dorée et que les oies sauvages s’envolaient vers le sud. » Mo, fils de paysan moyen pauvre. Un enfant solitaire renvoyé de l’école, malchanceux. Mais il persévère et entouré de droitier « professeurs remisés à la campagne » .





Travaux des champs, puis dans une usine, puis engagé dans l’armée. Mo décrit le changement, il se fait petit à petit dans le monde chinois du Grand bond en avant à la révolution culturelle. Les codes en usage s’accompagnent d’une poignée de yuans.Le récit est ponctué de fait historique, le Gaz-51 avec la guerre de Corée, 1979 le conflit avec le Vietnam voisin. On suit la révolution culturelle, Il va rendre visite au mausolée de Mao et se rend compte que la fin de l’idole est un nouveau départ pour le pays. Il passera également par la place Tian’anmen en visitant Pékin



Un superbe récit, autobiographique. mais avec plein de tendresse, d’amour. Mo nous conte son parcours de villageois, pour gravir pas à pas les échelons afin de pouvoir écrire. L’usine et l’armée furent un tremplin pour une autre vie. Il reste malgré très pudique et nous conte les destins de ses amis proches He Zhiwu voyou ou héros ?, la belle Lu Wenli qu’il lie étroitement à sa vie et leur donnant une place prépondérante. Une écriture délicate, plein de clin d’oeil et de métaphores la balle de ping-pong dans la bouche de Liu le crapaud, des maximes parfois hermétiques pour nous autres occidentaux « la pousse de soja tombée dans les latrines et qui essaie de se faire passer pour un asticot à longue queue » ….



Un livre plein de charme, de mélancolies, du passé mais raconté avec un grand art. Mo le reconnait « Passé la cinquantaine, on ne se souvient pas des choses que l’on a sous les yeux, tandis que le passé, lui, se fait de plus en plus distinct. ». Et c’est avec bonheur que l’on lit ce grand désordre.
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Le supplice du santal

L'empire du milieu part en eau de boudin et le mandarinat est en pleine déconfiture.

Humiliés par l'occupant Allemand dans la province du Shandong, révoltés contre les fonctionnaires collabos, le Supplice du Santal est un chant de résistants, plus exactement un opéra à voix de chat.

Truculent à souhait, Mo Yan nous invite à partager tous les moments de la vie des chinois de sa province natale jusqu'à Pékin. La bonne viande de chien, le vin jaune et les pires supplices, les fameux supplices chinois.

Ames sensibles s'abstenir, mais ça serait dommage ! La Chine de l'impératrice Cixi et du traître Yuan Shikai confie la basse besogne à ce bâtard de bourreau Zhao Jia. On est au bord du dégoût avant d'être rapidement subjugué par l'héroïsme des résistants et victimes des pires injustices. L'avenir de la Chine peut déjà se lire dans le cœur des personnages. Un cœur qui n'est jamais figé, à la fois homme et animal dans les visions de petit Jia, le fils du bourreau.

L'impératrice Cixi va quitter le trône en gardant toute sa majesté et on peut facilement imaginer d'autres formes de pouvoir autoritaire s'imposer en Chine dans l'avenir. Pour l'heure, la fin de la pratique des supplices a sonné et ce sera bientôt la fin des pieds bandés.

Dans cette Chine palpitante, un cœur palpite encore plus fort, c'est de celui de la magnifique Sun Meiniang, la sœur, la femme, la fille, la maîtresse, sa majesté Sun Meiniang aux grands pieds.

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Beaux seins, belles fesses : Les enfants de..

Lire "Beaux seins, belles fesses" c'est faire montre de patience et de persévérance (894 pages) mais c'est surtout vivre une aventure épique, quasi picaresque qui traverse le 20ème siècle chinois. Quel roman !



Comme souvent avec Mo Yan on voit la grande histoire (invasion japonaise, la révolution, le communisme, le capitalisme ...) à travers la toute petite, celle de ceux qui vivent modestement dans un village où les traditions paysannes sont bien marquées. Ici la famille Shangguan.



Shangguan Lushi est le désespoir de sa belle-mère car elle ne met au monde que des filles. Ce n'est qu'à son huitième accouchement que viendra enfin le soulagement en la personne de Jintong.



Jintong voue une adoration pour le sein maternel et cette adoration deviendra une dévotion puis une obsession. Les seins seront le fanal qui éclairera toute sa vie. C'est le fil conducteur du récit.



Ainsi, peu à peu, le roman, entremêlant les personnages issus des diverses familles du village, se déploie sous un angle plus léger, plus érotique mais surtout avec beaucoup d'humour dû à des situations cocasses qui frôlent l'absurde.



Dans un style très abordable (merci aux traducteurs) Mo Yan nous brosse un tableau sans concession de la Chine rurale au vingtième siècle et nous fait prendre conscience de la rapidité des changements qui ont secoué ce monde qui paraissait immobile pour en faire aujourd'hui la puissance mondiale que l'on sait.
Lien : http://animallecteur.canalbl..
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Grenouilles

Dans la famille Wan, le narrateur est Wan le Pied, prénommé également Petit Trot, nom de plume Têtard. Celui-ci est écrivain et a la cinquantaine : il décide décrire l’autobiographie de sa tante Wan le Coeur.



Dans la première partie, Wan le Coeur devient sage femme à 18 ans, au début des années soixante. Pendant des décennies, elle va mettre des enfants au monde. Le narrateur lui a dix ans(naïf et gaffeur).



Dans la deuxième partie, vingt ans après, la tante Wan gère, d’une main de maître le planning familial (car Mao a dit qu’il ne devait y avoir qu’un seul enfant par couple et que la Tante est obéissante (pour ne pas dire totalement soumise au grand timonier)

1982 : Wan le Pied n’hésite pas entre l’avis de sa femme qui attend un deuxième enfant (strictement interdit) et sa tante qui veut faire avorter sa femme de force !

Ce roman arrive en même tant à être triste à en pleurer et à faire rire…



Troisième partie (20 ans après à nouveau): la politique de l’enfant unique commence à s’assouplir et Wan entrevoit la possibilité d’avoir un deuxième enfant : pour cela il ne reculera devant aucun crime (si ce que dit Chen le Sourcil est vrai, mais Chen le Sourcil est une femme et ce que disent les femmes n’est qu’affabulations, comme chacun sait…)



Quatrième et dernière partie : il s’agit de la pièce de théâtre écrite par Têtard : elle permet de revisiter en quelques 9 tableaux tout ce qui s’est déroulé au préalable.



Ce roman est ironique et très critique vis à vis de la politique de l’enfant unique, politique que les riches arrivent à contourner.

Il est également révélateur de la (misérable) place des filles et des femmes dans la Chine de 1950 à 2000 (toutes classes sociales confondues)



Un livre enthousiasmant qui mérite une relecture ; je ne pense pas avoir compris la moitié de ce que veux transmettre l’auteur (Mo Yan, prix Nobel de littérature 2012) même si l’écriture parait simple au premier abord.

Bref un coup de coeur ! Au niveau de ce que j’avais ressenti pour « 100 ans de solitude » d’un autre prix Nobel. (Que l’auteur cite d’ailleurs p 404)



Quant au titre de ce livre, il repose sur une homophonie en chinois ; le mot WA, selon le contexte, signifie soit « enfant », soit « grenouille »
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Beaux seins, belles fesses : Les enfants de..

J’avais beaucoup aimé « Grenouilles » de cet auteur. J’attendais donc avec plaisir ce nouveau roman.



J’avoue ne pas y avoir retrouvé le même plaisir. Peut être une certaine lassitude. Dans les deux cas, il y est question de la grande Histoire à travers l’histoire d’une famille ou plutôt dans ce cas du fils de cette famille.

Un fils très attendu puisque c’est le seul male d’une fratrie de neuf enfants.  Toutes ses sœurs ont d’ailleurs un prénom l’appelant ce frère. On se doute dès le départ que le père de cet enfant n’est pas forcément celui de l’administration mais cela ne jouera qu’un rôle marginal dans l’histoire enfin  avant que les dernières pages n’arrivent.





Ce fils qui devait faire la fierté de cette famille se révèle bien décevant. Obsédé par le sein de sa mère, il ne se nourrira que de lait pendant des années, il va développer un amour des seins qui va changer sa destiné dans tous les sens du terme.



On suit avec intérêt cette famille pendant un temps, puisque c’est pour le lecteur l’occasion d’assister à certains soubresauts de l’histoire Chinoise. On y voit l’impact des différentes vagues de l’invasion Japonaise et de leurs soutiens / ennemis. Où les héros d’hier ne sont pas ceux de demain. Où on voit la Chine évoluer entre traditions (les pieds des femmes), évolutions et révolutions.



On suit cette famille jusqu'à une période très récente, avec l’argent qui prend toute la place. Le fils fait fortune grâce à sa famille et son amour des seins. Mais il perd cette fortune et la raison pour la même raison.



La fin est très surprenante puisque l’on ne sait pas vraiment ce qu’il advient de ce fameux fils par contre on découvre l’enfance de sa mère. Enfance, qui n’est pas piquée des hannetons. Et qui va devenir très éclairante pour comprendre l’ensemble du roman et la place de la femme dans la Chine rurale.



Avec cette remontée dans le temps, j’ai eu l’impression d’assister à une sorte de raccommodage de ce roman. Je n’ai pas compris pourquoi cette dernière partie était placée à cet endroit. Cela fait un peu décousu. Il semble que Mo Yan est écrit ce roman sur plusieurs périodes.





En fait tout comme dans Grenouilles, les femmes sont les héroïnes de ce roman. Elles ont souvent un rôle ingrat mais elles portent sur leurs épaules beaucoup plus que les hommes. Il est clair que Mo Yan critique le système chinois mais cette critique est dirigée dans le passé et pour le présent ne touche absolument pas le système politique mais l’impact et le rôle de l’argent.



Je relirai volontiers cet auteur mais je laisserai passer un peu de temps pour mieux l'apprecier.



Comme d'habitude la première phrase:



"Ttanquillement étendu sur le kang, le pasteur Maroya vit qu'un rayon de lumière rouge éclairait la poitrine rose de la Vierge Marie et le visage joufflu de l'enfant Jesus aux fesses nues."
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Le maître a de plus en plus d'humour

Un aperçu de la société contemporaine chinoise sous la plume caustique de Mo Yan.

Il utilise l'humour et la tendresse pour nous faire connaître Lao Ding, licencié à 60 ans de l'usine où il semblait pourtant considéré comme un héros. Comble de malheur, il va se fracturer la jambe. Au bout de deux mois d'hôpital, il ressort en ayant dépensé toutes ses pauvres économies. Pas de révolte. Il va devoir s'inventer un nouveau métier dans cette Chine qui s'ouvre à l'initiative privée. Aidé de son fidèle apprenti, il va monter une petite "affaire" lucrative jusqu'à ce qu'un jour d'hiver, l'angoisse monte...

Pudeur, naïveté, honte autant de sentiments traités par petites touches par Mo Yan pour notre plus grand plaisir.
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Le maître a de plus en plus d'humour

Un court roman, ou plutôt une longue nouvelle, par un fleuron des lettres chinoises. C’est l’histoire de Lao Ding ("Maître" Ding), un ouvrier exemplaire, honoré et abreuvé d’éloges par les édiles locaux pour son habileté et sa constance au travail. Se retrouvant brusquement au chômage lors de la fermeture de l’usine pour raisons dites "économiques", il va suivre les conseils de son apprenti Lü Xiaohu, qui s’est recyclé dans le tricycle, et entamer une seconde carrière très lucrative, au nez et à la barbe des autorités. On laisse le soin au lecteur de découvrir de quoi il s’agit, car c’est très inattendu. Le charme opère dès la première page, l’ironie est omniprésente, l’humour aussi, comme l’indique fort justement le titre, même s’il s’agit bel et bien d’une critique en règle d’une société basée sur l’hypocrisie au nom du "bien commun de l’humanité".
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La Belle à dos d'âne dans l'avenue de Chang'an

Quand je décide de lire un Mo Yan , ce qui est assez récurrent cette année !, je découvre systématiquement des titres qui me sont inconnus. C'était le cas pour ce recueil de quatre nouvelles .

Quatre thèmes différents mais une convergence vers le fantastique , la création d'un univers singulier, la transition du rêve au cauchemar, l'étude des comportements humains et toujours cette force des mots créant un tourbillon enflammé autour du lecteur. Les récits sont plutôt ancrés dans le post maoïsme, même si deux d'entre eux sont intemporels.

On se balade d'abord sur la grande avenue Chang ' an qui traverse Pékin d'Ouest en Est en passant devant Tian'Anmen où au milieu des voitures un cavalier armuré et sa belle se promènent à cheval.

On suit ensuite le chemin d'un homme vers sa promise quand il est happé par une belle mystérieux et son chien.

Deux groupes de jeunes s'affrontent dans une peupleraie dans la troisième nouvelle

Et enfin , un enfant allant chercher un médicament pour sa mère est attaché à un arbre devant un mausolée.

Des intrigues qui , ainsi énoncées , n'ont pas de quoi faire se lever les foules mais qui par la beauté des images , la force de l'écriture , la liberté d'imagination laissée au lecteur et la force des symboles m'ont transporté comme le vent le fait des feuilles.

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