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Citations de Mohammed Dib (352)


Là ,s 'offrait à notre vue la noire vie de travail et de misères des fellahs , de ces hommes plongés dans la faiblesse et la timidité .
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Lumière crue ,chaleur écrasante ,c 'est en Algérie un été comme les autres .Quelques chuchotements nocturnes entre deux verres de thé à la menthe ,la famille ,les amis qui passent .Qu 'entend-on poutant derrière cette rumeur ?
Le silence du secret et de l 'inquiétude ,l 'écho des clandestins partis préparer une autre histoire pour leur pays et le pas de l 'armée française .
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Les mêmes choses arrivent-elles aux mêmes endroits?
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Pourtant , chose extraordinaire, en ville, Omar croisait des êtres souriants, bien portants repus. Joyeux dans le malheur, dans le dénuement général .
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[Omar] murmura pour lui tout seul dans une réflexion entêtée : "Et depuis, ceux qui cherchent une issue à leur sort, ceux qui, en hésitant, cherchent leur terre, qui veulent s'affranchir et affranchir leur sol, se réveillent chaque nuit et tendent l'oreille. La folie de la liberté leur est montée au cerveau. Qui te délivrera, Algérie? Ton peuple marché sur les routes et te cherche."
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A quelques pas, avec des gestes de démiurges, des conteurs récitent des légendes. A côté d'eux, des diseuses de bonne aventure, filles du Sud aux yeux câlins, adressent des signes aux passants. De tout cela, montent des odeurs fauves, des relents de graisse brûlée. Une rumeur faite de mille cris, de mille appels, d'insultes, de chants monotones, enfièvre l'air. A tue-tête, un crieur public annonce on ne sait quoi, que personne ne comprend. Plus loin, un homme à figure rouge, congestionné, bat des mains, secoue frénétiquement sa tête enturbannée. Sa physionomie change à chaque instant d'expression : étonnée, indignée, puis enthousiaste, grave. Il ne se lasse pas de discourir, sa harangue sonne clair par-dessus le brouhaha.
- Venez, mes amis! On vous dira la vérité sur vos maladies! On vous ordonnera des remèdes efficaces pour tout ce qui vous fait souffrir! Approchez!
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Ils retrouvent la qualité si particulière de silence et de sérénité qui accueille le passant dans ces vieux quartiers . Ils ont l 'impression d 'être transportés loin, bien loin du centre qu 'un instant plus tôt ils ont traversé ;loin de son
mouvement bruyant .Ce sont des quartiers peuplés aussi ,surpeuplés même , que ceux de la ville ancienne , mais les gens ne font pas de bruit ,ils sont calmes .
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A l'intérieur d' une des maisons de pierres dispersées à mi-pente ,une vieille femme aux pieds nus trottine de-ci, de-là ,à la clarté mouvante d' une lampe à huile . De multiples robes l' enveloppent malgré la saison ; sa tête est encapuchonnée dans d' épais foulards .Parfois elle s' arrête ,s' appuie des deux mains à ses genoux et pousse un profond soupir .Le temps de reprendre souffle ,puis elle recommence à cheminer de son pas de fourmi .
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Nulle part au monde, à coup sûr, hommes n'ont été entourés d'une aussi grande sympathie que les Français , chez-nous . Et comment ont-ils répondu à cette amitié , qui était vraie et sincère , je l'affirme par le sol qui nous unit , comment ? Par l'indifférence simplement , le plus souvent par le mépris . Ils
n' ont pas voulu voir en nous des égaux . Et nous avons été traités avec mépris .Nous mettons , nous , du prix à l'amitié que nous accordons .
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La route


L‘enfant cherchait.
Une route à peine tracée.
ll y allait à tâtons.

Le chemin se perdait.
Noyé sous la pluie.
Et tombait la pluie.

Tombait la pluie.
Tombait. Il marchait.
Il la regardait tomber.

Pas âme qui vive.
Il se palpa la figure.
C’est moi, dit-il.

Ce qui manquait.
Ce qui s’était perdu.
Il ne savait plus.

Continuait la pluie.
Pleuvait la pluie.
Pleuvait la pluie.
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...il feuilleta un gros cahier. Il proclama:
-La Patrie.
L'indifference accueillit cette nouvelle.On ne comprit pas.Le mot, campé en l'air, se balançait.
-Qui d'entre vous sait ce que veut dire: Patrie?...
Les élèves cherchèrent autour d'eux, leurs regards se promenèrent entre les tables, sur les murs, à travers les fenêtres, au plafond, sur la figure du maître; il apparut avec évidence qu'elle n'était pas là.Patrie n'était pas dans la classe.
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Avez-vous constaté comme à certains moments nous mourrons d'envie de marquer notre reconnaissance à autrui, à cause d'une joie qui nous fait le coeur léger comme une bulle ?
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Étranger

Si ce n'est pas ce froid, qu'est-ce qui me signale ?
Le rêve mal dissous, l'ombre noire et la voix
Qui font pleurer l'enfant, ou la brume hivernale ?
C'est moi... moi, l'importun qui vous barre la voie.

Je ne suis mort ni vif, ailleurs est mon domaine.
L'enfer du ferrailleur est moins que moi rongé,
Moins diffus le retour inquiet d'une âme en peine ;
Le regard qu'on lui jette éloigne l'étranger.

Il est une pâleur, il est une couleur
Et sombre et claire, un jour vague entre chien et loup :
Le croirez-vous, je suis fait de cette douleur.

Je viens d'ailleurs, que vaut l'objet qu'on porte au clou ?
Et voici que grandit en moi l'incertitude,
Que s'approfondit plus encor ma solitude.

.
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Dar Sbitar ne changeait pas ! Aujourd'hui ,il savait le prix des choses qui viennent et partent ;de celles qui demeurent .Il s'était endormi enfant ,il se réveillait , non plus enfant ,mais homme ,face à son destin .
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Il était tard ; je me demandais si je ne devait pas m 'en aller de ce café bruyant,sombre .Seul devant une table ,je regardais autour de moi les groupes qui bavardaient et fumer sans relâche .Au fond d 'une atmosphère obscurcie , les joueurs battaient leurs dominos avec des claquements de fouet qui , à la longue , portaient sur les nerfs .
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Omar n'acceptait pas l'existence telle qu'elle s'offrait. Il en attendait autre chose que ce mensonge, cette dissimulation, cette catastrophe qu'il devinait. Autre chose. Et il souffrait non parce qu'il était un enfant mais parce qu'il était jeté dans un univers qui se dispensait de sa présence. Un monde ainsi fait, qui paraissait irrécusable, il le haïssait avec tout ce qui s'y rattachait.
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Mais alors qu'on se demandait si les deux hommes allaient poursuivre encore longtemps cette discussion, Bensalem Adda éleva la voix :
- Pourquoi ne parlez-vous pas des colons ? Tout ce que vous dites est avisé et sage. Mais à quoi cela sert-il ? Vous ne prononcez pas un mot de ceux qui sont là pour notre malheur. C'est d'eux que vient tout notre mal ! Si vous nous parlez du mal et que vous ne dites rien des responsables, vous ne faites qu'user votre salive. Nous sommes tristes, je me le dis aussi dans ma tête ; c'est que nous nous intéressons trop à notre mal, et pas assez à son origine. Alors que c'est justement des responsables qu'il faudrait parler. J'en demande pardon à l'assistance, à vous tous, hommes. Si je me suis exprimé comme ça, c'est, je crois, comme ça qu'il fallait dire les choses.
Il avait craché ces paroles d'un ton intempestif, Bensalem Adda. Dans sa figure osseuse, affleura toute la misère de l'Algérien dépossédé. Cependant nul homme n'ouvrit la bouche.
Bensalem Adda, un fellah au sang un peu vif. Il ne fallait pas lui en tenir rigueur ; il n'en voulait à personne.
Mais voilà la question posée. C'était curieux. On eût dit que personne ne s'y attendait.
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A peine s'emboîtèrent-ils dans leurs pupitres que le maître, d'une voix claironnante, annonça:
- Morale !
Leçon de morale. Omar en profiterait pour mastiquer le pain qui était dans sa poche et qu'il n'avait pas pu donner à Veste-de-Kaki.
Le maître fit quelques pas entre les tables , le bruissement sourd des semelles sur le parquet, les coups de pied donnés aux bancs, les appels, les rires, les chuchotements s'évanouirent L'accalmie envahit la salle de classe comme par enchantement : s'abstenant de respirer, les élèves se métamorphosaient en merveilleux santons. Mais en dépit de leur immobilité et de leur application, il flottait une joie légère, aérienne, dansante comme une lumière.
M Hassan, satisfait, marcha jusqu'à son bureau, où il feuilleta un gros cahier. Il proclama - La Patrie.
L'indifférence accueillit cette nouvelle. On ne comprit pas. Le mot, campé en l'air, se balançait - Qui d'entre vous sait ce que veut dire Patrie ?
Quelques remous troublèrent le calme de la classe. La baguette claqua sur un des pupitres, ramenant l'ordre Les élèves cherchèrent autour d'eux, leurs regards se promenèrent entre les tables, sur les murs, à travers les fenêtres, au plafond, sur la figure du maître ; il apparut avec évidence qu'elle n'était pas là. Patrie n'était pas dans la classe. Les élèves se dévisagèrent Certains se plaçaient hors du débat et patientaient benoîtement.
Brahim Bali pointa le doigt en l'air. Tiens, celui-là ! Il savait donc ? Bien sûr Il redoublait, il était au courant.
- La France est notre mère Patrie, ânonna Brahim. Son ton nasillard était celui que prenait tout élève pendant la lecture. Entendant cela, tous firent claquer leurs doigts, tous voulaient parler maintenant. Sans permission, ils répétèrent à l'envi la même phrase.
Les lèvres serrées, Omar pétrissait une petite boule de pain dans sa bouche. La France, capitale Paris. Il savait ça. Les Français qu'on aperçoit en ville, viennent de ce pays.Pour y aller ou en revenir, il faut traverser la mer, prendre le bateau… La mer : la mer Méditerranée. Jamais vu la mer, ni un bateau. Mais il sait : une très grande étendue d'eau salée et une sorte de planche flottante. La France, un dessin en plusieurs couleurs. Comment ce pays si lointain est-il sa mère ? Sa mère est à la maison, c'est Aïni , il n'en a pas deux. Aini n'est pas la France. Rien de commun. Omar venait de surprendre un mensonge. Patrie ou pas patrie, la France n'était pas sa mère.
Les élèves entre eux disaient: celui qui sait le mieux mentir, le mieux arranger son mensonge, est le meilleur de la classe.
Omar pensait au goût du pain dans sa bouche : le maître, près de lui, réimposait l'ordre. Une perpétuelle lutte soulevait la force animée et liquide de l'enfance contre la force statique et rectiligne de la discipline.
M. Hassan ouvrit la leçon.
- La patrie est la terre des pères. Le pays où l'on est fixé depuis plusieurs générations.
Il s'étendit là-dessus, développa, expliqua. Les enfants, dont les velléités d'agitation avaient été fortement endiguées, enregistraient.
- La patrie n'est pas seulement le sol sur lequel on vit, mais aussi l'ensemble de ses habitants et tout ce qui s'y trouve.
Impossible de penser tout le temps au pain. Omar laisserait sa part de demain à Veste-de-Kaki. Veste-de-Kaki était-il compris dans la patrie ? Puisque le maître disait… Ce serait quand même drôle que Veste de Kaki… Et sa mère, et Aouicha et Mériem, et les habitants de Dar-Sbitar? Comptaient-ils tous dans la patrie ? Hamid Saraj aussi ?
- Quand de l'extérieur viennent des étrangers qui prétendent être les maîtres, la patrie est en danger. Ces étrangers sont des ennemis contre lesquels toute la population doit défendre la patrie menacée. Il est alors question de guerre. Les habitants doivent défendre la patrie au prix de leur existence.
Quel était son pays ? Omar eût aimé que le maître le dit, pour savoir. Où étaient ces méchants qui se déclaraient les maîtres ? Quels étaient les ennemis de son pays, de sa patrie ? Omar n'osait pas ouvrir la bouche pour poser ces questions à cause du goût du pain
- Ceux qui aiment particulièrement leur patrie et agissent pour son bien, dans son intérêt, s'appellent des patriotes.
La voix du maître prenait des accents solennels qui faisaient résonner la salle. Il allait et venait.
M Hassan était-il patriote ? Hamid Saraj était-il patriote aussi ?
Comment se pourrait-il qu'ils le fussent tous les deux 7 Le maître était pour ainsi dire un notable , Hamid Saraj, un homme que la police recherchait souvent. Des deux, qui est le patriote alors ? La question restait en suspens.
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Nous sommes déjà entrés dans l'ère du virtuel. Virtuelles sont de plus en plus les relations humaines, virtuels de plus en plus de déplacements, virtuels de plus en plus l'histoire et la géographie, de plus en plus l'art, la littérature et jusqu'à la biologie avec des clones aptes à la vie, virtuelle l'information, virtuelle la sexualité. Le tout virtuel, en un mot. L' unique chose à ne pas demeurer virtuelle : notre mort.

L'ordinateur devient l'ordonnateur.
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Omar pensa alors que le jour où Okacha partirait , bien des choses redeviendraient faciles .Il découvrait que le tisserand n 'était pas fait pour le défi et la mêlée .Il souffrit de voir cette force humiliée et vaincue .
-Est-ce que nous sommes devenus à ce point étrangers les uns aux autres ?
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