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Citations de Mohammed Dib (352)


(...) l'homme vit sur terre pour une tâche déterminée, chacun de nous a un devoir à remplir. En conséquence, un simple journalier est aussi utile dans sa place qu'un... roi à la tête d'une nation. Je dirai même plus utile. Il ne mange que du pain sec, mais il le gagne. Et si, de plus, il éprouve de l'intérêt pour son travail, c'est un homme sauvé. Disons plutôt pour éviter les grandes phrases : c'est un homme heureux... Enfin, à sa manière. Oui, heureux à sa manière, car il doit lui manquer beaucoup de choses. Cependant il a l'essentiel; s'il ne mange que du pain trempé dans de l'eau, il a son travail, et même davantage : l'attachement à son travail. Et ça, c'est une réalité.
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Nous avons conscience du silence. Nous ne l'avons pas entendu tout de suite, ne nous rendant compte d'abord que d'un faux silence, de quelque chose comme l'envers d'un grondement, mais déjà de si étranger à tout ce que nous connaissons, à tout ce que nous avons appris à écouter et à apprécier que nous restons longtemps, passons un moment avant d'y prêter attention. Puis il a dressé autour de nous sa présence péremptoire.
Nous pouvons l'entendre maintenant. Nous l'écoutons tous.
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"Omar avait fini par confondre Dar-Sbitar avec une prison. Mais qu'avait-il besoin d'aller chercher si loin? La liberté n'est-elle pas dans chacun de ses actes? Il refusait de recevoir de la main des voisins l'aumône d'un morceau de pain, il était libre".
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À Dar-Sbitar s'élevaient encore les protestations véhémentes du vieux Ben Sari ; mais les forces de l'ordre étaient parties.
- ... Je ne veux pas me soumettre à la Justice, clamait-il. Ce qu'ils appellent la justice n'est que leur justice. Elle est faite uniquement pour les protéger, pour garantir leur pouvoir sur nous, pour nous réduire et nous mater. Aux yeux d'une telle justice, je suis toujours coupable. Elle m'a condamné avant même que je sois né. Elle nous condamne sans avoir besoin de notre culpabilité. Cette justice est faite contre nous, parce qu'elle n'est pas celle de tous les hommes. Je ne veux pas me soumettre à elle... Aïe, cette colère, on ne l'oubliera pas! Ni la prison où des ennemis enferment nos hommes. Des larmes, des larmes et la colère, crient contre votre justice... elles en auront bientôt raison, elles sauront bientôt en triompher. Je le proclame pour tous : qu'on en finisse! Ces larmes pèsent lourd et c'est notre droit de crier pour tous les sourds... s'il en reste dans le pays... s'il y en a qui n'ont pas encore compris. Vous avez compris, vous. Allons, qu'avez-vous à répondre? ...
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- Où allons-nous?
- L'essentiel est que nous y allions ensemble.
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On pensait : c'en est fini du froid ; puis l'hiver faisait un brusque retour sur la ville et incisait l'air avec des millions d'arêtes tranchantes.
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- Je veux [que les hommes] apprennent à ne vouloir qu'un seul bonheur : la liberté.
- Il y a le bonheur de vivre... Revivre... Tout simplement.
- Tu divagues!
- Tous les hommes pourtant désirent ce bonheur.
- Il n'y a pas d'âme dans tout ça! Ce qu'il faut, c'est réapprendre à se sentir libre. Et la soif de vivre renaitra.
- Il faut ouvrir les yeux et voir...
Hamedouch éclata de rire.
- Le monde est dur, dit-il en frappant du poing contre le mur. Tous ceux qui aspirent à des idées élevées, généreuses, s'y briseront. Ne soyons pas surpris si l'épuisement avant de commencer la lutte se montre chez nous...
Ses paroles perçaient le coeur d'Omar.
- N'oublie pas que nos frères ont le don de s'accoutumer à tout, que leurs misères ne les touche même plus!
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L'amour ne vous rapproche-t-il que d'une illusion quand il vous libère de vous-même [...].
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Mohammed Dib
Avez-vous constaté comme à certains moments nous mourons d'envie de marquer notre reconnaissance à autrui, à cause d'une joie qui nous fait le coeur léger comme une bulle?
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Ce n'est qu'une femelle. Hon ! Et encore une fille vaut mieux que lui. Tout le temps fourré à la maison. Ma pauvre Aïni ! Tu es la proie de ces enfants sans cœur qui te sucent les sangs. Avec eux, tu n'arriveras à rien.
- Je vais à l'école, moi, intervint Omar, sans considération pour les paroles de sa tante. Et j'apprends des choses. Je veux m'instruire. Quand je serai grand, je gagnerai beaucoup d'argent.
- Renonce à tes idées, dit Lalla avec humeur. Il te faudra travailler comme une bête si tu veux seulement vivre. Ceux qui n'ont pas mis les pieds dans une école meurent de faim ? L'instruction, ce n'est pas pour toi, ver de terre. Qu'est ce que tu crois pour prétendre à l'instruction ? Un pou qui veut s'élever au-dessus de sa condition. Tais-toi, graine d'ivrogne. Tu n'es que poussière, qu'ordure qui colle aux semelles des gens de bien. Et ton père, lui, a-t-il été à l'école ? Et ton grand-père, et tes aïeux ? Et toute ta famille, et tous ceux que nous connaissons ? Tu auras à être un homme, ou tu seras écrasé. Il te faudra supporter la dureté des autres, être prêt à rendre dureté pour dureté. N'espère pas le bonheur. Qui es-tu, qui es-tu, pour espérer le bonheur ? N'espère pas vivre tranquille, n'espère pas.
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Je les revois, ces steppes sur lesquelles les fellahs s'agrippent. Nous y sommes allés, conduits par lui, en décembre dernier. Des étendues sans fin où l'herbe est rare, consommée ; des étendues nettes. Nous avancions. Il n'y a que ces steppes et elles ne portent que ces touffes noires entre les pointes des rochers qui les hérissaient. Sur des lieues et des lieues. Chaque oued était un ossuaire sur un fond de sable propre. Le vent griffait le pays, pompait l'humidité de l'air, faisait craquer les plantes. Allant, venant, entre les montagnes d'où des pans s'étaient écroulés, il irradiait une lumière de soude sur leurs masses hiératiques.
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- Les patrons sont devenus plus avares, et surtout plus durs, depuis qu'ils tâchent de ramasser dans le moins de temps possible, un argent avidement disputé à celui qui en gagne trop peu.
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À Bni Boublen, les visages sont tout à fait simples et familiers. Les fellahs vont au travail sans qu'on le leur dise ; ils sont faits pour ça. Ils sont sobres et mesurés dans leurs goûts. Mais ne leur demandez pas de plier l'échine. Bni Boublen est une vraie région de bonnes gens, qui ne se distinguent que par un trait : leur parler traînant. Mais chaque mot y est bien pesé. Chez nous le travail est assidu, l'oisiveté peu fréquente. Ce n'est qu'un endroit banal. Une poignée de gens qui n'ont rien d'extraordinaire. Mais presque tout ce qui fait l'Algérie est en eux.
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Ce matin entrouvre ses yeux
Dans la brume, la solitude
Et les quelques fleurs de la steppe.

Là-bas des herbes sèches brûlent,
Tout là-bas palpite une voile
-Ou est-ce une femme qui marche?

Je regarde ces terres rouges
Et pense: c'est peut-être tout
Ce qui me fait un coeur tenace.

Une voix
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La conversation part tout de suite. Elle devient générale, bruyante, gaie. Des gicleurs, des lambeaux, me parviennent :
... le malheur avec les Occidentaux, c'est qu'ils en sont arrivés à penser que la civilisation est tout ce qui est bon pour eux ; ils s'enferment dans le confort qu'elle leur procure comme dans un bastion fortifié et hors duquel un cataclysme même ne saurait les tirer que pour les emporter avec leur refuge...
... jusqu'à quel point le menteur ment-il véritablement, jusqu'à quel point cherche-a-t-il à donner le change? L'homme avance masqué...
... nous cachons ou renions certaines parties de notre âme de la même façon que certaines parties de notre corps...
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"Ce n'est pas une vie que la nôtre. La vie que nous menons depuis nos plus lointains ancêtres n'est plus une vie. Nous nous ennuyons et nous n'avons plus la force de vivre. Nos parents, nos grands-parents, les parents de nos grands-parents... avaient tous des devoirs. Pour eux, la vie ne pouvait se passer de devoirs. Ce que nous savons d'eux, ce qui nous est parvenu de leur temps, la manière dont ils comprenaient l'existence, me fait dire ça. Précisément la conscience de ces devoirs avait fait d'eux des hommes, alors que nous, nous n'avons pas trouvé mieux que de nous libérer des nôtres. Comme des bêtes, nous mangeons et ne pensons à rien. Il n'y a plus de devoirs. Nous sommes des hommes qui n'ont plus de tâches à accomplir. Notre vie nous semble inutile ; nos actes nous paraissent inutiles ; nous nous promenons, inutiles nous-mêmes, sur cette terre ; nous ne trouvons aucune joie dans nos travaux, qui sont devenus des travaux anciens. Pas de joie dans nos amitiés, pas de joie dans les paroles que nous échangeons avec nos semblables, pas de joie à voir grandir nos enfants, pas de joie à voir nos biens fructifier. C'est bien le signe qu'il nous faut des tâches nouvelles. Nous vivons et agissent uniquement par nécessité, pour en pas laisser la flamme s'éteindre, et en attendant des jours meilleurs. La vie reviendra avec sa joie quand nous aurons découvert de nouveaux travaux à accomplir."
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   Sur la terre, errante
   extrait 3


Moi qui parle, Algérie,
Peut-être ne suis-je
Que la plus banale de tes femmes
Mais ma voix ne s’arrêtera pas
De héler plaines et montagnes ;

Je descends de l’Aurès,
Ouvrez vos portes
Épouses fraternelles,
Donnez-moi de l’eau fraîche,
Du miel et du pain d’orge ;

Je suis venue vous voir,
Vous apporter le bonheur,
A vous et vos enfants ;
Que vos petits nouveaux-nés
Grandissent,
Que votre blé pousse,
Que votre pain lève aussi
Et que rien ne vous fasse défaut,
Le bonheur soit avec vous.
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Le père et le fils continuent à manger sans souffler mot .Par instants ,l 'un et l 'autre soulève le pot plein de lait à forte saveur ,en avale bruyamment une large lampée , après quoi ils reprennent la cuillère .
La femme les regarde .De son corps puissant fait pour les gros travaux des champs , façonné par eux , se dégage un air de dignité simple . Malgré le malheur qui les a frappés , Aalia conserve une expression de bonté innocente.
Elle est un peu étonnée seulement : elle ne semble pas comprendre comment tant de méchanceté puisse exister sur terre .
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-Il y a des moments où le cœur n 'est pas à l 'ouvrage ,les mains savent quoi faire , mais l 'esprit est ailleurs :alors l 'inquiétude monte en nous .La patience ne nous satisfait plus , " L 'homme disent certains ,est ceci et cela ."L 'homme ,l 'homme ! Ils ont plein la bouche . Amis de quel homme s 'agit-il , je voudrais bien le savoir ! S 'agit-il de Pétain ? De Rothschild ? Ou s 'agit-il de moi ? Il faut parler clairement , ne pas tout mettre dans le même sac .Et surtout ne me faites pas croire que je suis comme celui qui possède la moitié d 'une province Ne me faites pas croire non plus que je suis souffre ...parce que je suis né pour souffrir .Je suis un homme comme un autre !
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La sagesse de la mer finit toujours par l'emporter sur les trépignements de l'homme, j'étais prêt à le croire. J'aimais aussi, sans m'en rendre compte, le parfum de sel dans lequel sa parole me parvenait.
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