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Critiques de Mohammed Dib (89)
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La Grande Maison

« Grande et vieille,Dar Sbitar était destinée à des locataires qu'un souci majeur d'économie dominait ; après une façade disproportionnée, donnant sur la ruelle, c'était la galerie d'entrée, large et sombre : elle s'enfonçait plus bas que la chaussée, et, faisant un coude qui préservait les femmes de la vue des passants, débouchait ensuite dans une cour à l'antique dont le centre était occupé par un bassin. A l'intérieur, on distinguait des ornements de grande taille sur les murs : des céramiques bleues à fond blanc. Une colonnade de pierre grise supportait, sur un côté de la cour, les larges galeries du premier étage."

Cette maison - dans un quartier ancien de Tlemcen - c'est celle où habite Omar, un petit garçon de dix ans.

Le thème de la grande maison est souvent utilisé comme en coupe illustrative d'une société donnée depuis les romans réalistes du XIXe siècle jusqu'à "La Ruche" de Camilo Jose Cela ou "La Vie. Mode d'emploi" de Georges Perec.

Ici, c'est dans le but de montrer l'extrême misère de cette société algérienne et provinciale à travers la famille d'une veuve, Aïni, de ses enfants, Omar et ses deux sœurs, et d'une grand-mère grabataire.

L'auteur explore le non-dit et les fissures psychologiques de ce monde clos et sans espoir.

Cependant, la sirène qui annonce la guerre,viendra remuer ce petit monde et le sortir de sa routine : Omar en oubliera d'aller chercher le pain alors qu'Attyka -une pauvre possédée - prédit la fin du monde dans quarante jours,s'effondre au milieu de la cour en criant : " Le quatorzième siècle ! Satan ! Satan! "

La misère extrême se traduit par l'omniprésence de la faim qui exerce sa dictature sur leur quotidien;et quand ce n'est pas la faim, c'est la chaleur estivale torride, qui jour et nuit, pèse sur ce petit monde.

On entend Attyka chanter : "Donnez-moi de l'eau fraîche / Du miel et du pain d'orge "...et plus loin, Aouïcha et Meriem, les deux sœurs d'Omar rêveront de couscous royal...

La situation coloniale est un thème présent dès le premier chapitre quand, à la surprise d'Omar, s'ouvre la parenthèse en arabe dans la leçon de morale de l'instituteur, M. Hassan, sur la patrie. C'est aussi l'arrestation d'Hamid qui tente d'organiser les ouvriers agricoles.

L'origine espagnole d'une partie des colons, tel Gonzales - le petit patron qui emploie Aïni,à coudre des empeignes d'espadrilles - fait que les gamins des rues savent comment interpeller le menuisier ivrogne dans la langue de Cervantès :"borracho" !

Mais toute "lingua franca" est exclue...

Ce roman est le premier volet d'une trilogie; suivront:

"L'incendie" et "Le métier à tisser".

M.Dib,c'est un peu Zola...



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Le métier à tisser

" Le Métier à tisser" est le troisième livre de la trilogie de Mohamed Dib,

trilogie composée de : "La Grande Maison", " L' Incendie" et " Le Métier à

tisser" .

Omar qui était un enfant dans le premier roman, est devenu un jeune

homme mâture , réfléchi et posé .Il entre comme apprenti chez des

tisserands d' où le titre du roman :"Le Métier à tisser" .C' est, presque la fin

des années trente et l' année 1940 est là .C' est dans cette atmosphère très

dure, tendue et où les Algériens font face aux difficultés quotidiennes de la

vie, et, les problèmes n' en manquent pas : le chômage, la maladie, la

faim, l' ignorance . C' est une population malheureuse, abandonnée a

elle-même , écrasée par tous les maux qui découlent de la colonisation .

Avec ce roman, Mohamed Dib montre que c' est tout un peuple qui

tend la main non pour mendier mais pour saisir une autre main fraternelle.

Réussira-t-il dans cette tentative ? Telle est la leçon de ce roman qui nous

parle à voix humaine d' un temps prochain proche et lointain où toute

blessure pouvait encore être guérie. C' est une leçon d' espoir ?

Avec cette trilogie, Mohamed Dib a essayé de montrer ce que la

majorité des Algériens ont enduré mais ont cru qu' un jour viendra où ils

seront libres et goutteront la joie de l' indépendance et de la liberté .
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Ombre gardienne

Ombre Gardienne. Le "je" dans ce recueil de poèmes est bien une ombre qui voit, ressent, s'exprime dans de courts poèmes oniriques. Ces textes nimbés d'une vague de chaleur et de lumière, quand il est question d'une Algérie également en proie à la guerre, ces textes donc prennent une teinte plus obscure lorsque l'auteur s'exile en Europe. L'absence, le vide, le sentiment d'inappartenance à Paris ou à Anvers mais également les couleurs fragiles et lumineuses des forêts, la dure géométrie des ports et des rues, contre la mort, le sang et la douceur des fruits et des fleurs en Algérie, l'amour, la femme.

Le narrateur est à peine une silhouette, une âme sensible dans un monde transformé.

Il y a, aussi, Chant Pour Elsa, de prose plus surréaliste, tout en sensualité, le corps et la terre.

Et enfin, en préface, un texte d'Aragon auquel Mohammed Dib s'était lié et qui l'a défendu lorsque l'Algérie a commencé à se soulever contre la colonisation.



Une très belle découverte, merci ma bibliothèque de quartier.



Lu dans le cadre du Challenge Poésie
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L'Incendie

M. Dib nous livre ici un roman poignant et passionnant, bien écrit et qui donne un éclairage complémentaire à une partie de l'histoir (y-compris de France)

Un enfant nous guide dans la découverte d'un monde mal connu, celui des paysans Algériens, alors que l'on nous parle bien plus souvent des villes et des centres de décision de ce pays, dans un contexte qui préfigure ce que seront de fameux "événements"...

C'est une réflexion originale sur la vie, l'amour, la mort, l'espoir, l'engagement, et tant d'autres choses que l'on peut découvrir entre les lignes, entre les mots.

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Les terrasses d'Orsol

Alors, lecteur, accroche-toi ! Parce que « Les terrasses d'Orsol » nous entraînent sur les rebords d'une fosse mystérieuse par des chemins sinueux et jalonnés de difficultés qui peuvent parfois sembler inextricables.

Les premières pages m'ont perturbé au point de ne pas savoir si j'irais plus loin. Mais le piège s'est refermé et j'ai cru trouver un chemin empruntable. Pendant plusieurs chapitres, la vue s'est même considérablement dégagée. Mais ce n'est que malice, le terrain s'effondre à nouveau sous mes pieds et le lecteur perd tout repère. Ce livre vous happe, l'écriture est sublime, mais oh combien il est difficile de trouver quelques aspérités auxquelles s'accrocher.
Lien : https://bw.heraut.eu/user/Ba..
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Ombre gardienne

Ombre gardienne est le titre de quelques-uns des poèmes qui ouvrent le très beau recueil de l'écrivain algérien Mohammed Dib, publié en 1961.

Ombre gardienne est celle d'une voix étrange et enveloppante, celle d'un regard soucieux et bienveillant qui s'adresse aux femmes, à celles du pays lointain, à celles qui connaissent un " sommeil amer ".



Ces premiers poèmes sont l'esquisse d'une poésie tout en sensibles impressions, qui tracent l'aube, d'une errance sur la terre, qui font le coeur tenace et inquiet. le silence, les étoiles, le coeur, les oiseaux , l'eau, le sang, la ville,... sont comme les éléments d'une poésie qui s'empare du peu pour en composer un tout.



Parole à contre-jour, au revers de la lumière, elle parle d'une terre d'ombre, d'un chemin d'exil, d'un port d'accueil et d'asile, des soirs tendres à Paris, du ciel gris et rose au-dessus de la Seine, et d'ailleurs... comme un mauvais rêve qui peu à peu disparaît :



« J'ai devant les yeux une image

De lumière aux mouvements doux ;

Elle attise l'air autour d'elle.



Il fait un temps dont on ne sait

Quel secret patiemment transmue

Le limon d'amertume en miel.



On croit entendre l'avenir ;

Le fond bleu du ciel bat : rues, arbres

Hommes, toute la vie écoute.



La vive paix du monde afflue,

La braise tendre du soleil

S'allonge sur tous les chemins.



Et ce beau jour calme un peu froid

Mais qui brille longtemps allège

Le coeur assourdi de l'homme. »





La ville, la nuit et l'exil imprègnent la poésie de Mohammed Dib. le thème du déracinement inspire et interroge toute son écriture, accroît une obstination à croire qui va jusqu'à l'égarement, avec lui la possibilité d'un retour à la terre, d'un paysage jamais oublié.



.
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L'Incendie

«l'Incendie». Toujours la chronique algérienne. Mais cette fois-ci, non plus en ville, mais Omar à la campagne, au milieu des travailleurs ruraux (surtout dans les fermes coloniales) et des paysans de la montagne. La misère absolue (on est en 39) qui vous fait oublier les réalités (ce qui donne une écriture plus grave, encore plus engagée, «décidée», que dans celle de la Grande maison)... mais aussi, une prise de conscience que la seule voie est la lutte. Grâce à des militants comme Hamid Saraj, grâce à des visionnaires comme Commandar, grâce à des baroudeurs obsédés par la liberté, les choses se mettent en place. «Un incendie avait été allumé, et jamais il ne s'éteindrait. Il continuerait à ramper à l'aveuglette, secret, souterrain ; ses flammes sanglantes n'auraient de cesse qu'elles n'aient jeté sur tout le pays leur sinistre éclat»

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Poésies, tome 1

Dans ce premier volume des œuvres complètes de Mohammed Dib consacré à toute sa poésie, il est difficile de mettre en lumière tel ou tel recueil qui résumerait à lui seul toute sa sensibilité poétique. Chez l'écrivain algérien les thèmes et les styles abondent. Discrète, simple, comme détachée de toute contingence, il y a dans la poésie de Mohammed Dib une ardeur toute entière ancrée dans le soleil et la mer de sa terre d'origine, dans le désert tout proche, dans l'enfance éblouie par la vie qui l'entoure. Poésie pudique, sensuelle, elle parle de ce qu'offre la lumière du jour et de tout ce que murmurent les secrets de la nuit.



De "Formulaires", de "L’Aube Ismaël" jusqu’à "O vive", ce qui touche dans l'écriture de Mohammed Dib, c'est ce mouvement léger, sensible, presque étrange, qui s'opère à sa lecture, un même mouvement de décomposition et de recomposition lente du poème qui faire naître de nouvelles images, de nouvelles impressions chez le lecteur. Qu'elle soit en vers libres ou en prose, la poésie de Mohammed Dib est souvent présentée comme assez hermétique, aride. Durant sa lecture, elle apparaît pourtant comme une évidence, comme quelque chose qui touche instantanément la sensibilité, fait remonter de lointains souvenirs. Tout est saisie du monde, du temps, porté par un regard intérieur, un regard attentif qui a fait l'expérience du silence, de la nuit et de l'exil pour mieux revenir à une authenticité, à une vérité profonde des êtres et des choses.



“ Le cœur inlassable * -



Soulever ton silence

gagner sur ton épaule

la fleur qui brûle sa chance



cette défection de tendresse

cette solitude d'orchidée

et le fardeau penché du visage



la durée qui s'y entrepose

et que n'offusque aucun voile ni

le bord du vent endormi sur ta bouche



sous la poussée d'une furieuse aurore

le pouvoir d'une absence prolifique

s'arrogeant ton nom et le mien



et t'entourer de cette persuasion

de cette dure lampe qui creuse

une rumeur de vent



dans une graduelle chaleur

polie par le désespoir ”



Dénuée de tout lyrisme, de tout sentimentalisme trompeur, la poésie de Mohammed Dib ouvre des fenêtres sur le monde, nous convie, en creusant toutes les nuances et les paradoxes, à une méditation particulière, à une douce errance sur les rives de l'âme et du corps, de tout ce qui donne sens à la vie.



“ La lumière pour signe ** -



berges au matin

ivres d'effacement



la courbe en vous

se fait don qui

meurt à mesure



et même enfance

pour avoir éclairé

le visage au-delà



monte

jusqu'à l'irruption

de la candeur ”



L'immuable comme l'éphémère, la lumière comme la nuit, la présence comme l'absence, le passé comme le présent, donnent toute leur beauté à une parole rare, celle d'une poésie qui laisse au cœur une trace, une saveur particulière.



(*) extrait de “Formulaires”, 1970

(**) extrait de “O Vive”, 1987.
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Le métier à tisser

Troisième volume d’une trilogie.

Je n’ai pas lu les deux précédents.

C’est la guerre, la misère en Algérie. Des milliers de mendiants envahissent la ville.

Omar entre en apprentissage dans un atelier de tissage. A l’écoute des ainés, il découvre, selon qui s’exprime, la colère, la résignation, la révolte, la détermination…..

Il ya a beaucoup de philosophie et de poésie dans ce roman.

Mais je l’ai trouvé répétitif et à vrai dire, un peu ennuyeux.

Il faut dire qu’il date de 1957 et a peut-être un peu vieilli.

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La Grande Maison

Un roman qui se penche sur la situation des gens en Algérie juste avant le déclenchement de la guerre. La pauvreté, la misère et la faim aneantissent les sentiments d'affection entre les gens. C'est un livre très touchant.....
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Ombre gardienne

Je suis toujours sensible à l'écriture d'un auteur qui écrit dans un français qui n'est pas sa langue maternelle. Quand, de surcroit, nous sommes en poésie (en Polésie, aurait-dit la petite fille de Pierre Desproges), cela ajoute à mon rêve. Je m'essaie parfois moi-même à écrire des poèmes dans d'autres langues que la mienne, en italien bien souvent, et j'avoue que paradoxalement cela me décomplexe un peu, car je sais dès le départ que mon vocabulaire et ma syntaxe sont limités, et que j'atteindrai aisément une simplicité qui souvent me fait défaut en français.Est-ce la même démarche qu'a suivie Mohammed Dib dans ce premier recueil de poèmes écrit en français et publié en 1960 ? Quoi qu'il en soit, ses vers sont empreints d'images directes, accessibles.

Le charme de ce recueil est de concilier la rationalité de la langue française et l'évocation poétique arabe : célébration de la nature et ses parfums, sensualité pudique mais explicite... On rencontre également au fil des pages les thèmes de l'exil, de la solitude de l'étranger. Il est difficile de juger la poésie. Ca nous parle ou pas. Ca résonne ou pas.Ca fait écho ou pas. "Ombre gardienne" a résonné plus ou moins en moi, et sans demi-mesure : j'ai adoré certains poèmes quand d'autres m'ont laissée totalement indifférente. Mais c'est le jeu du genre, son mystère aussi, et c'est bien ainsi. Pour moi, ne serait-ce que pour un ou deux poèmes, le recueil entier vaut le détour.

La littérature comme l'amour est une histoire de rencontre et de hasard, de mektoub... J'ai choisi ce recueil dans ma bibliothèque de quartier, dont le rayonnage "poésie" est plus que réduit, pour son titre. Je ne connaissais pas l'auteur. Après avoir lu les poèmes, j'ai cherché des informations sur Mohammed Dib, et j'ai découvert qu'il avait fait la connaissance dans sa jeunesse d'Albert Camus dont il est devenu l'ami, une amitié qui a perduré lorsque Mohammed Dib a quitté l'Algérie pour venir en France. Comment dit-on déjà ? Ah oui, les amis de mes amis sont mes amis...
Lien : http://parures-de-petitebijo..
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La Grande Maison

Il s'agit d'un roman traitant surtout d'une misère extrême, à la veille de l'entrée en guerre en 1939. L'action se déroule à Tlemcen, quartier pauvre d'Alger, dans une maison immense habitée par un grand nombre de familles, qui donnent l'impression de vivre presque en communauté. Malgré un travail intense, la mère d'Omar, le principal protagoniste de cette histoire, est dans l'incapacité de nourrir ses enfants, elle ne peut même pas leur offrir un quignon de pain quotidien... Il y a beaucoup de dureté dans ce roman, car en dehors des privations de nourriture il y a aussi de la maltraitance vis à vis des enfants et aussi de la grand-mère qui est en fin de vie. Mais on trouve aussi une certaine fierté, un certain paraître, quand la mère convoque le voisinage pour montrer qu'elle a reçu des denrées alimentaires. Il y a aussi beaucoup de commérages, d'imprécations, de prières. L'auteur dresse un tableau très noir de la vie dans cette "grande maison" et le portrait qu'il peint de ses habitants ne les rend pas très sympathiques. Le style est particulier, tout est dépeint souvent comme dans un mauvais rêve, par Omar torturé par la faim. La faim étant le sujet principal de ce roman.
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Au café

Ce recueil de nouvelles m'a semblé écrit en français de manière remarquable surtout en ce qui concerne les descriptions. Mais, puisqu'il s'agit essentiellement de dresser des éléments relatifs à la culture et au mode de vie en Algérie, sans doute y a-t'-il eu de la déperdition. Car, en effet, si le document avait été écrit en arabe et traduit en français, le génie de langue arabe aurait été traduit dans le génie de la langue française et c'est bien le génie de la langue arabe qui semble manquer. Sinon, les thèmes sont plutôt des complaintes de la faim, de la misère et du manque de démocratie.
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Le métier à tisser

«Le Métier à Tisser». Exit le roman de témoignage. C'est la Grande guerre et une plus grande misère. Les populations des campagnes (où «même les oiseaux de seigneur Dieu y meurent de faim»), affamées, déjà sur- exploitées, fuient vers la ville pour y quémander ne serait-ce qu'un quignon de pain rassis… déjà bien rare. Le choc. La découverte d'autres Algéries... autour d'un métier à tisser, au fond d'une cave. Et, l'exploitation par un frère de religion. Des réflexions. Des discussions. Parfois des heurts brutaux et des coups de folie. La solution jaillit : «Il n'y a que l'action qui paie».

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La Grande Maison

«La Grande Maison». Dar Sbitar, microcosme emblématisant le peuple tout entier. Aucune intrigue. Mais, seulement, un garçonnet, Omar, 11 ans, qui découvre, à l'école mais, aussi et surtout, dans la rue, le monde qui l'entoure. Qui vit la faim quotidienne. Qui découvre la valeur de la liberté. Qui sent que «sa mère est à la maison, c'est Aïni ; il n'en a pas deux… Patrie ou pas patrie, la France n'est pas sa mère ». Une fresque sociale… qui. a imposé des noms et des lieux : Aïni, Dar Sbitar… Un seul héros : la misère… avec une colère qui sourdre, des interrogations («pourquoi ne se révoltent-ils pas ? Ont-ils peur ? De quoi ont-ils peur… pourtant c'est simple» se dit l'enfant)... et une révolte qui monte, qui monte...

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Un été africain

Mohamed Dib, est un classique de la littérature algérienne . Il a écrit de très beaux romans ou plutôt une trilogie ( La Grande Maison- L'Incendie- le Métier à tisser ) où il décrit avec un grand réalisme les peines et les souffrances de la grande majorité des Algériens durant la période coloniale. La trilogie décrit la vie des Algériens à partir des années trente jus qu' au déclenchement de la Révolution le Premier novembre 1954 .

" Un été africain " a été édité et publié en 1957 . Mohamed Dib, donnant une préface à la traduction bulgare, en octobre 1961, écrit : "Avec ce roman, nous entrons dans la tragédie, mais personne ne le sait, je veux dire : aucun des personnages présents. Ce livre a été écrit pendant que les événements relatés se produisaient ; même un peu avant, pour certains . Ce n' est que rétrospectivement, aujourd’hui' hui, que les protagonistes pourraient parler de tragédie .Ceux d' entre eux du moins qui sont encore de ce monde .

Lors qu( on prononce le mot " tragédie" , on s' imagine tout de suite devant une scène, attendant que les trois coups soient frappés, que le rideau se lève et qu' apparaissent des acteurs sachant parfaitement ce

qu' ils ont à faire, que leur voix, leurs expressions, leurs gestes, étudiés, sont prêts à concourir à cette fin : donner la tragédie .

Dans cet ouvrage, il y a bien des acteurs mais ils ne sont nullement

préparés aux rôles qu' ils vont jouer, ils ne savent pas qu' ils vont participer à une tragédie, ou à quoi que ce soit de semblable, il n' y a pas de plateau,aucun rideau ne se lèvera-ni se baissera-; il n' y a pas de rideau .Les hom-

-mes et les femmes qu' on rencontrer, s' ils vont vivre une tragédie, ce n' est qu' à compter du moment où le lecteur ouvre le livre et les regardera agir . Où une relation d' eux à lui s' établira . C' est au lecteur qu' il appartient

de découvrir, à partir du libre jeu de leur comportement et de leurs pensées, mais aussi de la nécessité où ce comportement et ces pensées

s' inscriront, la réalité magique qu' ils véhiculent à leur insu. Cette réalité sera dans sa conscience, non dans celle des personnages " .

Ceci est une partie de la préface de l' auteur à son livre où il livre au lecteur les tenants et aboutissants du drame que l' auteur qualifie de tragédie, et oui, on ne peut pas la nommer autrement.

En conclusion, la lecture de ce beau livre nous montre un grand maîtrisant à merveille la langue et sa façon de nous faire sentir la population algérienne a vécu dans son âme et sa chair .

Un très beau livre qui mérite sa note de cinq sur cinq .
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Au café

Ces sept admirables nouvelles racontent l’histoire d’une rencontre. Une rencontre simple, fortuite, produite au hasard et/ou produit du hasard, entre deux hommes ; entre un algérien et un français, dans un café. Comme le hasard fait bien les choses, surtout dans les lettres, cette rencontre révèle à quel point l’humanité simple peut s’accorder sur les choses de la vie, sans préjugés et sans rancœurs. Cela voudrait-il dire que la rencontre de l’Algérie et de la France, si jamais elle survienne, serait-elle comme Dib la laisse entendre dans le sens et la moralité de la nouvelle ? Ce hasard est surprenant car la rencontre de deux hommes, de deux existences humaines, aux destins fondamentalement opposés et différents, restent cependant semblables et identiques ! Les deux hommes qui se rencontrent dans ce café, au hasard encore, parviennent à la même conclusion : «"Voilà un homme qui a réfléchit ! Il est arrivé à une conclusion que je ne peux pas réfuter sans me contredire" Je resterai muet. Lui, comme s’il ne le remarquait pas, déclara encore une fois tout haut : "- Chienne de vie…"»

Au café est l’histoire d’un homme en mal de vivre qui se retrouve dans un café surpris par la nuit, comme replié sur lui-même, arrache «quelques heures» à la durée pesante du temps, «prolonge» un moment de répit, rien qu’une nuit. Au bout d’un certain moment, il est interpellé par un «inconnu», fraichement sorti de prison. Il s’en méfie, s’en éloigne. Puis, l’inconnu le surprend et le laisse écouter son histoire pour arriver enfin à une même conclusion. Le café, le lieu d’une halte, de refuge pour le narrateur qui s’y trouve par contrainte, alors que l’autre vient savourer une joie ! L’humanité simple n’est-elle pas justement, comme dans cette rencontre fortuite, faite de contrainte et de joie ? L’écriture dépouillée d’Au café, non seulement pour les besoins du genre, puise dans cet humus semblable à ces strates primitives de l’humanité commune ; commune aux deux itinéraires qui se croisent cette nuit, dans ce café ; humanité simple au point de nous laisser croire qu’un monde possible peut exister, à l’abri de préjugés, rien qu’une nuit, quelque part ; un monde fait de contraintes et de joies !

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Formulaires

J'affectionne en général les courts poèmes et le titre semblait m'annoncer une lecture qui me plairait.

Etrangement, je comprends chaque mot mais aucun des poèmes; l'une des raisons en est leur construction, des infinitifs surgissant sans que je n'en comprenne la raison ni à quel sujet ils correspondent; l'autre raison est que je ne saisis tout simplement le sens de ce qui est écrit.

Pour autant, quand je lis de la poésie, je ne me laisse pas abattre quand le sens ne me semble pas apparent et je me laisse alors aller à la sonorité des mots, à ce que certains évoquent en moi. Ici, rien à faire, je reste incrédule et perdue comme dans un labyrinthe, plusieurs idées se bousculent, pas forcément agréables.

Peut-être que les recueils plus anciens sont plus abordables, je ne pense pourtant pas réitérer l'expérience.

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L'arbre à dires

Profonde plongée philosophique et recherche de multiples interrogations... naturelles, humaines, universelles.



-Le nom, cet agent verbal qui nous "introduit" dans l'univers du langage.



-La traversée de culture à culture, une aventure passionnante qui, en réalité, n'est aucunement une "aventure" surhumaine.



- Le (s) "malentendu(s)", faute de communication et de compréhension.



- L'étranger et les autres... Mais, qui est donc l'étranger de l'autre ou le plus étranger ou le moins étranger.



- Le désert et le signe... qui semblent avoir conclu un pacte.



- La langue, le langage et la communication.



- La langue maternelle et la langue adoptive.



- L'exil (une "mort").



- Réflexion autour d'un dialogue sur les saisons avec sa "Lyyli Belle" : seulement quatre ? ou huit ? ou plus... pourquoi pas et sur "notre pauvre terre", pourtant encore si belle.



Un essai philosophique ? Pas totalement. Un roman ? Pas tellement. Des nouvelles ? Pas vraiment. Un peu de tout, de tout un peu. Un recueil de textes empruntant à tous les genres et en en créant même de nouveaux. L'auteur lui-même le reconnaît : "En fait, je me rends compte que je n'ai jamais eu le sentiment de m'être mis à écrire un livre et puis, ce livre achevé, d'avoir tiré un trait pour en commencer un autre. Dès le départ, j'ai su que j'écrirais quelque chose d'ininterrompu, peu importe le nom qu'on lui donne, quelque chose au sein de quoi j'évolue et avec quoi je me bats encore après cinquante ans d'écriture..." . Les génies ont tous les droits, ils font ce qu'ils veulent, non !

Avis : A mon avis, une œuvre philosophique complète qui reflète parfaitement le niveau intellectuel et l'état philosophique de M. Dib à un moment T de sa vie. Un immense "visuel", un grand "œil ouvert" sur le monde et sur la vie. Un arbre à dires (et non de simples "palabres") aux branches multiples mais à l'équilibre parfait et aux fruits si utiles.

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La Grande Maison

Omar est un jeune garçon qui vit dans « la grande maison », en Algérie, dans les années 30. La promiscuité, la misère, la faim, les humiliations sont le lot quotidien de cette petite communauté. Omar, qui vit auprès de ses sœurs et de sa mère, en prend conscience. C’est une plongée au cœur de l’Algérie profonde, avec cette graine de révolte que le peuple commence à semer. Ce livre a bien des mérites, mais les dialogues sont souvent longs, répétitifs, et l’ensemble manque de cohérence.



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