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Critiques de Nicolas Delesalle (320)
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Valse russe

Cela fait un an que les Russes ont lancé l’assaut contre l’Ukraine lorsque le narrateur, un journaliste français, prend le train pour gagner Kiev. Ce pays, il le connaît déjà : il s’y était rendu dès le début du conflit. Mais ce qu’il connaît surtout c’est la Russie. Enfant, il y avait fait plusieurs séjours avec sa mère, descendante de Russes blancs, qui y organisait des voyages scolaires. Même s’il n’en maîtrisait pas la langue, se rendre là-bas c’était retrouver ses racines, faire face à un peuple avec lequel il se reconnaissait des caractéristiques physiques communes, replonger dans une histoire familiale. Mais comment considérer ces origines désormais ?



Alternant les chapitres, Nicolas Delesalle évoque la situation actuelle de l’Ukraine et l’histoire de la Russie à travers une trajectoire personnelle et familiale qui semble avoir de forts accents autobiographiques. Il privilégie ainsi une approche humaine et singulière qui présente des atouts… et des limites.



C’est en effet avec tendresse et non sans humour qu’il évoque la figure maternelle, provoquant ainsi chez le lecteur une profonde empathie. Le caractère fantasque de cette femme, sur lequel il met largement l’accent, nous la rend éminemment sympathique.



Quant à la poignée de personnages qu’il rencontre lors de sa traversée de l’Ukraine, qu’il s’agisse du vieux Sacha qui, à soixante-dix ans, veut toujours défendre son pays ou de Vania, le jeune prisonnier russe dont il a la garde, ils sont dépeints avec cette même attention à la relation qui se tisse en dépit de la situation dramatique dans laquelle elle s’inscrit.



Il en résulte un texte très plaisant à lire, emmené par des protagonistes attachants, qui offre chemin faisant une certaine image du conflit russo-ukrainien. Il présente à ce propos quelques éléments intéressants et évite de sombrer dans une approche manichéenne. Mais on reste cependant sur sa faim : l’approche très intimiste choisie par l’auteur ne permet pas une réelle analyse ni une réelle compréhension des enjeux. Là n’était sans doute pas l’objectif de l’auteur, mais cette lecture a néanmoins provoqué chez moi un sentiment mitigé. Si j’étais malicieuse, je dirais que le traitement choisi n’est pas loin de celui de Paris Match, pour lequel officie Delesalle : il nous offre des instantanés poignants, jouant sur la corde sensible et présentant des destinées personnelles savamment relatées, mais qui peinent à rendre compte de l'événement dans sa globalité et sa complexité… Pourquoi pas. il faut juste adhérer à la démarche.
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Valse russe

" Je me laisse bercer par les trois temps de la valse Un, deux, trois, la Russie, l'Ukraine, la guerre.

Un, deux, trois, les origines,le désenchantement,le renoncement.

Un, deux, trois,tout avoir, tout perdre et devenir ce qu'on n'était pas."

Ces quelques lignes extraites de Valse russe incarnent à merveille l'esprit du livre.

Nicolas Delesalle est un reporter de guerre, il part au début du conflit en février 2022 couvrir la guerre entre la Russie et l'Ukraine.

Mais nos choix ne sont jamais indemnes de notre identité profonde.C'est le cas de Nicolas Delesalle dont la mère est russe , il a hérité de tout ce bagage identitaire dont il ne peut se défaire, qu'il revendique même haut et fort avant de comprendre à l'issue d'un long cheminement qu'il est d'origine russe mais n'est pas russe .Et l'amène à dire:

" J'ai des origines russes, mais je suis français."

C'est néanmoins cette attirance, cette quête identitaire qui le pousse vers l'Ukraine et lui fait partager le sort de l'Ukraine d'aujourd'hui meurtrie dans sa chair.

Nicolas Delesalle nous fait toucher l'absurdité de la guerre grâce à deux hommes qu'ils rencontrent.

L'un est Ukrainien : Sacha ,il a combattu avant de devenir le geôlier d'un jeune Russe qui faisait partie des troupes de Wagner.

La guerre est absurde, ces deux hommes que tout oppose deviennent des amis.Par cette très belle rencontre, Nicolas Delesalle pointe la belle idée que l'homme est un humain avant tout, qu'il peut se reconnaître avant tout comme un Homme quelque soit sa nationalité.

J'ai beaucoup aimé ce roman qui nous remplit d'espoir dans l'avenir de l'humanité et nous fait espérer que cette guerre finira bientôt.













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Valse russe

Je suis un fidèle de Nicolas Delesalle. Que ce soit avec ses récits ou ses fictions, il m'a toujours convaincu. Il faut dire que même s'il est journaliste avant d'être romancier, il excelle dans les deux registres.



Sur la couverture de ce livre, il est écrit « roman », mais tout ce qui est raconté tend vraiment vers l'histoire vraie. Dès le début du conflit ukrainien, l'auteur est sur place pour assister aux évènements. Au plus près des gens, il peut ainsi ressentir le pouls de la population sur place et nous rendre compte. le lecteur est donc immergé dans le moment, par le biais de scènes de la vie quotidienne de ses combattants.



En parallèle de son récit, il nous raconte le destin de deux hommes issus des deux camps qui se retrouvent à vivre ensemble par la force de la guerre. Ces personnages montrent que la vie continue son chemin sur les cendres de la bataille.



Cette « Valse russe » est une danse qui nous entraîne entre réalité et fiction au coeur du monde cruel. Elle permet aussi à l'écrivain de mettre ses origines à l'épreuve. En effet, sa mère étant russe, il possède un certain nombre de souvenirs liés à ce pays. Son passé et son présent s'entrechoquent. Il peut faire le parallèle entre la Russie qu'il a connu dans sa jeunesse et la patrie destructrice qu'elle est devenue.



Ce récit d'un demi-russe en pays ukrainien est empreint d'une grande nostalgie. On sent tout le désarroi du narrateur devant la tragédie. Mais c'est aussi une version très humaine de cette guerre à travers les victimes collatérales. Nicolas Delesalle est un fin raconteur qui sait faire voyager ses lecteurs et toucher leur sensibilité. A mon goût, il n'est pas assez reconnu. Vous savez ce qu'il vous reste à faire !
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Valse russe

Selon que l’on soit un vieux militaire ukrainien comme Sacha, un jeune mercenaire russe comme Vania ou un reporter français d’origine russe comme le narrateur, on ne verra pas la même guerre dans celle qui vient d’éclater en Ukraine en février 2022.



Trois personnages pour une valse à trois temps sur fond d’un conflit fraternel qui va défaire bien des certitudes sur la notion d’identité sociale



Sacha, fort de ses 73 ans, se souvient d’un pays autrefois uni qui lutta contre les dégâts de l’explosion de la centrale de Tchnernobyl et refuse malgré son grand âge, d’abandonner ceux qu’il a passé sa vie à protéger.



Vania n’est qu’un jeune délinquant, sorti des prisons russes par la milice Wagner pour combattre des ukrainiens qui ne représentent rien d’autre pour lui qu’un ennemi désigné par son état-major.



Quant au narrateur, il a toujours été, jusqu’à ce conflit en Ukraine, fier de son appartenance maternelle au peuple russe. Mais plongé « au cœur de la tragédie », il trouve sa place du côté des ukrainiens pour témoigner au monde de « l’injustice qui foudroie ce peuple et de la force qui l’anime quand son univers s’écroule ».



Entre la certitude de l’un, l’inconscience de l’autre et les doutes du dernier, cette valse russe explore les questionnements identitaires, le besoin de témoigner et le poids des liens humains.



Sous des airs de légèreté et dans un style très fluide, ce roman est en fait d’une grande profondeur. Nicolas Delesalle se sert de ses trois personnages, pour s’interroger sur le sentiment d’appartenance à un peuple et affirme qu’au-delà d’un héritage ancestral « on ne nait pas russe, on le devient ».



Un beau roman qui redéfinit l’attachement à ses origines comme un équilibre entre un héritage culturel et un choix engagé. Et c’est tout à fait passionnant.



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Valse russe

Reporter de guerre pour Paris Match, Nicolas Delesalle part en Ukraine couvrir le conflit qui a éclaté en Février 2022. C’est son métier, me direz-vous. Oui, à ceci près que Nicolas Delesalle est d’origine russe, par sa mère, farouchement fière de ses origines, professeure de russe, qui s’est engagée toute sa vie à prouver aux français, et à son fils, que les Russes sont des gens comme les autres, des gens bien, malgré les idées préconçues. Alors quand il voit de ses propres yeux un quartier détruit par l’aviation russe, les corps des habitants ukrainiens innocents éparpillés sous les décombres, quand il entend sa mère sangloter au téléphone avec une femme qui vient de perdre sa belle-fille, c’est tout le mythe fondateur de ses origines qu’il voit s’effondrer. Lui qui était si fier d’être russe, qui revendiquait son côté slave, qui s’est construit sur cet héritage du sang pour légitimer sa différence, tout d’un coup a honte d’être du côté de l’ennemi, de se sentir appartenir à une nation capable d’un tel carnage inhumain.



Dans ce témoignage bouleversant, Nicolas Delesalle documente avec précision les dessous de cette guerre si proche et pourtant déjà largement reléguée à l’arrière plan dans nos médias. Mêlant son histoire personnelle aux observations qu’il fait sur le terrain, il nous montre l’absurdité de cette attaque entre peuples frères, ordonnée par un dictateur mégalomaniaque manipulant ses concitoyens. Il est poignant de voir comme ce conflit vient affecter ce qu’il y a de plus profond en lui, ses racines, son héritage, l’identité même qu’il s’est construit au fil des années, jusqu’à l’amener à se déconstruire entièrement, à se dissocier de cette notion romantique de « l’âme russe ».
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Valse russe

Grand reporter, Nicolas Delesalle part couvrir le conflit Russo-Ukrainien en février 2012. Téméraire.



Nicolas Delesalle porte une croix orthodoxe autour de son cou. Croix offerte par sa mère. Russe. Mère qu’il appelle à la rescousse des qu’il a besoin d’une traduction. Touchant.



Un vieil ukrainien près de Kiev marche lui aussi avec une croix orthodoxe autour du cou. Ils ne vont pas tarder à se rencontrer. Émouvant.



Le temps d’une valse à trois temps.

Les origines, le désenchantement, le renoncement.

La France, la Russie, l’Ukraine.

La guerre, l’identité, l’appartenance.



A travers ce récit romancé, Nicolas Delesalle livre un témoignage à la fois brûlant d’actualité et très intime. Il évoque, avec mélancolie et tendresse, ses souvenirs d’enfance au côté de sa mère russe. Les passages aux côtés du vieil ukrainien sont extrêmement prenants et font monter la tension narrative.
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Valse russe

Ce livre est pour moi un peu une énigme...

Bien écrit par un journaliste, sur un sujet d'actualité : l'Ukraine

Lors de la lecture on n'apprend rien de plus que ce que malheureusement on sait déjà, on se rend compte que le journaliste a des rapports familiaux avec le pays.. sur la couverture l'éditeur a marqué "roman", alors ma question est ce un roman , un documentaire ou une autobiographie?

Je préfère nettement quand les choses sont clairement définies

D'autre part les allées retours de période font un peu brouillon.

Avis pas très positif je le crains mais sincère.



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Valse russe



"Je me laisse bercer par les trois temps de la valse. Un, deux, trois, la Russie, l'Ukraine, la guerre. Un, deux, trois, les origines, le désenchantement, le renoncement. Un, deux, trois, tout avoir, tout perdre et devenir ce qu'on n'était pas." (p.200)



De ces trois temps, Nicolas Delesalle crée un récit qui nous fait voyager entre passé et présent, entre la Russie, la France et l'Ukraine, de l'intimisme des souvenirs personnels à l'universalité d'une réflexion sur l'identité.

Longtemps "fier d'être russe" par sa mère, l'auteur interroge la notion d'appartenance à un pays, à une patrie, lorsque l'actualité le conduit sur le front de la guerre russo-ukrainienne pour des reportages. Le rythme de cette "Valse russe" se construit dans l'alternance entre l'horreur des scènes de guerre et la grâce espiègle des souvenirs qui émergent. La noirceur de la guerre actuelle apparaît comme enchâssée entre deux sources de lumière et d'espoir : d'un côté, l'amour profond d'un homme pour sa mère et, de l'autre, l'histoire de Sacha et de Vania, son “prisonnier”, creuset d'humanité dans une situation qui en est dépourvue.



Résumer davantage ce si beau roman me paraît inutile, voire infructueux, car il faut le lire pour en goûter toutes les facettes, toutes les richesses et nuances. La limpidité de l'écriture, aussi souple et évocatrice dans l'observation et la description des faits que précise et affûtée dans les cheminements intérieurs, fusionne avec une construction en parfaite cohérence avec le titre. Cette "Valse russe" est un concentré d'humanisme, d'une intelligence et d'une sensibilité bouleversantes. Entre rire et larmes, entre horreur et tendresse, entre révolte et renoncement, entre rêverie et réalisme, le roman de Nicolas Delesalle m'a emmenée aux confins de ce qui fait la beauté et l'abjection du monde humain et m'y a fait discerner la fragile lueur d'une indéracinable foi en l'humanité.

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Valse russe

Valse russe de Nicolas Delesalle est le destin croisé de deux personnages pris dans les méandres de l’histoire ukrainienne.

Un reporter français d’origine russe, l’auteur, se rend en Ukraine en février 2022. Certain de l’agression imminente de Vladimir Poutine, il hésite entre Kiev et le Donbass pour rejoindre finalement un poste avancé dans la banlieue de Donetsk mais c’est Kiev qui sera frappée. Le photographe qui l’accompagne souffrant atrocement, ils sont forcés de battre en retraite et de prendre le train en gare de Zaporijia, où se pressent des milliers de passagers partant vers l’Ouest pour un voyage sans retour.

Tout en étant plongé au cœur du conflit, dans ce pays mis à feu et à sang, Nicolas Delesalle s’interroge sur son identité, commençant par se demander ce qu’il fiche là, quelle est la force qui l’attire, « ce n’est pas mon pays, ce n’est pas ma guerre » et quelle est la raison qui le pousse à prendre le risque de mourir ici.

Ce conflit le touche au plus près de par ses racines et le plonge dans ses propres souvenirs d’enfance, lui rappelant d’autres voyages. Il n’oublie pas le premier, cet étrange voyage scolaire en terre soviétique, en pleine guerre froide, organisé par sa mère, professeure de russe, cette mère fille d’émigrés qui avaient fui la révolution bolchevique. Un sentiment vertigineux de retrouver ses racines lui avait fait dire « Je suis chez moi ».

Mais aujourd’hui, en parcourant ces villages ravagés, et au contact de ces femmes, ces hommes et ces enfants, en colère et en pleurs, il se sent vide. Si jusque-là, il était fier de ses racines russes, c’est maintenant plutôt un sentiment de honte qui l’envahit, transpirant son déchirement et son impuissance devant cette Russie et cette Ukraine qui se délitent. Son identité est ébranlée.

Un autre personnage, Sacha, un Ukrainien de soixante-treize ans au visage dépourvu de poils depuis qu’en 1986 il a déversé des tonnes d’eau sur le réacteur de la centrale nucléaire de Tchernobyl, qui, dès qu’il a vu passer les blindés a voulu s’engager. Il a été chargé ensuite de surveiller un jeune soldat russe Vania. Celui-ci, emprisonné pour avoir volé une oie et un agneau, piégé par les promesses de Prigojine, s’était retrouvé dans le groupe Wagner et a été fait prisonnier par les Ukrainiens. Une relation particulière s’est instaurée entre eux, entre Sacha qui a beau être Ukrainien, parle en russe, pense en russe, jure en russe et Vania, qui en arrivant à la maison en bois de Sacha se demande quelle est la différence qu’il y a entre eux deux. « On parle la même langue, on mange la même chose, on a la même culture, on vit dans les mêmes maisons, dans la même nature. »

C’est d’ailleurs cette relation entre Sacha et Vania qui va devenir au fil des heures passées ensemble et notamment à travers leurs parties d’échecs, une relation père-fils qui m’a le plus émue et qui démontre s’il en était besoin de l’absurdité de la guerre.

Avec Valse russe, Nicolas Delesalle nous plonge dans la guerre, dans ce conflit fratricide qui oppose la Russie et l’Ukraine, avec réalisme mais aussi beaucoup d’humanité pour une approche plus intime de la quête d’identité et finit par se laisser bercer par les trois temps de la valse. « Un, deux, trois, la Russie, l’Ukraine, la guerre. Un, deux, trois, les origines, le désenchantement, le renoncement. Un, deux, trois, tout avoir, tout perdre et devenir ce qu’on n’était pas. »

Valse russe de Nicolas Delesalle mêle avec brio intime et universel.


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Valse russe



Avec la disparition ou probablement plutôt l’élimination d’Evgueni Prigojine hier, 23 août, l’ouvrage de Nicolas Delesalle prend une tournure d’actualité rare.



Un des personnages du livre, qui couvre l’invasion criminelle par Poutine de l’Ukraine, Vania, 23 ans, a par dérision dans sa cellule de prison opté pour devenir mercenaire du groupe paramilitaire Wagner, fondé par Prigojine et Dmitri Outkine. Selon les dernières informations, tous deux plus huit autres seraient morts dans la chute de l’avion privé de Prigojine près de Tver, à environ 250 kilomètres nord-ouest de Moscou.



"Valse russe" constitue en fait un double témoignage : d’abord celui d’un reporter renommé qui s’est rendu à différentes reprises de février 2022 à mai 2023 à différents endroits d’Ukraine, tels Tchernihiv, Kiev, Bakhmout, Odessa, etc. et celui de plusieurs personnes victimes d’une façon ou d’une autre de l’initiative guerrière du maître du Kremlin.



L’ouvrage dépasse cependant le simple compte rendu ou témoignage et acquiert une dimension littéraire du fait de l’origine partiellement russe de son auteur, qui évoque avec tendresse et mélancolie ses visites en Russie comme adolescent et jeune homme avec sa mère bien-aimée, Anne Kanjounzeff, née à Paris de parents russes qui eux ont fui la révolution de 1917 et de qui il raconte avec empathie le passé mouvementé.



Ce que j’ai particulièrement apprécié dans ce livre, c’est l’honnêteté de son auteur.

Nicolas Delesalle raconte la fierté qu’il a eue pendant des années de ses racines russes, mais après avoir vu l’horreur et la misère des Ukrainiens par la faute des Russes, déclare (à la page 71) : ... pour la première fois de ma vie, j’ai honte... J’ai honte d’être russe."



Les quelque 200 pages de "Valse russe" se lisent très vite et je peux recommander cet ouvrage pour l’approche équilibrée d’un conflit sanglant qui continue de semer morts et destructions.

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Valse russe

Voici ce qu'écrit du livre son auteur sur sa page X: "Celui-ci, il me tient à coeur. Il parle de la guerre en Ukraine, de ma mère russe, de la force des origines, de ce qu'on échoue à en faire, des rencontres qui font de nous ce qu'on n'était pas. Une valse qui, je l'espère, vous filera le tournis."



Au hasard de mes lectures, je découvre ce tres beau livre de l'écrivain-reporter Nicolas Delesalle apres avoir lu avec un certain ennui le dernier roman d'un écrivain-star qui a récemment failli devenir "immortel". Comme quoi, il ne suffit pas d'avoir du bagout et de l'imagination pour écrire, il y faut aussi du coeur et du vécu et Nicolas Delesalle en a assurément. Les pages notamment sur Sacha le retraité ex-pilote militaire ukrainien et son "prisonnier" le gamin Vania devenu malgré lui mercenaire Wagner ou les aventures a travers la France des musiciens russes Piotr et Vadim accompagnés de la maman de l'auteur - "la troika infernale" - amenent le lecteur au bord des larmes ou au contraire a sourire béatement ou meme a rire de bon coeur.



Il est dommage que les éditions Lattes publient ce livre en tant que roman car on se rend compte en lisant que tout y est vrai, y compris l'histoire extraordinaire de Sacha et de Vania. Ce n'est pas un roman, mais un récit autobiographique, un carnet de route (l'auteur est grand-reporter) et aussi un livre de réflexion, non d'un intellectuel habitué a se triturer les méninges pour en sortir des choses "intelligentes" mais d'un homme sensible et intelligent qui nourrit ses réflexions d'un riche vécu personnel. Si vous vous fiez a l'étiquette "roman" sur la couverture et que vous vous attendez a lire une intrigue haletante bien linéaire avec un début et une fin ainsi que des personnages qu'on peut "adorer" (un verbe a la mode completement vidé de son sens) ou détester, alors vous risquez d'etre décu(e). Or donc, oyez oyez braves gens: ceci n'est pas un roman de guerre, pas un roman d'amour, pas un roman d'aventure, pas un roman psychologique, non ce n'est pas un roman du tout.



Souvenirs d'enfance savoureux imprégnés de la nostalgie d'une Russie idéalisée dans laquelle plongent les racines familiales de l'auteur, images bouleversantes de la guerre en Ukraine, personnages russes et ukrainiens immergés dans cette guerre qui sont autant de rencontres réelles dans une Ukraine qu'une guerre absurde rend par moment presque irréelle, c'est une lecture non-seulement passionnante et émouvante mais surtout enrichissante, de celles dont on sort avec l'impression d'etre devenu un peu meilleur. Meilleur car Nicolas Delesalle nous fait comprendre que les hommes ne sont ni bons ni mauvais mais tout cela a la fois selon les vents qui font tourbillonner leurs "petites" destinées dans la "grande" Histoire.



Ce livre se lit en gourmet des sentiments et émotions authentiques, de ceux qu'on ne peut imaginer mais seulement reconnaitre. C'est le livre d'un homme qui a vécu ce a propos de quoi il écrit et qui a passé du temps dans sa vie a essayer d'y reconnaitre les pépites de ce qui est essentiel. C`est probablement pour ca que l`auteur trouve a chaque fois les mots justes sans meme essayer de "faire du style". Pour savourer un tel livre, le lecteur doit donc aussi avoir vécu et passé du temps a tamiser les pépites...
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Valse russe

Correspondant de guerre, Nicolas Delesalle accompagné d’un photographe expérimenté (qui a fait le Vietnam) rejoint le Donbass par le train avant de se diriger vers Kiev. Nous suivons sa traversée de l’Ukraine en guerre.

En parallèle, nous suivons la vie de Sacha, vieil ukrainien, témoin de la première seconde de l’invasion russe. A plus de 70 ans, il s’engage pour sa patrie puis démobilisé en raison de son âge, dans sa cabane isolée, il est chargé de surveiller Vania, un jeune russe « Wagner » capturé par un bataillon ukrainien. Comment un jeune homme de 23 ans a-t-il pu dire oui à « Wagner » ? L’histoire de deux hommes que tout oppose.

Et autre parallèle, nous suivons les souvenirs du reporter, ses premiers émois en Russie lors de ses voyages scolaires organisés par sa mère, professeur de russe excentrique, lorsqu’il avait quatorze ans en pleine guerre froide. Il se raconte adolescent : c’est la première fois qu’il se sent chez lui à l’Est, il se sent ukrainien ou russe, peu importe, c’est la même chose à l’époque. L’héritage russe prend le dessus sur toutes ses origines. Mais avec cette guerre, pour la première fois il a honte.

Ces trois histoires et tous ces êtres humains vont se croiser au fil des chapitres.

Le journaliste côtoient des militaires hier boulangers, des civils effrayés, des femmes qui rejoignent leurs frères ou leurs maris en Pologne, en Slovaquie, des enfants qui se demandent quand ils pourront recommencer à faire leurs devoirs. Il rencontre Maksim, photojournaliste ukrainien, qui les emmène sur le front au Donbass, une rencontre forte.

« Et alors il attend quelques secondes, il gagne un peu de temps, il fige le montre, il vole à la mort un peu d’avant, un peu de vie tout court ».

« Dans ses yeux danse une lueur étrange, quelque chose d’irréparable, propre à ceux qui ont vu la guerre de trop près – c’est un peu terrifiant, on ne voudrait pas attraper cette douleur-là ».

Le journaliste raconte ces hommes et ces femmes rencontrés sur le front et leurs dépouilles aussi. Il raconte les tirs de roquette évités de justesse.

Il raconte aussi sa mère avec humour et tendresse. Il cherche à comprendre l’âme russe. Il raconte des histoires humaines, malgré la guerre, la misère, le KGB et Poutine, il raconte l’humain et tout cela sans pathos, avec les mots justes. Ce n’est pas un documentaire, c’est un roman coup de cœur.

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Valse russe

Je vous présente « Valse Russe » un Livre De Nicolas Delesalle (Français, né en 1972) ; 208 pages ; éditons J. ;-C. Lattès sorti le 23/08/2023. 3.78/5 ; 65 notes (Babelio !).

« Avant, les Russes venaient eux aussi pêcher ici, sur le même lac, sur la même glace. Tout le monde se foutait de savoir qui pêchait. Aujourd’hui, les Russes ne viennent plus. Ils ne viendront plus jamais. »

Comme le mot revient à la mode « page Turner » je dis toujours que ce qui importe c’est la façon de raconter une histoire, et je valide celle-là !

La Russie et l’Ukraine, qui entretenait des relations très cordiales, eh bien… La Russie a pris de court l’Ukraine, presque une attaque surprise. Alors que les jeunes « riaient au nez » quand on parlait de la guerre…

« Les Ukrainiens en parlent comme d’une invasion d’insectes géants. Ils surnomment les Russes, les « Orques », tandis que les Russes parlent de « nazis ukrainiens ». »

« Le soir, à la télévision, Vladimir Poutine brandit la menace nucléaire pour punir les alliés de l’Ukraine. Je suis sorti sur le balcon de ma chambre d’hôtel pour fumer une cigarette lorsque les sirènes se mettent à hurler. Mais leur cri strident ne parvient pas à gâcher la beauté cristalline des ruelles enneigées. »

Un beau Livre regorgeant de bons passages comme ceux-ci.

C’est drôle quand j’étais petit mon chien s’appelait « Babou » ; Certains personnages ont honte d’être russes, d’autres en sont fiers…

Ça dépend des « croyances » politiques je pense.

« Soit ce type est 100 % naïf, soit il est 100 % calculateur, avait pensé Sacha en contemplant le désastre sur l’échiquier. »

« — J’y comprends rien. Pourquoi on vous fait la guerre, alors ?— Parce qu’on est de dangereux nazis, ironise Sacha avant de reprendre son sérieux. Parce que vous refusez qu’on ne soit pas russes. »

« — Un jour, à la radio, un type paniqué a annoncé l’arrivée d’un projectile inconnu qui battait des ailes. C’était… un oiseau ! »

« Les Russes ne naissent pas russes, ils le deviennent. »

J’ai beaucoup aimé que l’auteur joue sur les deux tableau, le côté « reportage » et le côté « aventures » du coup ça me convenait parfaitement !

« Vania porte un toast que nous reprenons tous en chœur, « Aux mères ! », tandis que la vodka gicle jusqu’aux étoiles. »

Phoenix

++
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Valse russe

Le narrateur, journaliste français d'origine russe, est en mission en Ukraine, un pays qu'il connaît bien, quand la Russie lui déclare la guerre, le 24 février 2022.



Au détour des pages, il raconte les hommes qu'ils croisent et avec qui il passe plus ou moins de temps ; leurs histoires, leurs attentes, leurs espoirs, leurs interrogations ... Il nous fait également part de ses questionnements sur son identité russe, son regard sur celle-ci qui évolue, qui change.



Quelques chapitres font revivre le passé familial de l'auteur narrateur. Sa mère, professeur de russe, fantasque, tête en l'air, imprévisible, son père né au Chili de multiples origines, ses deux sœurs aînées, sa scolarité chaotique puis sa réussite au concours d'entrée à l'école de journalisme.



L'histoire de Sacha, un vieil ukrainien qui contre toute attente se prend d'amitié pour le jeune russe Vania, prisonnier venant du groupe Wagner placé sous sa garde, est particulièrement attendrissante.



C'est un livre très bien écrit et agréable à lire, parfaitement équilibré. Un récit sincère, humain, intéressant. Le sujet de la guerre est bien sûr présent, mais il y est aussi abordé le sujet des origines, de la famille, des rencontres, des amitiés et du travail d'un journaliste reporter de guerre.



C'est un livre court, 200 pages, mais dense par la variété des thèmes abordés et c'est surtout la déclaration d'amour d'un fils à sa mère, d'ailleurs le livre finit par un toast repris en chœur : "Aux mères !".



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Valse russe

il reprend tout le narratif de la propagande occidentale et reprend tous les mensonges de nos médias français totalement russophobe, de la désinformation totale comme l'histoire de la soit-disant menace nucléaire de Poutine alors qu'on sait aujourd'hui que poutine n'a fait que répondre aux propos de l"administration anglaise et allemande qui ont été les premiers à parler de menaces nucléaire ainsi que Joe Biden, on retrouve dans se livre toute la désinformation de nos journalistes gauchistes français vendus à la trilatérale ! Mes cousins vivent autour de Kiev et les ukronazie ne sont pas une fiction, ces fachos pullulent autour de Kiev et de sa marionette Zelinski. Aujourd'hui 80 % des pays étrangers se tournent vers les BRIKS et fuient la propagande occidentale, colonisatrice et menteuse. Avec ce genre d'écrivain menteur l'Europe est condamnée....
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Valse russe

De Nicolas Delesalle, j’ai deux excellents souvenirs : son arrivée en moto à la Fête du livre de Merlieux, c’était en 2018, il y a six ans déjà, et la lecture de "N’habite plus à l’adresse indiquée", roman paru un an plus tard et que j’avais aimé. "Valse russe" son nouvel ouvrage, c’est naturellement autre chose, mais c’est encore plus fort.



Dès le début de la guerre en Ukraine, j’ai acheté, et lu "Paris-Match" chaque semaine. En réalité, je veux dire que j’ai lu les reportages signés Nicolas Delesalle. Il n’était plus question de politique, non là il était question des gens, les vrais, ceux qui étaient sur le terrain, qui souffraient, qui mouraient. J’étais sidérée de tant de malheur et en même temps de courage. J’étais aussi admirative de l’engagement des journalistes qui, au péril de leur vie, étaient là présents pour nous tenir informés.



L’auteur en parle d’ailleurs dans son roman : "Lorsque je reviens en Ukraine au bout de deux mois…je suis heureux d’être là, avec ces soldats, au mauvais endroit, au mauvais moment. Je fais mon travail." Roman autobiographique ? autobiographie romancée ? – sans doute, mais on rencontre aussi, naturellement, tous les protagonistes de cette guerre affreuse, les Ukrainiens, attaqués, fuyant leurs villes bombardées et le attaquants, soldats russes ou miliciens du groupe Wagner. Et puis, surtout, le narrateur, l’auteur plutôt, l’homme qui témoigne d’un profond respect et d’un amour sans bornes pour sa mère, Russe. Elle fut sa « prof de russe », et l’emmena avec sa classe en voyage scolaire en URSS, lui qui à cette époque était fier d’être Russe, lui qui porte sur lui une croix orthodoxe cadeau de sa mère, mais qui ne parle toujours pas sa langue maternelle. La mère a une grande place dans ce récit, mais aussi Sacha, Ukrainien, et Vania, « Wagnérien », un peu par hasard. De parties de pêche en parties d’échecs, ces deux-là s’attachent profondément l’un à l’autre, démontrant toute la « connerie » de la guerre.



C’est ainsi que par chapitres alternés et à l’aide d’une belle écriture alerte et très maîtrisée Nicolas Delesalle mêle le présent et la passé, la Russie de sa jeunesse et celle qu’elle est devenue, l’amour pour sa mère et celui de son métier, son empathie pour les Ukrainiens.



"Valse russe" est un vibrant et émouvant hommage à une mère et au peuple ukrainien.


Lien : https://memo-emoi.fr
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Valse russe

Valse russe, le roman du reporter de guerre Nicolas Delesalle se place dans les premiers jours de l'invasion russe en Ukraine en décrivant la réalité de la violence des combats, les civils tués, les familles déchirées entre pro-ukrainiens et pro-russes.



Ce roman sonne comme un devoir de ne pas oublier cette guerre qui dure aux portes de l'Europe et raconte de manière plus intime les déchirements personnels de l'auteur d'origine russe par sa mère.



Nicolas Delesalle alterne récit de guerre et ses souvenirs d'un autrefois slave gravés par la musique d'une balalaïka, le nom de ses ancêtres, ses voyages de jeunesse en Russie dans le sillage de sa mère amoureuse de la culture russe.



Porté par une belle langue limpide et fluide, c'est un roman de brisure sur la désincarnation et la dépossession des hommes et des femmes de l'Ukraine et d'ailleurs qui ne savent plus qui ils sont, emportés et déchirés par la guerre qui les somme de choisir leur camp.



Vient se poser sur ces blessures comme une touche d'humanité salvatrice, la belle histoire d'amitié entre Sacha et Vania, un vieil ukrainien et un soldat russe, des noms en A qui portent en eux les mêmes paysages.

Fictive ou réelle, l'histoire se pose en touche de fond comme un vol d'oiseaux vers un autre monde possible.



Livre lu dans le cadre du Prix du Roman Fnac 2023.
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Valse russe

L'auteur, grand reporter d'origine russe par sa mère, fait endosser son costume au narrateur qui nous entraine au coeur du conflit en Ukraine et nous livre ainsi un témoignage de l'intérieur.

Ce roman est une histoire d'origines, de racines. L'auteur se trouve face à de multiples interrogations : qu'en fait-on ? mais également, que font-elles de nous ? A quel point est-on emprisonné par ce qu'on croit être bien par rapport à ses gênes ? mais aussi, les gênes russes sont-ils dangereux ?

Jusqu'alors fier de ses origines russes, c'est en couvrant la guerre en Ukraine, que l'auteur se met à en avoir honte. Il écrit cette honte, non pas pour la libérer mais pour la partager.

Ce livre, telle une valse est traité en trois temps :

Le premier temps est celui de la guerre vue au travers du regard du reporter qui se demande pourquoi se confronter à ces évènements extérieurs à soi, pourquoi aller vers ce risque ? Il veut raconter ce qu'il voit, témoigner de ce que vivent les Ukrainiens et de toutes les atrocités dont sont coupables les russes.

Le deuxième temps est celui de sa mère, professeur de russe qui nous plonge dans les racines russes du narrateur. Elle évoque ses parents, russes blancs émigrés de la révolution de 1917. Elle essaie de convaincre les français que les russes sont des gens comme les autres mais va être confrontée à la brutale réalité lors du conflit et restera bouleversée par les atrocités qui y sont commises.

le troisième temps est la partie fictionnelle qui repose néanmoins sur des faits réels que lui a rapporté un reporter suisse. Sacha septuagénaire Ukrainien qui s'est engagé dès le début du conflit se retrouve être le geôlier de Vania, un jeune mercenaire du groupe Wagner qui ne comprend rien à cette guerre mais se retrouve piégé dans l'étau créé par Prigogine. Cette partie témoigne de la fraternité au-delà de la guerre, au-delà de la violence. Malgré la haine entre ces deux hommes que tout semble séparer, un sentiment fraternel va naître entre le vieil ukrainien et ce jeune russe qui vient remplacer son fils décédé.

L'auteur nous livre ici une petite leçon de géopolitique qui nous aide à comprendre que cette guerre était inévitable. L'Ukraine résolument tournée vers l'Europe mettait la Russie de Poutine en danger. Il nous offre également une analyse très fine de la personnalité de Poutine, de son fonctionnement intellectuel et de la façon dont il a assis son pouvoir en détruisant les oligarques les spoliant leurs entreprises et de leurs comptes en banque, en échafaudant une prison mentale où les mensonges qu'il rabâche au peuple deviennent une réalité, même pour lui, et enfin en ayant la main mise sur les médias.

Ce livre qui traite d'un fait d'actualité est édifiant et extrêmement instructif. Il traite des origines, de désenchantement, de renoncement, de la guerre, de tout avoir et de tout perdre mais aussi au final de devenir ce qu'on n'était pas.

C'est un livre, d'une grande sincérité, qui parle de cette quête intime et universelle des origines et offre un regard unique sur le conflit ukrainien.





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Valse russe

Ce livre est plutôt une bonne surprise, où se dévoile le reporter de guerre Nicolas Delesalle: car il n'est pas simple de couvrir un conflit quand l'agresseur est le pays maternel mythifié qui a le goût de l'enfance, celui du boeuf Stroganoff.

Delesalle confronte donc à la souffrance des Ukrainiens pleurant leurs morts et fuyant les combats ses souvenirs de petit Tatar, aux yeux un peu trop bridés pour ne pas rendre perplexes ses camarades de classe (et lui-même), né en France au terme des pérégrinations compliquées de ses grands-parents.

Pour échapper à cette tension entre l’enfant qu’il fut et le témoin désolé qu’il est devenu, Delesalle ajoute à son récit l'histoire de Vania le Russe et de Sacha l'Ukrainien, celle de frères ennemis qui choisiront l'humanité et l'amitié plutôt que la haine: 3° temps de la valse, ou plus exactement trait d'union pour soigner la blessure intime et continuer d'espérer.

Ce court témoignage de 200 pages n'a pas pour vocation de nous apprendre quoi que ce soit sur le conflit en cours, mais il sait nous émouvoir et même nous faire sourire par la grâce d'une mère pour qui rien ne saurait être excessif.

Seulement voilà: pourquoi proclamer sur la couverture que ce texte est un "roman"? Car si c'est ce qu'il est, il ne casse pas 3 pattes à un canard. Il vaut pour sa sincérité et l'histoire de Sacha et Vania, si elle n'est pas authentique, perd tout intérêt. Quelle est donc cette espèce de pudeur qui voudrait qu'on se confie sans dire officiellement qu'on se confie? Ou ce partage des genres selon lequel tout ce qui ne relève pas du journalisme pur et dur (si tant est que cela existe) soit relégué dans la fiction? Ou alors c’est juste parce que l’estampille « roman » est le plus sûr chemin vers le succès, voire vers un prix?

Valse mélancolique et salades russes.

(Merci à Masse critique et aux éditions JCLattès)



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Valse russe

Derrière la fenêtre d'un train qui l'emmène vers Kiev, un reporter français d'origine russe regarde les forêts d'Ukraine défiler. Autour de son cou, une croix orthodoxe que lui a offerte sa mère. Dans un pays mis à feu et à sang par ses ancêtres, c'est sa mère russe qu'il porte contre sa poitrine "c'est un talisman, mes racines, mon histoire". C'était déjà sa mère, professeure de russe, qui l'accompagnait lors de son premier voyage scolaire à Kiev en pleine guerre froide, ou, en tant qu'interprète, pour son premier reportage dans la Russie des années 2000.



A quelques centaines de kilomètres de là, un vieil ukrainien marche sur un lac gelé. Il vit une relation complexe avec Vania, un prisonnier russe.



Le narrateur derrière lequel se cache l'auteur éprouve de la honte à être d'origine russe au moment de l'invasion de l'Ukraine, la guerre résonne en lui de façon si particulière qu'il se doit de se rendre sur place en tant que journaliste pour couvrir les combats en Ukraine.

J'ai eu du mal à trouver de l'intérêt à ce roman. Roman sur la question des origines, sujet bien peu original, roman sur la guerre en Ukraine qui ne nous apprend rien de plus que ce qu'on connait déjà par l'actualité, roman qui part un peu dans tous les sens donnant un ensemble confus. Personnages peu marquants à l'exception de Sacha et de son prisonnier Vania.


Lien : https://leslivresdejoelle.bl..
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