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Critiques de Nii Ayikwei Parkes (47)
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Notre quelque part

Kayo Odamtten aurait rêvé d'être médecin légiste pour la police d'Accra mais il doit se contenter de travailler dans un laboratoire d'analyses biochimiques puisque ce poste n'existe pas. La chance pourrait bien lui sourire quand une jeune femme fait une découverte aussi inquiétante qu'énigmatique dans un petit village...



L'auteur se sert du trope de l'enquête policière pour faire le tableau tantôt désabusé tantôt cynique de la vie quotidienne au Ghana. Surtout, il nous emmène au cœur des secrets d'un petit village par la voix de Yao Poku, un chasseur rusé et roublard.

J'ai adoré l'aisance avec laquelle l'auteur pratique le code switching (magnifiquement traduit par S. Fakambi) : dès la première page, je me suis sentie au village. Le message est clair : pas de "gros gros français (anglais en VO)", si ce livre s'adresse à vous, vous comprendrez, sinon faites un effort, il y a un glossaire à la fin. Dans ce type de livre, ce n'est pas l'enquête policière qui importe, mais l'opposition entre la culture rurale et une culture urbaine bien plus occidentalisée.



C'est un excellent livre mais pas un coup de cœur pour deux raisons : d'abord j'ai trouvé la fin un peu bâclée, et surtout les femmes y sont réduites à une fonction caricaturale de décor.
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Notre quelque part

C’est la première fois que j’achète un livre juste à cause du nom du traducteur, ou en l’occurrence, de la traductrice. J’avais en effet découvert le travail de Sika Fakambi dans sa traduction de [Mais leurs yeux dardaient sur Dieu] de Zora Neale Hurston, que j’ai lu il y a environ 2 ans et la qualité de la traduction m’avait poussée à en savoir un peu plus sur le travail de cette traductrice, et j’avais acheté ce livre, lui aussi paru chez Zulma, ce qui est aussi un bon signe.

En commençant cette lecture, j’ai été un peu déroutée, d’autant que les romans policiers ne sont pas vraiment mon truc, même s’ils se passent au Ghana. Pourtant, j’ai persévéré, et bien m’en a pris. Parce que je me suis vite aperçue que c’est plutôt une parodie de roman policier. Pour simplifier, mais en empruntant à un personnage sa marotte, ce livre, c’est Les Experts au Ghana (heureusement, c’est une série dont j’ai vu quelques épisodes !). Et le « au Ghana » a toute son importance parce qu’avec cette enquête policière, Nii Ayikwei Parkes prend un malin plaisir à se moquer des travers de sa société. Notre héros, le jeune expert médecin légiste, Kayo, est envoyé de façon assez cavalière pour enquêter sur un possible meurtre dans un petit village perdu au fond de la brousse.

On trouve dans ce roman, pêle-mêle, un joli exemple de la façon dont l’administration peut fonctionner, une belle opposition entre les valeurs villageoises et l’identité ghanéenne d’un côté et l’urbanisation et la dilution dans une sorte de mondialité de l’autre. On se promène d’un village de pêcheurs au maki du coin, d’une plantation de cacao à une cellule de police sans barreaux, tout cela très naturellement au fil de l’histoire et de la plume de Nii Ayikwei Parkes. On touche du doigt les classes aisées et corrompues mais on reste principalement avec les humbles et ceux qui tout simplement cherchent à s’en sortir. Et dans ce roman au style caustique, on fait le voyage avec Kayo, ce jeune homme qui a fait ses études en Angleterre et qui est revenu au pays depuis peu pour être près de sa famille et participer à la vie de son pays. Ce jeune homme plein d’illusions qui s’est pris la réalité de plein fouet et est déjà complètement désabusé, dans une enquête où il perd d’autres de ses illusions mais se rapproche peut-être d’une autre forme de sérénité.

C’est un beau roman, divertissant (à part l’avant-dernier chapitre, qui a bien plombé l’ambiance tout de même, mais qui a le mérite de ne pas présenter une société toute rose) et qui donne vraiment l’impression d’avoir pris un aller simple pour Accra en moins polluant que l’avion, un roman, mais aussi un roman qui fait réfléchir. C’est toujours difficile d’allier les deux, mais ici c’est réussi. Il faut certes un petit peu de temps pour rentrer dans l’histoire, mais c’est déjà la sensation que j’avais eu avec le précédent livre traduit par Sika Fakambi : comme elle cherche dans la traduction à se rapprocher au mieux du langage parlé et de la forme d’anglais propre au pays auquel le livre se rattache, elle utilise la forme du français le plus proche géographiquement, ici le parlé de l’Afrique de l’Ouest donc. C’est un choix que j’imagine contestable et je veux bien croire que les partis-pris de Sika Fakambi dans l’exercice de son métier de traductrice soient contestés par certains, mais pour moi, ils sont un délice, en tout cas une fois que je me suis habituée au rythme des phrases et aux particularités du phrasé. Cette forme de traduction y est pour beaucoup dans la capacité du livre à dépayser son lecteur, et je me suis encore une fois régalée à savourer les phrases et à apprécier le contenu autant que le contenant, le propos de l’auteur en même temps que la langue traduite.
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Notre quelque part

"C'est mon grand-père Opoku, celui dont les mains n'étaient jamais vides, qui m'a appris que ce que l'homme blanc anglais nomme Histoire, c'est avant tout des mensonges écrits à l'encre fine. Mon histoire n'en est pas. Il est dit que le malicieux tisserands des toiles du monde, Ananse, ne faisait pas commerce de parole, alors moi je vais parler. Je vais te raconter cette histoire". C'est ainsi que Yao Poku, un vieux chasseur du village ghanéen de Sonokrom nous invite dans ce roman. Ce qu'il a vu : une jeune femme poursuivant un oiseau bleu, son chauffeur aux trousses jusqu'à ce que tous deux déboulent devant une case, intrigués par l'odeur répugnante qui en émane. S'ensuit un hurlement et la fuite vers la voiture. Manque de chance pour le village, la fille qui "portait une façon de jupe petit petit là" est la maitresse d'un ministre à qui elle va rapporter ce qu'elle a vu. L'événement va déclencher une enquête et un grand remue-ménage en plus haut lieu à Accra avec toutes les manigances politiciennes inévitables.

Dès le premier chapitre, qui fait entendre la voie de Yao Poku, j'ai su que ce roman allait être un coup de coeur pour moi. le travail de la traductrice sur la langue du vieux chasseur est admirable, c'est poétique et en même temps plein d'humour. On ressent cette grande sagesse de celui qui sait, rien n'est grave, tout en dans l'ordre des choses, car les événements qui surviennent devaient survenir. Je n'en dis pas plus, le résumé de l'éditeur le fait très bien. Ce roman m'a réconcilié avec mes lectures africaines que j'avais délaissées car, bien qu'admirables, elles étaient plombantes. Ici, on plonge dans la réalité du Ghana avec ses petits villages où le mode de vie ancestral subsiste et sa capitale Accra où les traditions s'oublient dans la course à la modernité. Les travers de cette société sont pointés du doigt mais traités avec beaucoup d'humour et sans jamais tomber dans la caricature. Voilà, un coup de coeur que je recommande vivement.
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Notre quelque part

Un roman qui joue malicieusement sur différentes oppositions: le jeune médecin-légiste diplômé, tout juste rentré d'Angleterre, se confronte aux vieux sages de la brousse, le chasseur, le guérisseur, le chef de village. Il se frotte à la corruption, à l'ambition mortifère, et aux vices des puissants, lui qui a une éthique impeccable. Et l'on découvre également Accra, la capitale bourdonnante, embouteillée, entreprenante, ses cadres dynamiques impeccablement costumés, alors que les campagnards se contentent de pagnes traditionnels, qui ne les couvrent qu'à moitié. Opposition encore entre les méthodes scientifiques, analytiques, du médecin, et les pratiques du guérisseur.



L'intrigue policière est assez basique ici, on comprend assez vite ce qui a pu se passer, elle n'est donc que prétexte à nous faire découvrir les mœurs et la culture de ce pays peu connu qu'est le Ghana. Mais elle résonne aussi de manière universelle, s'attaquant à la violence intra-familiale, à l'emprise d'un père sur sa fille. Le dénouement est assez inattendu: on se demandait comment le légiste-enquêteur allait se tirer de ce guêpier, et il faut avouer que l'auteur invente une solution en forme de pirouette, mais qui ne manque pas de faire réfléchir sur ce que devrait être la "bonne" justice.



Le style est une autre force de ce roman traduit de l'anglais, on y retrouve des manières de s'exprimer et des expressions populaires en Afrique de l'ouest francophone. Dans un premier réflexe, on pourrait être tenté de qualifier ces parlers de dialectes, de les dévaloriser, mais on peut aussi penser qu'ils ont autant de pertinence que le français éduqué tel qu'on le parle dans les élites de l'hexagone.
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Notre quelque part

Un jeune médecin légiste Ghanéen formé aux dernières techniques d'investigation enquête dans un petit village isolé de son pays. Nous nous attentions à une inévitable confrontation entre sciences et traditions. Il en est autrement : la science apporte ses outils, émerveille; mais la tradition ne cède pas de terrain et donne au final tout son sens à la « vérité ».
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Notre quelque part

Cette semaine, j'étais chez moi, à Lyon mais le soir j'étais quelque part au Ghana avec Yao Poku.

Ce premier roman magnifique est écrit dans une langue qui a elle seule transporte et fait voyager ! Il est construit autour d'un mystère: une jeune femme de la ville découvre par hasard "une chose horrible et mystérieuse" dans une case d'un village où elle ne fait que passer. Comme c'est la maîtresse d'un ministre, il va falloir enquêter! Deux personnages vont alors aider à résoudre ce mystère: Yao Poku, vieux chasseur local et Kayo, jeune médecin légiste envoyé de force sur les lieux.

Tout transporte dans ce texte: la langue, les lieux, les personnages qui montrent la lutte féroce entre modernité et tradition... J'ai adoré!

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Notre quelque part

Si vous aimez les enquêtes rondement menées, les investigations scientifiques pointues, passez votre chemin car il n’y a rien de tout cela dans Notre quelque part. Il y a bien une enquête, mais elle n’est qu’un prétexte pour mettre un pied et même les deux dans la culture africaine de ce village de brousse du Ghana.



Si une jeune femme, maitresse d’un ministre, ne s’était pas égarée à Sonokrom, village perdu dans la brousse, elle n’aurait jamais fait cette découverte sinistre et puante dans la case d’un planteur de cacao. Bien sûr, la police déboule en nombre considérable sur les lieux de ce qu’on ne peut nommer crime puisqu’on ne sait à quoi on a affaire. Les moyens déployés sont à l’aune de la réputation du ministre et de l’ambition de l’inspecteur principal Donkor, corrompu jusqu’à la moelle, sinon, pourquoi se soucier d’une histoire au fin fond de la brousse parmi les habitants incultes. Et ce mystère sans corps ni coupable doit être traité comme une scène de crime. L’affaire doit se régler scientifiquement avec un coupable idéal, le tout avec un rapport savant et magistral pour les huiles du gouvernement. Et c’est à Kayo que l’on fait appel, Kayo qui a obtenu en Angleterre son diplôme de médecin légiste et qui se morfond dans un laboratoire d’analyses médicales. Bien malgré lui, il doit obéir à l’inspecteur Donkor.

« La joue de l’inspecteur principal tressauta : C’est d’accord. Mais je veux un rapport complet pour le ministre. Style…Les experts »

Et voilà notre jeune homme chargé d’une enquête sur un disparu qu’il va mener scientifiquement grâce à sa mallette magique de légiste. Mais dans ce village, on est bien loin d’Accra et de son modernisme. Ici, il faut respecter les coutumes et écouter les histoires des anciens. Voilà qu’aux méthodes scientifiques et éprouvées viennent s’ajouter l’histoire des esprits. Il y a cette malédiction dont parlent le féticheur et le chasseur, il y a cette histoire de violence familiale. Et il y a des choses étranges qui se passent dans la forêt. Abandonnant ses recherches ADN, Yoko va s’immerger dans cette culture tribale pour approcher au plus près de la vérité. Et c’est là que le récit devient intéressant car on pénètre dans l’histoire des uns et des autres, tous mêlés à l’affaire mais qui s’en remettent aux ancêtres pour régler les litiges.

Quant à l’inspecteur principal, ce qu’il veut, c’est une conclusion d’enquête qui serve ses intérêts personnels, rien d’autre !

Deux cultures, deux mondes se côtoient dans un mélange savoureux et dans la jubilation de la langue, car tout est conté avec force paraboles et proverbes par les habitants de Sonokrom tout en buvant du vin de palme et en mangeant fufu ou sauce palabre.

Après un début un peu fastidieux, on se retrouve plongé dans le chaudron bouillant des traditions orales et des coutumes d’un village tribal qui sait résoudre ses conflits avec sagesse, bien loin de la corruption et de l’arrogance de la ville.

Il faut souligner la virtuosité de la traductrice, Sika Fakambi, qui a su rendre exubérante et très colorée la langue parlée.

J’ai trouvé ce premier roman singulier, dépaysant et réjouissant.







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Notre quelque part

Un roman surprenant où se superposent deux Afrique: celle des traditions et des croyances, du vin de Palme, des cases, représentée par un petit village et celle de la modernité, de la "civilisation", des bouchons, des quartiers riches représentée par la ville d Accra.

On se trouve au Ghana. Kayo a fait ses études en Angleterre et travaille dans un laboratoire d'analyses. Il est soudain sollicité, kidnappé conviendrait mieux, par la police pour résoudre une affaire où la police a besoin de la lumière des experts (comme la série des experts). La petite amie d'un ministre en pourchassant un oiseau a découvert quelque chose de bizarre dans une case. Des restes humains? du placenta?

Kayo, qui n' a pas le choix, se met à enquêter.



Certains passages sont très drôles. L'écriture propose également l'opposition entre la tradition et la modernité. C'est dépaysant comme histoire parfois déstabilisant.

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Notre quelque part

�itation: « Les oiseaux n'ont jamais cessé de chanter. Si tu regardes bien, tu vas voir que quoi qu'il se passe les oiseaux vont chanter leur chanson. Au temps de mon grand-père, la forêt était dense, et beaucoup plus haute ; nous n'avions pas besoin d'aller loin pour tuer un phacochère. »🧋







Je dois avouer que j'ai du entrer dans le livre pour pouvoir entièrement l'apprécier. On est dans un village d'Africains natifs qui conservent les anciennes traditions et des Africains de « la ville » vont débarquer à la suite d'un événement qui n'avait rien de bien étrange au début.







Une femme de la ville qui était en voiture dans le coin avec un chauffeur, voit un oiseau magnifique et décide de lui courir après. C'est ainsi qu'elle atterrit dans la case d'un habitant de ce village traditionnel. Ce qu'elle découvre sera à l'origine de tout notre récit.







Cette femme étant l'amante d'un homme plutôt haut placé, la police sera priée de trouver ce que cet amas immonde et puant est, si c'est un corps en décomposition, s'il y a un criminel dans ce village.







C'est ainsi qu'un jeune médecin légiste, de retour de ses études en Angleterre, sera dépêché pour « enquêter ». Alors que l'on pourrait croire que ce jeune est le plus imperméable aux légendes et coutume de ce village traditionnel, on découvre que non c'est même le seul suffisamment respectueux aux yeux des villageois et donc le seul à qui ils parlent et racontent les événements.







J'ai trouvé beau que ce soit les Africains de « la ville », qui n'ont jamais quitté le pays, soient ceux qui sont complètement imperméables aux cultures et traditions du village ancien, manquant même de respect aux villageois. Alors que celui qui a été étudié à l'étranger est le seul à respecter et écouter sans jugement les légendes qu'on lui conte, montrant un profond respect envers la culture de son pays.







J'ai apprécié ce livre qui mélange enquête, légendes, marabouts et politique de manière très maligne et nous fait voyager ! 🎏
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Notre quelque part

Dans un village du Ghana comptant une douzaine de famille, un amas ressemblant à des restes humains est retrouvé dans une case. Les premières investigations menées à la va vite ne donnent rien et ne permettent même pas de définir ce que sont ces restes. Mais comme la maîtresse d'un ministre est impliquée dans la découverte, l'inspecteur principal Donkor décide de se saisir de l'affaire en vue d'accélérer son avancement. Il envoie au village, en utilisant la corruption et la violence, un jeune médecin légiste formé en Angleterre, Kayo Odamtten, avec l'ordre de résoudre l'affaire rapidement, si possible en y ajoutant une envergure internationale.



Au lieu de braquer les habitants, comme l'ont fait les premiers policiers venus s'occuper de l'enquête, Kayo va, tout en menant des investigations rigoureuses, prendre le temps d'écouter les anciens, de demander l'autorisation d'enquêter au chef du village et de suivre les recommandations du féticheur.



C'est un régal de suivre les échanges en langue populaire africaine (un peu comme dans les livres d'Alain Mabanckou). D'ailleurs chapeau au traducteur qui a su garder l'aspect vivant de ce langage.



La description de la ville d'Accra, avec ses bouchons, sa pollution et sa corruption est en complet décalage avec la vie de village où les anciens sont entendus, boivent du vin de palme en écoutant la radio sous l'arbre central et où les croyances sont prépondérantes.



On suit l'enquête qui oscille entre techniques scientifiques et contes traditionnels.



Un roman à l'écriture poétique qui nous fait voyager et permet aussi d'évoquer les problèmes d'un continent en mutation comme la corruption ou la place des femmes.



Les adeptes des polars scientifiques ne trouveront peut-être pas leur compte dans les détours oniriques que prend l'histoire, mais moi j'ai beaucoup aimé ce flou qui rend l'histoire vivante.
Lien : http://lesfanasdelivres.cana..
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Notre quelque part

Le narrateur est un vieux chasseur amateur de vin de palme et qui adore l’ironie, Yao Poku est aussi un conteur de légendes, et j’adore son humour décalé. Cette plongée dans l’Afrique contemporaine fût pour moi un régal, j’ai l’habitude, pendant mon tour du monde littéraire, de me focaliser sur l’Histoire et peu sur ce qui se passe en ce moment, ce roman est donc tombé pile au bon moment. Le rapport sous-jacent des personnages propose au lecteur une vision complexe des rapports humains, on a le texte brut, l’intrigue policière et le sous-texte, et je dois dire que j’adore ces différents niveaux de lecture car l’auteur donne de la consistance à son roman, et il donne une conscience profonde à ses personnages.

Pour reprendre les mots de L’express, Nii Ayikwei Parkes jongle parfaitement avec les codes du polar à l’anglo-saxonne et du conte traditionnel, c’est ce que j’ai le plus apprécié, il arrive à mélanger deux genres qui ne se ressemble pas pour en faire une histoire originale. J’ai adoré l’imagination de l’auteur, la langue qu’il utilise est vivante (et la traduction au top), elle évolue au fil de l’intrigue mêlant patois local et mots modernes. On sent par cette écriture toute la richesse du Ghana, toute sa diversité et le message fort qu’envoi l’auteur qui mélange passé et présent passe à merveille.

J’ai été tout de suite transporté dans le récit, et le monde singulier que l’auteur dépeint m’a plu, c’est un roman résolument moderne et accessible, qui se lit d’une traite. Encore une très belle découverte.

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Notre quelque part

Ils étaient dans leur quelque part, lorsqu'un événement inattendu se produisit et bouscula leur quotidien.



Nii Ayikwei Parkes, lui qui nous avait habitué à sa poésie et ses nouvelles, nous fait avec ce (premier) roman un très joli cadeau.



Un roman où les opposés se rencontrent et se rendent compte qu'ils ne sont pas si éloignés que cela finalement... Entre l'expérience du chasseur Yao Poku et la jeunesse du médecin légiste Kayo Odamtten, de jolies choses se nouent. "Notre quelque part" raconte aussi la ville et la brousse, les croyances et les sciences, l'instruction et l'éducation, les traditions et la "modernité".



Propulsés entre le tourbillon d'Accra et la quiétude troublée d'un petit village au centre du Ghana, nous ressentons les défis de la sous-région, notamment au sujet du retour au pays de jeunes diplômés dans un contexte de corruption non dissimulée.



Ce superbe récit qui s'articule autour d'une enquête atypique, évoque aussi la cohabitation de deux langues: celle du narrateur omniscient, et les expressions populaires des personnages. Un régal 🤩



          《La phrase à retenir》

Les choses ont changé. Mais la nuit tombe toujours de la même façon.



Et parce que je ne peux résister:

Si ta famille ne se bat pas pour toi, qui d'autre le fera? Oui, c'est bien vrai, la famille est une arme.
Lien : https://www.instagram.com/mo..
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Notre quelque part

Notre quelque part m'a transporté dans un ailleurs que j'ai beaucoup aimé. Tout d'abord le langage tellement riche et coloré m'a demandé un effort qui automatiquement a ralenti ma lecture. Ce qui était vraiment savoureux! Et puis cet univers de contes, de croyances, de traditions fait joliment contraste avec la réalité du quotidien, tout en faisant partie intégrante du récit. J'ai aimé découvrir ce pays à travers cette histoire surprenante.
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Notre quelque part

Kayo, de son nom complet Kwadwo Okai Odamtten est un jeune homme ghanéen qui a suivi des études de médecine légale en Angleterre et travaille aujourd'hui dans un laboratoire privée d'analyses. Il est contacté par un sergent de la police ghanéenne puis contraint de travailler pour l'inspecteur principal Donkor suite à la découverte de tissus humains dans un village. Entraîné dans un système politique et judiciaire de combines, Kayo, par son intégrité, réussit à mener l'enquête guidé par Opanyin Poku, un vieux chasseur, les ancêtres et les traditions.

J'ai apprécié le style de l'auteur qui témoigne de la pensée et des coutumes du Ghana. Le langage est restitué. Je me suis égarée parfois dans les contes rapportés par le chasseur. J'ai passé un agréable moment.
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Notre quelque part

Yao Poku, vieux chasseur, détenteur de la mémoire des légendes de son village est à peine surpris quand il voit débarquer une jeune femme à la jupe trop courte qui se met à hurler en sortant de la case de Koffi Atta. Elle y avait suivi un oiseau bleu mais y a trouvé une masse sanguinolente et puante. Masse placentaire ou forme humaine? La jeune femme étant la maîtresse d’un ministre, l’inspecteur principal Donkor est chargé de résoudre bien vite cette affaire.



Pour cela, il fait appel à Kayo, un médecin légiste qui a fait ses études en Angleterre. C’est à l’âge de dix ans, en découvrant le corps de son grand-père noyé que Kayo avait décidé de devenir médecin légiste. Trouver des raisons scientifiques face aux suspicions habituelles de sorcellerie, telle était son ambition. Donkor lui demande de rédiger un rapport digne des Experts, sa série favorite.



Kayo quitte à contrecœur son laboratoire biomédical et ses amis du Millie’s avec lesquels il boit chaque soir le vin de palme. Mais il sait que cette expérience sera peut-être l’occasion d’intégrer la Police d’Accra qui avait initialement évincé son dossier. Le jeune homme, flanqué du policier Garda, arrive au village, sur le terrain de l’enquête. En respectant les coutumes locales, il se fait accepter par Yao Poku et Oduro le féticheur malgré ses méthodes d’expert occidental. Il numérote les indices, prend des photos, relève des traces et des empreintes avec ses lunettes filtrantes et sa torche UV.



Chaque soir, Kayo et Garda rejoignent Yao Poku et Oduro à la buvette locale chez Akosua Darko. Là buvant du vin de palme et mangeant du fufu, Yao Poku leur raconte l’étrange histoire d’un cultivateur de cacao et de sa fille, une histoire qui pourrait bien donner des idées à Kayo pour résoudre son enquête.



En abordant Notre quelque part, le dépaysement est total. L’auteur mêle la culture locale et les apports occidentaux. La traduction laisse quelques passages en dialectes locaux pour une meilleure immersion dans la culture africaine. Les locaux utilisent ce que l’homme blanc anglais a pu apporter mais ils savent que ce qui est écrit dans l’Histoire n’est que mensonge face aux légendes locales. Si le médecin légiste tente d’expliquer la mort, seuls les ancêtres détiennent réellement ce pouvoir.



Nii Ayikwei Parkes séduit avec ce premier roman non dénué d’humour. Un roman étonnant qui montre toute la complexité d’un pays en évolution entre modernité occidentale et coutumes ancestrales. L’auteur esquisse les différences entre jeunes cadres de la ville d’Accra et villageois proches des mythes africains. Les personnages sont particulièrement attachants. Conscients de la corruption omniprésente, de la violence ambiante, ils continuent avec légèreté à chanter, boire le vin de palme et raconter des histoires.
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Notre quelque part

Amis cartésiens changez de livre celui-ci n'est pas pour vous par contre si l'on est prêt à accepter légendes et magie d'une autre culture ce roman est une grande réussite.



L'auteur articule "deux" Afriques, la moderne au travers de la grande ville, de la corruption et du jeune héros formé en Angleterre à la médecine légiste, l'autre faite de pagnes, de vin de palme, de proverbes, d'esprits et de palabres.



C'est au travers d'une enquête sur des restes humains dans un petit village que ces deux mondes vont se croiser pour offrir au lecteur un bien joli texte .



Pour ma part, ce texte m'a envoutée, maraboutée , j'ai tout écouté, senti, ressenti, bercée par une langue chaude et puissante et cette lecture fut un vrai moment de bonheur et de dépaysement
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Ce que je sais

J'ai tout d'abord choisi de lire ce recueil par jeu : en 2020 ce fut le recueil ayant eu le plus de lecteurs dans le cadre du challenge "La poésie c'est la vie" ! C'est donc le hasard qui a guidé mon choix puisque je ne connaissais pas l'auteur.

La belle couverture m'a juste donné envie de le commander auprès de ma libraire et, en avant l'aventure!

J'ai été interpellé par un titre commençant par deux points et un sous-titre annonçant 1 + 13 (pourquoi pas directement 14 ?) poèmes "désinvoltes".

Le dictionnaire donne pour "désinvolte" la définition suivante : " Se dit d'une attitude dégagée, leste, sans embarras".

Alors certes, l'écrivain ce livre parfois "sans embarras" comme dans "Sombres esprits" , vision alcoolisée d'un lit couvert de corps de femmes, texte qui m'a quelque peu dérangé, mais l'ensemble reste soft.

Je parlerais donc plus des poèmes "accessibles", sans fioritures de style et donc proches du lecteur. Intimistes?

Souvenirs d'enfants, des traditions ou des villes du Ghana et une pincée d'irréalité

Nii Ayikwei Parkes partage simplement ce qu'il sait et son vécu.



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Notre quelque part

Dans un village au centre du Ghana, des restes humains sont retrouvés dans une case . Dans ce même village se trouve la maitresse d'un ministre . Ce dernier demande à la police de rapidement faire le jour sur cette affaire. Les habitants semblent plus habités par le vin de palme que par l'envie d'aider les policiers.



Belle découverte que ce "notre quelque part " qui envoie un message fort en faisant se rencontrer le monde la ville et ses techniques modernes avec celui de la "brousse", ses croyances et ses traditions.

Et le contraste est saisissant, plein d'humanité, de croyances, plein d'Afrique dans tous ce qu'elle a de magique pour nous occidentaux.

Il y a Accra, sa civilisation ,ses bouchons, ses quartiers riches, ses fonctionnaires corrompus et il y a le village où les habitants passent leur soirée à boire du vin de palme en mangeant du Fufu tout en s'abreuvant de croyances et de récits faisant la légende du lieu. c'est frais , écrit dans une langue qui mêle le style local et un écrit plus conventionnel. Sans que cela ne soit nullement dérangeant.



"Mais après tout, de quel droit aurait-il pu lui, Kayo, arriver dans ce village et prétendre balayer d'un geste les traditions de ces gens, les coutumes , et précipiter dans le chaos tout un monde, au nom d'une science qui, pourtant, n'était pas dénuée d'incertitudes ?"

Tout est dit...
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Ce que je sais

Des poèmes de l'auteur de Notre quelque part ? Ah oui, je veux !

Et j'ai aimé les mots. Ils disent le lien au Ghana : une nuit moite où l'enfant découvre la brume, des atmosphères, des personnes dans la ville, un fantasme sous alcool, croquer une mangue, les mots d'une mère, les gestes d'un père. Et ils disent la solitude, l'amour perdu, ce qu'il y a parfois derrière le sourire.

Que le livre soit court ne me gène pas, j'aime pouvoir lire en un seul mouvement un recueil de poésie. Mais l'édition aurait pu mettre mieux en valeur : pourquoi une marge intérieure si étroite, une écriture si petite, sur des pages qui semblent immenses et vides ? Pourquoi les versions originelles en anglais reléguées à la fin alors que face au poème traduit, le lecteur, même peu doué en langue, peut profiter des correspondances ? Parfois, j'aurais aussi eu envie de petites notes explicatives pour ne pas devoir quitter le livre et regarder un écran (ah Sakumono est le nom d'une ville !), simplement pour mieux savourer les mots de Nii Ayikwei Parkes
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Ce que je sais

Je tiens d’abord à remercier Babelio et les éditions Joca Seria pour l’envoi de ce livre dans le cadre de la dernière opération Masse critique.



J’aime beaucoup la poésie et la couverture dessinée par Alice Hameau est très belle.



C’est toujours difficile de donner un avis sur les textes poétiques. Il faut qu’ils me parlent… avec des mots, des images et des sons. Quand il s’agit de textes traduits cela peut changer les choses. L’éditeur propose en fin de recueil 6 des textes en anglais, c’est bien mais pourquoi ceux-là ?



Je ne comprends pas pourquoi le recueil n’est pas entièrement bilingue ? Il y avait toute la place pour. J’ai aussi regretté que la présentation de l’auteur ne se limite qu’à la quatrième de couverture.



Bref, je vais laisser de côté ces choix éditoriaux discutables pour en venir aux textes.



J’ai beaucoup aimé :

- L’amour ne laisse pas de mots (love leave no notes)

- Jamestown

- Troc

- Contiguïté



Mon préféré est « The Makings of you » qui au passage m’a fait découvrir Curtis Mayfield (1942-1999) :



« … en chantant en choeur avec Curtis Mayfield

the makings of you, comme si la somptueuse beauté

de cette chanson allait pouvoir t’éviter la dépression.»



Une belle découverte.

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