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Citations de Nina Berberova (316)


— Je suis violoniste. Et toi, tu es qui ?
Et Véra de lui répondre machinalement :
— Moi, je suis personne.
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Ma théorie est celle-ci : nous ne reviendrons plus sur cette terre... Oh mon Dieu ! Ne pleurez pas, je vous parle de quelque chose de joyeux ! Donc nous ne reviendrons plus sur cette terre, pourtant nous ne connaissons pas d'autre vie, et n'en connaîtrons, sans doute, pas d'autre. Il faut donc s'en arranger.
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Il arrivait souvent à Anastasia Guiorguievna de prendre le miroir et de s'y examiner. Ce n'était pas le fait d'avoir changé au delà de toute commune mesure qui la troublait, ni que les épreuves endurées ces dernières années l'avaient vieillie, non, c'était surtout que l'échéance prochaine d'une mort solitaire la menaçait. De cela elle était sûre.
Déjà en Bulgarie, elle avait appris qu'elle était malade et qu'elle ne pourrait pas guérir. Son côté droit la faisait souffrir toutes les nuits. Le médecin qu'elle avait consulté avait fait le lien entre son côté et ses reins. Elle savait que seule une opération pourrait la soulager, mais elle ne voulait l'envisager à aucun prix. Elle savait qu'un jour viendrait où elle serait incapable de se chauffer de l'eau, que viendrait une nuit où personne ne serait là pour lui fermer les yeux et qu'alors viendrait une solitude éternelle où personne n'irait sangloter sur sa tombe envahie de ronces.
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Par l'ouverture d'une lourde porte cintrée apparaissait une perspective vert bleu: un jardin peut être.
Plus bas, l'humide obscurité regorgeait d'herbes folles; on voyait de maigres orties en fleurs et, collées au mur de la douve médiévale, de grosses limaces rouges.
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« J’avais découvert le point faible de Maria Nikolaevna, je savais de quel côté j’allais la frapper. Et pourquoi ? Mais parce qu’elle était unique, et des pareilles à moi il y en avait des milliers, parce que les robes qui l’avaient tellement embellie et qu’on retaillait pour moi ne m’allaient pas, parce qu’elle ne savait pas ce que sont la misère et la honte, parce qu’elle aime et que moi, je ne comprends même pas ce que c’est. » (p. 74)
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Paris. Paris. Qui dit ce mot, dit aussi soie, élégance, oisiveté, fête ; quelque chose de brillant, de pétillant, comme le champagne. Tout y est beau, gai, un brin ivre, de la dentelle partout ; une jupe froufroute à chaque pas.
A ce mot les oreilles se mettent à tinter et les yeux à voir trouble. Je vais à Paris. Nous arrivons à Paris. Nous vivons maintenant à Paris...
Mais ce que je vis dès le premier jour ne ressemblait ni à de la soie, ni à de la dentelle, ni à du champagne.
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Je sais fort bien que je ne peux pas me prendre éternellement au sérieux, car je participe inévitablement de l'absurdité universelle. Les Grecs se moquaient de leurs lieux sacrés et les Sefardim adoraient un dieu qui savait plaisanter. Seul le renoncement au sentiment de mon importance me donne la possibilité de développer des aspects inattendus de ma personnalité et la liberté de me transformer au cours de cette vie qui passe si vite. J'ai appris à sourire: je suis sortie de la tragédie de ma jeunesse pour entrer dans une maturité qui porte la marque de l'humour.
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Tout en Véra paraissait délicieux. Mais le principal, qu'il n'avait pu jusqu'alors se figurer, c'était son équilibre, avec l'éternelle nouveauté que cela constituait pour lui -son "équilibre vertigineux", comme il se le définissait à lui-même ; il semblait que le calme et la permanence du bonheur qui émanaient d'elle trouvaient leur équilibre dans la passion, l'absence de retenue et l'ardeur qu'il lui connaissait ; comme si, toute entière, avec son corps vacillant et fidèle et son âme aimante, elle faisait contrepoids à ce monde de méchanceté, de maladies et d'ennui.
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J'ai envie d'être heureux. Je veux être fier de mon bonheur, je veux ne douter de rien, ne pas avoir honte de vivre mieux que tout le monde, ne pas me mortifier que d'autres vivent mal pendant ce temps. Je veux le bonheur. Pour que les premiers mots de notre rencontre ne renferment pas déjà un futur adieu. Je ne veux ni "repos", ni "liberté", je veux le bonheur lui-même.
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Je voulais simplement dire qu'on n'a pas besoin, quand on est vieux, de toutes ces étincelles, de tous ces instants soi-disant de folie, on veut seulement durer...Vous avez déjà entendu ce mot, mon petit chat ? Durer. Retenez-le. On ne veut qu'une chose : de la solidité, de la fidélité, que le bonheur d'aujourd'hui soit encore celui de demain et d'après-demain. On veut que celle qui est à côté de nous soit nôtre pour l'éternité, sans partage, dans la vie et dans le rêve, et que tout ce que l'on veut, elle le veuille aussi. Est-ce cela que la jeunesse cherche aussi ?
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En un éclair l'idée le traversa de faire ses comptes, l'inventaire de ses richesses et de se demander où était l'amour là-dedans. Cette question le laissa abasourdi quelques minutes ; brusquement l'expression des yeux plus sombres et de la bouche plus large dans le visage si pâle émergea de sa mémoire... Il se cramponna à ce souvenir, le sang afflua de nouveau dans son corps, il ressentit des picotements dans les mains et des bourdonnements d'oreilles. "Le voilà l'amour ! soupira-t-il avec un soulagement triste, c'est cela : un endroit secret, une étreinte, l'obscurité."
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Autour de Peters se constitua un groupe de jeunes bolcheviks, tous membres du club des sociaux-démocrates lettons de Londres, qui décidèrent l'attaque d'une grosse bijouterie : ils avaient besoin d'argent pour imprimer leurs brochures révolutionnaires, qu'ils faisaient ensuite parvenir à Riga. Leur but était l'indépendance de la Lettonie. A cette époque les "expropriations", c'est-à-dire les attaques à main armée de bijouteries, de banques ou de bureaux de poste, étaient fréquentes.
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La vie à Votkinsk, l'atmosphère paisible et douce de cette maison où tout le monde l'aimait et où il aimait tout le monde, contribuaient aussi à le rendre heureux. {...} Mais Pierre ne pensait qu'à une chose : inventer, rimer, écrire, exprimer ses sentiments au monde entier, ces sentiments qui l'étouffaient et auxquels il cherchait une issue.
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Cette force puissante qu'il chérissait en secret, c'était son pouvoir de création. En lui montait un désir de créer d'une violence telle que seule son immense puissance de travail permettait d'assouvir. Ici même, sans plus tarder, jouir de cette douceur, de cette ivresse, matérialiser son inspiration, connaître la sueur de l'effort et des larmes de béatitude ! C'était son seul vrai bonheur, doux et amer.
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Tard dans la nuit, il bavardaient ; ils avaient des secrets, dont quelques-uns leurs restèrent à jamais. Ils s'aimaient, l'un avec un petit sentiment de pouvoir, de force, de supériorité ; l'autre, avec une inquiétude jalouse. Pour Apoukhtine, tout était clair ; c'était un homme qui savait ce qu'il voulait et ne doutait pas de sa vocation. Pour Tchaïkovski, l'avenir était bien trouble. Dans le présent instable et tourmenté, il tremblait, affolé par la complexité des choses {...}
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Mais lorsque, après une aspiration (nullement affectée, mais aussi simple que lorsque nous aspirons l'air des montagnes à la fenêtre d'un wagon), elle entrouvrit ses lèvres fortes et belles, et qu'un son fort et puissant, plein jusqu'aux bords retentit soudain au dessus de moi, je compris tout à coup que c'était justement cette chose immortelle qui serre le cœur et fait que le rêve d'avoir des ailes devient réalité pour l'être humain débarrassé soudain de sa pesanteur.
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Je sais, il y a des gens qui n'admettent pas le chant : une personne prend la pose, ouvre la bouche toute grande (d'une façon naturelle - et alors c'est laid - , ou d'une façon étudiée - et alors c'est grotesque) et, tout en s'efforçant de conserver sur le visage une expression d'aisance, d'inspiration et de pudeur, crie (ou rugit) longuement des paroles dont l'agencement n'est pas toujours réussi et qui sont parfois, accélérées sans aucune raison, ou bien découpées en morceaux, comme pour une charade, ou encore répétées plusieurs fois de façon inepte.
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Extrait d'une lettre anonyme venant de Moscou, le titre est "Aux écrivains du monde", parue dans le quotidien russe Les Dernières Nouvelles le 10 Juillet 1927.
Pensez à vous -mêmes: vos peuples sont en train d'être poussés avec une force diabolique visible de nous seuls, dans la même voie semée d'horreur et de sang que celle , dans laquelle notre peuple s'est engagé , il y a dix ans, en un moment fatal de son histoire, quand il était déchiré par la guerre et par la politique du pouvoir en place. Nous avons fait l'expérience de ce chemin qui mène au Golgotha des peuples et nous vous mettons en garde.
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Il était sept heures du matin quand elle s’interrompit et ferma le livre. La nuit commençait tout juste à se déchirer dans le ciel, au-dessus de la ville, des sons, les premiers bruits matinaux commençaient à lui parvenir par la fenêtre.
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Paris n'est pas Prague. Le ciel se déchire au-dessus de Paris et une colombe s'envole, le soleil au-dessus de Paris est blanc. Et si une pluie légère se met à tomber, alors tout le monde se met à danser: les hommes (l'avez-vous remarqué?) marchent dans les flaques sur la pointe des pieds, tandis que les femmes ayant traversé la rue lèvent immédiatement leurs petites jambes pour voir si leur bas n'a pas été éclaboussé. Et oui, il a été éclaboussé, et elles courent plus loin. c'est ça Paris, et Billancourt est à côté.
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