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Citations de Nina Berberova (316)


Personnellement, je ne ressens pas le passé comme un "paradis perdu" qui tiendrait son charme davantage de ce qui n'est plus qe de ce qui fut. La mort ne peut jamais être supérieure à la vie. Seule la féroce immanence de l'instant est impérissable car elle contient à la fois le passé, le présent et l'avenir. Je suis prête à sacrifier mes souvenirs les plus chers à cet instant où mon crayon court sur la page et où l'ombre d'un nuage passe sur moi.
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Maria Nikolaevna l'aimait...Cependant, il me semblait parfois que même sans amour, elle aurait été heureuse, vraiment. Elle n'avait besoin de personne. Mais elle l'aimait.
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Extrait de la postface de Nina Berberova :
Quand mes premiers récits intitulés "Chroniques de Billancourt" commencèrent à paraître, les garçons coiffeurs russes n'acceptèrent plus mes pourboires, le cordonnier voulut ressemeler mes souliers gratuitement, le propriétaire de l'épicerie m'offrit des bonbons et les enfants du quartier se mirent à me reconnaître et à pointer le doigt sur moi.
J'ignore si mes lecteurs avaient véritablement saisi toute l'ironie contenue dans mes récits et s'ils avait compris qu'entre moi et mes "héros", il y avait un profond fossé : le mode de vie, l'origine, l'éducation, le libre choix d'une profession, sans parler des opinions politiques.
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Il arrive dans la vie de chacun, que soudain, la porte claquée au nez s'entrouvre, la grille qu'on venait d'abaisser se relève, le non définitif n'est plus qu'un peut-être, le monde se transfigure, un sang neuf coule dans nos veines. C'est l'espoir. Nous avons obtenu un sursis.
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Il pleut à verse, la berge est déserte. Il descend vers la rivière noire. Sur l'autre rive, des feux brillent, un fiacre passe. Dans l'obscurité il s'avance vers l'eau et se glisse dans ce froid qui murmure. L'eau glacée lui fait mal, ses chaussures s'alourdissent, ses pantalons se mouillent. Ce gouffre noir, mort, l'attire. Non, impossible ! Que dirait-on ? Il pense aux petites Davydov: oncle Pétia s'est suicidé. Impossible ! Mais que faire ? L'eau est froide et lourde; ses os se glacent. Il rentrera à la maison fiévreux, et Antonina appellera le médecin. Il sera malade, très malade, sans connaissance, tremblant de fièvre. A Pétersbourg, à Kamenka, on le saura. L'eau monte maintenant jusqu'à ses genoux; il descend encore. Il ne faut pas tomber... Mais il perd l'équilibre, l'eau lui arrive aux aisselles. Il pleure, lève les bras; son corps est insensible, son pardessus déboutonné flotte autour de lui. Il perd sa canne. Au fil de l'eau, un morceau de bois, quelques feuilles mortes... Congestion pulmonaire ou inflamation des reins ? Encore un pas et tout serait fini... Il faut sortir !
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Il y avait quelque chose de menaçant dans le ciel limpide, dans les champs silencieux, dans les chemins qui, çà et là, fuyaient vers le large, dans cet été, dans ce monde où il avait plu au destin de le faire naître. La tête lourde appuyée sur une main, il semblait vouloir se rappeler quelque chose et garder le silence parce qu'il n'y parvenait pas. D'où venait-il ? Et où pouvait-il aller ? Fallait-il qu'il poursuive son voyage ? Qu'était-ce que la vie, cette pulsation, ce souffle, cette attente, qu'était-ce que le transport, l'affliction, la guerre ? Et lui-même, si faible, mais doué d'une si puissante harmonie dans le cœur et d'une mélodie dans la tête, que faisait-il là, dans la rumeur désormais incessante des canons, au milieu des préparatifs de départ des familles villageoises, où l'on faisait sortir les chevaux, où l'on attachait les vaches, où l'on cousait de l'or dans les doublures ?
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LE MAL NOIR

- J’ai envie de vous écouter et de vous parler de moi, dit-elle après une pause, chaque minute avec vous m’est précieuse. Avant de vous rencontrer, je croyais bien me connaître, connaître mes limites. Car chaque homme a ses limites, vous êtes d’accord ?
- Oui.
- Tout d’un coup j’ai vu que je ne me connaissais pas du tout. Mais au lieu de me sentir perdue, égarée, pas sûre de moi, je suis heureuse. Je voulais vous le dire.
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LE LAQUAIS ET LA PUTAIN

Elle s’approche à nouveau de la glace, compose à nouveau son visage - heureux, tranquille, le visage qu’elle aurait voulu avoir. Elle se regarde longuement. Belle. Ce qui eût bien convenu aussi à son allure, c’est un petit chien - prétexte supplémentaire pour lier connaissance. Idiote ! Pourquoi n’as-tu pas demandé à ton youpin de te donner un chien au début, quand il était si gentil ? Gentil ? Mais oui, il était gentil pendant la première et la deuxième année de leur ... disons amour, il lui avait fait cadeau de ce manteau de fourrure, il supportait tous ses caprices, sa méfiance, son horrible vissage en larmes. C’est quand étaient venus les reproches parce qu’il ne l’épousait pas les menaces de s’accrocher, qu’il avait cessé d’être gentil. Et il avait raison. Tu pouvais le garder, tu es la cause de tout, se dit-elle soudain. Oh, idiote, comédienne, incapable !
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Et je serre les poings
Les poings seront toujours utiles
A quoi bon la langue des éclairs?
Je connais celle des orages.
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Au printemps à Paris, fleurissent les marronniers. Les premiers à s'épanouir sont ceux du boulevard Pasteur, là où le métro jaillit de dessous la terre et où l'air chaud s'élève par vagues jusqu'aux arbres. En automne, sur les Champs-Élysées, les feuilles avant de tomber prennent une teinte brun-foncé, couleur cigare. En été, durant quelques jours, le soleil se couche en plein centre de l'Arc de Triomphe, vu depuis la place de la Concorde. Les jardins des Tuileries sont les plus beaux de Paris parce qu'ils font partie d'un ensemble ; et face au globe ardent du soleil qui inonde de ses rayons la dalle de L'Arc, on finit par se confondre avec cet ensemble, comme devant le tableau de Rembrandt, Aristote contemplant le buste d'Homère. Il n'y a pas à proprement parler d'hiver à Paris. Il pleut et les gouttes d'eau clapotent et chuchotent contre les vitres et sur les toits. Soudain, en janvier, vers la fin du mois, vient un jour où tout resplendit : il fait bon et le ciel est bleu. Sur les terrasses des cafés, les clients ont quitté leur manteaux et les femmes, vêtues de robes légères, transfigurent la ville. On a beau savoir qu'il reste encore deux mois de mauvais temps à passer, personne n'y fait allusion. Chaque année, ce jour revient telle une fête mobile qui tomberait entre le 20 janvier et le 5 février, laissant sur son passage un parfum de promesse
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La pluie allait tomber. Au-dessus de lui, il voyait d'autres fenêtres, mais il eut beau se courber, il ne vit pas le ciel. De la fumée tombait dans ce puits. La voix enrouée, il dit, comme s'il chantonnait :

Pluie, arrête maintenant,
Nous irons à Astrakhan.

Elle n'entendit pas les derniers mots et répéta, en bâillant : ...nous irons au restaurant.
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Tania allume une cigarette.
- Hier il m'a dit : te tuer ou t'épouser ?
- Et pourquoi ça ?
- Comme ça. De l'hystérie.
Goulia bouge ses pieds.
- Pour quoi, demande-t-il, nous vivons, toi et moi, et tous les gens ?
- Mais pour qui se prend-il, pour Tolstoï, ou quoi ? Dis-lui qu'il vit pour recevoir des pourboires.
Une fois encore, Tania éclate de rire.
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- Aujourd'hui larbin, demain fichu à la porte et raide comme un passe-lacet. S'installera au chômage. Il faut exiger.
- Il est jaloux du premier chien venu.
- D'un côté; il n'a pas tort. Tu ne refuserais pas le dernier des chiens.
Tania éclate d'un rire modulé : cela veut dire que Goulia la considère comme une "grande amoureuse". Elles en avaient parlé un jour, se disant que Nadia et Tata n'étaient pas de "grandes amoureuses". Tania se trouve flattée.
- Il n'a pas d'argent, il philosophe beaucoup. Et puis il est un peu vieux pour moi. Tu comprends ?
- Déjà ? Ah, le fils de chien ! Et il se permet encore d'être jaloux...
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Son russe ressemblait à sa coiffeuse où j'avais failli saisir le reflet d'une patrie oubliée.
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Anastasia Guiorguievna ne savait pas parler aux gens et l'enfant ne l'importuna plus avec les épisodes de sa vie. Elle avait confiance en son destin. La nuit, lorsqu'elle dormait, l 'expression déterminé de son petit visage ne changeait pas.
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''L’honneur est plus précieux que la vie''. Je n’ai jamais compris ce que cela voulait dire. Comment une chose peut-elle être plus précieuse que la vie ? Sans la vie, il n’y a rien. Cela reviendrait à dire que les trous valent mieux que le gruyère. Rien ne peut se comparer à la vie.
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Elle ne se demandait plus pourquoi elle aimait cet homme - chaque détail, de son nom jusqu'à son ineffable "rusticité" qu'aucune tournure française ne pouvait travestir, lui plaisait, la faisait languir, et pourquoi, et pour qui aurait-elle dû se justifier, s'expliquer ? Jamais elle n'était reste assise avec un homme sur le pont d'un yacht immobile (qui aurait pu partir pour un tour du monde des pays fantastiques, mais ne partirait pas, un yacht aux feux éteints), il lui semblait qu'à deux ils auraient pu mener une longue vie de tourtereaux, ou une demi-vie, ou un quart de vie - jamais, avec personne, elle n'avait souhaité vivre ne fût-ce que vingt-quatre heures.
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La vie de Maria Nikolaevna était remplie de musique, de sorties dans le monde, de visites chez le couturier et à l'institut de beauté - il semblait qu'elle n'avait ni la possibilité, ni le temps de le rencontrer, et cependant, je ne doutais pas qu'elle le vît.
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Je me souvenais du temps où je regardais Paris avec distance, parfois même avec détachement. Que d'Histoire dans cette ville! me disais-je. Ou: Que de beauté! Ou même: Tant de nature, de ciel, d'oiseaux, de fleurs. Ou encore: Que de monuments et de livres, de tombeaux et de plaques commémoratives. Maintenant je regardais défiler les arbres du quai, me disant cette fois : Combien de souffrances il y eut et combien y en aura-t-il encore, de souffrance russe en particulier, et la mienne!
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A cette époque (la fin des années 20), dans l'ensemble du monde occidental, il ne s'est trouvé aucun écrivain éminent pour intervenir en notre faveur, prêt à élever la voix contre les persécutions que subissent les intellectuels en U.R.S.S., contre les répressions, la censure, les arrestations, les procès, la fermeture des journaux. La vieille génération, Wells, Shaw, Rolland, Mann, était entièrement gagnée à la "Nouvelle Russie" et à "l'expérience intéressante" qui avait liquidé "les horreurs du tsarisme". Elle soutenait Staline contre Troski, comme elle avait soutenu Lénine contre les autres chefs politiques. Dreiser, Sinclair Lewis, Upton Sinclair, André Gide (jusqu'en 1936) et Stefan Zweig prenaient la défense, dans tous les débats, du parti communiste contre l'opposition. Puis venait la génération intermédiaire, avec le groupe de Bloomsbury et Virginia Woolf, Valéry et Hémingway, qui ne montraient pas d'enthousiasme à l'égard du communisme, mais restait indifférente aux événements des années trente en Russie. Jean Cocteau écrivait: "Les dictateurs contribuent à promouvoir la protestation dans l'art, sans laquelle celui-ci meurt". On avait envie de lui demander si cela était également valable pour la balle que l'on recevait dans la nuque.
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