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Critiques de Olivier Bordaçarre (175)
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Appartement 816

Nombreux d’entre nous auraient sans doute préférés oublier la période d’urgence sanitaire et de confinement provoquées par le virus du Covid, mais Olivier Bordaçarre nous y fait replonger pour ces quelques 150 pages.



Dans un monde (relativement ?) proche du notre, nous suivons le personnage de Didier Martin et sa famille (sa femme Karine, son fils Jeremy et leur chien Bruno) écrit à la manière d’un journal rédigé de la main du père de famille. La narration est donc très simple, mais c’est à mon sens l’une des forces de ce roman ; très vite on se sent proche de Didier, comme si l’on était avec lui.



Leur « confinement » dure depuis trois ans, en alternance entre un isolement total, partiel ou semi-partiel dans un environnement particulièrement stricte et maîtrisé. Mais notre protagoniste aime ça, il accepte chacune restriction avec patriotisme ce qui amène nécessairement le lecteur à s’interroger sur la portée politique de ce roman (bien qu’elle soit systématiquement induite). En ce sens, j’ai parfois repensé durant ma lecture à « 1984 » de Georges Orwell où il est aussi question d’une société ultra surveillée, opprimée mais qui pourtant produit un peuple patriotique à la confiance aveugle. Même s’il ce n’est pas tellement le sujet du livre la réflexion se fait indubitablement pendant la lecture et c’est à mon sens un atout. L’auteur nous invite à aller bien au delà des lignes du roman, il prolonge son roman même une fois celui-ci fermé.



La lecture est fluide, on accompagne Didier tout au long de ses journées. Et même s’il ne se passe pas grand chose, très vite le lecteur comprends (ou en tout cas devine) que sous cette couche de normalité se cache quelque chose de très différent. Un petit doute s’installe et la lecture se fait avec une attention grandissante. Les pages s’enchaînent, elles défilent et se dévorent d’une traite. Contrairement à certain thriller qui ont un rythme de plus en plus soutenu, « Appartement 816 » prends le contre pied puisqu’il n’est jamais question de traque à l’homme ni même d’enquête. Pour une fois, le lecteur est avec l’assassin, complètement plongé dans sa normalité.



Ce qui est fort c’est la simplicité totalement naturelle et spontanée de Didier. Il n’a rien du monstre, ou du serial killer ; mais au contraire son caractère le rapproche dangereusement de son lecteur. On pourrait l’apprécier, et c’est toute la puissance de la plume d’Olivier Bordaçarre.



« Appartement 816 » est une lecture différente et finalement (malgré un contexte que l’on a trop bien connu) très originale que je recommande à tout le monde.
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Appartement 816

Un très bon thriller psychologique, glaçant, dont l'horreur, masquée par la monotonie du quotidien, se dévoile peu à peu dans un huis-clos où la folie affleure. Le style de l'auteur est très fort pour tenir le suspens jusqu'au bout. L'anticipation légère qui tient lieu de cadre pour ce texte est d'autant plus effrayant qu'elle met en scène une actualité très proche de nous.
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Appartement 816

C'est davantage un roman sociétal totalement en lien avec notre actualité de pandémie mondiale et des mesures de confinement. Le narrateur à la différence de son épouse et de son fils accepte cet enfermement total un peu similaire aux confinements chinois. Il y aura des personnes assassinées et une personne coupable, mais ce sera évident au vu du déroulement du roman.
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Appartement 816

Ca n'engage que moi : Quelle claque !!!! Gros coup de coeur de ce début d'année 😍😍😍😍😍😍

Sous forme de journal intime, un type raconte sa vie pendant une épidémie (le rapprochement avec le COVID est vite découvert). Je n'en dirais pas plus pour vous laisser la surprise.

L'ambiance est très malsaine, dès les premiers mots j'ai senti une certaine tension ; cet homme, on peut le penser, a une haine, de la colère, de la rancoeur envers son entourage - sa famille, ses collègues, ses voisins ; une vie ratée, des désillusions, des combats perdus.

Entre fiction et réalité, le quotidien de cet être abject de 41 ans devenu incontrôlable, apte à tromper, à mentir.

Une fin de parcours somme toute très logique mais j'ai senti comme un mélange de surprise et de fatalisme en arrivant au bout de huis-clos écoeurant.

Je vous recommande vivement cette lecture.

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Appartement 816

Ce roman nous plonge dans un monde futur que nous devrions jugé bien peu probable.Et pourtant 😉

Une pandémie oblige l'humanité à se calfeutrer. Depuis trois ans, la France a assigné ses citoyens à résidence. Chacun reçoit ses courses commandées sur Mississipi (sic!) par drone. Interdiction d’ouvrir sa fenêtre en dehors des heures programmées. Didier Martin (français lambda), comptable, vit avec sa femme, son fils et son chien dans un immeuble d’une ville moyenne.



Petit à petit, le lecteur se trouve happé par l'horreur de cette situation absurde. Le monde extérieur est devenu infréquentable, Didier Martin semble s’adapter. Il aime l’ordre, le respect et préfère la compagnie de ses poissons exotiques à celle des humains. Pour faire face à la langueur des jours sans fin, sur les murs, sur les meubles, sur les objets : partout autour de lui, il écrit son histoire à la première personne.



Dans le huis clos de cet appartement, le lecteur s'immerge dans un thriller noir, journal intime d'un déséquilibré.

Le monde s'immobilise. L'humanité meurt. Sombre, efficace, traumatisant...
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Appartement 816

Confinement, c'est ce que nous avons vécu. Et si la situation sanitaire s'était encore plus aggravée ?



Didier Martin raconte son quotidien dans un contexte sanitaire cataclysmique avec des virus contre lesquels il n'y a pas de traitement, des virus qui mutent, qui se transforment en autre chose d'encore plus dangereux et des vaccins qui ne servent à rien. Il fallait bien que des mesures soient prises et Didier Martin est convaincu de leur utilité et de leur légitimité.



Depuis trois ans les IGT ( Isolement Général Total ) succèdent à des IGSP ( IG semi-partiel ) et aux IGP ( IG partiel ) pour des périodes de six mois. Durant un IGT, dans les agglomérations de plus de six cents habitants, la vie se déroule entièrement à domicile. Interdiction absolue de sortir de chez soi. Didier Martin respecte les règles par devoir. Il est en télétravail. Il vit dans un petit appartement avec sa femme et son fils mais il ne parle pour ainsi dire pas d'eux. Il ne s'entend pas avec son ado de fils et il n'y a jamais eu beaucoup de complicité avec sa femme. Trois pièces pour trois personnes. A l'extérieur une répression implacable sévit, une bonne mesure pour Didier Martin. La racaille n'a qu'à bien se tenir !



Les biens de premières nécessité et les rations alimentaires sont livrés par drone. La vie est régie par des applis informatiques. Rezo est le réseau social agréé. Il faut aussi remplir chaque jour une Fiche Journalière de Présence. Il y a Ravi pour le ravitaillement et pour le reste les commandes se font sur Mississippi ( ce choix d'un grand fleuve m'a fait rire ). Tout est disponible sur ce site de vente en ligne, Didier Martin y a acheté un congélateur.



Didier Martin raconte tout cela. Son journal quotidien, il l'écrit sur des supports aussi divers que les murs, les objets, les portes, sous le lavabo. Il écrit partout. Il raconte tout. Pour lui c'est un témoignage sur une période exceptionnelle. Il est libre alors il témoigne, par écrit. Il est heureux, la situation lui pèse bien sûr mais il n'y a pas d'autres solutions, le gouvernement a fait les bons choix et il faut les respecter. Didier Martin a été obligé de tuer son chien, il était de trop dans l'appartement, surtout à cause des crottes. Il s'autorise aussi quelques entorses aux règlements, comme entrouvrir sa fenêtre de quelques millimètres pour écouter le chant des oiseaux ou plus simplement profiter du silence. C'est pourtant formellement interdit. Un jour il décide d'acheter une maison à la campagne et de vendre son appartement.



Le récit d'Olivier Bordaçarre fait froid dans le dos. Dans ce contexte tout est prévisible presque logique mais tout est exacerbé, démesuré. Même le réchauffement climatique s'en mêle. Le comportement de Didier Martin est également dans la démesure. Le lecteur sent aussi qu'il y a quelque chose qui cloche.



Le style est simple, emprunté à ce qui est écrit dans les journaux intimes. Le lecteur sourit à de nombreuses reprises mais il est sans cesse ramené à une situation tragique. Les 160 pages se lisent facilement presque avec entrain, il y a comme une atmosphère de suspense. J'y ai retrouvé tout ce qui me fascine dans une nouvelle littéraire.



Ce roman d'Olivier Bordaçarre est le troisième titre de "Fusion" la toute jeune collection des Éditions de l'Atalante qui mélange polar, roman noir et social. Extrêmement prometteur ...



Olivier Bordaçarre : Appartement 816. Paru le 21 octobre 2021, Éditions L'Atalante, collection Fusion. ISBN 9791036000935.
Lien : http://romans-policiers-des-..
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Protégeons les hérissons, suivi de Jeunesse de ..

Je ne connais pas Olivier Bordaçarre mais il m’aura suffit de ces quelques pages pour avoir envie de découvrir le bonhomme. Il faut dire que ce petit livre est fort !



Raconté sous forme de témoignage, il suit la virée meurtrière de deux femmes. Mais les témoignages ne sont pas n’importe lesquels ! Ce sont ceux des gens qu’elles ont tués sur leur route ! Ce sont donc les morts qui parlent, qui nous racontent ce qu’ils ont vus, jusqu’au dénouement aussi triste que glaçant. Alors l’auteur a du se mettre dans la peau de ces morts. Il a du endosser le rôle du flic, mais aussi celui du simple hérisson écrasé par la voiture. Sans oublier la mére, le pére, la soeur. Le pompiste et le chien du pompiste. Bref, tout ces points de vue qui donnent toute sa force à ce livre diablement bien pensé. Diablement bien écrit aussi.



Jeunesse de plomb revient, lui, sur un fait divers bien réel, qui a inspiré Protégeons les hérissons. Tout aussi bien écrit, il fait à peine une dizaine de page et se montre donc un peu moins fort, mais pas moins intéressant pour autant, même s’il est moins surprenant.



Globalement, c’est donc du trés bon que je vous conseille ardemment !



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Dernier Désir

🔲 DERNIER DESIR 🔲



Un nouveau voisin intriguant et plutôt bel homme, ça vous dit ?

Un voisin aux intentions trop bonnes, un brin envahissant, ça vous dit toujours ?

Un voisin qui s'immisce insidieusement dans votre vie et qui pratique le mimétisme à outrance, ça vous donne toujours envie ?

Mais que cherche t il ?



Un court roman noir basé sur la perversité de l'âme humaine.

Un climat angoissant où on sent le drame pointer le bout de son nez, la folie grimpante envahir la paisible famille actrice malgré elle du machiavélisme du nouveau venu.

On devine très vite où l'auteur veut nous emmener et c'est sans surprise, mais c'est sans compter sur la fin qui ne nous laisse pas indifférent.

Alors, votre dernier désir serait il d avoir un voisin comme ça ?



A noter quand même, une grande lenteur et peu d action, mais ça fait le job.

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Dernier Désir

Mina et Jonathan Martin est un ancien couple de Parisiens qui, ont commencé par déménager de Paris en banlieue parisienne avant de se rendre compte que leur vie serait plus confortable s’ils allaient vivre en province. Evidemment, ils vivraient plus chichement, Jonathan s’occupant de son jardin, d’ébénisterie et de bricolage tandis que Mina se contenterait de son poste de guide dans un château local. Ils ont donc choisi de s’installer au fin fond du Berry, proche de l’écluse de Neuilly-en-Dun avec leur fils Romain âgé de dix ans.



Un nouveau voisin débarque à quelques centaines de mètres de chez eux. Son prénom est Vladimir et son nom est le même que le leur, Martin. Si la coïncidence peut s’avérer amusante au début, celui-ci s’avère vite énigmatique, toujours aimable, légèrement distant, mais surtout extrêmement riche. Vladimir n’arrête pas de leur faire des cadeaux, entame la rénovation complète de sa maison en faisant appel aux artisans du coin, et commande les derniers équipements nec plus ultra pour améliorer son confort.



Mais certains petits détails vont transformer la vision qu’ont Jonathan et Mina de Vladimir. Il s’achète le dernier modèle de chez Volvo, de couleur rouge, le même que Jonathan et Mina, mais en véhicule neuf. Puis il fait repeindre les murs de la même couleur qu’eux, aménage sa cuisine exactement de la même façon. Quand Vladimir commence à offrir des cadeaux à Romain et qu’il devient de plus en plus intrusif, le couple commence à chanceler sur ses fondations.



Formidable ! D’une situation d’une simplicité extrême, Olivier Bordaçarre construit un petit joyau de roman noir, en distillant de petits détails par ci par là, mais sans en dire trop de façon à faire monter la pression. Sa façon de ne pas donner trop de détails laisse la place à l’imagination du lecteur, ce qui fait que l’on est pris dans la tenaille dès les premières pages sans pouvoir en sortir. On a vraiment l’impression qu’Olivier Bordaçarre tient notre cou entre ses mains, en serrant petit à petit, tout en relâchant la pression avant de resserrer vicieusement et sans prévenir dans la scène suivante.



Et quand je parle de pression, je dois dire que la sensation qui prédomine au fur et à mesure de la lecture est aussi et surtout le malaise. Car quoi de plus normal que d’avoir un nouveau voisin, charmant qui plus est ? Quoi de plus normal que de l’accueillir quand l’alimentation en eau de sa maison est coupée pour trois jours ? Certes, mais quand il se lève la nuit, fouille la maison, quoi de plus inquiétant ? Et puis, quand Vladimir sort de sa maison pour aller en ville, il s’avère un personnage autoritaire, étrange et sans pitié.



En disséquant le couple, Olivier Bordaçarre montre combien le contexte peut jouer sur notre vie quotidienne, tout en balançant le véritable sujet de son livre : Jonathan et Mina sont deux personnes ayant choisi de vivre loin du monde de l’ultra-consommation. Mais combien de temps peut-on résister à la facilité de l’argent, au confort de l’argent, même quand tout ce à quoi l’on croit semblait former des fondations à l épreuve de tous les obstacles. Olivier Bordaçarre nous offre une formidable démonstration de la fragilité du couple, de l’illusion des rêves, de la naïveté des principes de vie.



Je ne peux vous dire qu’une chose : en 275 pages, vous allez vous sentir mal, reconnaissant des situations que vous pourriez rencontrer, parce que vous allez forcément vous identifier à ce couple comme les autres. Et puis, vous ferez comme moi, vous relirez deux, trois, quatre fois ce passage des pages 263 à 265 car le sujet est bien là : la surconsommation n’est qu’une futilité qui ne fait avancer personne. Ce roman est une démonstration à la fois subtile et dure d’un sujet social important dans le fond, avec une forme d’huis-clos formidable. Un des romans incontournables de ce début d’année 2014, selon moi.
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Protégeons les hérissons, suivi de Jeunesse de ..

Génialissime. Derrière une originale construction narrative et une histoire totalement loufoque, ces deux petites nouvelles sont lourdes de sens, toutes deux porteuses d'un message fort qui ne nous quitte pas d'aussitot. Tout le plaisir de la lecture se trouve dans la découverte de ces deux histoires, il faut les lire absolument et ne rien tenter de découvrir avant d'avoir ouvert les pages d'Olivier Bordaçarre.



Brillant !
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La France tranquille

Pris au dépourvu.



Je pensais initialement lire un polar .

Un tueur certes, mais point d'enquête ; plutôt une description de l'atmosphère de peur et de suspicion qui s'empare de la ville.

Un personnage principal peu charismatique mais un style agréable et quelques réflexions et descriptions qui font mouche.
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Accidents

Je découvre à la fois l'auteur et la maison d'édition, "Phébus".

J'ai eu beaucoup de mal à lire ce livre parce qu'au départ, la narration semble partir un peu dans tous les sens (en fait, c'est plutôt bien joué!) et j'ai eu des difficultés à accrocher au style (beaucoup, beaucoup de dialogues pas très "naturels", des passages plutôt bien écrits et très poétiques, d'autres totalement différents avec changement de style, de temps etc... un manque de constance qui m'a dérangée) ; cependant, je n'ai pas pu l'abandonner car je voulais vraiment voir où tout ça allait mener. Un peintre raté (au début) tombe amoureux d'une fille à moitié folle qui est suivie par une psy qui est la soeur du peintre, qui a une soeur jumelle défigurée dans un accident de voiture, qui est photographe... imbroglio de situations qui prend peu à peu son sens (à condition d'être patient!)

Je ne crois pas que j'y reviendrai, à cet auteur, en tout cas pas tout de suite...
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Le sexe du ministre

Attention, coup de cœur !



Avec Olivier Bordaçarre, c’est une histoire d’amour littéraire qui a commencé avec La France tranquille. A chaque fois, le lieu est différent, le sujet est différent, les personnages sont différents mais il reste une chose qui ne change pas : ce style fascinant, fait de petites touches, subtil, et le ton détaché, cynique et empli d’humour noir. Avec ce roman, Olivier Bordaçarre se dépasse et nous offre un roman important.



La France, en pleine crise politique, économique et plus si affinités, s’enfonce dans des conflits entre manifestants revendicateurs et police déterminée et armée jusqu’aux dents. Dans ce contexte houleux, un homme sort son épingle du jeu dans le gouvernement actuel : Claude Phalène, ministre de la Santé et des Droits de la femme. Inévitablement, il est destiné à devenir Premier Ministre lors du prochain remaniement, puis Président la République lors du prochain scrutin.



Considérant les autres personnes qui gravitent autour de lui comme des esclaves, des pions, des marionnettes dont il use et abuse, Claude Phalène se situe clairement au dessus des autres. Il en est de même avec sa vie privée, puisqu’il n’accepte pas qu’on lui refuse le moindre de ses caprices, profitant autant de ses maitresses que de parties fines. Claude Phalène maitrise sur le bout des doigts (de pied) le dicton qui dit que deux choses dirigent le monde : le sexe et l’argent.



Alors qu’il se rend à Genève pour une conférence, il ressent une gêne dans sa chaussure. Il l’enlève, mais ne trouve pas le caillou en question. Renfilant sa chaussure, il est toujours gêné. C’est en enlevant sa chaussette qu’il trouve un morceau tout gris. En y regardant de plus près, il se rend compte qu’il vient de perdre son petit orteil, le quintus. Affolé, il contacte son médecin personnel qui lui fait faire toutes les analyses … mais il ne trouve rien d’anormal. C’est quelques jours plus tard que la panique l’envahit, quand il s’aperçoit en se réveillant qu’il n’a plus de pied droit.



Si le titre peut faire penser à un roman érotico-politique, il n’en est rien. Il faut plutôt ranger ce titre dans le genre fantastique pour en déduire une allégorie du monde, et le message est indéniablement frappant et formidablement bien fait. A sa lecture, je n’ai pas arrêté de penser à la Métamorphose de Franz Kafka mais aussi à la dérision décalée de Julio Cortazar. Car le ton y est beaucoup moins sombre que Kafka.



Olivier Bordaçarre est un artiste de la plume, il a l’art de trouver les expressions justes et de nous faire voyager ailleurs. Il nous fait croire au monde qu’il a créé et en tire des allégories qui ne peuvent que nous interpeler. Et si au début, on peut penser qu’un homme se désagrège en fonction de son ignominie, il n’en est rien dans la suite du roman puisque le sujet va se dévoiler dans toute son ampleur. Car l’auteur nous montre toute la futilité du pouvoir et la pseudo-importance que les hommes de pouvoir veulent se donner.



Mais il va encore plus loin : Est-ce parce que quelqu’un a un semblant de pouvoir qu’il est important ? Est-ce parce qu’il est un homme qu’il a tous les droits ? Est-ce parce qu’il est un homme qu’il doit avoir tous les pouvoirs ? Est-ce parce qu’il a une bite entre les jambes qu’il est meilleur que les autres ? Ce roman, outre qu’il attaque frontalement la futilité du pouvoir et le dérisoire de l’argent, se révèle un brûlot lucide sur le pouvoir et une charge contre toute forme de misogynie. C’est un fantastique roman humaniste intemporel, donc à lire obligatoirement.



Je vous livre une phrase piochée vers la fin du livre et qui est magnifique :



« Le pauvre corps démembré de Claude Phalène fut la preuve irréfutable que le système de la double domination (masculine et financière) se fourvoie depuis longtemps en s’érigeant en modèle universel. »



Et comme je le dis à mes enfants : « nous sommes tous des humains, avec une tête, deux bras et deux jambes. Notre sang coule rouge. Et l’homme n’est pas plus fort que la femme (ou inversement), nous sommes différents et c’est tant mieux. C’est ce qui nous fait avancer. Respectez les autres, justement parce qu’ils sont différents. »



Coup de cœur ! Enorme coup de cœur !
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Dernier Désir

Mina et Jonathan est un couple de jeunes parisiens soumis à la loi de la consommation. Lassés de cette vie ils décident de s'installer dans une vieille maison d'écluse, totalement isolée dans le Berry. Ils s'y construise un petit cocon familial avec leur fils Romain et coulent des jours heureux.

Jusqu'au jour où arrive un nouveau voisin fort sympathique, et qui bizarrement porte le même nom de famille que Jonathan.

Sous des dehors bienveillants, ce voisin va se rapprocher énormément de la famille, trop peut-être.

On sent monter l'angoisse au fur et à mesure des pages, on a envie de leur ouvrir les yeux mais on ne peut pas.

Petit livre (200 pages) d'une efficacité totale, qui vous promet de ne pas vous laisser en paix une fois commencé.
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Protégeons les hérissons, suivi de Jeunesse de ..

Voilà un livre extrêmement petit et très vite lu contenant deux nouvelles aux thèmes similaires.



Dans la première, nous nous attardons quelques pages durant avec chacune des 11 personnes à avoir perdu la vie cette nuit du 10 juin. Chacun.e à sa façon, avec son langage et ses codes, nous raconte à quoi ont ressemblé ses derniers instants. De la jeune flic qui terminait son service au pompiste raciste. Du chien vivant pour satisfaire son humain au hérisson n’en pouvant plus de ces hommes roulant toujours plus vite sur les routes, même une fois la nuit venue. À travers les récits de toutes et tous, nous remontons les faits de cette nuit meurtrière et découvrons les raisons derrière le massacre.



Malgré la brièveté de l’histoire l’auteur sait faire monter le suspense. Chaque plan est étudié, chaque action sera justifiée.

Seul petit bémol, dés le témoignage de Martine Labrosse, la mère, j’ai compris les raisons du passage à l’acte. C’était peut-être volontaire, mais j’aurais préféré garder cette information pour le dernier témoignage. Après, il n’y a qu’une personne qui passe entre Martine et le dernier compte-rendu, ce n’est donc pas non plus comme si ça arrivait dès les premières pages. Mais quand même, j’ai trouvé ça dommage.



La seconde nouvelle s’inspire d’un fait divers ancien où deux adolescent.e.s, Florence R. et Aubry M. abattirent plusieurs policiers et un chauffeur de taxi en tentant de s’enfuir après un braquage.



Encore une fois, l’histoire nous est racontée dans le désordre. Tantôt, nous découvrons la prévenue dans sa cellule des années après les faits, tantôt nous assistons aux prémices de sa relation avec Aubry. Et au milieu, il y a tout ces moments de stress durant la fameuse nuit.



Les deux histoires sont très bien écrites. Le rythme est agréable, la tension monte crescendo et cette forme de narration disloquée accentue encore l’effet. Les personnages intervenants sont tous terriblement humains et imparfaits. Il pourrait s’agir de notre pompiste ou du vieux qu’on croise tous les matins allant chercher son pain. Leurs visions de l’après vie n’est pas très engageante et si le tout a un côté un peu voyeur ce n’est pas l’impression générale qu’on en garde une fois le livre refermé. Car l’histoire est traitée avec une sorte de légèreté, sans tomber dans l’étalage de tripes ou de larmes. Comme le simple compte-rendu d’un événement inéluctable, mais avec un putain de style.



J’ai beaucoup apprécié et je ne manquerai pas de m’intéresser de plus près au travail d’Olivier Bordaçarre. En revanche, je n’aime pas trop le prix incroyablement élevé pour un livre de si peu de pages, qui découragera plus d’un.e lecteur.ice au moment de l’achat.
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Dernier Désir

Avis Dernier désir d’Olivier Bordaçarre



Ce roman est de qualité par son écriture. Malheureusement pour moi, je ne suis pas arrivée à me mettre dans l’ambiance. Je n’ai constaté aucune dimension psychologique approfondie sur les personnages, notamment les deux personnages masculins, même si celui de Vladimir est plus fouillé. L’auteur nous dévoile petit à petit cet homme énigmatique qui devient très vite un clone de Jonathan pour prendre sa place au sein de la famille. Son but est de séduire par tout l’argent qu’il possède et les cadeaux qu’il peut leur faire.



Le but de ce roman serait donc l’argent qui pourrait apporter le bonheur ou y contribuer. Pourtant ! Sur le jeune garçon, qui est un jeune adolescent, au collège, je peux le comprendre. Mais sur les adultes et notamment la femme, je ne le comprends pas. Elle a choisi, avec son mari, de vivre une vie plus spartiate, sans tous ces gadgets qu’il faut posséder et ainsi avoir du temps pour sa famille. Mais tous ces cadeaux semblent lui démontrer qu’il lui manque quelque chose, qu’elle a envie de sortir de temps en temps, de prendre du bon temps. L’auteur met à mal le cliché de la femme intuitive, qui se méfie tout le temps. A un moment donné, je l’ai cru. Sauf que dans ce roman, c’est Jonathan qui voit très vite le danger et qui en a, très vite, la confirmation. Mais dans un endroit reculé, sans personne autour, aider son plus proche voisin, fait partie, si je puis dire, de la bonne éducation. Jonathan n’a pas pris ses responsabilités face à Vladimir. Il en a parlé à sa femme, certes, déjà embrigadée. Il n’a pas été épaulée par elle. De plus, il a très vite parlé sous le coup de la colère. Donc ses paroles n’ont pas eu de sens pour sa femme. Vladimir semble avoir avis romans Olivier Bordaçarretout le monde. Est-ce dû à ses yeux noirs charbon ? Est-ce dû à sa peau diaphane ?



Vladimir ne boit pas, il est insomniaque, il a beaucoup d’argent. Que cache-t-il de son passé ? En tant que lectrice, j’ai le sentiment que ce n’est pas la première fois qu’il s’immisce dans la vie des gens. Son plan semble avoir été longuement préparé, comme quelqu’un de psychopathe. Il ne semble pas avoir jeté son dévolu sur cette famille par hasard. Vladimir ne semble pas humain.



Parmi mes passages préférés dans ce roman, cela a été la narration de la pêche du point de vue du poisson. C’est long, haletant, cela fait monter l’angoisse pour ce poisson qui n’a, en définitive, rien demandé. Tout comme la famille Martin ! Moins de mots, moins de phrases pour la préparation de la viande. Mais le résultat est le même.



Même si je n’ai pas été emballée par ce roman, je pense tout de même persévérer avec un autre de l’auteur qui arrivera, peut-être, à me démontrer que je peux continuer à le suivre.



Pour info, ce roman m’a été envoyé via La Kube, je l’avais choisi dans ma bibliothèque.



Résumé Dernier désir d’Olivier Bordaçarre



Jonathan et Mina Martin vivent dans une maison qu’ils ont retapé dans un endroit isolé.



Arrive Vladimir Martin qui se présente à eux et qui a acheté une ruine à quelques centaines de mètres de chez eux.


Lien : http://livresaprofusion.word..
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Accidents

Deux histoires alternent dans ce roman : celle de Roxane, une jeune femme défigurée suite à un accident de la route et celle de Sergi artiste peintre qui vit près de sa sœur, Julia, analyste. Petit à petit, le lien apparaît entre ces deux histoires.

J'ai été déçue par ce roman car j'ai trouvé le style très inégal, les dialogues artificiels et l'intrigue trop prévisible et sans originalité.

Je remercie Babélio et les éditions Phébus pour cet envoi lors de la Masse Critique.
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Dernier Désir

Un thriller psychologique qui fait froid dans le dos ; où comment se perdre littéralement dans le déni de l'attraction de l'argent et de la consommation quand on avait renoncé à une vie consumériste pour vivre une vie simple et sereine en communion avec la nature.

La trame psychologique monte en puissance au fil des pages, le rythme s'accélère au fur et à mesure et c'est tellement prenant qu'on a plus envie de refermer ce livre avant le point final.

Est ce qu'on s'attend à un tel dénouement (je ne vous en dis pas plus)? Pas vraiment et certainement pas d'une telle violence... Mais quand la folie du désespoir s'empare de l'être humain, même l'Homme le plus charmant peut devenir une bête...
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Accidents

Tendresse, résilience – et un doppelgänger – pour ce très beau roman de politique du quotidien.



Sur mon blog : https://charybde2.wordpress.com/2016/11/09/note-de-lecture-accidents-olivier-bordacarre/


Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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La France tranquille

« La France tranquille » est le cinquième roman d'Olivier Bordaçarre.



Avec un titre rappelant un slogan de campagne de François Mitterand, l'auteur nous livre un roman policier et une réflexion sur la France profonde et l'état d'esprit d'une part de la population.

Ce roman est un objet littéraire assez curieux. Avec une enquête intéressante et un personnage principal original, ce livre avait tout pour plaire. D'autant que l'auteur ne se contente pas d'un système narratif classique, mélangeant les temps, les styles, il tente de proposer autre chose. Pour autant, l'ouvrage a les défauts de ses qualités. Effectivement, si Paul Garand est un flic comme l'on en rencontre peu dans les romans policiers, il est également un peu faiblard pour porter le roman sur ses épaules. Quant à la narration, certes, l'auteur tente des choses, mais ces changements sont parfois déroutants et lassants.



Du coup, le roman est à l'image de la narration et du personnage principal, inégal, déroutant, parfois lassant, un peu faiblard, mais intéressant.



Malgré un début très prometteur mettant en place le premier crime et le personnage du flic, j'ai, ensuite, été tenté de stopper ma lecture, mais je me suis accroché, car ce roman a quelque chose de particulier.



Certes, l'intrigue policière n'est pas très approfondie, d'accord, la critique sociale est un peu grosse, effectivement, le personnage de Garand n'est pas exceptionnel et, si, au final, aucun point n'est de grande qualité, nul, non plus, ne possède de défauts rédhibitoires.



À cause de cela, ou grâce, j'ai donc perduré dans ma lecture jusqu'à arriver au bout sans jamais être convaincu par l'histoire, mais en me disant que le roman avec un certain potentiel et que même si l'auteur n'a pas réussi un coup de maître, il aura au moins tenté d'apporter une certaine originalité dans la forme et dans son personnage et c'est déjà mieux que beaucoup d'autres auteurs du genre.
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