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Critiques de Olivier Bordaçarre (176)
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La Disparition d'Hervé Snout

J'ai gagné ce roman noir sur le site de bePolar.

L'histoire

Odile Snout s’affaire dans la cuisine de son pavillon cossu. Le bœuf bourguignon qui a mijoté toute la journée est prêt. Avec ses deux adolescents, elle attend son époux, dont on fête ce soir-là l’anniversaire. Les heures passent et Hervé ne se montre pas. Quelque chose ne tourne pas rond chez les Snout et l’angoisse commence à monter.

Le lendemain matin, à la gendarmerie, le lieutenant ne semble pas inquiet. Hervé finira par rentrer chez lui, et reprendre son travail.

On a bien le droit de disparaître.

Mon avis :

La construction du roman, basée sur l'alternance de chapitre après, avant et pendant la disparition, donne le rythme. Les points de vue des protagonistes se succèdent et peu à peu le lecteur entre dans la tête de personnes ordinaires pas si ordinaires. L'ambiance suinte la banalité d'une vie quotidienne dans une France moyenne. L'ennuie y est gris. C'est flippant, dérangeant, angoissant, traumatisant, sanglant..



L'intrigue repose sur le tragique d'une vie d'enfant puis d'adulte harcelé. L'image du hamster dans la roue s'impose. Car autour de Gustave, les cadors du coin cherchent toujours une tête de turc quand leur propre vie n'est pas une réussite (celle d'un Arabe est en équilibre un court moment. Décisif pour la couleur du récit)

Le ton est d'une ironie désespérée. Le lieu de la disparition, un abattoir, autorise un jaillissement d'images violentes et des litres d'hémoglobine et de merde nettoyés à la javel. Une odeur douceâtre entre la vie et la mort qui engourdit. L'abattoir favorise l'écoeurement et la déshumanisation. Un plaidoyer puissant pour des murs en verre.



Merci aux éditions Denoel pour cette publication mémorable. L'avez-vous lu ?
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La Disparition d'Hervé Snout

Olivier Bordaçarre est un remarquable observateur de notre société. On entre dans son nouveau roman à travers le quotidien d’une famille de province. La famille Snout est aisée, bien sous tous rapports. Il n’y a pas beaucoup de place pour les sentiments chez les Snout, chaque instant y est maîtrisé, presque aseptisé. Sous le regard de l’auteur, cette famille est subtilement analysée. Ses mots sont judicieusement choisis et l’humour pince-sans-rire côtoie la satire des travers de notre société.



Le soir de son anniversaire Hervé Snout ne rentre pas chez lui pour rejoindre sa femme Odile et ses deux enfants Eddy et Tara. C’était le jour de son anniversaire et Hervé Snout a disparu ! Dès lors tout va de travers chez les Snout. Les jours passent entre inquiétude et questionnement et le lecteur sent peu à peu qu’à force de ne pas communiquer chez les Snout les non-dits et les secrets se sont accumulés.



Olivier Bordaçarre transporte alors le lecteur dans les semaines qui ont précédé la disparition d’Hervé Snout. Il reviendra ensuite sur l’enquête et les conséquences de sa disparition. Remonter le temps pour comprendre, remonter le temps pour faire connaissance avec l’odieux Hervé Snout, un compte à rebours pour savoir comment et surtout pourquoi il a disparu. La narration change, après le confort bourgeois, place à la révolte pour dénoncer la violence sous toutes ses formes, violence verbale, violence psychologique, violence physique envers les femmes, envers les autres. Pour les animaux on parle de maltraitance ou de cruauté mais dans le récit de l’auteur la réalité est bien plus horrible. Parlez-en à ce pauvre FR35ABC501215 !



Ce roman social vaut aussi par ses personnages secondaires. Il y a Kevin et Zachary, deux jeunes pas très futés sous la mauvaise influence de Franck, un beau parleur musclé avec une belle voiture. Le pauvre Jo est totalement déshumanisé. Il faut bien un peu d’empathie Gus et son frère Gab sont émouvants, pour leur famille c’est le cœur qui parle. Le portrait de chaque personnage est fouillé, sans concession, lucide et dressé avec des mots bien choisis, évocateurs, durs ou tendres. Le lecteur s’interroge sur leur destin et la réaction au harcèlement.



Mais que fait la gendarmerie ? Ils sont deux, Malassi et le chef Obrisky. Obrisky est au bout du rouleau et Malassi voudrait bien ne pas y arriver. Pour le chef qui a de la bouteille, l’affaire est simple, Snout n’a pas disparu, il est parti. Malassi est un peu plus curieux.



Hervé Snout a fini comme il a vécu, en travers. Sa disparition va transformer sa femme et ses enfants comme s’ils avaient été délivrés. La disparition d’Hervé Snout est un déclencheur, la véritable personnalité de certains va alors s’épanouir, d’autres vont voir leur vie brisée. Sans délaisser son humour caustique, Olivier Bordaçarre raconte les drames de notre société et la réaction à la violence sous toutes ses formes.



Olivier BORDAÇARRE – La disparition d’Hervé Snout . Parution le 17 janvier 2024, Éditions Denoël, collection Sueurs froides . ISBN 9782207178676 .
Lien : http://romans-policiers-des-..
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Appartement 816

C'est l'IGT , entendez par là Isolement général total, ça vous interpelle ? Comme l'écho d'une période que l'on pensait ne jamais vivre ...

Didier Martin 41 ans comptable vit dans l'appartement 816, avec sa femme Karine et son fils de 17 ans Jeremy, son quotidien s'articule autour d'une routine bien huilée. Le ravitaillement est effectué par livraison, l'élimination des déchets par incinération. Chaque citoyen est tenu de remplir une fiche journalière de présence et encouragé par l'état à tenir un journal de bord d'isolement sur le réseau social agrée.



Didier nous raconte sa vie au jour le jour et franchement il donne l'impression de bien vivre cette situation qui a remis de l'ordre dans sa vie et redonné un sens à ses priorités.

Jusque là on serait tenté de dire que tout va bien pour lui, ou presque, car on s'immisce dans cette petite brèche qui s'ouvre et nous laisse entrevoir ces murs recouverts d'écriture, la sienne, sur les sols, les portes, la vaisselle tout y passe, et les mots deviennent plus durs, dérangés et dérangeants, obsessionnels, compulsifs. La violence larvée de cet homme presque insignifiant prend toute son ampleur.



La folie qui dormait jusque là s'éveille et notre héro livre sa démence comme ci il ne pouvait en être autrement dans un monde où la normalité n'a plus sa place.



Ce livre est parfait, terrible mais parfait, l'auteur nous offre un personnage effrayant sous l'aspect de monsieur tout le monde , ainsi qu'une vision totalitaire d'un gouvernement tout puissant.

Coup de cœur qui j'espère trouvera un large lectorat malgré le thème assez anxiogène, c'est une belle réussite !
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Appartement 816

C'est sa vie du moment que Didier Martin , 41 ans nous raconte ; sa vie de confiné avec sa femme , son fils et son chien .. En effet l'Isolement Général Total est établi depuis plusieurs mois ; pas question de mettre le nez dehors , tout est livré , ramassé , contrôlé ....

Mais il se passe des choses étranges dans cet appartement dans lequel vit cette famille ...



*********************



Presque un thriller d'actualité dans cette histoire de virus et de confinement total ... Un homme nous raconte sa vie du moment , l'ennui , la ritournelle des choses qu'il fait tous les jours , les moments de sa vie de couple ...

Mais il y a quelque chose d'inhabituelle dans cette vie morne et triste , mais impossible de raconter plus et de tout dévoiler ...

Un journal de bord qui va vite virer au glauque , même si c'est parfois un peu répétitif , c'est noir , sombre et efficace .

Vraiment une très bonne lecture .
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Appartement 816

Quelle imagination ! On en revient pas, comment l'idée de cet univers carcéral consenti pour raisons sanitaires a-t-elle pu germer dans l'esprit de l'auteur ? Où va-t-il chercher tout ça, ces histoires de confinement, de distance de sécurité, de vaccins... C'est confondant, on nage en plein délire science-fictionnesque !



L'autre aspect de l'intrigue est plus banal, un homme qui ne supporte plus sa famille et la trucide, on voit ça tous les jours.



Sans rire : c'est bien écrit, bien troussé, on est dans la tête du dingue, très malaisante scène du cadavre congelé pleine d'érotisme, y a plus que de l'idée !



Après, la matière proposée – somme toute limitée, sans rebondissements, qui relève plus du portrait que du conte – aurait tout aussi bien pu s'épanouir dans une nouvelle plutôt que dans ce court roman.



Merci à Masse Critique pour cette découverte !
Lien : https://www.tristan-pichard...
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La France tranquille

Malgré un important déploiement de forces de sécurité à Nogent-les-Chartreux, les habitants sont toujours terrifiés par le tueur qui sévit dans cette ville de la Beauce. Quand le commandant de gendarmerie Paul Garand est victime d'un accident, son fils Grégory, persuadé qu'il a été victime du tueur, tente de le démasquer.







Un roman policier politique et social bien écrit avec une très bonne description d'une petite ville de province frappée par la crise et qui se replie sur elle-même. L'ambiance est particulièrement bien rendue et l'on voit la tension monter peu à peu, avec les délations et la xénophobie. Un très bon roman noir.
Lien : https://collectifpolar.com/
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La France tranquille

Nogent-les-chartreux a tout d’une ville de province paisible où il fait bon vivre. Il y a les petits commerces du centre ville, les usines qui permettent d’employer les ouvriers, les cités du quartier du Bas qui regroupent les pauvres, et les maisons bourgeoises qui abritent les … bourgeois. Bref, vraiment, c’est une vie somme toute classique qui coule comme un ruisseau sans remous.



La gendarmerie est sous la direction du commandant Paul Garand et est composée d’une cinquantaine d’hommes. Garand arbore une bonne cinquantaine d’années, est divorcé de Nadine mais doit s’occuper de son fils Gregory. Se laissant aller depuis le départ de sa femme pour un docteur parisien, il accuse plus d’un quintal sur la balance. Fainéant, aimant le calme, il aspire, à l’image de sa ville, à une tranquillité qui lui permet d’aller pêcher la carpe.



Alors qu’il est prêt pour sa partie de pêche, on lui signale un corps étranglé et brulé. Aucun autre indice ne permet d’aiguiller les gendarmes si ce n’est une indication : « SUGET 0 » avec une belle faute d’orthographe. Quand les cadavres continuent à s’accumuler dans les trois mois qui suivent, la ville devient folle et ressortent des tentations sécuritaires et extrémistes qui vont dérégler cette petite ville paisible de province.



Je serais tenté de dire que ce roman est un bijou de peinture d’une ville de province, avec ses petits on-dit, ses faibles, ses lâches, ses discussions de bistrot, ses honnêtes, ses malhonnêtes, tout un petit microcosme qui vit protégé de la grande délinquance de la ville, et qui s’adapte aux nouvelles règles du libéralisme actuel. Les usines ferment, les négociations syndicats patrons n’en ont que le nom, les gens s’enferment chez eux devant la télévision, les petits commerces ferment …



Quand tout va bien, l’équilibre est maintenu. Quand un caillou se glisse dans les rouages, l’homme redevient un loup pour l’homme, on cherche les coupables, on installe des caméras de surveillance, on fait venir l’armée, on met au pilori ceux d’en Bas, qui ne travaillent pas et donc sont des voleurs voire des assassins. Par cet aspect là, qui est traité avec beaucoup de cynisme, ce roman est une vraie réussite, et les dialogues une réelle bénédiction.



C’est aussi parce que le personnage central (plutôt que principal) est quelqu’un de désabusé, détaché qu’il va réussir à garder son calme, et trouver la solution d’une énigme à laquelle les autres, des commerçants aux policiers, des commerçants aux politiques, n’auraient pas pensé, plus occupés qu’ils sont à sauver leur petite image, leur petite vie, leurs petits avantages.



Je dois dire que, au début du roman, j’ai eu du mal, tant le style de l’auteur allie un cynisme de bon aloi avec une méchanceté et une agressivité pas forcément utile. C’est du moins ce que j’ai ressenti à cette lecture, avant de me faire emporter par cette histoire qui peut paraître absurde mais qui tient par la force de ses personnages et les situations décrites.



Vous voulez du noir, du tristement comique, du révoltant, voir la société par l’autre bout de la lorgnette comme l’aurait fait un Desproges, alors ce livre est pour vous. Car, Olivier Bordaçarre veut nous faire réfléchir, en prenant un peu de hauteur à notre vie de tous les jours. Cette ville paisible peut aisément être transposable à un pays tout entier, et tout le monde y passe. Il n’y a pas de héros ici, mais y en a-t-il dans la vraie vie ? Honnêtement, il serait bien dommage de ne pas lire ce livre car vous passeriez à coté d’une partie de rigolade bien jaune et grinçante.
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Accidents

Je découvre l'écriture d'Olivier Bordaçarre avec ce roman et je ne regrette pas les quelques heures passées a le lire.

J'ai passé un excellent moment de lecture et je remercie vivement les éditions Phebus et Babelio de m'avoir permis de découvrir cet auteur.

Si vous ne le connaissez pas encore, n'hésitez plus.



Sergi Velasquez est un peintre empli de doutes en ce qui concerne son art.

Avec les femmes, c'est un peu pareil, c'est pourquoi il multiplie les conquêtes, jusqu'à ce qu'il rencontre Rebecca, une belle rousse hystérique dont il tombe immédiatement sous le charme et éperdument amoureux. Sa rencontre avec Rebecca est un véritable coup de foudre.

Mais Rebecca est névrosée selon les dires de Julia, psychiatre et soeur de Sergi.



Et puis un jour, Sergi tombe par hasard sur une exposition de photos prises par une photographe prénommée Roxanne.



Roxanne, s'est coupée du monde suite à un grave accident et lutte dés lors pour retrouver une intégrité et une confiance en elle désormais perdue qu'elle tente de ranimer à travers son art.



Rebecca est très sûre d'elle, Roxane est introvertie et mal à l'aise avec sa propre image.

Deux caractères visiblement opposés.

Sergi sera amené à rencontrer les deux femmes.

Qui sont-elles vraiment ? Que cachent-elles ?

Olivier Bordaçarre nous guide vers ces réponses en faisant intervenir différents personnages des deux familles.

Il nous distille au compte-gouttes des éléments qui peu à peu vont nous éclairer sur les circonstances de l'accident et ce qui en découle.

Une construction bien maîtrisé et une écriture fluide en font un roman très agréable à lire. L'intrigue se tisse, et nous appelle. On referme chaque chapitre avec l'envie d'aller toujours plus loin dans la lecture.

Deux récits qui s'entremêlent et qui finissent par se télescoper dans les derniers chapitres. Collision frontale entre deux femmes liées par un seul et même lien.

Une bien belle découverte que ce roman.

Je m'en vais de ce pas voir la bibliographie de l'auteur.
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Accidents

Sergi est un cœur d’artichaut, c’est un artiste au feeling impromptu, à la folie douce, qui cède à l’impulsion d’une courbe bien dessinée. Mais lorsqu’il croise Rebecca, c’est un revirement de situation qui s’engage, une passion chavirante qui déstabilise, une vision au long terme qui s’ébauche.



La relation nouvelle fait jaser. Julia est méfiante, s’inquiète pour son frère mais elle reste ne retrait, elle ne va pas jouer les psychanalystes avec la famille. Le beau-frère est plus confiant, après tout, elle est un peu spéciale et alors ? Il préfère continuer à discuter peinture, motiver Sergi à préparer sa prochaine expo, ou l’entrainer dans des galeries en quête de découvertes inattendues.



Roxane entre en jeu. Elle est photographe. Depuis un grave accident qui lui a couté le visage, elle s’est mise au vert, à l’écart, loin du regard des autres. Sauf quand elle signe une série d’autoportraits et qu’elle expose. Sergi est littéralement secoué et il veut en savoir plus, mais il va surtout plonger dans un sac de nœuds familial lourd, pesant, violent.



Le précédent roman de l’auteur, Derniers désirs, m’avait bluffé comme très rarement. Avec Accidents, il récidive, entamant son récit avec un chapitre glaçant qui m’a séchée sur place dans le tramway. La suite est un peu plus contenue, s’installe insidieusement pour devenir au fil des pages presque aussi obsessionnelle. Le grand talent d’Olivier Bordaçarre, c’est sa capacité à décrire très précisément les sentiments humains, avec une exactitude déstabilisante. Il soupèse chaque situation, sculpte ses personnages, pose les tempéraments avec une justesse rarement observée à ce point. Il creuse encore davantage le thème de la rivalité, du double, en poussant ses personnages dans leurs retranchements, jusqu’à l’implosion si nécessaire.



Encore une sacrée belle claque, frémissante et galvanisante.
Lien : http://casentlebook.fr/accid..
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Accidents

J’aimerai d’abord signaler la qualité de la couverture, son papier épais texturé qui est très agréable à manipuler. Et personnellement, j’apprécie vraiment le soin apporté à la confection d’un livre. J’aime toucher le livre, le sentir, etc. Oui, c’est presque une histoire d’amour !



Passons maintenant au contenu.



Le premier tiers m’a laissé à peine mitigée, certainement dû à la narration changeante, à ce vouvoiement qui intervient parfois et qui impose une distance. Mais dans cette partie, je tiens à souligner la beauté du chapitre 7 qui nous enveloppe d’amour paternel mais aussi de sa perte. C’est une partie attendrissante et émouvante qui a su réactiver mon intérêt.



En revanche, c’est bien la deuxième moitié de ce roman qui m’a envoûtée. L’amour, le désamour, la jalousie, la folie, l’hystérie, la vengeance, tout est là pour entrer intimement dans une partie de la vie des personnages. En effet, les quelques 200 pages nous entraînent dans un pan du quotidien d’un artiste peintre, Sergi Vélasquez, dans ses tourments artistiques mais aussi au cœur de son coup de foudre pour une rousse étincelante. Par là-même, nous découvrons la personnalité de cette dernière qui explose de plus en plus au fil des chapitres jusqu’au point de chute, que je ne vous révélerai pas évidemment.

D’autre part, nous suivons Roxane, photographe tourmentée par son passé et par la trace qu’il laisse dans son présent. À travers son art, elle apportera une nouvelle vision d’elle-même qui tendra à la guérir un peu. Son visage à demi-brûlé laisse des séquelles et elle apprend ainsi à s’exposer au regard d’autrui. Professionnellement accomplie, Roxane a par ailleurs du mal à croire qu’elle puisse encore séduire, et pourtant…



« Dans sa nouvelle chair, elle est aux premières loges, face à la représentation de sa propre catastrophe. »



Ces deux histoires en parallèle finissent bien sûr par se rejoindre, et c’est à partir de ce point de rencontre que tout s’éclaire. La centaine de pages restantes est dévorée.



Je trouve que le court du roman est un vrai plus qui ne fait pas perdre en consistance le récit. C’est vif et tout en variation d’émotions.

Je l’ai globalement apprécié même si les différents styles de narration dans le premier tiers m’ont un peu échaudée (ce qui n’est pas réellement grave étant donné que cela se joue sur moins de 80 pages). En revanche, la seconde moitié est clairement plus captivante pour l’intensité des sentiments qu’elle dégage. Un roman à découvrir donc !



Je remercie sincèrement Babelio et les Éditions Phébus pour cette lecture.
Lien : https://ducalmelucette.wordp..
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Accidents

Dès les premières chapitres d’Accidents, deux univers sont posés. Celui de Roxane que l’on « rencontre » au cours de son accident, violent, marqué, qui laisse à bout de souffle. Et celui de Sergi, artiste peintre, éternel torturé, constant insatisfait, qui vit dans le confort que lui offre sa soeur, sa voisine psychanalyste.

Rien ne prédestinait ses deux personnages à se rencontrer et les premiers chapitres s’enchaînent avant que l’on mette le doigt sur le lien qui va pourvoir les rapprocher. Avant cela, on se prend petit à petit d’affection pour chacun, on s’intéresse, on se questionne jusqu’à ce que l’on perçoive doucement la trame qui se tisse sous nos yeux. A ce moment, l’intrigue se met doucement en place et ce qui semblait être un banal roman vire doucement en roman noir sous la plume d’Olivier Bordaçarre.

J’ai été accrochée rapidement par cette histoire qui a su attiser ma curiosité dès les premières pages et retenir toute mon attention dans la seconde partie. La psychologie fouillée des personnages, leur condition sociale et le monde dans lequel ils évoluent, parviennent à créer une atmosphère intéressante et vite captivante. Mais ce qui marque dans ce roman ce sont les relations qui se nouent pour certains ou qui se sont déjà nouées pour d’autres, entre les personnages. Amitié, amour, fratrie, dépendance, recherche d’indépendance… la complexité des rapports humains et leurs dérives sont particulièrement bien évoqués à travers cette galerie hétéroclite qui compose cette histoire.

Accidents est un roman rythmé et prenant qui amène une lecture fluide et captivante. Un très agréable moment!

Merci à Babelio et les Editions Phébus pour cette lecture!
Lien : http://lalydo.com/2016/11/ac..
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Accidents

Je n'avais vu ce roman nulle part, et lorsque Babelio m'a proposé de le lire, j'ai accepté sans connaître son résumé, souhaitant rester jusqu'au bout dans l'inconnu. Je n'avais que ce titre, Accidents, qui représente beaucoup plus de choses que l'on pourrait le croire de prime abord. Car dans ce livre, les accidents sont nombreux. Des accidents presque mortels, amoureux, inattendus, ... Néanmoins, il n'auront pas abouti vers une fin convaincante à mon goût...



Le roman est découpé par deux intrigues, deux histoires. D'abord, celle de Sergi, espagnol immigré en France depuis son enfance avec ses parents et sa sœur Julia. Peintre à Paris, il n'arrive cependant pas à gagner sa vie avec son art qu'il a du mal quelques fois à apprécier lui-même. Un personnage principal plutôt atypique par son physique mais aussi par son pessimisme constant sur la vie, sur les contrastes entre les classes bourgeoises et celles plus appauvries, et sur la vie de famille. S'il peut se montrer d'abord agaçant, il est finalement très intéressant à suivre, loin des carcans habituels. En face de son appartement se trouve celui de Julia et de Paul et de leurs deux filles. L'auteur s'attache au début à nous décrire le quotidien de cette famille, particulièrement du point de vue de Paul, père au foyer, sans en oublier Julia, psychologue à domicile. Ce début m'a un peu interloqué, le trouvant parfois lent par ses descriptions parfois inutiles pour l'histoire en elle-même, mais il plante en même temps bien le décor et les personnages qui sont très sympathiques.



Au second plan, l'auteur raconte l'histoire d'une jeune femme recluse à la campagne loin de Paris après un grave accident de voiture qui l'a défiguré. Cette femme, qui au début n'a pas de noms, tente de se ressourcer, de reprendre confiance en elle et en sa beauté même. Elle arrive alors peu à peu à redécouvrir sa vie et à entreprendre une cicatrisation psychologique à travers la photographie, œuvres qu'elle expose dans des galeries d'art. Voici son accident à elle, son cauchemar quotidien, son fardeau qu'elle arrive peu à peu à alléger. L'accident de Sergi lui, s'appelle Rebecca. Patiente chez Julia, il la rencontre dans l'ascenseur de son immeuble et c'est alors comme une illumination. Il faut qu'il la rencontre, qu'il l'"obtienne". Une relation va donc naître entre eux deux, une relation différente que celle que Sergi entame d'habitude, n'étant accoutumé qu'aux histoires sans réelles attaches. Malgré quelques interrogations, il semble vivre parfaitement cette idylle, contrairement à sa sœur qui connaît quelques secrets sur Rebecca et qui ne semble pas prompte à la compter parmi les membres de sa famille. Car oui, les prémices de leur relation sont intéressants à suivre mais le lecteur découvre rapidement que Rebecca n’est pas très équilibrée. Et face à ses crises d'hystérie, je n'ai pas toujours compris l'absence de réaction de la part de Sergi. Pourquoi ne choisit-il pas de mettre fin à cette histoire qui ne semble plus l'épanouir ?



Les choses empirent alors, entachant la relation entre Rebecca et Sergi, mais aussi quelque peu celle entre celui-ci et sa sœur. Et c'est alors que le peintre va découvrir le grand secret de sa conjointe. Une révélation qui redouble l'intérêt du lecteur pour la suite du roman et qui va transformer le quotidien de Sergi en quête de réponses et de vérités. Et lorsqu'il les découvre, il ressent comme une inspiration nouvelle qui m'a paru alors trop rapide et même trop prévisible. Alors que Rebecca révèle peu à peu son véritable visage, Sergi va découvrir quelque chose de beaucoup plus profond et épanouissant, s'acheminant vers une fin qui m'a paru beaucoup trop abrupte et conventionnelle. Et c'est quelque chose qui m'a réellement dérangé. Face à cette conclusion, je me suis vraiment posé la question du message de ce roman, ce qu'il voulait véhiculer. J'ai apprécié ma lecture mais je n'ai pas réussi à comprendre où l'auteur souhaitait en venir, m'apportant le sentiment d'être passer à côté de quelque chose. Ou alors, l'auteur voulait simplement raconter une histoire, et dans ce cas, il me manquait clairement quelque chose.
Lien : http://entournantlespages.bl..
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Accidents

Lorsque Babélio m'a proposé ce roman en partenariat avec les éditions Phébus, j'ai hésité. Le thème du double ( de la gémellité) ne me fascine pas. En revanche, le personnage principal,Sergi Vélasquez, artiste peintre, coincé à 32 ans dans une adolescence prolongée, avait tout pour me plaire. J'ai apprécié ce trentenaire bordélique, capable de tenir des propos très subtils sur l'art et d'enchaîner par une phrase d'une puérilité confondante.



J'ai adoré la petite famille de sa sœur. Julia est psychanalyste et reçoit ses patients chez elle, dans l'appartement en face de celui de Sergi.Son mari, l'attendrissant Paul Calmant, deux mètres de force débonnaire est homme au foyer et cinéphile passionné. Entre deux films, il gère l'intendance de la maisonnée, les caprices de leurs deux filles, Anouck et Valentine, l'une qui pousse de grosses colères façon "Pépé" dans Astérix en Hispanie, l'autre qui a le" seum" quasi en permanence.



Un jour, Sergi croise dans l'ascenseur une jeune femme rousse absolument splendide. Elle s'arrête sur son palier, elle a visiblement rendez-vous avec Julia. La règle tacite prévalant dans la famille est que le peintre, qui multiplie les conquêtes, ne sorte pas avec les clientes de sa sœur. Il va enfreindre la règle et entrer dans la vie de Rébecca.



En parallèle, nous découvrons Roxane et devinons très vite qu'il s'agit de la jumelle de Rébecca. Victime d'un grave accident de voiture, tout un côté de son visage a été dévoré par le feu. La jeune femme, après un temps de sidération, reprend son travail de photographe et en vient, par le biais de l'image à accepter ce qu'elle est et surtout ce qu'elle n'est plus. Ce personnage, sensible, proche de la nature jusqu'à plonger dans une cascade glacée pour que l'eau l'enveloppe et la pénètre, renaît à la vie et nous amène à une réflexion sur l'apparence.



Le livre avance au rythme de la folie de Rébecca, mêlant thriller psychologique et roman sur la place de l'art dans notre société . L'équilibre entre ces deux univers est parfois un peu bancal. Disons plutôt que ma préférence va nettement aux passages sur la peinture et la photographie plutôt qu'aux scènes d'hystérie de la rousse flamboyante.



Au final, un roman lu avec plaisir, avec quelques chapitres savourés pour leur qualité d'écriture.
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Accidents





Quel beau roman !

Je découvre cet auteur avec livre et ce qui m'a tout de suite séduit, et cela dès les premières pages, c'est l'écriture, très belle, la richesse du vocabulaire, les dialogues ciselés à la perfection, un humour discret mais plaisant et le tout au service d'une histoire plutôt classique mais développée avec talent. De plus les caractères des personnages du roman, y compris les rôles secondaires, sont décrits avec soin et participent à la crédibilité du roman.

Le petit monde de l'art est croqué avec bonheur, et si les différences entre Rebecca, la belle névrosée et sa sœur, artiste introvertie laisse vite présager une tragédie annoncée, la façon dont Oliver Bordaçarre amène son récit jusqu'au drame laisse des espaces de suspenses et donne un réel plaisir de lecture.

Les petites mésaventures de la famille, cinéphile, de la sœur de Sergi désamorcent aussi, et pour notre plus grand plaisir, certaines situations dramatiques et introduisent un humour feutré particulièrement bienvenu.

ACCIDENTS et donc un roman noir sans excès, superbement bien écrit, érudit et vraiment agréable. Je l'ai dévoré et je vous le conseille.
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Dernier Désir

Encore un livre voyageur que j'ai pris plaisir à lire!!



Ce thriller m'a stressée à un point!! Je ne voulais surtout pas m'arrêter tellement j'étais prise dans ce roman... L'intrigue est géniale, elle nous tient en haleine du début à la fin... On comprend vite que le nouveau voisin du couple n'est pas normal, mais je ne voyais pas bien ce qu'il cherchait vraiment, j'étais oppressée à chaque page, j'avais envie de dire à Mina d'arrêter de tout voir en rose, d'aider Jonathan à découvrir ce qu'il se passait vraiment... Et ce Vladimir!!



Je me suis vraiment posée beaucoup de questions au cours de cette lecture, j'avais une envie de meurtre!!!



L'auteur a su me garder, j'ai dévoré son livre!



Par contre, je ne suis pas sûre d'avoir vraiment compris la fin, si quelqu'un veut bien me dire ce qu'il en pense...



A lire de toute urgence pour les amateurs de thriller psychologique!!!
Lien : http://leslecturesdemaryline..
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Protégeons les hérissons, suivi de Jeunesse de ..

Protégeons les hérissons et Jeunesse de plomb sont deux petits textes très poignants. Ils racontent, chacun d’une manière très originale et librement adaptée, un même fait divers sanglant de 1994 mettant en scène un jeune couple meurtrier, l’affaire Rey-Maupin.

(...) Un tout petit bouquin qui m’a laissé sur le carreau ! C’est peut-être le contexte très violent dans lequel nous évoluons, mais j’ai été secouée par cette lecture (j’ai même du faire une pause pour me remettre du choc des premières pages). La construction est habile, le mot est bien placé, le rythme est adapté à chaque protagoniste. En quelques lignes, Olivier Bordaçarre place son personnage et donne à voir son intimité, sans se départir du trait d’humour cher aux très belles éditions Antidata.

L'article entier sur Bibliolingus :

http://www.bibliolingus.fr/protegeons-les-herissons-olivier-bordacarre-a119684806
Lien : http://www.bibliolingus.fr/p..
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Dernier Désir

Jonathan et Mina ont quitté Paris pour s'installer dans le Berry dans une maison éclusière. Loin de la foule, de la société de consommation, ils vivent une vie calme et tranquille avec leur fils Romain. Leur nouveau voisin, le seul, se présente à eux, drôle de coïncidence, il porte le même nom de famille qu'eux. De voisin, ils deviennent amis. Jonathan est mal à l'aise lorsqu'il découvre que Vladimir a fait de sa maison une copie conforme à la leur. Mina et Romain sont subjugués par Vladimir, celui-ci les couvre de cadeaux. Jonathan veut raisonner sa femme et son fils mais il est trop tard. Angoissant à souhait, ce roman ne laisse pas une minute d'arrêt à l'histoire, car on n'arrive pas à savoir jusqu'où cela ira.
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La France tranquille

Le point fort de ce bouquin, si tant est qu'il ait des points faibles, c'est de percevoir et de décrire finement le caractère de chacun des personnages et d'adapter la narration à celui-ci. C'est précis et ça se laisse très bien lire. Le caractère désabusé du gendarme, la paranoïa ou la peur des petits commerçants, le côté fleur bleue du fils du gendarme quand il rencontre une fille, tout est vachement bien retranscrit dans les mots. Du coup, on s'attarde plus sur la psychologie des personnages et sur l'atmosphère dans la ville, de plus en plus pesante, de plus en plus sécuritaire plus qu'au déroulement de l'enquête et à son potentiel coupable. Le coupable, dont le portrait se peint au fur et à mesure de l'histoire pourrait être multiple. D'ailleurs, à la fin du roman, on pourrait mettre deux ou trois autres personnages dans ce rôle que ça ne changerait rien à la qualité de l'ouvrage. Les esprits chagrins noteront que le dénouement est peut-être à peine trop romantico-improbable mais qu'importe, on s'en fout un peu puisque l'intérêt est ailleurs.
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La Disparition d'Hervé Snout

Je n'ai pas été conquise par ce récit. La curiosité et l'attachement à certains personnages m'ont fait aller jusqu'au bout mais cette lecture s'est avérée difficile malgré un sujet intéressant. La 4eme de couverture ne présage rien de la violence qui traverse ce roman.
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La Disparition d'Hervé Snout

Dans « Appartement 816 » (L’Atalante, 2021) Olivier Bordaçarre mettait en scène un implacable scénario noir à l’heure du confinement. Il récidive aujourd’hui avec « La Disparition d’Hervé Snout », un stupéfiant roman qui glace les sangs. L’hémoglobine, animale et humaine, y coule en effet à gros bouillons. Au centre se tient le patron d’un abattoir d’une petite ville de province, un certain Hervé Snout

C’est peu dire qu’Olivier Bordaçarre s’affirme de livre en livre comme un maître du roman noir. Par son inspiration comme par la singularité de son écriture. « La Disparition d’Hervé Snout » en fournit l’illustration peut-être le plus éclatante. Le roman s’articule en 35 chapitres très précisément situés : cuisine des Snout, abattoir, bureau du patron, bar gendarmerie... Tous horodatés autour du même point d’origine, le mardi 16 avril 2024 à 09h30, date et heure de la dernière apparition du personnage principal, alors qu’à vélo il quittait la maison familiale pour se rendre à son travail. Il y aura l’après, mais aussi l’avant de sa disparition, selon une chronologie savamment élaborée, à la minute près, qui participe à l’intensité dramatique d’une sanglante histoire relevant elle-même du drame social. Avec une multiplicité de personnages en laquelle se retrouve la variété du monde réel. Sur tout cela un narrateur, qu’on imagine en porte-parole de l’auteur, porte un regard clinique et cruel, mais non dénué d’ironie, qui donne au roman sa fascinante tonalité.

Cela commence, à la façon du théâtre classique, par un prologue chargé de présenter les principaux personnages. En l’espèce les deux que ne mentionne pas le titre, mais dont le rôle s’avèrera finalement déterminant, Gabin Raybert et Gustave Romonde, respectivement 34 et 32 ans. Le premier, fils de Nadine Raybert, mère « de substitution », et de son mari Alain, mécanicien automobile. Le second, enfant fragile maltraité par sa mère et sa grand-mère (« deux furies »), placé depuis 2004 par les services sociaux chez les Raybert. Vingt ans plus tard Gab venait de faire embaucher Gus dans son équipe à l’abattoir. L’action, dont ils seraient les protagonistes en première ligne, allait s’enclencher. Cela commence donc le mardi 16 avril 2024, à 20h04, « Dix heures et tente-quatre minutes après la disparition », précise le narrateur. Ce soir-là Odile Snout, 38 ans, a cuisiné un bœuf bourguignon pour les 45 ans de son époux Hervé. La viande aura pour eux une saveur familière : elle vient de son abattoir. D’entrée de jeu Olivier Bordaçarre introduit dans son récit des éléments destinés à produire un effet retard. Le bourguignon en est un, et certainement pas le moindre. Hervé Snout n’a donc pas réintégré le domicile familial. Il ne le fera pas davantage le lendemain ni les jours qui suivent. En fait plus jamais on le reverra. Il n’a laissé aucune trace. Le vélo a également disparu. Pour les gendarmes chargés de l’enquête toutes les pistes sont envisageables, y compris une disparition volontaire.

Peu à peu, tandis que le narrateur multiplie les allers et retours entre l’avant et l’après, un tableau d’une extraordinaire richesse se compose. On y voit Odile et Hervé Snout, leurs enfants « jumeaux dizygotes de quatorze ans » Eddy et Tara, les « frères » Gab et Gus et les parents Raybert, des ouvriers, l’ancienne et la nouvelle secrétaire de l’abattoir, des collégiens, les gendarmes, la propriétaire du bar « Le Kahoua », le médecin très personnel d’Odile Snout, un élu local non moins intime… Olivier Bordaçarre malaxe magistralement la pâte du réel, des relations sociales, des antagonismes de classes, des ambiguïtés de la vie de couple. Sans oublier ceux que l’abattoir tue en masse, les animaux fournisseurs de viande, dont il restitue la géhenne à la façon virulente des expressionnistes. Les scènes d’abattage, à la limite du supportable, se présentent ici comme des moments de retour d’une barbarie prétendument disparue. Peu de distance sépare l’abattoir, ses cris, son bruit et sa fureur, de la confortable demeure familiale des Snout, en manière d’illustration de cette proximité. Ce qui va se dérouler pendant la journée du 16 avril en apportera l’éclatante confirmation.

Olivier Bordaçarre construit en l’espèce un scénario incroyablement machiavélique, qui ne cesse de franchir dans les deux sens l’étroite frontière entre civilisation et barbarie. Hervé Snout, le patron, Gab et Gus, ses deux employés à l’abattage, s’en présentent telles les vivantes illustrations. Sans compter l’organisation même du texte, son découpage pourrait-on dire, qui renvoie à des découpes plus triviales. Ce récit tendu à l’extrême, sur des enjeux extrêmement contemporains, se présente comme une totale réussite. D’un même mouvement roman noir et fable sociale, il ne cesse de produire du sens, dans son détail comme dans ses grandes masses. Par exemple dans une saisissante phrase en guise de portrait d’Hervé Snout : « Il était le maître du muscle comestible, du muscle de l’autre exploité, du muscle au service de l’humanité. » Snout, palindrome de « tuons » ! Ne reste plus alors qu’à résoudre l’énigme de sa disparition.


Lien : https://jclebrun.eu/blog/
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