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EAN : 9782752911339
216 pages
Phébus (05/04/2018)
3.9/5   5 notes
Résumé :
Claude Phalène, ministre de la Santé et des Droits des Femmes, sûr de son charisme et de sa puissance mâle, est candidat à l'élection présidentielle. Il fait partie de ces hommes politiques qui ne séparent pas pouvoir et virilité. Jusqu'à ce qu'un soir son sexe refuse de se dresser devant sa maîtresse, et que sa richissime épouse parle de divorce. Bientôt, dans l'avion qui le conduit à un énième discours et au succès, il ressent un picotement dans sa chaussure droi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Attention, coup de coeur !

Avec Olivier Bordaçarre, c'est une histoire d'amour littéraire qui a commencé avec La France tranquille. A chaque fois, le lieu est différent, le sujet est différent, les personnages sont différents mais il reste une chose qui ne change pas : ce style fascinant, fait de petites touches, subtil, et le ton détaché, cynique et empli d'humour noir. Avec ce roman, Olivier Bordaçarre se dépasse et nous offre un roman important.

La France, en pleine crise politique, économique et plus si affinités, s'enfonce dans des conflits entre manifestants revendicateurs et police déterminée et armée jusqu'aux dents. Dans ce contexte houleux, un homme sort son épingle du jeu dans le gouvernement actuel : Claude Phalène, ministre de la Santé et des Droits de la femme. Inévitablement, il est destiné à devenir Premier Ministre lors du prochain remaniement, puis Président la République lors du prochain scrutin.

Considérant les autres personnes qui gravitent autour de lui comme des esclaves, des pions, des marionnettes dont il use et abuse, Claude Phalène se situe clairement au dessus des autres. Il en est de même avec sa vie privée, puisqu'il n'accepte pas qu'on lui refuse le moindre de ses caprices, profitant autant de ses maitresses que de parties fines. Claude Phalène maitrise sur le bout des doigts (de pied) le dicton qui dit que deux choses dirigent le monde : le sexe et l'argent.

Alors qu'il se rend à Genève pour une conférence, il ressent une gêne dans sa chaussure. Il l'enlève, mais ne trouve pas le caillou en question. Renfilant sa chaussure, il est toujours gêné. C'est en enlevant sa chaussette qu'il trouve un morceau tout gris. En y regardant de plus près, il se rend compte qu'il vient de perdre son petit orteil, le quintus. Affolé, il contacte son médecin personnel qui lui fait faire toutes les analyses … mais il ne trouve rien d'anormal. C'est quelques jours plus tard que la panique l'envahit, quand il s'aperçoit en se réveillant qu'il n'a plus de pied droit.

Si le titre peut faire penser à un roman érotico-politique, il n'en est rien. Il faut plutôt ranger ce titre dans le genre fantastique pour en déduire une allégorie du monde, et le message est indéniablement frappant et formidablement bien fait. A sa lecture, je n'ai pas arrêté de penser à la Métamorphose de Franz Kafka mais aussi à la dérision décalée de Julio Cortazar. Car le ton y est beaucoup moins sombre que Kafka.

Olivier Bordaçarre est un artiste de la plume, il a l'art de trouver les expressions justes et de nous faire voyager ailleurs. Il nous fait croire au monde qu'il a créé et en tire des allégories qui ne peuvent que nous interpeler. Et si au début, on peut penser qu'un homme se désagrège en fonction de son ignominie, il n'en est rien dans la suite du roman puisque le sujet va se dévoiler dans toute son ampleur. Car l'auteur nous montre toute la futilité du pouvoir et la pseudo-importance que les hommes de pouvoir veulent se donner.

Mais il va encore plus loin : Est-ce parce que quelqu'un a un semblant de pouvoir qu'il est important ? Est-ce parce qu'il est un homme qu'il a tous les droits ? Est-ce parce qu'il est un homme qu'il doit avoir tous les pouvoirs ? Est-ce parce qu'il a une bite entre les jambes qu'il est meilleur que les autres ? Ce roman, outre qu'il attaque frontalement la futilité du pouvoir et le dérisoire de l'argent, se révèle un brûlot lucide sur le pouvoir et une charge contre toute forme de misogynie. C'est un fantastique roman humaniste intemporel, donc à lire obligatoirement.

Je vous livre une phrase piochée vers la fin du livre et qui est magnifique :

« le pauvre corps démembré de Claude Phalène fut la preuve irréfutable que le système de la double domination (masculine et financière) se fourvoie depuis longtemps en s'érigeant en modèle universel. »

Et comme je le dis à mes enfants : « nous sommes tous des humains, avec une tête, deux bras et deux jambes. Notre sang coule rouge. Et l'homme n'est pas plus fort que la femme (ou inversement), nous sommes différents et c'est tant mieux. C'est ce qui nous fait avancer. Respectez les autres, justement parce qu'ils sont différents. »

Coup de coeur ! Enorme coup de coeur !
Lien : https://blacknovel1.wordpres..
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Avec un titre pareil, la facilité serait d'imaginer un récit gaillard mettant en scène un ministre occupant le moindre quart d'heure de temps libre à réviser le kamasutra dans quelques alcôves dorées d'un palais que notre République met à la disposition de nos gouvernants. Les friands de littérature leste bavent déjà d'envie, les aficionados de la chose ...politique augurent d'un récit à tiroirs, où l'on reconnaîtra peut être, entre les lignes, quelques politiciens connus.
Si je ne peux affirmer qu'Olivier Bordaçarre a totalement inventé son personnage principal, je peux, par contre d'ors et déjà calmer les amateurs de gaudrioles. Ils ne trouveront pas une compilation de scènes chaudes dans ce roman qui ressemble plus à un conte moderne dont l'inspiration n'est pas à chercher du côté de chez Emmanuelle Arsan mais plus chez Gogol ou Kafka.
A l'annonce de ces deux noms célèbres, nul doute que les lecteurs de " Mais qui soulève donc l'édredon? " ont fuit mais que les curieux et peut être les amateurs de fantastiques, sont prêts à tenter l'aventure. En lâchant trop vite le mot " fantastique", peut être que certains pragmatiques froncent les sourcils et détournent le regard d'un roman que je qualifierai quand même de jouissif.
Avec une plume franchement malicieuse, grinçante, ironique, Olivier Bordaçarre brosse le portrait particulièrement haut en couleurs d'un politicien de gauche encore plus arriviste que .... là on peut mettre une quantité de noms qui se bousculent au portillon. La cinquantaine bedonnante, le cheveu artistiquement entretenu, ministre de la santé et donc idéalement placé dans les starting-blocks pour devenir président de la République ( l'ambition de toute sa vie), Claude Phalène, sautant avec la même aisance d'un plateau télé au lit de sa sculpturale maîtresse comédienne de deuxième zone, jouit de cette certitude que sa route est toute tracée et le mènera sans GPS vers le saint Graal élyséen. Sauf que, malgré une armada de technocrates dévoués à sa cause, le destin se montrera plus capricieux voire franchement malin.
Pour des raisons de confort de votre future lecture, je ne dévoilerai rien de l'intrigue, totalement barrée mais ô combien réjouissante. Il faudra vous laisser porter par un récit qui mélangera avec talent le décapage de nos moeurs politiciennes et le verbiage ad hoc avec une très très originale situation personnelle de ce pauvre homme malmené par des événements qui le dépassent complètement. Rater ce roman très réussi serait une faute de goût. L'humour y est roi, l'écriture soignée et malicieuse, le sens du récit parfait. de la première à la dernière ligne on ne le lâche pas et, pour vous appâter un peu plus ...oui il y est question de sexe... Mais je n'en dis pas plus, à vous de découvrir quel sens donner au mot...
Lien : http://sansconnivence.blogsp..
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Le double corps du roi, à nu, en une superbe fable politique contemporaine.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2018/06/09/note-de-lecture-le-sexe-du-ministre-olivier-bordacarre/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Devenir femme est ce qui pouvait m’arriver de mieux. Ce fut une chance. Je ne regrette rien. Je suis libre. Cette fuite m’a permis de rétablir une vérité simple : tout devient.
Je suis anonyme, la violence m’effraie, le pouvoir m’indiffère, la compétition m’afflige, l’argent me dégoûte.
Le pauvre corps démembré de Claude Phalène fut la preuve irréfutable que le système de la double domination (masculine et financière) se fourvoie depuis longtemps en s’érigeant en modèle universel. Les dirigeants adoptent l’attitude du monolithe, alors qu’ils ne sont que des petits fragments de chair et d’esprit en perpétuel mouvement dans le cosmos. Ce nomadisme les terrifie. La peur les transforme en guerriers. Un morceau de plomb les rassure quand une constellation d’étoiles les inquiète. Ils ont des obsessions de paranoïaques, des tics, des phobies, des sexualités troubles, ils sont les grands malades de notre temps. L’histoire prouve abondamment que ce corps politique n’a pas d’avenir. Son noyau est pourri. Le pouvoir ne change jamais. Il est fascinant, addictif, contagieux. Les politiciens ne font que s’autoreproduire en améliorant leur maquillage. Ils ont quelque chose de l’amibe.
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Cette main appartenait à monsieur Claude Phalène, ministre quinquagénaire de la Santé et des Droits des Femmes, futur candidat aux élections présidentielles. Il portait un costume crème sur une chemise blanche ; sa cravate était roulée dans une poche de sa veste. Sa corpulence lui offrait des airs de bon vivant. Son visage rond tirait vers le rose, ses lèvres exprimaient une moue de gourmandise, ses yeux aux cils courts étaient petits et foncés, son nez large, son menton double. Ses cheveux blancs dessinaient autour de son crâne un halo vaporeux, dont il rejetait fréquemment les mèches rebelles d’un geste qui ne laissait aucun doute sur la vivacité de son esprit. Plus que l’esthétique de son corps somme toute ramassé, c’est l’assurance du ministre qui attirait l’attention et laissait ses plus redoutables détracteurs sur le carreau. Dans les sondages d’opinion, en ces périodes d’instabilité socio-économico-politique, Claude Phalène était désigné comme l’homme de la situation. D’après le panel représentatif, lui seul avait la carrure d’un homme d’État, le charisme d’un chef. Son large sourire sur ses dents blanches confirmait sa santé de fer. Lui seul saurait redresser le pays, le sortir de l’ornière, donner un coup de fouet à l’économie, relancer la croissance, mener les réformes nécessaires à l’amélioration de la compétitivité de l’industrie hexagonale, agir contre les inégalités, le chômage, l’immigration, l’insécurité, le terrorisme, redorer le blason d’une France en déclin sur l’échiquier international. Fin tacticien, homme de convictions et de talents, proche du peuple et intraitable avec les démagogues, Claude Phalène jouissait d’une popularité dont nul politicien ne pouvait s’enorgueillir. Sa nomination au poste de Premier ministre lors du prochain remaniement était acquise, comme sa victoire au prochain scrutin. En bref, pour une large majorité des électeurs, c’était lui, et seulement lui.
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Précédant les quatre véhicules ministériels, Pierre Cramer roulait à vive allure en direction de l’aéroport. Denis Schiffermüller, costumer noir, lunettes noires, chaussures cirées, était en liaison permanente avec les trois gardes du corps occupant la deuxième voiture, une Mercedes classe E, qui maintenait une distance de vingt-cinq mètres avec le bolide de tête.
Maya Piéride, conseillère en communication de Claude Phalène, suggéra au ministre de jeter un œil au discours pondu par Sébastien Chenillard. Il devait le prononcer en ouverture devant ses homologues européens dans le grand amphithéâtre de l’Organisation Mondiale de la Santé. Bonne idée, mais Claude Phalène ferait cela dans l’avion. Pour l’instant, si Maya voulait bien le permettre, il se concentrait sur sa prestation. Frapper les esprits, dominer les débats, effacer le moindre doute sur son éligibilité, renvoyer les prétendants à leur circonscription, convaincre les rares dubitatifs, occuper le terrain médiatique, confirmer à la finance qu’elle avait fait le bon choix, enthousiasmer l’électeur, promettre, promettre et promettre encore. L’occasion de la journée contre la tuberculose se présentait, il allait la saisir. Quelle que soit la tribune, on ne néglige aucun bulletin de vote, même celui du phtisique. Alors cette tantouse de Chenillard pouvait attendre cinq minutes la validation du chef.
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La nature avait doté Séverine Amaryllis d’un physique avantageux. Médiocre sur les bancs de la faculté, la jeune beauté avait, de son propre chef, interrompu ses études – au diable la licence de journalisme -, et était entrée dans le milieu du cinéma grâce à un oncle, producteur de séries pour la télévision française. Elle n’avait pas eu à courir les castings, ni à franchir des barrières ni à enfoncer des portes. En revanche, elle avait été invitée dans des soirées privées, avait assisté aux défilés des grands créateurs de mode et fureté dans les cocktails branchés de Paris. Elle s’était rapidement retrouvée sur le seuil du bureau d’un agent influent, pénétrant ainsi le noyau d’un système dans lequel elle avait ensuite barboté avec toute la grâce de l’innocence. Le pognon avait suivi. À hautes doses.
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Vidéo de Olivier Bordaçarre
Dans son nouveau roman, Sens interdits, Chantal Pelletier projette le lecteur en 2046. L'enquête criminelle se déploie sur fond de drames environnementaux dans un pays régi par des permis de table, des contrôles de temps d'écran, des maisons de redressement alimentaire et des sessions de télécoaching punitif. Olivier Bordaçarre, dans Appartement 816, met en scène l'an 2030 dans un pays aux libertés et aux comportements modifiés par une épidémie. Dans un huis-clos hypnotique, un homme enfermé chez lui avec sa femme et son fils témoigne d'une époque et de ses effets sur la psychologie et les corps. Dystopie, anticipation, roman noir et réel : autant de liens à explorer qui montrent comment la littérature pense les enjeux de demain.
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