Citations de Omar Khayyâm (247)
Bois du vin, puisque tu ignores d’où tu es venu ; vis joyeux, puisque tu ignores où tu iras.
Cette voûte céleste devant laquelle nous restons interdits,
Nous savons qu'elle n'est qu'une sorte de lanterne magique ;
Le soleil est la lampe et l'univers la lanterne,
Et nous les images qui tournent.
Dans la mosquée si, maintien dévot, je viens,
En vérité ce n'est pas pour prier que je viens:
Un jour, j'y ai volé un tapis de prière;
Ce tapis devenant vieux, pour un autre, je viens.
On me dit « Sois sobre ! Tu vas mourir de boire,
Et mériter le feu de l’Enfer au Jour du Jugement. »
Néanmoins l’éclat de mon ivresse
Eclipse les deux mondes : votre Ici-bas et votre Au-delà.
Fais la fête ! ne laisse pas en vent s'en aller tes jours !
Aujourd’hui refleurit la saison de ma jeunesse ;
J’ai le désir de ce vin d’où me vient toute joie.
Ne me blâme pas: même âpre il m’en-
chante; Il est âpre parce qu’il a le goût de ma vie.
Je n'ai jamais mis en collier les perles de la Prière,
Ni caché cette poussière de péchés qui souille mon
visage.
N'anticipe jamais le chagrin de demain;
Vit toujours dans ce Présent édénique,
mais qui doit bientôt accueillir
Ceux qui sont partis depuis ces 7000 ans.
(les 7000 ans font référence à l'âge mythique du monde)
LXVI
Je vis un homme, seul, sur la terrasse de sa maison, - Qui foulait sous ses pieds avec mépris, de l'argile; - Et cette argile, dans son mystique langage, lui dit : - "Calme-toi, un jour, on te foulera comme tu me foules."
De ce vert gazon, mon cœur, et de ces fleurs de printemps
Jouis ; une semaine encore a sombré dans le néant.
Bois le vin, cueille la fleur : tandis que tu considères,
La rose devient poussière et la verdure sarment.
Il n'y a pas de vérité, mais il y a des mensonges évidents.
Seul le buveur connaît les délices du vin.
Comme le note Hedayat :" N'importe quel mollah débitant un poème après une cuite secrète, effrayé à l'idée d'être incriminé, l'attribuait à Khayam." (préface André Velter)
Quand pour toi pour moi le jour de la dissolution viendra,
Le jour du pur passage hors la chair pour toi pour moi,
Sur notre néant, tombant de ce ciel,comme elles seront nombreuses
Les nuits de lune sur notre argile,à toi,à moi.
Deux de mes jours comptés ne me tourmenteront jamais : Hier, déjà oublié, demain, dont je n’ai nulle envie.
Contre une flèche lancée par le destin, les boucliers ne servent à rien.
Ce faste, cet or et cet argent, tout cela n'est rien.
Plus j'examine les choses de ce monde,
Plus je suis fondé à croire que c'est le bien qui prévaut, même s'il n'est rien.
Ma jolie est une rose, puis aussi une tulipe !
On ne campera pas assez les jolies aux tulipes !
Les belles, je veux aussi qu'elles soient jolies !
Les belles comme les roses, je veux qu'elles soient tulipes !
Les corps qui peuplent cette voûte du Ciel
Déconcertent ceux qui pensent
Prends garde de perdre le bout du fil de la sagesse,
Car les guides eux-mêmes ont le vertige.
XLVI
O toi don’t la joue est modelée sur le
modèle des roses sauvages !
Toi dont le visage est moulé comme celui
des idoles de la Chine,
Hier ton amoureux regard changea le roi
de Babylone
En un fou que le joueur fait manoeuvrer
sur l’échiquier.
Pense ce monde comme modelé à ton gré,
Taillé à ta mesure d'est en ouest;
Mais connais-toi comme une congère sur le sable
Ici pour deux ou trois jours, puis dissoute et évanouie.