Citations de Omar Khayyâm (247)
Dès la Création, j'ai tendu la main
Vers la Plume et la Tablette, vers les Cieux et l'Enfer ;
Mais mon maître m'a averti prudemment :
« Plume et Tablette, Ciel et Enfer sont en toi. »
LXXIII
Limite tes désirs des choses de ce monde
et vis content.
Détache-toi des entraves du bien
et du mal d'ici-bas,
Prends la coupe et joue avec les boucles
de l'aimée, car, bien vite,
Tout passe... et combien de jours nous reste-t-il ?
Le temps sans serveuse et sans vin, c’est rien !
Sans les mélodies de la flûte, c’est rien !
Plus je regarde les choses d’ici…
Sauf les filles et le vin, tout est rien !
Autrefois, je fréquentais la mosquée pour prier
Aujourd’hui, je continue d’y aller parce que les tapis y sont si doux
"La vie passe, rapide caravane ! Arrête ta monture et cherche à être heureux."
J’ignore si Celui qui façonna mon être
M’a préparé une demeure dans le Ciel ou dans l’horrible Enfer ;
Mais un peu de nourriture, une adorée et du vin sur le vert talus d’une plaine,
Cela, c’est de l’argent… garde pour toi le Ciel auquel tu fais crédit.
Boire du vin, chatouiller des jolies comme des tulipes,
C'est mieux que des cafarderie, des hypocrisies.
S'ils sont damnés, tous ceux qui font l'amour et qui boivent du vin,
Ah! qui donc voudra voir le Paradis! qui?
Ceux qui, pendant quelque temps, ornent le Ciel,
Viennent, vont et reviennent, suivant l’heure.
Dans la chemise du Ciel et dans la poche de la terre,
Il est, puisque Dieu ne meurt pas, des êtres qui naîtront.
Pauvre sot, penses-tu être un trésor
Et que l’on te déterrera après t’avoir enseveli ?
Que vos pas soient légers à ces mousses fleuries,
Près de ces flots riants comme des pierreries,
Car on ne peut savoir de quelles lèvres douces
Et mortes, ont jailli ces fleurs parmi ces mousses.
Si contre nous le Firmament n’est pas en guerre, c’est un miracle !
Si sur nous le Firmament ne jette pas des pierres, c’est un miracle !
Si contre le Régent achetant du vin avec l’argent qu’on lui confie
Les professeurs ne grognent et n’aboient pas, c’est un miracle !
Ô toi qui te crois sage, ne blâme pas ceux qui s’enivrent;
Laisse de côté l’orgueil et l’imposture.
Pour goûter le calme triomphant et la paix,
Incline-toi vers ceux qu’on humilie, vers
les plus vils
Je ne suis pas de ceux dont la foi n’est que terreur du Jugement, dont la prière n’est que prosternation. Ma façon de prier ? Je contemple une rose, je compte les étoiles, je m’émerveille de la beauté de la création, de la perfection de son agencement, de l’homme, la plus belle œuvre du Créateur, de son cerveau assoiffé de connaissance, de son cœur assoiffé d’amour, de ses sens, tous ses sens, éveillés ou comblés
Une goutte d’eau frémit, puis s’engloutit dans la mer ;
Une poussière surgit, puis se dissout dans la terre.
Et toi, qu’es-tu venu faire en ce monde ? Eh bien, voici :
Une bestiole prend vie un beau matin, puis se perd.
"comme l'eau du fleuve ou, le vent du désert,
un nouveau jour s'enfuit de mon existence...
le chagrin ne fit jamais languir ma pensée,à propos de deux jour:
celui qui n'est pas encore,celui qui est passé.
Chaque atome trouvé sur le bord du chemin
fut soleil rayonnant, étoile du matin.
Brosse donc sur ta manche humblement la poussière:
Un beau visage est là, caché dans chaque grain"
Que de gens vivent ensommeillés sur cette terre, que de gens
Dans son sein et à tout jamais sont enfouis, ah ! que de gens
Quand je jette les yeux sur le désert du Rien
Que de gens à venir et, partis, que de gens !
Tu es ivre, tu es amoureux? Rejouis-toi.
Les caresses et le vin te consument? Ne le regrette pas.
Qu'adviendra-t-il de nous ensuite? Ne t'en soucie pas.
Ce que tu es? Jamais ne le saura...
Alors à ta santé!
XLI
Le bien et le mal qui sont dans la nature humaine,
Le bonheur et le malheur que nous garde le destin...
N'en accuse pas le Ciel, car, au point de vue de la Sagesse,
Ce Ciel est mille fois plus impuissant que toi.
Avant notre venue, rien ne manquait au monde.
Après notre départ, rien ne lui manquera.
Dans le journal "Le soir" du 03 mars 2023.