AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Oya Baydar (29)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Et ne reste que des cendres

Militante de gauche passionnée l'héroïne turque a subi l'emprisonnement et la torture après le coup d'état militaire en 1970 et elle a du fuir son pays et s'exiler principalement à Paris.

Par de nombreux retours en arrière et des similitudes juxtaposées l'on suit le parcours de cette grande amoureuse confrontée dans ses relations les plus intimes à l'engagement politique poussé à son paroxysme par des êtres que tout oppose.
Commenter  J’apprécie          10
Dialogues sous les remparts

Puiser de l’espoir dans ton existence, pour te sentir dans mon coeur



« Ce texte relate la rencontre et la dispute entre une Turque de l’Ouest et une Kurde de Diyarbakur. Il en découle un examen de conscience, un règlement de comptes intérieur de la part de cette intellectuelle stambouliote, lucide sur l’inévitable tragédie en train de se nouer : la tragédie des divisions et des conflits ethniques qui se poursuivent aux quatre coins du monde »



Les neiges, les bruits, « jusqu’à l’épuisement de l’espoir », naître kurde à Diyarbakir ou arménienne en 1915, l’impossible neutralité, « tu ne peux rester neutre et te tenir à égale distance entre qui défend sa vie et qui vient la lui arracher », les liens créés et ce qui nous rassemblent, les bastions de la forteresse derrière les remparts, « nous parlons tous de nous quand nous parlons de notre ville », voir et ne rien voir, celle qui n’a rien vu à Hiroshima, « toi, tu n’as rien vu à Sur », les fumées, « mon cœur est plein de ces fumées noires, j’étouffe, mais je fais mine de ne pas voir et je le tais », les roses, les retards et les contretemps, « Comprends-moi : nous sommes fatigués d’attendre, fatigués d’espérer, fatigués es souffrances, des morts, des destructions transmisses de génération en génération », le refroidissement des cœurs, les mort·es sans sépulture, « Les morts sont parfois plus dangereux que les vivants. Voilà des jours qu’on se démène pour récupérer les corps, qu’on fait le siège des bureaux du préfet, du commandant militaire, des organisations de la société civile, des autorités religieuses »…



Je souligne particulièrement les discussions autour du « oui, mais… », le point aveugle, la responsabilité, le point de vue situé, la raison se jouant du cœur, « tu veux que j’occulte un aspect de la réalité, que j’aveugle partiellement mes yeux et mon coeur », le fil à retordre, les chats, « Par ce biais des chats, peut-être cherchait-il à créer un lien, à te dire « Regarde à quoi nous en sommes réduits et sois de notre coté » ».



Comment vivre privé·e de sa langue ?, « la langue est un pays pour les gens. Tenir à sa terre et tenir à sa langue sont deux choses qui vont de pair »…



La liberté, « Les droits et les libertés ne sont pas offerts aux peuples comme un bouquet de fleur. Il faut hélas se battre pour les obtenir, et il n’existe pas de guerre sans crimes, sans violence et sans meurtres », la mémoire et la vengeance, il n’y a pas de point surplombant – impartial et équitable -, les chemins vers la vérité, la tranquillité d’esprit et l’aveuglement, le luxe de pouvoir rester pacifiste, l’espoir cependant chevillé au corps, le bruits des armes…



Plus tard, un retour, le désastre et l’anéantissement, la vérité sur une guerre, Cizre comme Guernica, « Le Cizre que tu as vu datait du temps de l’innocence. Maintenant, si je t’enjoignais d’y aller, tu ne pourrais même pas y entrer. Si tu voyais, si tu savais les atrocités commises là-bas, la balance de la conscience à laquelle tu te fies tant se déréglerait de nouveau. Tu n’as rien vu à Cizre », faire une route et tenir des mains, la blessure béante, le monstre de la vengeance, « Nous sommes les premiers à avoir eu peur de ce monstre vorace, toxique et corrosif qui croissait en nous », les dépouilles mortelles comme marchepieds des pouvoirs, le choix de l’exportation de la guerre, « tout ce qui te heurtes ici, nous avons l’habitude de le vivre », le manque d’eau pour « éteindre les flammes du temps », l’intranquillité…



Un peu plus tard, à l’intérieur des remparts de Diyarbakir, des adieux, « Le Renard a raison, nous pleurerons bien sûr, mais toutes deux nous y avons gagné. Nous avons gagné de rêver ensemble à un monde nouveau que nous ne verrons sans doute pas nous-mêmes, mais que nos enfants et nos petits-enfants construiront en commun »…



« Au lieu de construire des ponts entre nous, les mots qu’on échange créent des blancs ». Sous les remparts, trois discussions entre une femme turque d’Istanbul et une habitante kurde de Diyarbakir. Des échos aussi de déchirements internes. Des mots inscrits dans une situation précise, la guerre menée par l’Etat turc contre des populations kurdes parce que kurdes.



Comment ne pas penser à d’autres mots, d’autres situations, d’oppression nationale, de guerre, de domination… Une situation et des questionnements à dimension universelle. Des questions aussi aux formes et aux limites de l’engagement, lorsque de fait nous nous trouvons du coté « privilégié » des rapports sociaux, « Tu n’as jamais pris la main d’aucun d’eux dans la tienne, tu ne les as jamais regardés au fond des yeux, tu n’as pas pleuré avec eux, tu n’as pas partagé leur pain ».



Un texte magnifique. Il faut entendre ces voix ici kurdes, ailleurs palestiniennes ou kurdes ou yezidis, ne pas oublier celles des arménien·nes et de mille autres groupes, privés de leur langue et écrasés par les nationalismes dominants…
Lien : https://entreleslignesentrel..
Commenter  J’apprécie          10
Parole perdue

Livre exigeant mais hautement intéressant pour approcher le conflit turco-curde.
Commenter  J’apprécie          10
Et ne reste que des cendres

Visiter Istanbul, c’est comme visiter Rome : on a l’impression d’être transporté dans les pages d’un livre d’Histoire. Et j’ai adoré cette ville, son atmosphère, ses quartiers et ses habitants.



C’est la raison pour laquelle j’ai eu envie de lire « Et ne reste que des cendres » afin de comprendre un peu mieux la situation politique de ce pays.



Ülkü Öztürk est une jeune femme à l’intelligence vive, ouverte sur le monde grâce à l’éducation que lui ont donnée ses parents, tous deux professeurs. Or depuis le décès de son père, la famille a bien du mal à vivre. Ülkü passe une grande partie de ses nuits à aider sa mère à faire des travaux de couture ou de retouches.



Son entrée à l’université, au début des années 1970, marque sa rencontre avec deux choses qui seront déterminantes dans sa vie : elle tombe amoureuse et vit une histoire d’amour intense avec Arin Murat, descendant d’une lignée de Pachas ; et sa découverte du mouvement communiste étudiant dont le but est d’installer en Turquie le « paradis » promis par le » Grand Frère » c’est à dire le parti communiste soviétique.



Or, la Turquie est un pays où l’Etat est primordial et a tous les droits. La répression envers ceux qui sont qualifiés de terroristes est terrible : arrestations arbitraires, tortures, assassinats.



La jeune femme, blessée dans sa chair et dans son coeur, sera contrainte à l’exil et deviendra finalement, au terme d’un périple de plusieurs années, journaliste dans un grand quotidien à Paris.



L’auteure, Orya Baydar, semble avoir connu sensiblement le même destin que son héroïne. Elle décrit avec force détails la situation politique de son pays de coups d’état en dictatures militaires qui se succèdent. C’est ce qui m’a un peu gênée dans ma lecture car j’avoue que parfois je me perdais un peu et il m’a fallu venir à bout des 100 premières pages pour entrer véritablement dans l’histoire.



Cependant, il y a une chose que j’ai comprise : la situation aujourd’hui en Turquie me semble n’ être que la continuité de ce qu’elle connaît depuis des dizaines d’années : la force et l’intimidation sont toujours de rigueur.



Commenter  J’apprécie          10
Parole perdue

Un livre exceptionnel. D'une intensité remarquable. Tout est dans ce livre : l'Etat d'un pays et de ses multiples contradictions, sa culture, son histoire, sa politique et notamment envers les Kurdes, la violence, les attentats, les révoltes, les engagements politiques avec les déceptions qui en découlent. La beauté de ses paysages, mais l’âpreté d'y vivre parfois tant par la géographie, le climat que le poids des traditions et des différentes communautés.

La relation homme femme dans un couple qui se connait si bien, se perd, se retrouve et s'aime au delà de toutes querelles, trahisons et douleurs. La relation filiale des ambitions projetées, des pudeurs déplacées, des non-dits, de l'amour trop en retenue et intellectualisé. La quête de soi que l'on soit adulte ou enfant et adolescent. L'envie d'assouvir ses passions au risque de perdre les siens et sa personnalité profonde.

Tout est là et tout est si fabuleusement dit. Un qualité d'écrit si délicat et forte.
Commenter  J’apprécie          10
Parole perdue

Waw. Il y avait une éternité que je n'avais pas lu un livre aussi... puissant. C'est certain : Parole perdue est une lecture dont on ne ressort pas indemne. Les thèmes qui y sont abordés sont nombreux, graves et universels - c'est sans doute pourquoi j'ai entrecoupé ma lecture d'autres romans plus légers, histoire de reprendre mon souffle.



A travers ses nombreux personnages, Oya Baydar dresse le portrait d'une Turquie déchirée par un véritable clivage est/ouest, axé autour de la minorité kurde opprimée par l'Etat. L'auteur relève le double défi d'expliquer la situation d'un point de vue politique et global, mais aussi de nous la faire vivre de l'intérieur : elle nous emmène dans les montagnes où vivent et meurent les Kurdes, dans les villages où l'armée a instauré un couvre-feu, dans les maisons du deuil qui ne désemplissent jamais, à la table d'un père qui a perdu son fils. Comme toujours au fil de ces 450 pages, elle mêle l'intime et le public.



Oya Baydar excelle dans l'art de s'insinuer au plus profond des sentiments et des pensées de ses personnages, qui sont éminemment humains, vrais. En se glissant dans leur peau, au détour d'une phrase, elle leur donne un passé, une histoire, des blessures, des forces et des faiblesses : ils existent, peut-être au-delà de ces feuilles de papier. Il est difficile pour moi de vous les décrire en quelques mots car je risquerais de ne pas rendre hommage à leur complexité. Je vais essayer...





Ömer Eren est l'écrivain qui a perdu la parole, qui n'arrive plus à écrire depuis qu'il est l'auteur de best-sellers sans fond. Il a aussi perdu son fils Deniz, qui vit retiré du monde, fatigué d'en affronter la violence, sans même l'avoir combattue. Ömer fait la rencontre de Zelal et Mahmut, un couple de Kurdes qui fuient la montagne en feu et sont victimes d'une balle perdue (beaucoup de choses sont perdues, dans ce roman). Puis de Jiyan, une sorte de déesse de l'Ouest, en révolte permanente. Elif Eren est la femme de l'écrivain, une scientifique de renom qui tue des souris de laboratoire au nom de l'ambition. Les villes aussi ont une voix, qui parfois est un cri. Ces quelques mots sont dérisoires en comparaison avec la richesse des créatures d'Oya Baydar - cette description est tellement restrictive que j'ai envie de vous demander de l'oublier.



En plus du thème dramatique du terrorisme et de l'oppression, Oya Baydar veut nous parler des difficiles relations parents-enfants : les célèbres Ömer et Elif Eren auraient voulu que leur Deniz soit à leur hauteur, devienne un Prix Nobel, un médecin sans frontières, un reporter de guerre, qu'il mène des combats dans notre monde à feu et à sang. Pour eux, il n'est que déception car il a choisi de mener une vie simple, de chercher le bonheur dans le refuge d'une île norvégienne. Voila pourquoi il est un fils perdu. Mais le frère de Zelal, habité par le diable depuis qu'il a rejoint les rangs de la guerilla, n'est-il pas lui aussi un fils perdu ? Le frère de Mahmut, tué dans la montagne, n'est-il pas un fils perdu ?



Ömer Eren, poursuivant sa quête de la parole dans l'est de la Turquie, est un étranger dans son propre pays, comme il l'était en voyageant en Suède ou en Chine. Voila un autre fil rouge de ce roman : la peur de l'étranger, le sentiment de rejet, mais aussi le pendant de ces sentiments avec la confiance qui peut naître entre deux inconnus quand on arrive à toucher le coeur de l'autre.



Oya Baydar est envoûtante dans sa manière originale de quitter son rôle de narrateur extérieur pour tout à coup se glisser dans la peau d'un personnage ou l'autre - si cela peut être déstabilisant les premiers instants, ça devient rapidement un atout. Je voudrais encore souligner que chaque dialogue est d'une profondeur incroyable : il n'y a pas un mot inutile, chaque parole est mesurée et atteint une cible.



Il me faut bien vous quitter, alors que ce livre époustouflant pourrait faire parler de lui des heures et des heures. Il soulève tant de questions, tant de débats, il met en lumière une situation - qui d'ailleurs dépasse les frontièrs de la Turquie, loin d'être le seul pays où règne l'oppression - qui devrait nous préoccuper. Il montre ce que c'est que de vivre dans un pays où chaque jour est un combat : peut-on seulement l'imaginer ?



Cette découverte inoubliable, je la dois aux éditions Phébus et à Babelio dans le cadre de son opération Masse Critique : merci à eux !


Lien : http://livraison.over-blog.c..
Commenter  J’apprécie          10
Dialogues sous les remparts

Dans un récit né d’un voyage et de conversations dans l’est de la Turquie, l’écrivaine fait le point sur son combat pour la démocratie et sur l’état de son pays.
Lien : http://www.lemonde.fr/livres..
Commenter  J’apprécie          00
Et ne reste que des cendres

J'ai aimé découvrir la Turquie de la 2e moitié du 20e siècle à travers le personnage d'Ülkü. Les constants flash backs (à différentes époques) peuvent être un peu rébarbatifs. Les longues pages politiques m'ont moins passionnées. Reste un roman fort intéressant qui permet de mieux appréhender la Turquie de cette période mais qui éclaire également le présent.
Commenter  J’apprécie          00
Parole perdue

Dès le début il faut prêter une grande attention aux personnages: un couple d'intellectuels turcs qui s'éloignent l'un de l'autre un vers l'Est l'autre vers l'Ouest, leur fils parti en Norvège pour les fuir, un jeune couple kurde en rupture de famille. Chacun de ces protagonistes se cherche et cherche une vérité, mais laquelle? L'écrivain, qui a connu elle-même l'exil pour avoir défendu le peuple Kurde durant les années 80, nous emmène dans un voyage initiatique et poétique à la fois. C'est merveilleusement bien écrit et si, comme moi, vous vous laissez bercer par cette musique littéraire vous aurez du mal à le lâcher avant la fin. Un très beau livre!
Commenter  J’apprécie          00




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Oya Baydar (86)Voir plus

Quiz Voir plus

Le Joueur d'échecs

Quand Stefan Zweig a-t-il écrit cette nouvelle ?

En 1914
En 1929
En 1938
En 1942

10 questions
786 lecteurs ont répondu
Thème : Le Joueur d'échecs de Stefan ZweigCréer un quiz sur cet auteur

{* *}