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Citations de Pascal Lainé (150)


Et un jour il s'aperçut qu'il ne pouvait plus supporter de l'entendre se laver les dents, ni le contact de ses orteils dans le lit;
Il ne dort pas. Il ne peut plus dormir depuis qu'il la regarde dormir elle. Elle resplendit de son sourire intérieur. Elle ne doit rêver à rien. C'est au néant qu'elle sourit, qu'elle se livre comme à un amant.
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Il y avait quelque chose de poignant dans ce silence qui vivait à côté de lui. Exprimait-il seulement, mais avec une impressionnante, une presque brutale ingénuité, que les âmes sont des univers inéluctablement parallèles, où les embrassements, les fusions les plus intimes ne révèlent que le désir à jamais inassouvi d'une vraie rencontre? Il semblait alors au jeune homme que chacune de ses paroles avec Pomme était un rendez-vous manqué. Il regrettait ses confidences, que personne en vérité n'avait entendues.
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Pomme ne savait ni friser, ni couper, ni teindre. On l'employait surtout à ramasser les serviettes. Elle nettoyait les instruments. Elle balayait les cheveux par terre. Elle remettait en pile les Jours de France éparpillés. Elle s'essuyait le bout du nez avec un mouchoir à carreaux.
Elle faisait aussi les shampoings, massant le cuir chevelu de la clientèle avec la tendre application qui lui était due. Elle aurait été capable de plus d'application encore. Il aurait seulement fallu lui demander.
C'étaient des dames d'un certain âge, les clientes, et riches, et fort bavardes. En fait elles étaient tout ça d'un seul bloc. Vieux caquetages péremptoires!
Mais ni les lunettes en brillants, ni les lèvres couleur de lavande sous l'azur clairsemé de la chevelure, ni les doigts historiés de pierres précieuses et de taches brunes, ni les sacs de crocodile ne semblaient toucher l'attention de Pomme, tout entière absorbée dans la composition sur le dos de sa main d'une eau ni trop chaude ni trop froide, à l'usage de cheveux qui, mouillés, seraient semblables à tous les cheveux.
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Quand on s'est séparés, la Dentellière et moi, ça n'a pas été ce qu'on appelle une rupture. On ne s'était rien dit là-dessus. On ne parlait jamais d'avenir.
Je l'aimais bien, la Dentellière. On vivait l'un à côté de l'autre mais on n'avait pas les mêmes moeurs ni les mêmes heures; on ne se voyait pas beaucoup. On ne s'était jamais disputés. Il n'y avait pas de raison qu'on se dispute. On a seulement quitté la chambre.
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Aimery se disait qu'après lui Pomme connaîtrait dix, ou vingt, ou cent autres hommes dont elle deviendrait l'amante, un soir, un an, ou même toute une vie si l'idée venait à quelqu'un de l'épouser.
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Anaïs ôta sa jolie robe verte et son slip, et les jeta dans la cheminée. Vincent faillit se lever pour sauver la robe, mais se contenta de regarder douloureusement cette catastrophe. Cela lui rappelait sa propre fortune qui naguère était partie en fumée. Il n'aimait pas l'habitude d'Anaïs de se déshabiller pour un oui ou pour un non.
Debout, les orteils écartés devant l'âtre elle attendait que l'étoffe se fut dispersée en flocons gris.
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Certes, c'était une fille des plus communes. Pour Aimery, pour l'auteur de ces pages, pour la plupart des hommes, ce sont des êtres de rencontre, auxquels on s'attache un instant, seulement un instant, parce que la beauté, la paix qu'on y trouve ne sont pas de celles qu'on avait imaginées pour soi; parce qu'elles ne sont pas où on s'attendait à les trouver. Et ce sont de pauvres filles. Elles savent elles-mêmes que ce sont de pauvres filles. Mais pauvres seulement de ce qu'on n'a pas voulu découvrir en elles. Quel homme n'a pas dans sa vie commis deux ou trois de ces crimes?
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mais le peuple, courbé sur sa besogne, n'oublierait jamais la haine, car le peuple a besoin d'ennemis ! il a besoin de la vengeance pour prix de son labeur.
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Un rendez-vous manqué peut unir deux destins plus sûrement que toute parole, que tous les serments.
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Mais en se saisissant de ce personnage, qu'il comparait à un pollen au hasard du vent, minusculement tragique, l'écrivain n'a su faire que l'abîmer. Il n'y a peut-être pas d'écriture assez fine et déliée pour un être si fragile. C'est dans la transparence même de son ouvrage qu'il fallait faire apparaître la "Dentellière"; dans les jours entre les fils : elle aurait déposé de son âme, quelque chose d'infiniment simple, au bout de ses doigts; moins qu'une rosée, une pure transparence.
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L'histoire commence dans ce département du Nord de la France qui est en forme de betterave sur les cartes.
L'hiver, ils voyaient juste une boursouflure, ceux qui arrivaient en auto. Une cloque sur l'horizon. Perpétuelle fin du jour quand les arbres ont leurs nudités noueuses au bord des champs.
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J'ai dû vendre notre cheval de corbillard, trop cher à nourrir. Fini, les paisibles enterrements d'autrefois où l'on emmenait le défunt pour une dernière et mélancolique promenade ! Les morts, aujourd'hui, veulent aller en bagnole. Ils sont pressés, comme tout le monde.
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Elle était maintenant assise, nue au milieu du lit, penchée en avant, la tête entre ses jambes ouvertes. Son parfait bonheur se manifesta bientôt par des petits jets d'urine. Elle n'en pouvait plus et pissait de rire. C'était plus fort qu'elle, des jets de plus en plus longs et puissants.Ma parole, elle pissait plus loin qu'un garçon! Elle cessa enfin de rire et d'uriner détendant ses jambes sur l'édredon trempé, souriante, un pied hors du lit, l'autre égaré, Dieu sait où. Ce peut être le lobe de l'oreille, le bout du nez, le gros orteil, ce qu'on voudra... ou plutôt, c'est ce qu'elles veulent, elles.
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Anaïs apparut, empaquetée dans un peignoir de bain. Ses mains jointes fermaient l'encolure jusqu'à sa gorge. elle faisait des petits pas de Japonaise. Ses orteils humides laissaient des empruntes sur le parquet. Elle s'assit sur le canapé, elle sentait bon.
"Tu as faim,?" demandai-je au bout d'une minute. Elle me sourit, acquiesçant de la tête.
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La nostalgie ne nous rend pas à notre passé. Elle ne nous ramène pas sur les
lieux de notre souvenir : elle nous transporte dans un temps immobile qui est comme une image, mais une image seulement, de l'éternité, dont elle manifeste en nous le besoin toujours insatisfait.
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Il sera passé à côté d'elle, juste à côté d'elle, sans la voir. Parce qu'elle était de ces âmes qui ne font aucun signe, mais qu'il faut bien patiemment interroger, sur lesquelles il faut savoir poser le regard.
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Certes c'était une fille des plus communes. Pour Aimery, pour l'auteur de ces pages, pour la plupart des hommes, ce sont des êtres de rencontre, auxquels on s'attache un instant, seulement un instant, parce que la beauté, la paix qu'on y trouve ne sont pas de celles qu'on avait imaginées pour soi; parce qu'elles ne sont pas où l'on attendait à les trouver. Et ce sont de pauvres filles. Elles savent elles-mêmes qu'elles sont de pauvres filles. Mais pauvres seulement de ce qu'on n'a pas voulu découvrir en elles. Quel homme n'a pas dans sa vie commis deux ou trois de ces crimes?
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Mais alors Pomme et sa mère n'ont pas leur place dans un roman, avec ses grosses sophistications, sa psychologie, ses épaisseurs suggérées, pas plus qu'elles ne savent percer la surface de leurs propres joies ou douleurs, qui les dépassent infiniment, dont le sous-sol leur est incommensurable. Elles font la suite minuscule de deux insectes sur le papier du livre qui les raconte. C'est le papier, l'important; ou bien les pommes de terre qui ont germé, ou encore les échardes sur le plancher de la chambre, á la ville! Rien d'autre.
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Ses jambes très blanches paraissaient extrèmement longues sous le tissu léger de sa jupe qui flottait. Elle allait nus pieds. Elle n'imaginait pas que le directeur l'aurait autorisée à remettre des chaussures. Elle avait noué à la hâte ses cheveux en queue de cheval Anaïs songea qu'elle ne portat pas de chaussures et qu'une mise aussi négligée n'irait surement pas. Prise au dépourvu elle contemplait machinalement ses orteils et les flammes des bougies dont la lueur vacillante faisait flotter dans la nuit les homards et les langoustines
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La nuit venait. Le ciel prenait une teinte de ciment frais et faisait un mur parfaitement lisse où la grosse ampoule de la lune pendait.
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