AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Patrick Bard (349)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


La bataille du rail : Cheminots en grève, écriv..

36 auteurs pour autant de nouvelles, illustrés par les dessins de Mako.

36 auteurs engagés, car cet ouvrage polyphonique n'a qu'une seule ligne éditoriale : celle de défendre les services publics, un certain « idéal de solidarité »

concrétisé ici par le train dans la tourmente de cette nouvelle « bataille du rail ».



36 pierres apportées à l'édifice d'une lutte, puisque les droits d'auteurs sont entièrement reversées aux caisses des grévistes contre cette réforme ferroviaire 2018.

À chacun d'en juger la nécessité bien sûr, mais il fallait le préciser, car il ne s'agit pas ici d'un don seulement caritatif, mais profondément politique.



Bien sûr, ces nouvelles sont très différentes, et parfois inégales, mais toutes réussissent la gageure de parler à nous tous, qui avons en commun cet « imaginaire du rail».

Comme Didier Daenincks dont « le sang noir du monde ferroviaire coule dans [s]es veines. »



Lu en juillet 2018.
Commenter  J’apprécie          10611
Brigadistes !

A l'occasion du 80ème anniversaire de la création des Brigades Internationales, les Editions du Caïman s'associent aux Amis des Combattants en Espagne Républicaine (ACER) pour nous offrir un recueil de nouvelles noires, Brigadistes! préfacé par Cécile Rol-Tanguy. Le cahier des charges est le suivant: « L'angle des nouvelles est libre : univers violent de la Guerre d'Espagne, regard tragique et pessimiste, aspect politique, complexité, mais aussi solidarité Internationale, histoires d'amour, collectivisme, vie artistique... tout cela en lien avec les Brigades Internationales ». Les 20 collaborateurs, auteurs comme Patrick Bard, Didier Daeninckx, Michel Embarek, dessinateurs comme Bruno Loth, musiciens comme Cali, nous livrent des histoires personnelles ou non sur ces volontaires venus du monde entier se battre aux côtés des Républicains espagnols.

Brigadistes est un recueil homogène, riche de souvenirs de famille, de rencontres, d'amitiés, de lectures, qui fait revivre pour le lecteur le Bataillon Commune de Paris, le Winnipeg, la compagnie France Navigation, la Retirada…

Brigadistes!, en vingt nouvelles de qualité, rend un bel hommage aux 35.000 volontaires de 53 nationalités, dont beaucoup payèrent au prix fort leur engagement. Elles nous permettent aussi de faire connaissance avec des auteurs moins connus dont on a hâte de lire les ouvrages, je pense à Patrick Fort dont la nouvelle intitulée "Els ombres del coll dels Belistres" m'aura beaucoup touchée. On espère que cette belle initiative trouvera l'écho qu'elle mérite.

Commenter  J’apprécie          694
La Frontière

Mais que suis-je donc allé faire en cette galère ?

Cette question, Toni Zambudio va se la poser souvent. Trop souvent. Peut-être même trop tard, allez savoir...



Dépêché par son journal à Ciudad Juarez pour ce qui ne devait être qu'un reportage de routine, Zambudio est encore loin de se douter qu'il a rendez-vous avec le Diable.



L'objet de sa visite, certainement pas le tourisme même si Ciudad Juarez possède d'évidents attraits tels que le soleil, la chaleur, la canicule et la fournaise.

La face cachée beaucoup moins glamour, toutes ces dépouilles d'ouvrières retrouvées torturées, mutilées et éviscérées. De là à évoquer l'hypothèse d'un tueur en série, il n'y a qu'un pas pour des forces de police d'une rare perspicacité. Les pistes sont nombreuses, les témoins inexistants.

Une chape de plomb semble s'être abattue sur cette sympathique petite cité de caractère. L'enfer sur terre comme si vous y étiez...



A Ciudad, on ne regarde pas " Amour, gloire et beauté", non. On s'échine au travail pour y survivre lorsque l'on a beaucoup de chance, l'on y succombe brutalement en cas de double peine.



Bard vous convie aux olympiades de la terreur.

De celles qui vous terrassent moralement à leur simple évocation.

Zambudio, en natif du cru, y tentera d'exorciser ses fantômes tout en persévérant dans une enquête au goût de soufre.



Un premier roman que l'on découvre en apnée, le palpitant au bord des lèvres et le moral au fond des tongs.

D'une noirceur absolue, Bard en journaliste appliqué, fait le boulot en évoquant un sujet et une région qu'il maîtrise parfaitement.

La plongée en apnée est d'une rare violence. Les paliers de décompression quasi inexistants. L'espoir à bannir de son vocabulaire.

Ciudad Suarez, en capitale mondiale du meurtre, assume pleinement son statut.



S'attaquer à La Frontière, c'est encourir le risque de devenir dépendant sévère au lexomil.

Maintenant, c'est vous qui voyez, y en a qu'ont essayé, ils ont eu des problèmes !

Commenter  J’apprécie          578
Point of View : P.O.V.

Je connaissais l'écriture de Patrick Bard grâce à son roman sur l'embrigadement des jeunes par les recruteurs du jihad : "Et mes yeux se sont fermés". Ici, il s'attaque à un autre sujet délicat, mais qui touche encore bien plus d'ados, parfois âgés d'à peine une dizaine d'années : l'addiction au porno via des sites internet accessibles gratuitement et très facilement sur internet.

Le jeune Lucas est tombé par hasard sur un de ces sites à l'âge de 11 ans, et malheureusement, vous en avez peut-être fait l'expérience vous-même, il est courant lors d'une recherche parfaitement innocente de se voir proposer tout à fait autre chose...

Pour Lucas, cette "découverte" du cyber-sexe va entraîner des conséquences désastreuses, car il va rapidement devenir complètement accro, passant ses jours (y compris au collège) et ses nuits sur les écrans de son portable et de son ordi, se coupant peu à peu de tout autre centre d'intérêt et de son environnement. Il prend du poids, se nourrissant mal et ayant peu à peu cessé toute activité physique, ses notes dégringolent, et il n'a de cesse de trouver des vidéos de plus en plus "hard", et s'éloignant de plus en plus de pratiques sexuelles considérées comme "normales". A tel point que la première fois qu'il abordera une fille, il sera tout étonné qu'elle se choque de ses attentes. En effet, ne connaissant que ce qu'il a vu dans ces vidéos, il s'est forgé une image totalement artificielle des rapports amoureux et sexuels, pensant que dans la vraie vie il est normal qu'une fille exécute dès le début de la relation tout ce qu'il considère comme "la base". Je vous fais grâce des détails, mais je pense que la plupart d'entre vous n'a jamais expérimenté quelques-unes des combinaisons/positions/pratiques qu'il croit être la norme.

Ses parents, et c'est courant, ne se doutent de rien jusqu'à ce que, à force de télécharger des milliers de vidéos provenant de sites douteux, son ordinateur se bloque. Et là, drame : son père le confie à un collègue de bureau spécialiste des bugs informatiques. Vous imaginez sans peine leur surprise et leur panique...

Pour Lucas, le drame est ailleurs : privé d'accès à son passe-temps, il souffre vite de manque, surtout que ses parents sont partagés sur la façon de résoudre le problème. Dans un premier temps, ils vont tenter de susciter un électro-choc en montrant à Lucas un reportage (bien réel) sur la façon dont les actrices de porno sont maltraitées et conditionnées pour parvenir à supporter tout ce qu'on leur demande d'endurer, et qui provoque des dégâts souvent irréversibles sur leur corps et leur psychisme. Mais il va vite falloir recourir à des mesures plus radicales, et ce sera le sujet de la seconde partie du livre.



Patrick Bard a fait là un pari audacieux, traitant d'un sujet vraiment délicat à aborder sans vulgarité mais pourtant sans rien dissimuler. C'est totalement réussi, et ce livre figure en bonne place dans mon CDI. Je ne suis pas naïve, et rien qu'à entendre certaines discussions de mes élèves (pas toujours très discrets), je sais bien qu'ils connaissent tous ce genre de sites, et que plusieurs regardent régulièrement du porno depuis des années. J'en ai d'ailleurs discuté avec eux, à l'occasion de séances sur les violences faites aux femmes. Et j'ai pu constater que certains, comme Lucas, pensent que le sexe doit nécessairement se conformer à ces représentations montrant des "prouesses" de hardeurs enchaînant les pénétrations variées sur des femmes soumises et en apparence ravies d'être ainsi traitées. Le pire étant que parfois, leurs copines, pour "être à la hauteur", jouent le jeu et acceptent des pratiques extrêmes qui je pense ne leur procurent pas le moindre plaisir. Heureusement, il reste encore quelques irréductibles romantiques qui viendront discrètement me demander conseil pour écrire une lettre d'amour à leur chéri(e) !

Le roman aborde également d'autres addictions courantes chez les ados/jeunes adultes : les jeux vidéos, l'alcool, la drogue... Heureusement, il y a aussi de l'espoir, la seconde partie se passe dans un centre où sont accueillis ces jeunes en souffrance, et où des professionnels bien formés et bienveillants les aident à s'en sortir, souvent avec succès.



Je recommande vivement cette lecture, mais avec quelques précautions. Le lecteur doit être suffisamment mûr pour ne pas être choqué par le sujet, et il est souhaitable qu'ensuite il puisse en discuter avec un adulte de confiance. Bien sûr les parents peuvent également trouver un intérêt à ce livre, ne serait-ce que pour comprendre que ce danger existe, et ne pas "tomber des nues" s'ils apprennent que leur enfant est déjà allé sur un de ces sites.

Une lecture pas forcément agréable pour moi, mais nécessaire.

Commenter  J’apprécie          4922
Le secret de Mona

Le '.secret.' de Mona ?

Bof. Trop gentil ce titre, qui semble annoncer une bluette pour midinettes - surtout que cette collection est estampillée 'young adults'.



Rien de tel ! Pas le style de Patrick Bard, écrivain-voyageur, photojournaliste et auteur talentueux de romans noirs sociaux aussi dérangeants que documentés.

'La Frontière' témoigne des conditions de frontaliers USA-Mexique, de l'exploitation de main-d'oeuvre.

'La quatrième Plaie' dénonce des magouilles médico-pharmaceutiques en Afrique.

P.. Bard a aussi réalisé un album intime et émouvant (avec textes et photos) sur les métamorphoses de Jeanne, son neveu/sa nièce transgenre.



Avec la jeune Mona, on reste en France, pas très loin de ronds-points de Gilets jaunes en zone rurale. Et on découvre peu à peu "le secret" de cette adolescente, ou plutôt ses multiples blessures, et toutes les difficultés qu'elle surmonte jour après jour pour s'occuper de son jeune frère, encore bébé, et de leur mère larguée (au chômage, dépressive, accro aux jeux à gratter...).



Ce roman commence comme un fait divers tragique, et devient de plus en plus subtil, déroutant. Il nous parle de solitude, précarité, pauvreté, misère sociale & affective. Comme dans 'La Maladroite' d'Alexandre Seurat (mais dans un autre domaine), on s'indigne de l'inertie et des logiques absurdes des administrations - quelle que soit la bonne volonté de leurs agents.



Histoire infiniment triste de Mona, jeune fille forte & bouleversante.

Où l'on voit que la misère n'est pas moins pénible en campagne...



• Merci Babelio, merci Syros ! - MC Jeunesse.



-----------



PS : il ne neige pas, je mets des .. et ' pour contrer l'ajout intempestif de liens. Chers Ours, merci de supprimer ce semi-bug !!!



PPS : vite, je commande 'POV' de P. Bard en 'clique & rapplique' (expression empruntée à Riad Sattouf) et je cherche dans notre bibli bordélique 'Orphelins de sang'.
Commenter  J’apprécie          4610
Et mes yeux se sont fermés

Voici un roman choral qui nous éclaire et nous renseigne à l'aide d'une abondante documentation----l'auteur s'y est consacré--- à propos d'un sujet grave, brûlant, d'actualité :

La Fuite en Syrie d'adolescentes semblables à Maëlle / Ayat / jeune fille du Mans : 16ans , lycéenne , apparemment comme les autres .....

L'ouvrage procéde à une une série de témoignages de différentes personnes l'ayant côtoyé ....: sa mére , Céline, bien-sûr, estomaquée, brisée , qui l'aidera----son cerveau refusera d'affronter la réalité --- -- devant les gendarmes-----lui expliquant que sa fìlle était partie faire le Jihad en Syrie .-----

Sa soeur Jeanne , qui finira par cracher la vérité aux autorités, son ancien amoureux , Hugo, camarade de lycée, son professeur de français : Frédéric Da Silva, ( c'était une élève brillante), Amina, Redouane , son deuxième mari là- bas, converti, Aicha, Souad, ........

On suit le cheminement de cette fìlle, le lavage de cerveau, les forums sur internet, les mirages, les manipulations grossières, la dégringolade, le délire, les mensonges éhontés, les obsessions, les contradictions, le mariage par sms, la vision du monde altérée, déformée de cette jeunesse dont on détruit le libre arbitre et la personnalité ....la conversion à l'islam, l'embrigadement en leur laissant penser qu'ils ont été élus .....choisis ....

C'est tragique, effrayant de bêtise, incroyable , saisissant et sombre, apocalyptique.

Comment s'en sortir et "Ouvrir "les yeux à ces jeunes adultes noyés , paumés dans le flot d'informations véhiculées sur internet ?

Un processus qui déshumanise , comment une chose pareille peut - elle arriver à Maëlle ?

Sa vision désespérée du monde?

Son sens de l'injustice?

D'essayer quand même? l'absence du père ?

Une image altérée d'elle même?

Un livre d'actualité emprunté par hasard à la médiathéque alternant les points de vue mais l'auteur n'a pas assez développé les personnages....à mon sens .....

Mais ce n'est que mon avis ......

Commenter  J’apprécie          452
Mon neveu Jeanne

Quand un bébé naît en France, on lui attribue un genre, même lorsque celui-ci est difficile à déterminer physiquement. C'est ainsi que votre NIR (dit 'numéro de sécurité sociale', mais attribué par l'Insee) commence par un 2 si vous êtes une fille, un 1 si vous êtes un garçon.

Il n'y a pas d'alternative, pas de 3e sexe, bien que cela existe dans certains pays. Dommage pour ceux qui grandissent en ayant le sentiment de ne pas être ce qu'on a décidé pour eux. La question 'transgenre' se pose aussi pour ceux qui se sentent en total décalage avec une enveloppe charnelle dont le genre ne laisse pourtant aucune ambiguïté. C'est le cas de Jean-Pierre, né garçon, se sentant femme et désirant le devenir, tout en ayant une attirance sexuelle pour les femmes.

Son oncle, le photographe-reporter Patrick Bard, nous raconte ici son parcours compliqué en texte et en photos.



La couverture et le titre sont peu engageants, mais j'ai fait confiance à cet auteur dont j'apprécie les polars sociaux journalistiques.

Cet ouvrage est très intime mais jamais impudique, même si l'on se sent parfois mal à l'aise face à la souffrance de Jeanne-Jean-Pierre mise à nu. Patrick Bard expose les faits, il évoque les doutes et les difficultés qui ont accompagné les métamorphoses de son neveu, il cherche a posteriori des signes qu'il n'a pas su décrypter lorsque celui-ci était plus jeune.

Il ne juge pas, et ce sont précisément l'amour et la compréhension de ses proches qui ont aidé Jeanne-Jean-Pierre à oser accomplir tout ce chemin hors des sentiers battus sans avoir à se cacher. Le regard des autres, en revanche, est souvent nettement moins bienveillant. C'est déjà exclu pour certains d'accepter l'homosexualité, et le changement de sexe... alors un mélange un peu compliqué des deux...



Un témoignage émouvant, à lire !

_______________________



■ « Ça a été très difficile de passer d'un homme à une femme, et, contre toute attente, ça a été très difficile de redevenir un homme. Vous êtes un homme, vous devez être attiré par les femmes ; vous êtes une femme, vous devez être attirée par un homme, voilà, pour moi, ça, c'est complètement faux. On n'est pas prédestiné à vivre une histoire d'amour avec un homme ou une femme parce qu'on est un homme ou une femme. Je pense qu'on est bien plus destiné à être heureux. le bien-être, le sentiment d'être en osmose avec la personne avec laquelle vous vivez, ce que vous partagez, vos bonheurs, votre peurs, vos... tout... Pfff, y a pas de sexe pour ça, il n'y a absolument aucun sexe. »



■ « 'Je suis un mec avec des seins, un passeport et un permis de conduire sur lesquels je m'appelle toujours Jeanne. J'ai fait rajouter Jean-Pierre en second prénom.'

Mon neveu n'a en effet jamais refait le chemin inverse pour récupérer son état civil d'origine. Pas par flemme, mais parce qu'il assume cet intermédiaire, cet entre-deux. »

_______________________



• Merci à Babelio et aux éditions Loco !



Sur ce sujet, le film 'Ma vie en rose' (Alain Berliner, 1997) montre à quel point l'accompagnement et la compréhension des proches sont précieux.

Voir aussi 'Les garçons et Guillaume, à table !' (Guillaume Gallienne, 2013).
Commenter  J’apprécie          382
Et mes yeux se sont fermés

« Les gens de Daech sont peut-être cruels, mais ils ne sont pas stupides. Ils sont même d'excellents communicants. Leurs vidéos font envie, croyez-moi, et pour un ado épris d'idéaux, c'est très sexy. C'est d'ailleurs leur principal critère de sélection. Trouver des jeunes qui rêvent de s'engager contre l'injustice. Et c'est bien ce qu'ils se proposent de faire. Ils leur offrent les moyens de réaliser un idéal. »



Voilà comment Maëlle - élève brillante, sensible et cultivée - est devenue Ayat à quinze ans et a rejoint Daech en Syrie. On l'apprend d'emblée, ainsi que son retour en France, chez sa mère.



Dans ce roman, l'auteur montre le processus d'embrigadement de petits occidentaux 'blancs', qui seront ensuite davantage utilisés comme outils de propagande (mis en vitrine) que destinés à combattre. Ce qui n'empêche pas certains d'entre eux d'y laisser des plumes, leur peau, de perdre leur proche, leur vie, etc.



J'ai acheté ce livre parce que je ne voulais pas repartir les mains vides après avoir discuté avec Patrick Bard de son essai documentaire 'Mon neveu Jeanne' (salon de Mauves-en-noir, avril 2018).

Je fuis les témoignages et fictions sur les attentats, ses victimes, ses 'bourreaux' (des victimes aussi, pour la plupart), Daech, etc.

J'ai offert cet ouvrage à ma fille pour la mettre en garde contre les chants des sirènes sur Internet et les théories complotistes - douter de tout, c'est bien, mais il faut savoir garder son esprit critique (le sien, pas celui des autres en prêt-à-porter).

Je ne lis cet ouvrage qu'aujourd'hui parce qu'avec 'Le secret de Mona', j'ai découvert que l'auteur était doué pour sensibiliser intelligemment les grands ados/jeunes adultes à des problèmes de société.

C'est parfaitement réussi ici, et agréable à lire malgré le sujet, grâce à la polyphonie.
Commenter  J’apprécie          361
La Frontière

♫ C'est l’horreur

Bienvenue à bord c'est l’horreur ♪ (1)



Assurément ! Lorsqu’un roman fait escale au Mexique, le lecteur se retrouve à des années-lumière de la « croisière s’amuse ».



De la phénoménale « Griffe du chien » de Winslow en passant par le prometteur « Triple crossing » de Sebastian Rotella ou bien encore du loufoque « Tape-cul » aérien de Lansdale, les excursions au pays de la tortilla sont synonymes de violence exacerbée virant souvent au bain de sang.



Néanmoins, je pensais avoir tout de même touché l’abime de l’horreur humaine dans « La griffe du chien » (notamment sur un pont pour ceux qui l’ont lu) mais Patrick Bard semble démontrer qu’il n’y a aucune limite physique et psychologique à la violence au Mexique.



A ce stade, on peut plus parler de meurtres mais de violence mortelle quotidienne.



Et dire que nous autres français, fort de trois millions d’individus, sommes descendus dans les rues pour dix-sept victimes assassinées, seulement dix-sept serais-je tenter de dire en comparaison avec les soixante et onze victimes quotidiennes de meurtres au Mexique ?



Ainsi, sitôt la frontière franchie entre les Etats-Unis et le Mexique, Ciudad Juàrez vous ouvre ses portes, les portes de l’horreur.



Toni Zambudio, journaliste espagnol au quotidien El Diario et natif du Mexique, débarque à Ciudad Juarez afin d’enquêter sur une série de plus de cinquante meurtres de jeunes femmes perpétrés depuis deux ans.



Sur place, Toni va tenter de démêler le faux du vrai en sachant pertinemment que l’institution administrative et policière mexicaine est complètement corrompue.



En recoupant différentes sources ainsi que les témoignages de parents proches des victimes, le journaliste va s’approcher d’un peu trop près des secrets de cette tuerie programmée à grande échelle et savamment orchestrée par un ou plusieurs hommes sans scrupule.



Pourra-t-il aller au bout de sa quête de la vérité comme tout bon journaliste qui se respecte ou se brulera-t-il les ailes à vouloir toucher de trop près à un système trop puissant pour un seul homme ?



A vous de découvrir ce roman de Patrick Bard, terriblement noir, oscillant entre fiction et réalité, qui ne pourra pas vous laisser indifférent au final. A éviter absolument pour ceux qui attendent un livre qui leur remonterait le moral.



(1) Les paroles du générique « La croisière s’amuse » sonnent ainsi :



♫ It's love

Welcome aboard

It's love.♪



♫ C'est l'amour

Bienvenue à bord c'est l'amour♪

Commenter  J’apprécie          347
Le secret de Mona

C’est une lecture jeunesse écrite d’une magnifique plume, touchante et intense. Mona est attachante, sa sensibilité, qu’elle tente de cacher, prend le lecteur de plein fouet, avec ses mots d’ado qui a grandi trop vite, elle nous raconte sa version de l’histoire. J’ai été absolument subjuguée par ce petit bout de femme en devenir, déjà si forte et mature, bouleversée par l’amour qu’elle porte à Justin son petit frère, impressionnée par la force et le courage qu’il lui a fallu. J’ai aussi été terrassée d’émotions par la misère, la souffrance, les difficultés sociales auxquelles l’auteur fait référence et sur lesquelles il est difficile de fermer les yeux. Loin des grandes villes et des régions dont on parle le plus aux infos, la pauvreté, les difficultés à joindre les deux bouts, l’isolement, l’enfance en souffrance, sont une realité.
Commenter  J’apprécie          330
Point of View : P.O.V.

La génération de mes parents a connu le cinéma érotique avec le film 'Emmanuelle' (1974).

Quelques années plus tard, la chaîne Canal+ et les magnétoscopes (avec les cassettes VHS) ont fait entrer la pornographie dans les foyers. On monte d'un cran, ça n'a rien à voir : le porno d'alors est fait par des hommes, pour des hommes. Il paraît qu'il existe désormais des pornos plus 'féminins' (plus doux ?), je n'ai pas testé.

.

Dans les années 1980-1990, si vos parents n'en consommaient pas (ou s'ils en regardaient mais rangeaient bien leurs affaires), si vous n'aviez pas de grand frère, le spectacle cru du X vous était épargné jusqu'à l'âge (pré)adulte. Mais votre premier visionnage n'était pas forcément consenti, et les attentes de celui qui vous présentait le film pouvaient être à 1000 lieues des vôtres, pauvre naïve !

.

Aujourd'hui, avec Internet, ces images s'imposent aux enfants, beaucoup trop tôt, que l'option 'contrôle parental' soit activée ou non - merci les copains !

Et comme l'enfant est conscient du tabou, il se garde d'en parler aux adultes de son entourage, ce qui peut occasionner des dégâts si sa consommation devient incontrôlable. Je ne parle même pas des effets sur une petite/jeune fille qui se demande comment elle réussira à faire 'tous ces trucs' un jour ; je reste dans la perspective masculine, plutôt agréable, si j'ai bien compris.

.

C'est le sujet de ce roman pour adolescents, à travers l'exemple de Lucas, accro au porno depuis l'âge de 14 ans. L'auteur montre la nocivité de la pornographie consommée trop jeune et à haute dose : addiction, perte du sommeil, déphasage scolaire, et conséquences sur la sexualité future, car la vie sexuelle amoureuse n'a pas grand chose à voir avec ces films (images de la femme soumise, ultra-souple, ouverte & 'accueillante', et du mâle à grande/grosse qu*** qui rentre partout, dominant, dominateur, prédateur...). Patrick Bard évoque également les coulisses de la production de ces films, rompant avec l'image médiatique trompeuse donnée par quelques stars, apparemment mignonnes, épanouies, fraîches, saines, et heureuses de leur job de 'hardeuse'.



D'autres addictions sont évoquées dans ce roman (jeux en ligne, alcool), via quelques jeunes gens marginalisés par leurs pratiques, devenus incapables de vivre en société, et parfois suicidaires.

Tout n'est pas noir, il y a heureusement des moyens de sortir de ces graves crises de l'adolescence, une des premières étapes étant de réapprendre la 'vraie vie', de renouer le contact avec des gens de son âge, par exemple...



Lecture indispensable pour les adolescents et les adultes qui en côtoient.



- - - - - -



« Un enfant a en moyenne 11 ans lorsqu'il est exposé pour la première fois à du contenu pornographique en ligne », révèle une enquête conduite par l'association Ennocence.
Commenter  J’apprécie          324
Et mes yeux se sont fermés

Je suis assez dubitative sur ce livre qui parle de la radicalisation d'une adolescente qui va partir faire le djihad en Syrie mais qui va revenir.



Dans mon esprit, il s'agissait d'un roman pour ados qui montrait clairement les dérives de l'embrigadement. Or je trouve que la façon dont il est écrit (roman chorale) laisse peu de places à l'explication de la manipulation et fait la part belle à la conspiration elle-même. du coup j'ai peur que les ados se précipitent sur l'idée que "l'Occident détruit le monde", que "les laboratoires pharmaceutiques font tester leurs médicaments sur les enfants des rues en Afrique", et que "l'Occident dissimule des messages à caractère sexuel dans les dessins animés" ...



De plus, si Maëlle/Ayat revient en France, ce n'est pas parce qu'elle s'est rendu compte de son erreur, mais parce que, enceinte, elle a eu peur des bombardements de la coalition... et même si elle est parfois déçue par ses conditions de vie en Syrie, elle veut partir pour élever son enfant "dans l'amour, le respect et la crainte du Très-Haut, loué soit son nom".



C'est donc un roman chorale où chacun revient sur la radicalisation de Maëlle. Chaque chapitre est écrit par une personne différente : Maëlle bien sûr mais aussi sa soeur Jeanne, sa mère, un professeur, son amoureux, une élève musulmane (la seule à avoir vu l'embrigadement), une fille avec qui elle est partie en Syrie ...



Cette suite de témoignages ne nous aide pas à avoir de l'empathie pour Maëlle. J'ai été dérangée par le fait que l'auteur explique très peu, juste à travers la soeur Jeanne, comment se protéger de la manipulation. J'ai été gênée par le témoignage de son amie partie avec elle en Syrie, qui habite dans une maison tout en marbre et qui traite Maëlle de traître. J'ai été choquée par le passage où Jeanne enfile le niqab de sa soeur et y trouve un certain réconfort ... Bref, par tous les aspects "positifs" de l'islam radical.



Un livre certainement intéressant mais à ne pas mettre entre toutes les mains, ou alors avec une belle discussion à la clef et des éléments concrets comme le site du gouvernement ou un site sur les hoax. Il peut vraiment prêter à confusion chez des ados en manque de repère.
Commenter  J’apprécie          310
Le Poulpe : Un chato en Espagne

Un Chato en Espagne restera un des mes Poulpe préférés (n°288), car c'est Patrick Bard qui est aux manettes. Une fois encore, Gabriel Lecouvreur promène sa silhouette dégingandée dans les bistrots et les hôtels miteux pour mener l'enquête.

Il se retrouve dans la ville de Barcelone, laminée par la crise, et met ses grands pieds dans le plat, à savoir, la mafia des bébés volés, le scandale des « Los Niños Robados ». L'intrigue n'est pas sans rappeler l'affaire du bon Docteur Vela qui fit la Une (bébés déclarés morts à la naissance et adoptés contre espèces sonnantes et trébuchantes, avec nourrissons congelés trouvés dans les sous-sols de la clinique. Pour les curieux, je conseille les ouvrages de Montse Armengou et Ricard Vinyes, pour les amateurs de séries télévisées, Niños Robados, 2012) . Dans un pays amnésique- « Nous avons échangé la démocratie, ou ce qui en tient lieu, contre Alzheimer! »- la venue de Gabriel ne va pas faire que des heureux. «A présent prêt à en découdre, le Poulpe se leva tel un Don Quichotte décharné aux membres étirés et marcha vers la station de métro la plus proche. » Attention, ça va chauffer.

Quant au titre, il ne s'agit pas d'une faute d'orthographe mais d'une allusion au coucou favori de Gabriel, son Polikarpov I-16 (surnommé « mosca» pendant la guerre civile, alors que Polikarpov I-15 était surnommé « Chato », les wargameurs auront tilté). D'ailleurs Patrick Bard nous gratifie d'une scène aérienne digne de la bataille de la sierra de Guadarrama, la « Gloriosa » versus « Aviación Nacional ». Bref, un Poulpe grand cru à déguster avant de lire le beau roman de Patrik Bard sur l'Espagne, Poussières d'exil.



Commenter  J’apprécie          284
La Frontière

Vous en avez marre du temps pourri du mois de mai, de cette pluie qui n’arrête pas de tomber (du moins, en Belgique), de ces températures trop basses pour mai ?



Vous rêvez de vacances, de soleil, de farniente ? Alors pourquoi ne pas prendre un billet pour le Mexique et la charmante ville de Ciudad Juàrez ? Si, si, elle est charmante et peuplée de Bisounours…



Bon, ce n’est pas ce roman noir qui me donnera envie d’aller passer des vacances au Mexique ! J’aurais mieux fait de lire un guide du routard, cela aurait été moins dangereux pour ma santé mentale.



Ciudad Juàrez "la ville où même le diable a peur de vivre"… La ville du crime n’a jamais aussi bien porté son nom puisque des jeunes femmes se font assassiner, mutiler, dépecer, violer, profaner et vous compléterez la liste. Les cadavres des prostituées assassinées par jack The Ripper étaient en meilleur état… C’est vous dire.



Partant de faits divers réels, l’auteur en profite aussi pour nous parler des conditions de travail abominables et précaires qui sont celles des travailleuses à la frontera : salaires de misère, pas de sécurité, pas d’hygiène et l’obligation, tous les mois, de montrer son tampon usagé pour prouver qu’elles ne sont pas enceintes.



Bosser pour des multinationales, à bas prix, pour que les actionnaires et les hauts dirigeants s’en foutent plein les fouilles… Dans des usines qui se foutent bien de polluer à mort, de foutre en l’air les nappes phréatiques et où la corruption, la mordida, comme ils disent (pot-de-vin).



Comme prévient l’auteur, une centaine de jeunes femmes ont été retrouvées violées et mutilées ces dernières années à Juarez, et si l’on a bien arrêté et jugé quelques coupables ou prétendus tels, l’ensemble de l’affaire n’a jamais été élucidé.



Ce livre est donc plus qu’une fiction, c’est une œuvre de révolte qui dénonce, entre autres, la perversité d’un système où les grandes multinationales viennent chercher chez les plus pauvres la main-d’œuvre bon marché, corvéable et humiliable à merci.



On ose espérer que la réalité est un peu moins horrible, mais c’est malheureusement loin d’être une certitude. Lorsque l’on peut faire fabriquer des marchandises à bas prix et se faire une grosse marge bénéficiaire, certains n’hésitent pas et y vont à fond, se moquant de la misère humaine qu’ils créent et de la pollution qu’ils font.



Un roman noir ultra-violent, réaliste, inspiré de faits divers vrais et qui vous plongera dans la noirceur humaine, sans vous laisser entrevoir une mini lumière au fond du tunnel. Ici, tout est sombre, sanglant, sans concession. Une lecture en mode «"j’arrête de respirer".



Ciudad Juàrez est la capitale mondiale du meurtre, pas celle des gentils Bisounours et elle a une réputation à tenir.



Croyez-moi, elle le fait super bien et ce roman ultra-noir ne vous donnera pas envie d’aller vous balader dans cette ville (ni même au Mexique).


Lien : https://thecanniballecteur.w..
Commenter  J’apprécie          262
Le secret de Mona

Mona, 17 ans, conduit sans permis. Au volant de sa Twingo, elle emmène son petit frère Justin, très malade, aux urgences. Depuis longtemps déjà Mona se débrouille toute seule. Elle a toujours fait en sorte de rester discrète, de ne rien laisser au hasard. Mais dans l'urgence et la panique, elle commet une erreur. Un stop non respecté, une voiture de gendarmes en embuscade et c'est le début des ennuis. Car Mona a un secret et les gendarmes, face à cette adolescente trop jeune pour conduire, trop jeune pour être seule avec un bébé, vont devoir poser des questions.



Tableau sociologique de la misère rurale, de la grande précarité, de l'isolement, « Le secret de Mona » ne laisse pas indifférent. Ce sont des mots cash, un style coup de poing qui s'adresse aux ados – lectorat visé - , qui permettent de jeter un coup de projecteur sur ce qui se passe souvent à côté de chez nous. Sans dévoiler l'intrigue de ce court roman, nous dirons juste que Mona illustre un cas social (terme souvent galvaudé et péjoratif) qui dénonce un exemple de situation familiale dramatique. le récit de Patrick Bard ressemble presque à un documentaire, une analyse sociologique où les différents acteurs des services publics et sociaux (le maire, l'assistante sociale, le gendarme, le médecin, la voisine, le psychologue) viennent un à un livrer leur témoignage sur le cas de Mona. Leurs voix s'entendent à la troisième personne. Seule celle de Mona s'exprime à la première, urgente, énergique, à vif.

Très habilement, l'auteur nous décortique les arcanes des procédures judiciaires et des institutions sociales. le manque de moyens, toujours plus grand, qui empêche des gens de faire leur travail convenablement. C'est le tableau d'une société où le chômage fait des ravages, de zones rurales qui se paupérisent, d'une réalité insupportable où une jeune fille née dans une famille totalement à la dérive tente de sauver ce qui la maintient debout : ne pas être séparé de son petit-frère.



Un roman dur, réaliste, sans caricature, qui met en avant les laissés-pour-compte de la société et ceux qui tentent de leur venir en aide.
Commenter  J’apprécie          233
Point of View : P.O.V.

P.O.V pour "point of view", soit film tourné en caméra subjective. Tel est le titre du second roman ados-jeunes adultes de Patrick Bard. Dans le premier, Et les yeux se sont fermés, il évoquait la conversion à l'islam et la radicalisation d'une jeune fille française partie rejoindre le djihad en Syrie.



Ici, le journaliste-écrivain traite de l'addiction d'un adolescent aux vidéos pornographiques sur Internet. C'est si facile, varié et représentant un nombre vertigineux de mini-films. L'histoire de Lucas est le parfait pendant romanesque de l'essai d'Ovidie, À un clic du pire, dans lequel elle dresse le constat stupéfiant du nombre d'heures de porno visualisées et, encore plus grave, de l'impact terrible que ces scènes souvent hard sur la sexualité de ces jeunes.



Patrick Bard le dépeint à travers son jeune personnage avec beaucoup de justesse. Sa vision du sexe et de l'abord d'une fille n'est dictée que par ce qu'il en a vu du Internet. Autrement dit, une vision fausse, dégradante et socialement périlleuse. L'auteur montre également les problèmes collatéraux à cette addiction : manque de sommeil à force de mater les films, diminution de l'attention en classe, dégringolade scolaire, importante prise de poids par manque d'activités et grignotages compulsifs devant l'écran, tensions familiales, désocialisation, etc.



Voilà un ouvrage intelligemment construit, avec des mots qui sonnent juste puisqu'on sent bien derrière cette avidité de cybersexualité se cache un mal-être. Le monde virtuel du sexe devient un échappatoire au monde réel et aux difficultés et efforts inhérents aux relations sociales. Pour d'autres, c'est l'alcool, les jeux en ligne, la drogue, la bouffe, etc. Autant de moyens de tenter de combler un vide ou de fuir une situation qui ne convient pas. Illusoire bien sûr mais ça, on ne s'en rend compte que lorsque l'engrenage est déjà bien lancé.



La question de la disponibilité des écrans est ici aussi posée à travers les interrogations des parents. Difficile à notre époque ultraconnectée de ne pas se focaliser sur smartphones, tablettes ou ordinateurs. Nombre d'inquiétudes ressortent d'expériences vécues et d'études scientifiques sur les effets d'Internet sur nos vies et principalement sur celle des enfants et adolescents. L'addiction du jeune Lucas en est une parmi bien d'autres.



Je ne peux que conseiller la lecture de ce roman certes préoccupant mais où toute lumière n'est pas éteinte. Bravo à Patrick Bard pour l'efficacité et la qualité de son récit.
Commenter  J’apprécie          210
Et mes yeux se sont fermés

Maëlle a seize ans et vit dans la banlieue du Mans avec sa famille. Elle mène une adolescence banale, pourtant ses amis et sa famille constatent un changement d'abord discret puis flagrant. Qu'est-ce-qui va pousser Maëlle ou Ayat, son nouveau prénom, à rejoindre l'Etat Islamique et les conflits qui se déroulent en Syrie ?

Patrick Bard est un romancier, écrivain et voyageur. Il achève l'écriture de ce livre après les attentats de Charlie Hebdo où il perd un ami. Ce livre sera édité en 2016 par les éditeurs Syros.

Je recommande ce livre à quiconque est intéressé par l'actualité. La lecture en est aisée et les personnages possèdent une véritable humanité. le point fort de ce livre est le fait que l'histoire est racontée par le biais de plusieurs personnages, ainsi le lecteur ne se retrouve pas réduit à un unique point de vue.

J'ai apprécié ce livre car on comprend mieux la méthode opératoire de Daech. C'est un fait d'actualité et j'estime nécessaire le fait de s'informer. Ce qui m'a plus également c'est de constater l'évolution des personnages au cour se l'histoire par différents points de vues, notamment celui de la famille de Maëlle. Ce roman m'a également fait comprendre l'ampleur que prennent les réseaux sociaux dans la vie de certains jeunes et le danger que ceux-ci représentent.



Lisa Mer.



******



Et Mes Yeux Se Sont Fermés, écrit par Patrick Bard, paru en 2016 dans les éditions Syros.

Lavage de cerveau.

Maëlle était une fille comme il y en a des centaines, en France. Elle n’avait pas une famille parfaite, certes, mais elle avait un petit copain attentionné, des amis et de bons résultats scolaires. Malheureusement, son caractère de feu et son aversion envers l’injustice la mèneront, à travers les réseaux sociaux et la « toile », des quartiers de Paris jusqu’en Syrie, sous le nom d’Ayat, et dans les rangs de Daech. Mariée avec un djihadiste mort en martyre avant même son arrivée, elle se remariera et tombera enceinte. Cette grossesse lui fera comprendre que, pour protéger son enfant, elle doit revenir en France… Avec l’aide de ses proches et de son mari, elle parviendra à s’enfuir avec son bébé, mais le père, gravement blessé, sera retenu en Syrie et peut-être même exécuté. L’esprit d’Ayat ayant complètement été ravagé par le lavage de cerveau islamiste, elle devra néanmoins se réintégrer dans un monde où elle se sent étrangère. Y parviendra-t-elle ?

Patrick Bard est un romancier, écrivain-voyageur et photojournaliste, ayant pour sujet principal de travail les frontières, le droit des femmes et les conditions de vie des populations dans le monde. Ayant publié six romans aux éditions du Seuil et remporté de nombreux prix pour ses travaux, Patrick Bard complète son travail de photographe par l’écriture depuis 1993, date de parution de son premier roman écrit lors de ses études.

Au premier abord, l’histoire est très intrigante, d’ordre philosophique, et nous amène à nous poser certaines questions sur notre comportement, dans le cadre de contextes assez hors du commun. J’ai été tout aussi troublée que Maëlle, alors qu’elle se faisait lentement happer par la folie sanglante du Djihad. Les autres points de vue sont très intéressants, surtout celui de Jeanne, la sœur de Maëlle et la diversification du style d’écriture en fonction des personnages et des chapitres était très agréable… Je trouve qu’avoir quelques versions d’une même histoire est une bonne chose, lorsqu’elles ne reprennent pas à chaque fois exactement le même événement avec le même ressentiment. Dans ce livre, c’est l’impression de relire la même histoire, à chaque chapitre, qui m’a déplu… Au fil de ma lecture, mon intérêt pour l’intrigue s’est malheureusement effacé pour laisser place à une sensation de « lavage de cerveau », provoqué par la répétition incessante des mêmes faits. Un détail pour ensemble de qualité, mais un détail qui fait une grande différence ! Un excellent choix pour les rebelles bien déterminés à réaffirmer les droits de l’Homme… Allez-vous aider Ayat ?

Justine



******

Un roman débordant de vérités.



Maëlle était une jeune fille ouverte d’esprit, sportive et amoureuse, jusqu’au jour où elle va croiser le chemin des réseaux sociaux. Nommée à présent « Ayat », elle abandonne le sport et notamment le handball, discipline dans laquelle elle excellait jusqu’à présent. Elle va prendre le chemin inverse, va se convertir à l’islam et Facebook va occuper la plus grande partie de son temps. Quelques mois plus tard elle prend la direction de la Syrie et rejoint l’organisation de Daech, pour sauver le monde pense-t-elle. Que s’est-il passé ?

J’ai beaucoup aimé ce roman car il nous plonge dans des faits d’actualité très délicats. En effet l’auteur évoque l’organisation de Daech qui est très présente de nos jours. Il est également question du poids des réseaux sociaux dans la vie des adolescents. L’histoire est très réaliste et prend place dans notre société ce qui rend la lecture très intéressante.

Un autre point très positif est le fait que nous ne sommes pas restreints à un seul point de vue. En effet nous pouvons suivre le cours de l’histoire à travers le récit de plusieurs personnages tels que sa mère, son professeur de français ou encore sa sœur, ce qui facilite la restitution des causes et des conséquences de la conversion de Maëlle, à l’islam. Chaque chapitre représente un autre point de vue. La lecture en est de ce fait très aisée et très fluide.

Bref, le roman d’un rapt mental qui nous aide à prendre conscience du danger des réseaux sociaux qui sont très présents dans la société actuelle.



Margaux

_________________________________________________________________

Et mes yeux se sont fermés nous raconte l'histoire de Maelle, une adolescente de 16ans qui vit au Mans avec sa famille. Elle mène une vie simple mais elle a tout ce dont on peut vouloir : un bon parcours scolaire, un petit ami, des amis, et elle est très sportive. Mais soudainement tout cet équilibre va être perturbé. Les réseaux sociaux, plus particulièrement Facebook, vont la faire changer totalement. Maelle est maintenant Ayat, elle se convertit à l'islam, elle s'éloigne des gens de qui elle était proche. Elle décidera de tout abandonner pour partir en Syrie, où elle pense pouvoir accomplir son destin. Comment en est-elle arrivée là ?

Certains évènements vont l'obliger à rentrer chez elle, avec sa famille. Parviendra-t-elle à s'habituer à nouveau à sa vie en France ?



Pour commencer, j'ai aimé le fait que le thème principal soit un fait d'actualité . En effet, le terrorisme et l'embrigadement sont des choses dont nous entendons parler tous les jours. Cette histoire nous le raconte très bien. Je pense que ce livre est à lire car il nous fait nous poser les bonnes questions, pas seulement par rapport à la religion mais également à notre comportement quotidien, comme par exemple l'addiction aux réseaux sociaux ou les conséquences que peuvent avoir nos actes sur nos proches. C'est très intéressant de voir comment une fille, qui semble avoir une vie assez heureuse et un fort caractère ,peut elle, aussi se faire embrigader. Ce roman n'est qu'une fiction, mais ces faits arrivent réellement chaque jour. De plus, nous suivons le parcours et l'évolution de Maelle, mais aussi cela de ses proches. En effet, nous avons plusieurs points de vue dans ce roman, comme celui de sa sœur par exemple, qui est très intéressant. Ce livre m'a beaucoup plu, et je le recommande à tout le monde, même si le sujet ne nous intéresse pas forcément. Le dernier point positif est que la morale est implicite, l'auteur ne nous dit pas clairement que les choix de Maelle sont mals, il nous raconte l'histoire de cette jeune fille et nous laisse nous forger notre propre avis.



Juliette

-----------------------------------------------------------------------------

Maëlle a 16 ans et vit dans la ville du Mans, c'est une adolescente qui a une famille et des amis mais elle commence a changé de plus en plus. Elle se tourne de plus en plus vers les réseaux sociaux où elle arrive sur une page d'embrigadement religieux et commence à se familiariser avec eux. Quelque temps après elle décide de partir pour la Syrie et se marie avec un djihadiste et tomba enceinte. Maëlle ou Ayat et son mari décident de quitter la Syrie pour une vie meilleur pour eux et leurs enfant mais son marie s'est fait tiré dessus et est obligé de rester en Syrie car la blessure est très douloureuse. Maëlle qui a réussit à s'échapper,arrivera t-elle à se réintégrer dans la société qu'elle a quittés ?



L'auteur Patrick Bard commence sa carrière de photographe commence en 1982 avec une exposition à la Galerie des Voyageurs à Toulouse. Il était, par ailleurs, membre de l'agence de presse Rapho depuis 1979. En 1990, il change d'agence et rejoint Editing. Depuis 2007, il est représenté par Signatures, maison de photographes1.

Son premier livre, publié en 1993, est Blues Mississippi Mud, un carnet d’un voyage dans le monde du blues. À partir de 1996 il quitte la France pour étudier la frontière entre les États-Unis et le Mexique. Cette étude, qui a duré 5 ans, a donné lieu à l'ouvrage El Norte, sorti en 2002. Mais également, en 2002, à la sortie de son premier roman, La Frontière de plus il a reçu de nombreux prix.



Je n'ai pas vraiment apprécié ce livre car son sujet est le terrorisme et des livres sur ce sujet j'en lu et c'est vraiment un des livres que j'ai le moins appréciés. Je suis habitués des livres d'aventure et des action mais je trouve que ce livre en manquait beaucoup. Dès le début de l'histoire les idées n'était pas clair et j'ai pas réussi à m'accrocher . J'ai réussit à finir le livre mais j'ai eu beaucoup de mal.



Djebril

---------------



Maëlle, est une jeune fille ordinaire, jusqu'au moment où elle décide de partir en Syrie. Elle abandonne ainsi sa famille, ses amis, sa vie, pour partir rejoindre son mari connu sur internet. Mais malheureusement celui-ci meurt au combat avant même qu'elle le rencontre. Une fois en Syrie, Maëlle, qui se fait appeler Ayat, se marie avec Redouane et tombe enceinte. Elle se rend alors compte qu'elle doit rentrer en France pour protéger son enfant. Elle parvient à rentrer indemne, mais son mari lui, est gravement blessé, elle le croit mort. En France, Maëlle va devoir se réintégrer dans la société et ré-appendre à vivre normalement.

Ce roman parle d'un sujet d'actualité. Il pousse à la réflexion et nous permet de nous rendre compte de l'influence que peuvent avoir les réseaux sociaux. Selon moi, le point fort du roman est que la même histoire soit racontée par plusieurs personnages, de ce fait, on comprend le point de vue de chacun, et cela nous permet de nous mettre à la place de ceux-ci.



Camille C.

Commenter  J’apprécie          190
Le secret de Mona

A dix-sept ans, Mona doit assurer la gestion de la famille, ou de ce qu'il en reste. Sa mère Christelle (accro au tabac et aux jeux de loterie) n'est en effet pas capable de gérer le quotidien. Justin, le petit dernier de la famille, pas encore âgé de 2 ans, paraît plutôt mal parti dans la vie, même si Mona veille sur lui.

Heureusement pour elle, Mona semble pouvoir compter sur son amie Solène. Ces deux-là deviennent inséparables. Pour le meilleur ou pour le pire ? Je vous laisse en juger par vous-même, mais pas avant d'avoir lu la dernière page.



Ce n'est pas seulement la pauvreté que Patrick Bard met ici en scène, ce sont aussi et surtout l'isolement social, la détresse psychique et l'absence de perspectives qui y sont souvent associés.

La pauvreté ne se résout pas seulement par le versement d'allocations, encore faut-il apprendre à ceux qui les perçoivent à les utiliser à bon escient, et à les aider à se projeter dans un avenir différent.



En 165 pages, l'auteur nous embarque dans une histoire captivante, et nous invite à réfléchir sur des maux de notre société que nos dirigeants préfèrent tenir cachés.

Le trait peut sembler ici un peu forcé. Il ne l'est hélas malheureusement pas autant qu'on pourrait l'espérer.
Commenter  J’apprécie          180
La bataille du rail : Cheminots en grève, écriv..

Sortez de votre train-train et prenez avec moi, ce train de nouvelles, d'écrivains solidaires de cheminots en grève. Les droits du livre sont intégralement reversés en soutien aux grévistes.





Prévert écrivait : "Le train m'égare, la gare m'étreint." J'ai aimé le texte de Laurent Binet qui convoque le plus long générique de film, avec l'arrivée en gare, d'un train, d'où descend C.Bronson, dans "Il était une fois dans l'ouest." Tandis que H.Fonda essaie de prendre une locomotive, dans "Mon nom est personne". Cris Evans remonte des derniers wagons, avec des prolétaires révoltés ( les cheminots?) pour " Snowpiercer".



Vous rencontrerez peut être d'autres écrivains, dans les wagons suivants, pendant que "le train sifflera 3 fois". Lisez ce livre, et compostez votre billet " de soutien".
Commenter  J’apprécie          180
Et mes yeux se sont fermés

Maëlle, 16 ans revient de Syrie, veuve et un bébé dans les bras. Ce roman nous raconte son parcours, son embrigadement, Voilà nous sommes dans "l'oeil du cyclone" de la vie contemporaine : le phénomène de radicalisation qui sévit chez les adolescents...Un souci majeur qui déstabilise les familles, les amis, et Maëlle essaye de convaincre sa petite soeur de rejoindre l'Organisation de Daesch...





Un roman hyper réaliste , une situation qui peut surgir chez n'importe quelle famille, ....ce parcours où l'on constate le poids des réseaux sociaux est primordial, important où des atrocités et une "macédoine" de documents et d'informations sont en "libre service" sans aucun filtre...; cet univers hyperconnecté où la désinformation règne à tout va et là où le sens critique et les repères chez cette jeunesse sont très minces....alors qui croire ? et que faire?...



Roman pertinent et intelligent ... à faire découvrir auprès de tous et toutes sur un sujet très sensible et bien écrit !
Commenter  J’apprécie          180




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Patrick Bard (1092)Voir plus

Quiz Voir plus

Et mes yeux se sont fermés

Comment s'appelle le personnage principal ?

Anastasya
Laurie
Aminata
Maëlle

8 questions
39 lecteurs ont répondu
Thème : Et mes yeux se sont fermés de Patrick BardCréer un quiz sur cet auteur

{* *}