Mon neveu Jeanne

Quand un bébé naît en France, on lui attribue un genre, même lorsque celui-ci est difficile à déterminer physiquement. C'est ainsi que votre NIR (dit 'numéro de sécurité sociale', mais attribué par l'Insee) commence par un 2 si vous êtes une fille, un 1 si vous êtes un garçon.
Il n'y a pas d'alternative, pas de 3e sexe, bien que cela existe dans certains pays. Dommage pour ceux qui grandissent en ayant le sentiment de ne pas être ce qu'on a décidé pour eux. La question 'transgenre' se pose aussi pour ceux qui se sentent en total décalage avec une enveloppe charnelle dont le genre ne laisse pourtant aucune ambiguïté. C'est le cas de Jean-Pierre, né garçon, se sentant femme et désirant le devenir, tout en ayant une attirance sexuelle pour les femmes.
Son oncle, le photographe-reporter Patrick Bard, nous raconte ici son parcours compliqué en texte et en photos.

La couverture et le titre sont peu engageants, mais j'ai fait confiance à cet auteur dont j'apprécie les polars sociaux journalistiques.
Cet ouvrage est très intime mais jamais impudique, même si l'on se sent parfois mal à l'aise face à la souffrance de Jeanne-Jean-Pierre mise à nu. Patrick Bard expose les faits, il évoque les doutes et les difficultés qui ont accompagné les métamorphoses de son neveu, il cherche a posteriori des signes qu'il n'a pas su décrypter lorsque celui-ci était plus jeune.
Il ne juge pas, et ce sont précisément l'amour et la compréhension de ses proches qui ont aidé Jeanne-Jean-Pierre à oser accomplir tout ce chemin hors des sentiers battus sans avoir à se cacher. Le regard des autres, en revanche, est souvent nettement moins bienveillant. C'est déjà exclu pour certains d'accepter l'homosexualité, et le changement de sexe... alors un mélange un peu compliqué des deux...

Un témoignage émouvant, à lire !
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■ « Ça a été très difficile de passer d'un homme à une femme, et, contre toute attente, ça a été très difficile de redevenir un homme. Vous êtes un homme, vous devez être attiré par les femmes ; vous êtes une femme, vous devez être attirée par un homme, voilà, pour moi, ça, c'est complètement faux. On n'est pas prédestiné à vivre une histoire d'amour avec un homme ou une femme parce qu'on est un homme ou une femme. Je pense qu'on est bien plus destiné à être heureux. le bien-être, le sentiment d'être en osmose avec la personne avec laquelle vous vivez, ce que vous partagez, vos bonheurs, votre peurs, vos... tout... Pfff, y a pas de sexe pour ça, il n'y a absolument aucun sexe. »

■ « 'Je suis un mec avec des seins, un passeport et un permis de conduire sur lesquels je m'appelle toujours Jeanne. J'ai fait rajouter Jean-Pierre en second prénom.'
Mon neveu n'a en effet jamais refait le chemin inverse pour récupérer son état civil d'origine. Pas par flemme, mais parce qu'il assume cet intermédiaire, cet entre-deux. »
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• Merci à Babelio et aux éditions Loco !

Sur ce sujet, le film 'Ma vie en rose' (Alain Berliner, 1997) montre à quel point l'accompagnement et la compréhension des proches sont précieux.
Voir aussi 'Les garçons et Guillaume, à table !' (Guillaume Gallienne, 2013).

Quel livre surprenant !
Déjà, sa couverture orange n'est pas très engageante...
Avec une maison d'édition qui s'appelle Loco, c'est peut être normal ?
En communication visuelle l'orange véhicule des valeurs de communication et de créativité. Bingo, le lecteur va être servi.
Patrick Bard nous raconte l'histoire de son neveu Jean-Pierre où plutôt Jean-Pierre-Jeanne.
Le décor est planté: il y est question du genre.
Car Jean-Pierre va devenir Jeanne dans les années 2000.
Depuis 1983, il le photographie.
Jean-Pierre vit sa vie d'homme, se marie, a des enfants.
Puis la transformation assumée, troublante, dérangeante pour l'entourage. Son couple n'y tiendra pas.
Patrick continue les photos.
Puis Jeanne tombe amoureuse d'une femme et décide de faire le chemin inverse, redevenir un homme après tout ce combat pour assumer sa féminité.
Pas de vulgarité, de jugements ou de voyeurisme. Patrick Bard raconte et illustre la vie de Jean-Pierre-Jeanne avec son oeil de photographe et surtout son amour bienveillant d'oncle. Car le texte est illustré de magnifiques clichés de ce neveu si particulier que l'on voit évoluer dans ce désir d'être dans un corps "autre".
J'ai beaucoup aimé l'approche sur ce thème, toute en simplicité et naturel mais surtout une belle preuve d'amour filial et de soutien dans ce cheminement.
Je remercie une nouvelle fois Babelio et surtout les éditions Loco pour la découverte de ce livre.
Une nouvelle fois, je me suis laissé embarquer dans un univers qui m'était étranger.
Qu'il est bon de découvrir et se laisser surprendre.

Tout au départ, le titre du livre m'avait intrigué « Mon neveu Jeanne », peut-être même avait-il fait appel à mon penchant voyeuriste dont je ne suis pas très fière, mais qui malgré mes efforts pour le combattre persiste encore parfois. Ensuite au-delà de cette déplorable inclinaison que je méprise, j'ai été déstabilisée en découvrant que le héros de ce livre-reportage a été successivement Jean-Pierre, puis Jeanne puis à nouveau Jean-Pierre … Sans parler de l'auteur, Patrick BARD, estampillé photographe, journaliste et romancier qui depuis 1983 photographie son neveu, sans but annoncé, mais comme avec l'intuition que ce ne serait pas en vain. A l'instar de Christian Clavier dans « Les visiteurs », je trouvais rien de mieux à dire « Mais c'est quoi ce binz ? » Et surtout dans quoi me suis-je embarquée ?
Le livre émanant d'un photographe, je craignais de voir des portraits artistiques de « Jean-Pierre/Jeanne » s'étalant sur trois décennies et mettant en scène cette histoire de vie inédit.
Hé bien pas du tout !
D'abord les premiers clichés ressemblent à ceux que toute famille ordinaire à coller chronologiquement dans ses albums de photos au début des années soixante dix – quatre-vingt : le petit en kimono après l'obtention de sa ceinture blanc-jaune, la pièce-montée du communiant trônant sur la table du salon ou les photos de la plage sur laquelle la famille a échoué le temps d'un été. S'en suivent celles du service militaires, puis celles du mariage avec chapeau haut de forme et queue de pie, accroché à son bras l'heureuse mariée dans sa robe-chantilly immaculée et enfin pour poursuivre sur cette lancée sans surprise, celles des premiers enfants.
De l'ordinaire, rien que de l'ordinaire … Les photos ne laissent rien prévoir et n'annoncent absolument pas le virage à 180° des années quatre-vingt-dix et encore moins le contrebraquage de ces dernières années. Et pourtant, ça a du turbiner dans sa tête, dans son corps, à « Jean-Pierre/Jeanne » durant toutes ces années !
Si le livre retrace avec beaucoup de finesse et de pudeur le cheminement suivi par ce héros en quête d'absolu, il reste très vague quant au pourquoi et au comment. En effet les réponses à ses questions appartiennent à « Jean-Pierre/Jeanne ». Elles restent de l'ordre de l'intime qui ne regarde à aucun titre l'inconnu, qui, s'il a droit à prendre connaissance de son histoire, n'est cependant pas autorisé à fouiller les tréfonds de son âme.
Le récit est surprenant, parfois perturbant, mais jamais salace ou concupiscent. Toutefois ce qui m'a particulièrement interpellée, c'est le cadre dans lequel cette affaire de transformation s'est déroulée. Un milieu de la France moyenne, un milieu social plus qu'ordinaire, loin du show-biz et des paillettes, une famille où le déjeuner dominical est une vraie institution, une famille dans laquelle les rôles dévolus aux hommes et aux femmes sont bien distincts et où chacun trouve bon de rester à sa place selon le code sociétal en place en France depuis de nombreuses années.
Après avoir terminé le livre, je me suis demandée pour qui il avait été conçu. Pour tous les « Jean-Pierre/Jeanne », pour leur démontrer que quelque soit le genre, ce qui compte c'est l'être dans sa globalité et sa propension à savoir, à pouvoir aimer ? Ou peut-être aussi pour tous ceux qui sont mal à l'aise avec ces questions de genre et d'orientation sexuelle, afin qu'en lisant ce témoignage, ils ravalent humblement leurs sarcasmes et leur fiel ?

De Patrick Bard, je connaissais quelques excellents polars documentés.
Cet ouvrage est très différent, sorte de reportage mêlant photographies et commentaires de l'auteur sur la quête d'identité sexuelle de son neveu Jean-Pierre.
Qu'il semble compliqué ce « neveu » !
Après l'adolescence, Jean-Pierre rejette sa masculinité, suit un traitement hormonal destiné à se féminiser, et transforme son état civil en « Jeanne » de sexe féminin. Il renonce néanmoins à l'opération chirurgicale destinée à parfaire la transformation, opération qu'il/elle a longtemps envisagée. Enfin, malgré des avis médicaux contraires, selon lesquels sa féminisation était irréversible, Jeanne, amoureux d'une femme, décide de redevenir un homme…

Certes le parcours est sinueux, mais la faute en incombe probablement en grande partie à la société et au regard qu'elle porte sur toute personne 'hors normes'. La vie de Jean-Pierre/Jeanne aurait en effet été beaucoup plus simple s'il/elle ne s'était longtemps senti(e) empêché d'être lui/elle-même, contraint d'afficher une image non conforme à son ressenti.

C'est ce que démontre parfaitement l'auteur, avec un savant mélange de tendresse (celle de l'oncle) et de recul (celui du photographe/reporter).

Ce beau livre est dérangeant. Il invite à la réflexion, et incite à la tolérance par une meilleure compréhension des différences chez autrui.

Patrick Bard est un photojournaliste spécialiste de l'Amérique latine. Cet ouvrage raconte l'histoire de son neveu Jean-Pierre-Jeanne, personne de genre fluide. Né en 1966, Jean-Pierre est devenu Jeanne, femme transgenre, au début des années 2000, puis est redevenu un homme en accolant à l'état-civil les prénoms de Jean-Pierre et Jeanne, situation qui lui semble correspondre le mieux à son ressenti.

Depuis 1983, Patrick Bard photographie régulièrement Jean-Pierre-Jeanne. Il présente ici une sélection de ces photos (plus des clichés qui ne sont pas de lui) qui racontent la vie et les transformations de Jean-Pierre-Jeanne. le propos est bienveillant et non jugeant. Patrick Bard vise un public ignorant de ces questions dont il veut déconstruire les fantasmes d'anormalité. Jean-Pierre-Jeanne vit en couple, travaille -comme transporteur routier- et recherche, comme tout le monde, le bonheur. Les photos sont commentées par le photographe : dans quelles circonstances elles ont été prises, ce qu'elles représentent pour lui. Il y a aussi une rapide histoire de la famille Bard, famille populaire (le père de Patrick était ferrailleur) de la banlieue parisienne et de son ascension sociale pendant les 30 Glorieuses.

Le résultat est un ouvrage original, plutôt intéressant et qui se lit facilement.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..