Citations de Patrick Modiano (1618)
Il gardait son calme. Peut-être pensait-il qu'à la moindre hésitation, au moindre trouble qu'on aurait lu sur son visage, cela risquait de lui porter malheur. Alors, il restait impassible et il évitait les gestes brusques. Il souriait d'un sourire absent.
Je n'avais plus peur de rien, et surtout pas de l'avenir.
Il me recouvrait de son ombre et je prenais la même couleur que lui. Et personne, jamais, m'arracherait à cette ombre.
Et j'étais là, debout, immobile, devant la glace de l'armoire à me demander si cette fille, c'était bien moi.
« Entre mon petit Jean... »
Une voix timide, mais un peu rauque, la même que celle d' il y avait quinze ans. Le visage n'avait pas changé non plus, ni le regard. Les cheveux étaient moins courts. Ils lui tombaient jusqu'aux épaules. Quel âge avait-elle maintenant ? Trente-six ans ? Dans le vestibule, elle le fixait toujours avec curiosité. Il cherchait quelque chose à lui dire :
« Je ne savais pas s'il fallait appuyer sur le bouton où il était écrit « Vincent »....
Il contempla un instant le feuillage du charme qui s'agitait doucement, comme si l'arbre respirait dans son sommeil.
Dans cette chambre de l'hôtel Fremiet, je me demandais si je ne cherchais pas à découvrir, malgré le néant de mes origines et le désordre de mon enfance, un point fixe, quelque chose de rassurant, un paysage, justement, qui m'aiderait à reprendre pied. Il y avait peut-être toute une partie de ma vie que je ne connaissais pas, un fond solide sous les sables mouvants. Et je comptais sur la Fiat couleur vert d'eau et sa conductrice pour me le faire découvrir.
Retour embrumé et bouleversant sur ses origines, celles du personnage central. Tout n'est que fiction bien sûr. Un style unique pour une histoire totalement prégnante.
"L'avenir… Un mot dont la sonorité semblait aujourd'hui à Bosmans poignante et mystérieuse. Mais en ce temps-là, nous n'y pensions jamais. Nous étions encore, sans bien nous rendre compte de notre chance, dans un présent éternel."
Elle a éteint la lumière. Par quels hasards et quels détours étais-je à côté d’elle, sur ce sommier, dans cette petite chambre désaffectée ?
Bien écrit certes mais tout de même un peu décevant sur la fin.
Il pensait à l'avenir, c'est-à-dire à rien.
Je lui avais conseillé de dire à Mocellini d'une voix ferme la phrase qui m'était familière dans ce genre de situation : " Mais non, monsieur... Ce n'est pas moi... Je suis désolée... Vous faites erreur..."
"Je suis entrée dans la chambre. Il m'attendait, assis dans le fauteuil, près de la coiffeuse. Il a sursauté. Il a soulevé ses paupières lourdes. Pour le tir, je devais avoir le même don que mon père puisque j'ai tué Monsieur du premier coup."
Non, je n'ai pas rêvé. La preuve, c'est qu'il reste un carnet noir rempli de notes.
...C'est plus fort que soi, on se sent toujours coupable lorsque de nobles et honnêtes parents ne nous ont pas persuadés dans notre enfance de notre bon droit et même de notre nette supériorité, en n'importe quelle circonstance de la vie. p.66
Ainsi, dans les rêves, vous observez les autres vivre les incertitudes du présent, mais vous, vous connaissez l'avenir. Alors, vous tentez de convaincre Mme du Barry de ne pas rentrer en France pour éviter de se faire guillotiner.
Moi aussi, j'éprouve une drôle de sensation à la pensée de ces lampes que nous avons oublié d'éteindre dans des endroits où nous ne sommes jamais revenus...
Je loue une chambre, sur la petite place de La Garde-Freinet. C'est là, à la terrasse du café-restaurant, à l'ombre, que j'ai commencé mon premier roman, un après-midi.
La nuit, quand je rentrais seule et que j’arrivais au coin de cette rue Coustou, j’avais brusquement l’impression de quitter le présent et de glisser dans une zone où le temps s’était arrêté. Et je craignais de ne plus franchir la frontière en sens inverse pour me retrouver place Blanche, là où la vie continuait. Je me disais que je resterais toujours prisonnière de cette petite rue et de cette chambre comme la Belle au bois dormant.