Citations de Patti Smith (496)
Le rire. Un ingrédient indispensable à la survie. Or, nous riions beaucoup.
Le destin a voulu que je suive un chemin fort éloigné de celui de mes ancêtres, et pourtant leurs façons étaient aussi les miennes. Et dans mes voyages, lorsque je vois une colline constellée de moutons ou une équipe d’ouvriers agricoles qui se reposent à l’ombre des noisetiers, je suis prise d’un désir nostalgique de redevenir celle que je n’ai pas été.
En regardant Jim Morrison, j'ai eu une réaction étrange. Tout le monde autour de moi semblait cloué, mais moi, j'observais le moindre de ses mouvements dans un état d'hyperconscience froide. Je me souviens de cette impression bien plus nettement que du concert. J'ai senti en voyant Jim Morrison, que j'étais capable d'en faire autant. Je ne saurais dire ce qui m'a fait penser ça. Rien dans mon expérience, ne me permettait de me dire que ce serait jamais possible, pourtant j'ai nourri cette prétention. J'ai ressenti à son égard à la fois de l'attrait et un certain mépris. Je sentais sa gêne profonde aussi bien que sa suprême assurance.
Nous avions besoin de temps pour éclaircir la signification de tout cela, trouver une façon de l'assumer et de redéfinir le nom de notre amour. Il m'avait appris que la contradiction est souvent la voie la plus évidente vers la vérité.
On dit que les enfants ne font pas la distinction entre les objets vivants et inanimés ; je crois au contraire que si. Un enfant fait dont à sa poupée ou à son soldat de plomb d'un souffle de vie magique. L'artiste anime ses œuvres de la même façon que l'enfant anime ses jouets. Que ce soit pour l'art ou pour la vie, Robert insufflait aux objets son élan créateur, sa puissance sexuelle sacrée. Il transformait un porte-clefs, un couteau de cuisine ou un simple cadre de bois en œuvre d'art. Il aimait son travail et il aimait ses objets.
il m'avait appris que la contradiction est souvent la voie la plus évidente vers la vérité.
"Il ya de l'eau dans les feuilles de laitue, a-t-il dit. Et le pain comblera ta faim".
Nous avons empiler les meilleures feuilles sur le pain et nous avons mangé joyeusement.
"Un vrai petit déjeuner de prison, j'ai dit.- Oui, mais on est libres".
p 91 J'ai refermé mon carnet et suis restée assise dans le café en réfléchissant au temps réel. S'agit-il d'un temps ininterrompu ? Juste le présent ? Nos pensées ne sont-elles rien d'autre que des trains qui passent, sans arrêts, sans épaisseur, fonçant à grande vitesse devant des affiches dont les images se répètent ? On saisit un fragment depuis son siège près de la vitre, puis un autre fragment du cadre suivant strictement identique. Si j'écris au présent, mais que je digresse, est-ce encore du temps réel ? Le temps réel, me disais-je, ne peut être divisé en sections, comme les chiffres sur une horloge. Si j'écris à propos du passé tout en demeurant simultanément dans le présent, suis-je encore dans le temps réel ? Peut-être n'y a-t-il ni passé ni futur, mais seulement un perpétuel présent qui contient cette trinité du souvenir. J'ai regardé dans la rue et remarqué le changement de lumière. Le soleil était peut-être passé derrière un nuage. Peut-être le temps s'était-il enfui ?
In my low periods, I wondered what was the point of creating art. For whom? Are we animating God? Are we talking to ourselves ? And what was the ultimate goal ? To have one's work caged in art's great zoos- the Modern, the Met, the Louvre? p.65
( A mes moments dépressifs, je me demandais quel était le but de créer de l'art. Pour qui? Édifions-nous Dieu ? Parlions-nous à nous-mêmes ? Et quel en était le but final ? Mettre son oeuvre en cage dans les sublimes zoos de l'art - Le Moderne, le Met, le Louvre?)
Je ne me sers pas de ma beauté. Ce sont les autres qui s'en servent.
- Qu'est-ce que tu manges?
- Des fèves.
- Pourquoi ça?
- Pour emmerder Pythagore.
- Sous les étoiles?
- Hors du cercle.
Ce soir-là, j'ai dîné simplement de ragoût, de pain et de vin. Je suis retournée à ma chambre, mais je ne pouvais pas supporter d'y rester seule. Je me suis lavée et changée, j'ai enfilé mon imperméable et je me suis aventurée dans la nuit charlevilloise. Il faisait fort sombre et j'ai arpenté le quai Rimbaud, vaste et vide. J'avais un peu peur lorsque, au loin, j'ai aperçu une minuscule lumière, une enseigne au néon - le Rimbaud Bar. J'ai fait une halte pour reprendre mon souffle, incapable de croire à ma bonne fortune. Je me suis avancée lentement, craignant de voir disparaître la lueur comme un mirage dans le désert. C'était un petit bar en stuc blanc avec une unique petite fenêtre. Il n'y avait personne alentour. Je suis entrée timidement. Le lieu était faiblement éclairé et peuplé principalement de mecs, des types à la mine renfrognée, appuyés contre le juke-box. Quelques photos fanées d'Arthur étaient collées au mur. J'ai commandé un Pernod et de l'eau, la boisson qui me semblait se rapprocher le plus de l'absinthe. Le juke-box passait une macédoine folle de Charles Aznavour, de country et de Cat Stevens.
Mais, secrètement, je savais que j'avais été transformée, bouleversée par la révélation que les êtres humains créent de l'art et qu'être artiste, c'est voir ce que les autres ne peuvent voir.
The things I thought would happen didn't. Things I never anticipated unfolded.p.152
(Les choses que je pensais ne se réalisèrent pas.Choses que je n'avais pas du tout en tête se déroulèrent )
Le manque d'argent, et le fait que cela soit à moi qu'il incombe d'en ramener, s'est mis à le déprimer de plus en plus. C'est en partie le stress causé par notre situation financière qui lui a remis en tête l'idée d'aller faire le tapin.
Les premières tentatives de Robert sur le trottoir avait été motivées par la curiosité et le romantisme de Macadam Cowboy mais il dut se rendre à l'évidence : travailler sur la 42e rue n'était pas de la tarte. Il a décidé de s'aventurer sur le territoire de Joe Dalessandro, dans l'East Side, près de Bloomingdale's, où c'était moins dangereux.
Je l'ai supplié d'y renoncer, mais il était déterminé à essayer. Mes larmes ne l'ont pas arrêté, alors je suis resté les bras ballants, impuissante, à le regarder se préparer pour la nuit qui l'attendait. Je l'imaginais planté à un coin de rue, empourpré par l'excitation, s'offrant à un inconnu pour nous rapporter de l'argent. Tout ce que j'ai pu dire, c'est : "Sois prudent, je t'en prie.
- Ne t'en fais pas. Je t'aime. Souhaite-moi bonne chance."
Qui peut connaitre le cœur de la jeunesse, sinon la jeunesse elle-même. ?
Les billes étaient la seule activité dans laquelle j’excellais. (..)
Je n’avais jamais l’impression que la capacité de vaincre venait de moi. Il me semblait toujours qu’elle se trouvait dans l’objet lui-même. Un éclat de magie animé par mon toucher. De cette façon, je trouvais de la magie en toutes choses…
Je suis comme un sculpteur aveugle qui donne des coups de burin dans la masse.
I learned from him that often contradiction is the clearest way to truth. p.200
( J'ai appris de lui que la contradiction est souvent la voie la plus claire à la vérité )
On a dit par la suite que le meurtre au concert des Stones à Altamont en décembre avait marqué la fin de l'idéalisme des années soixante. Pour moi, cette tragédie a ponctué la dualité de l'été 1969 : Woodstock et la secte de Manson, le bal masqué de notre confusion.
Les prières de Robert étaient semblables à des vœux. Il avait l'ambition d'obtenir un savoir secret. Nous priions tous les deux pour l'âme de Robert, lui pour la vendre et moi pour la sauver.
Il a déclaré par la suite que l'Eglise l'avait mené à Dieu, et que le LSD l'avait mené à l'univers. Il a dit également que l'art l'avait mené au diable, et que le sexe l'avait maintenu près de lui.