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Critiques de Paul Colize (657)
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Toute la violence des hommes



Ce que j'aime avec cet auteur belge, c'est la liberté totale avec laquelle il mène ses intrigues pour nous livrer des romans kaléïdoscopiques qui ne vont jamais exactement là où on les attend.



Cela démarre pourtant très classiquement par la garde à vue de Nikola Stankovic, 35 ans, artiste-peintre, pour l'assassinat d'une jeune prostituée croate comme lui. Tout l'accuse, ses empreintes, ses croquis, tout. Mais lui nie , sans pour autant collaborer avec les forces de police.



Forcément, tu te dis que cela va partir en enquête policière pour découvrir si oui ou non il a commis ce crime ... sauf que l'enquête à proprement parler est mené par un duo atypique composé par son avocat et la directrice du centre psychiatrique dans lequel il est interné en attente de son jugement. Le polar rebondit et se transforme en thriller psychiatrique intime pour fouiller l'âme, le passé et les traumatismes refoulés de Nikola.



Puis l'intrigue rebondit encore ailleurs avec la thématique des mystères de l'art. Nikola est un graffeur génial, surnommé le Funambule pour ses performances, capables de peindre d'immenses oeuvres d'une rare violence en des lieux improbables. Il est évident que ces oeuvres sont emplies de messages, de symboles et que celui qui les décryptera saura la vérité. Le pinceau pour dire lorsque l'artiste se tait.



Paul Colize ne s'arrête pas là et propose encore une couche de lectures qui, superposée aux autres, donner la clef : la dimension historique avec un des épisodes les plus sanglants du conflit yougoslave, les 87 jours de siège de la ville croate de Vukovar, ville martyre rasée par les nationalistes serbes après viols et massacres.



Tous les thèmes abordés le sont avec intelligence et justesse, chaque mot à sa place, ce qui rend ce roman inclassable souvent passionnant, incarné par des personnages attachants, jusqu'à une fin lumineuse faisant la part belle à la résilience et à la chaleur humaine. Paul Colize est un humaniste.



Lu dans le cadre du Club Sang Bepolar.com
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L'avocat, le nain et la princesse masquée

Comment un avocat peut se retrouver de l'autre côté de la barre... Voici la version Paul Colize. 😊





Hugues Tonnon, avocat spécialisé dans les divorces est un maître retors quand il s'agit de soutirer au camp adverse des compensations financières. Un jour, arrive au cabinet Nolween Blackwell, ancienne mannequin et ex de footballeur. Elle ne vient pas lui confier le dossier de son divorce mais de son NON-MARIAGE suite à une infidélité. Hugues décide de ne pas tenir compte des alarmes qui résonnent en lui et dîne avec cette cliente pour finir par la raccompagner chez elle. Le lendemain matin, il se réveille chez lui avec la police à sa porte. Tout semble l'accuser et comble de l'horreur, l'un des policiers, Witmeur n'est autre qu'un des anciens maris qu'il a pressés comme un citron. Comprenant rapidement que la police semble focaliser sur lui comme accusé, Hugues Tonnon prend la poudre d'escampette afin de retrouver le meurtrier.





Un roman policier sans réellement l'être où l'auteur prend un plaisir manifeste à faire souffrir son personnage principal 😈. Le titre m'avait attiré par son côté humoristique et kitsch. Paul Colize nous offre ici un roman policier au second degré où les situations burlesques et inattendues s'enchaînent ; où le personnage est complètement mis à mal et perdu. Nous savons dès le départ comment le livre va s'achever mais on suit et on attend de voir les choses évoluées.😉





L'enquête conduit notre héros sur plusieurs continents et lui fait vivre des situations où il tente par tous les moyens de conserver son standing. Monsieur est en fuite, recherché par la police mais pas question de dormir dans un hôtel en dessous de 4 étoiles ou de manger dans un boui-boui. OK... on est traqué mais ... avec class. 😁





Un rythme soutenu, une intrigue captivante réservant un grand nombre de surprises mais, soyons honnête, pas transcendant non plus. C'est une lecture agréable, idéale pour un moment de détente mais rien de plus. Et c'est déjà pas mal.👍
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Concerto pour quatre mains

Un roman en deux temps.



D'un côté, Jean Villemont avocat pénaliste à la cour belge est contacté par le père d'Akim Bachir suite à son interpellation pour braquage d'un bureau de poste. Arrivé auprès de ce détenu, et après avoir consulté la vidéo, Jean comprend que le braquage n'est que la partie visible de l'iceberg.



De l'autre, nous suivons sous la forme de flash-back l'ascension de Franck Jammet et son ami de toujours Alex Grozdanovix dans le milieu du banditisme à la Arsène Lupin. De grands braquages mais sans jamais une goutte de sang.



Petit à petit, les deux univers se rejoignent afin de former une aventure complexe et biscornue...





Un roman agréable à lire avec un soupçon d'humour, des personnages atypiques et colorés même dans leur accoutrement, des situations saisissantes et une plume caustique. Dans Concerto pour quatre mains, l'auteur nous déroute par le titre et par un début de livre dans le vif du sujet avec un récit en deux temps. Puis, une fois le lecteur installé, celui-ci est promené entre les différents personnages, les différentes époques et amener à se forger un canevas de l'ensemble. C'est minutieux, c'est lent mais agréable.





Ce livre est également une belle satire de la justice. Par moment, le lecteur est interpellé par l'incongruité de certaines lois (notamment celle concernant les évasions où le détenu ne peut être poursuivi que pour les crimes commis comme, par exemple, vol s'il se sauve dans la nature avec l'uniforme de la prison). Le monde carcéral décrit est hallucinant ! Les prisonniers sont traités à la fois comme des animaux (plusieurs dans une cellule, faim) mais aussi comme des princes (choix des chaînes de télé reçues).





Au final, un bon moment de lecture mais rien de plus.🙂

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Devant Dieu et les hommes

Les gueules noires font grise mine.

Allez ODP, au charbon. Non, ne sors pas ton barbecue et les merguez, ce n’est pas la saison, écoute plutôt Pierre Bachelet aussi souvent qu’un supporter lensois à écharpe pour te mettre un peu dans l’ambiance Germinalisée du dernier polar de Paul Colize.

Bon, on le sait, La terre, c’était le charbon, le ciel c’était l’horizon, et la Manche, côté météo, ce n’est pas folichon.

De la réalité à la friction, le dernier polar du romancier prend pour cadre la catastrophe minière du Bois du Cazier qui a fait 262 morts suite à un incendie, en 1956.

Comme nous ne sommes pas dans un roman-enquête à la Philippe « Zorro » Jaenada de 800 pages dopé de digressions, l’auteur fictionne (oui, j'invente des verbes) et met en scène le procès de deux rescapés italiens de la catastrophe.

Les deux hommes s’étaient réfugiés sous un wagonnet pour échapper au plat du jour à l’étouffée et avaient été retrouvés en compagnie de leur contremaître, mort, bleu, à point ou saignant, selon les goûts. Ils sont accusés de l’avoir refroidi, ce qui pouvait partir d’un bon sentiment lors d’un incendie.

Le procès de l’année s’ouvre en 1958 comme une pièce de théâtre dont le dénouement est connu dès le lever de rideau avec un casting uniquement masculin côté cour, deux accusés pas très optimistes et victimes des préjugés de l’époque sur les immigrés italiens.

Néanmoins, une jeune journaliste, jetée dans le grand bain pour s’y noyer, couvre les audiences pour un célèbre journal, et commence à douter de la culpabilité des présumés coupables.

Héroïne de ce roman, elle doit faire face à la misogynie de ses confrères pour exister et se faire entendre.

Paul Colize maîtrise à merveille son intrigue et il évite le piège habituel des romans de procès, souvent lents, répétitifs et aussi passionnants à lire que le code Pénal. Les joutes verbales entre l’avocat et le procureur brillent ici d’éloquence et l’enquête parallèle de la journaliste permet de prendre l’air entre deux audiences. Les chapitres ne sentent pas le renfermé.

Au-delà du suspense, le roman met en lumière à la lampe de mineur, les mauvais traitements subis par les ouvriers italiens, avec des petits noms bien stigmatisant comme « macaronis » et des conditions de vie à la Zola, l’opinion publique oubliant les « accords charbon » de 1946 entre la Belgique et l’Italie. Comme la Belgique manquait de main d’œuvre, les locaux n’ayant plus trop la vocation pour mener une vie de taupe, l’Italie, en pleine reconstruction, envoya des dizaines de milliers de mineurs et en échange, elle recevait 200 kilos de charbon par mineur et par jour.

Le combat des femmes de l’époque pour se faire une place dans la société enrichit également le récit et le personnage de cette journaliste d’origine polonaise, Katarzyna, est très réussi car il oscille entre doutes et résilience.

J’apprécie beaucoup les romans de Paul Colize car sa plume ne bégaie pas. Il ne raconte jamais la même histoire. D’un polar à l’autre, il change d’époque et ne tombe pas dans la facilité du héros récurrent névrosé, divorcé, solitaire, insomniaque, incompris et imbibé.

Seul petit reproche, je trouve que l’humour, omniprésent dans ses premiers romans, s’évapore de plus en plus au fil de ses romans. Le sujet ne s’y prêtait pas.

L’audience est levée.

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Un jour comme les autres



Un point de départ très banal, une disparition.

Des personnages banalement ordinaires ( la compagne du disparu, son ami geek, des journalistes d’investigation entre autres ) qui n’ont rien de héros.

Et pourtant, Paul Colize parvient à tisser un intrigue très personnelle.



Un tour de force que de transformer toute cette banalité initiale en minutieuse toile d’araignée entremêlant plusieurs temporalités, plusieurs lieux, plusieurs points de vue pour en faire un quasi thriller sans serial killer, ni flic borderline, ni hémoglobine. La classe ! Chaque chapitre recèle une micro pièce du puzzle  ; on sent que chaque mot est à sa place, la place juste. Toutes les portes ouvertes sont refermées mais sur un rythme lent qui emplit de doute le lecteur et l’accroche encore plus. L’écriture de Paul Colize est un vrai atout pour donner de l’épaisseur aux événements, à la fois précise et élégante, avec une touche d’humour distancié.



Tout est pesé dans cette quête de la vérité. Mais l’auteur prend des chemins de traverse. Car en fait, ce n’est pas vraiment l’élucidation de la disparition de l’universitaire qui semble intéresser l’auteur. Le dénouement est même presque trop rapide au final. Non, ce qui est passionnant, c’est la quête de vérité qui anime les autres personnages, à commencer par les deux journalistes acharnés qui enquêtent pour savoir qui sont les responsables de la disparition ( bel hommage au journalisme d’investigation et aux lancers d’alerte ) et surtout Emily, la dernière compagne, tour à tour touchante, horripilante, toujours énigmatique voire suspecte, profondément ambigüe. J’ai adoré ce personnage de prime à bord peu aimable mais qui dans sa quête de la vérité sur la disparition de son compagnon finit par comprendre qui elle est et à reprendre sa vie en main.



Un roman original, loin de toute sensation de déjà lu. Je suis ravie d'avoir rencontré l'univers de cet auteur belge !





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Un monde merveilleux

Pas de blabla dans la car. Covoiturage dans les seventies.

L’action du dernier roman de Paul Colize, un maître actuel de la série B littéraire, se déroule en grande partie dans une Mercedes 220D intérieur cuir, qui me rappelle surtout des souvenirs de vieux messieurs austères à la mine de mauvaises nouvelles, et en 1973, année d’un fameux Krach : ma naissance.

Dans l’armée, on ne pose pas de question. La grande muette n'a jamais franchi la porte d'un cabinet d'orthophoniste. Daniel Sabre, ancien conducteur de tank, est chargé par sa hiérarchie de servir de chauffeur à une civile qu’il récupère à Bruxelles et de suivre sans discuter ses directives pour une durée indéterminée.

Au caractère renfermé et taiseux du militaire répond l’impatience et la curiosité d’une femme sociable et déterminée. Aux silences gênants des premiers kilomètres, assez proche d’un trajet d’ascenseur pendant quinze étages avec un inconnu, succèdent quelques escarmouches et soirées dans des hôtels impersonnels.

Ce trajet devient une transhumance vers le passé, transitant par Lyon, Perpignan puis l’Espagne. La passagère pas si légère, Marlène, semble chercher quelqu’un et Daniel ignore pourquoi il lui a été demandé de la chaperonner.

Au fil des kilomètres, les actualités à la radio suivent les nouvelles de la guerre du Kippour, et peu à peu le militaire se laisse amadouer et aller à quelques confidences sur sa vie.

Le huis clos dans la Mercedes permet de maintenir le lecteur sous tension durant tout le roman sans temps mort (même les pauses pipi sur les aires d’autoroute sont prétexte à des péripéties). De l’asphalte, le voyage va bifurquer à l’intérieur des personnages dans un dénouement assez imprévisible. Chacun se demande s’il n’est pas manipulé et quelle est la place de l’autre dans cette histoire.

Paul Colize maîtrise à la perfection les codes du genre (et de la route !) et il fait partie des rares romanciers à ne pas toujours raconter la même histoire. Son dernier livre, « Toute la violence des hommes », suivait par exemple un mystérieux artiste croate qui dessinait des scènes de crimes sur les murs de Bruxelles. Rien à voir et c’est tant mieux. L’auteur ne se contente pas de changer les prénoms pour transposer les mêmes névroses d’un roman à l’autre.

Cette histoire ne m’a clairement pas fait le coup de la panne (voiture allemande forcément !), mais un peu plus d’humour aurait permis à mon goût de débrider le moteur et de compenser l’absence de clim dans l'habitacle. Certains dialogues sont amusants et ne manquent pas d’esprit, mais bison futé n’a pas mué en vache qui rit. Je n’attendais pas que la passagère colle ses fesses aux vitres de la voiture pour choquer un autobus de personnes âgées, mais le romancier aurait pu ouvrir un peu plus les vannes de la vanne, détacher les ceintures.

Dernière réserve, l’insertion impromptue de récits de célèbres faits divers, anciens ou récents qui viennent imager l’ironie du titre mais dont l’apport au récit m’est apparu la plupart du temps assez énigmatique (pour ne pas dire inutile, mais je reste un garçon poli).

Dans tous les cas, ce n’est pas ce roman, dont j’ai apprécié le rythme et l’originalité qui va me donner envie de faire la route avec des inconnus. Dans un train, j’ai toujours un bouquin pour m’épargner une conversation stérile. Au volant, c’est plus difficile.

Le prix de l’essence n’excèdera pas le prix de ma tranquillité. Un coup d’œil dans le rétro intérieur et je vois ce qui commence à ressembler à un vieux con. Warning !

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Toute la violence des hommes

Peut-être pour ceux qui sont belges, avez-vous déjà vu les fresques violentes qui ornent certains murs de Bruxelles ? Qualifiées de scandaleuses par certains, de chefs-d’œuvre par d’autres, Paul Colize a imaginé que ces fresques nous racontaient quelque chose. Ainsi lui vient l’histoire de ce polar Toute la violence des hommes. Mon premier livre de cet auteur, conseillé par une lectrice qui se reconnaîtra, son enthousiasme et ses nuits blanches ont fait mouche chez moi. Merci dame Laurence, l'éclaireuse.



Banlieue de Bruxelles, une jeune femme est retrouvée morte, poignardée. Tout accuse Nikola Stankovic, pourtant celui-ci ne cesse de clamer son innocence « c’est pas moi ». Nikola surnommé le funambule, est l’auteur de fresques ultra-violentes comme celle sur la page de couverture montrant un égorgement. Nikola se terre dans le mutisme et semble prisonnier d’une souffrance indescriptible. Est-il coupable ? Qui est-il ?



Sa psychiatre et son avocat vont dénouer les pistes autour de ce meurtre et de ces fresques heurtantes. Petit à petit, on découvre l’histoire de Nikola né dans les années 80 dans l’ex Yougoslavie.



Je n’ai fait qu’une bouchée de ce thriller qui détourne les ficelles des polars habituels. Pas de flics, pas de scènes ultra gores mais une histoire sensible sur une période charnière de l’histoire pas si lointaine. La guerre en Yougoslavie. J’avais douze ans quand elle s’est déclarée et j’en tremble encore moi qui ai du sang yougoslave dans mes veines.



On vit ici de l’intérieur les traumas de la guerre. L’auteur fait revivre entre suspense et passages émouvants ce pan de l’histoire en y mêlant habilement réalisme, actualité, psychologie et ce, sans temps mort.



J’aime ces thrillers qui vont au-delà de leurs codes, qui osent nous toucher, nous couler, nous rendre insomniaques, ces thrillers qui touchent à la mémoire, à l’Histoire sans jamais nous perdre ou nous écœurer.
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Toute la violence des hommes

Un roman graffiti !

Niko est un graffeur clandestin d'origine croate, surnommé le Funambule. Il a choqué Bruxelles par des fresques à la violence provoquante qui tapissèrent les parois vertigineuses des immeubles les plus inaccessibles de la ville. Rien à voir avec les gribouillis pitoyables d'un adolescent en rébellion qui bombe son pseudo, décalcomanie aussi ratée qu'un tatouage tribal sur un coup de soleil, sur les murs d'un supermarché ou d'un panneau électrique. Niko est un vrai artiste, marginal, provocateur, qui rappelle un peu Bansky.

Son anonymat prend fin quand il est accusé du meurtre d'une jeune femme poignardée sauvagement. Des esquisses de la scène du crime sont retrouvées chez lui mais l'artiste reste muet devant les policiers et ses juges. Il est transféré dans un hôpital psychiatrique pour que les experts diagnostiquent si l'équilibriste n'est pas trop déséquilibré.

Chaque chapitre de ce polar est une performance. Comme à son habitude, l'auteur belge dévore son lecteur en taguant le mur de l'intrigue de scènes rythmées au chronomètre, comme si sa prose devait respecter l'urgence créatrice de son personnage. C'est une narration addictive, partage d'adrénaline entre le lecteur et le peintre « sur » bâtiment. Ce n'est pas nouveau. Paul Colize aime aller à l'essentiel. C'est un auteur de refrains, il laisse les couplets aux maçons paveurs de l'écriture. Aux scènes de transition, il préfère ici les souvenirs d'enfance de Niko à Vukovar, en pleine guerre des Balkans. Dans ces passages, la plume se fait pudique à travers le regard d'un enfant de 9 ans, témoin innocent de l'horreur des bombardements, des exécutions et autres atrocités qui frappèrent les civils.

Son avocat des causes perdues et la directrice de la clinique, beauté arctique impitoyable (un rôle fait pour Isabelle Huppert) vont essayer de décrypter le faux du vrai dans les oeuvres de Niko et dans son passé douloureux.

Je suis d'ordinaire assez frileux face aux récits qui alternent passé et présent. Je les trouve un peu boiteux, les allers-retours claudiquant dans l'espace-temps du roman. Les flashbacks tiennent lieu de psychanalyse pour les personnages et je m'assoupis souvent sur la méridienne de leurs pensées. Mais, ici, la foulée du récit est aussi gracieuse que soutenue. Des morts mais pas temps mort. Les chapitres conversent et se répondent à travers les oeuvres de l'artiste urbain qui exorcise ainsi ses cauchemars.

Paul Colize ne raconte pas toujours la même histoire, évite le recyclage des idées reçues. Dans les ruines fumantes de Vukovar, l'auteur a délaissé son humour noir pour un style concis. Les mots s'effacent face à l'incompréhension et à l'effroi.

" Cela n'avait aucun sens (...) Les Serbes et les Croates parlaient la même langue, habitaient les mêmes quartiers, riaient des mêmes blagues, jouaient, buvaient, mangeaient, dansaient ensemble. La seule chose qui les différenciait était leur écriture. Cyrillique pour eux, latine pour nous. Personne ne penserait à se battre pour une question d'écriture."

Un roman que j'ai trouvé très abouti qui mérite bien qu'on lui tague une nuée d'étoiles.

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Toute la violence des hommes

A Bruxelles où, ces derniers temps, les murs ont vu fleurir de vastes fresques ultra-violentes anonymement exécutées de nuit par un graffeur de talent, un homme d'origine croate est arrêté pour le meurtre d'une jeune femme retrouvée poignardée chez elle. Alors que tout l'accuse, l'assassin présumé s'enferme dans le mutisme, se contentant de nier sans explication. Placé en observation psychiatrique, il ne semble intéressé que par le dessin, pour lequel il fait preuve d'un véritable don.





Paul Colize a inventé cette histoire à partir des vraies fresques, impressionnantes par leur taille et leur violence, parfois inspirées de tableaux célèbres de la peinture classique comme le sacrifice d'Isaac du Caravage et Les corps des frères Witt de Jan de Baen, qui sont apparues ces dernières années sur des immeubles de Bruxelles, sans que leur controversé mais talentueux auteur se soit jamais fait connaître. L'écrivain a imaginé un personnage atteint de trouble de stress post-traumatique, qui aurait trouvé un exutoire dans l'expression graphique urbaine. Le récit alterne entre l'enfance de Nikola Stankovic pendant la guerre de Croatie, et son séjour en hôpital psychiatrique bien des années plus tard. Il nous fait vivre les terribles siège et massacre de la ville de Vukovar en 1991, nous enferme dans une souffrance psychique qui risque de déboucher sur une réclusion physique définitive faute du diagnostic adéquat, et nous interroge sur la puissance de l'art, véritable élan vital aux manifestations parfois très peu conventionnelles.





Le roman entretient le suspense autour du sort de Nikola, doublement victime de la violence des hommes puisqu'à son traumatisme répondent la répression et l'enfermement. Dans son univers de noirceur tremblotent quelques lueurs d'espoir auxquelles, tout comme le lecteur, il va tenter de se raccrocher : son art, et l'humanité de quelques personnages atypiques et attachants.





Histoire terrible inspirée par de dérangeantes et anonymes oeuvres de rues, ce livre illustre le pouvoir libérateur de l'art, cri muet universel et irrépressible, que ni l'indicible ni l'oppression ne sauront jamais faire taire.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Un long moment de silence

Stanislas Kervyn est invité sur le plateau d'une émission de télévision pour parler de son livre, "La victime oubliée", au cœur duquel il évoque la tuerie du Caire, une fusillade qui eut lieu en 1954, à l'aéroport du Caire et qui fit 21 morts et des dizaines de blessés. Un drame qui le touche personnellement puisque, parmi ces victimes, se trouvait son père, qu'il n'aura finalement pas connu. Après des années de recherche, d'interviews, de voyages dans le monde, il tente, dans son ouvrage, d'expliquer les raisons de cette tuerie, aujourd'hui encore certain qu'un seul homme était visé parmi le groupe. Ses convictions vont être ébranlées suite à l'appel d'un homme, à la fin de l'émission, qui va lui révéler certaines choses et le replonger dans ses recherches...

Nathan Katz, à presque 18 ans, débarque à New-York en 1948, le cœur encore serré des horreurs de la guerre et des camps de concentration. Seul survivant de sa famille avec son père, Bernard, il aime à espérer qu'un nouveau départ est possible même si certaines images de son passé le hanteront à jamais, il en est certain. Devenu un étudiant sérieux, il se fait des amis à l'université. Mais, bientôt, l'un d'eux se fait lyncher dans la rue, les mots "sale youpin" lâchés sournoisement par les agresseurs. Nathan tient à se venger et, peu de temps après, fiche une bonne raclée à l'un des agresseurs. Son acte de bravoure fait le tour de la faculté et plus encore... C'est ainsi qu'il se fait recruter par le Chat, une organisation secrète qui cherche à éliminer les anciens SS...



Nathan Katz et Stanislas Kervyn, deux hommes, deux lieux différents, deux dates différentes. L'un, jeune juif ayant échappé aux camps de concentration, va se venger, avec d'autres hommes comme lui, des nazis qui n'ont pas hésité à tuer des centaines, des milliers de juifs, et qui, aujourd'hui, mènent presque une vie paisible. L'autre, hanté par la mort de son père, va tenter d'éclaircir les zones d'ombres qui planent au-dessus de la Tuerie du Caire. Immanquablement, ces deux hommes, meurtris et cabossés, vont se croiser. Et ce, au bout d'un incroyable et passionnant récit. Alternant avec habilité ces deux histoires, Paul Colize nous plonge au cœur d'un récit dense, étoffé, documenté et parfaitement construit. Il aborde intelligemment les notions de bien et de mal, de vengeance, de justice et de pardon. Entre polar historique et autobiographie, ce long moment de silence, captivant, remarquable et teinté d'humour, laisse sans voix une fois la dernière page tournée...
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Back Up

Alors Back Up de Colize, heuuu, Back Uuuup, Back Uuuup, huuum, de Colize hein, c'est bien ça ?

La vache, vicelard le gars.



Linéarité est d'ores et déjà un mot qu'il doit bannir à jamais de son vocabulaire. Promets-le Paul, promets-le.



1967.

Le groupe Pearl Harbor, alors en pleine bourre, explose en plein vol. Et ouais mais fallait choisir un autre nom de groupe les gars. Avec Des Chiffres et des Lettres, c'était l'assurance de tenir la rampe quelques dizaines d'années bien tassées.

En deux misérables semaines, quatre supernova se sont éteintes dans des conditions laissant à penser, pour les plus perspicaces, que le hasard est décidément un sacré coquinou.

Acte 1 : Une noyade par overdose d'alcool et de dope. On sentait le gars motivé pour lâcher la rampe, ce qu'il fit avec brio. Et un bassiste apnéiste, un.

J+1 acte 2 12h72 PM : l'un des guitaristes tente un riff avec son flingue un peu trop près du ciboulot. Pétard : 1 / Guitariste -1

J+1 acte 3 16h0006 PM : le deuxième guitariste décide de prendre le métro...dans la gueule. La pratique de la guitare électrique inciterait-elle au suicide ? La question reste posée...

La semaine suivante, c'est au tour du batteur de se prendre pour un oiseau. Effectivement, il vola...3 secondes avant d'imiter à s'y méprendre la galette bolo ketchup.

Pearl Harbor is dead, vive Pearl Harbor !



2010.

Un SDF, fatigué de sa condition d'âme errante, décide de se dégotter un p'tit nid d'amour. Ce sera l'hosto illico presto. Renversé par une voiture, il est désormais atteint du Locked-in Syndrome pour la plus grande joie du personnel hospitalier.



A priori, rien en commun entre ces deux faits divers. A priori...

Difficile de synthétiser un tel ovni qui n'adore rien moins que prendre votre citron pour une boule de flipper.

Colize pourrait concurrencer Jane Fonda sur le marché de la forme en l'inondant de vidéos intitulées " ma gym tonique pour les neurones " .

Deux époques totalement dissemblables, un va-et-vient continu totalement addictif, merci de manger léger sous peine de déconvenue sévère.

Le lecteur navigue entre l'époque bénie du rock hyper référencée, un patient ( surnommé X Midi pour les intimes ) qui se souvient et son kiné motivé comme jamais et bien décidé à élucider le pourquoi du comment...du pourquoi. Au diable la varice...



Back Up affiche fièrement policier sur sa jaquette. Les puristes argueront qu'il n'en est rien, c'est pas faux.

Car si les cadavres existent, point d'enquête classique à se mettre sous la dent.

Colize explose les codes en baladant son lecteur dans les méandres du temps avec une facilité déconcertante.

L'écriture est nerveuse et imagée, les chapitres courts, point de répit pour les braves qui voient défiler les pages à une vitesse hallucinante.



Tu es fou-fou de l'esprit Sex, Drug & Rock'n'roll et en quête d'un récit qui sort vraiment des sentiers battus alors précipite-toi vite en te dépêchant sur cette petite pépite qui devrait littéralement te brûler les doigts.



PS : en cas de déception notoire, je m'engage à massacrer tous mes 78 tours de Mireille Matthieu, y compris le monstrueux live in Avignon de 1917...

4.5/5
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Toute la violence des hommes

J'ai déjà eu le privilège de lire deux ou trois romans de Paul Colize et je dois avouer que c'est avec plaisir et sans aucune crainte que je me suis lancé dans la lecture de cet opus paru en poche de l'écrivain belge .

Bonne pioche . Autant le dire de suite , j'ai beaucoup apprécié ce roman inspiré à l'auteur par des fresques murales découvertes dans la capitale belge .L'idée pouvait paraître osée , voire farfelue , le talent du bonhomme a fait le reste pour tisser le canevas.

Bon . Au fait . Une femme découverte poignardée dans un appartement .Un coupable que tout accuse et dont le seul aveu est :" C'est pas moi ! " , style "cour de récréation"...Saluons au passage les "chères petites têtes blondes "et leurs maîtres et maîtresses qui , jeudi , dès l'aube ....

Deux personnages aussi différents que complémentaires , un avocat et une psychiatre , vont alors entrer en scène pour démêler l'imbroglio crée par Niko ,auteur de fresques aussi remarquables qu'ultra violentes , un moyen d'expression mystérieux derrière lequel se dissimule un message bien peu explicite pour les profanes;

Croatie . Serbie . La guerre et ses horreurs et " toute la violence des hommes ".Rien de bien nouveau , hélas , si ce n'est le talent de Paul Colize qui a su extraire la substantifique moëlle des évènements les plus abjects et les placer au premier plan du récit .

"C'est pas moi !".

Nous voici au coeur d'un roman profondément humain ancré dans la violence et qui révèle au grand jour les conséquences des exactions commises par l'Humain sur ses semblables . "Oeil pour oeil , dent pour dent ".

L'organisation en chapitres " intercalés ", bien que devenue assez classique , nous transporte dans " des ailleurs "où notre connaissance s'affine peu à peu et où nos convictions se désagrègent au point de nous ébranler fortement .

L'ambiance gagne en pesanteur au fil des pages jusqu'au paroxysme d'un dénouement à la hauteur .

Paul Colize est un excellent auteur belge que je suis avec beaucoup d'intérêt . Merci à lui et , si vous ne le "connaissez " pas , laissez vous séduire : c'est un " trés bon ", cet avis , naturellement , n'engageant que moi .A bientôt.
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Un monde merveilleux

Avec le très ironique titre Un monde merveilleux, Paul Colize donne le ton de ce huit-clos entre le maréchal des logis Daniel Sabre et Marlène. Une femme qu'il a ordre de conduire où elle le demande, sans poser de question. A ne pas en douter, une mission simple. Pourtant en cette année 1973 celle-ci va se révéler très sensible. Pleine de faux-semblants et de chausses-trappes pour le sous-officier, comme d'ailleurs pour Marlène. Au fil du voyage, le passé, leur passé lié aux heures les plus sombres de la Belgique, va resurgir, pour finalement les mettre au pied du mur quand ils comprennent, un peu tard, de quoi ils sont l'enjeu.



J'avais depuis longtemps envie de découvrir Paul Colize. C'est chose faite avec ce roman, subtil et très psychologique, mettant en scène deux personnages marqués par leur antagonisme — et par l'histoire du nauséeux parti politique d'extrême-droite pro nazi Rex créé dans les années 30 par le journaliste belge Léon Degrelle — réunis pour le pire mais aussi pour quelques instants de grande humanité.



Merci à Babelio et aux Editions Hervé Chopin
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Un long moment de silence

Prix Landerneau-Polar 2013

Prix du Boulevard de l'Imaginaire 2013

Prix Polars Pourpres 2013



Un bouquin bardé de prix qui devraient parler plus que n'importe quel discours, m'en vais quand même en rajouter une p'tite couche.



Colize fait partie de ces auteurs, découverts l'an dernier avec Drvenkar, qui semblent posséder la faculté et de se renouveler, et de vous embarquer dans un périple que l'on sent grandiose et ce dès les toutes premières pages.

Un Long Moment de Silence ne fait pas exception.



Deux époques distinctes, deux récits semblant totalement étrangers et pourtant...



2012 : la quête, celle de Stanislas Kevryn, écrivain renommé, connard assumé.

Un paternel qui meurt tragiquement lors de la tuerie du Caire de 1954. Un bouquin comme exorcisme avant que ne survienne la révélation remettant tous les compteurs à zéro. Une seule obsession désormais, découvrir une vérité qui pourrait bien le laisser sur le carreau.



1948 : Nathan Katz a connu les camps de la mort, il en a réchappé.

Jeune, revanchard et impitoyable, il va se faire un nom au sein du Chat et faire miauler de douleur ses proies à grands coups de griffes ravageurs.



Tout d'abord, énorme coup de sombrero à tout lecteur qui sera susceptible d'appréhender le final avant qu'il ne soit dévoilé.

Tout du long, Colize nous balade dans les couloirs du temps avec une maîtrise narrative et un sens du twist (même pas à Moscou, bouuuuuh) absolus.

S'il était monsieur météo, ce serait brouillard matin, midi et soir tant les pistes fourmillent sans jamais véritablement prendre corps.

Le Petit Poucet que vous êtes se perdra mille fois dans les méandres de ce récit diabolique sans pour autant vouloir lâcher prise et pour cause, Colize désarçonne autant qu'il passionne.

Le puzzle est complexe, dense et protéiforme mais est garanti sans esbrouffe ajoutée.



Un Long Moment de Silence est un remarquable thriller historique qui se dévore en un rien de temps !
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L'avocat, le nain et la princesse masquée

Hugues Tonnon, un as du barreau estimé de tous et spécialisé dans les divorces, les plus juteux, délicats ou retors, reçoit un jour de septembre la visite d'une jeune mannequin, Nolwenn Blackwell. Une top-model à en faire pâlir plus d'un : des yeux verts, une longue chevelure blonde, son mètre quatre-vingt cinq et ses formes généreuses. Mais visiblement attirée par l'argent et la lumière. Après une relation avec un joueur de football, cette dernière s'est entichée d'un chef d'entreprise, 30 ans de plus et 30 cm en moins, un certain Amaury Lapierre. Mais, celui-ci s'est vu prendre en flagrant délit d'adultère avec une prostituée. La photo ayant fait le tour des magazines people, la pauvre Nolwenn se sent trahie, bafouée et mésestimée. Aussi, demande-t-elle l'aide de ce cher avocat pour faire cracher le morceau à son futur ex-compagnon. L'affaire conclue, ils s'en vont dîner. Un dîner un peu trop arrosé qui finira chez elle. Plus précisément dans son lit. Une gueule de bois carabinée, c'est les cheveux en bataille, des yeux bouffis et cernés que Hugues ouvre lorsque la sonnerie retentit dès potron-minet. Derrière sa porte, deux flics, Grignard et Witmeur, l'informent que le corps sans vie de Nolwenn Blackwell a été retrouvé au pied de son lit, deux balles dans la tête. L'avocat ayant été le dernier à l'avoir vu vivante, la police, soupçonneuse, l'assaille de questions. Comble du malheur, Hugues reconnaît en Witmeur le mari de sa cliente qu'il a déplumé pour une histoire de faux-seins. De là à dire que ce flic est rancunier, il n'y a qu'un pas. Un pas que devra vite franchir Hugues s'il ne veut pas finir derrière les barreaux...



De Bruxelles à Mons, en passant par Paris, Johannesburg et Casablanca, l'on suit avidement Hugues Tonnon, bien décidé à prouver son innocence dans ce meurtre sordide, même si tout semble l'accabler. Affublé d'une journaliste et aidé par Raoul, un ancien flic reconverti, il devra faire face à une machinerie dont il n'imaginait pas l'ampleur. Paul Colize nous offre un roman policier mené tambour battant, jouissif et rocambolesque. Des personnages hauts en couleurs et cocasses, que ce soit cette journaliste soit-disant biographe ou Hugues, cet avocat un brin snob, des rebondissements à la pelle, des situations parfois incongrues ou surprenantes, des dialogues enlevés et drôles. Un roman si divertissant et réjouissant que l'on aimerait retrouver ce cher avocat dans d'autres enquêtes.
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Un long moment de silence

Quand je pense que je dis toujours à mes élèves : « Si la narration est en « je », c’est pour que le lecteur s’identifie complètement au personnage ».

Eh bien, ça alors, je peux dire que ce roman est une exception ! Jamais, jamais je ne pourrais m’identifier, càd ressentir les mêmes émotions que le narrateur contemporain, Stanislas Kervyn, un ignoble patron d’entreprise, obsédé sexuel de surcroit. Je ne vous explique pas son rapport aux femmes !



Donc, ça commençait mal. Pour moi, du moins.

Pour Stanislas aussi, de toute façon, ça a mal commencé : le meurtre de son père alors qu’il avait 1 an, et puis un cauchemar récurrent le hante des années, où sa mère murmure après un coup de téléphone qui l’a anéantie : « Je regrette tellement ».

Mystère.

Mais nous sommes dans un polar, et l’enquête que mène ce répugnant personnage pour éclaircir le souvenir lancinant de son enfance croisera une organisation pourchassant les anciens nazis.

Allers-retours années 40, monde contemporain, de la Belgique à New-York, en passant nécessairement par l’Egypte et l’Italie.

Allers-retours qui, à vrai dire, m’ont semblé toujours forgés dans le même moule, et donc m’ont passablement ennuyée.

Evènements répétitifs, passés ou présents, qui ont émoussé ma patience.

L’amour, la vengeance, la paternité, le pardon sont les thèmes que l’on peut rencontrer. Intéressants, mais pour moi trop peu fouillés, cantonnés uniquement à des faits, encore des faits, où l’analyse psychologique est quasi inexistante.



Je ne vais pas m’attarder sur cette relative déception, après avoir lu l’excellent « Back up ».

Paul Colize, auteur belge, est certainement encore à découvrir.

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Back Up

Back up , c'est : Sex, drugs and rock'n roll + .... chuuuut !

C'est d'une immense richesse et assez difficile d'accès au début .

Je dis ça parce que jusqu'aux pages 100 , environ, j'ai failli lâcher l'affaire , c'est le rock qui m'a séduit, la présence des Beatles, des Who, de Jimi Hendrix ,etc... Toutes les anecdotes que rapporte Paul Colize sont savoureuses et m'ont donnée envie de faire , comme dans une des Nouvelles présentées par Alfred Hitchcock : un petit voyage d'une quinzaine de jours dans les années 60, le temps d'aller aux premiers concerts des Stones , histoire de palper "en vrai" , l'énergie, la jeunesse, la créativité, le bouillonnement et l'extrême nouveauté qu'ils représentaient .

C'est ça aussi Back up ...

Et le titre a son importance ... un back up, c'est lorsque un musicien en remplace un autre au pied levé .

Mais, c'est aussi trois histoires que déroule l'auteur, et qui n'ont à priori, aucun rapport entre elles .

1967 : les quatre musiciens du groupe de rock , Pearl Harbor ,décèdent chacun de leur coté à quelques heures d'intervalle , bizarre !

"Suicides", diront les polices des différents pays européens concernés . Eh oui, c'est une époque où les polices ne coopéraient pas entre elles . Et puis, il faut dire qu'en ces temps là, "la mode" chez les musicos , n'était pas au bio, au yoga tantrique , à La Cabale , non, en ces temps là, jeune Padawan, on consommait des drogues. Remenber : ♫Lucy in the sky with diamonds ♫ .. donc je dirais que le suicide n'étonnait personne car ils sont fous ces gars là ...

Un détective privé mandaté par une des familles, puis un journaliste enquêteront jusqu'à ce que ...

En 2010 , un SDF est renversé par une voiture , devant la gare du midi à Bruxelles . Il sera surnommé" X midi" , par le personnel de l'hôpital où il échouera. Un kiné sympathique et doué réussira à rentrer en contact avec cet homme atteint du Locked-in Syndrome , (patient qui ne bouge pas et ne parle pas) et essaiera de lever le voile sur son identité .

La troisième voix de ce roman , c'est celle de X midi qui cherche à reconstituer le "gros merdier" qu'a l'air d'avoir été sa vie ... Et c'est là qu'on comprendra le sens de l'expression, Back up ...

Trois histoires mais une seule à l'arrivée , un puzzle qui nous entraine de Paris , à Londres , en passant par Berlin , La Suisse et New-York , et qui balaie toute une décennie de l'histoire du rock en passant par la guerre du Vietnam .

Apre au début , assez masculin aussi ,car: "♫ Où sont les femmes ? "♫. Petites amies de passage, victimes, ou légèrement "putes" sur les bord , ce roman est dominé par les hommes .

Une écriture nerveuse , rapide , effervescente ,vient servir cette fuite en avant , cet effeuillage éclair de l'album photo du 20° siècle musical . Ce malaise diffus qui s'empare de toi quand tu comprends ce qui se passe effrayée, , quand tu fredonnes: ♫ On nous cache tout , on nous dit rien ♫ et que la fin arrive et que tu te dis :" Non !!! Pas encore ..."

Back up se mérite, mais je n'ai aucun doute, il te donnera pleinement ♫Satisfaction♫ , parce qu'il raisonne longtemps en nous après la dernière page et parce qu'il crée" des ponts artistiques" .
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Devant Dieu et les hommes

« Un jury est un groupe de douze personnes d’ignorance moyenne, réunies par tirage au sort pour décider qui, de l’accusé ou de la victime, a le meilleur avocat. » Herbert Spencer. ● En Belgique, en 1958, une journaliste, Katarzyna Leszczynska, qui a francisé son nom en Catherine Lézin, est invitée dans un restaurant chic de Bruxelles par son rédacteur en chef au Soir. Celui-ci, contre toute attente dans ce milieu machiste, veut lui confier, à elle qui s'occupe habituellement d'une rubrique féminine, la couverture du procès de Donato Renzini et de Francesco Ercoli, deux mineurs accusés de meurtre pendant la catastrophe minière de Bois du Cazier à Marcinelle en août 1956. ● C'est un roman de procès classique et très bien fait. le récit est parfaitement raconté, sans que les témoignages qui se succèdent soient ennuyeux, car chacun apporte une pierre à l'édifice et les rebondissements sont nombreux, jusqu'à la fin. ● de plus, la journaliste qui est sur l'affaire a elle-même une histoire complexe, qui n'est pas sans liens avec ce qui est raconté au procès. ● Les problèmes rencontrés par les immigrés italiens en Belgique dans les années 1950 sont bien restitués, de même que la phallocratie toute-puissante. Seule femme journaliste accréditée au procès, Catherine a bien du mal à faire son travail. ● On savoure les personnages antagonistes du procureur et de l'avocat des accusés et leur rhétorique, avec au milieu le président de la Cour. ● Un roman très agréable à lire que je recommande.
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Back Up

Bonjour bonjour les copains et copines… Bon surtout les meufs comme d’hab...



Me voilà revenu des mes vacances, ralala comment que c’était chouette : rizières en terrasse, temples hindouistes, plages, piscine, jungle, volcans, plongée… avec les raies s’il vous plait… et de nuit aussi… Je vous ai parlé des requins …



Putain mais comment que je suis dégouté d’être revenu…



Bon j’ai du sacrément vous manquer, vos nombreux messages privés pour me demander quand est ce que je revenais ne me sont jamais parvenus, certainement un bug de babelio, enfin bref…



Back up, ça parle de Rock, de drogue, de rock, et de drogue encore…. Sur fond policier.



Alors j’aime bien le Rock mais pas la drogue : je ne bois pas, je ne fume plus, je me drogue pas, les gens défoncés me gonflent, car ils essaient toujours de te convaincre que tu n’es qu'un con pas très rigolo… Mouais mouais mouais… et comme ils sont toujours défoncés dans ce roman, je n’ai pas accroché, ni à l’intrigue ni aux persos, bref je n’ai pas aimé.



Sinon pendant mon absence, des gens ont disparu de babelio, un pique-nique a eu lieu. Fait chier, je voulais venir papoter et faire connaissance, l’anonymat c’est bien pratique mais frustrant à la longue, les rencontres sont souvent plus enrichissantes, quel dommage…



Tant pis pour moi, enfin tant pis pour vous surtout.



A plus les copains
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Un monde merveilleux

Le livre « vache-qui-rit » (si-si je vous explique).





Daniel Sabre, sous-officier ayant demandé une promotion, ne peut se permettre de refuser la mission des plus étranges confiée par ses supérieurs : Conduire une mercedes de location pour servir d'escorte à une dame qu'il ne connaît pas, prénommée Marlène, en l'emmenant absolument partout où elle veut jusqu'à la fin de son périple, pour une destination et une durée inconnues - Rapports journaliers exigés. L'armée ne faisant jamais rien au hasard, c'est au compte goutte que nous apprendrons tout l'enjeu de cette étrange mission, et de son intrigante passagère…!





Bon, vous me direz : S'il ne voulait pas obtenir sa promotion, Daniel n'aurait-il pas obéi malgré tout ? N'y aurait-il pas été obligé ? N'est-ce pas ce qu'on est sensé faire à l'armée : Obéir sans (se) poser de question ?





Est-ce un bien ? Une nécessité ? ou alors un mal, un danger ?





Pour Dany, la réponse est simple : « Toute société ne fonctionne que si les gens savent ce qu'ils doivent faire. Pour cela, il faut des dirigeants. » Il s'apprête donc à supporter la compagnie et les frasques de cette bourgeoise coincée, sans lui poser de question, comme on le lui a demandé.





Sa vision provoque la colère de Marlène : « Je trouve votre désinvolture aberrante. (…) Vous n'êtes pas un gamin, vous jouissez de toutes vos facultés mentales, vous êtes bien éduqué, vous avez des valeurs, des principes, vous croyez peut-être en un dieu quelconque et pourtant vous obéissez aux ordres qu'on vous donne sans poser la moindre question. »





Pourquoi prend-elle cette question tellement à coeur ? La réponse se trouve dans l'objet même du périple, que l'auteur nous dévoile par chapitre intercalés.





Et si l'on est tenté de répondre que cela dépend, alors à partir de quand ou de quoi cela dépend-il ? Obéir à un ordre durant une manoeuvre d'exercice ou durant une guerre, n'est-ce pas la même chose ? Mieux encore, n'est-ce pas justement l'objectif, de s'entrainer à obéir aveuglément pour que cela soit bien intégré au moment le plus crucial, le plus contestable dans le même temps, peut-être ?





« C'est la règle à l'armée et croyez-moi, c'est mieux. Si tout le monde commençait à discuter ou à s'interroger sur la finalité de chaque ordre, on ne gagnerait jamais une guerre. » Tel est du moins l'opinion de notre soldat en ce début de périple. Celui-ci le fera-t-il changer d'avis ?





De nos fauteuils bien à l'abri sous nos couvertures de jugements faciles, on pourrait être tentés de répondre que l'obéissance à un chef est nécessaire pour conserver un certain ordre, mais que si, par exemple, ce chef ordonnait de brûler des innocents dans des camps, alors il serait temps de lui désobéir… Mais est-ce si simple ? Sur quel fondement ? Quel est la différence entre cet ordre et les autres actes de guerres communément admis pour gagner une guerre…?





« Gagner une guerre ? C'est votre raison d'être ? le but de votre existence ? Exterminer les milliers de russes qui envahiront bientôt l'Europe ? Tuer l'ennemi. Quelle ambition ! »





De ces questions Paul Colize a fait un roman gigogne. Son huis clos en voiture met en abyme l'intrigue de fond objet de cet étrange voyage ... Entre deux révélations, le trajet finira même par s'animer un peu, même si l'on devine quand même assez vite vers quoi on s'oriente grâce à l'incrustation de flashes d'info. Un périple qui s'annonce comme une grande vadrouille mais pose les questions qui fâchent, autour d'une histoire bâtie comme un thriller et des personnages simples, mais efficaces. Merci à Spleen pour cette idée de lecture qui glisse toute seule : Idéale entre deux lectures plus consistantes.
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