Citations de Paul Theroux (35)
Cinquante ans est un âge dangereux… pour tous les hommes. L'homme de cinquante ans a énormément de choses à dire mais personne n'accepte de l'écouter. (…) Il ressent une lassitude cachés : il désire être jeune et sait qu'il devrait être vieux. Il n'est ni l'un ni l'autre et cela le terrifie.
(cité par Ken Bruen dans "Le Martyre des Magdalènes")
Voyager, c'est rentrer à la maison. Tout voyage n'est qu'un long parcours qui ramène chez soi.
cité par Jean-François Fogel dans le Magazine littéraire n° 299
Il est bien connu que les trains les plus délabrés vous emmènent dans des endroits magiques.
Le yack est un bel animal à longue toison, qui ressemble à une vache se rendant à l'opéra.
Un récit de voyageur en dit plus sur son auteur que sur le pays qu'il décrit.
C'était une culture chicanière. Pas de justice, mais une lutte incessante et des confrontations de biais qui revenaient à fuir la réalité. L'aspect antique de l'Inde, ce côté décomposé, squelettique, était le résultat de cette tendance à tout remettre à plus tard. On pouvait mourir avant de voir la moindre promesse tenue, mais la dénégation était une autre manière de gérer les affaires. Le système judiciaire était basé sur l'accumulation d'obstacles.
Jusqu'à présent, autre avantage des wagons-lits, j'avais réussi à éviter ces soirées dites culturelles au cours desquelles, prisonnier dans une salle surchauffée, on doit applaudir un spectacle décadent de danseurs et de chanteurs emplumés et emperlés exécutant des numéros dont on est censé excuser la médiocrité sous prétexte qu'ils sont traditionnels.
Il ne suffit pas aux chinois d'avoir levé l'interdiction de la publicité commerciale ; ils ne se contentent pas de coller des affiches ou de dresser des enseignes; ils préfèrent le contact direct - prendre le touriste par le bouton de sa veste, importuner le péquenot qui débarque de son lointain Gansu, hurler dans les porte-voix, agiter des drapeaux sous votre nez.
... Dans la plupart des autres pays , un bosquet, une prairie ou même un désert définit un paysage; si bien que vous associez immédiatement le pommier avec le Canada, le chêne avec l'Angleterre, le bouleau avec l'Union Soviétique et le désert et la jungle avec l'Afrique. Mais rien de tel ne nous vient à l'esprit en Chine, où la caractéristique la plus commune et la plus manifeste d'un site est un être humain - habituellement une foule d'êtres humains. Chaque fois que je comtemplais un paysage, il y avait un être humain qui me rendait mon regard.
... Les chinois, dans leur innocence, viennent regarder les étrangers comme on va au spectacle.
A Rangoon, au coucher du soleil, les corneilles qui ont obscurci le ciel toute la journée s'envolent vers leurs nids, tandis que les chauves-souris aux cris stridents s'éveillent et battent des ailes en décrivant des cercles désordonnés le long des buis en forme de pagode de la gare. J'arrivai à cette heure-là : les chauves-souris se heurtaient aux corneilles, dont le profil noir striait d'encre de Chine le ciel jaune pâle, tels des traits au pinceau dans une peinture sur soie birmane.
Dès qu'un lieu acquiert la réputation d'être un paradis, il va tout droit en enfer.
Les touristes ne savent pas où ils sont allés, les voyageurs ne savent pas où ils vont.
le plus important des nombreux moyens mécaniques qui nous permettent de quitter l’endroit où nous sommes pour gagner celui où nous ne sommes pas mieux.
Le voyageur a de vagues projets, le touriste a des certitudes.
Une société où nul piéton ne traverse en infraction est une société sans fantaisie, où manquent les artistes.
La corrida n'est que sang : anticipation du sang, effusion de sang et brutale chorégraphie de la mise à mort d'un animal à genoux qui l'instant d'avant ruait et renâclait avec vitalité.
Des explications culturelles sophistiquées pleuvent au nom de la corrida. Je les trouvai toutes dérisoires. Pour ma part le seul moment satisfaisant d'une corrida consiste à voir un matador encorné gisant dans le sable et se faisant piétiner par les sabots du taureau, avec les cornes lui fouaillant l'aine. Voilà le sort qui devrait être réservé à quiconque ose torturer un animal.
Un paysan doit rester longtemps sur une colline la bouche ouverte avant qu'un canard rôti y tombe.
Proverbe chinois.
On connaît beaucoup de satisfaction à voyager seul mais tout autant de peurs...À quoi bon tout ça, j’étais arrivé seul et avait presque atteint ma destination... Et pourtant pas de jour que je n’éprouve cette peur...
Certains indiens, comme lui, n'écoutaient jamais. Ils se livraient à un monologue...
Comment les gens pouvaient-ils parler ainsi à n'en plus finir, au point d'en oublier la personne en face d'eux?