Une introduction un chouilla datée
J’ai pour habitude de chroniquer seulement les bouquins qui m’ont plu. C’est donc me faire violence que d’essayer d’expliquer pourquoi ce classique de la SF ne m’a pas emporté dans son sillage.
Tout d’abord, je n’ai jamais été fan des cycles à rallonge (à part avec Dune (#groupie)). Les auteurs ont tendance à conserver les éléments de l’intrigue pour les suites, ce qui donne un premier tome assez pauvre en contenu et en péripéties. Si vous n’avez pas assez de matière, écrivez un one-shot, point ! Cela a été mon principal souci avec Le Monde du fleuve ; on sent bien que des révélations passionnantes vont suivre, mais voilà, je ne lis pas un roman pour des promesses futures, je veux une histoire à part entière, maintenant, pas avec les suites. Alors, forcément, il faut combler. Ce livre n’est que répétition de scènes similaires, d’observations et de discussions sur les mêmes sujets, de schémas comportementaux et sociaux qui tournent en rond… avec tout plein de raccourcis qui prêtent à sourire.
Le catalogue de personnages « historiques » est barbant à plus d’un titre. Déjà, le jeu des probabilités : la rencontre rapide, presque normale, d’individus possédant une certaine notoriété, au milieu d’une foule de quelque trente à quarante milliards d’êtres humains. Certes leur répartition obéit à une certaine logique (concentration selon les époques de vie sur Terre), m’enfin, tout de même, cela reste assez commode. Encore s’agirait-il de personnages historiques de premier plan, comme cités en quatrième de couverture, il y aurait une curiosité un peu malsaine à les voir se dépêtrer dans ce Nouveau Monde. Mais non, la plupart m’étaient totalement inconnus.
L’auteur ne parvient pas à nous les rendre attachants. Peut-être que les travers d’une humanité répondant – dans ces circonstances – à ses plus bas instincts donnent à l’ensemble une saveur un peu aigre ? Peut-être leurs relations et leurs dialogues ne sont-ils tout simplement pas crédibles ? Toujours est-il que l’absence totale d’émotions au cours d’une lecture est un gros point noir, en ce qui me concerne.
L’intrigue. Hmm… Les supputations du petit groupe dirigé par Burton s’avèrent exactes. Qu’il s’agisse des procédés qui leur ont redonné la vie, des entités à l’origine de ce miracle ou de la réalité géographique de ce Monde, il n’y a pas d’hésitation, pas de suspense, pas de réelle surprise. Alors on se laisse porter au fil du fleuve. On subit un peu tout ça en se demandant si l’auteur a un plan précis en tête ou s’il improvise au fur et à mesure.
Que dire du sexisme omniprésent ? Je ne suis pourtant pas très regardant sur le sujet. M’enfin, là ça devient très lourd. Je lui ai d’abord trouvé l’excuse de l’époque, mais non. Herbert a écrit plus tôt et ses personnages féminins étaient autrement plus denses qu’une paire de seins ou une simple beauté visuelle ayant besoin de protection. Les types (terme générique, « hommes et femmes confondus ») débarquent dans un lieu inconnu, l’esprit mûr dans le corps de leurs vingt ans, doivent découvrir et comprendre pourquoi, comment… mais non, la priorité est de ne pas dormir seul. Il faut prendre femme. La relation charnelle (rarement amoureuse) est hissée au même rang que le besoin de se nourrir. Diantre ! Ça sent le cinquantenaire frustré n’empêche.
Pour nuancer, l'écriture est simple, très accessible et ce roman se lit donc assez vite.
En bref, je considère Le Monde du fleuve comme un livre d’aventure mêlé d’histoire, mais pas tout à fait de science-fiction (pas encore), qui a assez mal vieilli. Je n’irai pas plus loin.
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